« Pas de vagues »

C’est peu de dire que ce hashtag « #pas de vagues » a fait sensation ces derniers jours. Il résulte d’une forme de révolte des enseignants et fait suite à un incident grave dans un lycée de Créteil. Les profs, par ce moyen, crient leur ras-le-bol. Ils accusent leur hiérarchie de ne pas suffisamment les protéger. Mais sont-ils eux-mêmes aussi innocents qu’ils le prétendent ?

En premier lieu vous m’autoriserez à faire part ici de mon expérience professionnelle, il y a maintenant pas mal de temps. A l’époque, j’étais sollicité par l’IUFM* (Institut Universitaire de formation des Maîtres) de Pau pour rencontrer les élèves professeurs en fin de cycle, à la veille de leur prochaine affectation. Pour la plupart, ils savaient qu’il allaient se retrouver à exercer leur métier dans l’académie de Versailles ou de Créteil ; là où l’on envoie les jeunes parce c’est trop dur pour les anciens. Frais émoulus, sans expérience, ils auront dans ces établissements à problèmes toutes le chances de se décourager. Puisque le sujet concernait la sécurité, il y avait réunis devant ces élèves, un magistrat, un policier et un gendarme. Je me souviens que dans mes propos j’expliquais quels étaient les motifs d’une plainte, quelles étaient les démarches à effectuer pour déposer plainte et enfin comment se déroulait une procédure judiciaire. J’insistais tout particulièrement sur le fait que la victime d’une infraction pénale décidait seule et de façon autonome de déposer plainte et ainsi de déclencher ce que l’on nomme l’action publique, c’est à dire le processus de poursuites judiciaires.

Très vite j’étais repris par un enseignant de l’IUFM qui expliquait avec beaucoup d’insistance aux élèves qu’ils ne pouvaient se livrer à un dépôt de plainte sans en avoir préalablement référé à leur hiérarchie et sans avoir obtenu tout aussi préalablement l’accord de celle-ci pour le faire.

Tout indique aujourd’hui, à la lecture de ce hashtag, que nos braves enseignants, de tous niveaux d’ailleurs, facultés, lycées, collège et école primaire ont respecté cette prescription qu’ils soient de Pau ou d’ailleurs. Si l’on est arrivé à la situation que l’on connaît maintenant n’est-ce pas dû à cette mainmise de la hiérarchie sur les enseignants d’autant plus prégnante qu’elle va jusqu’à les empêcher d’exercer leurs droits ? Parce qu’il s’agit bien d’un droit contenu dans le code pénal que celui de déposer plainte de sa propre initiative. Pour le faire il existe plusieurs conditions : l’existence d’une infraction pénale et un préjudice subi. Nulle part il n’est fait état dans la loi, que cette démarche ne peut se faire qu’avec l’aval de sa hiérarchie.

On peut donc logiquement s’interroger sur cette exigence de ne « pas faire de vagues ». En effet porter plainte comporte le risque que les faits soient divulgués sur la place publique et ainsi portent atteinte à la réputation d’un établissement scolaire. Un bon chef serait un chef qui n’a pas de problèmes, soucieux principalement de ne pas ébruiter une affaire et de rester dans la façade et le déni. C’est, paraît-il, ainsi que l’on a le plus de chances de progresser dans la hiérarchie. L’éducation nationale n’est en réalité pas la seule administration concernée par ce phénomène, on pourrait citer l’hôpital et la police, et tant d’autres.

Dans les faits, il est impossible que le règlement intérieur d’un établissement scolaire comporte une contrainte de ce genre faite aux enseignants ; si c’était le cas, ce serait illégal et à classer dans ce que l’on pourrait qualifier « d’abus de pouvoir ». Mais si ce n’est pas écrit, cela fait partie des prescriptions imposées aux enseignants comme la réaction de ce prof de l’IUFM de Pau en a apporté la preuve.

Alors aujourd’hui, il faut bien considérer que si la situation a dégénéré au point de permettre des situations comme celle du lycée de Créteil, la soumission des professeurs y est pour quelque chose. Dans les hashtags, il dénoncent des mesures insuffisantes en regard de la gravité des faits dont ils disent avoir été victimes. Un simple conseil de discipline aux conclusions bien indulgentes est souvent évoqué. Cet entre-soi a une tendance regrettable à se substituer à l’action de la justice. Une sanction prise par un conseil de discipline n’efface pas l’action publique ; autrement dit, le fait pénal demeure. Ils pouvaient donc déposer plainte. L’intervention de la justice dans ces cas aurait eu un effet autrement plus dissuasif qu’un simple conseil de discipline. Oublions les déclarations tonitruantes des sociologues et autres psychologues qui affirment que la répression est contre productive. Certains affirment, et ils sont de plus en plus nombreux, que ce sont leurs déclarations à ces messieurs je-sais-tout qui est, elle, contre productive.

Il est par ailleurs étonnant de constater que des enseignants qui ont reçu pour mission d’éduquer des jeunes afin de faciliter leur intégration dans la société, soient à ce point ignorants de l’organisation sociale que garantit la République. Le fonctionnement de la justice entre à l’évidence dans le cadre de cet enseignement. Ignoreraient-ils pour eux-mêmes ce qu’ils ont mission d’enseigner ?

Pau, le 29 octobre 2018

par Joël Braud

*Devenu depuis 2013 l’ESPE –École Supérieure du Professorat et de l’Éducation

La bourse ou la vie !

Le Giec a publié dernièrement un rapport qui n’est pas spécialement réconfortant ; il est de plus en plus évident que le réchauffement climatique devrait devenir la principale préoccupation de tous, avec ses corollaires, comme les retombées de la pollution liée à l’utilisation massive des causes de ce réchauffement, sans doute aussi l’amplification des intempéries mortelles du S de la France et les sécheresses des pays du nord .

«Une transition rapide et de grande portée est nécessaire»

«Le train du climat, présidé par Jean Jouzel, était à Bordeaux dimanche, à la gare Saint-Jean, il sera à Biarritz le 25 et 26 octobre et Agen du 4 au 6 novembre; son but, par une exposition riche et pédagogique, est de sensibiliser le public aux conséquences du réchauffement et mettre en avant les parades.» Sud Ouest 22/10.
«Je n’ai pas senti dans les discussions que j’ai eues avec l’Elysée et Matignon leur envie de dire : «OK, on va faire autrement». Pascal Canfin Nel Obs, oct.2018.

Le dernier remaniement le confirme, le gouvernement, struthio*-compatible, s’en moque totalement, comme Trump !

Pourtant, sécheresses, inondations, pollutions, feux, maladies,…, ont des retentissements économiques et humains négatifs suffisamment considérables pour y prêter attention ! Que de nouvelles taxes, impôts, misères,… ,en perspective, si rien ne change !!!!

+ Les préoccupations du pouvoir et de ses adeptes sont : l’argent, la spéculation, la rentabilité, le profit, les économies, la dette publique, les investisseurs, actionnaires.

Et ça continue encore et encore

C’est que le début d’accord, d’accord…

La bourse donc,

avec, toujours pour finalité, sacrifices des uns (guerres, inégalités et pauvreté), profits des autres.

Quand la Terre se fendit

C’était sous le règne des bandits

Qui avaient tout défiguré

……

Chaque ville entourée par

Son cortège de hangars

Ses parkings alignés

Les autoroutes étaient pleines

De camions en file indienne

De convois bloqués au péage

….

On se parlait presque pas

Et chacun pressait le pas

Son écran au ras du visage

….

Le pays d’à côté est couvert de nuages

…….

La fumée ou le brouillard

Impossible de savoir

Chaque soir plus épais

…..

On noyait dans du plastique

Des repas automatiques

Que la mer rejetait sur les plages

Braves gens, dignitaires

Tout le monde laissait faire

Par profit ou manque de courage

Le pays d’à côté est couvert de nuages

Le pays d’à côté : Francis Cabrel
+ Celles, de plus en plus de gouvernés, est «de vouloir des coquelicots*», donc la volonté de ne pas mourir…

La vie donc.

Il voulait trouver mieux
Que son lopin de terre
Que son vieil arbre tordu au milieu
Trouver mieux que la douce lumière du soir

……….

Il a fait tout le tour de la terre
Il a même demandé à Dieu
Il a fait tout l’amour de la terre
Il n’a pas trouvé mieux

…….

Les Murs de poussière. Francis Cabrel

Il ne faut pas s’attendre à une inversion des tendances ; les politiques sont prisonniers de leur vision individualiste intéressée de l’immédiat, de leur parti, du lobbyisme et, de plus, de leur ignorance du problème ; seule la base pourrait faire avancer les choses par des manifestations et surtout les pressions électorales,… qu’il est possible, ensemble, de développer.

Mais, pour cela, il faut être convaincu de cette nécessité, c’est-à-dire avoir la connaissance biologique et écologique nécessaire pour comprendre la gravité et le danger qui se dessinent déjà.

Or, ce n’est absolument pas le cas !

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte

…….

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

Le niveau moyen de la compétence scientifique en France est consternante ; quant au niveau dans les sciences biologiques, c’est l’abîme ! On ne connaît même pas son corps et ses besoins !

La politique environnementale, depuis des années, est d’une hypocrisie affligeante ; pourtant, un grand pas a été réalisé en 1971, la création d’un ministère de l’Environnement ; on devrait s’en réjouir, avant, il n’y en avait même pas !

Malheureusement, la suite a montré que c’était de la poudre aux yeux ; un petit pas en avant, un grand pas en arrière, intérêts particuliers et croissance obligent !

L’évolution des appellations et fonctions des successeurs du ministère ci-dessus est liée aux nécessités de la politique  imposée. Le dernier en date, le ministère de la Transition écologique et solidaire en est un exemple ; on a pris soin de le séparer de celui de l’agriculture et de l’alimentation, de la santé et de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur Recherche et Innovation, alors que tout est lié ; seule une association étroite permettrait de réaliser une politique cohérente ; l’opposition entre Stéphane Travers et N.Hulot a été un petit exemple de cette paralysie engendrée.

Cette fois, on a fait encore mieux en nommant une lobbyiste de chez Danone auprès du ministère devenu de la pseudo écologie. On est loin de suivre les conseils de Pascal Canfin de mettre Bercy au même niveau que le ministère de l’Ecologie : «Le changement majeur serait de mettre la dette écologique au même niveau d’importance politique que la dette financière car nous léguons les deux à nos enfants». Bouche cousue, la dette écologique est bien plus élevée que la dette financière !

Volonté de diviser pour mieux régner, c’est bien connu !

Alors que l’objectif, parfois affiché, est la lutte pour, comme on dit, la sauvegarde de la planète, qui s’en moque complètement, et que l’enseignement des sciences de la vie et de la terre, un des passages obligés vers l’écologie, à toute la population, devrait être considéré comme prioritaire, de la maternelle aux grandes écoles, Sciences Po et l’ENA, incluant tous les enseignements professionnels, on constate que la réforme du second cycle va en sens totalement opposé.

On ne tarit pas d’éloges sur J-M Blanquer ; «il connaît parfaitement ses dossiers», la rentrée s’est passée sans problème, l’annonce des réformes n’a pas soulevé de nombreuses contestations et, cerise sur le gâteau, il a supprimé des postes donc fait des économies, l’idéal en somme ! C’est vraiment faire «mieux !» avec moins ! En fait, ce n’est pas aussi évident que cela :

S’il connaissait vraiment tous ses dossiers, il saurait que la délinquance, l’agressivité verbale et physique des enseignants, le harcèlement des jeunes, au collège et au lycée, font partie de la vie journalière dans bien des établissements depuis très longtemps ; c’était étouffé par la hiérarchie pour ne pas faire de vagues ; où sont les surveillants qui circulent pendant les cours, les personnels d’encadrement des mouvements interclasses ? Interdire les smartphones ?  Difficile de répondre, c’est justement ce qui a permis de mettre au grand jour la dernière affaire.

Comme ses prédécesseurs «On va rétablir l’ordre»

Comment ?? Les paroles, ras le bol !

Dans Sud Ouest du 11/10/18 Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat des chefs d’établissement, fait part de ses craintes :

+Pour alléger le bac, la montée en puissance du contrôle continu, la multiplication des épreuves dans l’année, les réunions,… risquent de transformer les lycées en centres de bac permanents. L’auteur du texte ci-contre se permet d’ajouter que :

«entre-temps il faudra aussi faire cours !»

+Selon une enquête, ni les établissements, ni les services académiques n’auront la capacité de suivre, donc de mener à bien toutes ces réformes et les moyens de mise en œuvre sont insuffisants pour payer les intervenants.

C’est la surchauffe !

S’il a réussi à réaliser une rentrée sans trop de problèmes ainsi que des économies, c’est qu’il est un bon tacticien politique macronien et rien de plus. Comme la forme semble suffire au commun des mortels actuellement, c’est normal ; ce qui intéresse, c’est qu’il n’y ait pas de vagues, peu importe le fond, «c’est l’affaire des spécialistes, je n’y connais rien.»

C’est justement ce qui est dommage et dommageable !

En fait, il est en phase avec les objectifs du gouvernement mais absolument pas avec l’avenir des besoins essentiels des Français ; il faut, pour le comprendre, rappeler la réforme des programmes des lycées, sujet déjà évoqué dans un texte intitulé :«La réforme du lycée, une nouvelle potion pas très magique !»

Alors que le pays a besoin d’élever drastiquement le niveau culturel de sa population, dans le domaine scientifique particulièrement, pour comprendre les nécessités de changer de logiciel, le ministre pense qu’il faut renforcer les disciplines littéraires en supprimant, dans un tronc commun, toutes les disciplines scientifiques, en première et terminale scientifiques (L, ES et S), et les remplacer par deux heures par semaine «d’humanités» scientifiques et numériques pour tous ; ceci étant complété par un choix de 3 spécialités, parmi une dizaine, en première et deux en terminale ; ceci permettra à beaucoup de court circuiter une formation aux principales disciplines scientifiques de base !

Pour certains élèves les deux heures d’humanités scientifiques par semaine seront les seuls cours obligatoires à contenu scientifique !!!

On comprend qu’avec une telle orientation il soit possible de supprimer des postes !

Ceux qui voudront poursuivre dans les sciences, les anciens S, devront choisir le complément dans les trois disciplines de spécialités.

Au menu proposé : mathématiques, physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre, histoire-géographie et géopolitique, sciences économiques et sociales, humanité-littérature-philosophie, langues et littérature étrangère, écologie-agronomie-et-territoires, arts, sciences de l’ingénieur, numérique et sciences informatiques.

En admettant, ce qui est logique actuellement, de vouloir suivre «numérique et informatique», il restera, en première, deux choix, et en terminale un seul, soit en maths, ou physique-chimie ou sciences de la vie et de la terre ou écologie- agronomie…. Combien de potentiels culturels sacrifiés !

Jouerait-on à qui perd gagne ?

Cerise sur le gâteau : «tous les établissements ne pourront pas proposer toutes les combinaisons» précise le ministre !

Les enseignants, en matières scientifiques, de l’université, déjà déprimés par le niveau actuel, ont du souci à se faire !
«Mais, ceux qui voudront suivre une formation en SVT, le pourront, en sélectionnant cette discipline» direz-vous ! D’accord, mais à condition d’éliminer les autres options or, l’écologie est la science globalisante par essence, elle nécessite des connaissances dans tous les domaines: littéraire, philosophique, scientifique, sociologique, sciences humaines….Le ministre semble l’ignorer ou…..ne pas être concerné !

Elle ne peut absolument pas être considérée comme une spécialité mais une matière fondamentale, après la lecture, l’écriture, le calcul ; c’est la connaissance de la vie, de son fonctionnement, ses dangers, ses merveilles .

Pour l’APBG, à l’époque actuelle, il est aberrant de constater l’absence de l’enseignement des sciences de la vie et de la Terre (SVT) comme discipline obligatoire dans les enseignements fondamentaux du cycle terminal (première et terminale) et le déséquilibre entre des enseignements littéraires et scientifiques.
Elle précise :

«Après avoir mené de front 3 spécialités en première, l’élève ne gardera que 2 enseignements en terminale, ce n’est pas acceptable et dommageable pour l’élève.

Elle demande :

+un enseignement équilibré entre les 3 disciplines scientifiques : mathématiques, physique-chimie et SVT. Elles ne doivent pas être réduites à des enseignements « indépendants », au choix des élèves et pouvant être abandonnées en cours de formation.

+ que les SVT soient inclues dans l’enseignement des humanités scientifiques et numériques de première et terminale ;
+ la possibilité pour les élèves qui le souhaitent de prendre « SVT complémentaires » en enseignement facultatif en terminale comme pour « mathématiques complémentaires ».

Est-ce une volonté politique de laisser les gens dans l’ignorance pour pouvoir continuer à suivre la même politique ou est-ce une ignorance personnelle de la réalité ? Si c’est le cas, un stage de spécialité, obligatoirement au Giec, pour ce ministre, et les autres, serait bénéfique !

Signé Georges Vallet

crédits photos: https://goo.gl/images/rWRkWA

* Fabrice Nicolino et François Veillerette « Nous voulons des coquelicots »Editions LLL, 128 p.

* Struthio est le nom générique de l’autruche.

* https://www.la-croix.com › Debats › Forum-et-debats

Réforme du bac : quelle place pour les SVT demain …

*https://www.sciencesetavenir.fr/…/reforme-du-bac-quelle-place-pour-les-svt-demain_12…

La réforme du lycée, une nouvelle potion pas très magique!

La droite applaudit, c’est une référence ; une majorité de Français ont voulu le changement pour le changement, ils sont servis.

Dans l’ensemble donc, pas de problème, sauf pour Scientifix.

La réforme des lycées présentée au public, ces derniers temps, est une véritable source de réflexions, aussi bien dans le fond que dans la forme.

Sur le fond, ce n’est pas une réforme mais une révolution libérale, une vision politique qui enterre un peu plus ce qui était l’objectif prioritaire de la République : faire acquérir à tous les Français la culture générale la plus haute et complète possible, source de maîtrise personnelle et d’esprit critique, autant d’atouts pour conserver l’indispensable liberté de jugement.

A cette vision collective de l’instruction pour tous, incomparable réservoir de compétences au service de l’individu et du pays, on substitue une vision individualiste, sacrificielle souvent, car orientée vers les besoins sans cesse fluctuants de l’économie.

L’essentiel n’est pas le développement harmonieux de tous les jeunes mais de faire faire des économies à l’État.

Ainsi, on demande au jeune, en seconde (15 ans), de devenir son propre gestionnaire ; il doit décider, parmi les choix proposés, les orientations qui le spécialiseront ; en phase avec la politique entrepreneuriale, il doit prendre des risques et devenir donc responsable de ses réussites ou échecs ; si le choix a été bon et la réussite provisoire, car tout est provisoire en ce «bas»monde, son avenir proche en CDD est assuré ; si ce n’est pas le cas, pas de problème, un autre prendra sa place ! Chacun sait en effet que plus la spécialisation est fine et précoce plus le changement d’orientation donc le recyclage, devient difficile, d’autant plus que les heures de formation sont comptabilisées maintenant en euros, donc adaptées aux déficits croissants de l’État !

C’est consternant pour les enseignants au contact de l’immaturité normale des adolescents de cet âge, c’est hallucinant pour beaucoup de parents au contact de l’évolution psychique de leur enfant «tabletto-addictif», d’imaginer que son immaturité puisse devenir le déterminant de son engagement pour l’avenir. C’est d’autant plus surprenant que cet état est reconnu officiellement puisque le ministre a décidé de considérer que la dernière année de lycée n’est plus la «terminale» du cycle secondaire mais une année de «maturation» ! Coquetterie d’intellectuel qui n’a rien à voir avec l’évolution des connaissances sur l’acquisition de la maturité ; alors qu’on la situait vers 30 ans, certains affirment maintenant 43 ans pour les hommes et 32 ans pour les femmes ! Tout s’accélère avec le ministre !!

Plus vite que le vent
Plus vite que le temps

L’individualisme est générateur d’isolement, de compétition, de rejet de l’autre, de destruction de souvenirs chaleureux vécus en commun pendant nos années de classe ; les élèves étaient attachés à leur classe, c’était un lieu de vie, d’échange, de socialisation ; maintenant elle disparaît en partie car les élèves ne seront réunis que pour l’enseignement commun et séparés pour les spécialités.

Sur la forme, rappelons l’essentiel :

Humanités scientifiques et numériques pour les élèves de 1ère dès la …

https://www.linformaticien.com/…/humanites-scientifiques-et-numeriques-pour-les-ele…

La France est confrontée à plusieurs problèmes importants auxquels l’Education nationale devrait participer en priorité ; le ministre les aborde-t-il dans le bon sens ?

1°) Passons rapidement sur cette liberté donnée aux communes de revenir à la semaine de 4 jours. Cette décision est contraire à l’avis du Conseil supérieur de l’éducation et de la plupart des chronobiologistes et des pédagogues. La France est le pays européen où les écoliers ont le moins de jours de cours dans l’année (144), mais avec les journées parmi les plus lourdes, on veut les allonger encore ! C’est une aberration pédagogique et physiologique qui sacrifie la santé et l’apprentissage des enfants sur l’autel de l’économie des stations de ski, des commerces du bord de mer ou des grandes surfaces de proximité, sans oublier les profits des cours privés de rattrapage….

2°) Dans le monde actuel, globalisé, il importe que les connaissances et les réponses le soient aussi ; il n’est pas la juxtaposition de problèmes indépendants mais d’un ensemble complexe en inter-relations et interactions ; les élèves et étudiants doivent être formés dans cette approche. Dans ma jeunesse, et pendant mes activités professionnelles, les disciplines étaient cloisonnées, d’un cours à un autre, on passait dans un autre monde sans percevoir les liens qui les unissaient.

Le mérite théorique du nouveau ministre est de vouloir rompre avec cette inadaptation en créant l’enseignement de la matière «Humanités numériques et scientifiques».

«Cette discipline aura pour but de favoriser « une culture scientifique commune », avec un enseignement sur le numérique, les mathématiques mais aussi sur la transition écologique ou la bioéthique »

Le but est aussi de renforcer les compétences numériques, la programmation informatique en particulier. «Ainsi donc, le code fait enfin son entrée au lycée» selon J-M.Blanquer.

Malheureusement, on a l’impression de mettre la charrue avant les bœufs en voulant mettre en valeur, à raison de 2h par semaine, des liens entre des disciplines dont les jeunes n’auront pas connaissance, puisqu’elles ne seront plus enseignées dans le tronc commun ou avant !

+ Le terme d’humanités devra être précisé, au moins aux enseignants, car il a traversé l’histoire avec de multiples sens, ce qui rend la présentation à la fois floue, pompeuse, et encore coquetterie d’intellectuel.

+Il est inexact de dire que le code de l’information va faire son entrée au lycée ; depuis l’école primaire, comme M. Jourdain, les élèves, les instituteurs, en apprenant à lire et à écrire, ont utilisé des codes sans le dire ; le code de bonne conduite, s’il n’est pas hélas toujours suivi, est enseigné dans tous les établissements scolaires, le solfège est un code ; le plus représentatif, et enseigné comme tel, est l’enseignement du code génétique en SVT. Donc, pas de grande tirade, les élèves sont préparés à aborder la «mise en forme» des choses donc à la programmation informatique.

3°)Le contrôle continu a ses avantages mais aussi des inconvénients ; la notation est une dépendance réciproque entre l’élève, l’enseignant et l’établissement. Elle rentre dans le cadre d’un objectif pédagogique, variable suivant les établissements ; comment comparer les notes de lycéens provenant d’établissements différents, de régions différentes et basées sur des critères de notation qui le sont tout autant ?

Comment seront gérés les candidats libres ? Quelle assurance apportera un livret scolaire ou des résultats de contrôle continu pour des établissement sans contrat ? On peut admettre, comme il semble prévu, des contrôles semestriels avec anonymat ; très bien, mais n’était-il pas question de simplifier et d’économiser ?

4°) Le grand oral, durée 30 minutes, environ 500.000 élèves ; l’élève aura 3 personnes devant lui : 1 prof de son établissement d’origine, 1 professeur d’un lycée extérieur, 1 non enseignant (universitaire ou un membre de l’équipe pédagogique). Le sujet portera sur un dossier travaillé par l’élève dans ses deux disciplines majeures pendant la terminale. Faire passer un tel examen dans ces conditions semble du délire, surtout avec cette consigne de tout simplifier !

De plus, cela va favoriser les candidats issus de milieux privilégiés disposant d’un capital culturel leur permettant de mettre en rapport les savoirs entre eux. Comment imaginer une égalité des chances pour les jeunes vivant dans des familles ne parlant pas le français ou illétrés ?

Attention aussi à ne pas favoriser la magie du verbe dont on souffre intensément !

5°) Les tests réalisés à l’école primaire, dans le second cycle des lycées, dans les cours universitaires scientifiques, dans les tests internationaux, dans la vie professionnelle comme le journalisme, les médias, la politique à tous les niveaux, députés, sénateurs et ministres montrent un abîme d’ignorance des faits scientifiques et une méconnaissance accablante du comportement scientifique !!!!

Mieux encore, beaucoup se glorifient de leur nullité en Maths.

On peut y ajouter, aussi en physique, chimie, sciences de la vie et de la terre, écologie, fonctionnement de son propre corps…. Dans une société où Science et Technologie mènent le monde, où la santé engendre des dépenses de plus en plus grandes, où l’utilisation de la chimie en agriculture, en agroalimentaire,.. fait des ravages, une telle nullité est dramatique.

Le ministre pense que pour relever le niveau en science de la population française, il faut renforcer les disciplines littéraires en supprimant, dans un tronc commun, toutes les disciplines scientifiques, en première et terminale scientifiques (L, ES et S), et les remplacer par deux heures par semaine d’humanités scientifiques et numériques pour tous ; ceci étant complété par un choix de 3 matières principales parmi 10 (11 pour certains ?) possibles permettant de court-circuiter une formation aux principales disciplines scientifiques !

Pour certains élèves les deux heures d’humanités scientifiques par semaine seront les seuls cours obligatoires à contenu scientifique !!!

Ceux qui voudront poursuivre dans les sciences, les anciens S, devront choisir le complément dans trois disciplines de spécialité.

Au menu des spécialités : mathématiques, physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre, histoire-géographie et géopolitique, sciences économiques et sociales, humanité-littérature-philosophie, langues et littérature étrangère, écologie-agronomie-et-territoires, arts, sciences de l’ingénieur, numérique et sciences informatiques.

En admettant, ce qui est logique actuellement, de vouloir suivre «numérique et informatique», il restera, en première, deux choix, et en terminale un seul, soit en maths, ou physique-chimie ou sciences de la vie et de la terre ou écologie, agronomie….

Avant c’était « et » maintenant c’est « ou » ! Jouerait-on à qui perd gagne ?

Cerise sur le gâteau : «tous les établissements ne pourront pas proposer toutes les combinaisons» précise le ministre !

Quel sera la contenu et les objectifs de la spécialité «numérique et sciences informatiques» ? Fera-t-on la distinction entre le côté «Science» donc sans autre objectif que de développer pour connaître, ou l’aspect «Technologique», outil extraordinairement performant au service d’une «intelligence artificielle» source d’un marché de plus en plus juteux et de plus en plus polluant ?

L’avantage de l’intelligence artificielle faible, la plus présente en ce moment, est que, contrairement à l’intelligence humaine, qui conserve une autonomie de décision et de contestation, elle ne va faire que ce qu’on lui demande, sans se poser de questions : l’idéal en somme ! Une bonne formation pour nos jeunes !

Je me demande si cette intelligence n’est pas trop «artificielle» ou trop «faible»encore car, si elle a réussi des merveilles pour créer de la richesse, elle n’a pas encore trouver les bons logiciels permettant de diminuer les inégalités, la pauvreté, le chômage, la pollution, les maladies !!! Bizarre !!!!

Quant à la forte, elle décidera pour nous !

L’informatique a pris ses concepts dans des espaces scientifiques, en mathématiques, en physique, puis aujourd’hui en biologie, en sociologie, en psychologie, en linguistique, en éthologie ….

Nos futurs bacheliers «informés» seront des êtres humains sans racines, comme un accouché sous X !

Pour les classes littéraires L, il y avait 1 h 30 obligatoire en première seulement, cela sera donc un progrès, sera-t-il suffisant pour élever le niveau scientifique de tous les Français ?

6°)La nécessité devient de plus en plus pressante, pour la survie de l’humanité, de reconsidérer la gestion du monde ; des citoyens en sont convaincus ; beaucoup, par ignorance, restent à éduquer ; l’écologie devient l’outil incontournable de cette transformation ; c’est un bassin d’emplois important, une source de santé et d’investissement rentable, une dynamique de développement durable ; associer l’écologie à la seule agronomie des territoires (dans spécialités), c’est continuer à faire croire que la FNSEA et Stéphane Travert sont les sauveurs de la santé et de la faim dans le monde !

Les écologues sont devenus aussi les philosophes des temps modernes, c’est-à-dire les chercheurs et diffuseurs de la sagesse actualisée.

En SVT, des sujets incontournables et ancrés dans le quotidien sont abordés comme les enjeux de la vaccination et de la contraception, les problèmes alimentaires et de santé, la sexualité, la biodiversité, l’environnement, le réchauffement climatique, etc. La compréhension, pour les engagements citoyens à prendre, passe par la connaissance des liens entre causes et conséquences au niveau scientifique.

Alors que cette philosophie devrait-être enseignée dans le tronc commun des matières obligatoires, elle pourra être complètement ignorée de tous les élèves et plus tard des étudiants.

Des Français ignorants des sciences de la vie et de la Terre n’a pas de sens, c’est une aberration scientifique, économique, sociale, culturelle.

Il y a manifestement non assistance à civilisation en danger.

Signé: Georges Vallet

crédits photos:http://congo-objectif2050.over-blog.com

Coup de gueule !

imageDernièrement, dans «Jusqu’où et jusqu’à quand ?(2) », M.Braud intervenait sur le forum : «je retiens deux choses, d’une part les reproches adressés à la hiérarchie qui est accusée de carriérisme et l’impotence des syndicats et des politiques qui ont été surpris et dépassés par un climat qu’ils n’ont pas su détecter.»
Il touchait un point sensible !
Pour moi, il ciblait deux problèmes de fond qui sont présents depuis très très longtemps, toujours étouffés, et qui sont entrain d’exploser par le ras le bol de ceux qui sont au contact de la réalité qui s’aggrave.
Naturellement, la politique s’en empare, c’est misérable, car cela sème la discorde, le discrédit…, sur la réalité et la justesse de ces malaises exprimés. Les extrémismes explosent.
Comme c’est la police qui réagit, l’attention est grande mais le problème n’est pas limité aux policiers, il est général dans toutes les sphères ou règne une hiérarchie qu’elle soit publique ou privée.
Je me limiterai à la sphère enseignante où je me sens légitime pour pouvoir témoigner, du fait d’une certaine expérience.
>Avant de développer, je me permettrai de substituer, dans le texte, pour les syndicats, entre autres, le terme de «su détecter» par «voulu détecter» car ils sont encore plus près de la base que la hiérarchie, les délégués syndicaux du personnel, à la différence des «inspecteurs», sont des enseignants en activité. Ils n’ignoraient rien, mais eux aussi ont des problèmes de hiérarchie verticale donc de filtration aux différents niveaux. Les syndicats sont de plus en plus rejetés car ils sont de moins en moins la courroie de transmission des besoins des acteurs de la base.
>Je peux témoigner, pour avoir vécu tout au long de ma carrière, parfois, au contact d’enseignants en difficulté, dans leur classe et en dehors, et de la  façon dont ils étaient perçus et traités.
De l’aide ? Il ne fallait pas trop y compter. De la compassion ; parfois hélas, un sourire sur les lèvres! Bien des collègues souhaitaient intervenir mais comment ? C’est difficile, d’autant plus que l’intéressé, en souffrance, fuit, gêné, n’osant pas se livrer.

Dans une classe, on est seul(e).

S’il y a un problème de discipline, il est du ressort de l’administration ; le renvoi d’un ou plusieurs élèves d’une classe est soumis à un contingentement (!) dans le temps, car on ne sait qu’en faire et ce n’est pas «pédagogique» ! Il faut vivre avec.  Le rejet de l’établissement ou le changement de classe ne fait que déplacer le problème !
Depuis, «pour arranger les choses», les surveillants qui circulaient pour « surveiller », et rentraient dans les classes pour relever les absents par exemple, ont été supprimés ; si les parents d’élèves interviennent, l’administration s’efforce d’étouffer l’affaire, se retourne souvent sur «le ou la responsable !», conseille éventuellement une prise de congé, l’absentéisme diraient certains !
Surtout, pas de vague, si la hiérarchie apprend quelque désordre, cela retombe sur le chef d’établissement, et ainsi de suite en remontant, alors : motus et bouche cousue !
Je pourrais multiplier les exemples d’agression d’enseignants dans leur classe ou à l’extérieur : dans un collège professionnel, à Toulon, un enseignant avait invité, un samedi soir, des collègues d’éducation physique, pour «réceptionner» des élèves de troisième dont il prévoyait la visite à son domicile !
Dans un collège du Var, c’est une enseignante d’espagnol qui s’est suicidée ; conclusion de la direction : «elle était fragile !».

Les policiers seraient-ils aussi fragiles !
Faut-il, pour diffuser la connaissance et apprendre à vivre ensemble, ne plus avoir des têtes bien faites mais des corps bien musclés ?

Les injures verbales, ou gravées sur les tables, ou écrites sur les murs des couloirs, ou envoyées par courrier anonyme, les pneus crevés, les crachats ou les jupes soulevées dans les escaliers…., sont les comportements habituels dans certains établissements, (depuis le port du pantalon pour les femmes s’est généralisé !).
Tout ceci, naturellement, avec une défense absolue, là aussi, d’utiliser «des armes personnelles» : une bonne gifle ou un coup de pied aux fesses !
Comme chez les fonctionnaires de police, la peur au ventre décrite par les manifestants policiers, à C dans l’air, existe aussi chez des enseignants ! le « ressenti » par la population n’est pas le même !
Certains, plus au courant que d’autres, soutiennent qu’il faut, dans la formation (de plus en plus sommaire car c’est coûteux) des enseignants, apprendre à imposer une autorité !
Après la guerre d’Algérie et les conséquences du boum des naissances, l’éducation nationale s’est trouvée en déficit de professeurs de maths et de physique ; on a alors recruté, au lycée de Toulon, en première et terminale, des officiers de marine (ils y étaient nombreux !). Je n’ai jamais entendu pareil chahut dans les classes d’un officier d’artillerie de marine !

L’autorité ne fait pas tout !

Les inspecteurs sont là pour imposer des méthodes pédagogiques conçues dans des centres de recherche par des  intellectuels qui n’ont aucune idée «du terrain». On juge l’application de la méthode, on note, et rien de plus !
Naturellement, il ne faut pas généraliser cette obscure clarté ; comme pour la police, les enseignants ne sont pas agressés dans tous les quartiers ni dans tous les établissements scolaires ; certains sont mieux situés que d’autres et d’autres trient !
Non la hiérarchie n’a jamais vraiment soutenue ses troupes, elle s’est soutenue elle-même ! Depuis, le fossé s’est creusé entre ce qu’on appelle la base qui agit et la tête qui pense à autre chose : la rentabilité, les chiffres, le pouvoir, la reconnaissance, la promotion dans la carrière….

A trop tirer sur la ficelle un jour  elle se coupe !

Signé: Georges Vallet.
Credit photos:www.icem-pedagogie-freinet.org

La drogue dans les établissements scolaires

imagesDans un article paru dans le journal « La République » de ce mercredi 13 janvier 2016, le journaliste, Bruno Robaly réalise une enquête intéressante sur l’usage de drogues dans les établissements scolaires. Le problème n’est pas nouveau, la question essentielle est de savoir comment on en est arrivé là. Réflexions…

Il y a bien longtemps maintenant que le débat sur la légalisation, dépénalisation, libéralisation du cannabis agite les beaux esprits. Il y a bien longtemps que l’usage de ce produit, sa détention et sa revente ne sont que très peu poursuivis par les services de police et de gendarmerie et que la justice n’applique la répression qu’avec une indulgence qui rend inopérant l’effet dissuasif de la loi pénale.

L’éducation Nationale a beau à l’aide de statistiques fort discutables, vouloir laisser entendre que le phénomène est en régression, plus personne ne mord à l’hameçon. Il n’est en effet pas très honnête de la part de cette administration de dire que les drogues, puisqu’il ne s’agit pas que du seul cannabis, ne se vendent et ne se consomment qu’à l’extérieur des établissements. La limite est la porte de l’établissement et ce qui se passe immédiatement au delà ne concerne plus les éducateurs. Curieuse façon de concevoir son rôle. Pour des raisons qui n’ont jamais été clairement avouées un chef d’établissement rechigne à alerter les services répressifs de ce dont il a connaissance. Faire savoir que dans ou aux abords immédiats du dit établissement se vend et se consomme du haschich peut nuire à la réputation et par le fait porter préjudice à ses responsables. Alors on gère cela en interne, pas de vague, pas de médiatisation.

De leur côté les services répressifs considèrent qu’ils remplissent leur mission en s’investissant davantage dans les actions d’information et de prévention que dans les surveillances et les interpellations des dealers ou usagers. A leur décharge la procédure pénale est devenue si exigeante, si tracassière que se lancer dans une enquête pour neutraliser les délinquants nécessite un investissement très lourd. La justice, elle, reconnaît que les infractions existent mais se donne bonne conscience en se limitant à des « ordonnances pénales ».

Alors il reste aux parents à voir leur enfant tomber dans la spirale de la drogue. Ils n’auront plus qu’à se morfondre et à constater avec douleur que celui-ci ne pourra s’en sortir qu’au prix d’un investissement dont tous ne sont pas capables. De toutes les manières les dégâts seront toujours irréversibles.

Pau, le 13 janvier 2016
par Joël Braud

5 novembre : journée spéciale sur le harcèlement à l’école. Réflexions.

imagesLe ministère estime à 700.000 le nombre des élèves affectés chaque année par du harcèlement : insultes, menaces, mise à l’écart, bousculades, poursuite après la fin des cours sur les portables ou les réseaux sociaux. Ce phénomène entraîne chez les victimes une perte de l’estime de soi, un sentiment de culpabilité, du décrochage scolaire, troubles psychiques ou comportements suicidaires. Les pouvoirs publics, depuis trois ans, toutes tendances politiques confondues, ont développé des mesures pour lutter contre ce fléau ; dernièrement, viennent s’ajouter : un numéro, le 3020, joignable, un protocole de prise en charge à l’école ; la médiatisation prend de l’ampleur : journée spéciale de sensibilisation, clip pour les enfants de 7 à 11 ans sur les chaînes de France Télévisions, émissions sur France 2 et France 5…

Est-ce suffisant ?

Le problème est-il spécifique à l’école ? N’est-ce pas un phénomène global lié à une société perdant tous ses repères ?

Il est bien évident que ce comportement est absolument intolérable et qu’il faut faire, dans l’immédiat, le maximum pour le contrôler, l’atténuer et si possible l’éliminer. Si, jadis, dans notre pays, on tolérait la souffrance des enfants : travail dans les mines, les usines, le ramonage des cheminées…, c’est terminé ; la sensibilité et l’émotion ne peuvent plus le supporter, et c’est heureux. Si ces mesures successives prises depuis quelques années sont «nécessaires», elles sont loin d’être suffisantes, faute d’argent ; on préfère investir…. ailleurs !

Les mesures d’urgence, au niveau de l’Éducation Nationale, devraient porter sur la prévention, la détection, le traitement.

– La prévention passe par une action de sensibilisation et de conseils : aux élèves, enseignants, surveillants, l’infirmerie (quand il y en a une !), personnel d’entretien, l’administration (celle d’en bas et celle d’en haut !), aux parents, aux enfants eux-mêmes (les mesures actuelles se limitent surtout à cela).

>La détection passe par :

Le retour des surveillants, supprimés par souci d’économie, itinérants, dans les couloirs, la proximité des toilettes, le préau, la cour, entre les classes et lors des mouvements de transfert des élèves, à la sortie des établissements avec la collaboration des associations de parents d’élèves.

• La pose de caméras de surveillance avec un contrôle visuel au niveau du conseiller d’éducation.

• Dans les familles, la très grande attention vis-à-vis du suivi scolaire et du comportement des enfants.

>La réponse passe par :

• L’évaluation par un psychologue scolaire du harceleur, de l’harcelé et la prise en charge éventuelle par un CMPP avec des moyens suffisants (Centre Médico-Psycho-Pédagogique) ou de centres experts spécialisés. La fragilité psychique de l’adolescent est bien connue et à prendre en compte. Sud Ouest, le lundi 23 mars 2015, titrait : 20% des enfants et des adolescents dans le monde sont atteints de troubles psychiques (d’après l’OMS), c’est un enfant sur 8 en France (Inserm). D’après l’OMS, dans la moitié des cas, les troubles psychiques apparaissent avant l’âge de 14 ans. Parmi eux, citons les troubles bipolaires, les TOP, la dépression, la schizophrénie bien sûr ; les perturbateurs endocriniens sont une source de dysfonctionnement grave ; à la puberté les retombées psychiques peuvent être importantes ; l’obésité en est un exemple qui intervient dans le harcèlement entre enfants. D’autres «perturbateurs psychiques» sont la source du harcèlement chez les jeunes comme les marques de vêtements et les chaussures à la mode, le deal n’est pas à masquer !

• L’intervention des équipes pédagogiques, de l’assistance sociale, de l’administration, du conseil d’administration comprenant les associations de parents, pour définir les actions à mener, auprès des parents et des enfants impliqués, relations avec l’Inspection régionale et nationale.

• Comme sanction : les comportements d’alerte peuvent être traités sur place par des travaux d’intérêt général au niveau de l’établissement ; au delà, des relais sont à prévoir comme l’intervention des services sociaux, du service spécialisé de la police…

Mais le harcèlement de l’enfance et de l’adolescence, n’est pas inhérent à l’école mais à la société en général. Comprendre le problème dans sa globalité pour agir positivement, nécessite de nombreux constats, réflexions et surtout actions.

1°) Le problème du harcèlement scolaire est inséparable du harcèlement en général. Il est la reproduction de ce qui se passe autour de nous, harcèlement : psychologique, moral, sexuel, familial, au travail, religieux, cyber harcèlement… Plus de 3 millions d’actifs sont au bord de l’épuisement et leur «burn-out» devrait être reconnu comme une maladie professionnelle. Les enfants vivent cela chez eux, en dehors de l’école ! Le harcèlement n’a pas de frontières ; les japonaises sont invitées à renoncer à la maternité et celles qui sont enceintes harcelées, dans les entreprises nippones, pour les pousser à démissionner, leur absence «causant des ennuis» à l’entreprise. En est-on loin en Europe ?

2°) Le harcèlement s’intègre dans des inter-relations avec la dominance et la hiérarchie, bases du fonctionnement de notre société.

Harcèlement : soumettre quelqu’un, un groupe, à d’incessantes petites attaques, à des demandes, des critiques, des réclamations continuelles, des pressions, sollicitations  (Larousse) . C’est donc un moyen.

Dominance : c’est vouloir exercer sur quelqu’un, un ascendant,  descendant, relation,  une influence, lui imposer sa volonté. (Larousse).  C’est un but.

Hiérarchie : dans une collectivité (société, institution),  c’est une c’est une organisation qui classe les personnes (états, fonctions)  selon des échelons subordonnés les uns aux autres, chaque échelon correspondant à un degré de pouvoir supérieur à celui de l’échelon immédiatement inférieur. (d’après le Larousse). C’est donc une situation  dans les relations de dominance.

3°) Comme tous les comportements humains, l’ancrage est biologique ; ils sont dans nos gènes et modifiables par l’environnement. Le mot «harcèlement» a été emprunté au vocabulaire de l’éthologie. C’est le comportement de «petits» animaux visant à faire fuir un «gros» prédateur par des attaques répétitives. Ce sont les hirondelles de rocher qui, en vol, se placent au-dessus du faucon pèlerin pour lui donner des coups de bec ; ce sont les mouettes tridactyles qui attaquent le pygargue à queue blanche, lorsque ce dernier, qui vient juste d’attraper un poisson dans ses serres, essaie de reprendre les airs, ce sont les abeilles japonaises qui entourent le frelon pour l’asphyxier…

La dominance et la hiérarchie ont été sélectionnées chez les espèces sociales, oiseaux et mammifères surtout, car favorables à la survie de l’espèce, sans aucune perversité.

L’ordre du «picage»chez les poules a été longuement étudié ; il représente un exemple de la hiérarchie et de la dominance dans une société animale organisée.

Ces relations d’origine biologique ont été complètement transformées par l’environnement culturel imposé par «l’intelligence !» (et le néolibéralisme !) de la société humaine.

La finalité est complètement différente de celle de l’animal.

Ce qui manque à l’humanité c’est de l’animalité.

La finalité de la société animale est basée sur la réussite collective grâce à l’entraide. La finalité de la société humaine est celle de la réussite individuelle ; il faut être meilleur que les autres et éliminer les concurrents. Ce n’est pas étonnant que les potentialités inscrites dans les gènes : hiérarchie, dominance, harcèlement, aient été transformées en comportements pervers pour écraser, rabaisser, éliminer l’adversaire potentiel et se mettre soi-même en sécurité dans l’échelle hiérarchique. Le harcèlement scolaire s’inscrit, hélas, dans cette dynamique !

Les périodes de crises : économique, financière, sociale… augmentent la concurrence et ces comportements déviants. La médiatisation permet aussi une large diffusion, ce qui n’était pas le cas avant.

Qui sème le vent récolte la tempête.

Signé Georges Vallet

crédits photos:bonjourdumonde.co

Réforme ou…cautère sur une jambe de bois ?

 imagesRegrettablement.  Cette année encore.  Le classement mondial confirme  l’indiscutable et  constant recul  de nos niveaux scolaires. Et ce n’est certes  pas faute de « réformes » qui, au fil des décennies, se sont succédé  au rythme des   gouvernements. Vainement à ce qu’il paraît ! Malgré cela. Sans  doute pour ne pas déroger à la règle. Le  gouvernement actuel  prépare donc, lui aussi, « sa » réforme. Celle  qui permettrait de garantir à chacun une «véritable  égalité des chances ».

Utopique. Absurde. Cautère sur une jambe de bois.  Ses détracteurs  considèrent que cette réforme  n’aura d’autre résultat que de  mettre l’ensemble du cursus scolaire au niveau  de ceux qui « issus de milieux  défavorisés » sont actuellement en difficulté. Elle  ne serait  donc   une chance pour personne mais, au contraire,  une pénalité pour tous. Et, singulièrement pour ceux, certes pas assez nombreux,  pour lesquels « l’élitisme » était un  tremplin social inestimable. Les autres contournant plus ou moins facilement la question. Hors de l’enseignement public ou grâce à des leçons particulières.

 En réalité, pour justifier son choix  le gouvernement préfère entretenir une confusion  entre milieu  défavorisé au plan social et  défavorisé  au plan culturel.  Il ne peut cependant ignorer que si la dimension sociale  constitue, certes,  un empêchement majeur à la poursuite d’études. Il n’appartient qu’à lui de le réduire par une politique  d’aide financière énergique (bourses). Il ne peut ignorer davantage, que  la  dimension culturelle – singulièrement quand la langue maternelle n’est pas le français – facteur déterminant dès la petite enfance – constitue un handicap considérable. Handicap qui contribue à créer une situation qui ne peut que s’aggraver dans le double contexte d’une  immigration toujours forte et celui d’une tension intercommunautaire croissante. Situation qui, elle, impose, d’urgence, une véritable réforme. Réforme courageuse, évidemment complexe, à laquelle ce gouvernement, pas davantage que ceux qui l’ont précédé, n’a envie de s’atteler.  Réforme qu’il faudra  bien, pourtant, faire ! Tôt ou tard ! L’avenir de l’ensemble de notre communauté l’exige ! D’autres nombreux pays, confrontés au même problème, et qui n’avaient la prétention de n’être le « phare » de personne, l’ont faite !

Et, quand on fait profession de foi d’être résolument «  réformiste … !

 

– par Maurice Meireles
Pontacq

Sécurité, les idées fusent de partout !

imagesAprès les événements que nous avons subis il y a quelques jours, tout le monde y va de sa petite idée pour faire en sorte que notre sécurité soit garantie. Des mesures qui doivent s’appliquer aujourd’hui pour éduquer et surtout prévenir. Le malheur dans tout cela est que ceux qui parlent n’y connaissent pas grand-chose et que ce sont principalement les politiques qui disent n’importe quoi. Pas facile de s’y retrouver dans ce fatras de lieux communs.

 Les premières idées qui nous viennent de ces élus, concernent l’Éducation nationale que chacun en la circonstance, déclare défaillante dans la mission éducative qui lui a été confiée. Alors quoi faire ? Le premier instruit, élu de surcroît, estime qu’il faudrait obliger tous les élèves en primaire, en secondaire et au lycée à porter des tabliers dans le seul but d’uniformiser les tenues vestimentaires. D’autres pas plus malins considèrent que le drapeau français devrait flotter sur tous les établissements scolaires de France et de Navarre. Certains de la même origine disent que l’on devrait chanter la Marseillaise à l’école et que notre hymne national et guerrier devrait être appris par cœur. Il y en a même, figurez-vous, qui dans l’honorable souci de renforcer l’autorité des enseignants prônent certains signes de respect : on ne tutoie plus le maître ou le professeur, on se lève  quand il entre dans la classe ; enfin la hiérarchie ne doit pas accepter l’attitude contestataire des parents d’élèves.

Très bien tout ça, c’est beau comme de l’antique. Mais lorsqu’on demande à un enseignant ce qu’il en pense, on s’aperçoit que de la théorie à la pratique il y a comme un vide, un creux qui semble impossible à combler. Ils disent, avec un air contrit : Et si les élèves n’obéissent pas, qu’est-ce que l’on fait ? Pour être pertinente cette question n’en traduit pas moins un grand et significatif désarroi. Les enseignants ne sont plus obéis et ils le confessent. Ils reconnaissent aussi que les cours d’éducation civique auxquels ils sont en principe soumis ne sont que très irrégulièrement assurés.

 Alors dans d’autres sphères tout aussi intelligentes, on regrette que le service militaire qui, bien que perfectible, dans bien de ses aspect, possédait un pouvoir éducatif sur le plan civique, ait disparu. Mais les élus oublient soigneusement que, par souci de clientélisme et de démagogie, ils l’ont tué  en intervenant pour l’exemption de celui-ci, pour une proche affectation de celui-là. Sans cela il n’aurait pas perdu ce caractère égalitaire qui en faisait sa force et sa raison d’être. Sa suppression, décidée par Chirac,  ne s’imposait pas, mais le service national était si vidé de sa substance que cette solution était devenue inéluctable. Qu’on ne nous dise pas que seule l’armée de métier est efficace et que la technicité des armes impose le professionnalisme. On aura toujours besoin de fantassins et les patrouilles de soldats actuellement déployées dans nos rues font ressortir  une insuffisance des effectifs.

 Il y a d’autres domaines où les politiques auraient été bien avisés de ne rien faire, citons à titre d’exemple la fusion de la DST et des RG *qui n’avait en réalité d’autre objet que d’éloigner un certain directeur central des Renseignements Généraux du nom de Bertrand  jugé trop fidèle à Villepin et Chirac. Il fallait le remplacer par Squarcini, loyal lui à l’initiateur de cette réforme. On voit maintenant les conséquences d’une telle unification dans l’enquête judiciaire. Il apparaît en effet comme des insuffisances dans la prise en compte d’individus pourtant répertoriés et signalés. Unir deux cultures professionnelles ne se fait pas par un simple arrêté.

 Jusqu’à nos élus locaux qui sentant la période propice pour faire parler d’eux, se prononcent pour ou contre l’armement des policiers municipaux. Il est bien certain que cette jeune policière municipale de Montrouge aurait eu la vie sauve si elle avait porté à la ceinture une arme à feu. Deux autres policiers de la Police nationale, armés eux, ont malheureusement perdu la vie.

 Ah si les élus n’avaient que de bonnes idées et s’ils s’éloignaient du clientélisme, de la démagogie et de la politique politicienne… Récemment les Français ont montré leur unité, comptez sur les politiques pour la détruire, c’est déjà engagé.

 

                                                                                               Pau, le 22 janvier 2015

                                                                                               Par Joël BRAUD

 

*Il y eut d’abord la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur) puis la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure).

L’enseignement, un vaste problème! (2ème partie)

Capture d’écran 2013-12-21 à 11.42.13L’objectif du classement «PISA» est de comparer, dans le temps et dans l’espace, l’évolution des aptitudes moyennes des futurs adultes à s’intégrer dans la compétitivité économique et financière mondiale.

Dans l’analyse publiée par l’OCDEon compare sur un pied d’égalité:

  • des villes: Shanghai, Singapour, Hong Kong, Macao, et pas la Chine.
  • des petits pays: Liechtenstein, Suisse..
  • des pays moyens comme ceux d’Europe
  • des fédérations de pays comme les Etats-Unis…
  • des jeunes issus de pays de culture différente.

Alors que la diversité aussi bien au niveau biologique que culturel, est le socle fondamental du progrès et de la survie, on veut imposer au monde entier l’uniformité d’un système économique en crise.

Dans la nature, grâce au brassage génétique, il y a les «bons»en maths comme l’araignée ou l’abeille, les « bons » en musique et en géographie comme les oiseaux, « les bon »s en course, en nage, en vol, en marche, les rapides et les lents…C’est grâce à tous que la vie a pu se perpétuer. Culturellement, il en a été de même, le progrès a été le résultat d’un brassage dans le temps et dans l’espace, de civilisations basées sur des paradigmes différents.

Dans les pays et villes testés, les enfants ne sont pas scolarisés de la même manière : 87% en Suisse et 93% en Grande-Bretagne, 50% dans des pays en voie de développement. Faire une moyenne sur 100% ou 50% des enfants ne donne pas la même information sur la valeur recherchée.

> Le QCM est une méthode facile et rapide à exploiter mais qui ne rend pas compte de l’aptitude à rédiger une pensée. Serait-ce devenu secondaire?

>L’examen des tableaux de chiffres exploitant les résultats sont impressionnants par le nombre et la précision; on croirait lire le bilan de productivité des machines d’une entreprise!

A une époque où la société, l’économie, et la vie en général, sont de plus en plus imprévisibles, il est fabuleux d’obtenir une telle certitude sur l’intérêt, pour l’avenir, de ces chiffres! Peut-on valablement généraliser des aptitudes intellectuelles à partir 510000 jeunes sur 28 millions!

«Tout jugement et toute opinion doit être étayé par une compréhension qualitative, et pas seulement quantitative, des enjeux. On assiste à un abus de chiffres auxquels on fait dire n’importe quoi.»A. Brahic

Si le Ministère de l’Instruction publique est devenu celui de l’Education nationale; cela en dit long!!

Beaucoup de parents sont dépassés par l’évolution d’une jeunesse suralimentée énergétiquement dès le plus jeune âge, conditionnée par la société de consommation, donc en quête du toujours plus, dans l’immédiat; maturés en mai 1968, les parents ont été conseillés par des psychanalystes en renom: l’enfant roi est devenu l’enfant tyran puis l’adulte tyran. Les contraintes professionnelles, les incertitudes, les drames conjugaux de plus en plus nombreux, ne permettent plus d’assurer l’éducation familiale dont ils ont normalement la responsabilité. L’enseignant du primaire, et du collège, doit donc à la fois assurer l’éducation familiale, l’éducation sociétale, afin de s’efforcer de corriger les dérives asociales de l’environnement culturel et, quand il a le temps(!) et la possibilité(!), l’instruction, sa mission originelle, c’est-à-dire la diffusion de la connaissance, de l’esprit critique dans la cadre du respect des fondements de la République: liberté, égalité, fraternité, laïcité. Tout cela avec des contraintes administratives de plus en plus lourdes.

Pour des améliorations il ne manque pas de pistes; les pays plus performants que nous en apportent, parmi elles, un choix financier très différent du nôtre.

>Les programmes sont trop chargés, trop spécialisés, trop ambitieux. Les élèves n’ont pas le temps pour réfléchir et comprendre.

>En Allemagne, un jeune prof sans expérience, affecté à un établissement difficile, est »coaché » par un collègue expérimenté, lui permettant d’être mieux préparé, par la suite, avec des élèves en difficulté. En France, il est livré «aux fauves», sans soutien ni même, depuis le dernier quinquennat, sans formation!

>Dans beaucoup de villes asiatiques, les enseignants bénéficient chaque année d’une centaine d’heures de formation continue, à la carte. Les pays nordiques ou l’Allemagne, recrutent des enseignants à haut niveau et les forment tout au long de leur carrière.

>Dans les pays nordiques, les élèves en difficulté sont repérés très tôt, dès les jardins d’enfants, et des enseignants tuteurs sont chargés de les suivre et de les aider.

>En Pologne, la transition école collège dure plus longtemps qu’en France: jusqu’à 10 ans, on apprend par «blocs thématiques» avec un seul prof, sauf pour les langues, le sport et la musique, puis, l’apprentissage se fait par matières avec un enseignant pour chacune. Au collège, on poursuit les mêmes matières de 13 à 16 ans. Un examen sélectionne vers les écoles secondaires (lycée général ou professionnel)

>Certains pays favorisent l’apprentissage: Suisse, Autriche, Danemark, Pays-Bas, organisent, comme en Allemagne, des formations de préapprentissage pour les jeunes qui ont de faibles aptitudes scolaires et les accompagnent afin qu’ils n’échouent pas dans l’obtention d’une qualification. En France, un jeune sur six quitte le système éducatif sans diplôme!

> De nos jours, la rémunération et le statut social de l’enseignant ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Quel gâchis quand on compare les rémunérations des financiers et celles de scientifiques! Quel gâchis quand nos cerveaux les plus brillants s’expatrient aux Etats-Unis, en Chine, au Brésil en Inde!!!!! Un jeune, en première année de contrat post doctoral dans une université américaine connue gagne autant qu’un professeur d’université avec quinze ans d’ancienneté.

«Il faut payer les débutants à leur juste valeur pour leur rapport à la société et non comme «danseuses» ou «hobbies» de la République.» A.Brahic

>Les pays les plus performants dans le domaine scolaire sont aussi ceux où les enseignants sont estimés, c’est le cas des pays asiatiques. «Renforcer l’attrait de la profession et donc la motivation serait l’une des clés du succès éducatif.» Mac Kinsey Institute:

>Pour se redresser, les Allemands ont impliqué à fond les enseignants:

  • Les profs gagnent 34% de plus que chez nous.
  • Alors qu’en France 50% de la dépense éducative va à des frais de gestion et de structure, elle est de 34% en Allemagne.
  • C’est donc au détriment de la masse salariale des profs: chez nous elle représente 31% de la dépense contre 51% en Allemagne.

Supprimer des postes d’enseignants est une solution catastrophique pour la France.

il faut déplacer, comme dans beaucoup d’autres domaines, les postes au contact des circulaires vers des postes au contact des élèves.

Créer 60000 postes supplémentaires d’enseignants cela coûte trop cher, paraît-il! La République française a largement les moyens d’améliorer son système éducatif car ce qui est dépensé aujourd’hui c’est de l’économie pour demain: moins de prisons, moins de chômeurs, plus de compétitivité.

– par Georges Vallet

crédit photos: madamemarieeve.wordpress.com

PISA : une pente inquiétante

PISALe rapport d’évaluation des compétences [Programme for International Student Assessment] des élèves âgés de quinze ans produit par l’OCDE montre des résultats très décevants pour la France. Son rang  parmi 65 nations a reculé de la 23ème place à la 25ème place en trois ans.

Contrairement au classement de Shanghai, la méthodologie utilisée pour ce classement ne fait pas l’objet de critiques sévères. Certains observateurs font remarquer que les questionnaires à réponses multiples sont moins pratiqués en France qu’ailleurs. Mais cela ne peut invalider les conclusions que l’on peut tirer de cette évaluation. En particulier qu’un écart de plus en plus important se creuse entre la France qui réussit et la France qui perd. Il y a urgence à se saisir du problème, car la compétitivité d’un pays est directement liée au niveau de compétence de ses habitants et à leur faculté d’initiative. Ce sont d’ailleurs les pays asiatiques qui sont en tête du classement. Mais les efforts de redressement ne peuvent être immédiats. Et il importe de faire un bon diagnostic.

Qu’un effet de lassitude, voire de découragement, existe au sein du corps enseignant n’est pas douteux. La situation matérielle et morale  des enseignants s’est dégradée au cours de ces dernières années. Le quasi abandon de la formation des maîtres au cours du quinquennat précédent a constitué une erreur stratégique.

La cause principale des disparités est cependant à rechercher en priorité dans les situations sociales et les motivations familiales. Le travail scolaire ne peut s’épanouir dans un milieu où le chômage sévit et où les conditions de logement sont difficiles et précaires. Pire, les exemples de jeunes incultes mais roulant les mécaniques grâce à l’argent de la drogue ne peuvent être que dissuasifs pour les écoliers et collégiens.

Le rôle de la discipline dans l’apprentissage n’est pas négligeable. Je ne demande pas qu’on en vienne aux châtiments corporels. Mais que l’on assure le respect de l’institution scolaire et de la liberté des autres. Comment espérer qu’un jeune qui est soumis au racket ou au harcèlement ait la sérénité pour bien étudier ? Comment ne pas voir que lorsque l’administration  hésite à punir un élève qui a menacé son professeur de «revenir pisser dans sa classe» pour exprimer son mécontentement on fait presque de lui un héros. Comment ne pas souhaiter qu’un(e) principal(e) de collège qui a levé une punition collective au profit d’un seul élève parce que ses parents sont influents soit mis(e) à pied ? Au passage il faut noter la sottise de ces parents qui ne réalisent pas que leur intervention déplacée à toutes les chances de faire de leur enfant la bête noire de ses camarades ? Ces faits ne viennent pas de zones d’éducation prioritaire dans une banlieue défavorisée, mais d’un des collèges les plus renommés de la région. Ils peuvent d’ailleurs conduire à penser que la dilution de cas sociaux n’est pas une panacée, mais qu’au contraire, ce peut être un moyen de gangrener toute une population.

Cependant, si le milieu familial accorde de l’importance à l’éducation et à l’intégration dans la société, la partie n’est pas perdue. Encore faut-il pour cela que le nombre d’enfants ne soit pas trop élevé. Il n’est évidemment pas question d’adopter en France des mesures de limitation des naissances comme en Chine. Mais il n’est peut-être pas sain d’inciter les familles à dépendre d’allocations qui vont en croissant avec le nombre d’enfants et qui par ailleurs contribuent à fragiliser les entreprises françaises. Des économistes ont calculé que la part des cotisations sociales se monte à 23%  de la richesse nationale alors que les impôts sur le revenu et sur le capital n’en représentent respectivement que 9% et 4%. Mais c’est là un autre débat.

L’angoisse peut être aussi un facteur de blocage. Il faut rappeler que les apprentissages se font au mieux si le plaisir et le jeu sont au rendez-vous. Inciter à la coopération plutôt qu’à la compétition manque aussi dans les pratiques scolaires françaises, et cela retentit sur l’activité professionnelle plus tard. Tout pousse à l’individualisme, même les jeux télévisés. Et que dire du charabia que l’on entend dans les médias ! Le français n’est pas une langue facile. Raison de plus pour ne pas l’estropier, la caviarder d’expressions argotiques ou étrangères dans les médias parce que cela fait «mode».

Je m’abstiendrai de préconiser une simplification  de l’écriture de la langue car je considère que ce n’est pas le moment d’introduire une nouvelle division dans le pays pour un sujet qui n’est pas crucial. Mais force est de reconnaître que notre usage des accents n’est pas à l’heure du numérique (une touche de notre clavier est mobilisée par une lettre accentuée qui doit n’intervenir que dans un seul mot, par exemple, et nos courriels sont pollués par des incompatibilités). Reconnaissons au passage qu’exiger une frappe double pour le point sur le clavier traditionnel français n’est pas la marque d’un esprit pratique. Or les questions posées (voir un échantillon sur le second lien ci-dessous) étaient fortement teintées d’esprit pratique et supposaient une bonne compréhension. Si nous voulons que notre industrie soit appréciée, et que le chômage baisse, il faut que notre production soit marquée par la qualité, c’est à dire la fiabilité et la commodité. Cela doit s’apprendre tôt. Délaissons le clinquant, le sensationnel et travaillons sur le fond.

– par Paul Itologue

http://www.oecd.org/pisa/keyfindings/PISA-2012-results-france.pdf

http://www.oecd.org/pisa/keyfindings/