Les brèves de comptoir sont ces formules qui fleurissent dans le café du coin où se retrouvent les consommateurs qui sont pétris de bon sens et qui ont les pieds sur terre. Ils savent également commenter l’actualité avec le recul suffisant pour que leur opinion puisse servir de référence. Écoutons les donc mais à prendre plutôt au second degré.
A tout seigneur, tout honneur. Commençons donc par François Bayrou. Lors de l’émission « Le grand Jury » sur RTL le dimanche 14 octobre, le maire de Pau, président de la communauté d’agglomération, président du pays de Béarn et enfin président du MoDem a dit qu’il n’avait aucune envie de redevenir ministre. C’est vrai qu’en cette période de remaniement ministériel certains ont pu penser à lui. Mais comme, selon son propre aveu, il entretient des contacts quasi quotidiens avec le président de la République, il a dû savoir qu’il ne faisait pas partie des prochains désignés. Alors comme disait Clemenceau : « Quand les événements vous dépassent, feignons d’en être les organisateurs ». Il restera, à notre édile local, à continuer à gratifier le président de la République de ses précieux conseils, il faut savoir se rendre utile à la Nation.
Ces jours-ci, le grand prix de Pau agite les esprits. Comme pour l’ours, il y a les pour et les contre. La guerre est ouverte à coups de signatures. Les arguments développés par les uns comme par les autres n’ont rien de bien original. Mais là où ça devient intéressant pour les observateurs, c’est que maintenant on peut compter les points. Selon les données les plus récentes, les anti ont récolté 500 signatures, les pros 1800. Qui va gagner ? Le suspense est intense. Nul doute que la médaille du vainqueur sera remise lors du grand prix automobile de Pau.
Les communes augmentent les impôts locaux, sur 547 communes dans le département des Pyrénées Atlantiques, 109 (20%) en ont décidé ainsi. Les pauvres maires se plaignent ; l’État leur supprime une partie de leurs revenus en décidant de baisser la taxe d’habitation. Il ne vont plus pouvoir œuvrer pour redistribuer les richesses, aider les pauvres et les indigents. Pour un peu, on en pleurerait. Sauf que cette belle préoccupation généreuse et humaniste prend le visage d’un pied-de-nez insolent en direction de l’État. Une façon de lui dire nous avons encore le pouvoir de décider du montant de certains prélèvements obligatoires. Peu importe donc que ces augmentations pèsent encore davantage sur ceux qui n’entrent pas dans la catégorie des bénéficiaires d’une réduction de 30% de la taxe d’habitation. Certains parlent des effets pervers de la décentralisation…
Pour terminer, il est incontournable d’évoquer Jean Lassalle. Un député qui ne rate jamais une occasion de faire parler de lui, comme si l’essentiel de sa mission se trouvait là. Alors il a écrit au préfet des Pyrénées Atlantiques, Gilbert Payet, une lettre dont il a soigneusement rendu public le contenu. Il conclut ce libelle par « Épargnez-nous la suffisance et l’ironie de votre nouveau seigneur et maître, Monsieur Macron. Monsieur le Préfet j’ai perdu définitivement, comme tant d’autres hélas, toute confiance en vous ». Tout dans la nuance et tout ça à cause d’un cadavre de poulain qu’il affirme avoir été tué et dépecé par l’ourse. Il oublie que le préfet est, dans le département, le représentant de l’État. Mais cela devient pathétique au point de se demander si la démocratie ne comporte pas des faiblesses.
Qu’y-a-t-il de sérieux dans toutes ces brèves de comptoir ? Sans doute le plaisir d’une rencontre parfois un peu trop arrosée.
Pau, le 16 octobre 2018
par Joël Braud
Photo : Jean Carmet – Brèves de comptoir dans l’émission Palace