En sortir

La France est dans une mauvaise passe. La colère gronde, l’entêtement pointe son nez, la contagion gagne, l’économie souffre. Comment écarter tant d’insatisfactions ?

M. Macron est intelligent et sans doute plus inspirant que bien de ses prédécesseurs, mais il commet des maladresses : le « pognon dingue », la « traversée de la rue », et moins remarquée, la listes des pays visés par lui pour l’armée européenne : fallait-il les désigner nommément alors qu’on célébrait l’aide de nos alliés lors des derniers conflits mondiaux ?

Par-dessus tout, son manque de réactivité lors du début de la crise que nous connaissons va lui coûter cher politiquement. Les mesures adoptées aujourd’hui vont apparaître bien tardives et insuffisantes. Et la transition écologique risque d’être la grande victime de la tension.

Chaque partie doit pouvoir sortir la tête haute du conflit. Mais avec humilité et compréhension. La souffrance de celles et ceux qui bloquent les carrefours doit être comprise et soulagée. Mais le sort de la planète ne peut être oublié. Les victimes des inondations, des incendies et des pollutions ne nous le pardonneraient pas. Ni nos enfants.

Aussi, nos gouvernants doivent plaider au plan européen et au plan mondial pour un effort sans précédent pour la lutte contre le réchauffement climatique et contre l’injustice fiscale et sociale. Les grandes compagnies internationales doivent payer des impôts dans les pays dans lesquels elles font des profits. Le kérosène des avions doit être taxé au moins autant que les carburants pour voitures : n’est-il pas choquant de voir des offres pour des voyages aériens à des prix (10 ou 15 euros !) de l’ordre du coût de la traversée en voiture d’un département comme le nôtre (sans compter les péages d’autoroute et l’entretien de la voiture). Il faut aussi taxer le fioul lourd des porte-conteneurs ; ce serait plus juste que des hausses de droits de douane et plus favorable à une consommation locale. Enfin, il faut freiner le transport routier qui endommage nos routes, les encombrent et surtout polluent l’atmosphère. N’avez-vous pas entendu que les restrictions de carburant dans certaines régions (en Bretagne notamment) sont de 30 litres pour les voitures et de 200 litres pour les poids lourds. N’est-ce pas éclairant ?

Il faut aussi revenir sur l’abandon de l’ISF sur les revenus financiers. Il est un moyen qui permettrait de ne pas perdre la face en attendant une remise à plat équitable : remplacer la partie de la taxe carbone qui ne va pas à la transition énergétique (c’est-à-dire la plus grande partie) par une taxation normale des revenus exceptionnels de l’année 2018. Ces revenus sont essentiellement des revenus financiers, pas des fruits du travail. Or, pour faire passer la pilule du prélèvement à la source (qui est une vraie pénalisation des employeurs) le gouvernement a décidé un allègement des impôts sur ces revenus. Cet allègement représente un manque de rentrées conséquent pour l’État alors que de petites gens, et en particulier des retraités, voient leur CSG alourdie. Un comble ! Certes il faudrait donner du temps pour lisser ce prélèvement afin de ne pas plomber ponctuellement ceux qui auront à le payer. Mais il y aurait là un geste qui serait compris de la population.

Bien d’autres mesures seraient appréciées, comme des transports publics ferroviaires ou routiers à la périphérie des villes afin d’éviter des engorgements, de la pollution et des frais. Ou encore la réduction du mille-feuilles administratif et des doublons qu’il engendre.

Dommage que le gouvernement n’ait pas saisi à temps la proposition syndicale d’une large concertation avant l’explosion. L’image du pays en est marquée.

Paul Itaulog

Le gigantisme, un mal qui répand la terreur…..

240px-Empire_State_Building_by_David_ShankboneTous les gouvernants sont dépassés; seuls les critiqueurs chroniques, qui ne gouvernent pas, prétendent avoir la solution!

En attendant:

> 454 SDF, dont 15 enfants, sont morts dans la rue, en France, en 2013.

> Les actionnaires se moquent des entreprises, ils vendent s’ils ne gagnent pas assez.

> L’obésité, les cancers, l’infertilité, l’asthme, les allergies, progressent; l’espérance de vie en bonne santé diminue.

> Le niveau de la mer monte, la banquise fond….La biodiversité animale et végétale est en régression catastrophique……

> Le premier semestre de l’année 2014, l’Italie a reçu 61500 migrants contre seulement 7900 pour la même période en 2013. Combien restent en mer?

> La violence verbale et physique devient la normalité des rapports humains.

> La guerre et ses atrocités est considérée comme la seule solution pour résoudre les problèmes. On tue et on viole dans les pays civilisés, on égorge et on décapite ailleurs.

> Les scandaleuses prestations des médias et des réseaux sociaux, le matraquage des sondages, les railleries et moqueries de soi-disant humoristes, deviennent, vis-à-vis du Président, un assassinat médiatique; c’est révoltant et gravissime. L’invective remplace la nécessité de construire, ensemble, un avenir meilleur!

> Les journalistes ont perdu, sous la pression de l’audience nécessaire à leur survie, tout sens de l’éthique: on lance sur «le marché» tout ce qui arrive, sans contrôle; les démentis sont journaliers et discrets, donc inaperçus; les rapports intimes d’un Président deviennent le motif d’un combat politique «normal» et une affaire commerciale! Beaucoup ont à gagner du fait de la diffusion numérique immédiate, elle permet de cueillir rapidement les fruits de la zizanie!

> Les jeunes, pleins d’espoir et d’énergie, avides de sens, sont en plein désarroi, diplômés ou pas; l’enseignement ne peut plus suivre l’évolution trop rapide des besoins technologiques. Même en se «battant» pour réussir, et ils n’en manquent pas, l’avenir leur est bouché. On n’a pas besoin d’eux, sauf s’ils consomment! Mais, avec quoi? Alors, certains, fragiles intellectuellement, incultes, croient aux sirènes des imams qui offrent un sens à leur vie! D’autres, pas plus équilibrés, mais plus diplômés en moyenne, s’imaginent que le Front National est une source d’espoir alors qu’il ne programme qu’un autre assassinat, celui de notre démocratie cette fois!

Même Oscar, le 28 août à 15h25 avait peine à croire qu’on n’était pas foutu!!! S’il reconnaît que le libéralisme ne peut plus faire le bonheur des peuples c’est que vraiment il est temps de changer de régime et de prendre une autre voie en menant une réflexion politique et sociale pour ce XXIème siècle!!!

Christine Marsan dans Les Echos.fr écrivait:

« La majorité de nos repères et des composantes de notre réalité sont soumis à la schize : inflation des informations et abêtissements des foules, rapidité technologique et besoin psychologique de ralentir, opulence de biens de consommation et augmentation de la pauvreté, surconsommation et surproduction de biens et raréfaction des ressources, crises à répétition et enrichissement des banques à l’origine des bulles et crashs financiers… Alors il n’est guère surprenant que les personnes se trouvent psychologiquement coupées en deux, entre un monde déclinant et qui pour le moment est toujours dominant (modèle moderne et libéral dérégulé), et un monde émergent d’alternative en tous genres.

Elle décrit finalement l’émergence d’une société schizophrène.

On peut voir en effet, dans les constats de l’actualité, les résultats de l’évolution d’un syndrome dissociatif sociétal avec symptômes schizophréniques. Rappelons quelques signes étiologiques qui correspondent bien :

Impression de retrait et de perte de contact avec la réalité.
Incohérence du discours et flou de la pensée comme la stéréotypies des réponses et la répétition des idées…
Troubles de la vigilance, anxiété majeure, prises de toxiques (cannabis, LSD….), dépendances multiples…
Dissociation motrice : comportement impulsif parfois très violent, conduite auto ou hétéro-agressive.…)

Cette dissociation de moins en moins contrôlable et maîtrisable peut trouver des explications dans l’examen d’une dynamique de la vie marquée par un gigantisme de plus en plus accusé de la complexité.

En effet, au cours de l’évolution, les exemples ne manquent pas, dans tout le règne animal, d’espèces atteintes de gigantisme qui ont disparu: ammonites, insectes divers, reptiles, oiseaux, très grands mammifères du quaternaire; les actuels sont en voie de disparition. Certains pensent à des pathologies hormonales. Encore la chimie! Ce gigantisme devient un handicap majeur entrainant une inadaptation motrice, relationnelle, nutritive…, au milieu.

Chez l’homme, ce gigantisme siège au niveau du cerveau (des milliards de neurones, des interrelations à l’infini), les retombées sont culturelles; super, hyper, méga, giga… submergent notre vocabulaire; il est partout présent: communications, relations, avis, ego, ambitions politiques ou autres: besoin d’être chef, le meilleur, le plus riche, le plus beau; tout s’hypertrophie: besoins énergétiques, industrie, urbanisme, agriculture, pollution, entreprises commerciales, banques, assurances, tankers, porte-conteneurs, armement, mille-feuille administratif, dette! Cette complexité n’est plus gérable.

Nicolas Hulot avait suggéré un ministère puissant permettant d’adapter l’économie aux nécessités de la biologie humaine. Il a échoué, neutralisé par un individualisme gigantesque, les exigences d’un immédiat économique surpuissant et l’incapacité, par le jeu de la politique mondiale et des lobbys corporatistes, de se projeter dans une vision raisonnable à court terme. Tout projet dans le bon sens est aussitôt démoli.

On assiste à une disparition rapide de ce qu’on peut appeler les biens communs, au profit d’un individuel (privatisation) qui accapare tout:

> Ce qui appartient à tous, de par la naissance même sur cette terre: ressources de la planète comme l’eau, les ressources minérales, l’air, les ondes, les forêts, les rivières… Le droit à polluer notre milieu de vie: terre, air, mer, est reconnu, alors que ces milieux sont le berceau de chacun d’entre nous et la source de notre vie.

> Notre bien intime, individuel: physiologique, psychologique ou structurel est «marchandisé».

> En ce qui concerne le vivant, pour pouvoir justifier son appropriation, il a été réduit à une matière première comme les autres. Le patrimoine héréditaire, bien commun de l’humanité, est devenu une ressource génétique lucrative pour l’industrie. Les gènes extraits et manipulés peuvent faire l’objet de brevet!!

Les droits de propriété sont déposés par des laboratoires sur des échantillons de plantes, de micro-organismes ou d’animaux, prélevés dans la nature ou dans les champs des paysans.

La bioprospection devient une forme de biopiraterie.

> «Europe à vendre» (Arte 26/08/14). Un tour d’Europe évalue la privatisation.

  • Après les privatisations, en 2007, il ne reste plus rien du secteur public productif en France (à part les ventes d’armes!); or, les filières en difficulté, publiques ou privées, demandent des aides financières de l’Etat!!!.
  • Le patrimoine administratif (terrains, infrastructures, immeubles, monuments historiques…environ 1100 milliards d’euros) est en cours de vente: patrimoine des Hôpitaux de Paris (hôpital Laennec, classé monument historique, et hôpital Boucicaut), immeubles du Quai d’Orsay à des fonds de pension américain, Imprimerie nationale vendue en 2004 à la société américaine Carlyle…..
  • La protection sociale (assurance maladie, accidents du travail, retraites) est en grand danger, au profit de l’épargne individuelle et des assurances privées. Le chômage devient source de profits pour le privé, l’ANPE ayant perdu le monopole du placement que peuvent effectuer des agences privées.
  • Les biens d’usage collectif (sites, espace public, eau, écosystèmes) subissent destruction et privatisation : le faible budget du Conservatoire du littoral a été divisé par trois en 20 ans, les députés locaux du bord de mer multiplient les demandes de dérogation à la loi du littoral pour permettre au privé de bétonner et défigurer les paysages, mainmise sur l’eau par des entreprises privées…

Eau, énergie, agriculture, industrie, éducation, culture, santé, services sociaux, de la sphère productive aux loisirs, tout est vendu ou à vendre. Il n’y a plus de biens communs.

Aristote définissait le bien commun comme ce qui est l’objet d’une délibération commune.

Le commun se définit par l’égalité, non seulement dans l’accès, mais aussi dans l’élaboration des buts de l’activité : le commun fait l’objet d’une décision collective qui nous engage et nous oblige, signification qui se trouve dans l’étymologie latine de: cum: «avec» et munus, idée de tâche collective et d’obligation mutuelle.

Elinor Ostrom est la première femme à recevoir en 2009 le «Prix Nobel» d’économie avec Olivier Williamson pour «son analyse de la gouvernance économique, et en particulier, des biens communs». Les travaux portent principalement sur la théorie de l’action collective et la gestion des biens communs et des biens publics (matériels ou immatériels). Ils s’inscrivent dans le cadre d’une « nouvelle économie institutionnelle ». Ces idées sont reprises par Pierre Dardot, philosophe, et Christian Laval, sociologue, dans: «Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle», à La Découverte.

– par Georges Vallet

crédits photos : en.wikipedia.org

«Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?» (C.Perrault)

Gvallet«Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?» (C.Perrault)
«Je me crains de quelques grands désordres !» (Henry de Laborde Péboué)
Un questionnement pas inutile à l’aube des élections européennes.
En effet, comme Dieu, pour Pierre-Simon Laplace, la Nature devient de plus en plus une hypothèse dont on peut se passer !

Comme jadis le citoyen Laplace, des chercheurs présentent, depuis pas mal d’années, une réactualisation de l’«Exposition du système du monde» à nos dirigeants, aux médias, au citoyen de base.

Parmi nos responsables, pour des raisons électoralistes, certains évoquent, avec une vraie fausse conviction, l’intérêt qu’ils y portent. Il a même été constitué, jadis, une publicité hypocrite pour valoriser la notoriété de l’auteur ; c’était le «Grenelle de l’Environnement». Ces rencontres, réparties en trois périodes, devaient déboucher sur des accords permettant la réalisation d’un soi-disant développement durable en restaurant la biodiversité, en diminuant le rejet des gaz à effet de serre et en améliorant l’efficience énergétique.

Bon nombre de participants, sincères, ont cru à la volonté de changer quelque chose et ont donné beaucoup de leur temps, de leur compétence, de leur argent, pour apporter le maximum de participation positive. Les résultats débouchèrent sur une grande désillusion, les engagements pris n’ayant de valeur, la suite le confirmera, que pour ceux qui voulaient bien y croire.

  • La biodiversité n’a cessé de diminuer sous la pression conjuguée de l’urbanisation, de la pollution, de l’agriculture industrielle….
  • L’émission des gaz à effet de serre n’a jamais été aussi abondante.
  • Les dépenses énergétiques sont en plein essor.

Assez rapidement, «l’environnement commença à bien faire» et les objectifs étaient repoussés à chaque fois «à plus tard» ! En effet, la priorité, toujours prioritaire !, est d’inverser la courbe du chômage (en supprimant des postes nous affirme-t-on !!! Curieux !!!) ; il faut donc permettre, par tous les moyens, le redémarrage de la croissance quantitative. Tous les obstacles à l’amélioration de la compétitivité économique, aussi bien au plan social qu’ environnemental doivent être ignorés.

Tout le monde l’affirme, sauf des irréductibles, pas tous Gaulois d’ailleurs, qui voient plus loin que leur compte en banque (pas toujours localisé en France!) ou que la fin de leur mandat.

C’est le déni officiel du lien réciproque, on ne peut plus étroit, qui existe entre crise économique, crise écologique et crise sociologique.

Depuis quarante ans il a été souligné, en vain, par les scientifiques et les philosophes.

«La croissance pour la croissance, c’est l’idéologie de la cellule cancéreuse. Elle se suicide, elle et sa descendance, en faisant disparaître l’être dont elle est issue et qui la nourrit.» (Edward Abbey. Une analogie redoutable).

Continuer dans cette voie, c’est promouvoir une aggravation de plus en plus grande des conditions de vie dans tous les domaines : politique nationale et internationale, social, professionnel, familial, climatique, alimentaire, santé…

Quelques exemples dus au mépris environnemental, parmi une infinité d’autres !

Les seuils de dangerosité, dans tous les domaines, ne sont pas évalués ou sous-évalués, ne tiennent pas compte des effets d’accumulation, des effets de groupe…On les adapte même aux nécessités de la croissance en les augmentant pour qu’ils ne soient plus dangereux ! L’évaluation est faite par le producteur car il est bien connu que son «honnêteté» n’hésiterait pas à arrêter la production si les tests à long terme s’avéraient mauvais ! Servier et autres confirment cette morale !!!

Dernière nouvelle du 29 avril dans la presse :

Des mèches de cheveux de 30 enfants de 3 à 10 ans, vivant dans des zones agricoles , ont été prélevés afin de mesurer le niveau d’imprégnation aux pesticides : «On a cherché une cinquantaine de molécules différentes et on en a trouvé plus de la moitié par enfant, un véritable cocktail de pesticides» (F. Veillerette, porte-parole de Générations Futures, l’association qui a commandé l’étude). « Un effet cocktail qui n’est pas pris en compte dans les évaluations ». Des pesticides interdits d’usage en France depuis des années ont même été retrouvés (rémanence) dans les échantillons.

Or, on contourne l’interdiction d’épandage de pesticides en décidant des dérogations !

Les zones Natura 2000 peuvent être affectées par des autorisations de destruction d’espaces protégés en les accompagnant de mesures dites de «compensation pour la réalisation d’aménagements dits économiquement indispensables ! Compensation !!, le grand mot, «réconfortant» pour le petit peuple, qui laisse supposer qu’en remplaçant, par exemple, une zone marécageuse par une zone aride de même superficie, cela revient au même ! J’ai vécu une telle opération, il y a fort longtemps, lors de la construction du barrage sur le Verdon dans les Alpes de Haute-Provence. Pour la mise en eau, on avait déplacé les agriculteurs des terres riches de la vallée qui allait être inondée, en amont du barrage, en leur attribuant, «en compensation», des terres de la garrigue ultra sèche du plateau dominant la vallée !!

On prend soin de ne pas supprimer les niches fiscales en faveur des pollueurs :

  • exonération de la taxe intérieure sur l’énergie pour l’aviation.
  • taux réduit pour le fioul utilisé comme carburant.
  • remboursement partiel de la taxe intérieure sur l’énergie pour les routiers «sympas».
  • défiscalisation partielle des agrocarburants.
  • TVA à taux réduit sur les engrais…….

Au total, ces avantages concédés à la pollution représenteraient chaque année plusieurs milliards d’euros en moins pour l’Etat.

Pourquoi les mesures indispensables ne sont-elles pas prises?

D’une part ces mesures seraient un obstacle au développement économique souhaité.

D’autre part, toutes ces activités économiques favorisent la pollution et le réchauffement climatique, or, le PIB comptabilise toutes les activités économiques en particulier celles qui découlent :

  • Des calamités climatiques : constructions ou reconstructions après les tempêtes, les ouragans, les inondations, les incendies de forêts…
  • De la pollution de l’eau de l’air, du sol : traitements des déchets, de l’eau, dépistage et traitements des allergies, cancers, troubles de la reproduction, des épidémies…

«Croître et multiplier» la production et la consommation, sans se soucier des retombées sociales dramatiques, est dû à une volonté délibérée. Les grands supporters de la croissance durable sont des êtres intelligents et calculateurs ; ils savent très bien que ces calamités et dommages, en pleine croissance !, sont une des pistes, inavouée car diplomatiquement inavouable bien sûr, pour que le PIB et les profits redémarrent ; c’est d’ailleurs en bonne voie en y ajoutant :

  • Les activités spéculatives dues à la raréfaction des ressources.
  • Les tensions mondiales (armement) et les guerres locales qui se multiplient souvent pour la maîtrise des ressources énergétiques et de l’eau.

Voilà pourquoi il n’est pas question, bien au contraire, d’envisager les mesures évidentes qui assureraient non pas le développement durable mais l’équilibre durable.

Le programme d’action communautaire pour l’environnement est une source considérable d’emplois, il couvre aussi bien l’air, le milieu marin, la prévention et le recyclage des déchets, l’utilisation durable des ressources naturelles, le milieu urbain, les sols….

Un état seul ne peut que montrer le chemin, l’Europe est le passage obligé pour corriger ces comportements suicidaires. Ses pouvoirs sont immenses mais ses dirigeants sont majoritairement les grands prêtres du libéralisme, les sacerdotes du culte de la croissance. S’abstenir de voter ou choisir ceux qui veulent détruire l’Europe est une très lourde faute ; il est indispensable de profiter de cet avantage pour désigner massivement ceux (sur les 24 listes promises j’en ai finalement trouvé une !) qui s’engagent à peser pour promouvoir une autre Europe, celle du citoyen européen soucieux de la vie saine de ses descendants et non des intérêts des paradis financiers.

– par Georges Vallet

crédit photos: lamauvaiseherbe.net

«L’impossible avenir ? Ou comment la société s’enferme dans le présent.»

Capture d’écran 2013-10-04 à 18.17.19En politique, les hommes sont devenus plus importants que les programmes; l’image prime sur le fond; la conquête de l’électorat n’est pas chose facile: articles, blogs, meetings, déplacements… Entre la croissance des activités technologiquement possibles et les contraintes de l’accélération du temps, seul le présent est abordable; l’avenir, donc « la politique » véritable, devient impossible.

 «L’impossible avenir ? Ou comment la société s’enferme dans le présent.»

Ch. Bouton, Myriam Revault d’Allonnes : philosophes, Nicole Aubert, sociologue.

Décidément, lorsqu’on regarde l’agitation des politiques, celle qui précède les élections municipales de Pau, on est pris de vertige. Mais où donc tout cela va s’arrêter ?  disait Joël Braud.

Ce n’est pas nouveau : Platon se moquait déjà dans l’antiquité des avocats courant après le temps pour placer leurs discours. (SW: 2:10/13)

Les textes, les émissions, les articles…

  • qui font des pronostics, des supputations,… sur le nom des futurs candidats déclarés, éventuels, possibles, souhaités…
  • qui dénoncent les magouilles des uns et des autres pour se faire une place au soleil..
  • qui estiment les alliances stratégiques à faire,
  • qui se délectent des petits mots assassins prononcés en aparté ou pas, afin de semer la zizanie et de montrer la nullité des gouvernants,

remplissent les médias et les réseaux sociaux, et… le temps!

Pour faire «le buzz», remplir des forums, vendre de l’information, défouler son agressivité, décharger son adrénaline, sans aucun doute, c’est salutaire. La thérapeutique est positive.

Mais, en ce qui concerne, l’avenir de la commune, de l’agglomération, de la région, du pays, de l’Europe…cela n’a aucun intérêt, au contraire; c’est à un bien autre niveau de réflexion qu’il convient de se situer.

«La politique» s’occupe de tous les domaines de la cité: organisation, économie, finances, justice, éducation, santé, culture…

«Les politiques» sont les femmes et les hommes qui se chargent d’assurer la gestion de cette politique.

L’ordre des priorités, pour la désignation des gestionnaires d’une entité territoriale, me semble être:

  • «La politique» qu’ils comptent mener, c’est-à-dire le programme circonstancié, ou projet présenté, pour l’application de la politique. Dans ce programme doivent figurer les sources des financement prévus, si possible, l’ordre prévu.
  • Ensuite, l’équipe qui compte réaliser cette politique.

Dans le déroulement actuel on fait l’inverse, on se dispute sur le contenant et on laisse de côté le contenu. De plus, les politiques eux-mêmes, dévoilent rarement leur programme précis:

  • pour ne pas risquer de déplaire et ratisser le plus large possible.
  • pour ne pas se faire « faucher» leurs «bonnes idées».
  • Pour se conserver une marche de manœuvre qui ne pourra donc pas être reprochée.

Bilan: Il faut faire confiance aux mots, au sérieux, à la compétence, à l’abnégation (don de soi, disait J.Braud), que seuls souvent, les intéressés se reconnaissent.

La durée des mandats, comparée à l’ampleur du travail à accomplir, les critiques systématiques des opposants qui doivent, par principe, détricoter ce qu’ont fait les précédents, s’ils prennent la place, font que les projets n’ont aucune continuité, donc aucune efficacité.

D’où «L’impossible avenir».

Le temps des politiques est-il compatible avec le temps de la politique ?

Telle a été la question posée par Ch.Bouton, Myriam Revault d’Allonnes, philosophes, lors d’une conférence le 3 octobre, à Bordeaux.

Effectivement, il y a un fossé qui se creuse entre le temps nécessaire à la réalisation d’un objectif et l’exigence d’un électorat qui est de plus en plus pressé quand il ne voit rien venir, ce qui, compte tenu des tractations, des pressions, des concertations…. n’arrive jamais, bien sûr, d’où les critiques incendiaires incessantes.

Les politiques, en recherche d’audimat, suivent avec attention, les sondages journaliers, ils doivent donc, comme les girouettes , tourner avec le vent, ce qui n’a rien à voir avec le temps de la politique, mais qui justifie l’absence de programme.

Le citoyen de base en est parfaitement conscient, ce qui explique le désamour, la lassitude, hélas parfois, la dérive vers les extêmes!

Qui est responsable ? La politique, les politiques, l’électeur, la technologie, la croissance, l’accélération du temps,…..?

Nous sommes, ils sont, soumis, à «La Dictature de l’urgence» Gilles Filchelstein (éd. Fayard 2 011); c’est «L’épuisement des ressources temporelles» Ch.Bouton.

Cette accélération entraîne une dépréciation du présent, le dérobe, provoque une atrophie de l’horizon de l’avenir.

Pour un économiste suédois «Plus on est riche matériellement, plus on devient pauvre en ressource temporelle.»

Mais pourquoi est-ce ainsi, alors que le progrès matériel devrait nous libérer du temps ?«  Pour Hartmut Rosa, c’est le rapport entre croissance et accélération qui explique cela. Car l’accélération permet de gagner du temps libre si et seulement si la quantité d’activité reste la même. Mais ce n’est pas le cas !

La croissance de l’activité est plus importante que l’accélération.

Exemple:pour le transport, on a doublé notre vitesse, mais on a quadruplé les distances parcourues, les temps d’attente dans les embouteillages ou aux feux rouges…

Plutôt que de s’agiter stérilement, ne serait-ce pas un problème sur lequel tous nos politiques, de droite, du centre ou de gauche, devraient se pencher pour réorienter l’avenir de notre société ?

– par Georges Vallet

crédit photos: sante.lefigaro.fr

Mille milliards de sabords, allons-nous bientôt faire de la politique ?

montagne-dollarLa crise nous plonge dans un bain sémantique dans lequel nage en formations serrées le mot « milliard ». Pas une séquence d’information qui n’en égrène à volonté. Il en manque 10 ici, on en a distribué à tort 50 là, il en faudra mille pour abonder le fonds européen de stabilité. Mille milliards, c’est justement le montant de la dette des étudiants américains. Côté milliardaires, le fameux classement Forbes vient de nous apprendre que le monde n’en a jamais été aussi riche. 1426 en 2013, 200 de plus qu’en 2012. Les hommes, en milliards, ont atteint le nombre le sept.

Un mot qui dispose d’une relation privilégiée avec le réel, dont on ne saurait se passer pour le décrire et l’amender. Un mot qui confère à ceux qui le font passer par leurs bouches un sérieux indiscutable.

Un mot qui impose le silence au citoyen. Comment pourrait-il penser quelque chose d’un monde qui valse avec les milliards ? Comment pourrait-il agir sur de telles quantités ? L’action est réservée à de super ingénieurs économiques et politiques qui connaissent le maniement des manettes à milliards, savent où les prendre et comment les utiliser.

On ne peut nier la réalité de ce qui est décrit avec ce nombre magique, ce qui rend difficile la contestation de son emploi massif. Le simple citoyen qui s’exprime ici, qui ne dispose d’aucun titre qui l’autorise à le faire, voudrait savoir condenser en une phrase ce qu’il y a d’absurde dans cette vision d’un destin humain entièrement dépendant des flux financiers et de l’emploi obsessionnel de sa glorieuse unité de mesure. C’est de sa part, pure vanité car il ne peut ignorer que prendre la parole dans cet enfer est comme lever le petit doigt pour prendre le thé, comme croire qu’une pâquerette peut caler les chenilles d’un tank.

Des milliards donc, des milliards pour changer la donne économique et sociale, des milliards oui ! Mais des idées pour vivre ensemble, des idées pour le partage de ce que nous avons, des idées pour nous abriter, au moins partiellement, des crises à répétition, pour organiser des réseaux qui garantissent les besoins essentiels au plus près de la vie concrète des hommes, bref des idées politiques pour faire front aux grandes contraintes, des idées pour vivre ensemble non !

Les hommes politiques ont besoin de grandes mécaniques, de grands nombres. Ils viennent à tout moment contrarier les projets de justice auxquels ils consacreraient des milliards en quantité non négligeable si la crise, ou quelque autre imprévu ne venait pas les prendre. Oh la méchante crise qui n’arrête pas de nous chiper nos milliards !
Ce n’est pas la crise, ou la mondialisation, ou je ne sais quoi qui nous empêche de réaliser un partage équilibré de ce dont nous disposons, c’est une incapacité dont la tentative de correction devrait être le champ du politique.

Il ne suffit pas de faire face aux crises, de les résoudre en les reportant à plus tard, et d’être ainsi perpétuellement occupé à les résoudre. Il faut aussi que l’organisation sociale dispose de ressorts propres, compensateurs, qui puisent dans les immenses réserves humaines, dans la force des bras, dans les 100 milliards de neurones que comptent un cerveau humain pour faire de la politique, faire du vivre ensemble, faire de la citoyenneté, pour ouvrir des brèches dans l’individualisme qui devient une souffrance pour l’individu.

Les scènes de presse violente autour de la distribution d’un sac de riz nous horrifient. C’est pourtant, dissimulé sous bien des sophistications, le comportement humain le plus répandu et le plus encouragé.

Admettons que le fleuve financier qui roule ses eaux au milieu du paysage humain soit notre source principale d’énergie, que nous n’ayons d’autre possibilité pour faire tourner nos moulins que d’y raccorder notre bief, qu’il broie notre farine, nourrit nos terres comme le Nil, nourrit nos rêves comme l’Amazone, faut-il n’être dépendant que de lui ? Faut-il l’accepter comme un phénomène naturel ?

Pourquoi pas ? Acceptons-le comme un phénomène naturel ! Comme à d’autres phénomènes naturels il faut s’adapter en lui opposant des communautés armées pour affronter ses sautes d’humeur. Savoir si nous pouvons l’endiguer, le contraindre, le réguler, viendra plus tard, mais se quereller en permanence sur les moyens de le faire avant d’avoir appris à vivre avec, c’est comme si les hommes, au cours des milliers d’années pendant lesquels ils ont appris à vivre avec l’hiver, s’étaient répartis en deux camps proposant des solutions divergentes pour l’empêcher de revenir après l’automne. Ce n’est pas en le supprimant que nous avons neutralisé les nuisances de l’hiver qui dans des périodes éloignées, devait atteindre l’humanité dans des proportions génocidaires, c’est en inventant des moyens de vivre avec.

L’humanité est confrontée à une nouvelle sorte d’hiver face auquel elle ne sait que se quereller. Un hiver étrange qui trompe les hommes parce qu’il est création des hommes et que ces derniers, à la fois naïfs et orgueilleux, croient qu’ils peuvent défaire ce qu’ils ont fait. C’est faux. Les hommes créent entre eux des choses qu’ils ne savent pas défaire. Ils ont déjà ensanglanté tout un siècle en croyant qu’ils le pouvaient. Il faudrait passer à autre chose.

Ce n’est pas une cour de fatalisme. Ce n’est pas accepter le cours des choses sans réagir, pas plus que nos ancêtres ont accepté de mourir de faim et de froid. Nos ancêtres n’ont pas protesté, ils ont inventé. Nous devons inventer. Inventer partout, tout au long du grand fleuve de la finance et de la folie accumulatrice, inventer mille moyens de nous protéger, inventer avec les moyens dont nous disposons qui ne sont pas insignifiants. Inventer pour prouver à la liberté qu’elle ne nous a pas été octroyée seulement pour nous affilier à de nouveaux maîtres. Quand nous aurons fait ce que nous pouvons, peut-être aurons nous assez de force pour faire ce que nous sommes incapables de faire aujourd’hui. Peut-être que nous n’aurons plus le désir de le faire parce que nous aurons combiné avec les forces qui aujourd’hui nous répugnent un mode de vie qui nous conviendra. Mais mille milliards de sabords, il faut inventer, inventer partout, inventer nous-mêmes et pas seulement attendre les inventions des Etats, des entreprises de la taille d’un Etat qui ne valent pas mieux que les entreprises d’Etat, des techniques qui nous plantent des électrodes dans la tête pour nous piloter au gré de la seule rentabilité. Restreindre, comme nous le faisons, l’innovation au seul domaine technique et en attendre des miracles c’est se condamner à devenir de plus en plus les otages de la marchandise. Nous avons besoin d’innovations politiques, d’innovations sociales.

– par Eric Thuillier