Les réformes engagées ont un impératif besoin, pour être menées à leur terme, de s’appuyer sur le soutien de l’opinion publique. Actuellement tant dans le domaine de la SNCF que des institutions, le pouvoir en place mène une bataille de communication. Pas facile surtout lorsque ce sont des politiques qui sèment le trouble.
Considérons en premier lieu la SNCF. Ce conflit qui est organisé d’une manière inédite, ne recueille pas l’avis favorable de l’opinion publique. Un dernier sondage de l’IFOP pour le Journal du Dimanche, paru le 8 avril 2018, fait ressortir que 62% des sondés disent soutenir la position du gouvernement, ce chiffre était de 51% lors du précédent sondage. Prochainement le Président de la République va être interviewé sur une chaîne de télévision, il va préciser le sens de la réforme engagée. Il s’agit là d’une bataille de la communication, cependant nous savons tous que l’opinion publique est versatile.
Dans un autre domaine, le président du MoDem, président du pôle métropolitain du Pays de Béarn, président de la communauté d’agglomération de Pau Béarn Pyrénées, maire de Pau, président de l’Office palois d’habitat, président de la Béarnaise habitat, président du conseil d’administration de l’hôpital de Pau, président de l’office de tourisme de Pau, président du Centre communal d’action sociale de la ville de Pau (si je n’ai rien oublié) exprime son mécontentement haut et fort sur les médias nationaux. François Bayrou déclare que le chef de l’État ne tient pas ses promesses initiales. Il lui reproche en effet de limiter à 15 % au lieu de 25% le niveau de proportionnelle aux prochaines législatives et de ne rendre effective la limitation du cumul des mandats dans le temps qu’à partir de 2035. En affirmant « qu’il ne peut accepter ce qui est en train de se tramer », il lance lui aussi une bataille de la communication. Souvenons-nous que la proportionnelle avait été mise en place en 1986, et abandonnée très vite. On sait ce que cela avait donné. Le Front National avait suffisamment d’élus pour constituer un groupe. Souvenons-nous également que sous la quatrième République, le gouvernement connaissait une durée moyenne de vie de sept mois. Mais lorsqu’on est à la tête d’un petit parti, on sait que seule la proportionnelle permet d’augmenter le nombre de ses élus.
Même David Habib, député de la 3è circonscription des Pyrénées Atlantiques (La République des Pyrénées du 7 avril 2018), dénonce le projet de diminution du nombre de députés. Sous le titre « Le charcutage électoral est en marche » il se prononce contre une réforme institutionnelle qui réduirait le nombre de ces élus, les faisant passer de 577 à 400. Selon lui : « Où serait la proximité de ces élus avec les territoires ruraux ? » Il dit également que « le mode de scrutin mixte, proportionnel et majoritaire (…) ne fonctionne pas. Il instaure une double légitimité. Très vite un conflit apparaîtra entre ceux élus au scrutin majoritaire et ceux élus à la proportionnelle ». En cela, il s’oppose farouchement à la position de François Bayrou et se prononce pour le maintien du scrutin majoritaire. Rappelons qu’en 1962 (après l’indépendance de l’Algérie) le nombre des députés était de 482. La France était un pays rural et 95 députés de moins, n’avait pas entraîné une absence de proximité entre les élus et le peuple.
En cette période où plusieurs réformes sont engagées, les opinions divergent. La bataille de la communication ne fait que débuter. Les politiques sont à la manœuvre. C’est à celui qui parviendra à convaincre parce que l’opinion publique demeure une référence sur laquelle chacun cherchera à s’appuyer pour légitimer son point de vue. Mais celle-ci est fluctuante, évolutive, voire versatile.
Pau, le 10 avril 2018
par Joël Braud
Crédit image : ethiquejournalistique.wordpress.com