Européennes, ça approche !

A la date du 5 mai, la possibilité de constituer une liste pour les élections européennes n’existera plus. Celles-ci sont programmées pour le 26 mai. Notez bien cette date. En attendant quatorze listes se sont constituées au plan national et, en Béarn, nous avons notre candidate.

Rappelons quelques règles qui vont présider à cette échéance. Ces élections se feront à la proportionnelle, selon le scrutin de liste. Ces listes, actuellement au nombre de quatorze, seront constituées au niveau national et non plus au niveau des circonscriptions. Elles devront comporter autant de candidats que la France détiendra de sièges au parlement européen, c’est à dire 79. Enfin 79, c’est plutôt théorique car les Anglais qui ne seront pas encore sortis de l’Europe, voteront vraisemblablement eux-aussi. Ce qui risque réduire le nombre des sièges de la France à 74. Ah ce Brexit !

Il se dit que lors de négociations en coulisses, François Bayrou, a réussi à imposer trente candidats issus du parti dont il est président sur la liste : LREM + MoDem + Agir + Mouvement radical. C’est pas mal en reconnaissance des supposés 5% qui auraient permis à Emmanuel Macron d’emporter la présidentielle. Et nous Béarnais avons sur cette liste, à la quinzième place, en rang éligible, une certaine Laurence Farreng née Despaux. Il s’agit de l’actuelle directrice de la communication de la ville de Pau, membre comme il se doit du Modem. Le maire de Pau l’a placée sur la liste de Nathalie Loiseaux, tête de liste issue de LREM.

Actuellement François Bayrou apparaît aux yeux des commentateurs politiques les plus avisés comme celui qui est ou serait très écouté par le Président de la République. Ses conseils se font dans la discrétion de ce qu’il est convenu d’appeler les visiteurs du soir. Alors comme il est personnellement convaincu, il ne s’en cache d’ailleurs pas, que le RIC (Référendum d’initiative citoyenne), le vote blanc, le rétablissement de l’ISF et l’élection des députés à la proportionnelle sont indispensables pour répondre aux revendications des Gilets jaunes, il faut s’attendre à quelques réformes. Enfin, s’il est aussi écouté qu’on le dit…

Les scrutins de listes ont toujours cette part d’inconnu. La liste LREM-MoDem est composée de candidats aux convictions pas toujours très conciliables. Qu’y-a-t-il de commun, en effet, entre Pascal Canfin (2 ème), écologiste convaincu, tenant de la disparition du glyphosate et Jérémy Decercle (4 ème), président des jeunes agriculteurs qui, lui, est plutôt d’un avis contraire ? L’électeur devra admettre que lors d’un vote au scrutin de liste, sans panachage possible, il faut se satisfaire de cette pluralité de doctrines. Alors il faudra oublier ses convictions politiques, vous voyez bien qu’elles ne servent à rien.

Et pendant ce temps-là, notre Jean Lassalle cherche à composer une liste dont il prendrait la tête. Mais y parviendra-t-il ? Le suspense est grand et l’argent lui manque.

Pau, le 10 avril 2019

par Joël Braud

Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne

« En entendant les cris des oies du Capitole depuis sa maison, Marcus Manlius Capitolinus, en 390 avant J.C., partit à l’assaut des Gaulois qui tentaient d’envahir discrètement la colline et, ainsi, sauva Rome. Manlius fut couvert d’honneurs. Cependant, il fut peu après accusé de tenter de se faire sacrer roi et fut jeté de la roche Tarpéienne ». (Wilkipedia)

Les images du Grand Débat reprise en direct par les trois chaînes d’information continue sont-elles convaincantes ? Rarement en tout cas un débat aura eu dans notre pays un aussi grand écho et selon ses promoteurs une participation aussi massive. Ainsi les Français se désintéresseraient du scrutin européen –puisqu’ ils sont à peine 50% à vouloir y participer, selon les sondages- préférant cet exercice de « démocratie directe »… C’est inquiétant pour la démocratie représentative et pour le système électoral en place pour ces élections européennes : la proportionnelle, réclamée à cor et à cri par ailleurs, notamment dans le Grand Débat. Notre pays, passionné par la politique, est plongé dans le paradoxe… on veut débattre mais on ne vote plus ; dans ce contexte, le Grand Débat recueille la parole des élus vilipendés par ailleurs.

On voit le Président, sur ces images télévisées, en bras de chemise, passionné, investi. Il a réponse à tout même s’il oublie parfois les questions. L’accueil est bon. Il est souvent ovationné… ovationné au Grand Débat mais hué dans les défilés du samedi, parfois par les mêmes. C’est un dur métier que la politique…

Tout baigne désormais pour ses fidèles, Jupiter est revenu sur terre, il s’est mué en Apollon et le charme, un temps rompu, fonctionne à nouveau. C’est reparti pour un tour. S’agit-il de méthode Coué ? D’une vague impression  ? Ou d’un lien durable renoué avec le pays ? Faudra-t-il décompter le temps de parole du président et des élus de la REM et du Modem du quota du à chaque formation politique que le CSA fait respecter ? Sommes-nous entrés dans la campagne électorale ? La majorité des participants à ce Grand Débat sont-ils acquis d’avance ? La jeunesse est-elle là et sinon où est-elle ? Tout cet énorme barnum dispendieux et énergivore débouchera sur quoi puisque le Président l’a indiqué par avance il ne changera pas de politique ?

La communication est une donnée essentielle de la politique. Macron/Jupiter ce n’était surement pas le bon concept et il a bien fallu que l’homme descende de son nuage face à une dure contestation, violemment réprimée -Jupiter manie la foudre. Féru d’histoire, le Président sait bien que « le parti de l’ordre » l’emporte toujours dans notre république -les Gilets Jaunes feraient bien de le méditer avant de poursuivre leur dérive. S’agit-il avec le Grand Débat de contribuer à une sorte de repositionnement, de montrer un Président proche des gens dorénavant, à l’écoute des malheurs des uns et des autres ? Un Président qui ne se départirait pas de son rôle de « sachant », à la main dure mais capable de câliner.

Le Grand Débat se résumerait alors, bien que l’on s’en défende du côté de ses organisateurs, à une opération cosmétique, au « relooking » présidentiel, passant à côté de la demande réelle. Notre pays –privilégié, si on se place sur le plan mondial- est en pleine interrogation : comment conserver nos avantages sans souffrir ? Garder un système social équivalent en payant moins d’impôts, par exemple ?  La pression sur les salaires décourage-t-elle l’appétence pour le travail ? Le travail manuel devrait-il être mieux payé ? Une revalorisation du SMIC est-elle possible ? Les hausses de rémunérations s’adressent-elles uniquement aux salaires les plus élevés ? Comment motiver les chômeurs, alors ? L’impératif environnemental doit-il reposer sur les épaules les plus fragiles ? Doit-on, au contraire, en faire porter le poids sur les plus costauds ? Et d’ailleurs est-il un véritable impératif ou une nouvelle toquade médiatique ? Quid du ruissellement annoncé dont on attend les effets ? A toutes ces questions et à celle plus brûlante encore de l’accueil des migrants que peut-on attendre du Grand Débat ?

Poser la question c’est y répondre et rares sont ceux qui se font des illusions… La forme même est en cause : « nous voulions parler, échanger, nous n’avions pas besoin de leçons. Nous voulions passer pour une fois de la verticalité à l’horizontalité et cette démarche qui aurait été nouvelle nous a été confisquée ». Nous avons, avec ce Grand Débat, un nouvel exposé de la vulgate macronienne dans sa version douce.

Bravo l’artiste ! On évoquera un nouveau tour de force, un exploit inattendu, mais les sommets sont souvent inhospitaliers et il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne.

Pierre Michel Vidal

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Le vote blanc

A l’occasion du Grand débat palois qui s’est tenu le 6 février 2019 à Pau, a été évoquée la possibilité de prendre en compte les votes blancs en les considérant comme des suffrages exprimés. Il s’agit là d’une revendication insistante des gilets jaunes. Mais en dépit des apparences ce dispositif nouveau ne serait pas aussi simple que cela et soulève un certain nombre de réflexions.

Tout d’abord, lors de ce débat, le professeur droit public, Philippe Terneyre a eu l’occasion de s’exprimer sur ce sujet. Il a dit qu’il était pour considérer que les votes blancs devaient être intégrés dans les suffrages exprimés, parce que, à son avis, il s’agit d’une expression citoyenne. Il n’en a d’ailleurs pas dit beaucoup plus. Les avis sur ce point, sont en réalité partagés et beaucoup parmi les juristes ou sociologues, estiment au contraire que ne rien dire n’est pas une façon de s’exprimer. Lorsqu’on n’a pas d’opinion et qu’on ne peut pour cette raison faire un choix, on se tait et on vote blanc. Ils parlent alors d’expression taiseuse.

Actuellement lors des élections en France du Président de la République, des députés et des conseillers départementaux, le vote est uninominal à deux tours (sauf pour les départementales où il est binominal, mais cela ne change rien). Le principe est relativement simple pour être élu au premier tour, il faut que le candidat obtienne la majorité absolue des voix, c’est à dire, la moitié des suffrages exprimés plus un. Ne peuvent se maintenir au second tour, lorsqu’il y a lieu d’y recourir, que les candidats qui ont obtenu 12,5% des suffrages exprimés. Qu’en sera-t-il lorsque les votes blancs intégreront les suffrages exprimés ? Il est fort probable que très peu de candidat sera élu dès le premier tour et que beaucoup ne pourront accéder au second. Il est tout aussi probable que les scores de certains élus seront modestes au point que pourra, se poser la question de la représentativité. On peut également s’interroger sur l’incidence qui pourra résulter de cette intégration lors des scrutins à la proportionnelle.

Un autre point, plus matériel celui-ci, est de considérer que le vote blanc devra être possible par la création d’un bulletin de vote spécifique, un bulletin ne comportant aucune inscription. Cela ne constituera-t-il pas une sorte d’incitation à l’usage du vote blanc ? La question mérite d’être posée d’autant que nous Français, de tempérament frondeur et contestataire nous avons une tendance marquée à chercher des moyens de manifester notre mécontentement. Rappelons pour illustrer cela, que lors du second tour de l’élection présidentielle de 2017, le pourcentage des votes blancs et nuls était de 11,20%, ce qui n’est pas négligeable.

Autre illustration, en revenant sur l’élection présidentielle de 2017 qui, par parenthèses, est celle pour laquelle les Français se mobilisent le plus, les résultats pourraient être modifiés de la façon suivante si les votes blancs avaient été intégrés :

Le président Macron n’aurait pas obtenu 24,01% des suffrages exprimés au premier tour mais 23,57% (et seulement 18,19% des inscrits). Au second tour, il n’aurait pas obtenu 66,10% des suffrages exprimés mais 58,59% (et seulement 43,59% des inscrits). Si les différences ne sont pas énormes pour ce qui concernent l’élection présidentielle, elles le seront vraisemblablement davantage pour les autres élections. Les taux d’abstention en France sont relativement élevés, ainsi pour la présidentielle, il est de 22,23% et 25,44% ; européennes : 57,57% ; législatives : 51,30% et 57,36% ; régionales : 50,09% et 41,59%, départementales : 49,83% et 50,02%.

Une réforme du mode électoral est-elle aussi opportune que certains le prétendent ? Si oui, ne devrait-elle pas s’accompagner de l’obligation de voter ? La question n’est pas simple.

Pau, le 18 février 2019

par Joël Braud

NB : Le prochain grand débat palois se tiendra le vendredi 22 février sur le thème de la transition écologique.

Crédit image : parti du vote blanc.fr

Le MoDem à Guidel

C’est dans cette commune du Morbihan, que François Bayrou a choisi de tenir l’Université de rentrée du mouvement politique qu’il préside, le MoDem. Cette réunion qui aurait rassemblé jusqu’à 800 personnes s’est donc déroulée du 21 au 23 septembre 2018. Il y avait là le besoin de se faire entendre et comme rien n’est gratuit en politique, tout cela ne semble pas dénué d’arrières pensées.

Le climat actuel est sans aucun doute propice à des changements qui, selon les spécialistes de la politique politicienne, résultent de certaines données. En tout premier lieu les élections européennes approchent et il convient à chacun de se faire entendre pour prendre rang dans les futurs arrangements entre partis politiques. Le MoDem sera allié à La République en Marche dans ce challenge. Quels seront donc la répartition des candidatures et surtout le rang de chacun des candidats dans la liste nationale ? Dire, comme cela a été fait par François Bayrou, que l’on appartient à la majorité est tout à fait opportun. Tout se joue, en coulisse maintenant. Il faut donc rappeler que l’on existe et parler fort.

Pour les électeurs que nous sommes il n’est pas inutile de préciser les modalités de cette élection. Elle se fera au suffrage universel direct à un tour, le 26 mai 2019. Le scrutin par circonscription, – il en existait 8 en France – a été remplacé par un scrutin de liste à la plus forte moyenne. La liste sera donc nationale et comportera 79 candidats, un chiffre correspondant au nombre des députés français qui seront normalement présents au parlement européen l’année prochaine.

François Bayrou qui se dit trop occupé par sa fonction de maire de Pau, a fait savoir qu’il ne sera pas candidat. Mais, dans son parti, il y a Sylvie Goulard, déjà députée européenne jusqu’en mai 2017, ancienne ministre des armées (pendant un peu plus d’un mois en mai 2017), qui compte bien figurer à un rang éligible dans la liste d’union LREM – MoDem. Un récent sondage, (septembre 2018 IFOP) laisse entrevoir un score de 20% pour cette liste. Il n’en demeure pas moins que la tête de liste n’a pas encore été désignée. Trois noms sont cités : Edouard Philippe, Jean-Christophe Castaner et justement Sylvie Goulard. Alors les tractations vont bon train. A Guidel étaient présents Jean-Yves le Drian, Jean-Michel Blanquer et Jean-Christophe Castaner ; on courtise…

Tout, actuellement se joue en coulisse et les déclarations pleines d’idéologie sociale, imprégnées du souci de l’intérêt général ne peuvent faire oublier que chaque parti politique doit placer ses pions au mieux de ses intérêts. Et maintenant dans les données actuelles, supposons que Edouard Philippe, premier ministre, soit désigné tête de liste pour cette prochaine élection, il laisserait de facto son poste de chef du gouvernement. Ce serait une bonne chose pour l’image du président de la République qui, descendu bien bas dans les sondages – seulement 29 % d’opinions favorables dans sa cote de popularité – a un impérieux besoin de se relancer. Le fusible Edouard Philippe sauterait et serait dédommagé par une représentation européenne. Il faudrait alors le remplacer. Bien qu’il se défende très fortement, trop fortement sans doute, de viser ce poste, François Bayrou pourrait être sur les rangs. Dans cette hypothèse, son principal handicap serait son manque de modestie qui pourrait le conduire à faire de l’ombre à Jupiter.

Mais tout cela n’est que basse politique politicienne d’arrières boutiques pour amuser les gogos… comme moi.

Pau, le 25 septembre 2018

par Joël Braud