L’Europe et la pensée complexe

enlèvement-europe-fresque-300x234Valéry Giscard d’Estaing fut certainement, avec François Mitterrand, le plus europhile des présidents de la Vème république. Il le montra lors de son action comme Président de la République qui, dans son ensemble, ne fut pas un succès puisque le suffrage universel lui refusa un second mandat. Il le demeura par la suite, dans sa semi-retraite Auvergnate. Il se situe dans la lignée des fondateurs de la structure européenne, fidèle gardien du temple de l’orthodoxie démocrate-chrétienne sur laquelle repose l’Union depuis sa création. Pour une fois, VGE vient de sortir de son silence et ses dernières déclarations n’en ont que plus de poids. Elles participent d’une large défiance des électeurs face à ce futur rendez-vous électoral puisqu’on nous annonce que près de la moitié des Français iront à la pêche à la ligne le jour du scrutin.

“Cette élection donne lieu à une agitation inutile. Il ne s’agit ni d’un référendum ni d’une élection constituante” vient de déclarer Giscard au « Parisien ». Et il ajoute avec lucidité : “Les médias dépeignent les élections européennes comme un événement politique de nature à régler certains problèmes. Ce n’est malheureusement pas le cas. Si on promet de grands changements, que le Parlement européen n’a pas le pouvoir d’accomplir, il y aura une déception”. La Commission a pris le pas sur le parlement et ainsi le grand rêve européen est en train de se dissoudre lentement.

Déjà les britanniques, contrepoids nécessaire à la puissance allemande, s’en éloignent irrémédiablement malgré leurs atermoiements. Ils ont d’autres horizons plus prometteurs où, à long terme, ils trouveront leur compte. Plus on avance dans le feuilleton du Brexit plus on voit que malgré les conditions délirantes qui leur sont opposées, ils ne reculeront pas. Il serait d’ailleurs bien dangereux de faire élire des brexiteurs au parlement comme le scénario s’en dessine. La souplesse de la Chancelière est plus productive que la dureté du Président Français, retoqué une fois de plus pour son de son inexpérience diplomatique. « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » monsieur le Président ! On ne manœuvre  pas un grand pays comme le Royaume Uni comme on prétend le faire d’une opinion publique médusée par un Grand Débat qui ne fut en fait qu’une escroquerie à grande échelle puisqu’on en connaissait les conclusions avant même qu’il ne se déroule.

La création d’une armée européenne est une des idées phares d’Emmanuel Macron. Cela voudrait-il que nous devrions cracher au bassinet une seconde fois et avoir deux armées : une nationale et une autre européenne ? Auront-elles les mêmes chefs, les mêmes uniformes et le même hymne ? Les mêmes causes à défendre ? Les mêmes ennemis ? Les moyens de l’une seront-ils transférés à l’autre ? Il y aurait un terrible doublon, onéreux. N’est-ce pas un abandon de souveraineté que de confier sa force militaire à une sorte de consortium mal accordé, tiraillé par des points de vue contradictoire ?

Pour Valéry Giscard d’Estaing ce n’est : “pas souhaitable et probablement pas réalisable”. Et l’ancien président ajoute : “L’Europe doit être le continent de la paix. (…) Il faut éviter de donner à l’Europe une silhouette guerrière (…) L’Europe veut afficher la paix, être le continent du respect du droit international”, pointant aussi des problèmes plus concrets comme le fait que “seuls quatre États membres sur 28 consacrent à peu près 2% de leur PIB aux dépenses de défense”.

Le Sage a parlé : comment associer le rêve européen à celui d’une armée alors qu’on nous l’a vendu comme un désir de paix et qu’il est né, dans cette perspective, sur les ruines sanglantes d’un continent ravagé par deux guerres ? D’ ailleurs ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : la structure européenne, et ce n’est pas rien, a largement participé à la stabilité continentale évitant que ne se renouvelle les massacres de masse qui l’avaient souillée. Cette longue période de paix, la lente amélioration du sort de ses populations est à mettre, pour une part, à son crédit.

Mais il faut habiter le rêve. Recréer le récit européen -ou l’inventer- comme le dit en substance fort bien Régis Debray. Comme il ne sera jamais invité « Aux idées mènent le monde » car sa pensée n’est pas conforme -c’est en ce sens pourtant qu’elle nous interpelle- citons un extrait de son dernier livre « L’Europe fantôme » (Gallimard) : « Pour mieux comprendre ce qui lui reste d’emprise sur les esprits, il faut rendre à l’idée sublime d’Union européenne son aura d’origine. Et rappeler à ceux de ses vingt-sept membres qui l’auraient oublié d’où vient la bannière bleue aux seulement douze étoiles d’or – qu’accroche à ses balcons notre République mécréante : du Nouveau Testament, Apocalypse de saint Jean, 12. « Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête : elle est enceinte et crie dans les douleurs de l’enfantement. » Douze comme les apôtres, les portes de la Jérusalem céleste et les tribus d’Israël. L’emblème qui flotte au-dessus de nos têtes qui ne croient plus au Ciel remonte à l’an 95 de notre ère, Domitien empereur, et célèbre l’imminent avènement du Royaume. Vision mystique engrisaillée, projet politique encalminé : les deux ne sont pas sans rapport. Ils ont raison, ceux et celles qui décrivent l’excellence du programme Erasmus et des soutiens à notre agriculture, qui vantent les bienfaits ou dénoncent les méfaits de l’euro, mais europhiles ou europhobes, n’auraient-ils pas intérêt à jeter un coup d’œil perspectif sur l’enjeu et l’objet même de leur croisade, pour ou contre ? »

Excusez la longueur de la citation. Elle est à relire. Il y a encore des philosophes qui pensent le monde et l’Europe en particulier, fatalement, c’est une  « pensée complexe ».

Pierre Michel Vidal

 

Illustration : L’enlèvement d’Europe, fresque de la maison de Jason, Pompéi, Musée archéologique de Naples, 15 av JC-15 ap JC.

Lettre ouverte au Souverain Pontife

Pope Francis arrives to lead the Wednesday general audience in Saint Peter’s Square, at the Vatican, March 6, 2019. REUTERS/Yara Nardi

Très cher Saint Père, je me sens tout chose d’oser vous écrire. Si je le fais, c’est que je crois que votre intervention peut être utile. Je n’ignore pas que bien d’autres tâches vous attendent. Il n’est pas besoin d’aller bien loin d’ici pour constater que l’Eglise affronte de difficiles problèmes : je crois que bien des fidèles attendent que l’Eglise soit plus rigoureuse avec le clergé fautif que ne l’est la justice civile et souhaitent qu’elle se réforme. Mais mon propos n’est pas là.

Vos prédécesseurs au Saint-Siège ont parfois réglé des litiges internationaux comme le partage du monde entre Espagne et Portugal lors des grandes découvertes, et plus récemment, un litige entre le Chili et l’Argentine. Aujourd’hui le divorce entre le Royaume Uni et l’Europe va créer de graves difficultés des deux côtés. Cela ne peut que préoccuper alors que la croissance est en berne et le chômage très haut. Mais, ce qui est pire, créer une ligne de démarcation entre l’Irlande du Nord et l’Irlande comporte un risque de crise majeure et de conflit armé comme le pays l’a connu il y a quelques années. Vous avez le pouvoir de mettre en garde les catholiques irlandais qui pourraient entrer en conflit avec les protestants loyalistes de l’Irlande du nord. Mais ce qui intéresse les Européens et les Français avant tout c’est le sort des entreprises multinationales qui utilisent l’Irlande (parmi d’autres pays) comme un paradis fiscal en profitant d’un taux d’imposition très bas et engrangent ainsi des sommes colossales. Au détriment des contribuables des autres pays et de gens modestes auxquels vous dites attacher toute votre attention. Ce n’est pas la petite mesure décidée par l’exécutif français qui peut résoudre le problème à l’échelle de l’Europe. Aussi Bruxelles doit prendre des mesures fortes. En compensation, l’ensemble de l’Irlande resterait dans le giron de l’Europe et aucune barrière douanière ne séparerait l’Irlande de l’Irlande du nord. Le Royaume Uni perdrait un bout de territoire ; mais cela vaudrait mieux que de perdre l’Ecosse et d’avantages substantiels. Et si un tel dénouement permettait de sortir des palinodies que les Britanniques connaissent aujourd’hui ?

Vous qui avez toujours attiré l’attention sur ceux qui souffrent, qui ont du mal à joindre les deux bouts, que pensez-vous de cet arrangement qui pourrait être orienté vers plus de solidarité et de justice ? Seules les firmes qui trichent en ne payant pas leurs impôts là où elles font leurs profits seraient perdantes.

Mais je souhaite votre avis sur un autre point, un peu lié à ce qui précède. Ce sera pour une prochaine fois.

Paul Itaulog

L’Europe un rêve déçu

colère

 

Mes frères, cessons nos plaintes !
Qu’un cri joyeux élève aux cieux nos chants de fêtes et nos accords pieux !

Beethoven (Prélude de « l’Ode à la joie », 4e mouvement de la IXe symphonie).   Hymne Européen.

La campagne pour les élections Européennes va mettre au centre du débat l’avenir d’une « Communauté » en piteux état. Cette Communauté elle est née d’une aspiration généreuse portée par des objectifs d’abord spirituels. Il faut entendre ce mot au sens laïc. C’est Victor Hugo lui-même qui l’évoqua en premier, lors d’une séance de l’assemblée Nationale repliée à Bordeaux : « Le peuple français a taillé dans le granit indestructible et posé au milieu du continent monarchique de l’Europe la première assise de cet immense édifice qui s’appellera un jour les Etats-Unis d’Europe (approbation à gauche- Rires sur les bancs de la majorité). »

La « vision hugolienne » devait avancer portée par les « pères fondateurs » dont le pilier fut Jean Monnet, bête noire du Général car il avait soutenu Giraud, marionnette de Roosevelt, son concurrent pendant la guerre ; De Gaulle incarnant la Résistance réelle comme il le prouvera par la suite. L’alliance des grandes nations européennes, la France et l’Allemagne –la Grande-Bretagne restant sur sa réserve insulaire- se fit malgré les réticences Gaulliennes sur une double nécessité : économique et morale.

C’est cette dernière qui nous intéresse aujourd’ hui. Il fallait, au sortir de la guerre, tirer un trait sur ce qui avait été le plus grand massacre de masse de l’histoire européenne, cette industrialisation de la mort que fut la Shoah ; phénomène unique quantitativement mais aussi dans son fonctionnement. Il était singulier –et horrible- qu’elle fût conçue et élaborée dans le pays de Kant et de Hegel, de « l’Aufklärung » et soutenue par l’Etat Français (celui de Pétain) sur les terres des « Lumières » de Voltaire et de Descartes. C’est donc la volonté de revenir à un humanisme porté par la Raison qui conduit le mouvement Européen à ses débuts. On peut dire que la construction européenne a été élaborée en réaction à cette brutale manifestation d’antisémitisme, vue désormais comme une sorte de parenthèse honteuse dont il fallait tourner la page. Tourner la page ne voulant pas dire oublier, bien sûr. C’est là, dans la prise de conscience de l’horreur de la Shoah, que se trouve le fondement moral de cette union, la base d’une construction commune ; toute construction naissant d’abord d’une idée.

La montée progressive et récente d’un antisémitisme aux arguments nouveaux, largement répandu dans tous les pays européens sans exception, montre que l’édifice n’est pas à la hauteur de cet objectif généreux et nécessaire. Comme l’analyse parfaitement Alain Finkielkraut tirant la leçon de sa récente agression : dans un curieux retournement de situation, l’antisémitisme est devenu une « figure de l’antiracisme ». Paradoxe absurde mais bien réel. L’Europe a donc failli dans son objectif premier : éradiquer cette haine qui mène à des conduites insensées. Pourquoi ? C’est la question principale : on aimerait la voir évoquée dans ce débat électoral dominé jusqu’à maintenant par les tambouilles électorales habituelles qui n’ont pour objet que d’assurer des postes aux uns et aux autres.

On a changé le curseur européen. L’objectif matérialiste a pris le pas sur les autres considérations. Il faut assurer un bien-être collectif optimal -objectif en partie réalisé- en s’appuyant sur des considérations exclusivement économiques et financières, tout cela dans le cadre d’un système qui a fait ses preuves mais dont on sait qu’il doit être amendé, contrôlé : le libéralisme. A cela, s’ajoute une multitude de décisions tatillonnes et autocratiques pondues par une administration qui n’a rien à envier à « l’énarchie » qui sévit en France combattue résolument par Xavier Bertrand.

A-t-on entendu Jean-Claude Junker nous parler de culture ? A-t-on apporté une réponse politique aux pro-Bexit ? Les obstacles technocratiques de Michel Barnier ont-ils fait réellement évoluer les esprits britanniques ? La faible participation annoncée pour ces élections est-elle le signe d’un désamour définitif ? La montée des populismes est-elle une fatalité ? Y aurait-il un langage des chiffres unique, des statistiques  désincarnées et définitives pour évoquer ce grand dessin ? Si oui, alors pourquoi débattre ? Ne pouvons-nous pas trouver, ni même chercher, une réponse commune aux questions essentielles : l’immigration, le terrorisme, la transition énergétique ? Apporter une réplique conjointe à l’antisémitisme et au racisme dans un ensemble qui pourtant s’était promis de les bannir définitivement ?

L’Europe, gouvernée ainsi, ne fait plus rêver. Hélas !

Pierre Michel Vidal

BREXIT ? Qu’il est difficile de divorcer sans en régler au préalable les conséquences !

Nos voisins britanniques font souvent dans l’originalité au regard des autres pays de l’Union Européenne .
Ainsi , au sein d’un même pays , la Grande-Bretagne , retrouvons-nous quatre nations , l’Angleterre , l’Ecosse , le Pays de Galles et l’Irlande du Nord , ayant chacune son propre parlement , cette dernière formant une nation unique avec l’Irlande du Sud ( Eire ) quand il s’agit de rugby avec d’ailleurs deux hymnes distincts . Il faut être britannique pour comprendre .
Il faut l’être aussi pour ne pas avoir envisagé l’impasse dans laquelle se trouve la Grande-Bretagne après le vote du Brexit. Elle était pourtant inéluctable au regard de la façon dont l’opération s’est déroulée.
La question posée aux Britanniques était la suivante : « Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union Européenne ou quitter l’Union Européenne« ?
Il y fut répondu pour la sortie par près de 52% d’électeurs .
Toute personne sensée aurait demandé à connaître au préalable les conséquences d’une telle réponse . Il n’en fut rien comme si la mise en œuvre consistait simplement à signer l’acte de divorce .
Mais les britanniques ayant peut-être une autre approche de la rigueur cartésienne personne , semble-t-il , n’a pensé à poser un préalable qui était d’autant plus nécessaire que la sortie allait être soumise à des exigences de l’Union Européenne comme pour la résiliation unilatérale d’une convention .
Et l’on voit aujourd’hui combien la mise en œuvre du Brexit est compliquée . Pourquoi ?
Parce que le référendum a été proposé à l’aveuglette .
Pour ne pas égarer l’électorat il fallait commencer par traiter avec l’Union européenne quitte à offrir à l’électeur plusieurs plans de sortie .
Le référendum a été manifestement mal élaboré puisqu’on peut voir aujourd’hui dans quel tsunami se débat le gouvernement britannique tant avec l’Union Européenne qu’avec ses propres sujets dont beaucoup regrettent la réponse positive qu’ils ont donnée . Il est probable qu’un nouveau référendum recueillerait aujourd’hui une réponse très différente. Ne serait-ce pas là pour les britanniques la meilleure façon de s’en sortir , si l’on peut dire ?

Pierre Esposito

Quelques longues à bâtons non rompus.

Parmi les grandes préoccupations du moment on ne veut pas reconnaître qu’elles sont toutes des conséquences de causes communes dans le temps et l’espace. La politique individualiste et l’économie libérale anarchique, comme toujours, se refusent à les considérer, quand il s’agit de prendre des décisions ayant un intérêt financier immédiat. Le problème se complique encore car on veut les résoudre séparément.

C’est toujours la même chose ; on gère les conséquences, surtout pas les causes !

Ce qui vient augmenter le désarroi et… l’énervement, tient aux mots utilisés : réformes, développement durable, les courageuses déréglementations, la flexibilité, compétitivité, le chômage… la pauvreté, le pouvoir d’achat… Ils sèment le doute, le trouble, l’incompréhension,… la fureur, car le contenu est flou, changeant, volontairement sournois, différent suivant les interprètes.

«La compétitivité ? De laquelle parle-t-on ? Celle des entreprises (cash flow, profits, valeur boursière..) ou celle des sociétés elles-mêmes (cohésion sociale, plein emploi, dynamisme, confiance.., laquelle faudrait-il préférer?)» J-Cl Guillebaud.

En effet le langage unique et la langue de bois ambiante sont l’illustration du danger des mots qui ensorcellent nous dit J-Cl Guillebaud : «les mots sont rarement neutres, tout langage transporte avec lui, comme le filigrane d’un billet de banque, un corpus de préjugés, préférences, partis pris, jugements de valeur qu’il faudra décoder».

Alors que la croissance c’est faire toujours plus avec plus, moderniser c’est faire plus avec moins !

1°)La fameuse dette publique ! Et si on stigmatisait la dette privée, bien plus importante que la dette publique et dont les effets peuvent être dramatiques ! La vision macroéconomique est à reconsidérer. N’oublions tout de même pas que la crise financière actuelle a été déclenchée par un excès d’endettement privé aux Etats-Unis.

Dette publique, dette publique… Et la dette privée alors – Nouvel Obs

https://www.nouvelobs.com › Rue89 › Economie

2°)L’Europe ; et si on revenait en arrière en reconsidérant l’histoire et la culture des pays, de l’Est entre autres : Pologne, Hongrie…, on pourrait comprendre le populisme et la peur qui les gagnent en les sommant de s’adapter aux exigences «européennes», émanation d’une science économique «hors sol». L’unanimité exigée pour faire avancer la politique est forcément vouée à l’échec; c’est absolument normal, compte tenu du passé, de la situation géographique(Italie, Grèce, Espagne, Portugal..), climatique, sociale, des craintes, des richesses économiques spécifiques, des intérêts de chaque pays. Alors qu’à la majorité simple les lois sont déjà difficilement applicables dans notre pays, mettre tout le monde d’accord à 28 !!!!! Va-t-il falloir que les seuls pro-européens reconnus soient ceux en accord avec la politique de Merkel et de Macron, c’est-à-dire un libéralisme dévoyé uniquement financier ! Pour qui voteront les vrais pro-européens, largement majoritaires en France, ceux qui se soucient des peuples, de leur culture, leur histoire, leur droit à la santé, à la sécurité, au travail pour vivre….? Il y a de la place pour une nouvelle Europe ! Les Etats-Unis ont bien construit une fédération d’états tous différents !

3°)Migrants. « Ils sèment le vent, ils récolteront la tempête » (Traduction Œcumènique de la Bible, VIII e siècle avant J.-C.).

L’avidité pour les profits de bien des pays européens, sur le continent africain, est et a été redoutable car elle a provoqué la perte d’identité culturelle et l’appauvrissement généralisé des populations locales. Les extrémismes religieux salafistes en ont profité pour habiller ce désarroi de principes religieux revitalisant pour beaucoup de jeunes, perdus et fragiles, que la politique de la République n’a pas su ou voulu aider afin de les accompagner vers un ascenseur social plein d’espoir.

4°) La Sécurité, ce mot à multiples facettes, recouvre pratiquement tous les problèmes. On ne considère que la sécurité extérieure (défense), intérieure (agressions) ; en fait, il convient d’ajouter la sécurité environnementale, de l’emploi, du logement, de l’alimentation, de la santé, du pouvoir d’achat, de la liberté de penser, de s’exprimer…Malheureusement, elle est rarement assurée et bien des faits restent, malgré les évidences, dans l’indifférence du gouvernement et de bien des gens.

La réforme du système de santé devrait s’en inspirer !

= Sud Ouest titre le 9/09/2018 «La chute sans fin des insectes»

Le pare-brise n’est plus rendu opaque par les cadavres d’insectes que la voiture récupérait jadis, les nuits sont devenues silencieuses, le grillon ne chante plus, le crapaud et la grenouille gros prédateurs d’insectes, sont muets ; les chauves-souris, les hirondelles se raréfient, les moustiques de tous pays peuvent proliférer avec leurs parasites ! Les maraîchers et les arboriculteurs constatent des baisses de rendements et cherchent à louer des drones car les ruches se font rares. Les chinois qui, jadis, frappaient pour effaroucher les oiseaux, paient maintenant des gens qui, juchés toute la journée sur une échelle, pollinisent à la main les arbres fruitiers.

Une étude menée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le muséum d’histoire naturel et l’Office pour les Insectes et leur environnement (Opie) a conclu qu’une espèce sur 5 était menacée de disparition en France métropolitaine.

Les causes sont suffisamment connues pour agir positivement car les conséquences  retentissent sur la sécurité alimentaire, le pouvoir d’achat, le travail, la santé…

++ L’ensemble des pesticides(+12,4% entre 2009 et 2016)

++ Dégradation de l’environnement : disparition des haies, des zones humides, artificialisation et pollution des sols, vers de terre en chute libre, bétonnage et urbanisation, desherbage des fossés et des cultures, là où les insectes se développent, pollution lumineuse pour de nombreux papillons, ne parlons pas du remplacement des arbres variés de la forêt tempérée par des peuplements monospécifiques favorisant la prolifération des espèces parasites, de l’extension des plantes ornementales et des variétés de plantes cultivées sélectionnées comme des variétés de colzas qui n’attirent pas les pollinisateurs. «la rose moderne n’envoie aucun message attractif de la part de ses nectaires» Sud Ouest.

++ Le réchauffement climatique perturbe les concurrences, les résistances, la répartition, les équilibres donc. Réjouissant, les GES n’ont jamais été aussi abondants!

On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner ;
Surtout quand vous avez à peu près votre compte.

                                      Si seulement on sentait un frémissement de bon sens ! Or, cela ne fait que s’accentuer : croissance, croissance !

= Sud Ouest encore, mardi 19/09/18 :«Du glyphosate sous les pins et dans le miel». On peut lire que depuis 2016, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’environnement, de l’alimentation et du travail (Anses) a homologué et autorisé la mise sur le marché d’une quinzaine de nouveaux herbicides à base de glyphosate pour une utilisation en forêt ; le dernier, le Glifonet NG a été autorisé le 9 février dernier. Début 2000, seuls trois herbicides étaient homologués par l’Anses ;

maintenant, les sylviculteurs disposent de 27 produits principalement à base de glyphosate.»

Un ingénieur forestier du CNPF (centre régional de la propriété forestière) prétend que ces homologations ne se sont pas faites à la demande des utilisateurs mais des producteurs d’herbicides (voir plus loin l’importance des lobbies). Facile, car l’utilisation n’était pas obligatoire !

Ramassage des champignons à reconsidérer !!!

= Nanoparticules : un danger pour le cerveau – Futura-Sciences

https://www.futura-sciences.com/…/medecine-nanoparticules-danger-cerveau-34445/

Les nanoparticules qui sont 1.000 à 100.000 fois plus petites que les cellules sont partout. Elles peuvent être inhalées, ingérées, traverser la peau, se retrouver dans le sang et atteindre de nombreux organes du corps où elles s’accumulent. Entre autres, elles sont nocives sur la barrière entre cerveau et circulation sanguine, sur le placenta…

« l’exposition aiguë aux nanoparticules de zinc déclenche chez les animaux nouveau-nés une accélération anormale suivie d’un arrêt définitif du rythme respiratoire. »

«On est en plein dans le cadre du principe de précaution, avance Magali Ringoot, porte-parole d’Agir pour l’environnement. D’un côté, on a des études scientifiques qui s’accumulent et qui sont gravement alarmantes. De l’autre, on peut se poser la question du rapport bénéfice-risque: pour le consommateur, l’utilisation des nanoparticules dans l’alimentation est purement esthétique.»

= Depuis plus de trente ans, nous assistons à une féminisation de l’ensemble de la faune terrestre, être humain inclus. Les poissons des lacs, des estuaires et des mers où se déversent les polluants se féminisent, les ours polaires, les tortues dans les Grands Lacs….

La propagation globale des perturbateurs endocriniens  ne cesse d’augmenter ;  ils proviennent, entre autres, des femmes sous contraceptifs oraux qui rejettent par leur urine dans les eaux usées des quantités d’hormones monumentales. On note une baisse générale de la fertilité (diminution de 50% du nombre de spermatozoïdes actifs en cinquante ans), des malformations génitales se multiplient : à Montpellier, le Pr Charles Sultan, pédiatre endocrinologue, estime que le nombre de garçons qui ont un micropénis et d’autres malformations de l’appareil génital comme la descente incomplète des testicules (cryptorchidie) a été multiplié par trois en vingt ans. Le ratio de natalité fille/garçon, traditionnellement favorable aux garçons, s’est inversé».

Entre autres :La féminisation du monde – AgoraVox le média citoyen

http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/la-feminisation-du-monde-44513

= «L’incrustation des lobbies dans le cœur de l’exécutif fait tache.»(Sud Ouest 7/09/18. «Qui gouverne ?»

+«Audrey Bourolleau qui a été à l’origine de l’assouplissement de la loi Evin en 2015, est l’ancienne déléguée générale de l’association Vin et société, structure de promotion de la filière viticole, ancienne diplômée de l’école de commerce de La Rochelle. Elle a intégré le cabinet du président de la République où elle s’occupe des questions agricoles.»

+ «Le premier ministre Edouard Philippe a dirigé le service des relations publiques du groupe nucléaire Areva. Le secrétaire d’Etat Benjamin Griveaux a occupé les mêmes fonctions au sein du groupe immobilier Unibail-Rodamco.»

+ «Aucune réglementation efficace n’encadre l’usage de ces carnets d’adresses constitués à l’ombre du pouvoir ;… Nombre de cadres ou d’anciens dirigeants du privé multiplient les allées et venues dans les cercles du pouvoir»

Les nouveaux élus, de la société civile, constituent un milieu proche du pouvoir qui connaît le monde de l’entreprise et ses pratiques rarement désintéressées !

= Les troubles psychiatriques touchent 1 adulte sur 4 soit 27% de la population française.75% des affections psychiatriques débutent avant l’âge de 25 ans.

Santé mentale : les chiffres qui font peur – Actualités Santé

https://www.observatoire-sante.fr › Actus

Parmi les pathologies les plus préoccupantes au XXIe siècle, 5 ont été identifiées par l’Organisation Mondiale de la Santé : la schizophrénie, le trouble bipolaire, l’addiction, la dépression et le trouble obsessionnel compulsif.

Les maladies psychiatriques et les troubles du comportement …

http://www.frcneurodon.org/…/les-maladies-psychiatriques-et-les-troubles-du-comportement…

Faut-il armer la police municipale, augmenter le nombre de policiers, de caméras de surveillance ?…Et si on s’interrogeait sur les causes de la délinquance ? Pourquoi le nombre de malades mentaux, en errance car sans thérapie valable, parfois potentiellement dangereux, que nous côtoyons chaque jour, est si important et parfois responsables d’actes de barbarie, y compris terroristes ?

=Le danger des plastiques : émission Cash investigation d’Elise Lucet mardi 11/09/2018

Une sidérante enquête, Plastique, la grande intox, pointe notamment du doigt :

+le lobbying effréné (et efficace) des industries plastiques et dévoile les failles potentiellement dangereuses du recyclage de certaines matières plastiques.

+des associations pour l’environnement financées par des industriels.

+des produits toxiques dans des jouets.

= Envoyé spécial: les secrets des aliments ultra-transformés. Jeudi 13/09/18

Aliments ultra-transformés : 60 Millions de consommateurs alerte, l …

https://www.usinenouvelle.com › Consommation

Le jeudi 12 avril une enquête intitulée «Ces aliments qui nous empoisonnent» décrypte les ingrédients de 100 produits et dénonce des pratiques de l’industrie agroalimentaire:« Pauvres en matières premières brutes (légumes, fruits, lait, viande…) mais riches en additifs, les aliments ultra-transformés regorgent d’ingrédients à bas coût, dénaturés pour leurrer notre goût. Sel, sucre et graisses combinés stimulent les pics de glycémie,(et d’obésité aussi), entraînant des réactions addictives”, attaque le magazine. “Les ingrédients qui fâchent sont souvent dissimulés derrière des allégations alléchantes.»

= franceinfo, jeudi 13 septembre 2018. Hydrolysat, peptides, lactosérum, lécithine, amidon, sirop de glucose… ces noms  sont sur l’emballage des yaourts, plats préparés ou n’importe quel aliment « ultra-transformé ». L’industrie agroalimentaire raffole de ces composants peu coûteux à produire et faciles à utiliser: des nutriments obtenus par « cracking », ou fractionnement d’un aliment en dizaines de poudres et de sirops. Le lait, l’œuf, la pomme de terre, le riz, le maïs… tout, ou presque, peut être « cracké ».

Devant les menaces climatiques extrêmes les réseaux sociaux, puis les citoyens, se mobilisent pour que les enjeux climatiques deviennent la priorité des gouvernements alors que c’est actuellement l’indifférence programmée; pot de terre contre pot de fer !

Un rapport récent de l’ONU invite les politiques à opérer des changements drastiques dans les modèles économiques, tandis que le secrétaire général des Nations unies a appelé lundi les gouvernements« à ne plus perdre de temps ».

«La vraie révolution, c’est quand les rôles changent et pas seulement les titulaires»

Gilbert Cesbron, mourir étonné1980)

signé Georges Vallet

crédits photos:writeawriting.com

Soutien total

Cette période estivale est favorable à une prise de distance pour considérer le long terme. L’échéance des élections européennes se profile. Mais on peut encore la voir de manière pas trop partisane, et apercevoir ses implications pour la région.

Que l’Europe offre des déceptions, voire des désillusions, n’est pas surprenant. Mais elle apparaît tout de même comme un pôle de sécurité et de paix dans un monde menaçant. Notre voisin russe a montré à plusieurs reprises (Crimée, Ukraine, Syrie) qu’il n’hésite pas à recourir à la force et que ses engagements internationaux ne le retiennent guère. De son côté, la montée en puissance du modèle chinois n’a rien d’attirant avec sa course à l’hégémonie économique et à la surveillance généralisée. La direction impulsée par M. Trump n’est pas plus séduisante. Il est clair qu’il ne s’intéresse pas à l’avenir de la planète ni aux façons de voir des autres nations. Si ses positions ne sont pas insanes (elles sont même dans la ligne de la doctrine de Monroe : ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le monde), mais il distille suffisamment d’insanités pour être un repoussoir. La dernière en date est son jugement sur les causes des gigantesques incendies en Californie : la cause en serait les défenseurs de la nature car ils veulent protéger les forêts !

Aussi, il importe que l’Europe soit la plus forte possible et qu’elle pense en termes globaux et avec la sagesse d’une vieille personne, ou plutôt d’une vieille contrée. Elle a créé ou soutenu plusieurs institutions comme l’ONU (et avant elle la Société des Nations), l’Unesco, l’organisation mondiale de la santé … Elle peut faire émerger des règles financières et une monnaie de référence modiale qui pourraient contribuer à l’équilibre mondial. Il n’est pas normal que les contrats internationaux soient libellés en dollars. On a vu d’ailleurs en 1929 et en 2009 qu’un déséquilibre de l’économie américaine pouvait se propager à travers le monde et avoir des conséquences désastreuses (chômage, faillites, guerres…) pour des nations qui n’ont aucune responsabilité dans les causes.

Laissons aux spécialistes le soin de déterminer si cette monnaie devrait être assise sur un panier de monnaies ou sur un panier de biens (or, acier, uranium, céréales…). L’important serait qu’il ne serait plus possible de condamner des pays à ne plus faire des affaires avec les Etats-Unis s’ils ont des relations commerciales avec un pays dans le collimateur des Etats-Unis comme l’Iran aujourd’hui, un autre pays demain. L’Iran a de bons cinéastes et commence à avoir de bons scientifiques. Ses ressources pétrolières sont importantes pour une société comme Total. Cette dernière a fidèlement aidé la région en matière de développement économique ; ses habitants se doivent de l’aider dans une passe difficile imposée par M. Trump.

Au-delà du soutien que les électeurs peuvent apporter à l’idée de l’instauration d’une monnaie internationale, il convient de renforcer l’indépendance de l’Europe et de préserver le futur de la planète et de la paix. Relisons « Comment je vois le monde » d’un certain Albert Einstein qui préconisait une police internationale chargée de maintenir la paix à travers le monde. Les casques bleus ont pu jouer un rôle non négligeable dans les conflits récents, mais on est loin du compte. Dans le domaine économique et financier, on ne peut pas non plus en rester aux dispositifs du genre G7 et G20. L’Europe doit montrer le chemin.

Paul Itaulog

L’Europe au quotidien

Nous sommes, concernant la construction européenne, passés de l’euphorie au scepticisme. On a vu aux dernières élections italiennes, pays pourtant fondateur du pacte qui nous lie, une formidable montée des partis eurosceptiques. Le départ de la Grande Bretagne bientôt consommé et le sentiment nationaliste exacerbé des pays de l’Europe Centrale sont des symptômes supplémentaires de cette défiance. Le retournement de ces derniers : Pologne, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, longtemps sous le joug communiste et instamment demandeurs de rejoindre le pack européen, est stupéfiant. Leur voisin russe est pourtant candidat au rôle de parrain. Ils y ont goûté et s’il passe à l’acte ce sera une autre chanson. On a vu par le passé que la tyrannie communiste n’était que la suite logique de la politique expansionniste de l’autocratisme russe qui lentement tissait sa toile sur l’Europe Centrale. Que retiennent les peuples des leçons du passé ?

La technostructure européenne est pour beaucoup responsable de ce gâchis. L’ère Barroso puis celle de Juncker s’inscrivent dans la continuité d’une doctrine étroite qui a pour objectif d’imposer partout un libéralisme débridé, effarant pour les populations. Ce n’est pas étonnant de Junker qui vient du Luxembourg longtemps un État prédateur sur le plan financier. Sa nomination fut un symbole en fait… La dérégulation, l’orthodoxie budgétaire, la finaciarisation sont devenues non pas des moyens mais des objectifs en soi. C’est ainsi que, sous l’influence indirecte de la très conservatrice CSU, la Grèce a été mise à genoux et ses habitants ont été contraints, sans discussion, à une cure d’austérité drastique qui s’est traduite par un appauvrissement généralisé. C’est donc ça le but ?

Comme on le sait il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La construction européenne a su résister aux crises politiques majeures et elle a assuré une ère de paix unique dans l’histoire qui s’est accompagnée d’un progrès économique et social en réalité considérable. Prenons, par exemple, la crise Catalane, plus sérieuse qu’il n’y paraît car elle ouvrait une boîte de Pandore dangereuse : aucun dirigeant européen n’est tombé dans le panneau des indépendantistes, montrant ainsi que l’on ne pouvait pas revenir sur l’idée de nation. Nous sommes ainsi désormais très éloignés de la thèse de l’Europe de Régions qui a fait florès il y a quelques années. L’Europe se pose désormais comme une superstructure, un ensemble original dans une construction difficile qui s’inscrit dans une continuité historique.

Comme « Paris ne s’est pas fait en un jour » il ne faut ni désespérer ni renoncer à faire mieux. C’est ce qu’on attend du volontarisme du Président rejoint une nouvelle fois par la chancelière. Mais il s’agit de discours abstraits et sur le terrain on ne voit que les effets contraignants d’une administration lointaine et toute puissante. Il y a des succès pourtant : le programme Erasmus, voilà une réussite concrète qui crée une vraie solidarité de la jeunesse européenne. Mais que sont devenus les projets liés à ce qu’on a appelé la coopération transfrontalière ? N’y a-t-il pas à faire avec nos vis-à-vis Aragonais ou Basques ? Sur les plan des infrastructures à l’évidence… Combien de temps allons-nous souffrir de l’absence de transports collectifs entre Pau et Saragosse ? Combien de temps attendrons-nous un lien ferroviaire nous reliant à l’Espagne ?  Subirons-nous longtemps ce « camino » qui nous mène au tunnel du Somport ? Une route correcte qui conduise à cette infrastructure sous-utilisée et coûteuse -le tunnel- cela devrait être la priorité des priorités  des élus béarnais… De l’autre côté on est déçu du peu de considération des Français… Les montagnes sont donc infranchissables au XXI ème siècle..? N’y a-t-il pas, par ailleurs, des projets environnementaux, culturels, touristiques à entreprendre avec nos voisins ?

Où sont nos bons apôtres qui, la main sur le cœur, prétendent défendre la construction européenne ? C’est au pied du mur qu’on voit le maçon !

Pierre Vidal

Le Sud

« Pau ville anglaise », voilà un slogan surprenant pour qui n’est pas Palois « de souche » -comme on dit dans certains milieux politiques. Or Pau n’est plus constitué majoritairement de Palois d’origine. C’est une vision « provincialiste » que de le croire. En réalité, comme les autres villes importantes d’Aquitaine, Pau vit un brassage perpétuel de population. Plus peut-être que d’autres car Total a drainé une population venue de toute la France –voir d’autres pays-, comme Turbomeca et l’UPPA a un rôle d’attractivité, attirant une population jeune pour l’essentiel qui vient de l’extérieur de la ville.

« Pau ville anglaise », à tous ces Palois nouveaux venus cela ne dit rien. Certes cela fait référence à un passé décrit comme prestigieux, celui du Pau Hunt et du Cercle anglais. Une histoire particulière qui date du début du siècle dernier. La population locale, sauf exception, était remisée au second plan passant les plats à la gentry anglo-saxonne. Cette dernière, anglaise puis américaine, conférait un certain éclat à la vie mondaine de la cité. De cette période éloignée désormais, il reste un patrimoine architectural unique –le casino, les villas de Trespoey- ou émouvant comme cette partie du cimetière palois où il faut se promener entre les tombes des aristocrates anglais : monuments poétiques et discrets.

Bon ! Mais aujourd’hui qu’avons-nous de commun avec l’Angleterre ? Albion se sépare lentement du continent et quittera bientôt l’Europe –en bon terme, souhaitons-le ! C’est son choix, un choix démocratique -à quoi sert de le contester ? Tournons-nous donc vers d’autres horizons. Nous sommes une ville de piedmont et nous avons, de l’autre côté des montagnes, une grande nation : l’Espagne un pays qui a soif d’échanges et de reconnaissance.

Pour beaucoup de Palois, c’est encore un pays en proie à une sorte de fragilité politique : la crise catalane en est l’ultime symptôme. Elle a fait long feu, les indépendantistes se sont décrédibilisés aux yeux des pays européens par leurs palinodies et leurs divisions internes. Ces soubresauts parfois violents s’inscrivent dans une sorte de continuum chaotique de la politique espagnole qui a su, pourtant, sortir de la crise basque par le haut ; preuve de sa maturité. L’Espagne c’est aussi, plus simplement, un autre monde avec une autre langue, d’autres coutumes, dérangeantes pour certains mais si enrichissantes en réalité car elles nous offrent un dépaysement profond à moins de 80 kilomètres…

Bien peu a été fait pour favoriser les relations trans-pyrénéennes et aller de Pau à Saragosse en transport en commun relève de l’exploit –deux villes jumelées pourtant-, comme il est impossible de trouver sur l’agglomération paloise un seul établissement scolaire proposant aux jeunes l’Espagnol en première langue. Les montagnes sont faites pour être franchies par les plus entreprenants : les tunnels, les ponts, les échanges ou les visites sont là pour ça. Les Alpes n’ont pas freiné le développement économique de la Suisse pays pauvre encore au début du XXème siècle avant de se doter d’infrastructures reliant ses vallées entre elles.

Le peu d’appétence des édiles palois qui se sont succédés à l’égard de nos voisins du sud surprend. Aucun projet commun ; aucune perspective de travail ensemble ; aucune prise de position forte sur la nécessité d’améliorer les liaisons routières ou ferroviaires entre ces deux grandes nations. Tandis que sur la côte, de Bayonne à Saint-Sébastien se constitue une grande agglomération franco-espagnole -faut-il dire basque ?- entièrement connectée. A Pau croit-on en une sorte de développement autocentré ? Voit-on le Béarn comme une exception dans la compétition territoriale ? En conclut-on que bâtir des ponts, susciter des alliances ça n’est pas nécessaire ? Où est la vision ? Le projet ? Discourir sur l’Europe c’est bien, poser des actes concrets c’est mieux.

Tendre la main à nos voisins du sud c’est désormais une nécessité. Un jour nous devrons dire « Pau ville espagnole ».

Pierre Vidal

crédit photo : Le pont du troisième millénaire (dp_zaragoza_dg)

On a changé la forme ; pour le fond, affaire à suivre !

Les événements que nous vivons marquent un changement profond dans le paysage ; doit-on s’en réjouir ? Marcel Proust nous alerte sur ce point: «Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux.»

Le directeur, le personnel, les comportements, la vitrine médiatique,.. sont renouvelés ; l’image à transmettre est que les uns vont travailler avec les autres et non plus sans et contre les autres ; L’orientation est très pascalienne ; Pensées, 1670 :

«La source de toutes les hérésies est de ne pas concevoir l’accord de deux vérités opposées.» 

Cependant, à la lumière des engagements annoncés, la révolution conceptuelle, le fond, n’a pas l’air de suivre, c’est la continuité, les énarques sont toujours là et, face aux obstacles : chômage, inégalités, désertification, pauvreté, pollution…, les mesures prévues ne semblent pas très révolutionnaires : permanence des économistes non atterrés, diminution des dépenses publiques, prévalence du privé sur le public, faire repartir la croissance : culte du numérique, production industrielle, consommation, destruction, épuisement des ressources, relancer l’agriculture de demain et l’industrie du futur, pollution, libérer carcans, blocages, et esprit individuel d’entreprise….

Attention !

«Alors que la première crise de la démocratie au XXe siècle était liée à un trop-plein d’engagement collectif, celle que nous vivons aujourd’hui est à l’inverse liée à l’atomisation de la société, fondée sur le primat de l’individu. La démocratie des droits de l’homme s’autodétruit» Marcel Gauchet, philosophe, Nel Obs du 29/04/17.

Bien sûr, les messages lancés sont souvent convaincants si on reste dans l’image médiatique donc la forme, forcément résumée, superficielle, parfois floue.

La forme résoudra-t-elle le fond ?

Quoi de neuf prévu par rapport à la volonté déjà exprimée dans le passé, dans les différents domaines essentiels ? Quelles dépenses publiques seront amputées, avec quels dégâts, quelle agriculture et industrie pour demain ? Flexibilité ou flexisécurité par une formation ? La volonté, combien souhaitable, confirmée à Berlin, de faire une Europe des peuples, n’est pas nouvelle.

Quoi de neuf, pour l’avenir, au point de vue : santé publique, sécurité alimentaire et environnementale ? Les oubliettes sont remplies !

Vouloir lutter contre le chômage en multipliant des emplois polluants c’est remplacer une pollution par une autre.

Pour renouer avec la confiance, ce nouveau Président, jeune, dynamique, cultivé, sachant insuffler de l’espoir, devra être non seulement un magicien du verbe mais aussi de l’action ; espérons que cela sera suffisant ! Macron et Danton, même combat !

De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée.

Là où la crainte est la plus perceptible, c’est dans le domaine environnemental. Parmi les annonces de la volonté du nouveau Président, j’ai retenu un texte paru dans «La Croix» car il me semblait, au départ, refléter le plus sa détermination positive dans le domaine environnemental.

http://www.la-croix.com › France › Politique. 13 avr. 2017.
«Il veut aussi placer la France en tête du combat contre les perturbateurs endocriniens, qui seront interdits, et contre les pesticides, « une des principales causes de l’augmentation des cancers des enfants depuis vingt ans », explique-t-il.
Un « Grenelle de l’alimentation » sera organisé afin d’élaborer un calendrier prévoyant l’élimination progressive des pesticides. En promettant d’être ferme, Emmanuel Macron espère être entendu au niveau européen, « afin d’accélérer la mutation de la filière agroalimentaire ». Le candidat d’En marche ! veut mettre l’accent sur le développement de l’agriculture écologique».

Magnifique !

Malheureusement, depuis, j’ai reçu par la poste, pour voter, la profession de foi «Ensemble la France», déterminante pour me convaincre des véritables intentions car elle contient l’essentiel à la source, sans intermédiaire. 6 chantiers pour la France et, en ce qui concerne l’environnement :«Voter pour E.Macron, c’est…, interdiction des perturbateurs endocriniens dès lors qu’il existe des solutions reconnues comme moins toxiques……»!!!!

Que reste-t-il des annonces initiales !

+ Il est bien évident que l’industrie ne cherchera pas de solutions de rechange sans contraintes or : libération de l’esprit d’entreprise, des carcans, des blocages ! Idem d’ailleurs pour les pesticides, le développement de l’habitat en zones inondables, élevages, cultures et alimentation industriels…..!

+ Du fait de l’ampleur, des localisations innombrables, de leur répartition et de l’inutilité, en dehors de la rentabilité financière : plastiques, cosmétiques, pesticides, retardateurs de flammes…, les perturbateurs n’ont en rien un caractère indispensable, il est tout à fait possible de s’en passer sans avoir à chercher des solutions «moins toxiques». Malheureusement, il est bien meilleur pour l’emploi, les entreprises, le P.I.B. de fabriquer que de supprimer ! Le danger pour l’humanité actuelle et sa descendance, est démontré par des centaines de scientifiques ; c’est largement suffisant pour en demander, sans aménagement, la suppression. Accepter si on en trouve, de les remplacer par des substances toxiques, moins dangereuses, c’est accepter de perturber la santé individuelle, l’organisation sociale, l’intérêt général, au profit de certains particuliers ; c’est même un engagement contraire à la Morale.

Nulle part je n’ai trouvé de détermination pour répondre aux préoccupations de la Cour des Comptes du 12 février 2014.
http://www.oaba.fr/pdf/Cour_des_Comptes2014_securite_sanitaire_alimentation.pdf
https://www.lesechos.fr/…/0203305569753-insuffisance-des-controles-sanitaires-et-de.
http://www.ladepeche.fr › Economie › Entreprise › Agro-alimentaire

Elle tirait la sonnette d’alarme sur l’insuffisance des contrôles menés par le Ministère de l’Agriculture en matière de sécurité alimentaire. «La qualité des méthodes d’analyse, l’indépendance des services vétérinaires et de la répression des fraudes n’est pas garantie». Les ratés de la réforme de l’administration territoriale de l’Etat engagée en 2010 par le gouvernement Fillon s’est traduite par une désorganisation et une diminution drastique des effectifs. La présence obligatoire des vétérinaires dans les abattoirs n’est pas toujours assurée sur les chaines de volailles. Dans les sites de production et de transformation de denrées d’origine animale, les contrôles ont diminué de 17% depuis 2009.

La situation est encore pire en matière de protection des végétaux, où les vérifications ne ciblent que les demandeurs d’aides au titre de la politique agricole commune. «Les contaminants, notamment les métaux lourds, ne font pas l’objet d’un plan de contrôle du Ministère de l’Agriculture» déplore la Cour, tout aussi critique sur l’insuffisance d’inspections des arrivages en provenance d’autres pays de l’Union : «Sauces, soupes, pizzas, surgelés… La pâte rougeâtre et visqueuse, dite sauce tomate, qui nimbe tous ces plats provient très souvent du Xinjiang, une province de Chine.Nel Obs 17/05/17 ; 25% des produits à base de viande contrôlés, pour ne citer que ceux-là, révèlent des non conformités.

Le Nvl Obs le 15/06/2016 titrait «Bonbons, biscuits… Alerte aux nanoparticules dans nos assiettes».

Or, plus la particule est petite, plus elle peut traverser les barrières physiologiques (placenta, barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau, barrières intestinales…). Les évaluations et expertises font état d’effets toxiques inquiétants : Dommages à l’ADN ; retards de croissance ; réactions d’hypersensibilité et d’allergie ; inflammations chroniques ; affaiblissement du système immunitaire ; stress oxydatif ; effets génotoxiques et cancérogènes ; dérèglement du système immunitaire et du fonctionnement intestinal. Quoi de mieux depuis 2014 ?

Ce n’est pas tout ! Le Dr Joëlle Le Moal de l’Institut de veille sanitaire (InVS) et ses collègues, ont fait paraître dans la revue internationale «Reproduction» une analyse : «Le déclin de la qualité du sperme, avec une baisse de près d’un tiers de la concentration en spermatozoïdes déjà constatée en France métropolitaine, est une tendance qui n’épargne pratiquement aucune région mais touche plus particulièrement l’Aquitaine et Midi-Pyrénées (régions viticoles et arbres fruitiers)».

Or, toujours d’après la profession de foi «faire plus pour notre santé» ce n’est pas lutter contre les causes de la maladie, il faut lever les contraintes ! mais mieux soigner et le plus économiquement possible : réorganisation de l’hôpital, doublement des maisons de santé, auxiliaires de vie scolaire ; c’est mieux pour le P.I.B.

Nicolas Hulot vient d’être nommé, une bonne nouvelle incontestablement, il n’est pas du genre à accepter d’être un faire valoir électoral, c’est donc un signe fort de la volonté d’apporter une réponse claire au doute qui planait.

Prendre des mesures nécessaires pour rester fidèle aux engagements pris lors de la Cop 21 pour limiter le réchauffement climatique est naturellement  nécessaire mais qui ne dépend pas spécifiquement de la France par contre, la pollution, les maladies graves des enfants et des adultes liées aux pesticides, à l’alimentation, à l’air respiré, à l’eau consommée…c’est bien du ressort du local et du régional. Souhaitons-lui de trouver les conditions favorables pour inverser la pensée dominante et réaliser progressivement cette grande mission qu’il a défendu vainement jusqu’alors.

«Une société qui survit en créant des besoins artificiels pour produire efficacement des biens de consommation inutiles ne paraît pas susceptible de répondre à long terme aux défis posés par la dégradation de notre environnement». P. Joliot-Curie.

«Lorsque le dernier arbre aura été abattu, le dernier fleuve pollué, le dernier poisson capturé, vous vous rendrez compte que l’argent ne se mange pas.» Chef Seattle, 1854

Alors ! L’environnement, un épiphénomène qui n’a rien à voir avec la désignation d’un Président de la République ?

Pas si sûr pour tout le monde, voici une citation qui en surprendra peut-être certains !

«Parmi les tâches que je considère comme faisant partie des missions du Président de la République, il y a ceci : il lui revient de dire aux autres peuples de la planète que nous avons une responsabilité écologique en commun.» extrait de Metz, 27/02/14 prononcé par le nouveau Ministre de la Justice. Par déformation professionnelle, va-t-il promouvoir l’enseignement du béarnais dans les prisons ?

Georges Vallet

crédits photos : Huffington.fr

Marchons, marchons !

Mais de grâce, n’abreuvons pas nos sillons d’un sang considéré comme impur. Pour une mère, pour un père, le sang de son enfant n’est pas impur. Je suis de ceux qui aimeraient bien substituer à ce chant de guerre un hymne plus pacifique, même si cette antienne évoque tant de moments forts de notre histoire (*). Bien sûr, il y a d’autres priorités (**).

La première est la lutte contre le chômage. On ne peut redresser le pays avec 10% de chômage. C’est une plaie pour les finances publiques, les cotisations sociales et c’est une souffrance pour les personnes touchées et leur entourage. La nouvelle donne est porteuse d’espoir. Mais l’espoir ne suffit pas. « Charlie hebdo », avec sa dérision habituelle (teintée cette fois de bien mauvais goût) montre une Première Dame enceinte en parlant de miracles.  Les Français n’attendent pas de miracles ; ils attendent des mesures efficaces. Ils attendent que l’inspirateur du CICE demande des comptes au patronat qui avait promis un million d’emplois nouveaux.

Ils attendent aussi que les travailleurs d’une entreprise en difficulté soient aidés pour trouver des repreneurs ou pour reprendre eux-mêmes leur outil de travail. Ils attendent surtout qu’un meilleur dialogue social soit instauré. Des germes sont présents et si d’autres peuples y parviennent, le nôtre devrait aussi pouvoir y parvenir. La décomposition des grands partis, leurs fractures ou leurs lézardes montrent à l’évidence qu’une plus grande écoute, une plus grande tolérance est nécessaire. Les sans-emplois n’ont guère de moyens de défense collective. Mais ils doivent être entendus des salariés et des syndicats comme des patrons et  des actionnaires. Des limites peuvent être imposées à la recherche du bénéfice maximal, comme des limitations doivent être imposées aux indemnités pour perte d’emploi si celles-ci menacent la survie d’une entreprise. L’optimisation fiscale doit être jugulée au sein de l’Europe. C’est une des raisons pour lesquelles une Europe forte est souhaitable. Mais ce n’est pas la seule. Une protection des frontières communes s’impose et il n’y a pas de raison que la France supporte un effort en matière de défense plus important que celui des autres pays européens.

De nouvelles attentes en matière de fonctionnement de la vie politique, de probité dans la vie publique sont nées. Elles ne doivent pas être déçues. Les nuits debout comme les assoupis peuvent éclairer les marcheurs et éviter au pays des conflits ravageurs.

Paul Itaulog

(*) On pourrait aussi mettre en valeur et en usage ces paroles de la Marseillaise si ignorées :
Français, en guerriers magnanimes
Portez ou retenez vos coups
Épargnez ces tristes victimes…
Cela pourrait aussi valoir dans les stades !
(**) Malgré des fautes généralisées d’accords de participes que l’on constate sur tous les médias, il est douteux qu’une majorité de Français range parmi les priorités une simplification de la grammaire et de l’orthographe, sujets quasi-religieux. Mais une telle simplification aurait sa place parmi d’autres plus pressantes dans notre maquis de règles et de codes.