Contribution à une réflexion sur l’école.

laicite-160x130Le choc que nous venons de vivre est le résultat d’un séisme dont les enregistrements sismologiques avant-coureurs étaient connus depuis longtemps, souvent répétés, mais mis systématiquement de côté pour de nombreuses raisons, difficilement recevables ! Nos politiques, reflet d’une population ouverte à ses problèmes immédiats, n’a pas voulu suivre l’évolution démographique et multiculturelle qui se produisait et s’accélérait, phénomène qui, compte tenu de l’évolution internationale, va encore se poursuivre et s’amplifier. Comme dans beaucoup de domaines, on attend que l’entreprise soit en faillite pour chercher la solution au lieu de prévoir à l’avance des mesures d’accompagnement. On retrouve la même démarche dans le domaine politico-socio-environnemento-économico-financier où les signaux d’alerte sont de plus en plus nombreux ; les deux sujets sont d’ailleurs intimement liés.
La reconstruction de la société, que des millions de français ont souhaité édifier dernièrement, passera par une redistribution des cartes, des rapports, des valeurs, des richesses existantes et potentielles, pour faire une unité fonctionnelle stable.

La cause est systémique, le traitement doit l’être aussi

L’enseignement en général s’inscrit dans un tout dont une planification fonctionnelle, dans le temps et dans l’espace est à mettre en place. Elle doit porter simultanément sur le social, l’économique, le culturel, le religieux, le sécuritaire, l’éducatif, le politique, la justice, le répressif…en bref sur tous les rouages du fonctionnement d’une société en recherche d’équilibre.
En ce qui concerne l’enseignement sensu-stricto, il faut le voir, lui aussi, dans son ensemble ; il est très injuste de dire que le système éducatif est un échec total. Les grandes écoles, les universités fournissent toujours une élite que l’on retrouve dans les écoles de commerce, les finances, l’industrie, l’économie, l’armée ; beaucoup de nos étudiants sont demandés à l’étranger et s’expatrient ; notre économie les gaspillent.
Nous avons eu l’honneur de nous voir décerner un certain nombre de prix Nobel !
Réservons donc notre misérabilisme, et il est particulièrement grand, pour ceux qui, ayant eu la possibilité théorique de suivre le même cursus scolaire que les précédents, n’ont pas eu la chance d’être éduqué dans un environnement favorable. Le déséquilibre est total.

> Première remarque :
«L’Education nationale» doit-elle prendre en charge toute l’éducation des enfants ?
Absolument pas ; ce serait admettre la déresponsabilisation programmée des parents.
Ils interviennent dans l’éducation individuelle, familiale ; l’école, en plus de l’acquisition de connaissances, éduque à la vie sociale. Or, si la classe moyenne, tout en partant tôt au travail le matin et rentrant tard le soir, s’arrange pour suivre leurs enfants en contactant les enseignants, en faisant aider leur progéniture par des activités périscolaires, en provoquant des débats culturels ; d’autres familles en sont incapables car elles n’en ont pas les moyens financiers, intellectuels et linguistiques ; elles comptent sur l’école et la société pour le faire à leur place ! Elles ne se rendent pas aux convocations ou doivent être accompagnées par un traducteur ; la plupart du temps, les enfants sont les seuls médiateurs et ils disent ce qu’ils veulent !
Heureusement, il y a des associations de bénévoles qui viennent en aide mais elles n’ont pas, malgré toute leur bonne volonté, l’autorité, les connaissances pédagogiques et les moyens nécessaires, pour accompagner la démarche de l’enseignant.
C’est sans doute excellent de demander aux parents de signer une charte, un contrat…, mais une grande partie de ceux qui sont les plus concernés ne savent pas écrire, lire ni comprendre le français ! La signature n’a d’intérêt que s’ils savent ce qu’ils signent !

> Deuxième remarque :
L’absentéisme scolaire est un boulet qui isole un grand nombre d’enfants d’une scolarité normale, les assistances sociales, débordées, ont du mal à faire les investigations nécessaires ; les établissements avertissent mais que faire avec des familles sans aucune autorité, illettrées, dans la misère, les seuls revenus étant ceux issus des allocations, de la délinquance ou de la drogue !

> Troisième remarque :
La hiérarchie de l’Education nationale, depuis des années, du chef d’établissement jusqu’à l’Inspection et au Ministère, a une responsabilité dans cet échec. Il ne faut surtout pas faire de vagues, tout doit fonctionner, théoriquement, normalement sinon une incompétence est reconnue et perturbe la situation professionnelle ou politique de cette hiérarchie. Tous les foyers locaux d’insoumission, d’irrespect, d’absentéisme, de violence… ne remontent pas comme il faudrait et ne sont donc pas traités ; combien de fois n’a-t-on pas lu ou entendu, sur place, que l’enseignant ne « savait pas » tenir ses élèves, c’était bien sûr uniquement de sa faute ! Ne nous étonnons-pas que ces foyers se soient embrasés : ils apparaissent maintenant au grand jour mais ils couvaient sous la cendre depuis des années.

> Quatrième remarque :
La confiance et la solidarité entre les parents et les enseignants, est au plus bas ; à l’émission de C dans l’air sur ce sujet, vendredi dernier, un inspecteur relatait que plus de 50% des parents ne faisaient pas confiance aux maîtres. Nous vivons dans une société où l’individualisme et la compétition règnent en maître ; tout ce qui n’est pas soi est critiqué ; il faut être le meilleur ; l’école doit permettre de passer avant les autres pour obtenir une place dont l’obtention est le résultat d’une concurrence sévère. Fini la recherche de la culture personnelle et citoyenne, c’est la marchandisation et la privatisation.
J’ai vécu une situation où des parents d’élèves convoqués par un chef établissement pour conduite intolérable de leur enfant, arrivaient accompagnés d’un avocat !
On avance souvent que dans les écoles privées, confessionnelles ou pas, la relation parents-enseignants est largement positive ; C dans l’air évoquait une école coranique sous contrat où tout était apaisé ! Tout va bien car les parents inscrivent leur progéniture dans des établissements choisis, ils sont confiants car ils pensent que leurs enfants sont protégés de la mixité qui « pollue » (!) leur environnement.

Comment, dans ces cas imaginer un « vivre ensemble » ?

> Cinquième remarque : de nombreuses erreurs ont été commises.

• avoir construit des ensembles immobiliers concentrant la misère ; le pape François reprochait à ses ouailles de se reproduire comme des lapins mais beaucoup de ces populations vivent dans des cages à lapins !
• Faire des collèges et lycées de plusieurs milliers d’élèves ; c’est l’usine, c’est ingérable dans des contextes de crise surtout après la suppression des personnels de surveillance et d’encadrement.
• Comme dans beaucoup de métiers à responsabilité, une prédisposition et une formation initiale et continue sont nécessaires pour adapter l’efficacité et la motivation à l’évolution des tâches. Ceci a été supprimé pour des raisons d’économie. La mastérisation, en 2010, n’est pas encore concluante. Un constat important est à mettre en relief ; contrairement à de nombreuses professions où les décisions sont prises au sein d’un groupe, l’enseignant, dans sa classe, est seul ; seul à faire face à des situations différentes où l’imprévisibilité est permanente et la situation rarement stabilisée.

Suggestions qui sont loin d’être exhaustives ?

• Assurer l’alphabétisation des enfants et des familles dont la langue d’origine n’est pas le français ; action à mener grâce à l’intervention de l’école et des associations de bénévoles aidées par les municipalités.
• Multiplier les petits collèges, les classes à faible effectif, les formations, l’apprentissage avec l’accord et l’aide des entreprises…
• Développer des rencontres pour des mises à niveau des connaissances et des formations pour adultes.
• Pour apporter un peu d’humour (qui n’est jamais gratuit), je citerai une plaisanterie jadis affichée en salle des professeurs: «l’aide au travail personnel demandé doit pouvoir être du donnant-donnant, du gagnant-gagnant ; comme les élèves ont aussi beaucoup à nous apprendre, des heures de classe seront réservées à la constitution de classes de professeurs qui recevront un enseignement par les élèves; objectifs :
a) Apprentissage de la nouvelle langue des banlieues, passage incontournable pour rentrer en communication avec eux.
b) Apprentissage des nouveaux symboles de communication. »
• Redonner la sécurité dans les cités par des actions conjointes d’une police nationale et municipale, suffisante, logée sur place, et d’une police en civil, tournante, coordonnée, en recherche de renseignements. Un objectif prioritaire est d’éradiquer le monde mafieux par une présence permanente.
• Développer les éducateurs de terrain et rechercher l’investissement des résidents.
• Appliquer scrupuleusement les mesures préconisées par le ministère.
• Aider le mouvement des intellectuels musulmans qui veulent développer un Islam moderne, acceptant la liberté et la séparation du religieux et de l’Etat.
«Aider ceux-là signifie aussi ne plus tolérer, en tous cas dans les mosquées et les centre culturels en France, les adeptes du wahhabisme qui est incompatible avec les valeurs de la France.» Rachid Barnat La laïcité : Une chance pour réformer l’Islam de France !
http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2015/01/islam-deslumieres_24.html référence très intéressante de Jean Pierre Ryf sur le forum.
• Faire éclater cet urbanisme concentrationnaire pour faciliter la mixité sociale.
• Redonner le goût d’enseigner par une reconnaissance professionnelle, de la part du politique et de l’opinion publique. C.A.P.E.S. 2014 : plus de 12% des postes n’ont pas été pourvus, avec des taux plus élevés en mathématiques : -33%, ou en lettres classiques : -17%; postes sur lesquels sont recrutés, du coup, des contractuels, mal payés, mal préparés et au statut précaire. Le mal être enseignant est important, un sondage Se-Unsa portant sur 15000 réponses donne :
84% considèrent que l’opinion publique n’a pas une vision positive de leur travail.
95% qu’elle n’en comprend pas les contraintes.
46% considèrent que la hiérarchie ne valorise pas leur métier

Le questionnement va immédiatement surgir: avec quel argent ?
Nouvelle suggestion parmi plein d’autres ; pourquoi ne pas augmenter la TVA sur les produits de beauté : cabines de bronzage cancérigènes, teintures pour cheveux allergisantes, parfums et produits de maquillage, crèmes antirides qui n’agissent que sur ceux qui n’en ont pas !…. Cette mesure pourrait s’étendre à tous les produits de luxe comme les montres Rollex, les bijoux, la maroquinerie, la chirurgie de confort…….Cet argent entré dans les caisses de l’Etat serait redistribué aux communes suivant l’importance des besoins.

Entre l’obscurantisme, l’insécurité, et le luxe, il faut choisir.

– Par Georges Vallet

crédits photos : cnafal.org

PISA : une pente inquiétante

PISALe rapport d’évaluation des compétences [Programme for International Student Assessment] des élèves âgés de quinze ans produit par l’OCDE montre des résultats très décevants pour la France. Son rang  parmi 65 nations a reculé de la 23ème place à la 25ème place en trois ans.

Contrairement au classement de Shanghai, la méthodologie utilisée pour ce classement ne fait pas l’objet de critiques sévères. Certains observateurs font remarquer que les questionnaires à réponses multiples sont moins pratiqués en France qu’ailleurs. Mais cela ne peut invalider les conclusions que l’on peut tirer de cette évaluation. En particulier qu’un écart de plus en plus important se creuse entre la France qui réussit et la France qui perd. Il y a urgence à se saisir du problème, car la compétitivité d’un pays est directement liée au niveau de compétence de ses habitants et à leur faculté d’initiative. Ce sont d’ailleurs les pays asiatiques qui sont en tête du classement. Mais les efforts de redressement ne peuvent être immédiats. Et il importe de faire un bon diagnostic.

Qu’un effet de lassitude, voire de découragement, existe au sein du corps enseignant n’est pas douteux. La situation matérielle et morale  des enseignants s’est dégradée au cours de ces dernières années. Le quasi abandon de la formation des maîtres au cours du quinquennat précédent a constitué une erreur stratégique.

La cause principale des disparités est cependant à rechercher en priorité dans les situations sociales et les motivations familiales. Le travail scolaire ne peut s’épanouir dans un milieu où le chômage sévit et où les conditions de logement sont difficiles et précaires. Pire, les exemples de jeunes incultes mais roulant les mécaniques grâce à l’argent de la drogue ne peuvent être que dissuasifs pour les écoliers et collégiens.

Le rôle de la discipline dans l’apprentissage n’est pas négligeable. Je ne demande pas qu’on en vienne aux châtiments corporels. Mais que l’on assure le respect de l’institution scolaire et de la liberté des autres. Comment espérer qu’un jeune qui est soumis au racket ou au harcèlement ait la sérénité pour bien étudier ? Comment ne pas voir que lorsque l’administration  hésite à punir un élève qui a menacé son professeur de «revenir pisser dans sa classe» pour exprimer son mécontentement on fait presque de lui un héros. Comment ne pas souhaiter qu’un(e) principal(e) de collège qui a levé une punition collective au profit d’un seul élève parce que ses parents sont influents soit mis(e) à pied ? Au passage il faut noter la sottise de ces parents qui ne réalisent pas que leur intervention déplacée à toutes les chances de faire de leur enfant la bête noire de ses camarades ? Ces faits ne viennent pas de zones d’éducation prioritaire dans une banlieue défavorisée, mais d’un des collèges les plus renommés de la région. Ils peuvent d’ailleurs conduire à penser que la dilution de cas sociaux n’est pas une panacée, mais qu’au contraire, ce peut être un moyen de gangrener toute une population.

Cependant, si le milieu familial accorde de l’importance à l’éducation et à l’intégration dans la société, la partie n’est pas perdue. Encore faut-il pour cela que le nombre d’enfants ne soit pas trop élevé. Il n’est évidemment pas question d’adopter en France des mesures de limitation des naissances comme en Chine. Mais il n’est peut-être pas sain d’inciter les familles à dépendre d’allocations qui vont en croissant avec le nombre d’enfants et qui par ailleurs contribuent à fragiliser les entreprises françaises. Des économistes ont calculé que la part des cotisations sociales se monte à 23%  de la richesse nationale alors que les impôts sur le revenu et sur le capital n’en représentent respectivement que 9% et 4%. Mais c’est là un autre débat.

L’angoisse peut être aussi un facteur de blocage. Il faut rappeler que les apprentissages se font au mieux si le plaisir et le jeu sont au rendez-vous. Inciter à la coopération plutôt qu’à la compétition manque aussi dans les pratiques scolaires françaises, et cela retentit sur l’activité professionnelle plus tard. Tout pousse à l’individualisme, même les jeux télévisés. Et que dire du charabia que l’on entend dans les médias ! Le français n’est pas une langue facile. Raison de plus pour ne pas l’estropier, la caviarder d’expressions argotiques ou étrangères dans les médias parce que cela fait «mode».

Je m’abstiendrai de préconiser une simplification  de l’écriture de la langue car je considère que ce n’est pas le moment d’introduire une nouvelle division dans le pays pour un sujet qui n’est pas crucial. Mais force est de reconnaître que notre usage des accents n’est pas à l’heure du numérique (une touche de notre clavier est mobilisée par une lettre accentuée qui doit n’intervenir que dans un seul mot, par exemple, et nos courriels sont pollués par des incompatibilités). Reconnaissons au passage qu’exiger une frappe double pour le point sur le clavier traditionnel français n’est pas la marque d’un esprit pratique. Or les questions posées (voir un échantillon sur le second lien ci-dessous) étaient fortement teintées d’esprit pratique et supposaient une bonne compréhension. Si nous voulons que notre industrie soit appréciée, et que le chômage baisse, il faut que notre production soit marquée par la qualité, c’est à dire la fiabilité et la commodité. Cela doit s’apprendre tôt. Délaissons le clinquant, le sensationnel et travaillons sur le fond.

– par Paul Itologue

http://www.oecd.org/pisa/keyfindings/PISA-2012-results-france.pdf

http://www.oecd.org/pisa/keyfindings/