Il n’y a pas que les ours, il y a aussi les moutons !

L’homme est une espèce sociale ; son comportement grégaire est évident : de la verticalité dans les immeubles il passe à l’horizontalité sur les plages, les salles de spectacles, les défilés, les meetings…Il suit avec empressement les modes qui se succèdent, les conseils, dans tous les domaines, donnés par les oracles à succès dans les médias ; les boutiques et restaurants ont du monde s’ils ont du monde !!,….Les grands tribuns politiques ou économiques cherchent à franchir le seuil d’attraction.

Une fois encore, la biologie permet de réfléchir sur la motivation de ce comportement qu’on pensait justifier par un déterminisme raisonné de rejoindre un groupe dont on partage les émotions ou les idées.

Nos connaissances sur le rôle des localisations cérébrales ont énormément progressé ; des études menées sur des patients souffrant de dommages cérébraux au niveau de l’insula, petite région du cortex, ont décelé des anomalies importantes dans leurs activités quotidiennes ; ces personnes sont complètement déconnectées de leur environnement et d’eux-mêmes. L’insula frontale est liée à nos émotions, à l’amour, à la haine, à la gratitude, au ressentiment, à la honte, à la méfiance, à l’empathie, au mépris., il existe même un point où se focalisent tous les processus associés aux addictions.

En bref, l’insula est le siège de notre conscience sociale.

L’insula, la source de nos émotions et de l’empathie – Nos Pensées

https://nospensees.fr/linsula-source-de-nos-emotions-de-lempathie/

Pour la Science.fr dévoile des résultats d’expériences qui montrent que dans chaque homme il y a un mouton qui sommeille.

«La découverte d’une zone cérébrale incitant l’être humain au conformisme éclaire d’un jour nouveau le débat sur l’influence des masses et des sondages… Une structure cérébrale nommée insula, repli du cortex cérébral au niveau des tempes, semble déterminer le basculement d’opinion, l’abandon de l’analyse personnelle au profit de la posture conforme aux attentes du groupe. Cette insula est réputée centraliser des informations de nature émotionnelle en provenance du corps, et s’activer lorsque l’individu sent peser la menace d’être exclu de son groupe d’appartenance. Le biais de conformité résulterait d’une pression sociale exercée par le groupe sur l’individu, créant une peur d’être marginalisé.»

Le grégarisme ne serait pas lié à un partage des idées mais a la peur d’être isolé, rejeté, marginalisé. Du grégarisme on passe au panurgisme !

L’Insula ne mènerait-elle pas en partie le monde d’aujourd’hui ?

«une étude réalisée dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle française en 2012 : Quelque 1000 votants étaient interrogés sur leurs intentions de vote au second tour ; dès lors qu’on leur présentait les résultats d’un sondage fictif allant dans le sens contraire de leur intention initiale, ils changeaient d’opinion dans 25 pour cent des cas, pour rallier l’avis majoritaire exprimé par le sondage. Neurosciences, mathématiques et psychologie sociale concordent donc sur un point : pour éviter de réveiller le mouton qui sommeille en l’homme, évitons de le perturber par des influences majoritaires.»

L’important n’est pas d’avoir raison mais de savoir rassembler assez de suporters pour réveiller le mouton.

Toujours dans «Pour la Science» :

«Dès les années 1950, le psychologue Solomon Asch montrait que la connaissance de l’avis majoritaire suffit à faire prendre des décisions absurdes à des individus qui, isolés, répondent correctement.»

On comprend le rude combat communicatif que se mènent les mondes financier et économique (donner confiance!), les syndicats et le gouvernement, pour la conquête de la majorité de l’opinion publique dans les conflits qui les opposent. On voit aussi tout le poids des images, de la pub, de la propagande, des tribuns politiques et économiques, des chiffres, des sondages, des détournements de sujets….dans la manipulation des gens pour leur faire perdre leur esprit critique et leur liberté de penser à des fins commerciales, politiques ou idéologiques.

Méfions nous donc autant des ours que des moutons.

La démocratie est polluée par ceux qui cherchent, à droite comme à gauche, sans aucune réflexion, à vaincre leur solitude sociale en suivant des prédateurs qui deviennent légitimes..

La vraie réponse est dans une lutte contre l’individualisme donc la solitude !

Dans chaque homme, un mouton ? | Pour la Science

https://www.pourlascience.fr/util/…/dans-chaque-homme-un-moutonnbsp-11545.php

La pensée unique, ou la critique, diffusée par le haut, suivie en permanence par les sondages, transmis à longueur de journée par les ondes et la presse, certains sur les réseaux sociaux, imprègne chacun et chacune d’entre nous d’une «vérité» : partout dans le monde, les réformes se multiplient car le «monde» bouge ; il est donc indispensable, comme les autres, de bouger aussi dans le même sens.

Ainsi, si «les autres»ne partagent pas notre conception de la laïcité, faudrait-il les suivre ? Le populisme hongrois ou polonais doit-il devenir le nôtre ?

Devons-nous suivre ce monde là sans s’y opposer ? On nous démontre, chiffres, courbes, statistiques à l’appui, que la France est en retard et qu’elle doit suivre absolument les autres pays européens (conformisme, addiction, dépendance, panurgisme…) et prendre les mesures libérales qui s’imposent pour devenir compétitive, conquérir les marchés et accepter docilement la banalisation de l’injustice sociale, le consumérisme, sans se poser de questions sur l’avenir de la planète et de nos descendants…

«Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté.» disait Confucius.

Quand on parle du monde qui bouge, il ne s’agit pas du monde planétaire que nous sommes obligés de subir mais du monde culturel que nous créons !

Si on ne peut pas changer le premier, on peut tout à fait changer les idées du second.

Il est faux de penser que nous devons accepter des lois intangibles contre lesquelles nous n’aurions aucune prise.

Nous avons eu droit à l’étape de l’indignation dont la lecture seulement, hélas, a été suivie ; il est temps de s’extraire du troupeau et d’afficher notre capacité de penser à contre-courant, certains évoquent une résistance, si on le ressent ainsi.

L’histoire est riche d’exemples où les minorités ont été à l’origine des changements, jamais les majorités.

Il s’impose «de garder notre esprit critique, notre liberté plutôt que de nous conformer à la doxa du moment qui prend aujourd’hui divers visages : scientisme docile, individualisme claquemuré, matérialisme militant, propension au cynisme.» J-Cl Guillebaud.

+ Cynisme, quand on affirme que la politique économique préconisée fera baisser le chômage, augmentera le pouvoir d’achat, mettra un toit au-dessus  de chaque individu, et surtout, cerise sur le gâteau, rendra les gens plus heureux !!

+ Cynisme, quand en jonglant avec les chiffres, on leur fait dire ce que l’on veut afin de justifier un raisonnement sur des bases qu’on veut faire passer pour scientifiques. La finance et l’économie ne sont pas des sciences mais des dynamiques politiques.

+ Cynisme, quand on constate que la souffrance physique et culturelle doit être vécue comme une situation insupportable dans les mots, mais incontournable dans les faits. L’entraide bénévole est même redoutée car elle ne rentre pas dans le PIB !

+ Cynisme, quand on affirme que l’économie ne peut pas faire autrement que d’entraîner l’hécatombe d’un tiers des oiseaux en 15 ans, de près de 80% des insectes en Europe, que la moitié des vertébrés a disparu lors des quatre dernières décennies, que le bilan est semblable pour les amphibiens, le reptiles, que la vie dans les sols, les mers, les airs ; les écosystèmes qui nous permettent de produire de la nourriture grâce à leur diversité sont détruits ; tout cela, cette fois, n’est pas la faute

d’une météorite ou d’une éruption semblable aux coulées du Dekkan !

+ Cynisme, quand on doit subir une pollution soi-disant incontournable de l’eau, de la mer, de la terre et de l’air pour maintenir la rentabilité des entreprises ; il faut bien qu’elles produisent et libèrent, pour s’en débarrasser, dans la nature, les métaux lourds, les plastiques ou les polluants organiques…!

L’agriculture a le privilège de cette pollution avec ses intrants chimiques de synthèse, ses cultures et élevages industriels, ses contaminants de la chaîne alimentaire.

La Nouvelle-Aquitaine, première région agricole d’Europe est directement concernée.

+ Cynisme, quand on refuse de réguler la production des polluants de toute nature (perturbateurs…) qui sont à l’origine de maladies graves pour les jeunes et les adultes, on préfère dépenser beaucoup (PIB) pour soigner, en utilisant les «chers soins» des entreprises pharmaceutiques et autres.

+Cynisme, en ne prenant pas en compte (épigénétique) les dernières grandes découvertes de l’action du milieu, des contraintes blessantes du management au travail, du chômage, de la malbouffe, des drogues, de la pauvreté… sur la modification de l’activité génétique et la transmission à la descendance.

«Stress, alimentation, expositions aux pesticides… Les conditions de vie ont un impact sur la manière dont nos gènes fonctionnent et sur l’apparition de maladies.» Deux livres récents se penchent sur l’importance de l’épigénétique, cette discipline qui s’attelle à comprendre l’influence de l’acquis sur l’inné.

La symphonie du vivant, comment l’épigénétique va changer notre vie (Ed. Les liens qui Libèrent) Joël de Rosnay.

«Peut-on se libérer de ses gènes ?» Ariane Giacobino, chercheuse et médecin adjointe agrégée dans le service de médecine génétique des Hôpitaux Universitaires de Genève.

Une lecture qui ouvre des horizons et devrait suggérer des décisions ; on y trouve, entre autres, l’explication des différences souvent considérables entre les jumeaux monozygotes.

«Par exemple, avec des patrimoines génétiques identiques, deux jumeaux peuvent évoluer différemment en fonction de leurs environnements respectifs. Les individus, et par voie de conséquence leurs gènes, sont en effet soumis à de nombreux facteurs environnementaux : alimentation, maladies, médicaments et toxiques, stress, lieu & hygiène de vie, qui peuvent modifier autant leurs cellules que leur ADN. Ainsi dans les paires de jumeaux monozygotes, de grandes différences en ce qui concerne la trajectoire de vie ont été constatées. L’un pouvait développer une obésité et l’autre rester mince ; l’un pouvait être sain d’esprit et l’autre développer une pathologie mentale»

Épigénétique : Comment l’environnement influence nos gènes …

http://www.encyclopedie-environnement.org/sante/epigenome-facteurs-environnementaux

+ Cynisme, quand on lit qu’il faut :

++ moins de fonctionnaires, d’aides sociales, causes de «dépenses inutiles» alors qu’on gaspille des tonnes et des tonnes de nourriture et qu’on produit des tonnes et des tonnes de déchets toxiques dont on ne sait que faire et qu’on libère, sous une autre forme, dans la nature. Les cibles prioritaires sont à réévaluer !

++ «mettre au boulot les cheminots» sans mettre les «électriciens au boulot», alors que la dette de la SNCF est «une goutte d’eau» par rapport à celle d’EDF et du nucléaire : indemnités pour retard, malfaçons à l’EPR, sous-traitance incompétente, mise aux normes de sécurité, démantèlement inévitable, traitement des déchets, KW/h sous  payés, Areva…Le contribuable ne peut pas supporter la dette de la SNCF mais ne bronche pas pour financer ce tonneau des Danaïdes ! Bizarre !
++ «mettre au boulot les cheminots» sans faire la balance avec les conséquences d’une SNCF soumise à la concurrence libéralisée donc rentable, car la circulation routière s’intensifiera : chiffrage de la pollution, des maladies cardio-pulmonaires, de l’usure, donc de l’entretien des routes secondaires, de l’augmentation des accidents et des traitements post opératoires, de la solitude des régions non rentables… On vante les avantages d’une programmation sur son smartphone, de son trajet en voiture, pour prendre en stop les demandeurs, aux passages, alors que l’auto-stop a toujours été une source de danger aussi bien pour le preneur que pour le transporté. Traiter séparément c’est détruire, réunir c’est construire.
++ on s’offusque que les chaînes publiques ne donnent la parole qu’aux grévistes ou contestataires de gauche ou extrême gauche alors qu’on nous serine à longueur de journée les mérites des réformes prévues et que la 5 fait tout ce qu’elle peut, à «C dans l’Air» pour convaincre les usagers de rejoindre le «bon sens» du gouvernement pour peser sur sa détermination.

46% d’opinions favorables à la défense du service public des transports c’est gênant !

Macron s’exprime sur TF1 et BFM-TV ; il y a plus respectueux du service public ! Mediapart est-il un interlocuteur représentatif pour un Président de la République ?

++ ND des Landes : on ne dit pas tout ; on orchestre spectaculairement, par la force, son autorité sur les casseurs ; TB, mais on ne parle pas des partisans non violents d’une agriculture paysanne, comme celle réalisée sur le Larzac !

Le cynisme est finalement de ne pas vouloir admettre que le problème a dépassé, et de loin, celui de la finance, de l’économie, de la politique de droite de gauche, du haut ou du bas, du privé et du public dont l’opposition entretenue n’a pour résultat que de semer les exclusions, les conflits, voire les haines entre les Français.
il est, avant toutes ces choses, un problème de respect et de préservation de la vie humaine sur terre.

Suivre ce panurgisme ambiant, c’est faire preuve de décadence intellectuelle et accepter de finir comme Dindenault et ses moutons !

Une tribune intéressante est publiée dans Sud Ouest du lundi 9 avril 2018 : « Réconcilier la politique et le vivant » Nicolas Thierry, Vice-Président de la région chargé de l’environnement.

Signé Georges Vallet

crédits photos beekoz.fr

Les toxicomanes ne sont pas toujours ceux à qui on pense!

GV intoxVivianne Forester publiait en 1996 «L’horreur économique».

Les délires de la Finance, depuis, ont largement supplanté ceux de l’économie. Aujourd’hui, c’est la mise en coupe réglée de nos démocraties, peuples et gouvernants confondus, par les folles logiques de la cupidité financière. Périodiquement, l’actualité nous offre de nouveaux exemples de cette déraison. Voilà le dernier en date.

«Mardi 7 mai, la société générale (154000 salariés dans le monde) a rendu publique sa décision de supprimer un millier d’emplois, au prétexte que les profits prévus pour 2013 n’étaient que de 364 millions d’euros. Cette décision est justifiée par le fait qu’il faut atteindre trois objectifs:

  • Réduire les coûts.
  • Renforcer la compétitivité.
  • Simplifier le fonctionnement du groupe et renforcer les synergies.» J-C Guillebaud.

En rédigeant leur communiqué, les dirigeants de la Société Générale n’ont sans doute pas eu conscience qu’ils reprenaient mot pour mot le discours que prête Costa-Gavras aux personnages dans son film «Le Capital» sorti en novembre 2012.

Tandis que les peuples d’Europe sont abandonnés à la tempête et livrés à l’austérité, alors même que la pauvreté gagne sur le vieux continent; quand le chômage et la précarité s’étendent, la finance renoue avec les bonus.

Si on voulait provoquer une explosion de violence, on ne s’y prendrait pas autrement.

Un certain nombre de médicaments, les neuroleptiques par exemple, deviennent dangereux quand ils sont mal dosés ou pris pendant trop longtemps car, d’une part, l’organisme devient dépendant et il faut augmenter la dose régulièrement, et d’autre part, ils ont des effets secondaires qui peuvent être irréversibles.

Pour sortir de cette dépendance, les doses doivent être réduites progressivement.

Un plongeur qui descend dans des profondeurs de plus en plus importantes peut être atteint de «l’ivresse des plongeurs» lui faisant perdre tout son self contrôle. Pour remonter sans danger, les plongeurs doivent faire des paliers réguliers de décompression afin d’éviter les embolies gazeuses.

On pourrait citer le cas des toxicomanes qui utilisent, comme un patient, mais de façon non contrôlée par des thérapeutes, des psychotropes, analgésiques ou autres molécules chimiques; les médicaments sont devenus des drogues.

Dans ces exemples l’organisme par une utilisation continue et accentuée de substances développe une addiction qui peut être redoutable et dont il faut s’extraire progressivement.

Il est tout à fait curieux de constater que notre civilisation a un comportement tout à fait semblable; l’homme est devenu «accro» à l’argent, à l’énergie, à la vitesse! Nous sommes devenus des toxicomanes légaux et notre dépendance est favorisée par les « dealers » de la finance et de l’économie qui, eux, se portent plutôt bien car l’argent est blanchi sans problème!

Depuis le XIXème siècle, avec une accélération croissante du fait des avancées de la technologie, la demande énergétique, sous toutes ses formes, non seulement augmente, mais devient une consommation dont nous ne pouvons plus nous passer. Sans voiture, sans radio ou télé, sans ordinateur, etc., c’est l’exclusion!

Les grands voyages, les grosses voitures, la vitesse… sont autant de plaisirs qui gomment provisoirement le mal-être, les angoisses de ne pas être reconnus, de ne pas avoir un niveau de vie supérieur à son voisin ou son patron.

Et, en prime, c’est agréable!

C’est là qu’il peut y avoir confusion entre plaisir et bonheur. On se croit heureux pour quelques heures mais le plaisir est fugitif et s’estompe au fil des prises. Il faut donc les renouveler: nouveaux voyages, plus loin en général, nouvelle voiture, 4×4 cette fois, nouvel appartement, nouveau congélateur ou télé, pour obtenir le même résultat. Ce passage à des «produits» plus valorisants risque de se couper de la réalité, celle d’être en mesure de payer, d’où la dépendance à l’argent, à la vitesse, à la consommation et donc cette recherche permanente de nouveaux gains pour davantage de reconnaissance.

Le plaisir et le bonheur de contempler la nature: ses couleurs, ses parfums, ses chants; avoir la curiosité de tenter de mettre des noms sur des animaux ou des plantes, de chercher à connaître leur mode de vie, leur utilité, dans le maintien de l’écosystème qui permet à l’homme de vivre; tout cela c’est presque gratuit. Si c’est inutile pour le PIB, c’est le bien être assuré, et il n’a pas de prix!

Face à cette dépendance, dès lors qu’on s’éloigne des paramètres économiques les plus basiques: croissance, productivité et tutti quanti, l’absence de vision et de projet est terrifiante.

En France, ni la gauche ni la droite n’ont plus grand chose à proposer à leurs électeurs respectifs. Comme l’écrit E. Morin, citant Paul Valéry: « Jamais l’humanité n’a réuni tant de puissance à tant de désarroi, tant de connaissances et tant d’incertitudes».

La classe politique dominante est à court d’idées! Comme une armée en campagne qui manque de munitions, elle avance dans ce début de millénaire en état de pénurie intellectuelle. Renvoyée dans l’opposition, la droite ne sait plus quoi dire à ses électeurs. La gauche ne va pas beaucoup mieux, nonobstant sa présence au pouvoir, ce qui n’aide qu’illusoirement. Quant aux formations radicales elles puisent dans la nostalgie révolutionnaire ou «nationale» de quoi faire rêver, ou faire peur.

Les nouvelles logiques qui gouvernent la démocratie d’opinion sont responsables de cette misère collective. Dans notre univers de l’immédiateté, du tweet, de la web-rumeur et de l’amnésie, les idées ne sont plus que de vagues figures de style ou de buzz. Elles durent ce que durent les roses et se détruisent à mesure. «L’appareil médiatico-politique consomme des idées jetables, comme on brûle du combustible.»

Ainsi rejetons-nous sans cesse un trop-plein de dogmes provisoires et de vérités d’autant plus périssables qu’elles n’étaient pas aussi vraies que cela.

«Souvenons-nous: le modèle britannique qu’il fallait suivre, la (fausse) réussite des Pays-Bas en matière de chômage, le rajeunissement de la social-démocratie par la grâce de Tony Blair et de Gerhard Schröder, le miracle immobilier en Espagne sous Luis Zapatero, la sécurité garantie par l’euro, l’efficience des marchés, le pacifisme de Barack Obama, les vertus de la Grèce devenue européenne, etc. Il ne reste plus rien.»

Le début de la désintoxication et du sevrage, c’est pour quand?

En partie, d’après Jean-Claude Guillebaud.

– par Georges Vallet

crédit photo: agoravox.fr