Héritage, vous avez dit héritage

Ah quel bel héritage que me léguèrent les miens, sans ambages et trois fois rien si ce n’est le même verbiage lancinant et commun qui fut celui de m’inviter à ne m’attendre à rien à propos de legs ou autres avantages si ce n’est de m’en tenir à mon seul courage ! Et de rajouter pour enfoncer le clou dans mon cervelet que l’on tenait pour mou, tel un moulinet et comme l’on dit chez nous dans ce langage à trois sous … « Le courage mieux que l’argent » !

C’est ainsi qu’après quelques infructueuses études me menant à une certaine lassitude, je leur préférais de loin une école moins austère que l’on appelle buissonnière. En séparant le bon grain de l’ivraie, je m’enivrais lentement aux douces senteurs que me renvoyaient les champs tandis que je les labourais me formant les mains à biens des callosités ! J’observais à en fermer les paupières tant elles me brûlaient, ce qui plus que l’argent me profitait en compagnie des êtres que je chérissais, me transmettant des valeurs autres que celles du papier-monnaie, celui-ci conduisant à soudoyer les mentalités. Je devenais riche d’apprendre ce que la terre m’apportait de bienfaits quand l’argent lui, une fois récolté après l’avoir rudement mérité, entre mes doigts filait, telle l’eau de source où je me rafraîchissais ! Au fil du temps j’apprenais dans la langue de Molière, les belles manières, celles de m’exprimer en société et fis en sorte qu’elles s’ouvrent vers un monde littéraire. J’affrontais ce dernier en souriant malgré un manque d’érudition à mon atmosphère cependant que j’apprenais lentement que le temps n’est guère monnayable, il nous est offert et il n’y a rien de plus agréable.

Je n’en veux guère à mes parents de n’avoir pas assuré mes arrières … ni de s’être servi d’une quelconque cuillère plutôt que celle en argent afin de nourrir mes appétits demeurés simples et frugaux tels qu’ils me les enseignèrent et que j’enseignais à mon tour car quel plus bel héritage que celui de l’amour en partage !

Bien à vous.

Samie Louve