La France est riche de sa diversité.

diversité«J’attends avec impatience vos propositions pour une France riche de sa diversité, se traduisant par des résultats concrets.» D.Sango.

Il y a du dit et du non-dit dans ce questionnement.

  • Le dit c’est l’énoncé de résultats concrets qui résultent de la diversité.
  •  Le non-dit ce sont des propositions pour sortir de notre pathologie d’endettement.

Des résultats concrets, on pourrait en citer, non exhaustivement et sans ordre, des masses, dans des domaines tout à fait différents :

  •  La recherche en général: mathématique, médicale, physique, énergétique…..Même si je ne partage pas l’utilisation du nucléaire, notre recherche y est brillante…..
  • L’agroalimentaire, l’aviation, les transports, l’infrastructure numérique….
  • Le milieu intellectuel : littérature, cinéma, théâtre….; nos cerveaux, très recherchés à l’étranger, sont formés dans nos universités et grandes écoles….
  • Le tourisme: mer, montagne, histoire, architecture, campagne…
  •  La gastronomie : cuisine moderne des grands chefs, cuisine traditionnelle des régions, du terroir (suivre les carnets de Julie !), les productions régionales comme le vin, …
    L’Aquitaine est bien placée.

La «Tribune» relève :

  •  La France occupe le premier rang pour le financement et les incitations fiscales à la recherche et au développement, en pourcentage de son produit intérieur brut, devançant les États-Unis.
  •  Ses aéroports arrivent en deuxième place, derrière ceux du Royaume-Uni, parmi les 15 premiers aérodromes des 28 membres de l’UE et le taux de pénétration de l’Internet haut débit lui donne la deuxième place derrière les Pays-Bas.
  •  L’Hexagone se classe par ailleurs au deuxième rang avec son taux de fécondité.

Ne nous étendons pas sur la réussite de certaines PME, des Start-up (Une croissance de 60 000% sur 5 ans pour Ymagis)…
Ni sur les profits des actionnaires des entreprises du CAC 40 !

Non, le misérabilisme est déplacé, les résultats concrets sont évidents.

La France est riche de sa diversité, de son savoir faire ; ce qui lui manque c’est souvent son savoir vendre ; Les étrangers n’hésitent pas à se déplacer (chinois par exemple..), à prendre des risques, à utiliser du personnel formé, souvent depuis longtemps en immersion dans le pays, pour en comprendre le fonctionnement. C’est le cas de beaucoup de patrons ; mais beaucoup d’autres attendent que l’Etat leur cherche des marchés et que l’avion présidentiel leur paye le voyage pour leur permettre de faire leur Pub à l’étranger. Les médecins acceptent de vivre grâce à la Sécu mais refusent les contraintes administratives…

Passons aux non-dits.

Un pays est un ensemble complexe, comme notre organisme, mais à un niveau hiérarchique supérieur, sa gestion est la même.

  •  L’activité physique et intellectuelle est salutaire mais la compétition à un haut niveau est très dangereuse. Les sportifs de haut niveau ne sont pas ceux qui vivent le plus vieux.
  • Si la voisine, à l’est de ma maison, souffre de l’estomac et est soulagée par un médicament, cela ne veut pas dire que ce médicament me conviendra, nous sommes différents.
  •  Face à une maladie grave de type «cancer» ou à une dette chronique, il n’y a pas une solution mais tout un réseau de solutions dont les résultats sont toujours incertains (complexité). Il conviendrait d’agir à deux niveaux :

>Dans l’immédiat, soulager, entourer, soigner les symptômes, partager les frais si nécessaire ; l’austérité, l’isolement, l’exclusion,… engendrent déprime et issue fatale.

>Pour l’avenir, chercher les racines profondes du mal ; elles sont la plupart du temps à trouver dans le mode de vie et dans l’environnement: physique, chimique, culturel, politique évidemment, tout s’interpénétrant en fait.

Toujours plus, plus vite, plus loin, c’est accélérer les flux déstabilisateurs de l’équilibre donc les risques de crises.

Intensifier les flux, c’est augmenter les dépenses :

>d’équipement : réalisation des LGV, des centrales nucléaires, des immeubles luxueux, des bureaux…, dans le Public comme le Privé.

>de fonctionnement, c’est multiplier l’empilement des mille-feuilles de toute nature, dans le Privé comme dans le Public.

Il n’y a pas de solution simple, celle de l’autre par exemple. Pour résoudre le problème de la France, c’est tout un réseau d’actions concertées et adaptées à notre spécificité. Le problème étant complexe, l’équilibre est précaire et le résultat forcément incertain.

La critique permanente de tout et tous, par tous, est un handicap majeur; l’union, le partage, la collaboration, la recherche,…sont les comportements essentiels.

Une chose est certaine, en se contentant de soulager une douleur, on n’éliminera pas la maladie.

S’imaginer pouvoir résoudre le problème de la France en changeant seulement ses institutions publiques est un leurre ; c’est l’état d’esprit individualiste, compétitif, le culte du meilleur, l’élimination du plus faible…, qui nous tuent. Ce n’est pas le cas dans beaucoup de pays qui ont l’habitude de critiquer plus les autres qu’eux-mêmes ; ils s’en sortent mieux.

Pendant des siècles la croissance a apporté une forme de bonheur. Mais la croissance des embouteillages, des villes, des déchets, du temps contraint, apporte-t-elle encore du bonheur ? Au nom de l’emploi, tout le monde ne jure que par la croissance. Le problème, c’est qu’elle ne va pas revenir; l’OCDE, le FMI commencent eux aussi à en douter. Le modèle est essoufflé. Il est temps d’inventer un monde de post-croissance.

On est passé de la connaissance d’une certitude à une connaissance de l’incertitude, donc la solution est, comme le développait Jacques Monod, dans l’adaptation de la nécessité au hasard.

La solution, personne ne peut prétendre la détenir, mais 20% de la population accapare toujours 80% des richesses planétaires ; en France, chaque habitant produit deux tonnes de déchets industriels par an ; nous n’avons jamais autant consommé et jeté ; la consommation d’énergie s’accroît inexorablement ; la température, les océans la fréquence des cancers, des allergies, des dépressions… montent. En trente ans, depuis l’invention du concept de développement durable, l’état de la planète n’a cessé d’empirer. Que de richesses gaspillées !

Le Low-tech est une piste ; c’est une expression de P.Bihouix, pour faire un pied de nez au high-tech.

– par Georges vallet

 

crédits photos:futura-sciences.com

Descartes, si tu savais! 1+1 fait bien plus que 2 !!

GVDepuis au moins une quarantaine d’années la situation financière et économique n’est pas brillante, les répercussions sociales et environnementales sont catastrophiques. Si, jadis, par périodes, il en a été de même, la maîtrise, aujourd’hui, est devenue de plus en plus difficile et incertaine, les mêmes remèdes ne produisant plus les mêmes effets.

Cette crise globale et persistante n’est pas conjoncturelle mais systémique.

Les économistes dominants, français entre autres, sont attachés à un cartésianisme culturel, analytique et mécaniste; ils pensent que l’économie ou l’entreprise, peut se ramener à un assemblage mécanique de composants quantifiables.

Ils ne veulent pas s’adapter à l’évolution du réel qu’ils ont pourtant contribué à modeler.

Des «Lumières» nous éclairent pourtant: prix Nobel, professeurs d’économie, experts…! Malgré cela l’efficacité n’est pas au rendez-vous : des avis partagés, aucune vision globale sauf fragmenter et faire des économies de gestion ; les mesures appliquées sont ponctuelles : allongement de la durée de cotisation pour la retraite, baisse des charges pour les entreprises, non remplacement des fonctionnaires, baisse du remboursement des médicaments,…, j’en passe et des plus importantes!

Il y a par contre une nécessité incontournable : il faut croître !

Déjà obèses et hypertendus, car gros mangeurs, nous subissons périodiquement des attaques cardiaques. Les médecins insistent : « il faut manger vite et le plus possible, tout de suite, c’est le seul moyen de vous en sortir » ! C’est délirant !

L’étude de la nature et de son économie, au cours de l’histoire, est passée du domaine descriptif aux domaines fonctionnel et relationnel.

Dans cette dernière étape, on s’est aperçu que l’être vivant : animal, végétal, champignon, bactéries, virus, n’était jamais seul, qu’il dépendait des autres et avait une histoire.

Ce fut une véritable révolution culturelle.

« Exister, c’est être relié : relations à Soi, aux autres (la Communauté), au monde (la Nature) et à l’absolu (le Divin). » dit Marc Halevy.

« Alors que, comme pour la variole, un seul agent pathogène provoquait une seule maladie, il faut aujourd’hui sortir de cette logique causale simple et voir les choses autrement » Remy Slama, épidémiologiste de la reproduction à l’Inserm.

Il existe une quantité immense de déterminants à l’origine des maladies : biologiques, chimiques, physiques, sociaux, comportementaux… Ils se combinent les uns avec les autres. En outre, leurs effets peuvent s’ajouter, être différés dans le temps, au point de s’exprimer parfois sur les générations suivantes !

Les réponses thérapeutiques font appel à la pluridisciplinarité: spécialistes des sciences de l’environnement, des sciences humaines et sociales, de la toxicologie, des sciences fondamentales, de l’épidémiologie….

« Il faut prendre en considération le patient dans toutes ses dimensions » Karine Clément cardiologue.

Par exemple, des publications récentes montrent que la flore intestinale: « représente 100 milliards de bactéries. Ses 3 millions de gènes interagissent avec notre propre génome » Karine Clément. L’alimentation, les agents toxiques, les médicaments, la pollution atmosphérique, les infections, la sédentarité ou le stress, … modifient la santé et le psychisme.

L’analogie avec l’économie culturelle est frappante ; elle est malade aussi et les économistes n’ont pas pris en considération le patient dans toutes ses dimensions, ils n’ont pas pris en compte tous les déterminants !

Si, comme Descartes, on découpe le système pour le démonter, on coupe du même coup les interactions et, donc, on tue la complexité qui fait valeur : prétendre étudier un animal en «reconstituant» son milieu de vie en laboratoire, couper en deux une forêt par une route, sur le forum, D.Sango évoquait la SNCF, le millefeuille administratif, pensons à Alstom, à L’Europe que certains veulent faire éclater….)

Une science s’est investie dans la compréhension des relations entre les déterminants vivants et non vivants : c’est l’écologie. Elle en a déduit que l’ensemble de l’univers et de notre planète, avec son vivant, était formé par l’emboîtement (poupées gigognes) hiérarchisé de systèmes complexes, en étroite dépendance les uns avec les autres, régulant trois flux : Energie, Matière, Information, dans le temps et l’espace, suivant l’évolution de l’environnement.

Il importe de bien faire la différence entre compliqué et complexe :

Compliqué naît de l’assemblage mécanique d’éléments externes, c’est uniquement quantitatif : beaucoup d’éléments, beaucoup de paramètres, beaucoup de règles, beaucoup d’opérations, etc …Quand tout s’enchaîne linéairement la certitude est au bout !

La complexité naît de l’émergence organique de processus internes. L’enchainement est en réseau avec rétroactions, la résultante est incertaine.

Pour Descartes tout était « compliqué ».

Un Airbus est compliqué; une forêt, un homme, le climat, l’économie, l’Europe…sont complexes.

La complexité mesure la capacité d’un système à devenir plus que la somme de ses parties. Elle s’appuie sur la quantité, l’intensité et la fréquence des interactions entre les constituants. La complexité, et non le compliqué, engendre des propriétés émergentes, c’est-à-dire des propriétés qui surgissent du fait de ces interactions entre les constituants sans appartenir en propre à aucun d’eux. 1+1 fait toujours plus que 2 : H2 et O = eau !

Un être vivant est plus que la somme de ses cellules, une forêt plus que l’ensemble des arbres, une pensée intelligente plus que la somme de ses neurones. L’Europe pourrait-être plus que la somme de ses états !

Une entreprise est plus que la somme des composantes humaines et financières.

Avec la globalisation, la mondialisation et «l’internetisation» le nombre des acteurs : hommes, entreprises, marchés, échanges, a considérablement augmenté. La quantité, l’intensité, la fréquence des interactions entre ces acteurs a cru exponentiellement, sans régulation, le tout largement amplifié par le jeu malsain des médias, d’où le déséquilibre systémique. C’est l’explication profonde des turbulences d’aujourd’hui mises en exergue par les résultats alarmants des dernières élections. Nos « sciences économiques», analytiques et mécanistes, sont incapables d’anticiper ces immenses convulsions systémiques actuelles. Elles demandent à leur environnement humain de «se réformer» sans imaginer que c’est à elles de le faire !

« Une entreprise est un système ouvert, en prise permanente avec son milieu…. le milieu économique global connaît une transformation profonde… une bifurcation systémique, semblable à la métamorphose d’une chenille en papillon….nous vivons le passage d’une logique économique (industrialisation, financiarisation, standardisation) à une tout autre logique économique (qualité, durabilité, créativité). » Marc Halévy, «Un univers complexe. L’autre regard sur le monde ».

La réussite financière d’une entreprise n’est pas pas seulement liée à la baisse quantitative des charges, des employés et de leur salaire, au management « expéditif » agressif, mais à la qualité des produits, à la compétence des collaborateurs, la qualité des rapports humains, horizontalement et verticalement: confiance, respect, sécurité, bien-être du personnel apportent l’essentiel : l’envie d’aller travailler, de collaborer, de se perfectionner et de créer, valeurs non chiffrables retrouvées pourtant dans les bilans !

Concrètement, chaque entreprise doit apprendre à élever son niveau de complexité afin de se mettre au diapason de la réalité systémique du monde réel.

Une lueur d’espoir :

L’ESSEC a lancé la  » chaire Edgar Morin de la complexité  » le 11 mars 2014, au grand amphithéâtre du campus de Cergy.

« Lors de cette leçon inaugurale il nous introduira à la compréhension et la maîtrise des enjeux de la notion de complexité et de son utilité pour aborder les réalités du monde contemporain. »

– par Georges Vallet

crédit photos:studyramagrandesecoles.com