Faudra-t-il des gilets blancs ?

On a pu lire dernièrement :

«La culture est passée à la trappe de tous les débats qui nous submergent…» Pierre-Michel Vidal

«Oui, Pau est un désert culturel….» Daniel Sango

et «Normalement la culture est une compétence qui a été transférée à l’agglomération.
Son budget 2018 était de 12 millions d’euros de coûts de fonctionnement dont 2 millions d’euros de charge de personnel !!! Gigantesque.»

Les avis sont donc partagés.

Avant de se faire une opinion, il conviendrait de définir le sujet dont on parle.
Wikipedia définit une culture individuelle et une culture collective.

+la culture individuelle est une construction personnelle des connaissances donnant la culture générale.

+la culture d’un peuple est l’identité culturelle de ce peuple, la culture collective à laquelle on appartient.

Le domaine abordé appartient à la première définition. On peut lui apporter la précision suivante donnée aussi par wikipedia : «En langue française, le mot «culture» désigne tout d’abord l’ensemble des connaissances générales d’un individu. C’est la seule définition qu’en donne en 1862 le Dictionnaire national de Bescherelle. Les connaissances scientifiques y sont présentées comme élément de premier plan. C’est ce que nous appelons aujourd’hui la «culture générale».

Partant de cette définition, je constate que la culture est bien «passée à la trappe de tous les débats qui nous submergent…». C’était sûrement le souhait d’E. Macron.

Par contre, les possibilités apportées par la ville de Pau, de s’enrichir dans certains domaines culturels sont nombreuses. Le sport y est très prisé ; même s’il est décrié dans ses dérives commerciales, il reste une discipline culturelle développant des connaissances et des valeurs de premier plan.

Là où on peut vraiment parler de vide culturel, à Pau comme ailleurs, c’est bien dans le domaine scientifique. D’ailleurs, dans les interventions, on parle d’orchestre, de cinéma, d’intermittents, montrant bien les limites que l’on attribue à la culture. Même si le jugement de «premier plan» peut être contesté par certains, il ne fait aucun doute qu’il a pris, de fait, une place de premier plan dans la société actuelle.

Dans la situation que nous vivons, celle d’une technologie trépidante et invasive, d’une numérisation généralisée envahissante, d’un emballement climatique incontrôlé, d’une pollution chimique de l’air, de l’eau, du sol, des aliments, du corps et des esprits, bien plus redoutable encore, dans l’immédiat, on a encore des citoyens qui se glorifient d’être nuls en maths, qui ignorent totalement la constitution, les besoins de leur propre corps, pour qui la chute de la biodiversité est plutôt une bonne chose puisqu’il y aura alors moins de guêpes, de bourdons ou de moustiques et qui, et c’est là où je veux en venir, étaient 41% à se méfier des vaccins en 2016.

La santé qui influe sur le pouvoir d’achat et touche tout le monde, comme la TVA, ne justifie pas qu’on en parle dans le Grand Débat. Pourtant la France a perdu en 20 ans la moitié de ses maternités, les hôpitaux sont sous tension permanente, les urgences débordées, la désert médical est bien réel et gagne les métropoles ; on fait appel à des médecins étrangers souvent incompréhensibles (accent et langue française mal maîtrisée) pour le personnel administratif et les patients… et en même temps, depuis 2000 nous sommes 7 millions de plus.

Faudra-t-il des gilets blancs ?

Sud Ouest du 11 mars 2019 titre :

La rougeole dopée par le virus de l’ignorance.

Sud Ouest du 2 mars 2019.

Rougeole : le signal d’alarme. «L’Unicef, l’Agence des Nations-Unies pour l’enfance, lancent un cri d’alarme ; le nombre de cas de rougeole a bondi de 50% l’an passé. Le retour est causé en partie par la désinformation sur les vaccins qui fait florès sur les réseaux sociaux. Nous disposons d’un vaccin sûr, efficace et peu coûteux qui a sauvé près d’un million de vies humaines dans le monde chaque année au cours de deux dernières décennies» souligne la directrice générale de l’Unicef.

En France, la couverture vaccinale reste insuffisante, d’après Santé publique France.

Pour la grippe saisonnière la prévention s’avère particulièrement complexe dans la mesure où le virus mute constamment, nécessitant la mise au point d’un nouveau vaccin chaque année. «Une pandémie de grande ampleur est quasi certaine, la question est de savoir quand», met en garde Wenqing Zhang, le directeur du programme de lutte contre la grippe à l’OMS. L’institution préconise une amélioration de la couverture vaccinale et un renforcement du système de surveillance mondiale.

A l’échelle d’une population, elle permet de protéger les personnes vaccinées mais aussi l’ensemble de la communauté, et de lutter contre la résistance microbienne ; plus la couverture est grande moins la maladie se répand.

Grâce à tous les enfants vaccinés, vos enfants ne seront pas en contact avec les maladies contagieuses

C’est d’autant plus important que le brassage des populations pour raison de tourisme, affaires, commerce, enseignement, migrations…..augmente les risques de contaminations.

Le mouvement anti-vaccin est puissant, avec des différences selon les pays. Une vaste étude menée dans 67 pays du monde révèle que les Français sont ceux qui accordent le moins de confiance dans la sûreté des vaccins.

Pour François Chast. «Il est urgent de combattre les discours des lobbys antiscientifiques et antivaccination qui jouent sur la peur. Ils ne démontrent rien et s’appuient sur quelques très rares effets secondaires pour discréditer les vaccins qui sauvent des millions de vies». Quant aux citoyens de base, au très grand nombre de politiques, du fait de leur ignorance en SVT, sur les mécanismes de l’immunité, sur la constitution et les besoins des bactéries et virus, sur l’histoire des vaccins, la fabrication, les résultats acquis…, ils sont des proies faciles dans les réseaux sociaux, de la pub, des fausses informations et de la dangereuse dérive commerciale.

L’important est combien cela va coûter car les dépenses sociales sont bien trop élevées ! Triste époque !

Plus sérieux encore :

Sur son site, Henri Joyeux, ancien cancérologue, radié de l’Ordre des médecins et l’une des figures du mouvement anti-vaccins, avait pris la parole sur le sujet dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, au ministre de l’écologie, Nicolas Hulot et à Agnès Buzyn, la ministre de la santé. Son combat était dirigé contre ce qu’il appelle un «Empire vaccinal». Cette obligation vaccinale est « insensée » selon lui.

Des scientifiques ayant trahi leur engagement d’objectivité, payés par Bayer-Monsanto par exemple, et d’autres, ne manquent pas non plus, par attrait du gain. On connaît les résultats.

Heureusement, de nombreux professionnels, fidèles à leur serment, ont réagi.

200 médecins et responsables hospitaliers ont lancé dans les colonnes du Parisien (29/06/2017) un appel en faveur de l’obligation vaccinale de durée limitée souhaitée par Agnès Buzyn pour 11 vaccins destinés aux enfants. On compte parmi ces 200 professionnels, François Chast, chef de la pharmacie clinique Hôtel-Dieu, François Bricaire, chef du service maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpétrière ou encore Jean-François Mattei, généticien et ancien ministre de la Santé. Pour ce collectif, la vaccination obligatoire ne relève pas seulement « d’un choix personnel mais vise la protection de la population en particulier enfants, personnes âgées ou fragiles». Leur texte rappelle que « la vaccination systématique a permis d’éradiquer des maladies, telle la variole » et que «la réduction du taux de couverture vaccinale de la population a entraîné la recrudescence de certaines maladies comme la rougeole.»

Bonne nouvelle ; le quotidien du médecin publie les résultats d’un sondage Ipsos où 83% des Français seraient favorables à la vaccination (juin 2018), selon un sondage du LEEM. (1990 : 90%, 2010 : 60%, 2015 et 2016 : 59%. Sciences et Avenir). Tant mieux, mais il y a encore du travail, pédagogique comme on dit !

Alors, c’est vrai, bien des comportements, dans le passé, ont semé le doute :

+ Sang contaminé, vache folle, médicaments dangereux délivrés pendant des années, affaire des prothèses mammaires, dépenses inutiles dans l’achat en grande quantité de vaccins par le gouvernement lors de la pandémie de grippe H1N1 en 2009…

Le problème se situait au niveau de la gestion commerciale plus ou moins frauduleuse, donc une affaire de gros sous et non de mise en cause du fondement scientifique.

+ des réactions non prévues, parfois graves, se sont produites après des vaccinations.

Avant chaque vaccination, une autorisation médicale est nécessaire, mais chacun sait que, plus qu’ailleurs, le risque zéro n’existe pas en médecine et chirurgie car nous sommes tous différents ; ce ne sont pas des sciences exactes ; or, on applique des traitements reconnus bénéfiques au plan global a des cas particuliers et nous réagissons différemment. Un médicament n’est commercialisé que si son bénéfice est largement supérieur à ses risques. Ne faut-il plus prendre de médicaments, comme jadis le train, ne plus se faire opérer car ????

Pour tous, État et individu, le vaccin coûte moins cher que la maladie !

Par contre, il est capital de veiller aux charlatans et autres médecines «alternatives», plus rentables pour obtenir des bénéfices financiers que thérapeutiques, aux nombreuses contrefaçons, aux faux médicaments qu’Internet peut procurer, aux fabrications de plus en plus nombreuses faites dans des pays où la main d’œuvre est moins chère et les surveillances peu contraignantes, veiller aussi, en France, à ce que toutes les manipulations, à tous les niveaux, soient réalisées par un personnel suffisant, non stressé en permanence, afin d’éviter les erreurs liées à des actions humaines incontournables.

+ Certains réclament le droit à la liberté de choisir. Quand on est face à une nécessité de salut public, comme payer des impôts par exemple, a-t-on le droit de choisir ? A débattre !

Mais à la base de tout cela, une fois de plus, dans une société dominée par la science et la technologie, pour conserver le pouvoir de comprendre donc de juger, de participer, de critiquer, d’agir, il est indispensable d’éduquer, d’élever drastiquement, par des programmes et des horaires appropriés, le niveau des enseignements scientifiques dans TOUTES les filières, littéraires, commerciales, technologiques et scientifiques, ce qui n’est absolument pas le cas, bien au contraire.

Signé Georges Vallet

crédits photos : Papillomavirus humains : l’intérêt du vaccin – Top Santé

5 arguments des anti-vaccins passés au crible – LCI

https://www.lci.fr › Sant

La culture, supplément d’âme ?

“Un homme sans culture ressemble à un zèbre sans rayures.”

Proverbe africain.

Il devient difficile de s’exprimer sans être qualifié de pour ou contre et subir de violentes interpellations, blessantes, même pour ceux qui ont le cuir tanné. On ne peut désormais être observateur sans être pointé comme critique et critique sans être accusé de destructeur. Ce n’est pas le signe d’une démocratie en forme ni apaisée. La pensée unique règne et « les chiens de garde » comme disait Paul Nizan sont là pour faire observer une sorte police de l’esprit. La tolérance nous abandonne et la raison fait place à la passion.

Voilà un phénomène récent, comme est nouveau la montée de la droite dure en Europe et de celle de l’antisémitisme. La corrélation entre les deux n’est pas surprenante car la Communauté Européenne s’est fondée sur le rejet de la Shoah, ce massacre de masse, cette tentative d’élimination d’un peuple, unique dans l’histoire de l’humanité. Il ne s’agit pas « un détail de l’histoire » mais au contraire d’une rupture profonde d’un processus historique. Il a légitimé la construction européenne, même si cette construction est loin d’être parfaite.

Dans ce débat violent, les Gilets Jaunes, avant leur dérive pitoyable, ont eu le mérite de mettre le doigt sur l’urgence sociale à laquelle le pouvoir a apporté une réponse quantitative plus que structurelle. Le Grand Débat, lui, a été un exercice talentueux du Président de la République qui tient plus de la communication que de l’échange espéré. Il est aussi question de « transition écologique » qui a trouvé une nouvelle icône : Greta Thunberg, 16 ans. Chaque vendredi depuis des mois elle proteste devant le parlement suédois suivie par quelques adolescents. Ce mouvement évoque vaguement cette « croisade des enfants » qui en 1212, dans un élan millénariste, voulut partir à la conquête de Jérusalem ; aventure qui se termina en échec sanglant.

Dans cette abondance, il est une question essentielle passée à la trappe, aussi bien sur le plan national que sur le plan local, celle de la culture : sa diffusion, le statut des créateurs, son économie. Le ministre titulaire est inexistant (qui connaît son nom ?)  et la rue de Valois est devenue une sinécure. Elle a pourtant été un lieu prestigieux, avec de brillants prédécesseurs : André Malraux, Jacques Duhamel, Jack Lang, Frédéric Mitterrand pour n’en citer que les plus célèbres.

Le président Macron avait fait de la culture un des piliers de sa campagne et émis comme promesse le « pass-culture » pour les jeunes. Qu’est devenu cet engagement séduisant ? Et l’Europe, tant critiquée par ailleurs, n’a-t-elle pas fait l’unanimité avec le programme Erasmus ? Ces échanges entre jeunes européens gentiment moqués par Cédric Klapisch dans « L’auberge Espagnole ». L’homme ne vit pas que de pain faut-il le rappeler ?

Pau de son côté est devenu une sorte de désert culturel. Le relais du centre-ville abandonné du public a été pris par les salles périphériques, un temps critiquées à tort. Un exemple : l’Atelier du Neez de Jurançon une salle à la jauge ajustée et à la programmation adaptée qui se remplit régulièrement. Preuve qu’une demande existe sur le plan local comme sur le plan national en faveur du spectacle vivant. Nous ne parlons pas des grosses machines, soutenues par les médias, qui remplissent le « Zénith » sans effort… Pour prendre un autre exemple on avait évoqué la possibilité de transformer la Halle de la Sernam située à côté de la gare, en centre de musique moderne. Belle idée, dans un lieu parfait, inutilisé, pour un coût réduit, sans gêne pour le voisinage qui serait plébiscitée par la jeunesse. Où en est-on ?

La culture qui relie les hommes plutôt que les diviser, qui porte à la réflexion plus qu’au déchaînement des passions, qui pousse à la quête de la beauté et de l’harmonie, à l’apaisement et à l’exaltation de la pensée, est devenue la grande oubliée des débats (ne faut-il pas dire de nos divisions) qui nuisent à notre présent et hypothèquent notre avenir.

 

Pierre Michel Vidal

Photo: alamy stock photo

 

Y-a-t-il trop de culture, trop de salles de spectacle à Pau ?

Les réponses à une telle question peuvent varier selon l’âge du questionné, ses occupations ou son origine. Selon qu’on est issu  de Paris ou d’un hameau perdu comme Goust, les exigences ne sont pas les mêmes. Selon qu’on est passionné de montagne, sur les crêtes plus souvent que devant un écran, ou lecteur fervent de poésie, les besoins sont différents.

La problématique de Daniel Sango dans son article «Pau : la gabegie en spectacle » se situe dans l’optique du coût pour les finances publiques, ce qui est bien le domaine d’un site d’observation citoyenne. Son recensement (qui ne prétendait pas à l’exhaustivité), pourrait être complété par le Palais Beaumont, le théâtre Saragosse, la Maison de l’étudiant, l’atelier du Néez et bien d’autres salles périphériques ou centrales dans l’agglomération. Force est de constater un éparpillement, notamment dans la périphérie de l’agglomération, peut-être causé par le désir des maires de laisser une trace et le souhait de montrer à ses administrés que l’on fait quelque chose qui restera. Un tel foisonnement coûte cher aux finances publiques et il faut le dénoncer. Cependant, une telle offre est une chance pour les associations qui veulent faire découvrir un spectacle. J’ai vu ou écouté des spectacles de qualité à Serres-Castet, à Lons et à Bizanos.

Les amateurs de cinéma ne peuvent rejoindre la critique du Méliès, qui est un instrument remarquable d’une diffusion artistique de qualité. Il est douteux que les dirigeants du CGR aient la même exigence en matière artistique. Si le Méliès disposait d’une salle supplémentaire, sa programmation serait plus régulière et donc plus accessible au public. Ses prix sont raisonnables, ce qui, de mon point de vue, n’est pas le cas du Zénith, même s’il faut faire la différence des contenus. Cependant, il serait bon que le Méliès dispose de plus de facilités de stationnement, ce qui serait le cas s’il était déplacé au Parc des expositions, par exemple. De plus, il faudrait que pour tout transfert une réutilisation fructueuse soit faite pour la salle laissée libre.

Tout ne peut être examiné sous le seul angle de la rentabilité. Les spectacles d’été en plein air ne sont pas rentables, puisque gratuits ; mais ils contribuent à fixer la population sur place et à lui apporter des satisfactions. Voudrait-on faire de Pau une ville encore plus morte en été ?

Non, le Tour de France ne remplace pas une vie culturelle au long de l’année et son coût me paraît beaucoup plus discutable.

Le succès des « Idées mènent le monde » qui ont succédé au salon du livre montre qu’il faut être prudent : la rénovation du Palais Beaumont voulue par André Labarrère a sans doute été coûteuse, mais elle porte ses fruits.

Jean-Paul Penot

Et si on parlait de choses sérieuses !

Bernard Boutin, dernièrement, rompait le silence «assourdissant» qui régnait pendant toute cette période électorale, à propos des véritables choses sérieuses pour la vie des Français. Il nous a rappelé, avec juste raison, au travers de son texte, les dangers que nous fait courir l’usage des produits chimiques de synthèse dans l’agriculture, industrielle surtout, pas seulement en Espagne d’ailleurs, et l’importance des monopoles, bien plus dangereux que l’excès de parlementaires, de fonctionnaires ou de tel ou tel candidat aux législatives !

Se mettre en marche, pourquoi pas, mais sans confondre, comme dit E.Morin :

L’essentiel de l’urgence que nous vivons et l’urgence de l’essentiel que l’on renvoie toujours à plus tard !

L’ex-président américain Barack Obama lançait en 2015 une «stratégie fédérale pour la santé des abeilles et des autres pollinisateurs ».

Pour qu’une telle résolution soit prise à ce niveau, il faut que le problème ait une importance nationale, mondiale même.

Selon une estimation de l’Université américaine du Maryland publiée le 13 mai 2015, les apiculteurs ont perdu 42% de leurs colonies d’abeilles ces douze derniers mois. C’est la deuxième plus mauvaise année pour la mortalité des abeilles domestiques aux Etats-Unis, après la période 2012-2013 qui avait vu la disparition de 45% des colonies.www.lemonde.fr/…/05/…/obama-vole-au-secours-des abeilles_4636555_1652692.ht..

«La pollinisation par les seules abeilles compte pour plus de 15 milliards de dollars de récoltes agricoles annuellement».

http://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/…/la-maison-blanche-s…abeilles/578913

Je reconnais que le problème n’est sans doute plus d’actualité avec le nouveau Président États-Unien mais vouloir l’ignorer n’est pas l’effacer !

En France, pendant ce temps, alors qu’une vingtaine d’enfants d’une école primaire girondine et une enseignante ont été pris de malaises après l’épandage d’un fongicide sur des vignes à proximité, le plus important syndicat agricole descend dans la rue pour s’opposer au projet d’interdiction des épandages à moins de 200 mètres des écoles, crèches…. Cette irresponsabilité, après tant d’autres cas dénoncés depuis des années, d’utiliser des pulvérisations de produits «phytosanitaires !» ne gêne en rien les intervenants sur les ondes, de ce syndicat agricole ; il convient au contraire, d’après eux, de lever toutes ces contraintes et de les laisser faire «car eux seuls savent ce qui est bon pour l’homme et son environnement !»

Macron fait peur quand il veut libérer les énergies !!

Sud Ouest du 15/02/17 titrait: «Pesticides : vers plus de transparence». En image, une viticultrice à Portets va avertir une trentaine de voisins de ses 44 parcelles de vigne. L’objectif affiché est de prendre contact avec les riverains pour mettre en place des techniques d’alerte «pour préserver le vivre ensemble!»; mails et SMS seront envoyés à chaque sortie du tracteur ! Cet article est consternant.

D’abord la transparence existe, le milieu scientifique est parfaitement au courant des dangers et il les dénonce ; par contre, elle n’atteint pas le monde de ces utilisateurs syndiqués.

Ensuite, avertir les voisins est une démarche on ne peut plus égoïste, il n’est pas question d’empêcher la pollution mais d’avertir qu’ils vont devoir rester chez eux, ne pas  accompagner les enfants à l’école, ne pas aller travailler….Et puis, en admettant que les gens sortent quelques heures après, les animaux et les nappes phréatiques seront contaminés de la même façon.

A Birac (16) un village viticole, dans une cuvette, compte 6 cas de lymphome pour 367 habitants.

Les trois mamelles de la nutrition humaine ne sont pas les entreprises, la confiance des investisseurs et les experts économiques, mais les plantes, à fleurs entre autres, les champignons et les pollinisateurs que la politique de croissance actuelle détruit systématiquement.

Les plantes à fleurs représentent 70% des végétaux, elles fournissent nos légumes et nos fruits. Grâce au pouvoir attractif: forme, couleur, odeur, des fleurs, des animaux permettent la fécondation croisée, source de vigueur, de diversité, en transportant le pollen des étamines d’une fleur sur le pistil d’une autre fleur.

La contribution des pollinisateurs à la production agricole française est évaluée à 2,8 milliards, selon une étude conduite par Bernard Vaissière, de l’Inra. Le figaro.fr 28/02/13.

Tous les animaux sont des pollinisateurs mais les insectes sont les plus actifs: 6100 espèces d’insectes floricoles sont recensées en France : hyménoptères (dont 1000 espèces d’«abeilles»), coléoptères (coccinelles, cétoines..), diptères (mouches, syrphes..), papillons. C’est cette biodiversité qui assure la pérennité de la diversité et du rendement des récoltes de fruits, graines et légumes. Les abeilles sauvages (bourdons, abeilles solitaires, halictes, mégachiles, etc.) assurent presque à elles-seules la pollinisation de 80% des plantes à fleurs à travers le monde.

Plusieurs raisons expliquent le recul généralisé des pollinisateurs sauvages :

1. La perte d’habitat par la raréfaction des zones agricoles non cultivées (jachères) et des prairies, la disparition des haies et des bocages  suite au remembrement des années 60, assèchement des zones humides drainées pour l’agriculture intensive, urbanisation, fauchage ou désherbage chimique des bords de route, etc.

2. Les insecticides, surtout les néonicotinoïdes détruisent larves et adultes, nuisibles comme utiles, aux cultures. On lit dans la revue «Science»: «Certains insecticides et fongicides, utilisés ensemble, peuvent être 1.000 fois plus toxiques pour les abeilles, affectant leur sens de l’orientation, leur mémoire et le métabolisme du cerveau», (Programme des Nations Unies pour l’Environnement).

L’ex-ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll s’efforçait de ménager la chèvre et le chou en inscrivant :

– un amendement sur l’épandage de produits phytosanitaires près des écoles, crèches, maisons de retraite.
– En conseillant de pratiquer les épandages le soir, quand les abeilles ne butinent plus.
En fait, c’est de la pub électorale car les enfants et les vieillards ne sont pas les seuls vulnérables, il y a aussi les agriculteurs eux-mêmes et les passants; de plus la rémanence des produits sur les végétaux, la sudation des insecticides fabriqués par les OGM, font, comme le signale l’Anses, «qu’il reste toujours, le jour, des traces de pesticides dans l’eau, dans la rosée, sur les fleurs et feuilles», dont les abeilles profiteront.

Compte tenu de la «complexité» des relations et des doses infinitésimales qui interviennent dans le fonctionnement physiologique normal, «il faut savoir que la seule dose zéro doit être considérée; toute autre dose comporte automatiquement un effet» pouvant être important car cumulatif! René Truhaut, toxicologue, créateur de la DJA : «Dose Journalière Admissible)».

Pendant ce temps Bayer et Monsanto s’unissent pour leur meilleur et notre pire.  (Canard : le mariage des affreux)

3. Le changement climatique dont l’homme est en grande partie responsable, va modifier la répartition des espèces (migration vers le N), les périodes de floraison, les précipitations, la qualité et la quantité de nectar et de pollen.

4. la monoculture intensive entraîne la disparition de nombreuses espèces végétales dont dépendent la survie de nombreux pollinisateurs: un papillon à l’état de chenille, est monophage ou oligophage, c’est-à-dire qu’il ne se nourrit que d’une espèce de plante, voire quelques-unes. Si cette plante se raréfie, l’espèce disparaît.

5. L’introduction des plantes allochtones pour la culture, la décoration, est très préjudiciable car les pollinisateurs autochtones les ignorent; elles introduisent souvent des insectes invasifs.

6. La sélection génétique fabrique parfois des variétés à faible attractivité du fait d’un pauvre potentiel en nectar et pollen; le cas se présente avec le colza et le tournesol.

7. L’éclairage public et privé, la circulation automobile de nuit, sont des pièges mortels pour de nombreuses espèces. Il est difficile de quantifier mais on peut dire que des millions de tonnes meurent d’épuisement ou sont grillées par les ampoules, chaque année en France. Cette disparition impacte la chaîne alimentaire, les oiseaux insectivores régressent du point de vue démographique.

«Dans un premier temps le progrès court plus vite que l’urgence

Dans un deuxième temps l’urgence court plus vite que le progrès

La fin de l’ordre mondial vient quand l’urgence dépasse l’humain.»

Naturalité N°14 septembre 2014 http://www.forets-sauvages.fr/web/foretsauvages/100-naturalite-la-lettre-de-forets-sauvages.php

Mais les choses sérieuses, l’urgence de l’essentiel, c’est aussi :

+ La pollution et toutes ses dérives pathologiques, ces pics, ces canicules et ces feux de forêts mortels pour beaucoup, ces tempêtes, ces accumulations de déchets liées à un modèle consumériste qui n’envisage pas d’en finir avec la surproduction aberrante, ces épidémies dramatiques pour nos éleveurs, ces vagues de suicides…Comme les Shadoks, il faut pomper, pomper encore les déchets en avant et les rejeter en arrière pour continuer la dynamique « En marche ». Au XIXème on refermait le couvercle de la poubelle pour ne pas les voir, aujourd’hui on les envoie dans des usines périphériques et on paye, par l’impôt, le financement des déchetteries…(« Homo detritus », Baptiste  Monsaingeon, ed.Seuil)

Souvent c’est dans la mer ou la rivière !

+Dénoncer et interdire ces fake news du matraquage publicitaire  divulguées par tous les médias « qui nous évacuent du réel « (J-Cl Guillebaud) comme ces familles radieuses dégustant des plats ayant toutes les vertus, ces jeunes beautés utilisant des produits pour être encore plus séduisantes, artificiellement…. Ceux qui n’ont pas suivi les conseils pourront s’en sortir sans problème, en partie gratuitement, en suivant des régimes providentiels……, ou, si l’on préfère, en consommant des produits allégés souvent plus caloriques que les autres !
On oublie de rabâcher, évidemment, que le vrai chiffre du chômage approche les 4 millions et que le patron de Renault gagne le salaire de mille smicards !
Jean-Claude Guillebaud concluait dernièrement une chronique où il évoquait les conversations à venir, au sein du couple, entre Arthur Sadoun, patron de Publicis «empereur du matraquage tarifé» et de la théâtralisation manipulatrice du réel et Anne Sophie Lapix chargée de l’information, la réelle celle-là, au 20 h de France 2 !!

+ De faire le bilan des presque 58% d’abstention qui veulent en dire long sur l’état de la démocratie. Faut-il s’en étonner ?
Le culte de l’individualisme triomphant  associé au libéralisme ambiant est contraire à la notion de démocratie. Une société qui prône l’individu détruit le sentiment d’appartenance à une communauté qui dépasse l’intérêt individuel;  il n’y a plus alors de démocratie possible et encore moins de liberté.

Georges Vallet

crédit photo: la-croix.com

Pas de transparence aux Transhumances !

Transparence   La transparence n’est pas dans la culture de nos politiques, on le sait à Alternatives Pyrénées où quelques auteurs tentent de « sensibiliser » les élus de tous bords (et les citoyens) à cette indispensable valeur pour une vraie démocratie.

Une information assez caractéristique du problème est passée furtivement dans les media. Il s’agit de la querelle de date entre deux événements : le festival Emmaüs et les Transhumances de Laas. Ces derniers ont programmé leur soirée la plus importante (le 27 Juillet, Les Insus) le même jour qu’Emmaüs qui avait annoncé ses dates il y a longtemps. Colère à Lescar. Et Emmaüs de se plaindre de cette concurrence déloyale d’autant qu’ils ne bénéficient d’aucune aide publique alors que la manifestation de Laas serait subventionnée par de l’argent public !

Notre prince de Laas, Jacques Pédehontaà, Conseiller Départemental, Délégué à la Culture, au Patrimoine et aux Langues béarnaise, gasconne et occitane, interpellé, refuse de donner le montant des subventions publiques (France Bleue Béarn) …

Premier aveu donc, il y a bien des subventions publiques pour un spectacle de variétés. On doit s’en indigner. D’ailleurs sur le site de l’événement, on note que La Région Aquitaine et le Conseil Départemental sont en tête des « partenaires ». Voici donc comment un élu refuse toute transparence. Dans quelle démocratie vivons nous ?

Evidemment, on fonce sur le site du Conseil Départemental dans l’espoir d’y trouver une informations financière sur le sujet, en pure perte bien sûr. J’ai eu l’occasion de l’écrire à maintes reprises, le Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques est un exemple incroyable de non transparence.

Vous ne trouverez pas sur leur site les Comptes Administratifs ni les Budgets détaillés. D’ailleurs la rubrique Budget est inchangée depuis plus d’un an (budget 2015) et est celle de la précédente mandature, alors que JJ Lasserre s’était engagé par écrit auprès d’Alternatives Pyrénées à publier tous les budgets et Comptes sur le site du Conseil Départemental. C’était durant la campagne électorale…

Mais revenons en Principauté de Laas, comment peut-on imaginer que l’argent public subventionne un concert des Insus (ex Téléphone) ? Un Conseil Départemental qui se lamente pour ses difficultés budgétaires et en même temps distribue de très nombreuses subventions clientélistes, à l’insu de leur plein gré… Et d’abord quel est le cachet de ces artistes ? une idée ?

« Europe 1 a révélé ce mercredi les cachets demandés par plusieurs grands noms de la scène musicale française et internationale. Pour Les Insus, le nouveau groupe de Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka (ex-Téléphone), tête d’affiche du prochain Main Square Festival, il se situerait entre 300 000 et 600 000 euros « selon la taille de la salle et s’ils ont déjà joué dans la région« , explique la radio. » (France 3 Région Nord Pas de Calais)

« Par exemple, pour s’offrir la venue des Insus,  il faudrait compter entre 300 000 et 600 000 euros le concert. Les prix variant notamment en fonction de la taille de la salle et d’autres prestations éventuellement données dans la région. Autant dire qu’avec l’énorme tournée prévue dans toute la France du 27 avril au 6 août 2016, les ex-Téléphone devraient vite devenir les rois du pétrole. » (musique.orange.fr)

 Vous avez bien lu, prenons la fourchette basse : 300 000 euros pour deux heures de spectacle et il faudrait que le contribuable finance ?

Avec 9000 billets mis en vente à 55 euros (prix unique, Sud Ouest du 10/03), la recette serait de 495 000 euros.

J’espère que le Conseil Départemental et le Conseil Régional auront la décence de supprimer immédiatement toutes ces subventions.

Ce qui reste incompréhensible (enfin vous trouverez bien une explication…) c’est le manque de curiosité des media locaux. J’espère qu’ils prendront la suite de cet article pour interroger JJ Lasserre et clarifier ces subventions… Ce type de subvention clientéliste est caractéristique du fonctionnement de nos collectivités territoriales. Soyez curieux, allez chercher dans le budget palois la liste invraisemblablement longue et édifiante des 17 millions d’euros annuels attribués aux associations, sans compter ce qui est attribué sous d’autres formes.

Le refus de transparence de nos élus serait un casus belli aux Pays Bas ou en Suède. Là bas le problème ne se poserait même pas puisque la transparence absolue est la règle. Car la transparence totale permet de mettre au jour les petits arrangements entre amis, les comparaisons entre communes, entre départements, entre services publics et donc d’identifier des économies. Un fonctionnement où le citoyen est bien informé est la base d’une vraie démocratie.

Nos élus n’ont pas la culture de la transparence, c’est scandaleux, et j’aurai l’occasion de le dénoncer à nouveau pour l’agglomération paloise, où il n’y a pas transparence dans la culture, ni culture de la transparence.

par Daniel Sango

Pau, la gabegie en spectacle : folie au foirail

gabegie André Bayrou semble pris par une folie des grandeurs incompréhensible avec un programme de dépenses indécent car inutile. D’un autre côté François Bayrou se plaint de ne pouvoir boucler qu’avec difficulté le budget de la ville et de l’Agglomération, alors que les impôts locaux continuent d’augmenter et qu’ils sont parmi les plus élevés de France.

Dans les épisodes précédents nous avons vu que l’agglomération paloise étalait une gabegie effarante tant il existe de salles de spectacle inutilisées ( « Pau : la gabegie en spectacle«  ). Et nos élus, chacun dans sa commune, l’amplifient avec l’ouverture récente de la salle du centre culturel de Lons, et d’une nouvelle salle en construction à Jurançon !

Il faut rajouter à ce panorama incroyable le souhait du Maire de Pau de construire une nouvelle salle de 750 places couplée à 3 salles de cinéma au Foirail !

Ceci est d’autant plus ahurissant que même les organisateurs de spectacle confirment l’inutilité de toutes ces salles ! Après mon article du 7 Octobre 2015, c’est même le journal télévisé de 20h00 de la 2 qui a présenté cette gabegie dans l’agglomération paloise ! ( « Pau : la gabegie en spectacle, suite«  )

On aurait pu penser que la folie d’André Bayrou se serait un peu calmée vu ces prises de positions. Il n’en est rien, on apprend que la ville vient de lancer un appel à candidature (réponse avant le 16 mars) auprès des architectes pour désigner le Maître d’Oeuvre pour la réhabilitation du Foirail en centre culturel avec une salle de spectacle de 750 places et trois salles de cinéma !!!

Concernant les salles de spectacles à Pau, la liste de l’existant est tellement long que je ne pourrais tout citer.

Le Zénith tout d’abord dont la capacité va de 642 à 4418 places assises, jusqu’à 7500 places (dont 3202 assises) qui dispose de très nombreuses soirées où il est inutilisé.

Le Casino avec sa salle de 540 places vraiment très peu utilisée.

Les différentes scènes plus petites telles que le Théâtre Saragosse et ses 240 places et le très beau Saint-Louis du centre ville ou le petit Tam Tam, la MJC du Laü, et bien d’autres comme l’Espace Daniel Balavoine à Bizanos, le théâtre de verdure l’été, le tout proche Espace Culturel de Serres Castet…

Sans oublier les deux dernières salles de l’agglomération, l’Espace Chambaud de Lons inauguré récemment (300 places assises ou 900 debout) et la salle de Jurançon en cours de construction.

Et André Bayrou voudrait en plus construire une salle de 750 places au Foirail destinée à la diffusion de théâtre, musique symphonique et danse ! Bayrou c’est fou !

Côté cinéma, c’est tout aussi ubuesque.

Le Mega CGR Université dispose de 12 salles de 90 à 590 places (2500 fauteuils).

Le CGR Lescar, 9 salles jusqu’à 400 places (1583 fauteuils).

Le CGR Saint Louis, 7 salles de 73 à 246 places ( 892 fauteuil).

Le Méliès, 2 salles (430 fauteuils).

Il y a donc 30 salles de cinéma sur l’agglomération !

Et notre Maire dépensier voudrait construire au foirail trois salles pour le Méliès pour un coût total initial (on dit bien …initial) de 7,2 M€ ! Est-ce bien raisonnable ?

Tout d’abord, il faut savoir que les résultats du Méliès stagnent ou sont en baisse : 113 000 entrées en 2014, 105 000 en 2015 bien loin des records de ce cinéma. De plus, il ne survit que grâce aux fortes subventions de l’Agglomération et une mise à disposition gratuite des locaux par la Mairie de Pau (une concurrence déloyale avec le CGR quand on voit les similitudes dans une partie de la programmation, différenciée parfois par la seule VO).

Il existe une solution évidente et efficiente pour le maintien d’une programmation Art et Essais sur Pau : le transfert au CGR Saint-Louis de cette activité avec un cahier des charges analogue à celui de l’Association Ciné Ma Passion qui gère aujourd’hui le Méliès. Cela aurait l’avantage d’économies importantes pour le contribuable : pas de subvention de fonctionnement, excepté pour l’activité scolaire. Et pas d’investissement pour la ville de Pau.

On peut aussi s’interroger sur le fonctionnement de notre démocratie paloise. Que pense l’opposition de cette gabegie ? Ou les Conseillers communautaires ? Ou les Maires de l’Agglomération ?

Silence assourdissant.

Comment stopper cette folie des grandeurs indécente?

par Daniel Sango

La main heureuse

jpp1Le candidat à la mairie l’avait promis ; le maire l’a fait. Ne boudons pas notre plaisir, car ce n’est pas toujours le cas que des promesses électorales soient tenues. Comme dit le proverbe béarnais « Il faut être bien pauvre pour ne pas promettre ».

En l’occurrence, il n’était pas improbable que cette promesse fût tenue, car il est évident qu’un homme politique de stature nationale a des réseaux, des amitiés qui lui permettent de solliciter la présence de beaucoup de personnalités.

Les Palois ont bien compris qu’il s’agit-là d’un grand événement dans le domaine de la culture à Pau, et ils ont répondu en masse à cette invitation. Si je vous donnais mon estimation elle risquerait d’avoir le même rapport avec la réalité que l’estimation policière pour une manifestation par rapport à l’estimation syndicale… Pour ce qui est des livres, une libraire m’a dit que plusieurs dizaines de milliers de livres avaient été exposés et pour certains vendus. De plus, fait remarquable, les libraires de Pau avaient non seulement leur stand particulier, mais aussi, au centre de la grande salle, un pôle commun qui permettait aux visiteurs d’acheter des livres et de les faire dédicacer (s’ils avaient la patience d’attendre, car les files étaient longues).

Comme quelques éditions antérieures du salon du livre ces journées ont eu aussi le mérite de permettre à nos concitoyens de retrouver l’ensemble du Palais Beaumont, qui est un bel héritage laissé par André Labarrère. Il est encore plus beau quand les horizons palois se parent de toutes leurs beautés automnales.

Il est cependant indéniable que l’ampleur de ce festival du livre et de la pensée dépasse de très loin ce qui s’était fait jusqu’ici. Aussi, il est impossible de citer tous les invités marquants de cette première édition de la manifestation « Les idées mènent le monde ». D’autant qu’une personnalité marquante pour l’ un ne l’est pas nécessairement pour un autre. Ainsi, si l’arrivée spectaculaire de Frédéric Beigbeder a pu satisfaire les amateurs de ce qui est dans le vent, la participation d’auteurs plus discrets a pu réjouir d’autres spectateurs. Réjouir ou étonner. Pour ma part, je ne m’attendais pas à trouver chez Jean-Christophe Rufin tant d’humour et de verve. Ni tant de subtilité et de profondeur chez de nombreux intervenants comme Marc Dugain, Frédéric Lenoir, Pascal Perrineau, pour me limiter à trois noms. Comme de nombreux visiteurs je suis sorti de ce festin gavé de réflexion et de nourriture spirituelle. Cette joie de se trouver plus riche, plus humain, en sortant devait être partagée par bien des visiteurs. Cela se voyait sur les visages et s’entendait dans les conversations.

On peut aussi ajouter que le côté vivant de cette manifestation tient aussi aux stands des libraires et éditeurs qui ont fait des invitations complémentaires et des sélections remarquables et aussi à l’activité des cafés littéraires, proches des associations et des amateurs de plumes. Mais pourquoi diable avoir installé ces cafés littéraires en face de la billetterie et dans le brouhaha des entrées ? Et puisque j’en suis au chapitre des critiques (que j’espère constructives), j’ajoute que pour une prochaine édition il serait bon de clarifier à l’avance la question des inscriptions pour assister à tel ou tel débat ou causerie. Comme il était impossible d’accueillir tous ceux qui l’auraient souhaité dans le grand auditorium, pourquoi ne pas mieux mobiliser les autres salles du rez-de-jardin pour les retransmissions? Les quelques places de la salle Henri Faisans étaient bien insuffisantes, et le bruit ambiant peu propice à une écoute attentive.

Pour en revenir aux louanges, reconnaissons que le thème retenu était bien choisi. Je ne parle pas du titre générique, sur lequel je reviendrai, mais du thème de cette année. Le bonheur est un thème inépuisable, sur lequel il est possible de disserter ou de réfléchir à longueur de temps. Pour Paule Constant, c’est une notion récente, apparue au 18eme siècle. A l’appui de sa thèse, elle cite l’essai de Mme du Châtelet, la compagne de Voltaire et le fait que dans les siècles précédents on portait son attention à sa gloire et à son salut éternel plutôt qu’à son bonheur personnel. Cependant, dès le 16eme siècle Montaigne avait emprunté à Épicure le terme d’ataraxie qui signifie absence de trouble, paix intérieure (bref être cool ou zen si vous préférez ces termes). Ce terme était cher aussi à Spinoza (*). Distinguer le bonheur du plaisir, c’est ce à quoi bien des intervenants se sont attachés.

Que dans ce pays de râleurs tant de gens se soient nourris de cette réflexion sur le bonheur, de cette aspiration à laisser le malheur et la noire souffrance derrière eux est réjouissant. On ne peut que souhaiter qu’il soit pour eux et pour vous durable.

– par Jean-Paul Penot

(*) Voir par exemple « Le problème Spinoza » d’Irving Yalom

Le livre d’or

arton6094          L’agglomération paloise se couvre de médiathèques, après Billère et Lons, la MIDR (Médiathèque Intercommunale à Dimension Régionale) André Labarrère (les palois l’appellent MIAL) est ouverte. La médiathèque Trait d’Union (Ousse des Bois), attend ses nouveaux locaux en cours de construction (voir photo du projet). Il faut rajouter à ces équipements, les établissements plus anciens ( Arbizon, la Pépinière, P. Lafon) et ceux des autres communes de l’agglomération Pau Pyrénées (Lescar et Jurançon.)

Tout ceci est il justifié ?

Et tout d’abord, combien cela coûte-t-il ?

Les réalisations de fonctionnement 2011 de la « lecture » à l’agglomération Pau Pyrénées ont été de 5,35 M€ en 2011 (dont 4,1 M€ de masse salariale). La Direction de la Culture serait très satisfaite des performances de 2011 avec 803 000 prêts réalisés… A ces coûts, il faut rajouter les amortissements des investissements (bâtiments entre autres) faits ou en cours. Prenons 40 M€ sur 20 ans donnant ainsi un coût de 7,35 M€/an pour la fonction lecture.

C’est énorme !

Un rapide calcul nous indique que chaque fois que vous empruntez un livre ou une BD ou un CD il en coûte 9,2 euro au contribuable. Il serait bon que l’usager en soit informé. On pourrait placer au dessus des lieux d’enregistrement des prêts un panneau ainsi libellé :

« Pour chaque ouvrage emprunté, un contribuable paye 10 euro « 

Une autre approche consiste à regarder comment se situe Pau par rapport à d’autres villes de taille similaire.

J’ai choisi Reims, qui a, elle aussi depuis quelques années, une BMVR en centre ville.

L’agglomération de Reims compte 220 000 habitants, la ville de Reims, 191 400 habitantsK. Elle a aussi un gros avantage, la transparence existe à Reims (ce qui n’est pas encore le cas à Pau). Sur le site des Bibliothèques de Reims, vous pourrez trouver tous les chiffres du fonctionnement des médiathèques et bibliothèques. Ils n’étaient pas à jour lorsque je l’ai consulté, et, en ayant informé la Directrice par courriel, le jour suivant, l’année 2011 était sur le site…avec un mot de remerciements de sa part.

Pau, pourtant, utilise la même architecture de site Internet, il suffirait d’y rajouter comme à Reims « les médiathèques en chiffres »…

Bien utile pour la transparence et les NPM (Nouvelles Pratiques Municipales)

Reims dispose donc de :
la BMVR (elle s’appelle Jean Falala, le Labarrère local, elle est située face à la cathédrale, ouverte en 2003)
la médiathèque Croix Rouge (ouverte en 2003)
la médiathèque Laon Zola (réaménagée en 2005)
la bibliothèque Carnegie (livres anciens et patrimoniaux)
des bibliothèques de quartier (Holden, Saint-Rémi, Chemin-vert)
3 bibliobus
etc… (www.bm-reims.fr)

Les statistiques de Reims pour 2011 sont les suivantes : Coûts de fonctionnement 5,36 M€ dont 3,98 M€ de coût total du personnel (permanent et temporaire) correspondant à 104 temps pleins. Nombre de prêts 1 018 000. Si on rapporte ces chiffres à l’agglomération paloise (en ne prenant pour base que la population de la seule ville de Reims)

 

Il faut rajouter que la Médiathèque centrale de Reims est ouverte 35h par semaine plus un dimanche après midi par mois. A Pau ouverture 32h/semaine.

A Pau il a été évoqué qu’il manquerait actuellement 12 postes ( !!!) alors qu’en fait pour être comparable à Reims il y en a 26 en trop!

Les financiers de l’agglomération doivent être un peu conscients du problème puisque, malgré la contestation des employés, ils ont reporté toute décision à la rentrée, d’où des horaires d’ouverture limités de la MIAL.

La suite sera donc intéressante…

Il est évident qu’il existe un problème de fonctionnement dans l’agglomération Pau Pyrénées (« Gabegie à gogo à l’agglo » AP du 9 juillet 2012) et bien évidement dans la Direction de la Culture.

Il est clair que la collectivité ne peut supporter des coûts aussi élevés, alors qu’à l’évidence on peut faire beaucoup mieux. Ces organisations doivent être revues avec des critères réalistes qui privilégient l’efficience, en commençant par se poser la question du dimensionnement global de la fonction lecture.

Répartition différente des horaires d’ouverture, suppression d’établissements peu efficients, optimisation des postes, …etc., les remèdes sont nombreux et faciles à mettre en œuvre.

On est ahuri de voir toujours plus de personnel dans cette activité alors que partout la productivité augmente. D’ailleurs Pau s’est doté du plus gros robot de tri de France pour récupérer les ouvrages empruntés. L’informatique a fait des progrès gigantesques, les ouvrages sont équipés de puces électroniques qui permettent des suivis des ouvrages sans intervention. Mais il faudrait toujours plus de personnel…il y a donc bien un problème d’organisation.

En terme d’efficacité, on doit s’interroger sur l’offre des médiathèques. Le taux de pénétration sur l’agglomération, avant l’ouverture de la MIAL est élevé, et c’est logique puisque depuis plusieurs années, la Bibliothèque Municipale (puis la médiathèque délocalisée aux allées de Morlaas), Billère, Trait d’Union, puis Lons offrent de nombreuses possibilités aux lecteurs de l’agglomération paloise. Il est probable que l’ouverture de la MIAL n’augmentera pas sensiblement le taux de pénétration, il y aura simplement un transfert des usagers de ces médiathèques vers la MIAL. Aujourd’hui 18 000 emprunteurs réguliers et 35 000 inscrits (taux de 23 % ce qui paraît très important).

Quant à son rôle régional, son accès pour les habitants des villages hors agglomération n’est pas facile. Elle aura bien du mal à jouer ce rôle, une fois la première curiosité passée.

Ces investissements sont trop nombreux, trop importants. On aurait sans doute pu économiser la médiathèque de Lons et/ou les nouveaux locaux de Trait d’Union, la MIAL est aussi trop grande (nous verrons dans quelques mois les chiffres de la fréquentation journalière) D’autre part, ils arrivent sans doute trop tard car l’utilisation généralisée d’Internet vient en concurrence directe et la tendance des fréquentations est à la baisse :

« Plus de la moitié des équipements qui enregistrent le nombre d’entrées depuis 2004 ou 2005 ont connu une baisse significative de ce chiffre. La tendance est donc bien à une érosion de cette forme de fréquentation. Cette tendance n’est pas propre aux bibliothèques municipales car on la retrouve ailleurs. Entre 2004 et 2008, le nombre moyen de visites par jour d’ouverture a baissé de 18 % au haut-de-jardin de la Bibliothèque nationale de France et de 16 % à la Bibliothèque publique d’information entre 2004 et 2009. Le détail de ces résultats interroge aussi, car la baisse est particulièrement forte dans les établissements de grande taille. Ce sont les trois quarts des bibliothèques centrales de communes de plus de 50 000 habitants qui sont frappés par une baisse de leur fréquentation. Les établissements qui représentent la lecture publique par des bâtiments d’envergure sont encore plus touchés que les autres. Même des réalisations récentes, qui ont fait la fierté de la profession, sont délaissées par les citoyens : Vénissieux (- 31 %), Évreux (- 30 %), Orléans (- 28 %), Villeurbanne (- 24 %), Nice (- 23 %), Poitiers (- 22 %), Châlons-en-Champagne (- 20 %), Limoges (- 20 %), Blois (- 17 %), La Rochelle (- 17 %), Chambéry (- 16 %), Reims (- 16 %), Toulouse (- 10 %), Montpellier (- 9 %). Bibliothèques municipales à vocation régionale (BMVR), établissements construits par des architectes qui ont fait briller l’étoile des bibliothèques, aucun de ces équipements n’échappe à cette désaffection. »

(Source : Bulletin des Bibliothèques de France, Claude Poissenot Université de Nancy 2)

Les collectivités locales doivent comprendre dans quel contexte nous sommes. Il est vrai que les premières mesures prises par le PS au pouvoir évitent le cœur du problème français : l’obésité de la dépense publique. Jusqu’à quand ?

Pourtant, il n’y a aucune raison pour que Pau ne fasse pas mieux que Reims ! Car, en plus, à Reims aussi on doit trouver des marges de progrès très importantes.

Adeline Hazan, Maire de Reims est une personnalité du PS. Elle pourra utilement conseiller les élus palois pour cette indispensable première cure d’amaigrissement.

On attend donc avec impatience que la CDAPP se mette enfin à l’heure de l’efficience en faisant fonctionner ses médiathèques très vite avec 30% de personnel en moins. Car maintenant ce sont les dépenses qui doivent s’adapter aux recettes, et non l’inverse comme cela est le cas depuis des décennies. La justice, ce n’est pas augmenter toujours plus les impôts.

par Daniel Sango