Parle-m’en

Je veux bien t’en parler, mais ce sujet m’a autant attristé qu’amusé. Il s’agit d’une séquence diffusée sur la chaîne 27 d’information publique en continu il y a quelques jours.

Les présentateurs avaient prévenu le téléspectateur : on allait bien s’amuser. A priori, la réforme constitutionnelle n’a rien de très affriolant. Mais il s’agissait de montrer la réaction du député béarnais Jean Lassalle. Certes, son accent rocailleux, sa truculence et son emphase ont de quoi susciter des sourires. Mais des sourires de parisiens, méprisants, fermés à toute différence, et de ce fait attristants. Pour certaines personnes, le contenu importe peu, seule compte la façon de l’exprimer. Ainsi, il suffirait de bien enrober des propos ignobles pour les rendre acceptables, voire attrayants.

Bien sûr, il n’échappe à personne qu’en s’opposant vertement à la réduction du nombre de députés, Jean Lassalle prêchait pour sa paroisse (ou sa prébende). Il n’a pas totalement tort en affirmant que la réduction du nombre de parlementaires va aboutir à une moins bonne représentation du corps électoral. Mais force est de constater que la représentation nationale n’est pas un reflet fidèle du pays en matière de couches sociales ou de tranches d’âge.

Mais ce qui importe avant tout n’est-il pas le travail parlementaire, la prise en compte des problèmes de la nation ? Ne faudrait-il pas inclure dans ce travail le toilettage de nos lois et le suivi de leur application afin de les rendre plus lisibles et plus efficaces ?

Pour cela, le nombre ne fait rien à l’affaire. Il peut au contraire ralentir le travail du parlement par une multiplication intempestive des amendements. Les Français sont majoritairement favorables à la réduction du nombre de parlementaires. En revanche, il serait bon d’établir des règles simples pour les élections des députés. Par exemple en désignant un député par département élu à la proportionnelle, soit un peu plus de 90 députés élus ainsi sur 400 ou 404, ce qui serait plus significatif que 15%, et plus conforme à des engagements pris par MM. Macron et Bayrou. Bien sûr, il faudrait des dispositifs pour que la péréquation soit équitable, par exemple en l’établissant sur une base nationale ou régionale, mais ce n’est pas le fond de la question.

Illustrons cette question du nombre de députés par l’exemple de ce lundi 9 avril : seuls 94 députés étaient en séance, soit environ 5 absents sur 6. Il s’agissait pourtant d’une question brûlante, celle de la SNCF, en ces jours où le pays est presque paralysé par la grève des cheminots. N’était-ce pas l’occasion de faire des propositions concrètes et constructives et d’éviter des ordonnances qui brusquent les parties concernées ? Par exemple en faisant un travail d’investigation sur les facteurs qui plombent les finances de la SNCF : le fait que seulement 41% des sommes affectées au réseau aille à l’investissement tandis que 59% aille aux intérêts financiers, le fait que les employés soient peu polyvalents par comparaison avec les employés du rail dans d’autres pays (alors que la diversité du travail pourrait être intéressante pour les travailleurs eux-mêmes). Sans compter qu’une enquête objective sur les avantages des cheminots éclairerait l’opinion publique, qui pourrait comprendre qu’en raison des troubles de la vie familiale, accorder des billets gratuits aux familles des cheminots soumis à des déplacements ou des horaires décalés ne serait que justice, surtout s’ils sont limités aux périodes hors des périodes de pointe (donc quasiment gratuits pour la SNCF). Quant aux départs à la retraite, bien plus pesants dans l’équilibre financier de la SNCF, ne devraient-ils pas tenir compte de l’évolution de la démographie, comme cela a été fait pour l’ensemble des salariés ? De plus, avec une réduction progressive des jours en déplacement au cours d’une carrière, on pourrait tenir compte des impératifs de sécurité et d’humanité (l’espérance de vie d’un cheminot n’est pas la même que celle d’un travailleur sédentaire) et recycler le personnel vers des tâches plus sédentaires pour faire diminuer la masse salariale et le coût des retraites.

Oui, je te parle de cela, car il y a du travail pour les députés, et encore plus avec les questions d’éducation, de justice, de santé et j’en passe!

Paul Itaulog

Politique et morale.

Le désamour dont est victime François FILLON depuis les révélations relatives à la rémunération de son épouse en tant qu’attachée parlementaire exprime l’attachement populaire à la moralisation de la vie politique. Il est évident que les dénonciations dont il a fait l’objet ont été orchestrées par ceux qui avaient intérêt à lui ôter le bénéfice des sondages qui lui accordaient la victoire à l’élection présidentielle.

Mais il n’aura échappé à aucun esprit averti qu’il n’a fait l’objet d’aucune attaque de la part de parlementaires de gauche. C’est que dans ce marigot les crocodiles n’entendent pas s’en faire éjecter.

Le linge sale ne se lavant plus en famille, notre ministre de l’intérieur se voit contraint de démissionner tout simplement parce que désormais l’omerta s’effondre.

Parviendra-t-on à une réconciliation absolue entre morale et politique ? Rien n’est moins sûr ! Quel pays aurait accepté qu’un président de la république entretienne une maîtresse et une fille adultérine aux frais du contribuable, qu’un autre président soit poursuivi et condamné pour des emplois fictifs, tout comme son premier ministre ou d’autres élus pour établissements de fausses factures. Notre silence se fait complice de cette turpitude dont on n’entrevoit pas les limites.

Et ce n’est pas le spectacle que nous offrent nos élus qui va réconcilier les Français avec la politique. En effet que voyons nous, entre autres ?

D’abord la faillite des primaires. D’un côté, François FILLON invité par certains amis à se retirer de la compétition. De l’autre, Benoît HAMON abandonné par Manuel VALLS et de nombreux parlementaires de gauche ou écologistes au profit d’Emmanuel MACRON, le poisson pilote du président HOLLANDE, auquel se raccroche le maire de PAU qui ne craint pas de se retrouver avec ces derniers dans l’espoir évident de décrocher un portefeuille ministériel.

Et puis des aveux, oh certes discrets, pour ne pas mettre l’électorat en ébullition, tels ceux de Patrick STEFANINI, ancien directeur de campagne de François FILLON qui, en l’abandonnant en cours de route, confesse que ce dernier est victime d’un système consistant à accorder aux parlementaires des compléments de rémunération à travers l’indemnité pour l’embauche d’attachés parlementaires. Sans doute voulait-il évoquer surtout l’indemnité représentative des frais de mandat (IRFM) dont le dernier chiffre connu est de 5770 € mensuels. Allocation non imposable et utilisable sans justification. Mieux même, jusqu’en 2015, certains ont cru possible de s’en servir aux fins d’achat d’un bien immobilier censé abriter leur permanence. Et personne encore n’a dit ni que l’opération constitue un usage abusif de fonds publics, ni que ce bien doit être immédiatement remis à l’État.

Et la réserve parlementaire ? 130.000€ par an à la disposition de l’élu pour subventionner toute personne de son choix, procédé habile de clientélisme.

Et combien d’autres avantages ? Retraites, prêts à des taux préférentiels, carnet d’adresses…

Le pire est le système électoral porteur de toutes les combines. Avec un scrutin à deux tours et les désistements qui en découlent, l’élection est faussée. Ce n’est pas le gagnant du premier tour qui en sera vainqueur, mais celui qui aura su, au prix de contorsions multiples, à obtenir des soutiens compensés par ailleurs.

Reste l’hypocrisie de l’élection présidentielle. Comment, au pays de DESCARTES, a-t-on pu imaginer que le président élu aurait systématiquement une majorité parlementaire pour soutenir son projet ?

Quel raisonnement logique doit conduire à cette fatalité ? Sans compter qu’une majorité systématiquement pour et une opposition systématiquement contre rend illusoire le débat démocratique ! L’alternance, voilà le grand mot de ceux qui veulent accéder aux responsabilités. Et l’on revient de fait au bipartisme dans lequel la majorité n’a rien à concéder à l’opposition dont le rôle devient dérisoire. Ne nous étonnons pas de l’écœurement des électeurs qui ne s’exprime, hélas, que par leur silence : l’abstention. Gare, toutefois, à leur réveil. Des dirigeants roumains capitulant, une présidente sud-coréenne destituée et un gouvernement islandais contraint à la démission sont des signes encourageants pour l’avenir démocraties.

Pierre ESPOSITO
Ancien bâtonnier du barreau de PAU

Crédit photo : la croix.com

Pilleurs d’État

imagesVoilà un livre décapant. Son auteur, Philippe Pascot l’a publié aux édition Max Milo (19,90€) en avril 2016. Quelques notes de lecture pour ceux qui, comme nous à Alternatives Pyrénées, refusent d’admettre que la principale préoccupation des élus est l’intérêt général. Quelques extraits pour vous donner envie d’en savoir davantage.

En préambule, comme l’auteur l’écrit lui-même, il faut savoir faire la part des choses : «On ne le dira jamais assez, tous les parlementaires ne sont pas pourris. C’est même une minorité d’entre eux, mais force est de constater qu’ils profitent d’une mansuétude complice de la majorité de leurs collègues ».

Cet avertissement étant dit, soulignons que l’auteur n’est pas un néophyte de la vie politique, il l’a côtoyée abondamment et a approché nombre de ces turpitudes qui finissent par disqualifier une classe politique. Il faut bien admettre qu’en ce moment dans notre pays, la France, cette classe ou caste ne jouit pas d’une réputation bien glorieuse.

La France y est décrite comme le numéro un mondial du nombre d’élus par habitant. Ce nombre dans notre pays ne cesse d’augmenter depuis 1789. On n’arrive plus à comptabiliser les élus intercommunaux. La Direction générale des collectivités territoriales avoue ici son impuissance. Dans le même ordre d’idée le nombre de parlementaires est actuellement, oui actuellement car cela peut encore évoluer, de 577 députés et 348 sénateurs. Ce qui donne un ratio d’un parlementaire pour 49 000 électeurs ou si vous préférez un pour 70 000 habitants. Nous avons 30% de parlementaires de plus que l’Allemagne. Ajoutons à tout cela 78 députés européens, 2 040 conseillers régionaux, 4054 conseillers départementaux, 36 785 maires et 636 519 conseillers municipaux.

Mais pourquoi le nombre d’élus est-il chez nous en constante augmentation ? Pourtant tout le monde reconnaît que nous en avons trop or il n’y avait que 301 sénateurs en 1958, année de la mise en place de la constitution de la cinquième république. Il y en a aujourd’hui 348. En 1962, il y avait 482 députés, ils sont passés à 487 en 1966 pour arriver à 577 aujourd’hui. Certains départements ont connu une baisse de leur population, cependant le nombre des députés n’a pas baissé.

En Europe, c’est le député français qui reçoit les indemnités (différentes) les plus élevées : 162 146 euros en France contre 139 644 euros en Allemagne et 105 188 en Grande Bretagne. Pour mémoire l’Allemagne qui comptait 35 000 communes a réduit ce nombre à 12 291. Et dans ce pays les élus municipaux ne sont pas rémunérés.

Ce livre, particulièrement instructif, fourmille de ces données qu’on a peine à croire. Vous y découvrirez aussi ce que l’on peut appeler les petits arrangements entre amis , les pensions de réversion des élus etc. etc.

Alors si vous appartenez à cette catégorie de citoyens qui désirent s’éveiller pour paraphraser quelqu’un que je connais …

 Pau, le 22 juin 2016
 par Joël Braud

Il y a TOP et TOP ?

troubles2Un véritable tsunami s’abat sur le monde politique, élus ou pas, ainsi que sur le secteur publique : caste, gabegie, ambition, pouvoir, cumulard, oligarque, grassement payé, opacité, inaction à 90%, profiteur, dilapidateur à gogo et gaspilleur de l’argent des impôts, incapacité, gestion calamiteuse.., aucun comportement n’est jugé sérieux.

Nettoyage et suppression sont les deux mamelles de la résurrection:

Sénat, parlementaires, départements, cantons, députés, communes, Conseils, Commissariats, fonctionnaires, suppression de tout salaire, frais et autres, pour les élus…. (en ne citant que des propos tenus sur le site !).

Il n’est absolument pas dans mon intention de porter un jugement de valeur sur ces affirmations, j’en laisse la responsabilité à leurs auteurs. Je souhaite seulement faire quelques remarques :

Première remarque :
On est passé de l’esprit critique enseigné à l’Ecole : salutaire, améliorant et constructif, à l’esprit de critique, hypercritique même, diffusé dans les médias et les réseaux sociaux : néfaste et destructeur.

Deuxième remarque :
A l’inverse de la considération de la Technologie où on ne conserve que le supposé positif, ici on ne conserve que le négatif !

Troisième remarque :
Ces «besoins !!!!»une fois appliqués, c’est la fin de la Constitution, de la démocratie représentative, peut-être même de la République !

Que mettre en place après le grand nettoyage ?

Avant de tout détruire, ce qui est toujours très facile, ne faudrait-il pas trouver la même détermination et le même consensus pour construire un projet alternatif ? Or, ce n’est pas abordé, et ce n’est pas gagné, tant les affirmations péremptoires sont différentes et parfois contradictoires :

démocratie directe, tirage au sort des représentants, anarchie, totalitarisme……?

Quatrième remarque :
Même si des critiques sont justifiées, l’hyperactivité destructrice de ce déferlement continu d’une telle ampleur, débouchant fatalement sur le «tous pourris», ne peut que satisfaire certains qui profitent de ce désarroi pour enfoncer le clou, gonfler un électorat potentiel inconscient, et ouvrir l’espoir d’un faux vrai avenir serein. J’ose espérer que ce n’est pas le cas et que l’objectif est plus noble, celui de monter la société vers le haut (lu sur le site). Comme cela ne transpire vraiment pas dans les propos des médias et les réseaux sociaux, je suis inquiet; il serait temps d’y réfléchir !

Cinquième remarque :
Encore une fois, on veut traiter un problème particulier en ignorant ou en voulant ignorer le problème général.
On s’attaque, séparément et en désordre, à : l’inégalité, le logement, les impôts, l’âge de la retraite, l’école, le harcèlement scolaire, le chômage, l’exode fiscal, la délocalisation, l’immigration, la violence, le terrorisme, l’anti-sémitisme, l’anti-islamisme, le Diesel, le réchauffement, les inondations…..,

l’incapacité coupable des politiques.

Avant, c’était identifiable et corrigeable localement, maintenant c’est planétaire et tout se tient ; il faut donc changer de raisonnement.

Dans un combat aussi général, renforcer un front en négligeant les autres fronts,
vouloir morceler pour résoudre le général,
ce n’est pas la solution.

Tous ces hommes et toutes ces femmes, engagés dans des fonctions publiques ou privées, politiques ou pas, souvent bénévolement dans les communes, sont issus de notre société, désignés même, pour les élus ; ils en sont la copie conforme ; ils ont les mêmes qualités, les mêmes faiblesses, les mêmes défauts.

Ils ne sont donc pas la cause du dysfonctionnement, ils en sont la conséquence.

Le problème mis en exergue résulte du fonctionnement général de notre société ; le changement passera par la volonté de «la base», donc de chacun, d’œuvrer pour un nouveau développement et la mise en place d’un autre projet de société.
La priorité à combattre est le culte de la compétition, de l’individualisme, du meilleur, du plus beau, du plus riche, puissant, du plus fort, du plus astucieux, du plus filou, des relations hiérarchiques et dominantes, de la compétitivité, de l’élimination du plus faible…. Tous les défauts relevés, toutes les critiques réalisées, sont présents autour de nous et facilement transposables partout ailleurs : commerce, finance, entreprises, pharmacie, médecine, secteur du bâtiment, professions libérales,…..On y trouve la même opacité, les mêmes profiteurs et cumulards, les mêmes oligarques, les mêmes incompétents….

En ce qui concerne l’opacité, des domaines s’avèrent aussi coûteux, si ce n’est plus, sur le budget de l’Etat, que le dysfonctionnement du millefeuille et de nos politiques, ce sont les conséquences de :

  •  L’absence totale d’une volonté de transparence sur les causes, afin d’y remédier, de la pollution : chimique, physique et psychologique, du réchauffement…..L’absence totale de transparence sur la gestion des grandes entreprises du CAC 40. Cash investigation sur France 2, mardi dernier, a ouvert une petite brèche dans l’univers très fermé de «Sanofi», «Les pages jaunes», les dessous vraiment pas clairs de la fermeture de l’usine«Samsonite»à Hénin-Beaumont.
  • Pour Sanofi par exemple, en 2013 :
    >6 milliards de bénéfices.
    >3638 milliards versés aux actionnaires.
    >125 millions versés par l’Etat dans le cadre du CICE et du crédit d’impôt recherche.
    >4000 emplois supprimés dans le domaine de la recherche !
    + Le financement des 125 millions est assuré par nos impôts.
    + Le remboursement par la Sécurité sociale des médicaments fabriqués par Sanofi pour soigner les conséquences pathologiques : physiologiques et psychologiques, sur les licenciés, est également pour nous.
    + Tout emprunt public requis pour financer le régime d’assurance chômage doit faire l’objet d’une garantie de l’État.
  • Areva, le fleuron du nucléaire français, affiche 4,9 milliards d’euros de pertes en 2014 ; l’Etat détient 87% des parts !
    Heureusement, le nucléaire, c’est moins cher !

Cela ne signifie absolument pas qu’il faille se taire ou laisser faire nos politiques mais il conviendrait de prendre conscience du tout, de ne pas limiter les cibles et de respecter la hiérarchie des priorités.

Avec la même persuasion, persévérance et intensité, que nous critiquons : informons, éduquons, dénonçons et agissons, chacun suivant ses moyens, auprès de tous, en parallèle, pour activer «le grand nettoyage», dans les esprits et dans les faits, de l’essentiel, c’est-à-dire de la politique environnementale irresponsable, industrielle calamiteuse, économique chaotique et non durable, financière spéculative, sociale inhumaine : ambiante, nationale, européenne et mondiale.

Après, la politique suivra automatiquement.

Conditionnée par cet impératif d’être toujours au TOP, partout et tout le temps, je me demande si notre société, en pleine crise d’un humanisme adolescent, ne se trompe pas de TOP.
En effet, le trouble oppositionnel avec provocation (TOP), tel qu’il est décrit, est un
ensemble de comportements négativistes, hostiles ou provocateurs envers des figures autoritaires :

  • Contestation et colère souvent persistantes, tempérament difficile.
  • Fait porter à autrui la responsabilité des mauvais comportements ou des erreurs.
  • Hyperactivité.
  • Perception très négative de l’autorité.

Le rapport ne peut échapper à personne. Pathologie innée ou acquise ? C’est l’incertitude !

– par Georges Vallet

crédit photo: douance.be