Nos compatriotes sont ils des linottes ? D’un côté ils se lamentent de ce changement climatique qui nous conduit au désastre et de l’autre ils protestent contre l’augmentation inéluctable du prix des carburants.
Pourtant les choses sont claires depuis des années, il faut baisser drastiquement notre consommation d’énergies fossiles. Et comme pour la cigarette, seule une augmentation forte du coût le permet et rend par là même les transports propres ou en commun plus compétitifs.
Car oui, l’essence n’est pas assez chère, et elle continuera à augmenter fortement. D’un autre côté, les transports en commun, très fortement subventionnés doivent augmenter leur productivité pour les rendre plus attractifs (exemple, la SNCF) mais c’est là un autre problème.
Rappelons quand même le contexte national, la quantité de CO2 émise en France est en augmentation … et cela ne peut durer
En 2017, les émissions de CO2 ont bondi de 1,8% en moyenne dans les 28 pays européens, et même de 3,2% en France. (L’Usine nouvelle Mai 2018)
L’empreinte carbone de la France, ses émissions de CO2 et gaz à effet de serre, augmente régulièrement : 733 millions de tonnes en 2014 soit plus de 23 tonnes par seconde (compteur) contre 539,6 Mt en 2010 et 372 Mt en 1990. (Planetoscope .com)
C’est là que l’on entend les ruraux s’insurger, ils ont besoin de leur véhicule, habitent à 30km de leur travail, …etc
Pourtant les choses ont été annoncées depuis des années, le réchauffement climatique n’est pas nouveau, tous les documents d’urbanisme (tels que le SCoT) demandent que l’on aille vers une densification de l’habitat, nécessaire pour diminuer les déplacements et avoir des transports en commun efficients aux plans énergétique et financier. Mais les Maires ruraux ont fait fi de cette tendance inéluctable. Egoïstes, ils ont tout fait pour attirer des jeunes dans leur commune, proposant des lotissements à prix bradés pour maintenir une école ou un semblant d’animation. Ils ont caché à ces personnes qu’ils ne disposeront jamais de transports en commun, qu’il leur faudra se déplacer pour leur travail, leurs enfants, ou pour leurs loisirs. Ils ne leurs ont pas dit que, certes ils auraient la fibre optique et le calme de la campagne pour vivre ou travailler, mais qu’il faudra qu’ils soient agriculteurs ou aient une âme écolo pour le reste. Ils devront faire sans doute le choix d’un véhicule électrique, encore acceptable grâce à la production nucléaire française.
Ils ne leur ont pas dit que leur pavillon construit à force d’économies ne vaudra pas grand chose dans dix ans car il n’est pas sûr qu’il y aura beaucoup de volontaires pour vivre là… Ces Maires ruraux seront enfin obligés de fusionner réellement leurs communes pour arrêter la gabegie des intercommunalités actuelles, comme cela a été fait partout en Europe depuis bien longtemps.
Bien évidemment, les autres gros pollueurs seront touchés : transporteurs, industriels, agriculteurs, pêcheurs, …etc et leurs protestations seront vaines.
D’ailleurs, il faut relativiser l’augmentation du prix des carburants ils ne sont aujourd’hui pas assez cher si on regarde l’évolution comparée des prix entre 1980 et 2018 (voir résultats en annexe) et sur:
Car si le prix de l’essence a été multiplié par 3 en euros courants, le litre de lait a été multiplié par 2,5 l’huile d’arachide par 3,05 la baguette le faux filet et le timbre poste ont été multiplié par 3,5 la place de cinéma par 4, le vin de table par 5, et le journal quotidien par 5,7 !
En complément on peut noter tout d’abord que l’évolution technique des moteurs permet aujourd’hui de consommer moins de carburant et surtout que le SMIC horaire (et les salaires) est passé de 2,18 à 9,88 €/h et est donc multiplié par 4,53, évolution bien plus importante que celle des carburants !
Pourquoi les journalistes n’en parlent pas ?
Alors il faut très vite que le litre d’essence dépasse les 2 euros, dans un premier temps et il n’y aura rien à redire.
Car la France s’est fixée comme objectif de baisser ses émissions de 40% d’ici à 2030 et de 75% d’ici à 2050 ainsi qu’une diminution de sa consommation d’énergie globale de 20% d’ici à 2030 et de 50% d’ici à 2050. Des objectifs qui sont inscrits dans la loi de Transition énergétique pour la croissance verte.
Au niveau mondial la situation est encore plus catastrophique, le dernier rapport du GIEC qui n’est en fait que la simulation d’une évolution vers 2°C (alors qu’on visait 1,5°C) n’apporte pas grand chose de plus, d’autant que l’on se dirige plutôt vers les 3°C. Il répète pourtant des objectifs qui paraissent totalement inatteignables :
« Il est indiqué dans le rapport que la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C nécessiterait des transitions «rapides et de grande envergure» dans les domaines de l’aménagement du territoire, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment, du transport et de l’urbanisme. Les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone (CO2) d’origine anthropique devraient être réduites d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030, et il faudrait atteindre un «bilan nul» des émissions aux alentours de 2050, ce qui signifie que les émissions restantes devraient être compensées en éliminant du CO2 de l’atmosphère. » (Voir PJ « Communiqué de presse du GIEC » Octobre 2018)
Les citoyens endormis se réveillent et protestent, comme d’habitude, pourtant, ce n’est que le début pour le moment indolore, la suite sera bien plus sévère, car rien n’est réglé au plan national, et encore moins au plan international.
Daniel Sango
Communiqué de presse du GIEC Octobre 2018 : Rapport GIEC Oct 2018