Rencontre avec Olivier Razemon

Journaliste indépendant qui travaille pour le journal « Le Monde », Olivier Razemon est l’auteur d’un livre intitulé : « Comment la France a tué ses villes » (éditions rue de l’Échiquier). Le mercredi 26 septembre 2018, il faisait un exposé et partageait ses réflexions sur ce sujet bien présent à Pau : la mort du petit commerce dans les centres des villes.

De nombreuses villes sont concernées, qu’elles soient riches (comme Aix-Les-Bains) ou pas. Il s’agit d’une sorte d’épidémie qui s’aggrave. Les petites et moyennes villes sont les plus touchées. Le taux des logements vides devient de plus en plus important, à Pau, ce taux est de 25%. Dire que cela est fonction des revenus, n’est qu’en partie vrai. Il faut cependant reconnaître que les revenus médians de ces villes sont inférieurs à ceux des habitants des communes environnantes. Il y a énormément de services publics qui quittent les centres des villes. Il faut prendre en compte également l’étalement urbain. A Pau par exemple, on perd des habitants tandis que dans le reste du département on en gagne.

D’une manière générale les transports publics sont bien organisés et desservent correctement les villes. A ce propos on constate que sur le plan national le taux recettes sur dépenses de ces transports est en moyenne de 18%. A Pau il est de 17%. Petit calcul, pour le ramener à 100%, il faudrait fixer le prix du trajet à 6 euros pour celui qui recharge sa carte d’abonnement ou à 9 euros pour celui qui achète son ticket en montant dans le bus.

On construit des villes en dehors des villes ce qui se concrétise par l’existence de centres commerciaux de plus en plus grands. Les raisons de créer ces nouveaux centres sont nombreuses. Alors il faut bien savoir dans quelle ville on veut vivre aujourd’hui. Développer les commerces dans l’hypercentre suppose que l’on raccourcisse de moitié le temps de livraison et cela implique l’augmentation du nombre des entrepôts. Ces constatations se retrouvent dans d’autres pays mais de façon moins marquée qu’en France.

Le gouvernement a décidé de consacrer 5 milliards d’euros pour redynamiser et accroître l’attractivité des centres des villes dont celui de Pau. Mais au delà de ce financement, il existe d’autres moyens pour que les pas-de-porte ouvrent à nouveau. Cette recette porte un nom, fiscalité. Il s’agirait alors de taxer les vitrines vides, taxer les friches commerciales et enfin taxer les parkings de la périphérie. Comme cela paraît simple… Il suffit de faire davantage payer le contribuable, on n’en sort pas !

Par ailleurs l’impact réel des grandes surfaces sur l’emploi n’est pas démontré. On crée des emplois certes, mais on oublie souvent, en disant cela, de chiffrer les emplois détruits par la fermeture des petits commerces du centre de la ville. Enfin parmi les préconisations, il faut que les commerçants fassent un effort de communication, certains ne sont même pas sur internet. Un commerce doit être et demeurer un lieu où l’on se parle où l’on se rencontre. Pourquoi ne pas uniformiser le prix des parkings. ? Enfin il faut « magnifier» les transports publics.

Donc voilà pour la présentation d’Olivier Razemon. Vient ensuite la discussion à laquelle participe Jean-Paul Brin premier maire adjoint de la ville. Il se dit cent fois d’accord et précise que le développement d’une ville ne peut se considérer que d’une manière globale. Il existe des plans locaux d’urbanisme intercommunaux. L’hypercentre doit être classé en zone prioritaire.

Pour ce qui concerne les déplacements, l’élu considère que la gratuité des transports en commun est une utopie car cela a un coût. Et il reconnaît que les tarifs de ces transports à Pau ont été légèrement augmentés. Une légèreté qui pèse lourd dans la poche de l’usager (voir mon dernier article sur la gratuité des transports). Pour lui cette gratuité n’a pas démontré dans les villes qui l’ont adoptée, une plus grande fréquentation des centres des villes. Pourtant ce n’est pas ce qui ressort des évaluations faites à Niort par exemple. Il admet cependant que les transports en commun ne sont pas le réflexe basique des habitants de Pau. Il affirme que toutes les études convergent pour démontrer que le BHNS créera une envie d’utiliser cette forme de transport. On verra…

Il réagit également à cette remarque faite sur l’uniformisation des tarifs des parkings. Ces tarifs sont dégressifs et fragmentés selon qu’il s’agit de parkings en surface ou souterrains.

Enfin, il reconnaît que le centre de la ville de Pau comporte 800 logements vacants. A une observation d’une représentante des commerçants de Pau disant que les pas-de-porte vacants n’ont pas diminué en nombre, il balaie l’argument d’un revers de manche en disant que ces chiffres ne sont pas fiables. Sa façon à lui de concevoir le dialogue.

Pau, le 3 octobre 2018

par Joël Braud

Pau en quelques chiffres

Dans l’un de ses récents articles, « Bayrou maquille Pau » paru dans les colonnes de Alternatives Pyrénées, le 24 juin 2018, Daniel Sango dresse une image peu reluisante de la situation actuelle de notre ville. Il existe de nombreuses statistiques pour matérialiser ses propos.

En tout premier lieu, ce n’est pas un scoop, la population de Pau est en baisse de façon que certains jugeront importante et significative. En 2007, au plus haut, la ville de Pau aurait compté 84 978 habitants selon l’INSEE. Bien que ce chiffre soit actuellement contesté par ceux qui disent qu’il y avait en réalité entre 80 500 et 81 000 habitants à cette date, il faut bien admettre que la population a baissé si l’on s’en tient au recensement de 2015 : 77 215 habitants. Alors moins 7 700 habitants ou moins 3 200 habitants, le débat reste ouvert. Cependant ce qui reste significatif est une tendance régulière à la baisse.

Autre chiffre également significatif, le taux des logements vacants de la ville. Toujours selon l’INSEE, il se situait en 2015 (nous ne disposons pas de chiffres plus récents) à 15% de l’ensemble des logements. Ce chiffre est considéré comme élevé surtout lorsqu’on le rapporte à la moyenne nationale qui est de 7,9% et à la moyenne régionale qui est de 8,5%. Comme le dit Daniel Sango : « …les logements ne correspondent plus aux souhaits des habitants […] La classe moyenne l’a (le centre ville) quitté… ».

L’opposition a récemment établi, avec l’aide d’un huissier, l’état des commerces du centre ville. Le nombre des pas-de-porte en déshérence est impressionnant. Les chiffres ainsi fournis sont évidemment contestés par la majorité. Alors au delà de la bataille des chiffres que chacun pourra utiliser à sa guise, entre les commerces qui existent et ceux qui vont bientôt s’implanter, il reste une certitude : lorsqu’on marche dans les rues de Pau le spectacle de ces vitrines vides, « à louer » ou « à vendre » saute aux yeux. Cette même opposition évoque la situation antérieure à 2014 et précise, qu’à cette époque, il n’y avait que 2 commerces fermés rue Serviez, aucun au Palais des Pyrénées, 4 rue Louis Barthou et Henri IV, 4 rue Joffre. Ne parlons pas du centre Bosquet où, après la réintégration de son implantation initiale par les Nouvelles Galeries, il ne restera pas grand chose.

On rétorquera avec raison que bon nombre de villes de la même importance que Pau connaissent une situation comparable. Mais lorsque l’on sait que le motif le plus réel de la fermeture des commerces des centre ville est l’extension des zones commerciales en périphérie, il faut bien s’interroger pour savoir qui autorise ces extensions. Ce sont évidemment les politiques qui délivrent des permis de construire. Ainsi dans l’agglomération paloise, on a vu s’agrandir les galeries marchandes, de Leclerc (Tempo), et de Carrefour. On a vu se créer des zones sur la route de Tarbes. On a vu fleurir des drives (Auchan). Ces extension ou créations sont estimées à plus de 10 000 m². Mais ce n’est pas fini, une zac à proximité de l’hippodrome est en train de voir le jour, on pourrait parler également du futur casino. Ces projets dont il serait ici fastidieux de fournir la liste sont estimés à une surface de 10 000 m². Alors messieurs les politiques, qui est responsable de la désertification du centre ville ?

Et pour clôturer cette énumération, lorsqu’on nous dit que les impôts locaux baissent, malgré une bonne volonté pour le croire, il faut se rendre à l’évidence. Pour ce qui me concerne, lorsque je fais le cumul de la taxe d’habitation et de la taxe foncière, je constate que sur les cinq dernières années ce que je dois payer a augmenté de 3,5%. Dans le même temps l’inflation n’a été que de 1,74%. Ne parlons pas de l’augmentation du prix de l’utilisation des transports en commun, cela a déjà été dit dans ces colonnes.

Alors que faire ? Faut-il se résigner et dire que cette évolution est dans la nature des chose, que tout ce qui se passe à Pau est inéluctable ? La principale préoccupation est certainement de vouloir réanimer le centre ville en facilitant son accès. Le BHNS apportera peut-être une réponse mais pas autant que déclaré. La gratuité des transports au moins pourrait être envisagée de façon périodique, en fin de semaine par exemple. Il existe une possibilité importante de stationnement du côté de la gare SNCF, (à proximité de ce qui était le SERNAM) avec un funiculaire plus adapté. Les économies seraient en partie possibles en abandonnant ce curieux projet d’une salle de spectacle au Foirail et en économisant sur les frais du Grand Prix.

Lorsque l’on écoute les commerçants du centre ville de Pau on ne peut que constater leur désarroi, leur situation est difficile et, de ce fait, l’image de notre ville en pâtit.

Pau, le 3 juillet 2018

par Joël BRAUD

crédit image : techniques-ingenieur.fr

Pour les chalands du centre-ville de Pau

imgresL’activité commerciale du centre-ville de Pau serait-elle en train de repartir ? Un magasin de la même enseigne que celui qui existait déjà il y a bien longtemps maintenant, vient d’ouvrir place Clemenceau. La promesse de l’ouverture, temporaire certes, d’un autre commerce au centre Bosquet vient d’être officialisée. Le chaland va donc devoir arrêter de se plaindre.

Arrêter de se plaindre, comme vous y allez, c’est, ne l’oubliez pas, notre principale raison d’exister et il ferait beau voir que quiconque ici s’avise de nous en priver. Mais quelques lueurs bien timides, il faut le reconnaître, laissent augurer « d’un signal pour le redressement du centre-ville » comme le dit François Bayrou. Fier d’une réalisation pour laquelle il n’est pas pour grand-chose, le maire de Pau ajoute que « l’important c’est la dynamique ».

Cette dynamique porte un nom la magasin Monoprix inauguré à grand renfort de trompettes ce 31 mai 2016. Cette dynamique devrait en théorie(en théorie seulement) engendrer une fréquentation plus grande de cet espace qu’est la place centrale du centre-ville, le nombril de Pau en quelque sorte. Souhaitons donc à ce nouveau magasin un plein succès commercial et bien plus d’être le magasin de proximité qui attirent les habitants du « cœur historique ».

Autre bonne nouvelle, mais différée celle-ci, l’ouverture, en septembre prochain à titre provisoire des Galeries Lafayette dans un espace commercial abandonné depuis plusieurs années dans le centre Bosquet. Là encore si proche du centre, ce centre commercial qui périclitait tristement depuis plusieurs années serait en voie de renaissance. Les quelques rares enseignes restées fidèles sans se décourager se réjouissent de cette arrivée, un coup de fouet aux commerces comme ils disent.

Dans le même temps, le maire de Pau va entendre une autre musique, moins réjouissante celle-ci puisque doit se réunir un conseil commercial. La ville va recevoir les commerçants qui se plaindront du stationnement qu’ils considèrent comme de plus en plus cher et de plus en plus difficile. Ils ne manqueront pas d’évoquer le futur parking payant de la place de Verdun qui, ô coïncidence étrange, voit démarrer ses travaux aujourd’hui même.

Il ne reste plus qu’à peupler les logements abandonnés du centre-ville, vaste programme auquel il faudra bien se consacrer prochainement.

Pau, le 1 juin 2016
par Joël Braud

Crédit photo : le blog finances.com

Non Pau n’est pas voué à une mort certaine !

imagesDire que Pau est une future ville morte pour la seule raison que le circulation y est difficile paraît pour le moins réducteur. Toutes les villes d’égale importance sont confrontées à une baisse de l’activité commerciale du centre-ville. Il faut commencer par dresser un état des lieux et se demander quelles en sont les raisons avant de s’interroger sur les mesures qui pourraient être valablement envisagées afin de renverser cette tendance.

Se déplacer à pied dans le centre-ville permet en effet de constater qu’un nombre bien trop important de pas-de-porte commerciaux sont fermés. Dans la rue des Cordeliers, j’en ai compté récemment dix-huit ; le centre commercial Bosquet ne parvient pas à redémarrer malgré des investissements visant à améliorer son cadre, ainsi ce sont dix-sept vitrines qui ne sont pas exploitées ; la rue Carnot, vingt enseignes à l’abandon ; la place du Foirail suit le même chemin, on y compte pas moins de sept devantures sans activités ; la rue Serviez, elle-aussi, malheureusement suit ce mauvais penchant avec huit enseignes délaissées ; la rue Joffre, elle, se porte bien à l’exception de dix pas-de-porte à vendre.

Alors la faute à qui ? Sans doute en premier lieu, faut-il citer les centres commerciaux installés à la périphérie qui viennent concurrencer de manière fatale les commerces de proximité du centre-ville. À ce propos justement, le journal « La République des Pyrénées » du jeudi 10 mars 2016 consacre un article de deux pages sur ces zones commerciales : « Grand Pau : des zones commerciales à moderniser ». Il y est fait état d’une étude de l’Audap (Agence d’urbanisme Adour-Pyrénées) qui conclut à la nécessité pour les six zones commerciales de se moderniser. Ces zones seraient devenues, selon cet organisme, des vitrines de l’identité commerciale paloise. Laissons-leur la responsabilité de cette considération. Les élus du grand Pau en auraient pris conscience et par le moyen du Scot (Schéma de cohérence territoriale) et autre schéma de développement commercial seraient décidés à agir. Qu’ils réfléchissent !

Pourtant il nous avait semblé que des améliorations avaient été effectuées récemment pour certaines d’entre elles. Ainsi, le centre commercial Leclerc avait construit un parking à étages et doublé la surface de sa galerie marchande. Le centre de Lescar-Lons vient d’obtenir l’autorisation de rénover et d’agrandir sa galerie. Auchan qui dispose maintenant d’un « drive » connaît un essor commercial qui le place en tête des six centres. Le Mail de Lons avec le Géant Casino semble stagner. Le centre commercial de Serres-Castet avec un supermarché Intermarché progresse et sa surface exploitable pourrait être augmentée. Enfin le Billère-Intermarché tient sa place sur une surface de 12 hectares.

Il conviendrait là que les politiques voient ces potentielles évolutions avec le discernement nécessaire de façon à ne pas nuire davantage aux commerces de proximité situés en centre-ville.

Une autre donnée apparaît comme certaine parmi celles qui provoquent une désaffection commerciale du centre, ce sont les impôts locaux. Questionnez les professionnels de l’immobilier, ils vous diront tous qu’au cours des négociations qui précédent une transaction, leur est systématiquement posée la question du montant des impôts locaux. De plus en plus souvent leurs clients considèrent ces contributions comme un critère déterminant. Il arrive que, à Pau, les prélèvements annoncés rendent la vente impossible. Il faut dire que le taux de la taxe d’habitation de la capitale du Béarn est de 22,26 % contre 7,92 % à Idron. Au moins le double des autres villes de l’agglomération à l’exception de Billère (16,46%). Si certains se demandent pourquoi le nombre des habitants de la ville de Pau est en baisse, qu’ils cessent de chercher, ils ont là l’explication. Le maire de Pau devait baisser cette taxe, on attend !

Les transports jouent un rôle également important. Tout est fait pour persuader les automobilistes d’éviter de venir en ville avec leur voiture. Cependant cela n’est pas impossible. Par expérience personnelle, je sais qu’on trouve à se garer, soit dans un parc souterrain soit place de Verdun. Je prends rarement ma voiture pour ce genre de déplacement, sauf pour le marché du samedi. Le reste du temps je préfère le bus. Mais là il faut reconnaître que la politique de la ville n’est pas réellement incitative. Elle est maintenant passée l’époque où les Paloises et Palois âgés de plus de 65 ans, pouvaient se déplacer dans les bus de la STAP grâce à une carte d’abonnement à l’année pour la somme de 55 €. Elle permettait autant de trajets qu’on le désirait. Considérant que le prix du trajet était fixé à 0,82 € il fallait en faire 67 pour rentrer dans ses frais. Puis le prix du trajet est passé à 0,84€. Et bien pis ce tarif préférentiel a été abandonné pour passer de 55 à 110€. Il faut maintenant faire 131 trajets pour amortir son investissement. J’avoue que, ne parvenant pas à les faire, j’ai délaissé ce mode d’abonnement. J’achète les trajets par groupe de 20 et je renouvelle. Cette évolution est sans doute le résultat d’une modification de la répartition des compétences entre la ville et l’agglo, maintenant c’est l’agglo qui gère les transports. Je vais moins souvent en centre-ville et s’il m’arrive de modifier ainsi mon comportement j’imagine que d’autres le font aussi.

On pourrait s’interroger également sur la diversité des commerces implantés en centre-ville. Beaucoup d’agences bancaires sont installées plein centre. Comme ailleurs – l’exemple d’Albi est parlant – les magasins de vêtements sont plus nombreux. Un point cependant, souligné par un intervenant sur le forum, les commerces d’alimentation du centre marchent bien et c’est tant mieux. Cela prouve que cette forme de proximité a encore une clientèle. Pour les autres, en plus de la concurrence des zones commerciales de la périphérie, les achats en ligne et autres « drives » sont un handicap sévère.

Les politiques doivent se mobiliser pour redonner au centre-ville de Pau son activité commerciale, les braderies ainsi que les marchés de Noël sont de bonnes initiatives mais limitées dans des périodes définies. On voudrait espérer que le nouveau moyen de transport, le BHSN (Bus à haut niveau de service) améliorera la situation actuelle. Une étude sur le plan de circulation dans la ville vient de démarrer, attendons ses conclusions. La réflexion est engagée là où la résignation n’a pas sa place.

Pau, le 14 mars 2016
par Joël Braud

Pau rétrograde

imagesLa mise en place de la région apporte des modifications dans le classement des villes à plus forte démographie. Si jusqu’à ce début 2016, la capitale béarnaise était la deuxième ville de l’Aquitaine en termes de population, elle vient de rétrograder en 4 ème position. Plus grave sa population décline régulièrement. Existe-il un moyen de renverser la tendance et de mettre fin à cette hémorragie ?

L’INSEE vient de publier les chiffres du dernier recensement de 2013. Selon cet organisme qui est considéré comme étant la référence dans le domaine, la ville de Pau ne compte plus que 77 573 habitants. Oui, « ne compte plus que », parce que ce chiffre est en baisse depuis 2007. En 2006 on recensait pour la ville 83 903 habitants, puis 84 978 en 2007 pour passer ensuite à 84 036 en 2008.
Depuis 2008 la baisse est constante. Ce sont donc entre 2007 et 2013, 7405 habitants qui ont déserté la capitale béarnaise, soit 8,71%.

Promenez vous dans la ville et amusez-vous à compter les pas-de-porte commerciaux qui sont fermés, vous pourrez ainsi concrétiser un certain malaise. Les rues les plus atteintes par cette déshérence sont la rue des Cordeliers et la rue Carnot auxquelles il faut ajouter le centre commercial Bosquet dont les magasins continuent à ne pas trouver de repreneurs. D’ailleurs ce centre que nous avons connu dynamique, devient triste et peu achalandé (achalandé :qui a de nombreux chalands, c’est-à-dire de nombreux clients). En raison de l’état dans lequel il se trouve maintenant, il est difficile d’imaginer son renouveau.

Ce bien pénible constat ne permet pas de connaître les causes du dépeuplement de la cité. Une autre question vient à l’esprit, celle de savoir s’il est ou non réversible. Pourquoi cette baisse de la population a-t-elle débuté en 2007 ? Que des villes d’importance comparable connaissent la même évolution ne justifie rien, ni n’apporte d’explications à la situation particulière de Pau.

La pression fiscale locale ne cesse de croître et cela plus vite que l’inflation. Les élus affirment le contraire mais plus personne ne les croit. Cet élément devient décisif dans le choix des acheteurs de biens immeubles. Ainsi tous les professionnels de l’immobilier le reconnaissent, la question sur le montant des taxes, qu’elles soient d’habitation ou foncière, est systématique et pèse sur la décision de l’éventuel acquéreur. Pau est d’ailleurs la plus fortement imposée des villes de l’agglomération ; il ne faut pas chercher ailleurs le fait que la population de ces dernières augmente à l’inverse de celle de la capitale du Béarn.

Les transports sont également un élément qui ne peut être ignoré. A trop vouloir dissuader de l’utilisation de la voiture dans le centre de la ville, on finit par décourager les éventuelles installations. Le coût du stationnement en surface a augmenté. Le prix minimum accepté par un parcmètre est passé de 0,40 à 0,50 euro. Les transports en commun ont récemment augmenté, le prix d’un trajet est passé de 0,82 euro à 0,84 euro, soit une hausse de 2,43%, au delà de l’inflation. Sont-ce là les meilleurs choix pour rendre la ville attirante et facile à vivre ? La mise à la disposition du public de véhicules de location par la municipalité s’est révélée être un fiasco.

Enfin et cet élément est sans doute un des plus déterminant, les commerces du centre ville n’attirent plus comme auparavant. L’implantation de nombreux centres commerciaux en périphérie, disposant de stationnements gratuits et de galeries marchandes dont les surfaces ne cessent de s’accroître rend de moins en moins attrayant le choix d’une domiciliation à Pau. Quel intérêt d’habiter à Pau quand l’accès aux grandes surfaces se fait très aisément depuis une autre ville de l’agglomération ?

Pau est donc devenue la quatrième ville de la nouvelle grande région aquitaine, elle est devancée par Bordeaux, Limoges et Poitiers. Cette situation semble irréversible, à moins que les élus, au lieu de clamer inutilement que notre ville est une grande ville, acceptent de mieux gérer son budget pour qu’elle perde son image de la ville la plus lourdement taxée de la région. Alors peut-être de nouveaux habitants viendront s’installer. D’ici là il y a de l’eau à passer sous le pont du XIV juillet.

Pau, le 7 janvier 2016
par joël Braud

David Habib – « Pau, Ville entreprenante »

imagesLe 28 février 2014, David Habib tenait réunion au pavillon des Arts ou Ateliers de la Cité sur l’attractivité de la ville de Pau et sa capacité à être une ville entreprenante. Vaste débat qui, devant un parterre bien fourni, a consisté en un large tour d’horizon portant sur des sujets divers. L’économie mais également la sécurité, les sports, les conseils de quartier, la démocratie participative, les sujets étaient nombreux. Discussion (extraits).

Après une courte introduction de la tête de liste au cours de laquelle il a rappelé certains chiffres sur le chômage, histoire de répondre à ses détracteurs. Selon lui, le bassin de Lacq a un taux de chômage de 8,6%, la Région aquitaine, 8,9%, la nation de plus de 10% et Pau compte à ce jour 7400 demandeurs d’emploi.  Voilà donc une manière chiffrée de rappeler que la préoccupation majeure des Français porte sur le chômage.

L’attractivité de Pau repose en partie sur le Boulevard de Pyrénées, l’Université, l’Hôpital, les services publics et les écoles. Mais sur le plan économique ce sont les entreprises qui créent de la richesse ; pour les attirer il faut un territoire à la fois compétitif et attractif. Il souhaite que chaque fois que la municipalité aura un contact avec un investisseur elle lui remette un dossier de 80 pages pour lui présenter la ville de Pau. David Habib fait part de son inquiétude face à la création d’une grande surface commerciale dans le BAB, cette réalisation située à seulement une heure de Pau va bouleverser la donne.

Autre motif d’inquiétude, l’enclavement. D’un côté le département est bordé par la mer, de l’autre par la montagne. La LGV est nécessaire afin de ne pas être les oublié du territoire. Les aéroports de Pau, Tarbes Ossun et Biarritz sont implantés sur un espace restreint. La fréquentation de celui de Pau est estimée à 600 000 passagers, celui de Tarbes de 400 000 à 500 000. Malgré cela Pau est des trois, l’aéroport le plus fragile car sa fréquentation ne repose que sur sa capacité économique. Tarbes connait une fréquentation résultant des pèlerinages de Lourdes et Biarritz est touristique.

Puis la parole est donnée à Charline Claveau-Abbadie, sixième de la liste. Elle dit souhaiter que soit développé un mécénat de compétences.  Elle évoque le projet d’un fonds d’amorçage local pour les entreprises en phase de pré commercialisation. Quant à la fiscalité, le principe est d’une plus grande visibilité accompagnée d’une stabilité sans augmentation des charges.

Ensuite vient Noëlle Beausseron, trente huitième de la liste qui, en sa qualité de commerçante, s’interroge sur les moyens à employer afin de créer du dynamisme en centre-ville. Elle retient que les braderies ont connu un réel succès. Le projet retenu est la gratuité des parkings principalement le week-end. Elle évoque aussi la rénovation des espaces publics pour permettre un confort de déambulation en centre-ville pour le chaland et aussi rendre plus attractif ce lieu pour les investisseurs.

Frédéric Fauthoux se penche lui sur les atouts sportifs, et de citer l’Elan Béarnais, la Section Paloise, le Pau F.C. et le Billère Hand-ball.  Le premier souhait est d’accompagner la Section pour l’amener au niveau supérieur. Il y a un travail à faire dit-il, sur le stade du Hameau, sans préciser davantage. Par contre un investissement, chiffré cette fois, de 6 millions d’euros pour accueillir tous les jeunes sportifs, par la rénovation des vestiaires, des stades et faciliter l’usage quotidien des structures sportives. Et ensuite des projets au nombre desquels la création de deux terrains synthétiques à Hélioparc, d’un skate-park dans le quartier « Porte des gaves » en concertation avec l’Office Municipal des Sport.

Puis vint le jeu des questions-réponses (extraits).

Les relations avec l’Espagne. David Habib considère que ces relations doivent s’intensifier pour permettre un transfert de technologies et s’appuyer sur le tertiaire entre l’Aragon et le Béarn. Il faut, dit-il, multiplier les liens entre les Landes, la Bigorre, Bordeaux et l’Aragon.

L’activité économique du centre ville. Le destin économique de la ville passe par le commerce. Le chiffre d’affaire de l’activité commerciale de l’agglomération de Pau dépasse le milliard d’euros. Les deux tiers des entreprises de Pau comptent moins de six salariés principalement dans le domaine commercial. Ce sont le commerce et l’artisanat qui constituent le pôle privé commercial. Il convient donc de rénover les artères ainsi que les Halles. Celles-ci doivent être utilisées comme un levier économique, un élément de concurrence face aux grandes surfaces. Il y a des suggestions pour faciliter la fréquentation des Halles, mettre à disposition des caddies et aider les chalands à charger leurs voitures. Créer un parking-relais près des Halles. Autre idée pour les Halles : créer aux premier et deuxième étages de la tour des Halles  un espace baptisé « Made in Pau » avec des produits du Béarn. Et David Habib ajoute : « J’ai le courage de dire qu’il ne faut plus de voitures en centre-ville.

Il est très difficile d’apporter sur ce sujet une réponse qui soit consensuelle. » Il n’est pas envisagé de revenir sur la piétonisation telle qu’elle est aujourd’hui. Elle a permis à un commerçant d’augmenter son chiffre d’affaire de près de 30%. Cependant il faut admettre que l’on manque de recul pour évaluer l’impact réel de cette piétonisation.

Les conseils de quartier. Il est prévu des dépenses d’investissement, environ 2M€ pour la partie « espace public » du Hédas. L’expérience des « comités de quartier » (et non conseils) sera poursuivie. Cependant rien n’est arrêté pour la désignation de leurs membres, soit par tirage au sort ou par  vote.

 Le bus-tram. Le terme qui sera retenu est celui de « bus en site propre ». On a tout entendu précise David Habib, sur le coût de l’opération. Il s’agit d’un projet bien financé. Sur le coût estimé à 80 millions d’euros, 14 millions seront financés par l’agglo. Il y aura un débat public suivi au mois de novembre 2014 d’un référendum. André Duchateau vient souligner que ce projet permettra la remise à neuf de plus de 10 km de voirie et que, si ce projet n’aboutissait pas, nous perdrions 600 équivalents temps plein pendant deux ans.

La sécurité. Il est très difficile de trouver 40 à 50 policiers issus de la fonction publique territoriale et assermentés. Sa proposition est de passer de 14 à 25 policiers municipaux.  Aux Halles il sera envisagé la création d’un poste de police afin de rapprocher la police nationale et la police municipale. David Habib maintient ne pas être opposé à la vidéo surveillance si cela concourt à la sécurité de la ville. Sur ce point la démocratie participative permettrait de définir les implantations des caméras, les habitants pourraient ainsi faire connaître leurs choix. Enfin selon la tête de liste, la sécurité c’est d’abord une affaire de sentiment, le sentiment d’insécurité. Il fait le constat de l’incivilité. C’est pourquoi, dans son projet pour les Halles, il est prévu d’éclairer la place nouvelle entre les Halles et la tour.

Le tourisme. Le tourisme ne fonctionnera bien que grâce à un travail en réseau avec l’arrière-pays. Il faut des partenariats avec Salies, Mazerolles, Morlanne etc.

NDLR : la gare de Pau ne dispose pas d’un escalier mécanique pour faciliter la circulation des personnes à mobilité réduite et également celles qui se déplacent avec de lourds bagages. Même si cette réalisation dépend de la SNCF, la ville de Pau peut avoir une action en ce sens.

Les grands équipements. *

– Le Zénith se limite à seulement cinquante utilisations annuelles. Il envisage de permettre au monde associatif de l’occuper pour certaines manifestations

– Le Palais Beaumont, il faut développer son utilisation.

– Le Jaï Alaï a un bilan mitigé reconnaît André Duchateau. Tout sera fait pour intensifier son utilisation. Nathalie Cabannes souhaite, quant à elle, développer la pratique de la pelote. Elle cite la réussite du championnat du monde de 2010.

NDLR : la médiathèque attire plus de monde que le Jaï Alaï et la base d’eaux vives, réunis.

L’autoroute Pau-Langon. Interpellé sur ce sujet, une autoroute à 50 € aller-retour.  David Habib répond qu’il s’agit là d’un contrat de concession sur lequel il est impossible de revenir. Le choix qui a été fait est selon lui, un bon choix.

Fiscalité. Enfin David Habib précise que la taxe versement transport n’augmentera pas  et que tout sera fait pour que les taxes foncières et d’habitation baissent.

Pour conclure, David Habib appelle à une forte mobilisation en soulignant avec force que cette élection se jouera le 30 mars.

 Pau, le 4 mars 2014

                                                            Par Joël Braud et Robert Contrucci

* Quelques chiffres sur les grands équipements (source ville de Pau 2 décembre 2008) :

En charge de la ville de Pau :

–        Zénith : investissement HT : 13 581 776 € (subventions 2 592 000 €)

–        Palais des sports : investissement HT : 11 890 000 €

–        Hippodrome : investissement HT : 4 649 000 € (subventions 1 961 000 €)

–        Complexe de pelote : investissement HT : 7 530 000 HT (subventions 3 784 000 €)

–        Palais Beaumont : investissement HT : 17 620 000 HT (subventions 6 690 000 €)

En charge de la CDAPP

–     Base d’eaux vives : investissement HT 12 270 000 € (subvention 3 980 000 €)

–     Médiathèque (y compris PILPA) : investissement HT : 29 200 000 € (subvention 9 970    000 €)

–       Pôle culturel : investissement HT : 1 227 000 € (subvention 47 000 €)

–   Complexe aquatique Pyrénéo : investissement HT 19 800 000 € (subvention 5 850 000 €)

Crédit photo, La République des Pyrénées.

             

A Pau, le commerce dans l’œil du cyclone

a vendre Il suffit de se promener dans les rues piétonnes du centre-ville  de Pau pour se rendre compte de l’état calamiteux du commerce.

La rue Jeanne d’Albret est une incongruité, où quelques bars du côté Est font face à des magasins fermés côté Ouest. Les devantures déchues de la rue maréchal Joffre jurent avec la rue flambant neuve et ses pavés, seuls quelques bars ou restaurants de nuit ayant tiré profit de cet environnement propice à la promenade et aux sorties. Aux magasins abandonnés, succèdent les panneaux « à vendre » ou « pas de porte à céder », puis, un peu plus loin, les façades démodées et décrépies de Couderc ou Lamole. Celles-ci tiennent, mais pour combien de temps ? Que dire de la galerie Joffre, qui n’est plus qu’un cimetière de boutiques, ou encore de la rue des Cordeliers, autrefois si vivante, et où ne subsistent plus que quelques échoppes parsemées ? Rue Henri IV, haut lieu de la mode paloise, les commerçants résistent mais font tous le constat de la faiblesse de l’affluence. Les clients ne viennent plus à Pau-centre faire leurs emplettes.

 On dit que la ville est en transition, en mutation, que tout ceci est inéluctable, et dans le sens de l’évolution. On dit que les commerçants n’ont qu’à s’adapter. Qu’ils cessent de geindre, de se plaindre. On dit aussi que les chalands vont revenir; que la ville va revivre. Bientôt, on va nous présenter une « boîte à outils » pour y arriver..

Geindre ou mourir ? Combien de personnes, de couples besogneux, de jeunes plein d’énergie, de femmes, d’hommes, de familles ont tout sacrifié pour le projet de leur vie, pour au final fermer le rideau, souvent criblés de dettes. Il ne s’agit pas pourtant de se plaindre de l’échec : celui-ci a toujours existé et est la conséquence des risques pris, mais on a là sous les yeux la conséquence d’une désaffection massive des clients pendant une période de plusieurs années ; d’une absence de toute considération et de toute politique en faveur du développement du commerce et de l’animation en centre-ville. Les autorités municipales des dix dernières années portent une lourde responsabilité.

Comment accepter de voir notre ville dans cet état ? Sommes-nous condamnés à ce que l’hyper centre se transforme en rue de la soif paloise, ou y-a-t-il encore un espoir de voir renaître une vie dans ces quartiers ? Car le commerce, c’est l’échange, c’est la Genèse de la ville, c’est le lien social et donc la Vie.

Par Emmanuel Pène

Le 23 juillet 2013

Redevances terrasses à Pau : voici revenu le temps de la gabelle

598811_157333091065732_528425940_n[1]

Qui peut se permettre en 2013 d’augmenter ses tarifs de près de 25 % ? Réponse : la Mairie de Pau qui vient de décider seule de relever la redevance mensuelle pour les terrasses en centre-ville. Au grand dam des restaurateurs et cafetiers déjà touchés par la crise et par le mauvais temps.

Et ce n’est pas tout. Depuis 2010, la redevance trottoirs en centre-ville est même passée de 8 € à 13€ (prix par m2 / mois), soit 62,5% d’augmentation.  Dernièrement, le salon de thé « L’isle aux jasmins » faisait savoir que sa redevance était relevée de 1550 % ( !).. Derrière les comptoirs, le mécontentement gronde, et cela n’est pas nouveau, car à chaque année ses ajustements de tarifs sans concertation et sans explications. Bref, c’est le fait du roi : nous voici revenus au temps de la gabelle.

Comment justifier cela ? La situation économique est pourtant morose, c’est le moins que l’on puisse dire. A l’état déjà difficile du commerce touché de plein fouet par la baisse de la consommation, s’ajoutent à Pau des années de politiques inefficaces ou hostiles aux commerçants,  ceci ayant pour effet que la ville présente à ce jour un taux de commerce réalisé en centre-ville parmi les plus bas en France. Il suffit pour s’en rendre compte, de voir l’état du centre bosquet, réduit à l’état de terrain vague couvert.

S’agit-il alors de couvrir des dépenses ou des investissements supplémentaires ? Si cela était le cas, encore faudrait-il que ce soit expliqué aux redevables, et que des services supplémentaires leur soient proposés.

De plus, effet conjoncturel mais réel, la météo catastrophique de ce printemps permet de supposer des terrasses désertes, et donc des pertes nettes de chiffre d’affaires. Dans certains cas, le revenu généré pourrait même se révéler inférieur à la redevance.

Alors Madame la Maire, s’il vous plait, arrêtez de matraquer vos commerçants, vos restaurateurs et vos cafetiers. Cessez de les considérer comme des bourses pleines qu’il suffit de pressurer pour en faire sortir la substance. N’oubliez pas qu’ils ne sont pas dans la ville, mais qu’ils sont LA ville, au sens anthropologique et social. Ce sont eux qui créent le lien social. Ils ont droit au respect, respect auquel tout citoyen a droit, des citoyens qui n’accepteraient pas qu’on leur augmente leurs impôts de 25% en en an..

– par Emmanuel Pène