Mariano à la Cité des Pyrénées : Générosité avant tout !

Rencontre-au-sommet-avec-Mariano_001-619x348Quand Mariano quitte les sommets pour aller à la rencontre de ses lecteurs, c’est un exercice plutôt difficile pour lui qui aime la discrétion, et un évènement* pour tous les amateurs de son site, dédié à la randonnée dans les Pyrénées.

A Pau, Cité des Pyrénées, vendredi 26 février, la salle de la Médiathèque de la Montagne, affichait complet bien avant que ne démarre la réunion. Beaucoup restaient debout au fond de la salle et une cinquantaine de personnes trouvèrent porte close. L’ancien footballeur, Mariano « jouait à guichet fermé ». Un indice indiscutable de l’intérêt porté à son site, topopyrenees.com, qui est devenu une référence, tout au long de la chaine, en seulement quelques années.

Originaire des Asturies, ayant passé la plus grande partie de sa vie en Lorraine, c’est une mission pour son employeur, qui l’amène sur le bassin de Lacq d’où il découvre les Pyrénées. Le coup de foudre est immédiat. Il s’installe à Pau en 1998 et se met à enchainer les randonnées jusqu’à un accident au Palas, en août 2007, où il dévisse le long de sa corde. Il ne doit la vie sauve qu’à une étroite vire qui lui évite le grand saut dans le vide et la mort. Dans l’hélicoptère qui l’évacue, il pense à ces topos inexistants ou incomplets qui peuvent conduire à de mauvaises prises de risque. Sa décision est prise : A partir de ce jour, il mettra en ligne toutes ses randonnées, avec un maximum d’informations. Objectif : permettre avant tout d’effectuer des sorties avec un maximum de sécurité.

Dix ans plus tard, l’Asturien déplace les Pyrénéens en masse. Parmi eux, beaucoup d’animateurs du Club Alpin Français, des Amis du Parc National des Pyrénées et des OVS mais aussi des randonneurs anonymes de la région paloise, de Bayonne, Tarbes et d’ailleurs. Tous veulent découvrir l’homme au 546 topos, 454 panoramas et 120.000 photos disponibles sur Topopyrénées.

A l’assistance qui lui est acquise d’avance, Mariano, explique qu’il fait en réalité deux fois chaque randonnée : une fois sur le terrain et une fois, chez lui, derrière son ordinateur, où il traite entre 1.000 et 1.500 photos – il en a même pris jusqu’à 4.500 pour une seule sortie -, corrige la trace GPS, prépare l’accès voiture, met en place une carte 3D et une carte IGN, rédige les commentaires sous les photos etc.

Le résultat est là : En 2015, le site a connu plus d’un million de connexions dont 20% de l’étranger. Parmi ces dernières, près de 10.000 pour la seule Amérique du Nord. Le site, fait plus pour la promotion des Pyrénées à l’étranger que beaucoup et… sans argent public !

En 6 ans, il reçoit 6.000 commentaires auxquels il répond toujours, même quand des canadiennes lui demandent d’organiser un trek de plusieurs jours en vallée d’Ossau. A nouveau, plusieurs heures de travail !

Enfin, Mariano nous livre les « best-off » de consultations qui montrent bien le caractère généraliste du site, un caractère auquel il tient particulièrement pour que ceux qui ne peuvent plus pratiquer les Pyrénées, ou en vivent éloignés, puissent les découvrir depuis chez eux :
– le tour des lacs d’Ayous (Béarn) : 50.000 connexions
– le Canigou (Catalogne) : 40.000
– la passerelle d’Holzarté (Soule) : 37.000
– le pic d’Aneto (Aragon) : 30.000
– le pic du Midi de Bigorre (Bigorre) : 28.500

Passant alors la parole à la salle, beaucoup de questions techniques remontent sur la gestion des milliers de photos prises, leur traitement mais aussi sur les GPS montagne qui sont encore inconnus de beaucoup alors qu’ils sont un complément de sécurité indiscutable (même s’il ne faut pas oublier, dans son sac, carte, boussole et sifflet).

Le mot de la fin viendra de Martine, une responsable des « Montagnards du Lavedan » d’Argelès-Gazost, qui remercie, au nom de tous, Mariano pour la qualité de son travail, son dévouement et son bénévolat. Elle traduisait bien l’état d’esprit de la salle et déclenchait des applaudissements généralisés.

– par Bernard Boutin

Photo-Conference-rencontre-au-sommet_011-619x348Les photos de la soirée : c’est ICI

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* Une conférence mise une place par la Maison de la Montagne et le réseau des Médiathèques de l’agglomération paloise.

Pyrénées : Brouillard et GPS

cabane d’Isarce
Cabane d’Isarce

Huit heures du matin, le jour commence tout juste à se lever, au Cot de Bellocq (430m) situé au-dessus des Grottes de Bétharram. Le brouillard est à couper au couteau. Il bruine. Difficile même de trouver le point de départ en voiture. Atmosphère 110% écossaise ! La météo annonçait pourtant du beau temps pour la journée. Mon projet : monter au Soum de la Génie Braque et au lieu dit des «Tres Crouts*». Une randonnée de plus de 1400m de dénivelé et près de 20 kms aller et retour. Je ne connais absolument pas le coin.

Faisant le pari que le temps va s’améliorer, je commence à gripper. Si le sentier est bien visible au début, très vite, il devient moins évident : Peu de cairns, un marquage jaune espacé, des feuilles mortes qui le recouvrent et un brouillard épais. Le parfait cocktail pour se perdre. La progression est plus qu’aléatoire. Avec une carte, boussole et altimètre, l’orientation dans une telle « poisse blanche » est compliquée.

Reste le miracle du GPS dans lequel j’avais chargé la trace de la randonnée sur le site topopyrennes.com de Mariano. Le petit curseur indique très exactement sur l’écran où je me situe par rapport à la carte et la trace dessinées.

Un incroyable confort pour faire face aux éléments contraires. La forêt est longue et reste emmitouflée dans le brouillard. Le curseur avance le long de la trace au fur et à mesure de mes pas. Si je m’éloigne du sentier, il « quitte la route » car il me suit. A moi, de prendre la mesure corrective pour revenir à la trace.

Dans l’ambiance, pas franchement chaleureuse crée par le brouillard, le besoin de s’arrêter un instant, après 900m de dénivelé, se fait sentir. La cabane d’Isarce n’est pas loin selon le GPS. Je ne la vois nulle part et pourtant son petit icône se rapproche sur l’écran du GPS et… la voilà qui apparait, tel un fantôme dans le brouillard, à seulement 15 mètres, dans l’axe de mes pas. Magie de la technologie !

Dix minutes d’arrêt avant de poursuivre vers le Soum de Marti Veyras, le Soum de Mâle Taule, l’emplacement des « Trois Crouts» et la destination finale : le Soum de la Génie Braque (1520m). Le brouillard se déchire enfin. Au sommet, après 4 heures de marche !

Sans le GPS, cette sortie n’aurait pas été rendue possible. Bien entendu, il n’est pas d’un grand intérêt de marcher de longues heures entouré d’une « purée de poix » mais il faut savoir que le randonneur ne choisit pas le temps. Une sortie, démarrée par un très beau soleil, peut vite passer à une brouillard total. Tous les randonneurs savent avec quelle facilité ils peuvent se perdre à ce moment-là,  tourner en rond et galérer de longs moments. Certains finissent par dormir dans un recoin, trouvé sur place. Des accidents sont possibles.

Le GPS est une indiscutable sécurité pour les randonneurs en montagne. Il ne faut cependant pas oublier que leurs piles peuvent se décharger. Il convient donc d’avoir avec soi toujours des piles de rechanges. Par ailleurs, dans les forêts denses, les satellites peuvent avoir des difficultés à repérer le GPS, de même dans les lieux encaissés. Les ondes peuvent aussi être perturbées par les affleurements ferrugineux et la proximités des lignes électriques.

Le GPS n’est donc pas la panacée absolue mais une aide supplémentaire de taille, pour s’orienter, à la disposition du randonneur.

– par Bernard Boutin

* « Trois Crouts» (Trois Croix en gascon). Retour sur histoire : « Béarnais et Bigourdans se sont longtemps battus pour la possession de la Forêt de Tres Crouts. En 1569 les protestants béarnais de la vallée d’Asson décident d’attaquer les Bigourdans de l’Estrèms de Salles auxquels ils disputaient les montagnes d’Azun et de Maumula.
Les 1500 hommes avaient le dessein de mettre à feu et à sang le village de Salles et d’enlever tout le bétail de Vergoun. Mais la bataille fût remportée par les Bigourdans.
Ces conflits prenaient une telle importance qu’il fallait faire intervenir l’armée du Roi. Il était impossible à l’évêque de Tarbes d’instaurer la concorde. Au lieu dit « Tres Crots » venaient converger sur cette montagne les évêchés de Tarbes, de Lescar et d’Oloron. Aujourd’hui, il en reste 3 croix gravées sur une roche et l’inscription 1716. »