Les grands prix de Pau

Sans avoir la prétention d’écrire l’histoire du grand prix de Pau et même des grands prix, il est intéressant de découvrir comment se mettent en place certaines dispositions concernant l’organisation de l’événement. On est loin de la compétition elle-même. Ou quand les politiques s’en mêlent.

Le grand prix de Pau connait cette année, sa 77 ème édition. Il a rencontré quelques péripéties, pas si lointaines d’ailleurs. Qui se souvient que cette compétition n’a pas eu lieu en 2010 ? Martine Lignières-Cassou, maire de Pau, élue en 2008, annonce le 15 octobre 2009 qu’elle a décidé de suspendre l’épreuve automobile de 2010. Il s’agit de revoir les conditions de l’organisation d’un événement qui coûte à la ville la bagatelle de 2,2 millions d’euros. « Nous ne pouvons pas continuer comme cela, sinon c’est la mort assurée du Grande Prix » dit-elle. Parce qu’elle fait le constat que l’impact tant économique que médiatique ne répond pas à ce que l’on peut en attendre, elle considère qu’il faut « rebâtir » l’épreuve sportive (La République des Pyrénées du 7 mai 2010).

Il faut donc faire des économies. Pour cela elle lance un appel d’offre pour assistance à maîtrise d’ouvrage en vue du Grand prix de 2011. Le prestataire retenu devra lancer une mise en concurrence pour sélectionner le promoteur. Ce dernier devra réduire le coût pour la ville et prendre le risque à la place de l’ASAC (Association sportive de l’automobile club basco-béarnais, présidée par Joël Do Vale) et de la ville. C’est l’ancien préfet, Gilles Bouilhaguet qui remporte l’appel d’offres. Assisté de Bruno David, connu dans le milieu du sport automobile, il reçoit pour mission de refonder le Grand prix. Le rapport était public et chaque candidat a pu s’en servir. Le principe essentiel de celui-ci était que la ville s’engageait pour un montant plafonné et se dégageait de la couverture des éventuels déficits. Deux autres candidats étaient sur les rangs, Eric Dournès de Créa-Sud communication et Pascal Sayous de Centaure production.

http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2010/05/07/grand-prix-de-pau-le-marche-pour-l-ancien-prefet-bouilhaguet,135476.php

En 2010 un appel d’offre est lancé par l’Agglo et la ville afin de sélectionner officiellement le promoteur. C’est Peter auto de Patrick Peter, déjà promoteur du Grand prix historique, qui est choisi face à Créa-Sud Communication. Pour résumer l’ASAC est l’organisateur officiel et incontournable. Cette association est titulaire d’une licence de la fédération française des sports automobiles. Une convention à trois est alors signée entre l’Agglo, l’ASAC et le promoteur Peter auto. Celle-ci précise que c’est le promoteur qui assurera la responsabilité des deux Grand prix, le Grand prix de Pau et le Grand prix historique. Autrement dit, si déficit il y a, il sera épongé par le promoteur. La communauté d’agglo versera une subvention annuelle de 250 000 euros à l’ASAC. A cette subvention viennent s’ajouter des coûts de mise à disposition du circuit. La facture qui se montait en 2009 à 2,2 millions d’euros, ne dépassera pas 1,7 million d’euros en 2011.

Restent différents points dont les animations. La mairie ne les finançant pas, il faut trouver un partenaire. Cela n’est pas chose facile et c’est l’ACBB (Automobile club basco-béarnais) qui accepte cette charge sur proposition de l’ASAC qui a un rôle de coordination. Ces animations, les fameuses casetas, devront donc s’autofinancer. Dans une interview du 21 septembre 2010, Joël Do Vale se dit satisfait que le Grand prix revienne.

http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2010/09/21/l-acte-de-naissance-du-gp-2011,156923.php

En marge de ces dispositions, Créa-Sud Communication dépose un recours devant le tribunal administratif. Face à l’attribution du marché d’assistance à maîtrise d’ouvrage par l’Agglo à Gilles Bouilhaguet Consultant, il demande une indemnisation qu’il situe à hauteur de 128 000 euros. Il n’obtiendra pas satisfaction.

Après un délai de trois ans, Peter Auto décide de renoncer. Il doit faire face à des déficits et la ville n’accepte pas de modifier les termes de la convention. En 2014, dans la plus grande discrétion, le marché de promoteur est confié à Créa-Sud Communication. La ville finance l’événement à un niveau supérieur à 2 millions d’euros. On n’a pas le souvenir d’une mise en concurrence. Cette année en 2018 la formule 3 sera pour la dernière fois au départ du Grand prix de Pau

Pau, le 8 mai 2018

par Joël Braud

Crédit image : la republique des pyrenees.fr