Rue des républicains espagnols

Une rue des Républicains Espagnols sera inaugurée dans le quartier du Hédas à la fin de la semaine. Elle sera située près de celle dédiée à Abdel-Kader, bien oubliée hélas ! C’est un rapprochement symbolique que celui de ces deux voies consacrées à des faits en réalité bien différents mais qui consacrent des événements historiques longtemps occultés ou oubliés, dédiés d’un côté à une personnalité rayonnante, proie de la conquête coloniale et de l’autre à des héros anonymes, victimes d’une injuste tyrannie.

Pau n’est pas seulement ville anglaise comme on se plait à le dire dans les dépliants en omettant de dire qui en étaient les maîtres et les domestiques. Elle est plurielle. Il faut relire l’histoire de la capitale du Béarn comme étant avant tout le produit d’un métissage qui l’a façonnée au long de son histoire -à l’instar de la nation française d’ailleurs. Les Espagnols –comme les Portugais, dans une moindre mesure- ont joué un rôle important, dans sa démographie comme dans sa culture.

Il y eut une part importante, une première vague de cette immigration espagnole qui fuyait la misère qui régnait chez nos voisins, au sud de la péninsule surtout. Elle fut, pour l’essentiel, d’origine rurale et n’en pouvait plus de la loi d’airain imposée par les grands propriétaires latifundistes, affamant littéralement les populations. C’était un peuple d’ouvriers agricoles embauché –ou non- quotidiennement pour une pesette, tenu d’effectuer de lourds et pénibles travaux, exposés aux brûlures d’un ardent soleil.

Pas de syndicat, pas de manifestations, aucun moyen de défense sauf la fuite vers un monde meilleur : la France. Ces victimes de la faim, d’une certaine manière, étaient républicains avant l’heure car cette barbarie, cet ordre injuste, la république espagnole avait pour projet de l’abolir. Ainsi quand Franco et son gang de généraux se soulevèrent, ils trouvèrent face à eux un peuple souvent désarmé mais déterminé.

Ce fut donc une guerre fratricide sans pitié et d’une cruelle dureté qui annonçait les massacres de masse qui suivraient à l’échelle européenne dès 1942. Le clergé espagnol soutint le soulèvement factieux apportant ainsi sa caution morale à la mise à bas de la jeune république. Contre cela se levèrent des chrétiens sincères comme François Mauriac ou Georges Bernanos révoltés par le cynisme franquiste. Les républicains perdirent la guerre abandonnés de tous et d’abord des démocraties : la France de Léon Blum et l’Angleterre de Chamberlain. Ils se tournèrent alors vers l’Union Soviétique et Staline, dans son délire paranoïaque, en profita pour régler ses comptes avec ses ennemis de l’intérieur comme l’a si bien décrit George Orwell dans ses « Adieux à la Catalogne ». Le camp franquiste bénéficia lui du soutien massif de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste.

Après une résistance farouche, le soutien de brigades internationales dont les membres venaient du monde entier, la république espagnole s’effondra et vint l’heure de la « Retirada », la retraite. Entre 450 000 et 500 000 femmes, enfants, vieillards franchirent en trois jours la frontière dans les Pyrénées Orientales, venues de l’ultime réduit légitimiste, mitraillées par l’aviation franquiste. Débordée par le flot immense, mal intentionnée aussi, l’administration Daladier accueillit bien mal cette vague immense. Après qu’ils furent désarmés, ils furent parqués dans un premier temps sur les plages de la Catalogne française en ce mois de février 1939, balayées par le vent glacé. Nombreux sont ceux qui disparurent dans ce premier enfermement on en connaît pas vraiment le nombre et la souffrance de ces premiers mois d’enfer pour des dizaines de milliers de personnes reste encore à décrire.

Les républicains furent ensuite dispersés dans des camps dits « de concentration » par l’administration de l’époque. Ils furent très mal accueillis par l’ensemble de la population –il y eut des exceptions-, vilipendés par la presse locale et par une grande partie des hommes politiques. Ce fut particulièrement vrai pour Gurs, à quelques kilomètres de Pau, où se construisit en quelques semaines le plus grand de ces camps. La troisième ville du département. Le camp reçut environ 30 000 Espagnols, des soldats d’abord : les Basques –ils avaient leur armée-, les « aviateurs » -élite de l’armée républicaine- puis des membres des Brigades Internationales venus de 25 pays différends ; plus tard des hommes et des femmes réfugiés.

Enfermés derrière une triple rangée de barbelés, dans la boue et la faim, les Espagnols de Gurs montrèrent une discipline de fer qui fit l’admiration de tous. Ils gérèrent le camp eux-mêmes en en faisant un haut lieu de culture populaire. Jamais ils ne se laissèrent aller à l’amertume de la défaite, stimulés par des leaders charismatiques et de brillants intellectuels. Cela sans doute les aura sauvés et la population locale, pour une partie, commença à les voir autrement.

Plus tard une partie d’entre eux rejoindront la Résistance. Ils seront très actifs dans les maquis. Entre autres exploits ils seront les premiers à rentrer dans Paris et ils formeront la garde rapprochée du Général de Gaule lui-même. Beaucoup d’entre eux restèrent en France, sans amertume et avec une volonté d’intégration farouche. Ils apprirent notre langue à leurs enfants et ils font désormais partie du tissu social de notre cité où ils sont parfaitement intégrés tout en gardant une identité propre.

Ainsi une rue de Pau viendra rappeler cette Histoire douloureuse où la France ne s’est pas toujours illustrée. C’est un hommage tardif mais bien mérité à la dignité de ces combattants souvent héroïques qui forment une part de cette diversité qui fait notre ville.

Pierre Vidal

Photo : Capa

Pampelune, des fêtes sans toros ?

Comme chaque année les fêtes de Pampelune débuteront le 7 juillet : « siete de julio San Firmin ! ». La San Firmin c’est une institution et de très nombreux jeunes ou moins jeunes y sont allés une fois dans leur vie. Certains ont même couru l’encierro. Le souffle dans le dos de la course du toro leur aura laissé un souvenir inoubliable. Le voyage chez nos voisins navarrais a quelque chose d’initiatique. Les souvenirs pamplonnais se passent de générations en générations. Ils tournent autour du toro car à Pampelune le toro est maître. Mais voilà que les choses pourraient changer. Désormais le hashtagg « San Firmin sin cuernas », c’est-à-dire sans toros, envahit les réseaux sociaux… Une San Firmin sans son roi est-ce envisageable ?

UN MAIRE BILDU

Le maire EH Bildu, c’est-à-dire pro-indépendantiste, de Pampelune, Joseba Asirón, vient de déclarer à un hebdomadaire local, El Temps, à propos des San Firmin: « nous sommes en train de préparer la suppression des corridas dès 2019 et ce n’est pas une clause de style ». Evidemment les réseaux locaux se sont enflammés et comme chacun le sait ce sont les anti-taurins et les animalistes en général qui sont, sur ce terrain, les plus forts car ils sont soutenus financièrement et possèdent des moyens que les défenseurs de la tauromachie n’ont pas. Précisant sa pensée le maire qui se dit à titre personnels aficionado, ajoutait : « je ne vois pas les fêtes sans encierro mais sans les corridas ».

Ces déclarations étaient la conséquence, d’après le maire, du récent incendie des corrals du Gas où se trouvent les toros avant l’encierro du matin et la corrida du soir. Un acte terroriste en fait qui aurait pu avoir des conséquences humaines graves mais qui se trouve ainsi légitimé par le maire lui-même. Les ganaderos dans leur ensemble ont réagi dans un communiqué commun à leurs diverses associations – Criadores de Toros de Lidia, Asociación de Ganaderías de Lidia, Agrupación Española de Reses Bravas, Asociación de Ganaderos de Reses de Lidia y Ganaderos de Lidia Unidos) : « nous ne procèderons pas aux encierros si les corridas sont interdites ». L’encierro, course à travers les rues est un événement télévisé en direct dans le monde entier. C’est un spectacle planétaire…

L’ENCIERRO MENACE

Sans-doute, il y a une part de psychodrame dans cet emballement qui suit des déclarations provocatrices du maire pamplonais. Elles ne sont pas surprenantes de la part d’un individu qui n’en est pas à son coup d’essai et de son parti qui a longtemps prohibé les corridas à Saint-Sébastien. Bildu, extrême gauche nationaliste, fait partie de la coalition qui soutient le gouvernement de Pedro Sanchez. Depuis le maire a fait un pas de côté en évoquant le débat social et bien sûr la souffrance animale, priorité désormais de l’extrême gauche. Cette souffrance animale n’existerait donc pas pour les encierros qu’il prétend défendre ?

Que seraient les fêtes de Pampelune sans les cornes, « ni un piton » comme ils l’écrivent sur les réseaux sociaux ? Les fêtes de la bière en moins bien. Une beuverie immense sans raison, ni poésie particulière, et même sans motifs –celui de la tradition ne pouvant plus être évoqué. Plus de corridas cela voudrait dire plus d’encierros, plus d’encerillos, plus de visite du corrals du Gas, plus de sorteo public, plus de paseo jusqu’aux arènes, plus de « Pamplonesa », plus d’encierros TxiKi, plus de vaches dans les arènes, plus de corridas équestres, plus rien qui ne fasse le sel de ces fêtes tournées toutes entières autour du toro ; des fêtes qui ont fait la réputation mondiale d’une ville sans grand intérêt par ailleurs. Il y aurait sans doute un déficit d’images et un gros manque à gagner à transformer Pampelune en fêtes de la bière. Elles existent déjà à Munich…

Pierre Vidal

Joseph Peyré dans mes bagages

Au panthéon béarnais, le bon roi Henri et son clone contemporain prennent à eux deux une place si importante qu’il est bien difficile pour d’autres de s’y faire une niche. Ainsi des figures remarquables de notre région sont tombées dans un oubli regrettable. C’est le cas du grand écrivain Joseph Peyré, relégué au purgatoire des bonnes plumes, en bonne compagnie de celle de ses amis : Frison Roche, Kessel ou Mac Orlan (excusez du peu…) Pourquoi cet oubli ? Sans doute l’enfant d’Aydie a-t-il eu le tort d’avoir eu un grand succès populaire et d’avoir bercé les rêves de nombreux adolescents des années soixante. Le succès cela ne pardonne pas dans la coterie littéraire… Ou encore lui a-t-on tenu rigueur de prises de positions politiques peu orthodoxes ? Les positions dissonantes sont mal vues dans ces cercles où sévit une ligne officielle et inflexible… On peut aussi penser que les thèmes abordés par Peyré : désert, tauromachie, montagne, ne sont plus dans l’air du temps… Disons-le : hélas !

Le neveu de l’écrivain, Pierre Peyré, se bat pour que justice soit rendu à son oncle et que l’on remette cet excellent auteur à sa place. A ce propos, un colloque sera organisé à l’UPPA au cours du mois d’octobre prochain et on annonce la venue d’universitaires originaires d’Espagne, pays qui a toujours célébré l’écrivain lui rendant ainsi la passion qu’il lui accordait. Ce qui montre au passage que Pau n’est pas seulement « une ville anglaise » et que de grands esprits se sont sentis attirés par ce qui se passait de l’autre côté des Pyrénées -« tras los montes ».

Au fait, savez-vous que Pau est jumelée avec Saragosse… ? Et depuis combien de temps le maire de la cité aragonaise –métropole du nord de la péninsule- a-t-il été invité en Béarn par les hérauts locaux de l’Europe ? N’est-ce pas un atout qui mériterait d’être mieux joué ? Une proximité dont il faudrait user ? Mais gardons-nous des illusions : la vieille défiance des élites béarnaise à l’égard de l’Espagne n’est pas prête de disparaître.

Revenons donc à Joseph Peyré : bouclant mes bagages pour un séjour à Madrid, cette « capitale du monde » comme l’écrivait Hemingway, je cherchais un livre pour occuper le temps du voyage. En fouillant ma bibliothèque je trouvais un petit ouvrage délicieux ; recueil de nouvelles méconnu de l’écrivain béarnais : « De cape et d’épée ». Je l’ouvris juste pour voir, et je le lus d’une traite avant mon départ –il faut en trouver un autre maintenant !

C’est un ouvrage terrible en fait, cruel souvent qui décrit l’Espagne de 1935, au bord du gouffre, à travers le prisme de la tauromachie ou plutôt des avanies du « milieu taurin » de ses vedettes ou des modestes avec une prédilection pleine de tendresse pour ces derniers. C’est donc un livre d’aventures dérisoires, de dialogues ciselés et de portraits vivants de gens égoïstes, irresponsables ou terrorisés qui au milieu du désordre tragique de la vie qu’ils mènent, savent se transcender dans les instants cruciaux : face au « fauve » -comme il le dit-, mais aussi à la blessure, à la ruine et en définitive à la mort.

Tout cela est très bien documenté, car Peyré vécut dans le milieu taurin, il embarqua lui-même dans les « coches de cuadrilla » pour suivre la route du toro, il se lia aux vedettes du moment -Cagancho notamment- et sut aussi partager le quotidien misérable de tous les seconds couteaux de ce monde cruel. Ainsi la presse espagnole le baptisa le « Hemingway français » et il remporta le prix Goncourt avec « Sang et Lumières » en 1935. Il avait écrit son livre à Madrid après avoir été témoin direct de l’exil madrilène de l’escroc Stavisky, de la fin du règne d’Alphonse XIII, chassant le loup dans la sierra madrilène avec les riches impresarios. Il consigne dans ses « carnets », hélas inédits, toutes les manies, les turpitudes et aussi la grandeur d’âme des vedettes des arènes.

La tauromachie et les manies qui l’entourent, sont pour lui la métaphore d’un monde qui s’effondre. Nous étions en 1934 et les Français dans sa position n’étaient pas si nombreux… Il n’y en avait pas d’autres, en fait, les Jean Cau, Cocteau ou Montherlant, viendraient beaucoup plus tard arpenter ces sentiers que Peyré foula le premier. Il le fit avec un regard très moderne, très particulier qu’il exprime bien dans l’épilogue de « De cape et d’épée » : « C’est de cette épreuve de l’homme que j’ai voulu parler. Elle ne débute d’ailleurs pas au seuil du cirque. J’en ai fait le parcours, observé les approches, depuis le monde obscur, les marges, les seuils nocturnes de la ville, jusqu’au « rond » de sable fatal »

Finalement je crois que je vais le prendre avec moi, mon Peyré, pour le relire sur la route de Madrid, vers la San Isidro… Car peut-être vais-je croiser dans les ruelles du quartier Santa Ana les descendants ou les fantômes errants de ses misérables héros qui vivaient « De cape et d’épée ». Ainsi, je saurais reconnaître ces personnages modestes et pitoyables mais parfois lumineux qui ne m’ont pas quitté depuis l’enfance…

Pierre Vidal

Crédit photo : France Bleu.fr

Catalogne : Enfin le drapeau blanc !

credit : el Periodico de Catalunya

Il y a 35 ans, pour le compte de mon employeur, je montais une filiale à Igualda, petite bourgade industrielle, située entre Barcelone et Lerida. Il y a 35 ans, je découvrais que toute la population parlait une langue nouvelle pour moi : le catalan. Si j’arrivais à imposer l’espagnol dans les conversations, c’était uniquement accepté parce que j’étais français.

Les Catalans d’alors n’aimaient pas Madrid. De vieilles blessures nombreuses : la proclamation d’indépendance du « Président » Companys, le 6 octobre 1934, qui ne dura qu’une demi-journée. La volonté de vivre en république et non sous l’emprise des Bourbons, symbole de la perte lointaine d’indépendance du pays catalan, il y a plusieurs siècles déjà. La guerre civile espagnole qui se termine dans le réduit catalan. La fuite des élites. La main de fer franquiste qui tombe sur une Catalogne qui a osé lui tenir tête. L’anarchisme viscéral d’une partie de la population d’alors, source d’inspiration pour la CUP, d’aujourd’hui. Un tableau compliqué à comprendre.

Et Madrid, la royale, idéalement placée au centre des régions qui composent l’Espagne. Madrid l’orgueilleuse vers laquelle tout conduit. Madrid qui ne veut pas traiter d’égal à égal avec Barcelone. Pourtant, les deux villes ont la même taille de population : environ 3 millions d’habitants. Madrid qui met en place des statuts d’autonomie dans de nombreuses régions mais au fonctionnement chaque fois différent. Comme si l’organisation territoriale de la région Bretagne, Nouvelle Aquitaine et Occitanie devaient différer. Source de contentieux.

Madrid, qui sous Zapatero, passe un contrat fiscal favorable au Pays Basque et n’en fait pas de même pour la Catalogne. En schématisant : Victoria (capitale administrative du Pays Basque) préleve l’impôt et ne reverse à Madrid qu’un cote-part agrée pour les dépenses « nationales » pendant que Barcelone prélève l’impôt, reverse le tout à Madrid qui renvoie à Barcelone ce qu’elle pense lui devoir. Une simplification de présentation, pour un sujet complexe qui est l’une des sources majeurs du malentendu Barcelone-Madrid.

Traversée des Pyrénées 2013 : Refuge des Cortalets, au pied du Canigou. Le pic est un symbole pour toute la population catalane qui voit le Canigou depuis loin en Catalogne (espagnole). Il faut le gravir et y dresser l’estelada (drapeau catalan). A ma table, au refuge, une vingtaine de catalans espagnols, de Barcelone et ailleurs. Les enfants sont habillés aux couleurs de l’estelada. La rancoeur contre Madrid est à fleur de peau. Mon interlocuteur reviens, sans cesse, sur Madrid qui a un « pacte financier » injustifié, inacceptable, étouffant pour la Catalogne. Chauffé à blanc par la presse locale, il cite des chiffres impressionnants. Comment faire la part des choses ? Qui sait réellement l’état du déséquilibre fiscal entre Madrid et Barcelone ?

Election au Parlament de Barcelone en juin 2015 : Les indépendantistes obtiennent la majorité des sièges (72) mais pas la majorité absolue des voix (47,8%). Le découpage électoral favorise les zones rurales qui sont plus ancrée dans l’idée d’une Catalogne indépendante alors que les villes, et Barcelone en particulier, sont plus « unionistes ». La représentation au Parlement refléterait mal l’opinion publique qui serait partisan de rester dans le giron de l’Espagne. (A noter en la matière, la quasi absence de sondage sur le sujet de l’indépendance catalane alors que lors du référendum écossais, il n’y avait pas une journée sans que des sondages d’opinion ne soient publiés ! Etrange.)

Vacances du côté de Gérone 2015 : l’estelada inonde toujours plus la Catalogne. L’Espagne est absente du territoire. La guerre des drapeaux est perdue. La Guardia civile est cantonnée dans quelques villes. Les Mossos assurent la sécurité. L’intensité du problème gonfle. Madrid ne bouge pas. Madrid a tord.

Le Président de la Generalitat, Artur Mas, poursuivi par la justice pour corruption, cède sa place à Carles Puigdemont qui avec une majorité hétéroclite (droite catalane+extreme gauche) met en place le référendum d’indépendance interdit par Madrid. Il a lieu le 1er octobre. Résultat : 90,18 % pour l’indépendance (source : la Generalitat)

Pendant ce temps, Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol, reste impassible. Il bombe le torse et annonce que seule la loi et la constitution doivent s’appliquer. Des centaines de milliers de catalans manifestent à Barcelone. M. Rajoy leur répond sans sourciller : « la loi, rien que la loi ». Un Rajoy qui n’a rien fait pour prévenir une situation qui se détériore depuis des années. Un Rajoy dont le parti populaire ne pèse plus que 7 ou 8% parmi l’électorat catalan. Un Rajoy à qui les catalans – mais aussi bien d’autres espagnols – attribuent volontiers le qualificatif de fasciste. Mal aimé, ne gouverne t-il pas en minorité ? Une position qui ne simplifie pas sa marge de manoeuvre à Madrid.

Le blocage est complet : Esteladas (drapeau catalan) en Catalogne contre Rojigualda (drapeau espagnol) dans le reste du pays. Populisme contre nationalisme. La nausée.

La nausée jusqu’à ce jour, samedi 7 octobre, où des dizaines de milliers de citoyens espagnols et catalans sont sortis de chez eux pour aller manifester, habillés en blanc, sous le slogan « Parlem – Hablamos ». Reste à voir si Mariano et Carles sont capables de s’asseoir autour d’une table. Rien n’est moins sur.

Bernard Boutin

Estelada au sommet du « Canigou »
Estelada sur la « Pica d’Estats » (plus haut sommet de Catalogne)

Cheminots, veillez à vos lignes !

20160604_154320Vos lignes de la main, si vous pensez que là se lit votre avenir. Mais à vos lignes de voies ferrées si vous ne voulez pas qu’elles dépérissent.

Les conflits à répétition et l’émergence de nouveaux moyens de transport risquent fort de faire subir au transport des voyageurs par le réseau ferré un sort analogue à celui qu’a connu le transport des marchandises il y a quelques années.

D’ores et déjà les voitures-lits appartiennent au passé et les couchettes disparaissent. Dans nos rues et sur nos routes apparaissent des autocars dont les tarifs sont alléchants. Sur un trajet comme Toulouse-Saint-Sébastien via Pau le handicap du transport routier sur le rail en matière de temps de transport pourrait ne pas être si important tant le train propose de détours par Lourdes ou Dax. Il faut dire que la SNCF ne fait pas des efforts considérables pour que Basques et Béarnais se rencontrent. Toutes les correspondances à Bayonne ne sont pas désastreuses ; mais toutes ne sont pas optimisées, c’est le moins que l’on puisse dire. Je m’en suis rendu compte récemment en me rendant de Pau à Madrid et au-delà. Prendre le train d’Irun à Madrid à 8h40 était une nécessité. Mais en dehors d’un bus partant vers 4h et mettant plus de 3 heures pour rallier Bayonne c’était impossible. Aussi, j’ai fait l’expérience de Blablacar. Une expérience enrichissante car celle qui m’a transporté était fort intéressante.

Ce trajet n’est pas le seul à montrer que l’Europe ferroviaire d’autrefois n’est plus l’Europe ferroviaire d’aujourd’hui. Il n’y a plus de train direct d’Irun à Vintimille ou même Rome, Venise, Milan, Genève comme autrefois. Et que dire des horaires et des correspondances ? Le voyageur peut avoir l’impression que ces horaires sont dictés par les souhaits des cheminots plus que par les besoins des voyageurs. Cette impression est peut-être fausse ; mais il resterait à le prouver.

Dans d’autres pays, comme l’Espagne, tout est fait pour montrer au voyageur que l’on se soucie de lui : confort, prises électriques en seconde classe, films de qualité diffusés avec des écouteurs. Que se passera-t-il lorsque les transports seront réellement ouverts à la concurrence ? Les cheminots ont obtenu qu’elle soit différée et que leurs droits de repos soient maintenus. Tant mieux pour eux. Mais fermer les yeux sur les transformations en cours serait dangereux. Si le transport participatif est une belle idée et une bonne mesure pour la planète, on ne saurait en dire autant pour le transport en bus ou le transport aérien.

Jean-Paul Penot

La nouvelle Oloron-Lescar

BA CaptureLa nouvelle route Oloron -Lescar est vitale pour l’avenir du Haut-Béarn, le projet doit aller d’urgence à son terme sur la bande des 300m actuelle, selon Béarn Adour Pyrénées (BAP)

Le comportement de certains opposants à ce projet est pour le moins inconséquent, au pire destructeur. Qui sont les responsables de 95% du gel des terrains sur la bande de 300m entre Oloron et Lescar sinon ceux qui ont empêché sa réalisation depuis des années. Si la route était faite, seuls les 5% nécessaires auraient été occupés et le reste serait libéré depuis longtemps pour le plus grand bonheur des agriculteurs, des promeneurs, des ramasseurs de champignon et de tous. Peut-être ceux qui menacent d’attaquer le Conseil Départemental tentent-ils de faire oublier leur outrecuidance. À moins qu’ils n’aient des projets de lotissement sur tout ou partie de l’emprise foncière actuellement gelée. Ce qui serait le comble du mépris au bon sens. Qui subit les conséquences de l’ absence de nouvelle route: les habitants de Cardesse, Monein, Lasseube, Lacommande,…. qui voient leur patrimoine dévalué, leurs routes surchargées, détériorées, effondrées, coupées parfois pendant des mois, les salariés et entreprises d’Oloron qui sont pénalisés par l’enclavement, les lecteurs qui sont désinformés alors que tout le monde sait que la réalisation indispensable de cette route peut coûter moins de 200 millions d’euro d’ argent privé, avec un impact écologique très positif. Bref, Béarn Adour Pyrénées exhorte le Conseil Départemental, qui a toujours été favorable à cette nouvelle liaison, à tout faire pour que la bande des 300m soit maintenue sur tout le trajet prévu à l’origine et pour que le projet soit réalisé sans délai. Il y va de l’avenir économique du Haut Béarn et de la sécurité des riverains et des usagers des routes actuelles.

Pierre Saubot,
Président de Béarn Adour Pyrénées

Les leçons espagnoles

imgresLes élections espagnoles sont un double enseignement.

Le premier nous conduit à constater que l’électorat ne se satisfait plus d’une alternance permettant de fait un partage du pouvoir entre deux formations politiques hégémoniques.

Pourquoi pas en France ? Droite et gauche, quelle différence ? Quel(s) critère (s) de distinction ? Qui n’est pas pour le progrès social, la protection du plus faible, la libre entreprise, la sécurité publique, la sévérité contre les fauteurs de trouble, la corruption, etc ?

Aucune différence profonde et heureusement. Une représentation plus équitable des diverses expressions de l’électorat aurait pour vertu de conduire à une minoration sensible de l’abstention et à des pratiques politiques éculées que rejette la grande majorité des citoyens.

Or, dans notre pays, nous assistons à un jeu qui permet à deux mouvements politiques de se partager le pouvoir et surtout de mettre tout en œuvre pour que les choses continuent ainsi.

Mais, et c’est la seconde leçon espagnole, il faut, pour y parvenir, que le changement des mentalités s’accompagne des changements d’hommes (ou de femmes ) qui confisquent le pouvoir depuis des années grâce à divers subterfuges dont le système électoral est le meilleur aval.

Car tout est là. Pas de changement réel sans toucher à tout ce qui crispe les électeurs.

Les maux, tout le bon peuple les connaît. Toujours les mêmes aux manettes qui ne peuvent rien proposer de nouveau sans renier ce qu’ils ont mis en œuvre , toujours des promesses non tenues, des systèmes mafieux de copinage, de récompenses, de corruption latente soigneusement dissimulée.

Quels femmes ou hommes nouveaux à la radio ou la télévision ? Toujours les mêmes depuis des décennies.

Ils sont certes tous d’accord pour considérer que les choses doivent changer, mais ils ne voient pas ou feignent de ne pas voir que le premier signe d’un vrai changement serait qu’ils partent vivre une retraite paisible (sans problème financier) et silencieuse pour qu’on n’en entende plus parler.

Pierre ESPOSITO

Avocat honoraire.

Espagne : La Catalogne pourra t-elle lancer son processus de sécession après les élections au Parlement régional du 27 septembre ?

Catalunya, nouvel Etat de l'Europe
Catalunya, nouvel Etat de l’Europe

Dimanche, les Catalans sont appelés à élire leur 135 représentants au Parlement de Barcelone. Artur MAS, président de la Généralitat (gouvernement autonome catalan), compte bien obtenir 68 députés pour soutenir son projet indépendantiste. Pour cela, il a créé un large front indépendantiste « Junts pel Sí » (ensemble pour le OUI à l’indépendance). Un ensemble qui regroupe les politiques de la quasi totalité de la classe politique catalane qui militent pour l’indépendance. « Junts pel Sí », qui ratisse de la droite à la gauche, a un programme simple : faire en sorte que la républicaine Catalogne rompe enfin, et définitivement, les ponts avec la royale Espagne.

Ce jour-là, la Catalogne lavera l’affront que lui ont fait subir les Bourbons castillans, il y a 301 ans, le 11 septembre 1714, en conquérant Barcelone et, faisant disparaître, par la même occasion, la Catalogne indépendante qu’elle était jusque-là.

Si dimanche soir, au terme des élections, 68 députés sont élus sur les listes « Junts pel Sí » et du CUP (extrême gauche souverainiste qui n’a pas voulu faire liste commune avec « Junts pel Sí  »), Artur MAS, fort de cette majorité lancera un « processus sécessionniste unilatéral » pour rendre la Catalogne indépendante dans un délais de 18 mois à compter de l’élection.

Artur MAS a du caractère, du charisme et de la persévérance. C’est un communiquant. Il « surfe », avec aisance, sur la frustration des Catalans de souche qui ne se sont jamais totalement soumis au joug des castillans. Le ressentiment est toujours vivace 300 ans plus tard. Le discours est simpliste : Madrid prélève par l’impôt nos richesses pour les redistribuer à de nombreuses régions espagnoles qui ne survivent que grâce à elles. L’Andalousie est la première désignée du doigt.

Populiste, il galvanise les Catalans en leur faisant croire que demain ne peut être que meilleur entre soi et loin des colonisateurs castillans. Les Catalans sont fiers. Fiers de leur culture, de leurs artistes, de leur capitale Barcelone qui brille de par le monde. Fiers aussi de leur activité industrielle, la plus forte de l’Espagne avec celle du Pays Basque. La Catalogne, c’est 19% du PNB espagnol, 25% de ses exportations et 7,5 millions d’habitants sur les 46,6 millions que compte le pays.

La tentative d’Artur MAS se traduit par une mobilisation impressionnante pour le oui à l’indépendance. A Barcelone, les indépendantistes étaient, le 11 septembre pour le jour de la Diada*, entre 1 et 1,5 millions à défiler. Un lien entre tous, le drapeau de la région : la senyera que l’on retrouve partout pendue aux balcons dans les moindres villages ou encore au sommet du Canigou et de la Pica d’Estats, pic le plus haut de Catalogne. Les ronds-points sont tous parés d’un mat au sommet duquel flotte la senyera. L’élan des souverainistes ressemble à une vague de fond. Le drapeau espagnol ne flotte plus en Catalogne, en dehors des rares casernes de la Guardia Civil et de quelques bâtiments publics nationaux. Surprenant !

De leur côté, les partisans, pour que la Catalogne reste au sein de la nation espagnole, sont trop dispersés pour occuper le terrain comme le font les indépendantistes. Ils sont pourtant nombreux à croire à l’utilité de rester unis à Madrid. Selon le dernier sondage du CIS**, institut de sondage similaire à l’IFOP français, ils seraient même légèrement majoritaires en voix, sauf que les indépendantistes (Junts pel Sí + CUP), aidés par le découpage des circonscriptions, arriveraient tout de même à avoir une majorité d’un ou deux sièges au Parlement.

A cela, Artur MAS répond que, même si l’élection n’est pas majoritaire en voix, avec la majorité en siège pour les indépendantistes, il poursuivra son processus de sécession unilatérale à l’échéance de 18 mois… Unilatérale, car la constitution espagnole ne prévoit pas l’indépendance d’une de ses provinces. On mesure là que les enjeux sont considérables et les risques de radicalisation certains.

Le gouvernement de Madrid, mené par Mariano RAJOY, n’a, à aucun moment, créé les conditions d’un dialogue afin de rechercher une issue négociée aux principales critiques émises par Barcelone, notamment à propos des impôts prélevés en Catalogne, insuffisamment redistribués sur place.
En son temps, le président du gouvernement espagnol, Luís ZAPATERO avait su négocier avec le gouvernement autonome basque, en lui accordant une large autonomie fiscale, et arriver à un accord qui a calmé le jeu en Euzkadi.

Si le vote des électeurs porte les indépendantistes au pouvoir à Barcelone, le rigide Mariano RAJOY sera co-responsable, avec Artur MAS, d’avoir crée une situation qui ne pourra dès lors qu’empirer.

Au plan national, l’étape suivante, serait celle des élections, qui devraient avoir lieu en novembre 2015, pour élire des députés aux Cortes, Parlement de Madrid. Elle porterait très probablement au pouvoir une majorité de gauche. Mariano RAJOY, rendu responsable du « désastre catalan » disparaîtrait alors de la présidence du gouvernement et serait remplacé par son homologue PS, Pedro SANCHEZ qui avec Podemos formerait une coalition. Ensemble, ils auraient alors à négocier avec Artur MAS pour tenter de trouver un accord pour rompre sa tentative sécessionniste.

D’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous le Manzanares (Madrid) et le Llobregat (Barcelone) et les pions auront probablement bougé.

– par Bernard Boutin

* Diada : fête nationale catalane pour célébrer le sacrifice des défenseurs de Barcelone le 11 septembre 1714
** En espagnol, l’analyse par El País, du dernier sondage du CIS

Espagne – Transparence et éthique : Le cas de Ciudadanos

logo-ciudadanosEn Espagne, après Podemos (extrême-gauche), voilà que Ciudadanos* (C’s) bouscule la toile politique du pays. Sur le blog de ce mouvement « citoyen », né il y a 8 ans, le premier thème qui est développé s’intitule : Transparencia. De quoi interpeller AltPy !

Le pays est actuellement en ébullition. Des élections municipales s’y tiendront le 24 mai. Une occasion, donnée à C’s, d’introduire dans le débat « 10 propositions contre la corruption et pour la transparence ». Des propositions destinées à faire le « ménage » dans le fonctionnement interne des partis. Une démarche intéressante. Sans parti irréprochable, il ne peut pas y avoir des élus éthiquement irréprochables. Les 10 propositions** :

1 – Retirer immédiatement toute responsabilité, publique ou dans les partis, à tout adhérent poursuivi pour « corruption politique » jusqu’à la fin de la procédure judiciaire.

2 – Co-responsabilité des partis en cas de corruption par des adhérents ayant des responsabilités publiques.

3 – Retirer toute responsabilité aux adhérents ayant falsifiés ou modifiés leurs CV et notamment leurs qualifications professionnelles ou universitaires.

4 – Interdire aux entreprises de faire des dons aux partis et réduire à 50.000 euros ceux des personnes physiques. Informer le « Tribunal de Cuentas », dans un délai de 3 mois maximum, pour les dons supérieurs à 25.000 euros.

5 – Interdire les dons en provenance de maires, conseillers et autres responsables ayant des liens, directs ou indirects, dans la gestion des contrats avec l’administration.

6 – Interdire l’annulation (l’effacement) de crédits bancaires aux partis politiques.

7 – Dans le code pénal, multiplier par 3, le délit de financement illégal de partis politiques avec responsabilité pénale des partis politiques et syndicats.

8 – Rendre obligatoire aux partis de publier sur le site internet du parti, leur règlement intérieur, statuts, comptes, revenus, dépenses électorales, budgets et audits internes.

9 – Exiger des partis, la mise en place d’un organe interne de lutte contre la corruption avec des missions préventives et de contrôles.

10 – Choisir leurs candidats aux élections par l’intermédiaire d’élections primaires.

La Transparence étant le maitre mot de C’s, celle-ci commence chez Ciudadanos avec la publication sur son site internet des comptes du mouvement, des budgets, des rémunérations de ses élus, des audits internes du parti et des CV de ses candidats. C’est ICI.

Internet révolutionne lentement et sûrement les démocraties de l’ensemble des pays européens avec une demande toujours plus forte de Transparence. Les politiques français qui auront compris cela, ceux qui anticiperont cette aspiration citoyenne, pourraient*** bien devenir les élus de demain.

– par Bernard Boutin

 

* Ciudadanos = citoyens en français
** les 10 propositions en Espagnol : C’est ICI.
***  vous remarquerez le conditionnel…

España : Gracias a Su Majestad Juan Carlos *

JG iage 2Durante mi juventud, a finales de los años 50, solía ir a España con mi familia. En la frontera, los « tricornios » armados con ametralladoras nos daban miedo. El pais entero daba miedo. Todo estaba para reconstruir : Las curvas, en malas carreteras, nos daban el « tortícolis »…  en el sur, en Sevilla, los niños corrían detrás del coche pidiendo limosna etc.

En 1975, cuando el generalísimo Francisco Franco desapareció, usted supo con su moderación, su serenidad y su escucha, dar otra imagen de su pais y el pueblo español comenzó a creer en un futuro mejor. Con Adolfo Suarez se organizó una transición democrática . Años mas tarde España entro en la comunidad europea.

No todo fue fácil.  Recordemos la tentativa de golpe de Estado del Teniente General Tejero. Algunos de nosotros pudimos ver los tanques en Valencia.

Pero vd, nunca dio marcha atrás y gracias a su empeño, su pais, pudo « retornar » a su « ranking » dentro de los grandes de Europa.

Año tras año,  escuché su mensaje navideño. Siempre confortador, siempre en busca de un consenso nacional. No era cosa fácil entre los partidarios de un régimen militar, la ETA, los nacionalismos regionales, el atentado de Atocha etc. Frente a todas esas dificultades vd. llevo acabo, con dexteridad y eficacia su misión. Y pese a que en estos últimos años La Casa Real sea el teatro de « affaires », la nación española puede estarle agradecida.

Nosotros, europeos, podemos también felicitarnos que España haga parte de la union. España, un pais fuerte, con su propia cultura y « movida ». Antes de 1975, nadie hablaba de artistas, diseñadores, deportistas, industriales españoles. Cada uno puede medir la avanzada hecha por su pais durante su reino.

Gracias, Su Majestad, por su contribución a la España de hoy.

– par Bernard Boutin

 * voir traduction dans le premier commentaire

Communiqué de Sa Majesté le Roi aux espagnols, traduit en français par Le Courrier d’Espagne

Palais de La Zarzuela. Madrid, 02.06.2014

« Je me rapproche de vous tous, ce matin, grâce à ce communiqué, afin de vous annoncer, non sans une émotion étrange, une décision importante et les raisons qui m’ont poussé à la prendre.

Lors de ma proclamation en tant que Roi, il y a maintenant près de quarante ans, j’ai assumé le ferme engagement d’être au service des intérêts généraux de l’Espagne, avec le désir de voir les citoyens devenir les protagonistes de leur propre destinée et notre Nation, une démocratie moderne, pleinement intégrée à l’Europe.

Je pris donc avec enthousiasme la résolution d’être à la tête de la tâche nationale qui permit aux citoyens d’élire leurs représentants légitimes et de mener à bien cette grande et positive transformation de l’Espagne, dont nous avions tous tellement besoin.

Aujourd’hui, lorsque je regarde en arrière, je me sens fier de vous, donc heureux.

Fier, car nous avons réussi beaucoup de bonnes choses tous ensemble ces dernières années.

Et heureux, car vous m’avez appuyé afin de faire de mon règne, initié en pleine jeunesse et à une époque peuplée d’incertitudes et de difficultés, une longue période de paix, de liberté, de stabilité et de progrès.

Fidèle au désir de mon père, le Comte de Barcelone, de qui j’ai hérité le légat historique de la monarchie espagnole, j’ai souhaité être le Roi de tous les espagnols. Je me suis senti identifié et engagé eu égard à vos aspirations, je me suis réjoui de vos succès et j’ai souffert lorsque la douleur ou la frustration vous ont paralysé.

La longue et profonde crise économique que nous subissons a laissé de graves cicatrices au sein du tissu social, mais nous montre également la voie vers un chemin chargé d’espoir à l’avenir.

Ces années difficiles nous ont permis de faire un bilan autocritique de nos erreurs et de nos limites en tant que société.

Et, en contrepoids, elles ont également ravivé une conscience fière, de ce que nous avons su et savons faire, de ce que nous avons été et sommes : une grande nation.

Tout ceci a éveillé en nous un élan de renouveau, de dépassement, de correction de nos erreurs et d’ouverture d’une voie vers un avenir résolument meilleur.

Aujourd’hui, une génération plus jeune, pourvue de nouvelles énergies, décidée à entreprendre avec détermination les transformations et les réformes dont la conjoncture actuelle  a besoin, ainsi que d’affronter les défis de demain, avec une intensité et un dévouement renouvelés,  mérite d’être en première ligne.

Cet avenir sera forgé par une nouvelle génération qui réclame, de manière légitime, le rôle protagoniste, le même qui correspondit à la génération dont je fais partie, lors d’une conjoncture cruciale de notre histoire.

Aujourd’hui, une génération plus jeune, pourvue de nouvelles énergies, décidée à entreprendre avec détermination les transformations et les réformes dont la conjoncture actuelle  a besoin, ainsi que d’affronter les défis de demain, avec une intensité et un dévouement renouvelés,  mérite d’être en première ligne.

Ma seule ambition a été et demeurera toujours de contribuer au bien-être et au progrès, en toute liberté, de tous les espagnols.

Je souhaite le meilleur pour l’Espagne, à qui j’ai dévoué toute ma vie et au service de laquelle j’ai mis toutes mes compétences, mon enthousiasme et mon travail.

Mon fils Felipe, héritier de la Couronne, incarne la stabilité, qui est le signe distinctif de l’institution monarchique.

Lorsque j’ai eu soixante-seize ans le mois de janvier passé, j’ai considéré que le moment était arrivé de préparer la relève en quelques mois afin de laisser place à celui qui se trouve dans les meilleures des conditions en vue de garantir cette stabilité.

Le Princes des Asturies possède la maturité, la préparation et le sens de la responsabilité nécessaires à devenir le Chef de l’État en toute garantie et d’ouvrir une nouvelle étape d’espoir où l’expérience acquise s’alliera à l’élan d’une nouvelle génération. Il comptera à cette fin, j’en suis certain, sur l’appui inconditionnel de la Princesse Letizia.

En conséquence, guidé par la certitude de prêter le meilleur des services aux espagnols et une fois récupéré, tant physiquement qu’eu égard à mon activité institutionnelle, j’ai décidé de mettre fin à mon règne et d’abdiquer la Couronne d’Espagne, de manière à ce que le Gouvernement et le Parlement du Royaume d’Espagne rendent la succession effective conformément aux dispositions constitutionnelles.

Je viens ainsi de le communiquer officiellement ce matin au Président du Gouvernement.

Je souhaite exprimer ma gratitude envers le peuple espagnol, à toutes les personnes qui ont incarné les pouvoirs et les institutions de l’État au long de mon règne, et à tous ceux qui m’ont aidé à exercer mes fonctions avec générosité et loyauté.

Et ma gratitude à la Reine, dont la collaboration et le soutien généreux ne m’ont jamais fait défaut.

Je chéris et chérirai toujours l’Espagne au plus profond de mon cœur »

Source : Le courrier d’Espagne

Traduit par Sol Marzellier pour LCE