Des ours, des rats, des hommes, en Béarn et aux Pyrénées.

salamander-1126591_1280Dans un article précédent monsieur PYC posait la question un peu iconoclaste : l’homme et sa femelle, des animaux comme les autres ?

En 2013 (et oui le temps passe vite) sur le présent site, pour présenter les Pyrénées, ce diable de PYC écrivait sous le chapeau : les Pyrénées, définition à l’usage des politiques et des poètes (Chapitre 1 et 2). Tout cet environnement naturel, très généreusement arrosé, de manière continue dans la partie occidentale, de manière plus violente vers l’orient, engendre des biotopes d’une richesse exceptionnelle. Des biotopes sans équivalent de par le vaste monde, en suivant les gradients des altitudes et des températures.

Ce dont il est aujourd’hui question c’est la relation des hommes aux animaux dans l’espace béarnais que nous élargirons aux Pyrénées occidentales.

Mais comme nous l’a appris monsieur de la Fontaine, il y a des rats des villes et des rats des champs. Monsieur de la Fontaine, maître des eaux et forêts, fort peu pyrénéen au demeurant, mais trousseur de sonnets incomparables (le long d’un clair ruisseau buvait une colombe…etc) entre autre le plus charmant et le plus simple des poètes. Celui qui écrivit le meilleur des français : aérien, précis, et bucolique, oserons-nous dire.

A noter que notre ami rattus est une espèce commensale de l’homme qu’on trouve plus dans les habitations ou dans les égouts qu’en pleine nature .

Dans notre Béarn nous pourrions préciser les catégories de «biotopes» dans lesquelles on trouve tout ce monde animal (les hommes, les rats, les desmans, les ours, les ourses, les isards et des centaines d’autres espèces).

Nous distinguerons les villes, la campagne et le piémont, et, enfin, la haute montagne sur jusqu’à des altitudes frôlant les 3 000 mètres où grouille tout ce monde divers et multiple. A l’évidence pour la flore et, en conséquence pour la faune, une succession de paradis. Pour ne pas trop se compliquer nous insisterons sur les mammifères dont, faut-il le rappeler, la moitié des populations a fondu en quelques dizaines d’années. Avec l’arrivée au pouvoir à Washington du terrible Donald et tous ces pic-sous qui l’entourent on peut craindre que ce processus mortifère et hélas mondialisé ne s’accélère. D’autant que le nouveau président a déclaré ne pas croire au réchauffement climatique. La solution serait peut-être d’exporter quelques canards de notre Gascogne, porteurs de la grippe aviaire pour nous débarrasser de ce Donald rouquin et de sa troupe malfaisante.

Mais revenons à nos moutons. Moutons dont la montagne est submergée l’été et qui descendent souvent en camions, sur le piémont et dans la plaine le reste du temps. Les isards, voire les plus rares bouquetins, quelque part leurs frères sauvages, sont capables d’affronter la neige et le blizzard de la mauvaise mauvaise saison. Il est vrai beaucoup plus en forêt que dans la montagne pierreuse.

Sur la montagne, bien sûr, comme un symbole et comme un seigneur formidable règne lou moussu (qui n’a rien à voir avec Jean Lassalle) l’ours formidable malgré son apparence un rien débonnaire ; l’ours sur lequel Michel Pastoureau, le remarquable historien des couleurs, a commis un ouvrage passionnant L’Ours. Histoire d’un roi déchu. Il explique que notre ami l’ours était, dans toute l’Europe, le roi des animaux jusqu’à ce que, au tournant du moyen-âge, il fût supplanté par le lion que les seigneurs du temps avaient sans doute aperçu en orient. L’ours était alors si commun que Gaston Fébus ne crut pas utile de décrire son apparence dans son livre de chasse tellement il abondait .

Mais descendons vers la ville. Prenons l’exemple des agglomérations de Tarbes et de Pau. Ces agglomérations sont principalement peuplées de bipèdes ce qui est plutôt une rareté sur la terre. C’est sans doute pourquoi sur les routes et dans les rues ils se déplacent plutôt à quatre roues. Sans doute pour s’apparenter à leurs frères et sœurs mammifères généralement dotés de quatre pattes. Bien sûr nous parlons des hommes et de leurs dames. Avec ce système ils consomment pour se déplacer, plutôt à petite vitesse, infiniment plus d’énergie que le déplacement ne le demanderait. Sans parler du stress et de l’énervement .

Mais les hommes dans les villes ont un penchant; la biophilie à savoir l’amour des choses naturelles et, singulièrement des animaux si bien que leurs maisons et leurs appartements sont peuplés de chats et de chiens, de poissons rouges, de perruches et depuis quelques temps de boas ou de varans.

Pourtant, d’après les meilleurs scientifiques, nous les hommes ne serions pas des ours qui, comme nous, sont omnivores plutôt malins et ne dédaignent pas le miel et la station debout mais de grands singes un peu comme des gorilles, des orangs-outans voire des chimpanzés.

Alors nous serions vraiment différents car des singes en Béarn ou en Bigorre il n’y en a qu’au zoo d’Asson et encore ce sont surtout des ouistitis rigolos, des lémuriens émouvants, ou des des gibbons acrobates et joueurs.

Bon nous ferons l’impasse sur l’étage moyen de 300 à 3000 mètres peut-être le plus riche. Nous aurions aimé parler des pipistrelles, des scarabées dorés, des hermines merveilleuses, des gypaètes barbus, des salamandres qui illuminent les bois des tritons et des loutres qui nagent dans les ruisseaux.

Mais il convient de savoir se contenir. Au risque nous, pauvres grenouilles souvent urbaines, d’éclater de suffisance en essayant de se laisser croire aussi savantes que le bœuf voire des meilleurs naturalistes .

Pierre Yves Couderc
De Martin à Léo,
De Léo à Popi
Oloron le 29/01/ 2017