Pau, pour la gratuité des transports en commun

Depuis le premier septembre 2018, la communauté d’agglomération de Dunkerque a adopté la gratuité totale des transports en commun. Cela en fait le première ville de France, par son importance, à offrir à tous les usagers un tel avantage. Dans notre pays, on compte une trentaine de villes à permettre cette même gratuité. Et à Pau, on fait quoi ?

Dunkerque avec ses 91 412 habitants est en effet la ville de France la plus importante à avoir mis en place la gratuité totale des transports en commun. Elle suit, à un an de distance, la ville de Niort qui, elle, forte de 59 457 habitants, avait débuté l’expérience en septembre 2017. Cela fonctionne pour plus de trente villes d’importances inégales, dont Senlis, Chateauroux, Compiègne (depuis 1975), Chateaudun, Gap, Aubagne, Castres etc.

Il s’agit bien évidemment d’un choix politique cependant conforté par un certain nombre de données économiques. Le premier constat est que seulement 4,7 % des déplacements se fait au moyen des transports en commun ce qui est évidemment très peu. La vente des billets ne représente que 10 % du budget de la société de transports en commun. Les transports en commun ne coûtent que 2 % du budget de la communauté d’agglomération.

Les maires de ces deux villes, Dunkerque et Niort, ont décidé de ne pas augmenter les impôts locaux pour financer cette gratuité. On peut alors se demander qui va payer. Les taxes transport des entreprises des agglomérations concernées avaient été augmentées. Pour autant ces dernières ne sont pas totalement perdantes puisque, les transports étant devenues gratuits, elles diminuent ou ne versent plus à leurs salariés de prime de transport. Et il y a des choix politiques qui ont été faits. Par exemple à Dunkerque un projet de salle de sport a été abandonné afin de dégager une somme importante (60 millions) au profit de la société de transports. La somme que devra consentir chaque année la communauté d’agglomération de cette même ville est estimée à 4,5 millions d’euros, il correspond au manque à gagner du fait de la gratuité

La ville de Niort qui a inspiré Dunkerque, a constaté une augmentation de la fréquentation des transports en commun de l’ordre de 30%. Les craintes de certains de voir les incivilités des usagers entraîner des dégradations du matériel, ne se sont pas vérifiées. Le maire de Niort dit (Europe 1 du 1 septembre 2018) que c’est le contraire qui est constaté, elles ont baissé de 59%. Il ajoute d’ailleurs qu’il y a une meilleure ambiance dans les véhicules et que les usagers sont plus détendus. Une inconnue demeure cependant, si une augmentation de la fréquentation du centre ville est constatée, il n’a pas été possible d’établir que le nombre des déplacements des véhicules particuliers est en diminution. Mais il reste indéniable que sur la plan écologique, le bilan carbone est amélioré.

Et nous à Pau ? Force est de constater que dans la ville de Henri IV et dans son agglomération, on a fait l’exact contraire. Le prix des transports en commun en bus a augmenté dans de lourdes proportions. Ainsi le prix de la carte d’abonnement pour les personnes âgées de 65 ans et plus est passé de 55 € par an à 110 € puis à 130 €. Le prix du trajet qui était dans le cadre d’un renouvellement de carte de 0,82 € est passé dans un premier temps à 0,84 € pour atteindre maintenant 1,00€. Pour ceux qui achètent leur ticket à l’unité dans le bus, le prix est de 1,50 € au lieu de 1,00 €. Ajoutons à cela que la taxe transport prélevée sur les entreprises a elle aussi augmenté. La mise en place du BHNS (bus à haut niveau de service) est un investissement dont on est pas sûr du résultat. Permettra-t-il une augmentation de l’utilisation des transports en commun ? Rien n’est moins sûr.

La ville de Pau où les impôts locaux progressent plus vite que l’inflation, a fait un autre choix. La gratuité des transports en commun cède le pas à des investissements de prestige dont on pourra à l’infini douter de l’opportunité. L’esprit de solidarité passe après le prestige.

Pau, le 5 septembre 2018

par Joël Braud

Crédit photo : scoopnest.com