Béarn Adour Pyrénées, lettre ouverte à Alain Rousset

image001Nouvelle année, BAP a toujours le même objectif : améliorer tous les itinéraires de communication et reprendre l’offensive vers les pouvoirs publics pour préciser et actualiser ses priorités.
Ci-après, la lettre ouverte que son Président, Pierre Saubot, a adressé, le 2 janvier, à Alain Rousset, Président du Conseil Régional.

Monsieur le Président,

Le Conseil Régional a budgété 105 millions d’euros (dont 24 millions d’euros pour 2014) pour la rénovation de la voie ferrée Oloron-Bedous. Or, il semble que l’Europe, la France et l’Espagne ne souhaitent pas financer la remise en service de la ligne Pau-Canfranc.

Dans ce cas, le chantier Oloron-Bedous pourrait être très décalé dans le temps. Nous insistons donc pour que l’argent prévu soit investi en Béarn dans des projets d’infrastructures essentiels pour son économie :

– Diffuseur de Berlanne-Morlaàs
– Allongement de la piste de l’aéroport de Pau
– Création du PIF (Poste d’Inspection Frontalier) sur l’aéroport en faveur de la filière équine
– Préparation de l’avenir sur le plan ferroviaire, par l’enquête publique et la constitution des réserves foncières, pour le barreau LGV Mont-de-Marsan/Pau.

Nous connaissons par ailleurs, votre prise de position concernant les financements routiers. Cependant, pour réparer l’inégalité de traitement des territoires dont le Haut-Béarn souffre, nous vous demandons d’intégrer dans le prochain contrat de Plan Etat Région, les chantiers de désenclavement du Béarn suivants :

– Les aménagements urgents de la RN 134 Oloron-Somport avec ses déviations en souffrance
– La nouvelle route Oloron-Lescar.

Cette inscription pourrait se faire si la part complémentaire à l’engagement financier de l’Etat était prise en charge par le département et les collectivités locales intéressées.

Aussi, nous sollicitons un rendez-vous pour vous expliquer nos priorités pour le Béarn.

Dans cette attente, nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

Pierre SAUBOT, Président de BAP

Copie à Mr Georges Labazée, Président du Conseil Général et à Mr David Habib, Député-Maire de Mourenx.

– par Hélène Lafon

L’Aquitaine existe-t-elle ?

 Aquitaine blasonsL’Aquitaine, comme toutes les régions françaises, est issue du découpage administratif de 1955. Troisième région française en superficie, elle va des contreforts du Limousin aux Pyrénées, et est marquée par la diversité de ses paysages et de ses populations basques, gasconnes, languedociennes, saintongiennes, ou encore issues de l’immigration : portugaises, marocaines ou espagnoles.

Dans la mondialisation, l’identité est importante : elle fédère les énergies et donne un sens à un discours, mais l’Aquitaine est constituée par de multiples identités plus ou moins marquées, comme l’irrédentisme basque. Il est donc légitime de se demander si la région a une chance d’exister au-delà de ses composantes et donc de se poser la question suivante : l’Aquitaine existe-t-elle ?

Le nom ancien de l’Aquitaine, Aquitania, signifie le pays de l’eau. C’était une province romaine importante, dont les frontières mouvantes ont même englobé tous les pays entre Pyrénées et Loire. Lorsque la grande Aquitaine romaine fut divisée, on en fit même deux : l’Aquitaine première, englobant massif central et Berry, et l’Aquitaine seconde, allant de la Loire à la Garonne. Au sud de celle-ci, la région de Novempopulanie (les neuf peuples) allait jusqu’aux Pyrénées. L’Aquitaine fut ensuite un duché, et même parfois un royaume au gré des partages des mérovingiens et carolingiens. Après le mariage d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine, à Henri II Plantagenêt, on inaugura la période de domination anglaise, et par là même la guerre de cent ans. Le terme Aquitaine s’abâtardit, pour devenir Guyenne, et lorsque la région revint à la France en 1453, il garda ce nom, pour devenir en 1561 le gouvernement de Guyenne. Après la révolution française, Aquitaine ou Guyenne furent vouées à être oubliées, dénuées d’existence administrative, jusqu’au décret Pfimlin de 1955 qui recréa une région Aquitaine.

Une région Aquitaine aux formes bien étranges à vrai dire, car amputée du cœur de la Gascogne qui la constitua de tout temps, à savoir des départements du Gers, mais aussi des Hautes-Pyrénées, absorbés par le pouvoir d’attraction de Toulouse. Le principe du pouvoir d’attraction des métropoles régionales commanda que la Dordogne et le Lot-et-Garonne, proches de Bordeaux, lui fussent rattachés, tandis qu’on décida finalement de rattacher les Basses-Pyrénées, qui étaient aussi loin de Toulouse que de Bordeaux. Si les départements des Landes, des Pyrénées Atlantiques, de la Gironde et du Lot-et-Garonne sont totalement ou partiellement de culture gasconne, on trouve dans le nord de la Gironde une culture saintongienne, languedocienne en lot-et-Garonne et Dordogne, et dans le nord de ce département, limousine. Enfin, la culture basque vient compléter le tableau dans l’extrême sud-ouest du territoire. A cela, on peut ajouter les nombreux apports de l’immigration, que ce soient les Portugais et les Espagnols dans le sud de l’Aquitaine, les Italiens et Marocains dans la vallée de la Garonne.

Face à une telle complexité historique et culturelle, et à tant de fortes identités déjà établies depuis des siècles, force est de constater que l’Aquitaine peine à exister. Il n’est pas évident de trouver des points communs au Pays basque et au Périgord, si ce n’est peut-être par la culture du foie gras, et les liens tissés du temps de l’Aquitaine anglaise ne semblent pas concerner le Béarn qui eut depuis le XIVème siècle une existence autonome. Certes, il y a une certaine culture, la douceur de vivre du sud-ouest, l’amour du rugby, mais cela n’est pas propre à l’Aquitaine. Le conseil régional, sentant qu’il fallait aller plus loin que la région administrative, a commencé à investir depuis peu dans du « marketing grand public », réalisant des publicités sur des radios de grande écoute, où des speakers à l’accent pointu vantent les mérites du jambon de Bayonne ou du piment d’Espelette, érigés comme étendards non pas de la culture basque, mais de la région Aquitaine. Je ne peux m’empêcher de penser que cela est très superficiel, et m’interroge surtout sur la finalité. Veut-on créer des Aquitains ? Si oui, qu’est-ce qu’un Aquitain ? Car si c’est un habitant du sud de l’Aquitaine qui joue au rugby et cultive du piment d’Espelette, ça s’appelle encore, et sans doute pour longtemps, un Basque..

Que dire aussi des Béarnais, qui ont aujourd’hui plus d’intérêt à se rapprocher d’une Bigorre midi-pyrénéenne proche et complémentaire, que d’un pays basque nord attiré par les sirènes économiques et culturelles de son frère du sud des Pyrénées.

Et puis, il y a aussi cette dichotomie entre Nord Aquitaine (Bordeaux), et Sud Aquitaine, accentuée par le quasi désert des Landes de Gascogne.

On le voit, l’identité Aquitanique, malgré une histoire riche, n’est pas évidente à trouver, et il est encore plus difficile, sinon impossible, de la construire. Les campagnes marketing ne changent rien à cela, et on peut se demander quelle est la finalité de vouloir créer des « Aquitains » qui n’existent pas.. Au lieu de cela, il faudrait mettre en valeur les terroirs et les cultures existantes telles qu’ils existent, et développer les collaborations avec les régions et pays limitrophes, de façon à mettre en valeur les « pays », dimension qui est, avec la nation, la seule capable de réellement rassembler et fédérer les énergies.

– Par Emmanuel Pène

Mille-feuille territorial : La gabegie dévoilée !

Capture d’écran 2013-09-10 à 17.41.38La gestion de nos territoires est une gabegie incroyable que le contribuable a du mal à visualiser. Deux communiqués de presse arrivés au même moment, l’un du CG64, l’autre du Conseil Régional Aquitiane, montrent à quel point la répartition des compétences entre states… n’est pas définie. Les socialistes au pouvoir à Paris, en région et dans les départements conduisent la France à sa perte. Quand se réveilleront-ils avec un nouvel acte de la décentralisation clarifiant, simplifiant, dégraissant notre fonction territoriale ?

Les communiqués in-extenso. Vous en tirerez les conclusions vous-même…

Lundi 9 septembre 2013
Communiqué de presse du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques
La Mostra de Venise récompense un film soutenu par les Pyrénées-Atlantiques.
Eastern Boys, écrit et réalisé par Robin Campillo, a reçu le prix Orizzonti du meilleur film lors de la 70è édition de la Mostra à Venise. Eastern Boys est le deuxième film de Robin Campillo, après Les revenants. Pour cette chronique sociale qui sera notamment diffusée sur Canal + en dehors des sélections dans les festivals, Robin Campillo s’est installé pendant plusieurs semaines d’août 2012, à Idron en utilisant le décor d’une résidence hôtelière. Le Département des Pyrénées-Atlantiques a apporté une subvention de 80 000 € à ce film qui a recruté de nombreux figurants locaux, fait appel à des prestataires (restauration, hébergement…). Ce long-métrage, sombre, se situe dans le milieu de la prostitution d’hommes venus de l’Est de l’Europe.

Le Département des Pyrénées-Atlantiques apporte une aide financière et technique aux réalisateurs qui souhaitent tourner dans le département. Depuis la mise en place du fonds de soutien en 2011, une vingtaine de projets (courts-métrages, long-métrages, documentaires…) ont reçu une aide du Conseil général.

Mardi 10 septembre 2013
Communiqué de presse du Conseil régional d’Aquitaine
70ème édition de la Mostra de Venise : « Eastern Boys » : Un film aquitain reçoit le prix du meilleur film !

Le jury de la sélection Orizzonti (Horizons) a décerné le prix du meilleur film au long métrage « Eastern Boys » réalisé par Robin Campillo lors de la 70ème édition du festival international du film de Venise.

Ce long-métrage, le deuxième de Robin Campillo, est produit par les Films de Pierre et s’est tourné l’été dernier à Idron et à Pau (Béarn). Il a été soutenu en juillet 2012 par le Conseil régional d’Aquitaine dans le cadre du fonds de soutien à la production cinématographique pour un montant de 170.000 euros.

Synopsis du film : « Ce sont des garçons venus de l’Est : des Polonais, des Russes, des Roumains… Les plus âgés ont peut-être 25 ans. Les plus jeunes, on ne sait pas. Ils traînent du côté de la gare du Nord. On peut penser qu’ils se prostituent. Muller (Olivier Rabourdin) un homme discret, la soixantaine, a repéré l’un d’entre eux, Marek. Alors, un jour, il se lance et va lui parler. Le jeune homme accepte qu’ils se revoient le lendemain chez Muller. Et le lendemain lorsqu’on sonne à sa porte, Muller n’a aucune idée du piège dans lequel il s’apprête à tomber. »

Avec un budget de près de 2,7 millions d’euros, le développement du cinéma et de l’audiovisuel est un axe fort de la politique du Conseil régional d’Aquitaine. La Région Aquitaine est la 4ème Région française en termes de soutien financier aux longs métrages. Cet engagement s’illustre notamment à travers un fonds de soutien régional dédié à la création et à la production qui, via un dispositif d’aides sélectives aux œuvres cinématographiques et audiovisuelles, se veut être attentif à l’émergence et à l’accompagnement des talents et de la création dans sa diversité (productions fragiles, co-production à l’internationale, ouverture aux nouvelles formes).
Après 5 films aquitains sélectionnés lors du dernier Festival de Cannes, le dispositif régional de soutien à la création et à la production confirme aujourd’hui sa légitimité récompensée grâce à une reconnaissance des films soutenus au niveau international.

Le plus malin dans cette affaire est le réalisateur. Le plus grugé dans cette affaire est… le contribuable. Vous et moi.

– par Bernard Boutin