Disqualification

Habituellement, ce terme de disqualification est utilisé dans le langage sportif. Ici, il concerne plutôt le monde des politiques objet d’un discrédit persistant. Les gilets jaunes les conspuent et osent s’attaquer à leur image. Les élus de tous niveaux sont-ils vraiment conscients de l’ampleur de ce rejet ?

Que des permanences de députés soient l’objet de dégradations, que certains, et il faut le regretter, se voient adresser des menaces, qu’un ministre doit être exfiltré pour garantir sa sécurité physique est déjà symbolique. Cependant il existe d’autres éléments d’appréciation qui viennent confirmer cette ambiance. Ainsi dans le Journal du dimanche du 6 janvier 2019, figurait un sondage de l’IFOP donnant des résultats significatifs. Questionnés sur les cinq mesures qu’ils jugent les plus importantes à prendre, les sondés répondaient :

-82 % réduction d’un tiers du nombre des parlementaires ;

-80 % prise en compte du vote blanc lors des élections ;

-80 % référendum d’initiative citoyenne ;

-77 % rétablissement de l’I.S.F. (dont 61 % des LREM) ;

-74% la proportionnelle aux élections législatives.

Le fait que la diminution du nombre des parlementaires arrive en tête de ce classement avec un si fort pourcentage, est en soi bien évidemment lourd de sens. On peut toujours critiquer un sondage et dire qu’il ne reflète que l’opinion d’un instant, il n’en demeure pas moins qu’il traduit en la circonstance le sentiment que les parlementaires sont trop nombreux et partant inutiles.

Ce sondage présente un autre intérêt. Dans le fatras des revendications formulées par les manifestants, il faudra bien un jour savoir les classer par ordre d’importance et surtout de faisabilité. C’est un premier pas qui va dans ce sens. Il appartiendra, le moment venu à ceux qui sont en responsabilités de savoir en tirer parti.

Les maires qui se disent des élus de proximité très à l’écoute de leurs administrés ont ouvert des cahiers de doléances accessibles à qui veut. Ils recueillent par ce moyen, sinon toutes les revendications, du moins les inquiétudes et insatisfactions de ceux qui osent s’y exprimer. Celles-ci sont à la fois diverses et bien souvent inattendues. Il faut bien admettre que si ces édiles avaient réellement été à l’écoute des préoccupations de leurs administrés, comme ils le prétendent, et avaient su être entendus au plus haut niveau, il n’auraient pas eu besoin de cet artifice pour connaître ce qui motive la colère actuelle. Enfin en se prêtant à cet exercice, ils répondent à une demande du pouvoir central. Nul doute que cette démarche, aussi honorable soit-elle, ne débouchera pas sur grand chose. Seront-ils alors les plus qualifiés ?

Alors puisqu’il faut écouter le citoyen, a été réactivée sous le présidence de Chantal Jouanno, la Commission Nationale des Débats Publics (CNDP), qui a pour but de récolter toutes ces revendications. Une vaste consultation qui va coûter au contribuable la somme de 4 millions d’euros. Si l’ex ministre ne réussit pas elle aura de quoi se consoler avec un traitement digne des plus grands de la République. Ce qui, d’ailleurs au moment où les principales préoccupations des gilets jaunes portent sur le pouvoir d’achat ne manque pas de piquant. Bon courage à elle ! Il faut souhaiter pour la réussite de l’entreprise, qu’elle ne soit pas déjà disqualifiée.

Mais pour être honnête, il convient de ne pas oublier de dire qu’en exerçant des violences inadmissibles, les gilets jaunes nuisent à leur propre image et entrent eux-mêmes dans la spirale de la disqualification. Il faut maintenant que ces mouvements de foules incontrôlées par les organisateurs cessent et que s’ouvre le temps du dialogue. Mais les conditions sont-elles réellement réunies ?

De notre côté, à Pau, on entend François Bayrou qui, à l’occasion de ses vœux, affirme que les politiques ne sont pas responsables de la situation actuelle. On va le croire par politesse et parce que c’est le début de l’année. Samedi dernier 5 janvier, les gilets jaunes sont allés déranger les deux députés du coin, Josy Poueyto et Jean-Paul Matteï. Ils étaient en train de présenter leurs vœux à ceux qui méritent leurs égards dans un hôtel palois. Plus tard,  Matteï dira, lors d’une interview à France Bleu Béarn, qu’il fera tout pour être à l’écoute de ses concitoyens. En y pensant plus tôt, il n’aurait pas pris le risque d’être disqualifié.

Pau, le 7 janvier 2019

par Joël Braud

De la difficulté d’être maire

Il faut aller à la rencontre de ses électeurs. Les réunions de quartier sont faites pour cela. Comme celle qui a eu lieu vendredi 2 mars au Conservatoire de musique de Pau.

Là un impertinent, alors que personne ose poser la première question, demande : « Monsieur le Maire, avez-vous goûté l’eau du bassin extérieur du stade nautique en ces temps de froidure ? » Ce n’est pas qu’il veuille évaluer les capacités sportives du maire de la ville, car il ajoute : « A-t-on fait un bilan thermique de cet équipement ? Et pourquoi n’y a-t-il pas de panneaux solaires sur cet emplacement privilégié ? Ni même sur la terrasse du bâtiment du Conseil Général ? Et qu’en est-il du problème des dalles qui en été sont brûlantes ? »

Piqué au vif par la question sur le bâtiment du 64, François Bayrou avance un argument esthétique : « Ce bâtiment a cinq faces et doit pouvoir être vu du boulevard des Pyrénées. » (*) Pour ce qui est du stade nautique, dont il rappelle que c’est l’œuvre de la municipalité précédente, il laisse la parole à son fidèle lieutenant, Jean-Paul Brin. L’exposé de celui-ci est détaillé et magistral. Plutôt que de retenir un rafraîchissement des dalles par des brumisateurs situés sous les dalles, il préconise une aspersion par en-dessus ainsi que la pose d’un vélum sur une partie du bord du bassin. Un arrangement financier avec les assurances devrait intervenir.

Suit alors une ribambelle de doléances. Des feuilles sont restées sous des voitures après un élagage. Comme chaque année, des riverains de la rue de Navarre se lamentent sur leurs trottoirs. Le Maire répond que ce n’est pas la rue la plus mal lotie de France (et de Navarre). En fait, je trouve à cette rue un air tristounet, mais un peu de mousse lui va bien. Pour ce qui est du trottoir nord de la portion de l’avenue Trespoey comprise entre l’avenue Édouard VII et la rue de Béarn, il est vrai que sa largeur réduite (1,20 m) et l’avancée des capots des voitures gênent le passage des poussettes et des fauteuils roulants. Il faudrait 1,40 m. Et peut-être que les voitures en stationnement soient véritablement en épi. En attendant, va pour un banc public ! Cela fera peut-être venir les amoureux…

Plus loin, ce sont les pistes cyclables qui gênent le stationnement des voitures aux dires de certains riverains qui demandent que la nuit les voitures puissent stationner sur les pistes cyclables. Peu importe que les cyclistes soient en danger lorsqu’ils devront contourner les voitures en stationnement… Personne ne note qu’une solution originale a été instaurée sur une portion de l’avenue : le large trottoir a été partagé entre (rares) piétons et cyclistes. Elle pourrait être proposée ailleurs que là et que sur le boulevard des Pyrénées. Le sol n’est pas très roulant, mais cela n’a pas coûté trop cher et la sécurité est assurée.

Les habitants du quartier du Buisson se sont regroupés. Espérons que c’est pour défendre les magnifiques cerisiers à fleurs qui font l’enchantement des passants. Malheureusement, le temps des fleurs, comme celui des cerises est bien court.

Le temps n’a pas dû être trop court pour le Maire et les conseillers municipaux ainsi mis sur le grill. Espérons que des questions de plus grande ampleur seront abordées dans d’autres réunions. Il ne doit pas être facile de passer de la vaste question de la moralisation de la vie publique à la question des gravillons sur les trottoirs et des petites querelles entre voisins qui ne se parlent pas. Il m’est revenu en tête une réplique de Charles de Gaulle au cri (que je ne répéterai pas) d’un quidam : « Vaste programme ! » Devinez le cri.

Jean-Paul Penot

(*) J’ai du mal à croire qu’en orientant les panneaux vers le sud on ne puisse pas les habiller au nord de matériaux esthétiques, ardoises ou autres. Question d’exemplarité.