Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne

« En entendant les cris des oies du Capitole depuis sa maison, Marcus Manlius Capitolinus, en 390 avant J.C., partit à l’assaut des Gaulois qui tentaient d’envahir discrètement la colline et, ainsi, sauva Rome. Manlius fut couvert d’honneurs. Cependant, il fut peu après accusé de tenter de se faire sacrer roi et fut jeté de la roche Tarpéienne ». (Wilkipedia)

Les images du Grand Débat reprise en direct par les trois chaînes d’information continue sont-elles convaincantes ? Rarement en tout cas un débat aura eu dans notre pays un aussi grand écho et selon ses promoteurs une participation aussi massive. Ainsi les Français se désintéresseraient du scrutin européen –puisqu’ ils sont à peine 50% à vouloir y participer, selon les sondages- préférant cet exercice de « démocratie directe »… C’est inquiétant pour la démocratie représentative et pour le système électoral en place pour ces élections européennes : la proportionnelle, réclamée à cor et à cri par ailleurs, notamment dans le Grand Débat. Notre pays, passionné par la politique, est plongé dans le paradoxe… on veut débattre mais on ne vote plus ; dans ce contexte, le Grand Débat recueille la parole des élus vilipendés par ailleurs.

On voit le Président, sur ces images télévisées, en bras de chemise, passionné, investi. Il a réponse à tout même s’il oublie parfois les questions. L’accueil est bon. Il est souvent ovationné… ovationné au Grand Débat mais hué dans les défilés du samedi, parfois par les mêmes. C’est un dur métier que la politique…

Tout baigne désormais pour ses fidèles, Jupiter est revenu sur terre, il s’est mué en Apollon et le charme, un temps rompu, fonctionne à nouveau. C’est reparti pour un tour. S’agit-il de méthode Coué ? D’une vague impression  ? Ou d’un lien durable renoué avec le pays ? Faudra-t-il décompter le temps de parole du président et des élus de la REM et du Modem du quota du à chaque formation politique que le CSA fait respecter ? Sommes-nous entrés dans la campagne électorale ? La majorité des participants à ce Grand Débat sont-ils acquis d’avance ? La jeunesse est-elle là et sinon où est-elle ? Tout cet énorme barnum dispendieux et énergivore débouchera sur quoi puisque le Président l’a indiqué par avance il ne changera pas de politique ?

La communication est une donnée essentielle de la politique. Macron/Jupiter ce n’était surement pas le bon concept et il a bien fallu que l’homme descende de son nuage face à une dure contestation, violemment réprimée -Jupiter manie la foudre. Féru d’histoire, le Président sait bien que « le parti de l’ordre » l’emporte toujours dans notre république -les Gilets Jaunes feraient bien de le méditer avant de poursuivre leur dérive. S’agit-il avec le Grand Débat de contribuer à une sorte de repositionnement, de montrer un Président proche des gens dorénavant, à l’écoute des malheurs des uns et des autres ? Un Président qui ne se départirait pas de son rôle de « sachant », à la main dure mais capable de câliner.

Le Grand Débat se résumerait alors, bien que l’on s’en défende du côté de ses organisateurs, à une opération cosmétique, au « relooking » présidentiel, passant à côté de la demande réelle. Notre pays –privilégié, si on se place sur le plan mondial- est en pleine interrogation : comment conserver nos avantages sans souffrir ? Garder un système social équivalent en payant moins d’impôts, par exemple ?  La pression sur les salaires décourage-t-elle l’appétence pour le travail ? Le travail manuel devrait-il être mieux payé ? Une revalorisation du SMIC est-elle possible ? Les hausses de rémunérations s’adressent-elles uniquement aux salaires les plus élevés ? Comment motiver les chômeurs, alors ? L’impératif environnemental doit-il reposer sur les épaules les plus fragiles ? Doit-on, au contraire, en faire porter le poids sur les plus costauds ? Et d’ailleurs est-il un véritable impératif ou une nouvelle toquade médiatique ? Quid du ruissellement annoncé dont on attend les effets ? A toutes ces questions et à celle plus brûlante encore de l’accueil des migrants que peut-on attendre du Grand Débat ?

Poser la question c’est y répondre et rares sont ceux qui se font des illusions… La forme même est en cause : « nous voulions parler, échanger, nous n’avions pas besoin de leçons. Nous voulions passer pour une fois de la verticalité à l’horizontalité et cette démarche qui aurait été nouvelle nous a été confisquée ». Nous avons, avec ce Grand Débat, un nouvel exposé de la vulgate macronienne dans sa version douce.

Bravo l’artiste ! On évoquera un nouveau tour de force, un exploit inattendu, mais les sommets sont souvent inhospitaliers et il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne.

Pierre Michel Vidal

Photo  shutterstock

Causes et conséquences, rien ne change !

Depuis plusieurs semaines de nombreux Français et petits maires ont été conviés à s’allonger sur le «divan» pour des séances d’analyses ; l’objectif est d’extirper de leur inconscient le mal qui les ronge ; en effet, ils pensent, injustement dit-on parfois !!, qu’ils sont délaissés, méprisés, inconsidérés, qu’ils vivent dans une société injuste, que certains se lèvent tard, spéculent, et gagnent beaucoup alors que bien d’autres se lèvent tôt, travaillent et gagnent très peu… L’objectif est de rendre aux Français l’énergie économique positive qui est immobilisée par ces conflits inconscients.

En fait, c’est une analyse car le patient est invité à dire tout ce qui lui passe par la tête mais ce n’est qu’une fausse-vraie analyse, intéressée, car il est guidé dans une révision de son histoire intime pour lui donner un sens nouveau et actualisé, au service de l’intérêt supérieur de la politique économique du moment ; les analystes n’ont donc pas la neutralité bienveillante qu’ils devraient avoir, ils jugent les patients et leurs actes, précisent même le prix des séances que leurs comportements aberrants les amèneront finalement à débourser.

Il faut que cela s’arrête, il est temps de se réconcilier ! C’est évident, mais est-on prêt, de part et d’autre, au dialogue et surtout aux compromis ? J’en doute !

Le barrage a cédé pour deux raisons ;

+ les responsables ont laissé la mise en charge se faire au-delà de la limite de sécurité. Il aurait fallu faire des lâchers périodiques pour libérer les contraintes et redonner l’équilibre.

+ Les responsables n’ont pas pris soin de surveiller, d’assez près, par des informations remontantes périodiques, la résistance des infrastructures.

Dans le premier cas, ce sont les charges variées, toujours plus importantes et nombreuses, imposées aux citoyens depuis des années.

Dans le deuxième cas, c’est le manque d’écoute des alertes issues des petits maires ; ces derniers sont les baromètres et les thermomètres de l’état de la météo locale, ceux que l’on veut réduire de plus en plus, car trop coûteux. L’actualité montre que c’est encore plus coûteux de s’en priver !

En se vidant, la force de l’eau et la surface couverte se sont amplifiées, elle s’est écoulée largement et s’infiltre lentement dans la nappe phréatique, prête à rejaillir en d’autres sources, mais, plus grave, des berges, elle a détaché des blocs dormants dans la paroi, à droite et à gauche ; entraînés le long du parcours, ce sont eux qui, libérés, ont provoqué les dégradations et dégâts collatéraux redoutables entraînant, dans les villes et villages, destruction, violences, pillages puis, maintenant, haine, racisme, sexisme, antisémitisme au sein de toute la société.

On peut parler de déficit de gouvernance, depuis les hauts sommets on voit surtout des mers de nuages ! Un travail colossal, difficile et extrêmement coûteux est à entreprendre pour combattre et éteindre le feu et les braises de ces philosophies nauséabondes et destructrices que les générations comme la mienne ont connues.

Mais, beaucoup plus grave, il n’y a pas que la gouvernance, loin de là ; à C dans l’air, Brice Teinturier faisait remarquer que l’ignominie n’était pas, dans les sondages, marquée par une réprobation écrasante de l’ensemble de la population ; manifestement on note une imprégnation ou une indifférence coupable. Seuls, les politiques ne pourront rien s’il ne sont pas massivement suivis par les Français. Quand on pose la question de savoir ce qu’ils pensent sur les raisons de la fuite des juifs vers Israël, 62% n’ont pas d’avis !!!

Une fois de plus, on se plaint ; à juste titre, on se désole, car on subit les conséquences, mais on n’a pas cherché à lutter contre les causes de ce fléau en sommeil.

Si on élargit le problème à l’Europe, seule une Europe citoyenne, non uniquement financière, non concurrentielle mais unie, solidaire, est capable de défendre nos valeurs et notre puissance dans le monde. C’est mal parti !

On parle beaucoup, jusqu’à présent, dans le grand Débat, du pouvoir d’achat, de la notion de «riche», de classe moyenne, termes qui restent vraiment encore à définir, du service public, de la mobilité, surtout dans le monde rural, de nouvelles institutions dont les orientations discutées devraient peut-être se souvenir de la définition de la démocratie d’Albert Camus :

«La démocratie ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité»

Par contre, le pouvoir n’a pas prévu d’évoquer la Culture et la transition «écologique», la réforme sans doute la plus importante pour le court et moyen terme de notre société, est laissée largement de côté, par les gilets jaunes aussi d’ailleurs, sauf, en parallèle, massivement, par les jeunes ; cette réaction est vraiment une bouffée d’optimisme pour l’avenir, par rapport au triste comportement sclérosé des Politiques en place depuis le début de la Vème République.

La façon dont le pouvoir voulait l’aborder était mauvaise car elle était empreinte de la plus grande injustice ; encore une fois, les gros pollueurs étaient et sont toujours détaxés et donc privilégiés ; la liste serait longue, dans les transports, l’industrie, l’agroalimentaire… entre autres.

Futura-Sciences 03/12/2018 «Il faut dire que les navires de croisière sont régulièrement pointés du doigt pour leur pollution et leur contribution aux gaz à effet de serre. Le fioul lourd, peu raffiné, affiche des teneurs en soufre 1.500 fois plus élevées que celles autorisées pour le diesel des voitures. Un gros paquebot émet ainsi quotidiennement autant de particules fines qu’un million de voitures, selon l’association de protection de l’environnement allemande «Nabu.» Bordeaux en voit souvent !

Trois fléaux menacent l’humanité au XXIème siècle : obésité, sous-alimentation et changement climatique. Longtemps considérés séparément, ces trois phénomènes interagissent et ont un moteur commun, de puissants intérêts commerciaux.

Là encore, on subit les conséquences et on ne fait rien contre les causes.

Pour Philippe Dessertine.

«Le problème majeur qu’affronte l’humanité est bien le climat. L’origine de son dérèglement est la poussée démographique. Appliquer à 7,5 milliards le modèle économique occidental avec son utilisation effrénée d’énergies, ses modes de consommation, de travail, de production, de plus en plus intensifs, la planète n’y tiendra pas longtemps. Le diagnostic est clair, il faut aller vers un changement radical de modèle économique. Un tel bouleversement n’est possible qu’en période de révolution industrielle et technologique comme au début du du XIXème puis au début du XXème…Nous sommes dans une nouvelle révolution industrielle aux conséquences incalculables………»

Alors, changer les institutions, le nombre d’élus, le mode d’élection, proportionnelle ou pas, cela ne changera pas grand chose si on ne change pas la façon de penser et d’agir !

«Le digital, l’intelligence artificielle, et d’autres marches vont arriver très vite, elles nous ferons rentrer dans cette nouvelle révolution.» Ph.Dessertine.

Cet néo-homo économicus aura-t-il conservé quelques gènes de l’homo sapiens d’origine ? Les expériences du passé ont montré, à chaque fois, que si des progrès étaient faits, ils étaient toujours accompagnés d’un asservissement de plus en plus grand à l’argent, à la machine, à l’énergie, au temps, à l’homme lui-même, au détriment de l’humanisme qui devait, disait-on, en résulter !

Alors ? Scepticisme !

On a supprimé des enseignants pour faire des économies, on devrait plutôt faire des économies en créant des postes car le manque de civisme, l’ignorance de la démocratie, la haine des autres, nous coûtent bien plus cher en ce moment.

Dans toutes les classes, de la maternelle à l’université, échelonnés tout au long de l’année, adaptés à l’âge, de la Seine-Saint-Denis à Neuilly, des cours, débats, conférences seraient institués pour forger à la fois l’esprit critique et les connaissances sur la République, les institutions, la votation, le fonctionnement de l’Etat, des Mairies, du député, sénateur…., la démocratie, le respect de la richesse culturelle de notre diversité…. sans oublier les dangers du dérèglement climatique !

Signé Georges Vallet

crédits photos: https://www.lepoint.fr/il-y-a-50-ans-la-catastrophe-du-barrage-de-malpasset-

Tous pourris et ensuite ?

J’écoutais ce matin le énième micro trottoir à propos des présidentielles, cette fois du point de vue de la rémunération des politiques. « Trop payés » disait Monsieur Poncif , « et en plus ils ne foutent rien, ils sont invités à des tas de repas pour couper des rubans et ils ne payent ni le train ni les impôts etc… ».

Je me mettais à la place de l’élu consciencieux qui écoutait ça. Et qui lui devait penser à la cohorte des Poncif et des Lambda qui font la queue à sa permanence pour une histoire de points sur leur permis ou pour bénéficier d’un petit coup de piston pour l’attribution d’un logement social ou pour les études de la petite ou pour un boulot pour le cousin. Les mêmes Poncif et Lambda qui payent leur plombier au schwartz ou carottent la TVA dès que l’occasion se présente, rabotent leurs impôts et grugent l’Etat et leurs concitoyens en s’en vantant qui plus est. Un sport national. Cet élu qui court entre trains et avions pour assurer du mieux qu’il le peut sa présence dans l’hémicycle où l’attendent les commissions auxquelles il se doit de contribuer après avoir absorbé une masse de documents souvent très indigestes, et sa circonscription, parce que ses électeurs le voient encore comme un faiseur de miracles. Avant de le poignarder dès qu’il a le dos tourné. Qu’attendons-nous de nos élus ? Pourquoi leur reprocher d’être à l’image de notre société ou à la nôtre ? Comment expliquer à Monsieur Lambda ou à Monsieur Poncif que tout ne peut pas être mesuré à l’échelle de ses propres revenus, à la vision de ses propres lunettes, à la lumière de sa propre ampoule. Qu’on peut vivre mal avec un Smic, certes, mais aussi avec 10000 € par mois si on en dépense 11000. Cette propension à tout ramener à sa propre dimension, souvent toute petite, sans rien essayer de comprendre, sans rien mesurer d’autre que ce qu’on connait, c’est à dire souvent pas grand chose, est le résultat d’un égalitarisme borné amplifié par le tout-pour-ma-gueule usuel et associé à une transparence érigée en dogme par des médias autoproclamés justiciers et eux-mêmes instrumentalisés par une justice politisée.

Voilà ce que nous laisse le Président normal et sa cohorte de donneurs de leçons. Voilà le résultat d’années de crasse démagogie et de pratiques dévoyées mal cachées derrière les petites blagues d’un Robespierre souriant. Hollande n’a pas cessé au nom de sa prétendue vertu de rogner les libertés individuelles, de créer des juridictions d’exception et d’user d’un état d’urgence qui fait de nos soldats les cibles vivantes de pauvres fous pour mieux maintenir le peuple aux mains d’une minorité de gauche. Minorité toute puissante dans l’administration, les syndicats, la presse, l’enseignement, la justice, bref dans tout ce qui permet à notre Etat socialiste de contrôler plus de 55% de notre PIB au nom de l’égalité sociale. L’affaire Fillon en est la plus parfaite représentation. Qui voudra demain faire de la politique dans ces conditions en se risquant à défendre une pensée libérale ? Des Messieurs Propre, garantis pure laine vierge ? Des milliardaires à la Trump qui auront les moyens de se payer des campagnes électorales sur leur cassette personnelle au lieu d’essayer d’en couvrir les frais avec des sociétés de conseil ou des emplois familiaux ? Des poupées téléguidées par des milliardaires « roses » façon Macron ? Des naïfs imbéciles et démagogues ?

Ou des politiciens populistes et retords à la Chavez ou à la Trump qui sauront endormir le peuple en lui racontant ce qu’il veut entendre pour mieux se servir une fois au pouvoir d’un Etat devenu, sans que nous nous en apercevions, totalitaire et liberticide.

La démocratie a un prix et il est élevé aujourd’hui. Si François Fillon était un politicien corrompu ou asservi à toutes sortes de pouvoirs, il n’aurait certainement pas eu besoin de recourir à des petits bricolages en famille pour financer sa campagne. Ces accusations sont misérables et j’en suis certain, une majorité d’entre nous saura s’en souvenir le 23 avril.

FreeWheels

La démocratie d’émotion est-elle encore de la démocratie ?

cid_adca9319-015d-4781-aadc-b14909d7db26homeLe référendum en Hongrie a été marqué par une participation voisine de 40% seulement ; en Colombie, il a entraîné le rejet d’un accord inespéré mettant fin à des années de guerre ; en Grande Bretagne, c’est la sortie inattendue de l’Europe ; ces résultats sèment le doute sur l’opportunité, l’efficacité et la valeur institutionnelle d’un référendum.

En Grande Bretagne, il a provoqué de nombreuses réactions à chaud dans tous les milieux, y compris sur notre site. Beaucoup ont dénoncé un manque d’informations objectives et même de la désinformation; FR3 a passé des interviews :
– sur le désespoir et l’interrogation des nombreux anglais, entre autres ceux qui vivent chez nous et s’inquiètent de leur sort ; certains envisagent de demander la double nationalité.
– sur la perte sensible ou l’incertitude pour l’immobilier, le commerce, les milieux financiers,…, des deux côtés de la Manche.
Un sondage a été proposé sur notre site ; on a constaté que 53% de ceux qui ont répondu pensaient qu’en cas de référendum actuel, le «franxit» l’emporterait.

Une telle décision, en Grande Bretagne, obtenue dans le calcul et le flou politicien, la malveillance même, pose vraiment le problème de la pertinence de cette méthode pour prendre des décisions politiques de cette importance, au nouveau national. Si la même question était reposée aux Anglais, le résultat serait-il semblable ?

«La souveraineté d’une opinion hystérisée en permanence est-elle encore de la démocratie ?»J-Cl Guillebaud

Bien des obstacles s’opposent à la valeur d’un sondage ou d’un référendum :

   – Le manque de maturité de la part d’une majorité de votants, devant une situation nationale et internationale nécessitant des connaissances et expérience en politique, économie, finance, vie sociale, commerce, environnement…
– L’influence, de ce fait, très importante, des pressions de la part des partis politiques, des lobbies, des médias.., afin d’orienter les décisions dans le sens souhaité.
C’est la stratégie du «un bobard par jour» dénoncé par Bernard Cazeneuve !
– Le libellé du texte proposé ou de la question posée, forcément réduit, souvent ambigu sur le fond et simplifié dans la forme.
– La réponse obligatoire par oui ou non qui oblige à ne retenir qu’un aspect jugé subjectivement primordial, laissant donc de côté tous les autres, souvent plus importants. Bien des votants ne prennent pas la même décision alors que leurs conceptions sont souvent très proches, Pour beaucoup, entre le oui, mais…, et le non, mais…, qu’ils ne peuvent exprimer, il y a souvent une nano-pensée qui va changer le cours de l’histoire !
Arnaud Gonzague, dans le Nel Obs, à propos du sondage où 67% des Français, en ce moment, sont pour un gouvernement d’union nationale, écrivait : « »Il me semble que ce sondage doit être lu avec beaucoup de prudence, car les sondés ont certainement des interprétations différentes de la question posée.»
– Quand un sondage se situe au niveau régional, le périmètre utilisé a un retentissement énorme. Pour le référendum sur la pertinence de l’aéroport de N.D. des Landes, il est bien évident que les résultats seraient différents suivant la zone consultée. Il en serait de même pour la réintroduction de l’ours dans notre région, suivant qu’on questionnerait la France, La Nouvelle Région Aquitaine, ou les habitants de petits villages où vivent des familles de bergers et les propriétaires des troupeaux.
– La réponse est donc le plus souvent, et c’est catastrophique, émotionnelle ou politiquement passionnelle, ce qui revient au même, un arrêt sur image dans le temps. On ne répond pas à la question mais à son opposition ou son accord, spontané, viscéral, avec le milieu politique en place. Cette réponse, de ce fait, est, comme les émotions, évolutive ; elle représente la manifestation d’une sensibilité, la position d’une girouette qui change avec le vent dominant, c’est-à-dire les commentaires habiles et les sondages saturants qui se succèdent dans tous les domaines, chaque jour, au téléphone souvent (réponse immédiate exigée), dans la plus grande opacité sur les promoteurs des questions et les tendances politiques des instituts de sondage. Combien refusent de répondre, combien disent n’importe quoi volontairement ?
– Tout cela n’a rien à voir avec les besoins nécessaires à l’orientation d’une politique qui par définition doit porter sur le moyen ou long terme et après une réflexion raisonnée.
– La méthode basée sur le volontariat pour la participation, rend la décision faussée, elle élimine ceux qui pour des raisons souvent valables décident de ne pas participer, ne trouvant pas proposée la réponse qui leur convient. On en revient à la discussion sur la valeur du bulletin blanc ! L’abstention massive nous guetterait-elle ?
Même pour des décisions mettant en jeu un phénomène de portée uniquement locale, c’est discutable ; tout dépend du sujet.
Fait-il beau et chaud à Pau ? Le résultat sera différent suivant le type de population concernée : agriculteurs, travailleurs du bâtiment, cafés et restaurateurs…

La moyenne a-t-elle un sens ?
On est passé de l’opinion, déjà fragile, mais quand même basée sur le savoir et la croyance, à l’émotion incontrôée.

Juppé semble le confirmer :

«La politique est un univers irrationnel où l’émotion domine»

Interview de Gael Tchakaloff auteure de «Lapins et Merveilles» par Bruno Jeudy, Match 3490.
Entre les sondages journaliers à subir pour connaître la préférence des Français sur les marques de chocolat ou les lessives, les assurances auto,…, le candidat à la primaire à droite et à gauche, les meilleures ministres, établissements scolaires ou établissements hospitaliers pour la chirurgie de la prostate !, les 2 votes pour la présidentielle, pour les législatives, etc. les Français sont saturés et délégitiment par l’abstention ou en répondant à côté de la question, les projets présentés.

Même si les conditions qui régissent les sondages sont très différentes, nous vivons, d’une façon générale, une caricature pathétique de la pensée humaine.

La question du vrai et du faux, par exemple, ne se pose plus.

On ne dit plus que telle chose ou telle personne existe, mais que 23% des sondés pensent qu’elle existe !

C’est la faillite du rationnel, toutes les institutions sont ébranlées sous la pression des sondages des opinions publiques exaltées et déformées par la catalyse émotionnelle des médias. Le coupable est désigné avant le procès, les «lapidations» sont journalières dans le domaine de l’enseignement, de l’économie, de la protection sociale, de la politique générale et environnementale… L’emprise des opinions fabriquées par les sondages et les médias est résumée merveilleusement par J-Cl Guillebaud (Réflexion faite sur TéléObs, «La démocratie sera-t-elle dévorée»).

«Devenu carnassier, cet empire sans empereur est une figure du vide au bord duquel nos démocraties cheminent et chancellent, guettées par le vertige».

Signé Georges Vallet
crédit photos:think-tank.fnh.org

Démocratie(s)

imgresCertains événements piochés dans l’actualité conduisent à s’interroger sur les possibles exercices de la démocratie. D’un côté il y a ceux qui s’expriment et qui ne sont pas écoutés, ceux dont l’avis est sollicité mais qui ne se sentent pas concernés et ceux qui sont représentés et se plaignent de leurs élus. Différentes conceptions du pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.

Ce mouvement qui s’étend maintenant dans les grandes villes de France, « Nuit debout », ne finit pas d’interpeller tous les observateurs. Ils ne comprennent pas vraiment ce que veulent ces jeunes qui dissertent à n’en plus finir sur les nouvelles formes que devrait adopter notre démocratie. Un slogan a retenu mon attention : « Ce n’est pas aux gens de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir ». La formule est aussi belle que vide de sens. L’utopie du pouvoir qui est dans la rue, comme cela se disait en 68, est de retour. Mais c’est vrai que l’utopie a quelque chose d’enthousiasmant, qui permet de rêver à un monde meilleur. Cependant arrive un moment où malheureusement ce rêve doit prendre fin : lorsqu’on prend conscience que ce n’est qu’un rêve et que les illusions s’enfuient. Ce rêve se nomme la démocratie directe, sans doute la forme la plus séduisante de ce système de gouvernance, aussi séduisante qu’irréaliste. Comme l’anarchie, sa proche parente, elle ne se réalise que dans l’imagination. On écoute pour ne pas décevoir et parce que on ne peut se désintéresser d’un mal vivre. Mais on pense que cela va se dissoudre dans l’air du temps. Il en restera peut-être quelques enseignements…

Récemment plus proche de nous, dans les limites de la nouvelle région, Aquitaine plus Limousin, plus Poitou-Charentes, les élus en place cherchent des idées, ils sont comme en panne d’imagination. En effet le problème est d’importance, pensez-donc, il s’agit de trouver un nouveau nom à ce nouveau découpage administratif qui a pris forme depuis le début de l’année. Alors on sollicite le bon peuple, on lui demande si, lui, de son côté, avec son imagination qui ne connaît pas de limites, n’aurait pas une idée. Comme il est difficile de mobiliser les esprits sur un sujet de cette nature, on bat la campagne, on multiplie les annonces, on met la presse à contribution. Peu de propositions sont faites et lorsqu’elles le sont, elles paraissent originales, voire farfelues et en tout cas indignes d’être prises en compte. On a même dit, mais cela venait d’un plaisantin, que parmi les propositions l’un avait formulé : « Apoil ». Cet acronyme partait de A comme Aquitaine – Poi comme Poitou et L comme limousin. Voilà un bel exemple de la démocratie participative. On sollicite le peuple sur des sujets sans importance qui ne modifieront en rien la gouvernance confiée aux élus et c’est là sans doute son principal intérêt. Le risque c’est que, sous prétexte de démocratie participative, un jour, par erreur, on pose au peuple une question lourde de conséquences, comme : « Faut-il supprimer les impôts ». Je n’ose imaginer la réponse.

Et enfin il y a la situation que nous vivons actuellement et qui se nomme la démocratie représentative. Le peuple est représenté par des élus qui ont proposé un programme qu’ils se sont engagés mordicus à mettre en place. On sait maintenant que « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » (Henri Queuille). L’expérience le confirme tous les jours mais le peuple est mécontent et se sent trahi. A juste raison ou pas, il trouve que ce système présente, par certains côtés, comme une forme de trahison. La preuve, les partis politiques sont en perte d’audience et le monde politique se sent discrédité. Comme le disait Tony Benn, nous devons poser constamment cinq questions à ceux qui nous gouvernent :
– Quel pouvoir avez-vous ?
– D’où le tenez-vous ?
– Dans l’intérêt de qui l’exercez-vous ?
– A qui rendez-vous des comptes ?
– Comment peut-on se débarrasser de vous ?

La démocratie reste le moyen de gouvernance le plus juste et respectueux des aspirations de chacun mais toutes ses formes ne sont pas réalistes. Et si l’on raisonne comme Winston Churchill on convient que « La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes.»

Pau, le 20 avril 2016
par joël Braud

Réflexion sur la valeur de l’individu dans l’histoire.

GVAu cours de l’émission «la Grande Librairie», F.Busnel demandait à ses invités quel était le mot que leur suggéraient les événements récents.

L’un d’entre eux a évoqué:«visage».
Sans aucun doute, ce mot a été sous-jacent tout au long de cette tragédie.

Le visage, c’est celui de tous ces acteurs qui de près ou de loin ont participé à cette terrifiante actualité ; c’est celui des spectateurs bien malgré eux, sur le terrain ou chez eux, devant leur poste ou leur ordinateur, qui ont suivi, impuissants et anxieux, le sort d’autres visages, celui d’individus inconnus, devenus subitement proches, sortis soudainement du brouillard que notre société a contribué à épaissir ; ce sont ces milliers de visages différents qui se sont réunis spontanément et ont matérialisé par des bougies, des fleurs, des slogans, des chants…, leur compassion, leur recueillement, leur partage avec ceux qui ont souffert et souffrent encore. C’est l’explosion d’un besoin contraint de manifester son existence, de partager, d’être reconnu, de mettre au grand jour ce qui fait de l’homme une espèce sociale.

En effet, l‘individu nous échappe, il n’existe plus, il est devenu un numéro de Sécu, un code de carte bancaire…., il nous est indifférent car anonyme, il est noyé dans la masse d’un complexe économique.

Il est devenu un objet, il a cessé d’être un vivant. Il faut des situations exceptionnelles pour le faire revivre.

Cette réflexion ouvre la voie à un débat qui s’enracine dans l’histoire et qui dernièrement a été actualisé par une enseignante en philosophie politique, chercheur associé au Muséum National d’Histoire Naturelle, maître de conférence à l’Institut politique de Paris 3 et enseignante à l’Ecole polytechnique.

Alors que des milliers d’emplois sont supprimés, que les machines remplacent les hommes, pour baisser les coûts de production, le raisonnement courant prétend que la mort, le départ à la retraite, le licenciement ou le remplacement, dans tous les domaines, d’une personne, ne change rien et peut même être profitable. La vie continue, le «progrès» aussi ; une bonne preuve est que de nombreuses générations nous ont précédés ; cela n’a pas empêché l’économie de fonctionner et l’histoire de se dérouler.

C’est devenu «une vérité» : personne n’est indispensable.

Ce n’est pas l’avis de la philosophe Cynthia Fleury.

A l’heure où l’individu est encensé mais aussi considéré, à force d’individualisme forcené, comme le fossoyeur du bien commun, de la démocratie, elle démontre, dans son dernier essai : «Les irremplaçables», pourquoi l’individu est indispensable à la démocratie… et vice versa ! En «marchandisant» le monde et en chiffrant nos vies, les individus sont mis en équivalence et nous devenons remplaçables les uns par les autres à un coefficient près, l’un pouvant valoir deux fois ou plus que l’autre. Elle rappelle que seule l’individuation, et non l’individualisme qui veut éliminer l’autre, protège la démocratie en son cœur. «Un individu dans un Etat de droit doit pouvoir devenir “sujet”.»

Vouloir passer dobjet à sujet, c’est justement la cause de bien de nos problèmes. 

Pour le Larousse:

  • Sujet: «Personne pourvue de qualités ou de talents appropriés à une situation. Être vivant soumis à l’observation.»

  • Objet:«Chose inerte, sans pensée, sans volonté et sans droits, par opposition à l’être humain.»

Descartes a profondément contribué à développer la conception de l’homme objet.
Parmi les assertions qu’il a jadis prononcées, retenons :
«Je ne connais aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose.».

Il a donc institutionnalisé un monopole de pensée qui sévit toujours actuellement. Il a été le promoteur du «réductionnisme» c’est-à-dire du raisonnement qui ne fait de l’homme qu’une machine «compliquée».
« Le corps vivant est une machine où toutes les fonctions résultent de la seule disposition des organes, ni plus ni moins que les mouvements d’une horloge ou autre automate de celle de ses contrepoids et ressorts. » (Descartes : De l’Homme, Vl)
La réalité se «réduit», pour lui, a une hiérarchie de niveaux, comme une horloge !

Une conception bien actuelle !

Dans la société, l’individu est devenu un pion déplaçable, jetable, un numéro interchangeable, remplaçable par des machines et, par le jeu des chiffres, placé en situation de donner un meilleur rendement et une meilleure rentabilité.
Le managériat moderne, les gestions productivistes du personnel ont brisé les solidarités (les liens) sur le lieu du travail. Le harcèlement continuel de l’ouvrier et du cadre, par la direction, dans certaines entreprises, épuise les ressources physiques et psychologiques des travailleurs qui ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes et se trouvent démunis parfois désespérés. Les personnes ne sont pas par essence individualistes mais la société dite post-moderne, les pousse à le devenir dans un réflexe de survie. Isolé, l’individu devient plus vulnérable. L’exploitation sur le lieu du travail se libère ainsi des résistances collectives.

Pour le gestionnaire, l’individu est remplaçable

Tant qu’on se base sur l’économie dont la manipulation des chiffres, des moyennes, des %, des tableaux, courbes, etc. font croire que c’est une science, c’est-à-dire un savoir, alors que ce n’est qu’une croyance, la place de l’homme en tant que rouage anonyme se justifie.

Mais cette économie est-elle la finalité de l’homme ?

La finalité ne serait-elle pas plutôt de découvrir le monde et l’Univers par la Science, d’améliorer la vie par la Technologie, de créer du nouveau grâce à l’Art sous toutes ses formes ? Autant d’acquis nouveaux servant en retour à favoriser l’enrichissement de la culture, spécificité humaine.

«La culture est ce qui unit les hommes», disait Paul Langevin,

On veut effacer, pour pouvoir simplifier, codifier, mesurer, classer, informatiser, comparer, «améliorer», rentabiliser, le fait que l’homme et ses différentes structures sociales ne sont pas des machines mais des ensembles complexes non réductibles à une somme de composants interchangeables.

L’être humain n’est pas un objet mais un sujet.

Cette affirmation est corroborée par la Biologie au sens large. Un être vivant est issu de la rencontre aléatoire d’une cellule mâle et d’une cellule femelle; elle en fait un être unique. Nous sommes le fruit du hasard à de nombreux niveaux:

  • Rencontre de deux patrimoines uniques à chaque génération .

  • Développement dans les conditions environnementales uniques résultant de la vie particulière de notre mère.

  • Les conditions environnementales vécues pendant la vie et le développement de tous ces ancêtres ont généré des modifications épigénétiques différentes qui ont été transmises à chacun de nous.

  • Depuis notre naissance, chacun a vécu des acquis différents, a retenu, donc engrangé, des expériences personnelles constituant une bibliothèque unique.

  • Nous avons tous participé, par le jeu de notre métier, de nos relations, de nos recherches, de nos publications, de nos échanges…, à des enrichissements qui ont contribué à donner une valeur ajoutée culturelle sur laquelle, de génération en génération, s’est édifiée la connaissance humaine.

Un être vivant, biologique et culturel, n’est pas remplaçable par un autre.

L‘histoire des civilisations, de la société, du progrès, de la science…, montre que l‘individu n’est pas «une particule élémentaire isolée, sans relation spécifique avec son milieu, c’est tout l’inverse. Il est interconnecté.
«L’important, c’est de comprendre que ce que tu es n’est pas à l’intérieur de toi. Il est dans les rapports que tu as avec les autres. »
Albert Jacquart.
Comprendre ce que tu es, c’est connaître ton Grand Récit
L’âge du cerveau est celui de l’individu qui le possède mais ses couches superficielles ont été formées et n’ont pas changé depuis l’apparition de l’homo sapiens sapiens, il y a cent mille ans. Plus en profondeur, des couches cervicales remontent à l’âge des dinosaures. D’autre part, l’ADN a des milliards d’années et les atomes qui le constituent remontent au Big Bang. C’est dans la logique de ce récit que s’installe la culture, la philosophie, la vision de l’aventure humaine de demain.
Au sein de l’entreprise, des associations, de la famille, de la société…chacun apporte une expérience particulière, «irremplaçable» par un autre.
Le constructeur japonais Toyota commence à s
‘en rendre compte ; il a révélé qu’il avait entrepris de remettre entre des mains humaines une partie des tâches qui étaient jusqu’à présent automatisées. Pour Akio Toyoda, le PDG du groupe, les ouvriers qui maîtrisent l’assemblage peuvent se révéler plus efficaces que des robots dont les défaillances peuvent ralentir la production.
Le processus d’hominisation se fait par l’assimilation de la culture léguée par les générations précédentes (c’est la mission de l’éducation) et ne peut aboutir qu’à la production d’êtres originaux assumant socialement leur originalité. Ainsi va le paradoxe de la formation : c’est en assimilant le bien culturel commun que chacun se forge son originalité, c’est en se situant dans le(s) groupe(s) (coopération, émulation, opposition) qu’il construit et affirme sa personnalité.

L’essence du sujet est dans les rapports sociaux qu’il entretient avec les autres sujets.

Par Georges Vallet

  Crédits photos :  vitalite-regionale.com                                                                                                                                                                                                                                               

Violences

imagesMinée de l’intérieur par la multiplication d’attentats violents – assiégée par une invasion moyenâgeuse désormais également violente – empêchée par « ses valeurs »de répondre elle-même par la violence. l’Europe ne peut que faire le constat de faillite de son modèle politique et social. Plus gravement, celle de la démocratie en voie d’être peu à peu anéantie – ironie du sort, par une autre théocratie religieuse, que celle qu’elle avait, progressivement, réduite – sur laquelle, chez nous notamment, elle s’était en partie construite

Face à cela, invoquer le droit d’asile – la situation de guerre – les raisons économiques. Rechercher la responsabilité des « passeurs ». Arguer l’aveuglement, l’ambition, la cupidité, la mauvaise foi ou l’incompétence des « politiques »- toutes tendance confondues – depuis des lustres. Observer que nos élites intellectuelles fuient vers des cieux plus cléments. Et ceux qui « en ont les moyens », des cieux plus ensoleillés. Sans véritable détermination ni volonté réelle d’y remédier, tout cela procède de gesticulations aussi vaines et inutiles, que , chez nous, les incantations rituelles des chantres de la gauche saint-sulpicienne, les rodomontades de l’extrême-gauche ou celles, « va-t’en guerre » de la droite. Quant à l’extrême-droite , dans la situation actuelle, non seulement elle ne fait plus peur aux Français. Mais beaucoup l’attendent ! Beaucoup l’espèrent ! En vain !

En vain car elle ne pourrait que précipiter un affrontement – voire une guerre civile – qui, dans la diversité actuelle des états européens, ne résoudrait rien, mais risquerait d’aboutir à une guerre – tout court – entre eux !

Bref, peu d’espoir du coté de nos « politiques » qui continuent de danser sur ce baril de poudre – Pontacq aujourd’hui tous unanimement préoccupés par des stratégies électorales génératrices d’affrontements – futiles dans le contexte présent – quant il faudrait trouver les termes d’une véritable union sacrée.

Seule issue possible face au scénario d’une catastrophe annoncée qui n’épargnera personne. D’urgence !

Maurice Meireles

Réflexions à partir de réflexions

imgresUn des derniers articles parus dans Alternatives Pyrénées porte le titre de « Démocratie à la française » il est signé de Daniel Sango. Il y est question de la gestion par les élus de certaines collectivités territoriales et principalement des Régions. L’auteur y fustige avec son style direct, le comportement de ceux qui n’ont d’autre ambition que d’être ré-élus. Le forum consacré à cette publication est particulièrement dense et comporte des réflexions d’un haut niveau. En premier lieu celle de M. Georges Vallet qui, me semble-t-il pose les questions fondamentales.

 Permettez donc M. Vallet, que conformément à un usage je cite vos phrases. Vous écrivez :

     – Les constats, répétés régulièrement, sont connus et partagés par la plupart des citoyens.

Il est exact de dire que ces constats sont répétés régulièrement, mais à mon avis, ils ne sont pas connus et partagés par la plupart des citoyens comme vous l’affirmez. Récemment je me trouvais en compagnie de différentes personnes que l’opinion situe généralement dans les classes moyennes, voire aisées et plutôt au fait de l’actualité. Il y avait là pour être plus précis, des médecins, des dentistes, des notaires, des fonctionnaires de la catégorie A.  Peu d’entre eux savaient ce qu’est la loi NOTRe. Peu d’entre eux savaient ce qu’est la compétence générale. Aucun ne savait à quelle date sont programmées les élections régionales et leur mode de scrutin. Une très faible minorité savait que le nombre des régions devait passer de 22 à 13. Je pourrais ainsi citer d’autres exemples de ces manques de connaissances. Ces gens réputés être informés le sont sans doute davantage que d’autres électeurs n’ayant pas un accès aussi facile  à l’actualité politique. Et pourtant tous votent ce qui est la règle démocratique et il faut s’en réjouir.

       – Pour avancer il faut aller au-delà. J’entends par proposition, non pas ce qu’il faudrait faire mais comment le faire !

Tout à fait d’accord avec vous. Mais la première démarche n’est-elle pas d’informer, de dire et de redire que le comportement des politiques qui promettent, s’engagent et ne tiennent ni leurs promesses ni leurs engagements doit être dénoncé. On peut, et sans doute doit-on, être des utopistes et imaginer que ces écrits polémiques, certes, ont une utilité dans la mesure où ils décilleront (dessilleront) les yeux des électeurs et éclaireront leurs choix. Le premier principe est certainement de se faire entendre par des écrits mais également par des participations à des réunions ou colloques. Le pire serait de se taire, de ne rien écrire et de se fondre dans la masse des indifférents qui ne se soucient que de leur confort personnel. Ces citoyens à courte vue sont ceux qui ont décidé que s’abstenir de voter était une réponse. C’est certainement l’attitude qu’il ne faut pas adopter car elle résulte d’un découragement.

     – Les propositions évoquées visent-elles à promouvoir une révolution ? En France, on sait faire, mais cela ne me semble pas un investissement à conseiller !

Alors que faire ? Nous avons maintenant une certitude c’est que les politiques sont conscients du sentiment de rejet que leur comportement est en train d’entraîner dans l’opinion publique. Pour autant il n’est pas raisonnable de fustiger tous les élus de la même manière, certains ont le sens de l’Etat, il serait souhaitable qu’ils soient plus nombreux. Pour ma part, je considère, vous le dites également, que la décentralisation doit être repensée et que l’autorité de l’Etat est actuellement insuffisante pour permettre une réforme de nos institutions. Sommes-nous des révolutionnaires ?

Que nous reste-t-il ? Sinon dénoncer, répéter pour convaincre et cela sans se décourager.

En tout cas Merci M. Vallet pour vos réflexions qui enrichissent notre publication.

Débattre c’est prendre le risque de changer d’avis. (Raymond Aron)

 

Pau, le 21 août 2015

Par Joël Braud

Les godillots de l’Agglo

dictature  La ville de Pau a un Maire Président du Mouvement des Démocrates. Ne le serait-il pas ?

Depuis son arrivée à la Mairie de Pau, François Bayrou, pris par la folie des grandeurs, est devenu André Bayrou. Alors que lors des dernières présidentielles il préconisait une rigueur budgétaire réaliste pour une France endettée au delà du raisonnable (« Bayrou apprend l’arithmétique » AP du 23/1/2012): Il n’y va pas par quatre chemins : « il faut redresser les comptes de 100 milliards d’euro, 50 milliards de coupes budgétaires et 50 milliards d’impôts supplémentaires, ceci en deux ans » « Les dépenses de la nation budget de l’Etat et dépenses sociales doivent être diminuées de 5% » soit 50 milliards sur un total de 1050″ …, il rajoute que « ce n’est pas avec une diminution de 5% des dépenses que la France va s’arrêter de fonctionner… »

Le voilà maintenant qui mène à Pau une politique de dépenses inutiles tous azimuts, basée sur la démagogie. Clientélisme vers les supporter de la Section Paloise, les abonnés de l’orchestre Pau Béarn, les clients du Méliès, …etc. Ceci est d’autant plus grave que les finances de l’agglomération sont exsangues. Le dernier audit des finances de l’agglomération paloises par le cabinet Michel Klopfer montre une grave dégradation, l’épargne brute est nulle en 2020 et au plan comptable l’équilibre budgétaire n’est plus atteint dès 2017…. Et l’agglomération c’est avant tout la ville de Pau (« André Bayrou Maire de Pau » AP du 5/01/2015 ).

Messieurs les Maires de l’Agglomération, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas… Contribuables palois votre calvaire ne fait que commencer ! Les impôts de la ville de Pau ne baisseront pas, contrairement aux promesses de campagne et resteront parmi les plus hauts de France. Les sources d’économies, pourtant nombreuses et évidentes comme au niveau d’une masse salariale démesurée, accompagnée d’un absentéisme indécent, sont oubliées, démagogie avant tout !

En plus, F. Bayrou se montre sous son vrai jour d’autocrate. Il décide seul. Conseillers communautaires, à quoi servez vous ? Il décide de la politique de l’Agglomération (CDAPP) où, certes, il dispose d’une majorité. Par exemple, la politique culturelle de l’Agglo qui est une compétence forte, n’est même pas définie clairement. Il en est de même pour celle des déplacements où le PDU en cours a été adopté par la majorité précédente sans que l’on sache où la CDAPP veut aller aujourd’hui, ce qui est cocasse pour un Plan de Déplacement Urbain ! Et ne parlons pas de son plan de financement du Stade du Hameau, où le Département et Région devraient mettre la main à la poche.

Mais cette tendance autocratique est bien connue, au MoDem, ou avant à l’UDF, quand François Bayrou en était le Président, entraînant la fuite de tous les caciques et adhérents du parti. André Santini en 2007 :

« ‘Bayrou m’a tuer’ pourrait dire l’UDF dont l’acte de décès a été signé ce week-end à Villepinte. L’UDF, c’était en 1988, 130 députés, 14 conseils régionaux, 50 conseils généraux. En 2007, c’est 2 députés, aucun conseil régional, moins de 5 conseils généraux.

Jean Arthuis, sénateur UDF :

« Je pense que son mode de fonctionnement n’est pas démocratique. Progressivement, il a concentré le pouvoir entre ses mains. »

Jean François Khan dont la démission après son élection (MoDem) aux européennes l’honore :

« Il a été vaincu par un moi qui a étouffé le nous »

Au delà de ce comportement autocratique bien connu on est effondré devant le peu de combativité de l’opposition municipale. Où est l’indispensable débat démocratique ? N’auriez vous donc des choses à dire qu’en période électorale ? Il faut dire que David Habib qui aurait dû être l’animateur de cette opposition municipale se moque bien des électeurs. Après avoir fait cocu ses administrés de Mourenx, il démissionne de son poste de Conseiller municipal à Pau, et le voilà maintenant qui se présente aux suffrages des électeurs de … Sarpourenx ! Tout cela pour reprendre en main l’intercommunalité Lacq Orthez.  Il se comporte exactement comme l’a fait François Bayrou avec André Labarrère, chacun chez soi avec son fromage, au mépris de ses électeurs. Et il faudrait que les citoyens aient une bonne opinion de leurs élus ?

Et vous, les Maires de l’Agglomération ? Seul Jean Yves Lalanne réagit, il a du lire Alternatives Pyrénées « La folie des grandeurs » AP du 19/5/2015) mais que disent les autres Maires ? Là, silence gêné. Ils sont vraiment les godillots de l’Agglo…

Et puis, concernant le fonctionnement dans l’équipe municipale ce doit être rigolo… les adjoints doivent apprendre les décisions en lisant La République… Si on pouvait lire dans les pensées des Conseillers UMP ou de Marc Cabanne, on y trouverait des choses intéressantes… Bon, vous n’êtes pas des ingrats, François Bayrou vous a trouvé un siège pour aller vous défouler au Conseil Départemental, et vous pouvez toujours aller voir ce qui se passe dans les réunions de quartier…

Jusqu’à quand ? Un éclatement de cette coalition est probable, tiendra-t-elle jusqu’aux présidentielles ? Surtout si François Bayrou qui n’a toujours pas entendu Daniel Cohn-Bendit (« eh bien mon pote, tu ne seras jamais Président de la République… »), se présente simultanément avec son ami Sarkozy …

Au delà de cette absence de débat démocratique par les acteurs politiques dont c’est pourtant la vocation, il ne faut pas compter sur les médias locaux pour jouer ce rôle. Il est d’ailleurs curieux que nos journalistes professionnels renoncent à assurer le débat d’idées, à jouer leur rôle d’investigateurs, qu’est-ce qu’ils doivent s’ennuyer !

 par Daniel Sango

Intouchables

imagesUne récente émission de télévision nous a rappelé que, bien que l’égalité fut inscrite dans leur Constitution depuis plus de 60 ans, les Hindous continuaient de pratiquer une ségrégation, prétendument inspirée par les dieux – réellement imposée par la caste « supérieure » des brahmanes  qui, à leur gré, déterminent qui, par rapport à eux, est plus ou moins pur. Et, tout en bas, par nature, impurs : les Intouchables !  25% de la population, si impurs que leur seul contact impose une « purification formelle ».

 Chez nous si depuis quelque temps, certains «  s’autorisaient » déjà à   distinguer les partis républicains de ceux qui, pour eux, ne l’étaient pas. Aujourd’hui, à l’approche des élections, ces « brahmanes » en sont   à qualifier le degré de pureté démocratique  de certains de leurs concitoyens ! Et, sur ce point, notre premier ministre qui, jusqu’à présent recueillait la sympathie d’une majorité de Français, devrait retrouver un peu plus de modestie et de mesure.   Après l’emploi, controversé, du mot « ghetto »  quant il aurait sans doute  fallu dire « casbah » ( mais…), s’efforcer d’entretenir la confusion étymologique, entre République  et Démocratie. C’est oublier que si la première ne résulte que d’un mode d’administration, la seconde relève d’un principe que ni lui, ni personne, pour quelque raison que ce soit, et surtout pas à   l’occasion d’élections,  n’a à réinventer à sa guise.

La Démocratie  n’a pas à se mettre au service de telle faction ou de tel parti plus ou moins momentanément majoritaire. Sauf à se renier, elle a le devoir de nourrir un débat dont personne, quelles que soient ses idées, son point de vue, sa religion ou sa couleur ne peut être exclu. Débat dont, c’est sa force et sa faiblesse, la Démocratie ne peut qu’espérer en sortir renforcée. A cet égard, faire de certains des « intouchables »,   c’est non seulement incroyablement méprisant, mais certainement pas le meilleur moyen d’y parvenir !

 

                                                                                Maurice Meireles