Monsieur Culot

On en a fait des tonnes sur la démission de Nicolas Hulot annoncé de manière peu élégante pour ses mentors, le premier ministre et le président de la république. Le service public, France Inter auquel l’ex-animateur de télé, ex-producteur, ex-ministre d’État a fait ses confidences les a repassées en boucle ne manquant pas de souligner que c’est sur ses ondes que cette déclaration capitale pour l’avenir du pays avait été faite. Les journalistes, désolés de ne plus être cajolés comme il l’avait été sous le quinquennat Hollande, trouvaient là une revanche facile face à Jupiter qui ne les tient pas en haute estime. C’est vrai, il faut toujours se méfier des journalistes car ils tiennent toujours leur ennemi au bout du fusil. Il leur suffit de savoir attendre… Cette leçon vaut bien un fromage monsieur le Président…

Donc c’est la nouvelle affaire du siècle, pendant que des bateaux de migrants errent en Méditerranée, que l’extrême-droite ne cesse ses provocations désormais à nos portes et qu’en Syrie se profile un nouveau désastre humanitaire. Oui c’est l’affaire du siècle, la démission de ce pauvre monsieur Hulot. Bien sûr, c’est un vrai naïf lui qui a fréquenté les hommes politiques de tous bords depuis des années. Il ignorait la réalité du pouvoir. Il ne pouvait pas savoir que les Français ne souhaitent pas payer leur électricité le double de leur facture actuelle et que le nucléaire reste un passage obligé. Il ignorait aussi que les éoliennes sont désormais détestées de leur voisinage car trop bruyantes et destructrices des paysages et que des Conseils Départementaux en ont interdit la construction.

Non tout cela, il l’ignorait car un maroquin comme la légion d’honneur cela ne se refuse pas. Un poste de ministre et tout ce qui va avec : les voitures de fonction –étaient-elles électriques ?-, les cuisiniers, les huissiers, les secrétaires et autres conseillers, les voyages avec le président, la considération des journalistes, etc. etc. Non tout cela ne se refuse pas et bien sûr lorsque l’on est le représentant autoproclamé des sauveurs de la planète c’est un honneur qui rejaillit sur l’ensemble des défenseurs de la cause…

Mais tout a une fin et il faut savoir gérer son image. Prendre pour prétexte une fâcherie avec les chasseurs, gens simples, qui n’ont aucune responsabilité dans le réchauffement climatique ou les déchets nucléaires c’était bien manœuvré. Evidemment les médias, dans leur ensemble anti-ruralité, nous ont joué l’air de la victimisation. Même Yannick Jadot le leader des Verts (2%°) qui pourtant vouait aux gémonies ce concurrent trop gâté, s’est mis brusquement à le plaindre.

Rassurez-vous Nicolas Culôt n’est pas à plaindre et il passera de bons moments dans une de ses résidences ; la corse par exemple. Selon sa déclaration à la Haute Autorité sur la Transparence de la Vie Publique (HATVP), citée par Le Parisien Libéré : le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot possède pas moins de neuf véhicules à moteur, dont six voitures, une moto, un bateau et un scooter électrique, dont la valeur totale est estimée à 105 000 euros, ce qui en fait le ministre le plus équipé du gouvernement. Par ailleurs, l’ancien producteur de télévision, est propriétaire de cinq biens immobiliers, en Bretagne, en Corse et en Savoie. Son patrimoine cumulé atteint environ 7,3 millions d’euros. Il est le deuxième ministre le plus riche du gouvernement derrière sa collègue du Travail, Muriel Pénicaud (7,5 millions d’euros).

« Bonne vacances Monsieur Hulot » après tout vous avez été choisi par le président c’est lui doit assumer la responsabilité de votre flamboyant départ, réussi, du point-de-vue de vos intérêts et qui préserve votre avenir. Comme vient de l’écrire Jean Pierre Chevénement l’ancien ministre de François Mitterrand dans une tribune du Parisien, c’est sur la question du nucléaire que porte –si on peut dire- l’objet du délit : Un rapport commandé par Nicolas Hulot préconise de construire six EPR à partir de 2025 pour une entrée en service en 2035. Le centre d’enfouissement des déchets ultimes de Bure dans la Meuse n’entrera en service que dans la décennie 2040. Or le centre de Bure concentre déjà l’hostilité violente des Verts, à l’échelle européenne ! Et cela ne fait que commencer ! L’avenir d’un atout industriel majeur de la France est ainsi l’objet d’un bras de fer entre d’une part une minorité de décideurs qui se refusent à brader l’héritage des générations en même temps que l’avenir du pays, et d’autre part une petite minorité extrémiste (à peine 3% des électeurs) qui entend prendre en otage l’opinion, à travers un système politico-médiatique dont l’indépendance de la France est devenue le cadet des soucis. Sur ce dossier vital, Nicolas Hulot n’avait pas la capacité de trancher en homme d’État ».
Bien sûr on a le droit d’être riche et de donner des leçons mais on ne peut pas demander à un danseur de cordes de construire des cathédrales ni même d’y contribuer. C’était une belle prise de guerre de Macron qui le préférait dedans que dehors mais on voit les limites de ces calculs politiciens. Hulot a-t-il fait avancer la cause de l’environnement ? La lutte contre le réchauffement climatique ? A-t-il contribué à réduire les gaz à effets de serre ? A-t-il agit pour la réintroduction des ours ou la protection des loups lui qui se présente comme le défenseur de la faune ? Chacun jugera… Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, un de ses soutiens : « Nous avons malheureusement perdu une année cruciale pour défendre les enjeux environnementaux ».

Désormais ce sont deux cents personnalités du monde des arts, du spectacle et de la science qui prennent le relais du pauvre Nicolas. Ils lancent un cri d’urgence pour sauver la planète, « plus grand défi de l’histoire de l’humanité » « nous vivons un cataclysme planétaire ». « L’effondrement est en cours (…) mais il n’est pas trop tard pour éviter le pire. » Tous proches de Nicolas, ce sont des femmes et des hommes du système, des privilégiés, habitués de cette bulle médiatique si douillette où dénoncer est un fonds de commerce et permet d’exister, avant de terminer la soirée à « La Closerie des Lilas » ou à « La Rhumerie ». Cette Phalange bobo mènera-t-elle le combat nécessaire pour la sauvegarde de la planète ? Pas plus que vous monsieur Hulot …

Pierre Vidal

Photo LP/Frédéric DUGIT

La vacance de M. Hulot

Mes censeurs trouveront l’allusion au film de Jacques Tati trop facile. Mais si elle vous donne l’occasion d’un sourire, je ne la regretterai pas.
Un sourire, c’est toujours bon à prendre. Je ne vais pas préconiser que cela soit remboursé par la sécurité sociale ; mais prendre une dose de quatre ou cinq sourires par jour nous ferait beaucoup de bien. Souvent, nous préférons râler ou accuser.
La nouvelle cependant n’a rien de réjouissant. Elle a même de quoi inciter les partisans de M. Macron à faire la grimace. Car cette défection du ministre le plus populaire du gouvernement représente un coup dur pour celui-ci, d’autant qu’il a frappé comme un coup de foudre, même s’il a été plusieurs fois annoncé. Et que plusieurs mesures comme la hausse de la CSG ont ébréché la popularité du Président.
Coup dur parce qu’il prouve la difficulté de prendre en compte le sujet majeur pour notre planète : son état de santé et notamment le réchauffement climatique et ses conséquences. Il met aussi en lumière
l’influence du lobbying. Les intérêts qui s’opposent à la prise en compte de l’état de la planète ne s’exposent pas en pleine lumière ; mais ils sont puissants. Il y a tant à faire pour les contrecarrer ! La
pente est tellement glissante vers la dégradation : dégradation de la qualité de l’air, de la qualité des sols, bétonisation, étalement urbain. Qui saura s’y opposer ? On ne se risquera pas ici à faire des
propositions pour combler la vacance.
Un simple témoignage, qui en appelle d’autres, suffira. Il y a deux jours je suis passé par la brèche de Roland, mon tour de taille me le permettant encore (sic). J’ai été frappé par la fonte du glacier. En
cette fin d’été on ne voit plus guère que les cailloux de la moraine et la montée dans les rochers sous la brèche est trois fois plus importante que naguère.
Les incendies à répétition, la pollution des océans, la baisse des ressources en plancton et en ressources halieutiques montrent aussi l’urgence de la question. Ce n’est pas une question d’idéologie.

Paul Itaulog

PPCM et PGCD

Non, il ne s’agit pas des initiales de nouveaux partis politiques. Encore que,  en ces temps de fièvre électorale et plus encore post-électorale, nous assistons à des décompositions compensées par des compositions ou des recompositions de circonstance qui pourraient devenir, par exemple, le Parti Populaire Contre Macron ou le Parti Grandiose des Centristes et Démocrates. Les plus anciens d’entre nous ont connu ces initiales qui nous compliquaient la vie en cours de mathématiques.

Le premier était le Plus Petit Commun Multiple. Le second le Plus Grand  Commun Diviseur. Ces définitions ne conviendraient-elles pas  à un parti moribond renaissant de ses cendres grâce à l’habileté de son président qui a su se rendre indispensable dans les tractations relatives à la candidature du président élu et qui, telle la mouche du coche, croit à tout instant qu’il fait marcher la machine. Ce parti, qu’il n’est pas besoin de nommer, ne représentait en fait que son président dont la notoriété doit tout à la complaisance des médias radiophoniques ou télévisuels. Personne ne trouvait grâce à ses yeux, y compris le candidat MACRON, sur lequel il serait indécent de rappeler les propos que tenait l’éphémère garde des sceaux.

Incapable désormais de gagner une élection uninominale (pourquoi n’a-t-il pas été candidat à l’élection législative ?), l’amertume, une ambition inassouvie, conduisent l’homme, au demeurant brillant et fin tacticien, à une posture quasi systématiquement contestataire pour exister. La critique est aisée mais l’art est difficile et être en charge d’une loi sur la moralisation de la vie politique encore plus. Surtout pour un spécialiste de positions souvent contradictoires.

Pas ou peu d’amis en raison de cette posture originale, l’intéressé se complaît dans sa notoriété aux médias. Or, un ministre intervient rarement à la radio ou à la télévision, mais en demeurant président d’un mouvement qui compte désormais un groupe parlementaire à l’assemblée nationale, alors que le nombre de ses adhérents doit à peine dépasser celui de ses élus, le PPCM et PGCD a encore de beaux jours devant lui. A moins que les journalistes ne comprennent  que beaucoup de Français sont fatigués de l’entendre ou le voir et que seuls ses partisans peuvent comprendre ses multiples contorsions politiques dont son départ du gouvernement est, espérons-le, la dernière. Une question d’actualité, quand même. La presse nous apprend que le mardi 20 juin, l’éphémère garde des sceaux a confié à la fille d’une élue proche de lui (pas de sourire narquois, lecteur !) le poste de Chef de Cabinet Adjoint au Ministre de la Justice avant d’annoncer sa démission le lendemain. Sans doute une manière de faire de la politique autrement. Le drame est que ce ne sont ni les démissions des trois ministres Modem, ni le transfert d’un ministre à la tête d’un groupe parlementaire par la volonté du président de la république et non son élection par les députés du groupe, qui nous font espérer que « les choses vont dans le bon sens ». Les mauvaises habitudes sont une seconde nature.

 Pierre ESPOSITO

Crédit photo : anticor.org