Les gilets jaunes font la une des media depuis plusieurs semaines, chaque journaliste, intellectuel, politique y va de son analyse de ce mouvement de contestation, et l’État y est le seul coupable. Pas une seule fois je n’ai entendu aborder une question qui me paraît pourtant plus importante : quelle est la responsabilité de chacun d’entre nous dans sa situation ?
Les Français sont un peuple de râleurs jamais contents. Les sondages sur la satisfaction, le bonheur, montrent les Français toujours en queue en Europe alors que les chiffres démentent ce pessimisme. Ils ont aussi une propension incroyable à rendre l’État responsable de tous leurs maux. La population des gilets jaunes en est un exemple caractéristique, mais les interviews des media restent très superficiels quant à la connaissance de ces contestataires minoritaires.
On y trouve tout d’abord des personnes âgées, retraitées. Elles se plaignent de revenus insuffisants. Est-ce la faute de l’État ? Cette génération, a connu une période de paix et de prospérité qui sera unique dans notre histoire, le plein emploi : il y avait du travail pour tous. Un progrès technologique majeur allégeant de plus en plus les tâches les plus difficiles, un temps de travail diminuant considérablement jusqu’à la stupidité des 35 heures. Un départ à la retraite à 60 ans, chose qui n’existera plus, et des progrès considérables de la médecine qui amènent toute une génération à la retraite en bonne santé. Des cotisations retraites minimales car la génération précédente fut décimée par la guerre.
Les gilets jaunes retraités qui se plaignent doivent d’abord assumer leur parcours. Pourquoi ont-ils une retraite incomplète ? Pourquoi n’ont ils pas su profiter de cette période de croissance unique. Je laisse à chacun le soin d’y apporter des réponses, mais leur responsabilité est grande pour la plupart d’entre eux.
On trouve aussi sur les ronds-points des personnes qui se plaignent d’un revenu insuffisant, de coûts de transport élevés car ils vivent loin de la ville, etc… Certaines études disent qu’on trouverait des « classes moyennes » sur les ronds-points, mais la grande majorité des nombreuses personnes interviewées se plaignent de ne pouvoir finir le mois, montrant une plus grande fragilité (mais cette situation n’est elle pas amplifiée devant la caméra ?)
Qu’ont-ils fait pour être dans cette situation ? Ou plutôt, que n’ont-ils pas fait ?
Car notre pays est sans doute le plus généreux, celui où la redistribution, la dépense publique sont les plus importantes et notre système n’abandonne personne. Notre système éducatif gratuit permet à quiconque en a la capacité et surtout la volonté, d’obtenir les meilleures formations, les meilleurs diplômes. Il permet aussi à ceux qui n’ont pas trouvé leur voie de reprendre des formations, de changer d’orientation ou de métier, le tout gratuitement et bien souvent avec des aides. Alors pourquoi ces échecs ?
Il est cependant une condition majeure à remplir : il faut travailler.
Il faut travailler d’autant plus que l’on est un Français moyen, mais avec le travail quasiment toutes les carrières sont accessibles. Il faut travailler en primaire, au collège, au lycée, au centre d’apprentissage. Il faut aussi travailler dans la vie. Aucun lycéen, étudiant, chef d’entreprise, cadre, commerçant ou artisan que certains envient ne travaille 35 heures par semaine, c’est 50 heures ou plus. La progression dans son travail, quel que soit celui ci, est possible, mais il faut le vouloir, se battre, être mobile. Alors bien sûr on peut vouloir vivre différemment, se contenter d’un minimum, vivre à la campagne, près de la nature, dans son pavillon, etc. Mais on ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre.
Chacun a le droit d’être cigale ou fourmi, il faut ensuite assumer.
Daniel Sango
Crédit photo : Cigalou