Macron Président, un troisième tour décisif

Macron    Ainsi donc notre nouveau Président sera Emmanuel Macron, mais ces demi-finales ont montré un éclatement des voix qui va poser un vrai problème pour le quinquennat à venir. Le président a été élu, avec moins de 20% des voix des Français… Pas terrible. Et après ?

L’élection française se jouera donc au troisième tour, aux législatives, et on se retrouvera dans ce cas dans un match à cinq car le PS, avec ses implantations locales, ses nombreux élus locaux, se joindra aux quatre demi finalistes.

Cela augure de très nombreuses triangulaires, ou plus (il faut 12,5% pour se maintenir) et donc des élus venant de toutes ces tendances et donc une assemblée ou aucun parti n’aura la majorité. Cela promet… sans compter que le sénat sera lui inchangé.

Les nostalgiques de la proportionnelle seront comblés.

Au plan local on risque de voir de curieuses empoignades. Côté PS on retrouvera sur la seconde Nathalie Chabanne qui se présentera sous son vrai jour, à la gauche du PS, et sur la troisième David Habib plus proche de Macron que de Hamon et qui se tait depuis des mois pour conserver la tunique PS. Ce sera assez étonnant de constater qu’ils feront campagne pour deux programmes différents…

Sans compter sur la quatrième où Bernard Uthurry a lancé sa campagne …sans avoir obtenu l’investiture…

Sur le 64 on attend d’En Marche des têtes nouvelles, des candidats qui ne veulent pas faire carrière et qui ont montré leurs capacités dans leur vie professionnelle. J’ai bien peur que nous soyons déçus …

Côté MoDem, on pourra constater quelle place aura obtenu François Bayrou pour ses protégés (Le Point a parlé de 96 investitures…!), mais où sont donc les jeunes et brillants disciples du Maire de Pau ?

Pour Les Républicains, un casting très décevant sur le Béarn, on y retrouvera Eric Saubatte et Marc Oxibar ainsi que Nicolas Patriarche suppléant de Pauline Roy. Des candidats bien ternes, des militants appliqués sans doute, décidés à « faire carrière » à l’ancienne mais n’ayant jamais montré de grand potentiel dans la vie politique locale : le contraire de ce que souhaitent les français (sans compter leur slalom effectué durant la campagne de F Fillon…)

A l’extrême gauche, les candidats auront bien du mal à approcher le score de Jean Luc Mélenchon dont une grande partie a été obtenue grâce à ses talents d’orateur. Il en sera sans doute un peu de même à l’extrême droite.

Une très grande incertitude pour imaginer la future composition de l’Assemblée…

Il faudra donc que Macron montre cette nouvelle voie, ni droite ni gauche, et les travaux pratiques risquent d’être délicats avec les habitudes prises dans notre Assemblée Nationale.

Une nouvelle ère s’ouvre aujourd’hui, elle ne sera pas vraiment favorable aux indispensables réformes pour rétablir les grands équilibres du pays.

Daniel Sango

Bayrou circus

macron-bayrou-2 Le Bayrou circus continue, au diable ce qu’il disait d’Emmanuel Macron il y a quelques semaines, tout est bon pour continuer d’exister.

Comme je l’écrivais, « Bayrou ne sera pas Président » (AP du 10/02/2017), il a choisi de venir, la corde au cou, offrir ses services à l’OVNI Macron, seule solution qui permet encore à un homme seul et sans parti d’exister politiquement et médiatiquement.

François Bayrou n’aura convaincu personne, cette décision est le calcul d’un drogué de la politique, tout ce que les Français condamnent. Il veut faire croire que c’est le risque d’une victoire de Marine Le Pen qui guide son « sacrifice ». Il sait très bien que le vainqueur de la présidentielle sera le second du premier tour, qu’elle ne sera pas élue. Il veut faire croire que son « sacrifice » est parfaitement logique, sauf qu’il y a quelques semaines il n’avait pas de mots assez durs contre celui qu’il considérait comme son rival.

En septembre 2016, François Bayrou estimait chez Jean-Jacques Bourdin que derrière la démarche d’Emmanuel Macron, qualifié d’ « hologramme », il y avait une « tentative qui a déjà été faite plusieurs fois de très grands intérêts financiers, et autres, qui ne se contentent plus d’avoir le pouvoir économique et qui veulent avoir le pouvoir politique ».

Ou son tweet du 11/09/2016 : « Je ne me reconnais pas dans ce qu’Emmanuel Macron incarne. Son projet de société est proche de celui défendu par N. Sarkozy » …le compliment suprême.

Mais tout ça c’était…« mélée ouverte » c’est du vocabulaire « rugby » nous dit François lors de l’officialisation de l’alliance. En fait, en deuxième mi temps, le vent a tourné… « les mouches ont changé d’âne » comme disait Bala…

François Bayrou vient maintenant baiser les pieds de Macron sans vraiment connaître son programme puisque celui-ci le dévoilera progressivement dans les jours à venir, mais il n’a pas d’autre choix. Tout cela n’est qu’une cuisine politique, et Macron n’en sort pas grandi, lui dont l’atout majeur est d’incarner un vrai renouvellement de la classe politique. Serait-il déjà passé au chapitre habituel des professionnels de la politique, la démagogie ?

A droite, assez logiquement, on voit le programme de Fillon s’adoucir et se rapprocher de celui de Juppé, programme que soutenait Bayrou. Mais pour lui, le problème n’est pas le programme, quoiqu’il en dise, mais les solides inimitiés avec les sarkozistes et ses anciens « amis » centristes. Et puis à droite il y a foule d’anciens premiers ministres, des poids lourds de la politique, pas de place pour le rêveur palois. Côté Macron par contre on commence a recycler les losers…

Les conséquences que ce ralliement va avoir sur la politique locale devrait être assez amusant. Tout d’abord la coalition municipale à Pau doit exploser. Il n’est pas concevable que les centristes et Républicains continuent à soutenir celui qui fait le choix de mettre en péril le candidat de leur camp après avoir favorisé l’élection de Hollande. On attend avec impatience la réaction… Avec, pour brouiller un peu plus les cartes, ce que j’écrivais dans « Frédérique Espagnac et les caméléons roses », tout le bien que pense David Habib de Macron :

« Lui, le porte parole de Manuel Valls, ira-t-il rejoindre Macron ? Il écrit à son sujet sur son site : « Je retiens toutefois qu’il a compris que le prochain Président devra incarner le progrès, la quête de croissance, l’espoir d’une France optimiste et unie. C’est mon credo depuis toujours. »

Si un retournement d’alliances à Pau reste peu probable, Bayrou risque de se retrouver bien seul.

Côté Conseil Départemental, là aussi on ne voit pas comment la majorité MoDem UMP UDI continuerait a rester unie. Avec quelles conséquences ?

Pour les législatives, les paris sont ouverts et l’arrivée d’En Marche dans le jeu va rebattre les cartes, d’autant plus si Macron est élu… Allez les arrivistes dépêchez-vous, faites vos jeux !

Quant à François Bayrou une période d’activité occulte s’ouvre pour négocier et décider des investitures de ses amis, et contrairement à ses affirmations, il ne s’occupera pas de Pau. Vous me direz que cela ne changera pas grand chose, et vous aurez raison ( « Pau 2030 la ville rêvée de Bayrou » )

Installons nous confortablement, le Bayrou circus continue, tout comme les embouteillages et la hausse des impôts à Pau.

Daniel Sango

Carton du FN: « Comment en est-on arrivé là ?»

images« Comment en est-on arrivé là ? », c’est le titre de l’éditorial du Monde du 8 décembre, après le « carton » du Front National au premier tour des élections régionales. Passé le titre, dont on imagine qu’il conduit à une analyse connue, vient la conclusion : « C’est une reconstruction en profondeur qui s’impose ». On n’en saura pas plus sur le type de reconstruction imaginé par le quotidien et la méthode pour y arriver.

Cette reconstruction en profondeur, de nombreux rédacteurs, sur Alternatives Pyrénées, l’appellent de leurs souhaits depuis bien longtemps. Mais rien n’y fait. Rien ne bouge. Du coup 30% des français pensent que seul le FN peut faire bouger les choses. Ils n’ont pas tort ! Ni le PS, ni les Républicains ne proposent quoi que ce soit pour faire sortir notre Nation de l’immobilisme. Ils se contentent d’un face-à-face stérile depuis si longtemps.

Oui, seul le FN peut faire bouger les choses, sauf que le replis sur soi, la xénophobie ne peut que conduire qu’à plus de chômage, plus de difficultés encore. France : De pays des lumières, pays universel passant au statut de pays fermé, recroquevillé sur lui-même !

Pas une nation du monde, au « top » de l’attractivité, ne vit repliée sur elle-même. Où préférez-vous vivre ? Canada, Finlande ou Corée du Nord, Vénézuela ?

Les observateurs semblent avoir du mal à conclure que ce sont nos présentes institutions qui créent le personnel politique actuel. Soit dit en passant, n’en doutons pas un instant, ces institutions amèneront les cadres du FN, en l’espace de deux petites mandatures, à être des copier-coller de l’UMPS actuelle. La soupe est trop bonne.

La Constitution de la Vè République avait été taillée sur mesure pour Charles de Gaulle. Sauf que, celui-ci disparu, sa constitution présidentielle est restée en place. Un uniforme toujours trop grand pour ses successeurs. Un uniforme qui conduit la France, depuis plusieurs décennies, dans une lente glissade vers le bas. Pour beaucoup, la France a maintenant besoin d’un Napoléon ou d’un De Gaulle. Le recours à l’homme providentiel est la preuve ultime que nos institutions ne sont pas à la hauteur d’une démocratie moderne. « Il nous faut un De Gaulle… ». Quel constat d’échec ! Entendons-nous ce type de réactions dans les pays anglo-saxons ou du nord de l’Europe ?

Supprimons la Présidence, supprimons les communes, diminuons de moitié les représentants à toutes nos assemblées (de 800.000 indemnités de fonction « politiques », la France passera à 400.000… contre 30.000 en Grande Bretagne à ce jour), publions leur patrimoine en tant que couple, limitons le cumul dans le temps à deux mandats, interdisons le cumul simple, rendons contraignantes, sous peine de pénalité, les recommandations de la Cours des Comptes, introduisons la notion de Transparence dans le préambule de la Constitution, veillons à limiter les domaines d’intervention des différentes strates administratives à des compétences très précises, rendons pénalisable leur non-respect, rendons obligatoire la consultation des citoyens par voie de référendums locaux, régionaux, nationaux dès que des niveaux de budgets sont atteints, uniformisons les régimes (tous), payons les indemnités d’élus au temps de présence mais n’oublions pas la mise en place d’un statut de l’élu etc. Tout a été écrit sur AltPy.

Une fois cette longue liste (non-exhaustive) de réformes arrètées, il s’agit d’imaginer comment la mettre en place. Typiquement, cela devrait être le rôle de la prochaine présidentielle qui doit refonder la démocratie française.

Le programme des candidats à l’élection de 2017 sera primordial sur ce point. Qui osera s’atteler à ce chantier ? Qui de Sarkozy (qui a déjà annoncé vouloir revenir sur la loi sur le cumul !), Juppé, Fillon, Bayrou, Hollande ou Valls saura se jeter à l’eau et proposer un nouveau fonctionnement pour notre démocratie. Oser, encore oser, toujours oser !

A moins que cela ne soit Marine Le Pen qui, dans le rôle de l’homme providentiel, se contente simplement d’endosser l’uniforme du Général. Un vieux modèle datant des années trente…

Tout est ouvert et le pire probable. A nous citoyens, tout au long de 2016, de bousculer, sans ménagement et avec ténacité, nos « politicards » pour qu’ils se bougent. Tant qu’il n’est pas trop tard. Nous n’avons qu’une petite année devant nous. Comment s’y prendre ?

– par Bernard Boutin