Comment la France a tué ses villes

comment-la-france-a-tue-ses-villes« Comment la France a tué ses villes »* est le titre du livre écrit par Olivier Razemon. Au moment où, à Pau, nous apprenons la fermeture de plusieurs commerces comme Le Comptoir Carnot et la Concha, des questions se posent. La situation de notre ville est-elle une exception ? Existe-t-il des solutions pour sauver les commerces des centres villes ? Ce journaliste indépendant (Le Monde), reconnu comme un expert de la ville et de la mobilité, nous apporte un éclairage.

Les exemples ne manquent pas des centres urbains touchés par ces fermetures commerciales. La ville de Vierzon est citée et est qualifiée de « mouroir commercial ». La rue Lafayette de Landerneau est devenue « la rue Lafaillite ». Chaque année, au mois de juin, Procos, la fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce, publie, pour les 300 plus grandes villes françaises, le taux des vacances commerciales.

Ainsi, nous apprenons que ce taux est de 9,5%, soit un point de plus qu’en 2014 ; 1,7 point de plus qu’en 2013 et 2,3 points de plus qu’en 2012. Autrement dit la tendance, ne faiblit pas. Ce taux est de 11,1% pour les villes de moins de 50 000 habitants et de 11,3% pour celles de 50 000 à 100 000 habitants. Le seuil de 10% est considéré comme le seuil d’alerte. Mais un phénomène nouveau apparaît puisque désormais les surfaces commerciales périphériques sont également touchées. Une exception, la ville de Saint-Jean-de-Luz.

Dans le même temps, selon l’expression d’Olivier Razemon, « l’habitat se nécrose » dans les centres ville. Selon l’INSEE (map.datafrance.info) la part des logements vacants est évalué à 7,56% pour l’ensemble du pays. En 2012, il dépassait 10% dans certains départements. Ce taux de logements vides enregistre une progression régulière, elle a été de 1,2% entre 2006 et 2012. A Pau ce taux atteint 8% et 9,5% dans l’hyper centre.

Apparaissent alors ce que l’auteur nomme « des commerces éphémères ». Ainsi avec les cybercafés, les bars à sourire, les vapotages, les fast-foods halal, les bijoux fantaisie, la nutrition sportive, les tatoueurs, le commerce urbain change de visage.

Les bus urbains, pour une raison difficile à déterminer et malgré une dé-motorisation individuelle, demeurent souvent vides. Les transports publics n’ont jamais été un secteur rentable, ils coûtent cher à la communauté.

Face à ce constat, existe-t-il des solutions ? Olivier Razemon cite quelques possibilités :
Stopper la prolifération des zones commerciales ;
taxer les parkings des hypermarchés ;
rendre le centre-ville aux piétons ;
valoriser davantage les transports publics ;
privilégier les commerces de proximité.

Ce livre qui doit paraître prochainement (mi octobre) contient, à n’en pas douter, une réflexion riche qui concerne des villes comme Pau. Il nous permettra non pas de nous résigner, mais de constater que nous ne sommes pas un cas unique et que sans doute, il existe des solutions à cette désertification.

Un livre pour ceux qui sont soucieux de l’avenir de notre ville, à lire absolument.

Pau, le 21 septembre 2016
par Joël Braud

*Éditions : Rue de l’Échiquier – collection Diagonales – 208 pages – 18 € – A paraître le 13 octobre 2016.