Noël est là et pour les Pyrénées toujours pas de neige en vue. C’est normal me direz vous, le réchauffement climatique est une certitude, sauf pour nos Conseillers Départementaux…
Comme chaque année, l’EPSA (Etablissement Public des Stations d’Altitude ) gestionnaire des stations de Gourette et La Pierre Saint Martin pour le compte du Conseil Départemental, propriétaire, annonce une ouverture des stations fin novembre, début décembre. Comme chaque année ses dizaines d’employés sont mobilisés pour préparer les installations un mois trop tôt, comme chaque année l’ouverture est retardée et les employés payés par le contribuable à attendre la neige…
Comme tous les deux ans depuis dix ans je m’égosille sur Alternatives Paloises pour dénoncer cette gabegie honteuse qui s’ajoute aux autres scandales de la gestion de cette entité inutile : « Subventions entre amis ? » (AP du 5/11/2018)
Cette année 2018, la plus chaude depuis le début des mesures en 1900 confirme cette tendance inéluctable (+ 1,4 °C en France par rapport à la normale 1981/2010) :
« La température moyenne à la surface du globe devrait faire de 2018 la 4e année la plus chaude depuis le début des mesures, après 2016, 2015 et 2017, soit ces 4 dernières années. En outre, les 20 années les plus chaudes jamais enregistrées se situent toutes parmi les 22 dernières années. » (Météo France)
Cela confirme aussi toutes les études menées sur l’enneigement dans les Pyrénées. La neige à la station de Gourette, à 1400 m, c’est définitivement terminé. La Pierre Saint Martin est aussi trop basse. Le ski commence maintenant à 1800 m et encore, pour des périodes de plus en plus courtes !
Malgré cela, le Conseil Général des PA continue obstinément à jeter l’argent des contribuables par la fenêtre et continue à investir pour ces stations. Pourtant, déjà en 2012 le Président de l’EPSA faisait le constat suivant :
« Je tiens d’abord à redire que l’état de dépendance de l’Epsa vis-à-vis du conseil général a atteint un niveau inacceptable. Il s’agit tout de même des deniers publics… Ceci dit, nos stations en valent la peine et je suis persuadé que, d’ici 3 ans, on arrivera à des résultats. Il faut maintenir ces outils, mais pas à n’importe quel prix ! » (La République du 27/06/2012)
Depuis, rien n’a changé, pire, ils continuent, obstinément, à n’importe quel prix, en essayant de faire croire que les retombées économiques de ces activités justifient ce flot d’argent public. Ces stations n’ont jamais réussi à mettre en place un modèle économique minimal. Comment croire qu’on pouvait rentabiliser des investissements énormes et l’investissement immobilier avec une fréquentation de quatre semaines par an ? Les propriétaires d’appartements ont du souci à se faire car aucune stratégie crédible n’est mise en place, et pour le moment ce sont les idiots de contribuables qui payent.
Les sommes investies sont très importantes avec toutes les combines comptables pour en dissimuler ou atténuer le montant comme j’ai eu l’occasion de le montrer dans les articles précédents. Mais surtout ce qui est scandaleux, c’est que le Conseil Départemental continue cette gabegie ! ( « A l’EPSA les subventions du Conseil Général fondent comme neige au soleil » AP du 14/7/2012)
Il n’existe qu’une attitude logique : la gestion du déclin de ces stations, et le problème est de taille.
D’autre part, comment faire venir des touristes l’été dans une montagne défigurée par des remontées mécaniques et les pistes tracées sur ses flancs ? (en plus, ne cherchez pas les budgets pour le démantèlement de ces installations… )
Les stations de ski béarnaises, énergivores et polluantes n’ont pas d’avenir, d’autant que la situation générale du ski en France n’est pas bonne : « Des skieurs qui prennent de l’âge, un marché locatif en crise, une baisse lente mais historique de la fréquentation… Les stations de ski glissent sur une mauvaise pente » « le nombre de journée-skieurs diminue en moyenne de 0,8% chaque année depuis 10 ans » (Challenges du 22/12/2018: Les stations de ski, un business qui vieillit mal)
Par ailleurs, les stratèges du Conseil Départemental n’ont rien à proposer à part une fuite en avant coupable pour un domaine qui d’ailleurs ne fait pas partie de leur cœur de compétences dans notre invraisemblable mille feuille.
Daniel Sango
Autres articles :
« Le gouffre de Gourette et de la Pierre Saint Martin » AP du 23/11/2009 et sa suite du 30/11/2009
« Chère Blanche Neige » AP du 5/11/2011
« A l’EPSA les subventions fondent comme neige au soleil » AP du 2/07/2012
Photo : webcam Gourette 23 décembre 2018 à 11h00