Dorian Canton est un cas. Une de ces vocations tenaces mais inattendues, de celles que l’on voit rarement et qui forcent l’admiration. Ce jeune homme âgé de seize ans dans quelques jours, originaire d’Asson au pied des Pyrénées, près de la magnifique et isolée vallée de Ferrière, rien ne le destinait à rêver de confrontations avec des bêtes à cornes ni à vêtir des costumes de lumière. On imagine qu’il lui a fallu beaucoup de conviction pour persuader sa famille totalement étrangère à cet univers de la force de ce désir. Son père, le maire de la commune, qui se posait dans un premier temps de nombreuses questions décida par la suite de soutenir son fils à 100%.
C’est ainsi qu’il entra dans l’Ecole Adour Aficion, la seule école taurine du sud-ouest, menée par le matador retiré Richard Milian et située dans le village de Cauna près de Saint-Sever. Dorian y aura fait un séjour de plusieurs années. Il eut l’occasion d’écouter les conseils avisés du « Maestro », Richard*, un torero avisé qui sut mener une dure mais fructueuse carrière en France comme en Espagne avec de brèves incursions en Amérique du Sud. Un pédagogue reconnu qui a le mérite de donner les bases fondamentales aux jeunes gens qui veulent embrasser cette terrible carrière où beaucoup laisse sur le sable, illusions ou rêves de gloire.
Ainsi Dorian s’est imposé un peu partout en matinales dans les arènes du sud-ouest, dans ces spectacles que l’on dit mineurs. Ses qualités ont triomphé et il a créé le « buzz » autour de lui. Si bien qu’il devient une des figures principales dans sa catégorie de la saison qui vient. Son « Maestro » a décidé de lui faire sauter une étape et dès le 2 avril dans le grand bain de la novillada piquée à Mugron pour l’ouverture de la saison dans le sud-ouest, il retrouvera ses terres du Béarn à Garlin par la suite. Et on devrait le voir un peu partout par la suite.
Dimanche, Dorian sera dans ces fameuses arènes couvertes d’Arzacq pour le très recherché trophée du « Bayonne de cristal ». Ce sera son avant-dernière prestation sans picador. Nous verrons ainsi où en est vraiment le premier Béarnais à porter un costume de lumière. Nous avons, en Béarn, de grands champions de Course Landaise comme le Lembegeois Loïc Lapoudge –plusieurs fois champion de France-, mais nul ne s’était risqué dans le domaine si périlleux et prestigieux –bien que controversé- de la corrida. Voilà ! c’est fait ! Au gentil Dorian, courageux autant que décidé : suerte torero !
Pierre Vidal
*A lire la récente biographie de Jean Michel Dussol « Richard Milian torero d’honneur » publiée aux « éditions Gascogne », à Orthez, dans la collection « La Verdad ».