Réflexions après un petit retour en arrière de quelques milliards d’années.

vignette gv2010Dans le chaos initial, «la soupe primitive» est encore chaude. L’entrechoquement des atomes et des molécules nouvellement créés génèrent des contacts, des répulsions, des attractions, des unions, des désunions…

Tout le monde s’exprime, échange, propose, rejette, dans la plus grande anarchie !

Les retombées positives sont peu nombreuses car la sélection y est sévère. Certaines solutions ou structures de quelques molécules seulement s’édifient et persistent, car adaptées aux conditions du milieu ambiant.

Les premières Start-up se mettent en place.

Les investisseurs sont nombreux et généreux, ce sont les flux stellaires qui apportent l’Énergie, la Matière et l’Information. Ces start-up prolifèrent, les créations se multiplient donc ; certaines grossissent en se réunissant, elles passent aux unicellulaires puis à des édifices pluricellulaires plus complexes et souvent extravagants.

C’est la grande explosion de la biodiversité.

Nous sommes à la base de l’ère primaire, entre 500 et 600 millions d’années: faune d’Ediacara et Burgess.
Les premières petites puis moyennes entreprises voient le jour.

L’évolution particulièrement mouvementée du milieu dans toutes ses composantes: climatiques, géographiques, géologiques…fait un grand balayage ; de nombreuses structures auront une vie éphémère, d’autres, plus favorisées par le hasard ou nouvellement créées, plus adaptées, vont s’imposer, se multiplier, se complexifier, se diversifier. Les moyennes entreprises apparaissent, plus fortes, plus adaptées aux contraintes environnementales : ce sont, pour les animaux, l’apparition des différentes lignées d’invertébrés puis de vertébrés.

Au fur et à mesure, du temps, des évolutions environnementales, des sélections adaptatives, beaucoup de ces petites et moyennes entreprises disparaissent, d’autres apparaissent. Certaines structures se fortifient, se renforcent, se diversifient, se complexifient, les vertébrés avec les oiseaux et les mammifères en forment l’essentiel.

Ce sont les grosses entreprises.

L’une d’entre elles recueille le maximum d’investissement et prend un essor foudroyant qualitativement et quantitativement : les hominidés.

La marche en avant de la complexification a amené la synthèse, par le jeu des hasards de l’évolution, de cette entreprise hautement sophistiquée ; elle devient bientôt prisonnière de sa réussite, de sa complexité, de sa difficulté énorme de gestion, de la nécessité d’un maintien de son équilibre, de la régulation de ses apports et de ses rejets, de son immense pouvoir de prolifération….et de nuisances.

La paléontologie est riche de l’histoire de grandes lignées anciennes qui avaient atteint la limite de leur compétence : nummulites, ammonites, dinosaures…., grands mammifères de la préhistoire, l’évolution adaptative n’est plus possible car la spécialisation est trop grande, le retour en arrière non plus ; c’est le déclin, la disparition sous le poids de leur propre paralysie.

Est-ce la fin définitive ?

Absolument pas, l’histoire culturelle est calquée sur l’histoire biologique ; elle nous offre des schémas possibles d’espoir. Il suffit d’en visionner les grandes lignes car toutes les grandes civilisations ont suivi le même chemin :

  • Création à partir de petits groupes minoritaires, efficaces car non sclérosés, innovateurs d’idées nouvelles, dynamiques, efficients car faciles à manœuvrer, adaptés aux besoins et technologies nouveaux : agriculteurs, éleveurs, artisans, chercheurs…(Start-up)
  • Développement, accroissement, puis hypertrophie et inadaptation liée à leur propre gigantisme.
  • Disparition en tant que telle mais survie de quelques groupes minoritaires, longtemps combattus, prêts avec de nouvelles idées , après sélection, à préparer un nouveau départ.

Actuellement, la civilisation occidentale semble tout à fait en être à la fin de la deuxième étape et l’amorce du nouveau départ est entrain de se faire :

  • Les Start-up de quelques personnes seulement, formées aux nouvelles technologies, font de plus en plus parler d’elles quand on parle de réussites parfois étonnantes.
  • Les investisseurs sont aux aguets prêts à jouer pour leurs intérêts.
  • Les grosses entreprises, du CAC 40 et autres, s’effondrent progressivement.
  • Les petites et moyennes entreprises, plus souples, plus maniables, attendent pour prendre le train en marche.

> Deviendront-elles par la suite de grosses entreprises à nouveau inadaptées ?

> Cette voie ouverte par la souplesse et la jeunesse des idées et des technologies est-elle aussi la voie d’une vie meilleure pour les survivants ?

On n’a guère avancé de ce côté là car la réponse, cette fois, est beaucoup plus entre les mains de l’homme lui-même, de son intelligence, de ses connaissances, de l’application des valeurs que sa société a édifiées, que des hasards de l’évolution naturelle et de la volonté divine.

Et pourtant : l’impossible est toujours possible !

– par  Georges Vallet

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