Moitié-moitié

breve43099-0Face aux dramatiques événements qui frappent notre pays il serait évidemment facile de stigmatiser l’impuissance d’un gouvernement réputé incapable de protéger les citoyens contre un terrorisme particulièrement barbare. Cependant, si n’importe quel autre gouvernement n’aurait pas fait mieux, les solutions que proposent celui-ci ne sont pas de nature à apporter une réponse pérenne à la vraie question qui est posée aujourd’hui : celle de la compatibilité de la religion en général, et ici, en l’occurrence, de la religion musulmane, avec les valeurs démocratiques sur lesquelles se fonde notre République.

République dont il faut se souvenir qu’en d’autres temps, pour arriver à ses fins, notamment la déchristianisation, elle n’hésita pas à trancher dans le vif en  décrétant  ( 1er août 1793) , «l’anéantissement de la Vendée »  en lâchant sur elle les tristement célèbres colonnes infernales qui n’épargnèrent ni les femmes ni les enfants. République qui, plus récemment, afin de lutter contre « l’obscurantisme clérical » vota en 1905, les fameuses lois de séparation de l’Église et de l’État. Lois qui d’ailleurs, à l’époque, ne suscitèrent pas autant de réactions qu’on le croit et qui aujourd’hui ne semblent plus poser véritablement problème.
Bien sûr il n’est évidemment pas question aujourd’hui de recourir à des mesures aussi barbares ou aussi drastiques. Mais il faut mesurer qu’outre le fait d’accréditer quelque religion que ce soit c’est renier les principes et les acquis de la laïcité. Singulièrement, à propos de l’Islam, c’est aussi remettre en cause l’égalité des femmes. Cette moitié d’humanité soumise depuis la nuit des temps à l’autorité totalement arbitraire, aux caprices et aux fantasmes de son autre moitié masculine. Égalité d’ailleurs acquise bien tardivement chez nous ( ordonnances de 1944 et 1945 – et pour des raisons essentiellement électorales) ! Et que dire du fait qu’il y a quelques années seulement, une accouchée célibataire devait encore « reconnaître légalement» l’enfant qu’elle venait de mettre au monde ! Mais égalité, désormais, semblait-il, inaliénable !
Alors, aujourd’hui, en France, en démocratie, ne serait-il pas déshonorant pour la République et pour chacun d’entre nous d’imaginer seulement d’en faire une valeur… optionnelle ?
Et donc, à cet égard, dans le contexte actuel, s’il faut donc, évidemment, faciliter l’intégration totale de la communauté musulmane, y compris au plan religieux si telle est sa volonté – et bien sûr lui laisser du temps pour cela – ce ne peut être qu’à condition que cette question soit tranchée !
C’est à elle, seule, de le faire !

Maurice Meireles – Pontacq