Le débat sur les régions devient une grande comédie

Capture d’écran 2014-07-18 à 15.02.21C’est un piège et on va tomber dedans ! Il est énorme, visible depuis des mois mais rien n’y fait ! Je veux parler du redécoupage des régions. Nous avions dit que ça tournerait à la comédie et ça se confirme.
L’essentiel est ailleurs et il faut le répéter. L’essentiel est le pouvoir que l’on donnera aux régions avec les moyens financiers, budgétaires nécessaires à une vraie régionalisation. Il faut aussi une réforme fiscale approfondie pour donner des ressources fiscales aux régions. (un précédent article explique comment nous voyons les choses, notamment l’organisation institutionnelle qui nous paraît répondre au besoin de représenter les territoires infrarégionaux). Une fois ceci dit et redit comme étant la base on ne peut que commenter le feuilleton du redécoupage. Si l’on voulait dévaloriser la Région on aurait pas pu trouver mieux que ce débat et ces cartes qui se succèdent.

Malades du centralisme

Nous sommes malades du bonapartisme, du centralisme. Il faut y ajouter un refus têtu de prendre en compte l’Europe. Qu’il est pénible d’entendre à longueur de discours qu’il nous faut des régions « fortes » des régions « puissantes ». C’est quoi ce discours ? Que veut dire « régions fortes ? ». Même si vous additionnez nos régions riches vous n’en faites que des régions croupions. Vous pouvez marier les unes avec les autres dans tous les sens ça ne représente rien à l’échelle de l’Europe. Alors oui, le spectacle peut continuer et bientôt le centre, l’État central, avec ses mauvaises habitudes sifflera la fin de la récréation, avec le soutien d’une administration centrale bien rodée à ce genre de sport. Et vous pouvez compter sur les médias parisiens pour folkloriser le débat et pour dire que vraiment ces « provinciaux » sont incorrigibles et qu’il faut les surveiller comme des enfants dans une cour d’école. De toute façon ils n’ont jamais su ce qui était bon pour eux et une fois de plus on va le leur dire !
Bref on en arrive à vouloir marier la carpe et le lapin donc à faire une carte d’Aquitaine qui englobe Poitou-Charentes et Limousin. Chacun dessine sa carte.
Nous ne pouvons que redire une fois de plus que le refus de tenir compte des affinités culturelles et linguistiques est d’une bêtise sans nom. C’est ignorer les territoires et leur culture politique, leur histoire. Et croire que tout cela n’a pas ou plus d’importance est une façon de nier l’histoire. C’est ignorer les comportements politiques, sociaux et culturels qui prennent encore plus d’importance en période de crise.

Tenir compte de l’envie de faire ensemble

Et cela ne signifie pas que l’on ne veut pas de solidarité ou de collaboration avec les autres mais cela signifie que l’on tient compte des affinités qui sont fruit d’un long parcours et qui sont des facteurs de dynamisme, d’envie de faire ensemble. Est-ce condamnable ? Cela ne signifie pas que l’on veut revenir en arrière comme certains le disent mais au contraire que l’on bâtit demain sur des réalités que d’autres veulent nier. Mais qu’ils disent pourquoi ils les nient pour certains et pas pour d’autres ! On ne touche pas à la Corse ? Pourquoi ? On ne veut pas d’une Bretagne avec Nantes dedans ? Pourquoi ? On veut marier l’Auvergne avec Lyon ? On ne veut pas reconnaître des entités qui ont une cohérence culturelle et linguistique ? Pourquoi ?
Parce que l’on a peur que la France éclate ! Mais c’est n’importe quoi !
Nous sommes encore dans le schéma de la méfiance, de l’absence totale de confiance. Et vous croyez que l’on bâtit un vrai contrat républicain avec ça ?
Quant à l’idée qu’il faut marier des riches avec des pauvres pour en faire des riches ça ne tient pas la route. Les régions ne mettront pas en place des frontières avec des barrières douanières et des octrois. Donc la circulation des marchandises, des personnes et des idées sera aussi libre qu’elle l’est aujourd’hui et qu’elle l’est d’ailleurs dans toute l’Europe. Ce ne seront pas des petits États puisque de toute façon nous serons encore bien loin de ce qu’est la réalité des régions d’autres pays européens.
C’est à se demander qui a vraiment envie de cette réforme.
Nous sommes quelques uns à la souhaiter, sincèrement, parce que nous sommes convaincus qu’elle pourrait être libératrice de forces d’innovation. Mais que l’on ne mette pas comme préalable implicite à cette réforme que de toute façon nous sommes incapables de gérer nos affaires sans qu’on nous tienne la main.

Quelle architecture institutionnelle ?

Cela amène à faire des propositions pour une nouvelle architecture institutionnelle. On peut imaginer que la région fonctionne avec deux assemblées afin que tous les territoires soient bien représentés, notamment les territoires ruraux, et afin d’améliorer la démocratie.
Nous souhaitons d’une part une assemblée citoyenne élue dans une circonscription régionale unique, telle que nous la connaissons aujourd’hui, d’autre part une assemblée représentant les territoires (les « pays», les nouvelles intercommunalités) issue, elle aussi, d’un vote de tous les habitants. Le gain démocratique est évident.
Ces deux assemblées, élues à la proportionnelle, seront sur un pied d’égalité et géreront les affaires de la région. Elles éliront un exécutif, distinct du bureau des assemblées, qui constituera gouvernement régional responsable devant les assemblées.
La simplification sera au rendez-vous. L’Aquitaine telle qu’elle est aujourd’hui compte  cinq assemblées départementales et un conseil régional. D’un total de six assemblées, on passerait à deux assemblées seulement, avec un véritable gain démocratique et une compensation intelligente de la perte des conseils départementaux. C’est cette proposition que j’ai exprimée au nom du groupe au Conseil Régional le 12 juin dernier lors d’une plénière consacrée au sujet.

Quelle carte ?

Sur le redécoupage lui-même j’ai déjà eu l’occasion de dire que si l’on étendait la Région Aquitaine jusqu’aux portes de la Vendée c’était inacceptable.
La proposition de se tourner vers Midi-Pyrénées peut s’entendre. On peut aussi imaginer une Aquitaine actuelle avec en plus la Bigorre et le Gers. La collaboration avec Midi-Pyrénées sera de toute façon une évidence. Je pense qu’il faut à ce niveau voir ce qu’en pensent les intéressés.
Quant au reste il semble possible de marier le Limousin avec l’Auvergne. Je fais partie de ceux qui pensent que les régions occitanes ont une cohérence.
Je note aussi que cette réforme est l’occasion de créer une collectivité propre au Pays-Basque et une autre propre à la Catalogne-Nord. La forme est à étudier.
Mais la priorité reste de parler des pouvoirs et des moyens dont disposeront les régions.

– par David Grosclaude
Conseiller régional d’Aquitaine
Président du Partit Occitan
Membre du groupe EELV

le 17 juillet 2014

Pau, Municipales 2014 : la chronique (4) – sous les projecteurs nationaux

2014-01-11 11.33.32Pau champion des tweets – Bayrou et les transfuges du PS – Habib et les occitanistes – Bayrou sur la démocratie participative et la propreté des rues – Habib sur l’emploi et l’économie – Urieta sur la baisse des impôts.

La campagne municipale paloise vue et analysée par Emmanuel Pène dans une chronique sans langue de bois.

On a parlé beaucoup de Pau ces derniers jours, notre ville étant selon une enquête de France info, celle de moins de 150 000 habitants où on gazouille le plus, avec plus de 19200 tweets sur une semaine. Surprenant ? Pas vraiment quand on sait que François Bayrou et son alliance avec l’UMP en génère près de 95%. Ce score ne devrait pas faiblir avec le passage samedi de Marine Le Pen, venue encourager un FN local bien discret.

La constitution des listes a continué d’agiter la Pau-sphère, chacun y allant de son annonce.

A ce jeu, David Habib a indéniablement trouvé la méthode la plus efficace pour faire parler de ses colistiers, et donc de lui : annonces deux par deux, et sans ordre particulier sur la liste. Chaque personne fait ainsi l’objet d’une attention des média pendant un ou deux jours.

Des autonomistes occitans place Royale ?

Ce qui retient l’attention, ce sont d’abord les deux occitanistes du mouvement « Bastir », Estelle Laymand et Luce Bordenave,  avec en prime un poste d’adjoint pour la première. Cette annonce est assez surprenante quand on connait l’opposition (passée ?) de David Habib avec le gourou de la mouvance occitaniste, David Grosclaude. En fait, le mouvement occitaniste, traditionnellement allié des verts,  fait preuve d’opportunisme en rejoignant une liste PS qui leur donne bien plus de chance d’être élus. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé à Toulouse, où, d’abord sur une liste EELV, les « Bastir » sont partis sans prévenir sur la liste PS de M. Cohen. Mais qu’est-ce que « Bastir » ? Ce n’est ni plus ni moins qu’une excroissance électorale du « parti occitan », « Mouvement politique occitaniste autonomiste luttant pour la reconnaissance et l’autonomie de l’Occitanie »  d’après leur site internet, animé par leurs deux élus régionaux David Grosclaude et Guilhém Latrubesse. Or, on a du mal à imaginer que David Habib se soit pris subitement d’occitanite aigüe, et on peut donc penser qu’il s’agit plutôt d’une stratégie pour couper l’herbe sous les pieds de François Bayrou, plus légitime naturellement sur ce terrain. Si David Habib est élu, et étant donné le peu de goût de ce dernier pour la langue de Simin Palay, on risque d’avoir un blanc-seing donné à une association occitaniste d’inspiration autonomiste. C’est ce risque que je dénonçais récemment sur ce site dans l’article « Langues régionales et municipalités ».

Des trentenaires et des syndicalistes

Jérôme Marbot et Charline Claveau-Abbadi ont eux aussi été annoncés cette semaine sur la liste Habib, la seconde à une flatteuse 6ème place. Cette jeune entrepreneur non encartée se dit néanmoins « de gauche », tandis que Jérome Marbot, avocat, est adjoint au maire sortant au « développement et au rayonnement ». Etant donné le manque de dynamique de développement et de rayonnement de la ville ces dernières années, on ne sait toutefois si cette expérience est un atout ou un handicap pour l’ambitieux trentenaire…

Jean-Marc Soubervie, ancien rugbyman de 38 ans, rejoint lui aussi David Habib à la 33è place. On apprend qu’il est chef d’entreprise et qu’il dirige un cabinet qui conseille les entreprises pour payer moins de charges sociales. Il aura sans aucun doute matière à discuter de coût du travail avec les deux syndicalistes annoncés en fin de semaine sur la liste, le délégué syndical CGT, Ottavio Cilluffo,  et Jean-Pierre Barthe, retraité syndical de la CFDT. Ils devraient intervenir, sans surprise, sur la thématique de l’emploi, une des priorités du candidat.

Chez François Bayrou, on recycle des sortants de la majorité

François Bayrou a continué dans la voie de l’ouverture sur sa liste. Il lui manquait des gens de gauche ; c’est désormais chose faite en les personnes de Pascal Boniface, Odile Denis et Anne Castera, tous trois élus de la majorité sortante, et qui sont en délicatesse soit avec la Maire actuelle, soit avec le candidat PS. On aimerait mieux connaître leurs motivations. François Bayrou est-il uniquement une bouée de secours pour ces sortants reniés par leur camp ? Il y a assurément urgence à ce qu’ils donnent les raisons de leur choix.

Les listes Urieta, Dartigolles et Bled

Yves Urieta, lui, annonce ses colistiers par dix. Les nominés sont Alain Arraou, Nicole Benssoussan, Daniel Bialeoko, Sophie Campagnolle, Johanne Charmet-Zoia, Jean-Pau Céré, Jacqueline Decaudin, Adoum Isseini, et Paola Rodrigues. Parmi eux, deux transfuges de la liste sortante de François Bayrou aux dernière élections, Nicole Benssoussan et Adoum Isseini, nous rappellent qu’en politique, il vaut mieux être darwinien que larmarckien…

Olivier Dartigolles lui, continue à s’en prendre à Yves Urieta et à son alliance sarkoziste de 2008. Dans une peu probable alliance avec David Habib au second tour, il serait en effet difficile de cohabiter avec celui qui a obtenu le soutien de l’ancien président de la République en 2008. Le leader communiste promet de dévoiler sa liste de gauche le 13 février.

Chez EELV, Eurydice Bled a choisi, comme Yves Urieta, les annonces par dix. On a ainsi appris les dix nouveaux colistiers constituant sa liste, ainsi que leur âge et leur profession : Laetitia Larrouy-Castera, 24 ans, spécialisée en droit de l’environnement ; Vincent Cilluffo, 21 ans, étudiant en médecine ; Christine Cazaubon, 41 ans, prothésiste dentaire ; François Garcia 57 ans, vice-président de la Section Paloise Karaté ; Sylvie Hourcade, 53 ans, monitrice d’atelier en espaces verts au sein de l’association des PEP 64 ; Jean-Claude Serrano, 54 ans, travaille dans la restauration ; Annick Potier, 60 ans, retraitée de l’animation sportive ; Alain Mallet, retraité hydrogéologue; Patti Lévy, prépare le concours de professeur des écoles ; Jean-Yves Deyris, ancien chargé de mission auprès du service de la formation professionnelle du Conseil régional d’Aquitaine. De la variété dans les âges, mais ça manque quand même d’entrepreneurs ou de commerçants. Mais il est vrai que ces derniers ont du mal à interpréter la logique de décroissance prônée par certains écologistes.

Bayrou, la démocratie participative…

Sur le fond, François Bayrou a présenté ses propositions en matière de démocratie participative. Ainsi, il y aura, s’il est élu, une réunion citoyenne une fois par semaine au théâtre St Louis, où les Palois viendront discuter avec le Maire de ce qui marche ou ne marche pas. Autre engagement, une évaluation annuelle des élus et des services, via un questionnaire. Voilà qui aurait donné des sueurs froides à certains élus de la majorité sortante…

Tract Bayrou propreté

… et l’insalubrité

Autre thème largement développé par le candidat Bayrou, la lutte contre l’insalubrité et l’insécurité, objet d’un tract distribué cette semaine « Pau ville propre et soignée ». Les mesures incluent la lutte contre les tags, fléau que je dénonçais déjà il y a deux ans sur alternatives-paloises.com : Pau, les tags sauvages envahissent la ville, un service « urgence vie en ville » pour les problèmes de propreté et d’insécurité, et la lutte contre les déjections canines.

Plus surprenant, François Bayrou a estimé, à une question posée dans une réunion de quartier sur les nuisances des sorties de boîte de nuit, que celles-ci pouvaient être transférée dans un quartier « en dehors de la ville ». Il faudra qu’il nous explique ce qu’il entend par là, car on voit mal une ville dynamique, jeune et vivante, se passer de toute vie nocturne en centre-ville.

Urieta remet une couche sur les impôts

Sur le thème de la baisse des impôts, Yves Urieta a continué à en faire un axe majeur de sa campagne, au travers d’une vidéo :

Le candidat sans étiquette fait aussi parler de lui par ses BD, dont nous reproduisons ici la planche sur la baisse des impôts

Urieta BD Impots

Pour Habib, focus sur l’emploi et l’économie

Le candidat PS s’est, lui, clairement positionné sur la question de l’emploi et a présenté quelques propositions. Deux d’entre elles pourraient très certainement contribuer à une dynamique économique : la création de 4 pépinières d’entreprises en six ans, et un fond d’amorçage pour la création d’entreprise. De bonnes mesures sur le papier, mais il faudra que ces projets semi-publics ne se transforment pas en usine à gaz administrative et soient largement associés à des entrepreneurs privés. La création d’un échangeur à Berlanne est un de ces vieux dossiers qui n’avancent pas depuis longtemps, et que l’association Béarn Adour Pyrénées a le mérite de remettre régulièrement en haut de l’agenda. Enfin, la création d’un conseil économique et social sur l’Agglo pose plus de questions. N’y a-t-il pas un « conseil de développement du grand Pau » qui a déjà du mal à fonctionner ?

En tous les cas, David Habib fait de l’emploi sa priorité, et met en avant son bilan sur le bassin de Lacq. Il définit aussi des secteurs d’activités prioritaires pour le développement : les géo-sciences, l’agroalimentaire, l’aéronautique, et l’énergie. C’est intéressant, mais on aurait pu y ajouter les filières TIC (technologies du numérique), secteur d’avenir mais peu soutenu par les pouvoirs publics en Béarn.

Adixat ! A la semaine prochaine

– Par Emmanuel Pène 

(26 janvier 2014)

 

Retrouvez les précédentes chroniques :

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/19/pau-municipales-2014-la-chronique-3/

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/12/pau-municipales-2014-la-chronique-2/

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/04/pau-municipales-2014-la-chronique/

Pau, Municipales 2014 : la chronique (3)

2014-01-11 11.34.03La campagne municipale paloise vue et analysée par Emmanuel Pène dans une chronique sans langue de bois.

Les alliances et les constitutions de liste continuent de tenir les Palois en haleine. Pendant ce temps là, on continue de parler de baisse des impôts, tandis que la salubrité et la culture s’invitent au débat.

Du rapprochement Bayrou – Saubatte

La gestation du rapprochement entre la liste Bayrou et la liste Saubatte a tenu les Palois en haleine cette troisième semaine de janvier. Point culminant, leur rencontre jeudi dans un restaurant à la sortie de Pau sur la route de Morlaàs, où les deux candidats ne cachaient plus leur alliance imminente. Pour faire crédible, ils ont bien déclaré converger sur les dossiers des Halles et du Hameau, ce qui ne constituait pas une surprise, et ont évoqué les « compétences » de leurs équipes ; et c’est là que ça risque de coincer, tant les places sont rares et chères (voir l’excellent article de Bernard Boutin à ce sujet : Bayrou – une liste à fort potentiel de frustration). On ne  peut que souhaiter qu’une audace particulière du candidat Bayrou privilégie le renouvellement et la compétence, et qu’il nous réserve quelques surprises dans ce qui semble être pour le moment un simple classement ATP des personnalités de l’opposition paloise.

Ce rapprochement a aussi une conséquence, c’est celui de rendre toute alliance entre François Bayrou et Yves Urieta improbable avant le premier tour. On s’achemine donc vers une liste assumée à gauche, David Habib, une liste assumée au centre-droit, François Bayrou, et une liste trublion, Yves Urieta, dont le cœur penche peut-être à gauche, mais on ne sait à gauche de quoi ? Et puis, n’oublions pas qu’Olivier Dartigolles a effectué une OPA sur le cœur de la gauche depuis la semaine dernière, ce qui ne laisse plus beaucoup de place pour ceux qui s’en réclament.

David Habib, lui, a continué nonchalamment à remplir les cases vides de sa liste, selon une logique qu’il n’entend pas se laisser imposer «C’est en mariant des tempéraments variés autour de centres d’intérêts communs que l’on peut avoir une liste harmonieuse, et bâtir un projet ». C’est ainsi qu’après Nathalie Larradet et Claude Bergeaud, Jean-Christophe Tixier, auteur et formateur, et Leila-kherfallah, avocate, ont rejoint la liste respectivement à la 8ème et à la 9ème place pour s’occuper semble-t-il de culture. Le candidat assume ses choix : «C’est grâce à Claude Bergeaud et à Nathalie Larradet que l’on va gagner », ou en d’autres termes, c’est grâce à des représentants non-politiques de la société civile qu’on va remporter l’élection. Il est certain qu’on ne manquera pas de comparer les compositions des listes Bayrou et Habib sur ce critère.

L’ombre d’André Labarrère

Le candidat PS a de toute évidence reçu un nouveau soutien, en l’occurrence un rassemblement de 23 anciens élus d’André Labarrère. Ceux-ci, revendiquent leur soutien à David Habib, comme étant le plus dans la « continuité évolutive » de l’ancien maire. On peut se demander ce qu’est la continuité évolutive ? La continuité d’un système marqué par le clientélisme et des arrangements entre amis ? ou la continuité du déclin de Pau ?

L’opposition frontale donc se précise, et le ton monte. David Habib a clairement ouvert les hostilités cette semaine dans un entretien à la Croix : « J’aime les gens. J’ai appris cela d’André Labarrère. Je suis un anti-Bayrou de ce point de vue. Lui, il aime les élites parisiennes. Demain matin, à 7h30, je serai dans mon bureau, à la mairie de Mourenx, pour recevoir des habitants. Demandez à François Bayrou ce qu’il fait à la même heure.». François Bayrou, qui a lui aussi cité à plusieurs reprises l’ancien maire de Pau, ne manquera probablement pas de réagir.

On fait toutefois le vœu que les candidats se réclament un peu moins d’un Maire qui a quand même une responsabilité importante dans la situation actuelle difficile de Pau, et proposent de vrais projets d’avenir, ambitieux, et en rupture avec le passé. Le Pau de demain ne sera pas celui d’André Labarrère, et c’est très bien ainsi.

Des occitanistes ?

On apprend aussi que ce dimanche 19 janvier, deux personnes d’un mouvement occitaniste inconnu « Bastir », Estelle Laymand et Luce Bordenave vont faire partie de la liste Habib ; ceci est une surprise, tant on connait l’opposition du candidat à certains mouvements occitanistes et en particulier à leur gourou David Grosclaude. Ce ralliement imprévu et étrange fera l’objet d’une analyse plus étoffée dans la prochaine chronique.

Yves Urieta, lui, a fait de son nouveau local de campagne, rue des Cordeliers, un acte symbolique, car situé : « au cœur d’une rue commerçante qui connaît la crise. C’est un acte de solidarité ». Ceci dit, le loyer modique (300 € / mois) explique de manière plus prosaïque ce choix.

Dartigolles vs Urieta

Enfin, la semaine a vu un front de gauche et un Olivier Dartigolles, dans sa liste désormais baptisée « une ville pour nos vies », très présents sur le terrain. Sur le terrain, c’est d’ailleurs là où se situe le local de campagne revendiqué par la liste, un local « sans murs ». Un Olivier Dartigolles qui a trouvé sa cible, en la personne d’Yves Urieta, à qui il refuse le droit de se réclamer de gauche, et qu’il souhaite dépasser le soir du premier tour. Il est vrai que, on le rappelle, le front de gauche a décrété un monopole sur la gauche…

La présence importante d’Olivier Dartigolles dans les rues paloises a semble-t-il énervé Jean Pichai, le candidat du parti UPR (Union pour la République) qui avait fait le buzz en décembre avec une vidéo de présentation très particulière (voir la chronique n°1). C’est donc par une utilisation très débridée de twitter que l’octogénaire palois s’épanche sur Dartigolles, qu’il préfère maire de Roubaix que Maire de Pau..

Sans compter la liste « Pichai » qui a peu de chances de rassembler les 49, ce sont donc 6 listes qui devraient finalement se présenter en mars (FN, Urieta, Bayrou-Saubatte, Habib, Dartigolles, Bled), à moins qu’il n’y ait une ou plusieurs listes surprises, ce qui est loin d’être exclu d’après nos informations.

Habib : Une salle de concert à la porte des gaves

Sur le fond, on a vu clairement la liste Habib se positionner sur le créneau de la culture, d’abord avec l’annonce de l’engagement de Jean-Christophe Tixier et Leila Kherfallah, deux « passionnés de culture » parait-il… Le candidat pour qui « La culture, un moyen économique et de développement de la ville, sera une de mes priorités », rêve d’une salle de concert de 800 à 1200 places, située dans le quartier de la porte des gaves. S’il est vrai que Pau a vraiment besoin d’une salle de concert autre que le démesuré Zénith, on espère que cet investissement supplémentaire connaîtra un meilleur sort économique que le stade d’eaux vives, dont le déficit chronique est bien connu.

David Habib tente-t-il de contrer sur son terrain François Bayrou, qui a fait de la culture un de ses cinq axes de travail pour redynamiser Pau ? on attend donc sur ce thème une belle bataille dans les semaines à venir. Des propositions qui seront faites, on peut faire le vœu qu’elles soient bien chiffrées, qu’on nous explique la validité économique de chaque nouvel équipement, et surtout ce que cela va apporter à la ville.

Des crottes de chiens politiquement très incorrectes

L’autre thème d’actualité est la salubrité, qui est le mot politiquement correct pour parler des crottes de chien et autres incivilités comme les tags. François Bayrou appelle à la création de « canisites », sortes de toilettes publiques pour chien, et d’une manière générale à multiplier les équipements permettant aux propriétaires de ramasser les déjections de leurs toutous. Sur ce terrain, Yves Urieta s’est positionné en appelant à remettre en fonction les motocrottes existantes plutôt que des toilettes publiques pour chien. Si avec tout ça on n’arrive pas à faire redécoller Pau..

Blague à part, c’est un problème qui empoisonne la vie quotidienne des palois, mais qui nous semble plutôt relever de la responsabilité individuelle des citoyens propriétaires de chien, et on peut donc souhaiter que, tout simplement, des contraventions plus fréquentes et plus dissuasives soient mises en place.

Baisse des impôts : qui dit mieux ?

Yves Urieta a développé ses propositions sur ce thème. Selon lui, des économies peuvent être faites dans le budget de fonctionnement de la ville, et plus particulièrement dans les études, dont il dénonce la sous-traitance onéreuse à des sociétés extérieures, mais aussi dans une meilleure gestion du personnel, le nombre de cadres ayant augmenté de manière importante ces dernières années. Ainsi, là où François Bayrou promet 1% de baisse par an durant son mandat, Yves Urieta, lui, annonce 3 à 5% de baisse pour les deux premières années, avant de tirer un bilan.

L’idée d’une baisse des impôts fait donc son chemin, et c’est une bonne chose pour Pau. Cette chronique continuera à rendre compte de toutes les propositions dans ce domaine ainsi que des propositions d’efforts de réduction des dépenses publiques et de meilleure gestion.

Nous terminerons cette chronique du 19 janvier 2014 par un salut amical au site Facebook « Pau Municipales Asnaro » de Xavier Asnaro, qui rend compte quotidiennement de la campagne paloise, tout en apportant un regard critique (l’accès au site nécessite un compte Facebook).

Adixat ! A la semaine prochaine

– Par Emmanuel Pène 

 

Retrouvez les précédentes chroniques :

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/12/pau-municipales-2014-la-chronique-2/

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/04/pau-municipales-2014-la-chronique/