L’excès en tout est un défaut.

Qui trop embrasse, mal étreint.

«Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le fera pas. Mais sa tâche est bien plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse»

Albert Camus, à l’occasion de la remise du prix Nobel de littérature.

Manifestement, notre Président n’a pas été convaincu par ces pensées et conseils. Avec une détermination sans faille, il a décidé justement, de défaire notre monde, à la hussarde, même. Il est, pour cela, non seulement fidèle à ses engagements, mais tout à fait en phase avec la pensée unique internationale dont l’objectif est de multiplier (croissance), en divisant (individualisme), pour mieux additionner (les bénéfices) ; peu importe les soustractions subséquentes chez les autres, la politique de l’autruche, en somme.

Une telle démarche est bien sûr uniquement politique, économique et financière, elle se refuse à tenir compte de la nature de notre monde, de la société qui l’habite, de son fonctionnement durable. Les dirigeants du monde et de la France n’ont jamais vu plus loin que le portefeuille, sans se soucier des déséquilibres de plus en plus nombreux et redoutables qui atteignent progressivement le seuil de l’irréversible.

Petit rappel pour ceux qui auraient perdu de vue la nature du monde biologique et culturel :

+ C’est un ensemble de structures en déséquilibre permanent, fragiles donc, du fait qu’elles reçoivent, de l’univers, trois flux incessants : Energie, Matière, Information. Ces flux l’ont construit, l’entretiennent, mais menacent aussi sans arrêt son existence.

+ Les structures en jeu sont toutes des écosystèmes complexes qui répondent à certaines propriétés :

++ Elles ont de perpétuels échanges avec l’environnement.

++ Elles sont composées d’un très grand nombre d’éléments différents qui sont en interrelations et interactions non linéaires, en réseaux, réalisant des rétroactions.

Les éléments dépendent tous les uns des autres.

++ Sous la pression du nombre, de l’intensité, de la diversité des niveaux d’organisation, des actions et réactions multiples, des entités nouvelles imprévisibles et aléatoires apparaissent appelées émergences réagissant, secondairement, sur les éléments eux-mêmes. Il en résulte :

+++Un élément évolue différemment suivant qu’il est isolé ou dans un système d’accueil (espèce isolée ou en présence d’autres espèces).

+++ Plus il y a d’éléments, de relations et d’actions, plus il y a d’émergences, donc d’incertitudes.

Non, la société n’est pas constituée d’individus juxtaposés (individualisme) qui évoluent séparément et qui doivent être gérés chacun de leur côté : c’est un non sens de considérer qu’il n’y a pas de liens entre les hommes, les femmes, les jeunes , les vieux, les boulangers, les politiques, les chefs d’entreprises, les salariés, les terroristes, les violonistes, les agriculteurs, les cheminots, le métropolitain et le rural…., le climat. Réformer à part, par des lois différentes, l’enseignement, les retraites, le travail, la sécu, l’agriculture, l’alimentation, le réchauffement climatique, la pollution, le chômage, la pêche….le terrorisme…, c’est absolument le type du raisonnement linéaire qui est voué à l’échec, pire même, qui voue à la désorganisation, car tout réagit sur tout. Faire éclater les entités fonctionnelles comme la SNCF, le bloc «agriculture, monde paysan, industrie agroalimentaire, alimentation, produits phytosanitaires, pollution, ..»,…. c’est diviser pour mieux détruire.

Cette chienlit actuelle, s’enracine dans l’histoire. Citons seulement, pour des questions de temps et d’espace, quelques événements significatifs  ayant contribué à augmenter les échanges, relations et interactions : hausse de la démographie, colonisation, exploitation des richesses du sol, du sous-sol et des hommes, comme au moment du boom industriel quand notre industrie avait besoin de matières premières et de main d’œuvre ; plus récent, guerres d’Irak, de Libye, de Syrie, le prélèvements des richesses dans tous les pays, la métropolisation, le tourisme, la croissance : fabrication, transformation, transports, consommation, rejet des inutiles, d’où la pollution généralisée de la terre, de l’air, des eaux, des esprits et des corps, mondialisation du commerce,… les catastrophes climatiques.

Devant une telle augmentation des facteurs et des échanges, depuis des années, rien d’anormal que de nombreuses émergences imprévisibles et aléatoires surviennent : «populismes», crises migratoires, racisme, revendications dans tous les domaines, inégalités, conflits commerciaux, religieux, financiers, économiques, sociaux, climatiques.

Des tentatives «politiquement  admissibles et médiatiquement convaincantes» se succèdent mais, comme il y a trop, et de plus en plus, de paramètres essentiels à maîtriser en même temps, il n’est pas possible de prévoir la suite ;

la solution trouvée est d’en négliger la plupart, de retenir ceux qui arrangent afin de supprimer la complexité, donc non seulement de ne rien résoudre du tout  mais même de faire empirer les émergences ! 

Les chiffres obtenus alors, dont nous sommes inondés, sont complètement en dehors de la réalité, ils ne servent qu’à démontrer «la justesse» des décisions prises ou à prendre, en attendant l’échec auquel on trouve aussitôt, grâce aux chiffres, une autre raison ! De toute manière, en général,

on ne lutte pas contre les causes mais seulement contre les conséquences car, dans le premier cas, on perdrait de l’argent alors que dans le second certains en gagnent..

Dans un autre domaine, au « big data » à la mode en ce moment en informatique/statistique : la NSA écoute la terre entière et enregistre tout, par contre il lui est impossible de traiter ce qui est enregistré, trop de choses.

En France, si l’on considère toutes les réformes réalisées et prévues à plus ou moins brève échéance, les interférences sont telles que plus personne n’est capable de suivre, y compris spécialistes et experts, car les retombées dévastatrices jaillissent dans tous les domaines, semant l’incompréhension, le désarroi, l’angoisse, la colère, la violence…Les causes ?

Ces Français qui n’y comprennent rien aux vertus du libéralisme !

Macron n’est pas le grand stratège universel, la grande intelligence qui tient compte des «petits, des obscurs et des sans-grades», la grande sensibilité, qui a compris ce qu’il convenait de faire pour relever la France et les Français ; son histoire ne l’a pas conduit à utiliser l’ascenseur social, il est devenu général sans avoir été troufion, patron sans avoir été au départ apprenti balayeur et avoir gravi les échelons de la connaissance du terrain ; par contre, il a fait beaucoup de théâtre, ce qui aurait pu lui inspirer la démarche définie par A. Camus sur l’artiste :

«les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s’obligent à comprendre au lieu de juger.»

Il n’est pas préparé à la compréhension de la vie des abandonnés de l’existence qu’il domine de toute son assurance ; il a seulement compris ce qu’il fallait faire pour amener des capitaux en France et faire fructifier une économie qui détruit tout sur son passage, y compris, à terme, l’économie elle-même ! Sa devise est : «Aide-toi et le ciel t’aidera». Malheureusement, le ciel, appelé par les citoyens, «État Providence», est fauché ; «On» l’a ruiné en privatisant tous ses avoirs ; il faut donc diminuer les «dingues» charges sociales et «responsabiliser les pauvres !!!», pas les autres sans doute !

Alors ! Quelle solution ?

Dans l’état d’esprit actuel, aucune ! Les mesures jugées incontournables ne font qu’activer la décomposition de l’union, de la collaboration, de l’empathie, du partage des richesses, donc de l’envie de lutte et d’efficacité. Comme ils sont loin les grands principes élaborés par le Conseil National de la Résistance !

Non, ce n’est pas mieux chez les autres, l’actualité nous le rappelle constamment !
Il faudrait repartir avec d’autres postulats réduisant le nombre de paramètres comme le passage de la compétition à l’union, en France et en Europe pour commencer. L’espoir résiderait dans le développement actuel de petites collectivités vivant le plus possible localement, en économie circulaire ; un tel maillage, en abaissant drastiquement le nombre des éléments de l’écosystème, permet une maîtrise plus réalisable du déséquilibre ; malheureusement, ce n’est guère possible tant que l’économie favorisera la métropolisation et l’intensité des échanges.

Nous allons comme on dit, dans le mur, de l’aléatoire et de l’imprévisible ; ce sont les seules certitudes ; les catastrophes environnementales s’abattent, le feu nucléaire, actuellement, rentre même, à l’international, dans l’ère du probable avec les malades qui dirigent le monde, comme ces deux pigeons, Kim et Trump qui s’aiment d’amour tendre !

Signé Georges Vallet

crédits photos:citation-celebre.leparisien.fr

Et si on parlait de choses sérieuses !

Bernard Boutin, dernièrement, rompait le silence «assourdissant» qui régnait pendant toute cette période électorale, à propos des véritables choses sérieuses pour la vie des Français. Il nous a rappelé, avec juste raison, au travers de son texte, les dangers que nous fait courir l’usage des produits chimiques de synthèse dans l’agriculture, industrielle surtout, pas seulement en Espagne d’ailleurs, et l’importance des monopoles, bien plus dangereux que l’excès de parlementaires, de fonctionnaires ou de tel ou tel candidat aux législatives !

Se mettre en marche, pourquoi pas, mais sans confondre, comme dit E.Morin :

L’essentiel de l’urgence que nous vivons et l’urgence de l’essentiel que l’on renvoie toujours à plus tard !

L’ex-président américain Barack Obama lançait en 2015 une «stratégie fédérale pour la santé des abeilles et des autres pollinisateurs ».

Pour qu’une telle résolution soit prise à ce niveau, il faut que le problème ait une importance nationale, mondiale même.

Selon une estimation de l’Université américaine du Maryland publiée le 13 mai 2015, les apiculteurs ont perdu 42% de leurs colonies d’abeilles ces douze derniers mois. C’est la deuxième plus mauvaise année pour la mortalité des abeilles domestiques aux Etats-Unis, après la période 2012-2013 qui avait vu la disparition de 45% des colonies.www.lemonde.fr/…/05/…/obama-vole-au-secours-des abeilles_4636555_1652692.ht..

«La pollinisation par les seules abeilles compte pour plus de 15 milliards de dollars de récoltes agricoles annuellement».

http://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/…/la-maison-blanche-s…abeilles/578913

Je reconnais que le problème n’est sans doute plus d’actualité avec le nouveau Président États-Unien mais vouloir l’ignorer n’est pas l’effacer !

En France, pendant ce temps, alors qu’une vingtaine d’enfants d’une école primaire girondine et une enseignante ont été pris de malaises après l’épandage d’un fongicide sur des vignes à proximité, le plus important syndicat agricole descend dans la rue pour s’opposer au projet d’interdiction des épandages à moins de 200 mètres des écoles, crèches…. Cette irresponsabilité, après tant d’autres cas dénoncés depuis des années, d’utiliser des pulvérisations de produits «phytosanitaires !» ne gêne en rien les intervenants sur les ondes, de ce syndicat agricole ; il convient au contraire, d’après eux, de lever toutes ces contraintes et de les laisser faire «car eux seuls savent ce qui est bon pour l’homme et son environnement !»

Macron fait peur quand il veut libérer les énergies !!

Sud Ouest du 15/02/17 titrait: «Pesticides : vers plus de transparence». En image, une viticultrice à Portets va avertir une trentaine de voisins de ses 44 parcelles de vigne. L’objectif affiché est de prendre contact avec les riverains pour mettre en place des techniques d’alerte «pour préserver le vivre ensemble!»; mails et SMS seront envoyés à chaque sortie du tracteur ! Cet article est consternant.

D’abord la transparence existe, le milieu scientifique est parfaitement au courant des dangers et il les dénonce ; par contre, elle n’atteint pas le monde de ces utilisateurs syndiqués.

Ensuite, avertir les voisins est une démarche on ne peut plus égoïste, il n’est pas question d’empêcher la pollution mais d’avertir qu’ils vont devoir rester chez eux, ne pas  accompagner les enfants à l’école, ne pas aller travailler….Et puis, en admettant que les gens sortent quelques heures après, les animaux et les nappes phréatiques seront contaminés de la même façon.

A Birac (16) un village viticole, dans une cuvette, compte 6 cas de lymphome pour 367 habitants.

Les trois mamelles de la nutrition humaine ne sont pas les entreprises, la confiance des investisseurs et les experts économiques, mais les plantes, à fleurs entre autres, les champignons et les pollinisateurs que la politique de croissance actuelle détruit systématiquement.

Les plantes à fleurs représentent 70% des végétaux, elles fournissent nos légumes et nos fruits. Grâce au pouvoir attractif: forme, couleur, odeur, des fleurs, des animaux permettent la fécondation croisée, source de vigueur, de diversité, en transportant le pollen des étamines d’une fleur sur le pistil d’une autre fleur.

La contribution des pollinisateurs à la production agricole française est évaluée à 2,8 milliards, selon une étude conduite par Bernard Vaissière, de l’Inra. Le figaro.fr 28/02/13.

Tous les animaux sont des pollinisateurs mais les insectes sont les plus actifs: 6100 espèces d’insectes floricoles sont recensées en France : hyménoptères (dont 1000 espèces d’«abeilles»), coléoptères (coccinelles, cétoines..), diptères (mouches, syrphes..), papillons. C’est cette biodiversité qui assure la pérennité de la diversité et du rendement des récoltes de fruits, graines et légumes. Les abeilles sauvages (bourdons, abeilles solitaires, halictes, mégachiles, etc.) assurent presque à elles-seules la pollinisation de 80% des plantes à fleurs à travers le monde.

Plusieurs raisons expliquent le recul généralisé des pollinisateurs sauvages :

1. La perte d’habitat par la raréfaction des zones agricoles non cultivées (jachères) et des prairies, la disparition des haies et des bocages  suite au remembrement des années 60, assèchement des zones humides drainées pour l’agriculture intensive, urbanisation, fauchage ou désherbage chimique des bords de route, etc.

2. Les insecticides, surtout les néonicotinoïdes détruisent larves et adultes, nuisibles comme utiles, aux cultures. On lit dans la revue «Science»: «Certains insecticides et fongicides, utilisés ensemble, peuvent être 1.000 fois plus toxiques pour les abeilles, affectant leur sens de l’orientation, leur mémoire et le métabolisme du cerveau», (Programme des Nations Unies pour l’Environnement).

L’ex-ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll s’efforçait de ménager la chèvre et le chou en inscrivant :

– un amendement sur l’épandage de produits phytosanitaires près des écoles, crèches, maisons de retraite.
– En conseillant de pratiquer les épandages le soir, quand les abeilles ne butinent plus.
En fait, c’est de la pub électorale car les enfants et les vieillards ne sont pas les seuls vulnérables, il y a aussi les agriculteurs eux-mêmes et les passants; de plus la rémanence des produits sur les végétaux, la sudation des insecticides fabriqués par les OGM, font, comme le signale l’Anses, «qu’il reste toujours, le jour, des traces de pesticides dans l’eau, dans la rosée, sur les fleurs et feuilles», dont les abeilles profiteront.

Compte tenu de la «complexité» des relations et des doses infinitésimales qui interviennent dans le fonctionnement physiologique normal, «il faut savoir que la seule dose zéro doit être considérée; toute autre dose comporte automatiquement un effet» pouvant être important car cumulatif! René Truhaut, toxicologue, créateur de la DJA : «Dose Journalière Admissible)».

Pendant ce temps Bayer et Monsanto s’unissent pour leur meilleur et notre pire.  (Canard : le mariage des affreux)

3. Le changement climatique dont l’homme est en grande partie responsable, va modifier la répartition des espèces (migration vers le N), les périodes de floraison, les précipitations, la qualité et la quantité de nectar et de pollen.

4. la monoculture intensive entraîne la disparition de nombreuses espèces végétales dont dépendent la survie de nombreux pollinisateurs: un papillon à l’état de chenille, est monophage ou oligophage, c’est-à-dire qu’il ne se nourrit que d’une espèce de plante, voire quelques-unes. Si cette plante se raréfie, l’espèce disparaît.

5. L’introduction des plantes allochtones pour la culture, la décoration, est très préjudiciable car les pollinisateurs autochtones les ignorent; elles introduisent souvent des insectes invasifs.

6. La sélection génétique fabrique parfois des variétés à faible attractivité du fait d’un pauvre potentiel en nectar et pollen; le cas se présente avec le colza et le tournesol.

7. L’éclairage public et privé, la circulation automobile de nuit, sont des pièges mortels pour de nombreuses espèces. Il est difficile de quantifier mais on peut dire que des millions de tonnes meurent d’épuisement ou sont grillées par les ampoules, chaque année en France. Cette disparition impacte la chaîne alimentaire, les oiseaux insectivores régressent du point de vue démographique.

«Dans un premier temps le progrès court plus vite que l’urgence

Dans un deuxième temps l’urgence court plus vite que le progrès

La fin de l’ordre mondial vient quand l’urgence dépasse l’humain.»

Naturalité N°14 septembre 2014 http://www.forets-sauvages.fr/web/foretsauvages/100-naturalite-la-lettre-de-forets-sauvages.php

Mais les choses sérieuses, l’urgence de l’essentiel, c’est aussi :

+ La pollution et toutes ses dérives pathologiques, ces pics, ces canicules et ces feux de forêts mortels pour beaucoup, ces tempêtes, ces accumulations de déchets liées à un modèle consumériste qui n’envisage pas d’en finir avec la surproduction aberrante, ces épidémies dramatiques pour nos éleveurs, ces vagues de suicides…Comme les Shadoks, il faut pomper, pomper encore les déchets en avant et les rejeter en arrière pour continuer la dynamique « En marche ». Au XIXème on refermait le couvercle de la poubelle pour ne pas les voir, aujourd’hui on les envoie dans des usines périphériques et on paye, par l’impôt, le financement des déchetteries…(« Homo detritus », Baptiste  Monsaingeon, ed.Seuil)

Souvent c’est dans la mer ou la rivière !

+Dénoncer et interdire ces fake news du matraquage publicitaire  divulguées par tous les médias « qui nous évacuent du réel « (J-Cl Guillebaud) comme ces familles radieuses dégustant des plats ayant toutes les vertus, ces jeunes beautés utilisant des produits pour être encore plus séduisantes, artificiellement…. Ceux qui n’ont pas suivi les conseils pourront s’en sortir sans problème, en partie gratuitement, en suivant des régimes providentiels……, ou, si l’on préfère, en consommant des produits allégés souvent plus caloriques que les autres !
On oublie de rabâcher, évidemment, que le vrai chiffre du chômage approche les 4 millions et que le patron de Renault gagne le salaire de mille smicards !
Jean-Claude Guillebaud concluait dernièrement une chronique où il évoquait les conversations à venir, au sein du couple, entre Arthur Sadoun, patron de Publicis «empereur du matraquage tarifé» et de la théâtralisation manipulatrice du réel et Anne Sophie Lapix chargée de l’information, la réelle celle-là, au 20 h de France 2 !!

+ De faire le bilan des presque 58% d’abstention qui veulent en dire long sur l’état de la démocratie. Faut-il s’en étonner ?
Le culte de l’individualisme triomphant  associé au libéralisme ambiant est contraire à la notion de démocratie. Une société qui prône l’individu détruit le sentiment d’appartenance à une communauté qui dépasse l’intérêt individuel;  il n’y a plus alors de démocratie possible et encore moins de liberté.

Georges Vallet

crédit photo: la-croix.com

Le renseignement, c’est bien ; l’utiliser pour comprendre, c’est mieux !

GV 18 16 2016Lundi 20 juin à C dans l’Air, Alain Bauer a évoqué, au niveau institutionnel, l’approche du problème du terrorisme. Il a fait remarquer que la culture du renseignement et de l’information était poussée au plus haut niveau chez nous. On est submergé par le renseignement mais on n’investit pas dans la culture de la compréhension !
Trop difficile, trop coûteux, trop tendancieux, trop humain, pas assez technologique  !

Si on se déplace au niveau du ressenti de la population, c’est le constat qui est au plus haut niveau ; on savait tout puisque tous les acteurs des crimes étaient connus de la police, certains étaient suivis ou avaient fait de la prison ; ils se sont encore plus radicalisés et ont contaminé d’autres détenus. On ne sait pas comment faire car cette connaissance n’est pas intégrée dans une vision d’ensemble. On agit, dans l’immédiat, au coup par coup, comme on peut, pour le mieux possible.

Or, comprendre c’est pouvoir réfléchir avant d’agir efficacement.

Cette opinion, s’ajoutant à tous les autres dangers et mécontentements, fait que la critique est permanente, virulente, dans tous les domaines ; les injures à destination des politiques, des patrons, des syndicalistes, des fonctionnaires, ……, inondent les médias et les réseaux sociaux.

Le danger n’est pas la critique, elle est nécessaire ; c’est de penser que c’est la solution !

Il est temps de passer de l’émotion à l’explication et à la raison, dans tous les domaines de la vie.

Évoluer vers une solution, pourrait-être :

  • Aborder le problème dans son ensemble, dans le temps et l’espace, de façon globale, avec sagesse et humanité et non partiellement et de façon intéressée, comme d’habitude. Pas facile, c’est vrai, mais indispensable !

Matthieu Croissandeau (Nel.Obs), insiste sur ce fait dans «Terrorisme et civilisation» :

«Le fanatisme ne se combat pas seulement par un renforcement de surveillance mais bien par un surcroît de culture et d’éducation. Ce n’est pas l’un ou l’autre mais l’un et l’autre qu’il convient de mener de concert.»

  • Recueillir le maximum de données et d’informations.
  • Analyser, c’est-à-dire déplier, décomposer pour en rechercher les composants. C’est incontournable dans un premier temps mais cela détruit (lyse), supprime les liens, les rapports, c’est-à-dire le sens ; on perd l’essence même du fonctionnement de la vie et du phénomène social. On en reste souvent là, hélas !

Actuellement il y a la coupe d’Europe et la coupe de l’Europe !

  • A partir de l’analyse, comprendre, c’est faire l’inverse, c’est relier, synthétiser, «prendre avec» ; redonner vie aux liens, aux échanges, donc donner du sens. Comprendre est l’acte par lequel l’esprit s’approprie une connaissance. Comprendre, ce n’est pas simplement savoir, mais avoir assimilé la connaissance.

La compréhension est une démarche synthétique, visant la recherche du sens global des phénomènes ; elle serait à l’œuvre dans les sciences humaines, c’est le «pourquoi». L’explication à l’œuvre dans les sciences de la nature, est le «comment».

Il faut passer de la recherche des causes à la recherche des raisons.

Comprendre c’est :

>Mettre tous les facteurs évolutifs sur la table (information) : le social (inégalités, pauvreté, chômage, logement..), l’instruction, l’agriculture, l’économie, la finance, le terrorisme, l’environnement : terre, mer, rivière, air, sol, climat, l’histoire, la religion, la politique, l’éducation, la culture…

>Constater que la vie biologique comme culturelle est le résultat du fonctionnement complexe des interrelations et interactions entre tous ces facteurs.

>Prendre conscience que l’équilibre qui en résulte est très fragile et que la moindre perturbation engendre automatiquement une cascade de dysfonctionnements pouvant être redoutables, aussi bien pour les parties que pour l’ensemble.

Retirer un verre à la base d’une pyramide de verres peut provoquer l’écroulement de tout !

>Considérer comme une évidence que la dynamique imposée depuis des centaines d’années a provoqué des perturbations quantitativement et qualitativement considérables et que le seuil de contrôle de l’instabilité est dépassé ; on est maintenant dans le domaine de l’incertitude. «Les fonds spéculatifs» s’affolent disait Marc Fiorentino à C dans l’air ! Les politiques et les les entreprises se plaignent de manquer de vision à long terme mais elles ont contribué par leurs comportements ignorants et irresponsables à créer ce climat d’incertitude !

Pour plagier l’actualité, la tentative de rétablir un équilibre par des accords de branches est illusoire car la solution est un accord entre les branches donc un accord global.

Pour réaliser cela, ce n’est pas l’individualisme mais le collectif, la compétition mais l’union !

Le néolibéralisme est bien mal armé pour cela !

Trois économistes se sont livrés il y peu, à une critique en règle dans l’organe officiel du FMI «Finance and Développement». Ils dénoncent les effets catastrophiques de l’ouverture du marché des capitaux, de l’austérité et de la privatisation à outrance.

497 sans-abris sont morts en 2015 en France !

Actuellement, les relations sont inséparables d’une vivacité émotionnelle et combative, une provocation pour attirer l’attention…Cette manière de s’exprimer est en phase avec la réalité des échanges dans tous les milieux, surtout dans celui des médias et des réseaux sociaux. Ce phénomène se retrouve dans le showbiz, la politique (c’est le populisme, le nationalisme, l’identitaire…), l’économie, la critique littéraire… :«débats méchants, bagarre des mots, conversation réduite non pas au fond mais «à un pur exercice de catch» sur la forme» comme disait Pierre Bourdieu.

Dernièrement Jean-Claude Guillebaud dénonçait l’usage routinier de l’injure:

«On dénonce, on montre du doigt, on excommunie avec une allégresse hargneuse».

De plus, l’explosion des «opinions», du simple citoyen au politique ou à l’expert, vient apporter confusion et désordre qui parasitent la compréhension et nous mènent au chaos. Ces «croyances» sont légitimées par une fausse science utilisant ; expertises, sondages, moyennes, courbes, tableaux ; en bref, des chiffres, qui ne font que dire ce qu’on a envie de démontrer. Le dogme de la théorie scientifique ne fait que réinventer celui du socialisme scientifique dont on a déjà mesuré l’absurdité.

«La vision du monde qui nous gouverne correspond sur quantité de points à celle des Soviétiques d’autrefois.» n’hésite pas à affirmer J-Cl Guillebaud.

La compréhension est le résultat, comme dit Edgar Morin, d’une pensée globale, une pensée qui refuse de prendre une partie pour un tout et qui privilégie l’importance primordiale de la qualité des liens entre les parties.

Ce comportement est excessivement difficile à suivre dans un monde qui veut de la vitesse, de la rentabilité immédiate, il nécessite la plus grande prudence (précaution), la plus grande réflexion pour déplacer un équilibre ultra fragile compte tenu de sa complexité, mais, déjà, le fait d’en prendre conscience et la volonté d’agir en conséquence, serait un progrès énorme.

Lorsque des décisions humaines entrent en jeu, il faut chercher à comprendre et non plus seulement recueillir des informations.

par Georges Vallet

crédits photos:fr.123rf.com

Réflexion sur la valeur de l’individu dans l’histoire.

GVAu cours de l’émission «la Grande Librairie», F.Busnel demandait à ses invités quel était le mot que leur suggéraient les événements récents.

L’un d’entre eux a évoqué:«visage».
Sans aucun doute, ce mot a été sous-jacent tout au long de cette tragédie.

Le visage, c’est celui de tous ces acteurs qui de près ou de loin ont participé à cette terrifiante actualité ; c’est celui des spectateurs bien malgré eux, sur le terrain ou chez eux, devant leur poste ou leur ordinateur, qui ont suivi, impuissants et anxieux, le sort d’autres visages, celui d’individus inconnus, devenus subitement proches, sortis soudainement du brouillard que notre société a contribué à épaissir ; ce sont ces milliers de visages différents qui se sont réunis spontanément et ont matérialisé par des bougies, des fleurs, des slogans, des chants…, leur compassion, leur recueillement, leur partage avec ceux qui ont souffert et souffrent encore. C’est l’explosion d’un besoin contraint de manifester son existence, de partager, d’être reconnu, de mettre au grand jour ce qui fait de l’homme une espèce sociale.

En effet, l‘individu nous échappe, il n’existe plus, il est devenu un numéro de Sécu, un code de carte bancaire…., il nous est indifférent car anonyme, il est noyé dans la masse d’un complexe économique.

Il est devenu un objet, il a cessé d’être un vivant. Il faut des situations exceptionnelles pour le faire revivre.

Cette réflexion ouvre la voie à un débat qui s’enracine dans l’histoire et qui dernièrement a été actualisé par une enseignante en philosophie politique, chercheur associé au Muséum National d’Histoire Naturelle, maître de conférence à l’Institut politique de Paris 3 et enseignante à l’Ecole polytechnique.

Alors que des milliers d’emplois sont supprimés, que les machines remplacent les hommes, pour baisser les coûts de production, le raisonnement courant prétend que la mort, le départ à la retraite, le licenciement ou le remplacement, dans tous les domaines, d’une personne, ne change rien et peut même être profitable. La vie continue, le «progrès» aussi ; une bonne preuve est que de nombreuses générations nous ont précédés ; cela n’a pas empêché l’économie de fonctionner et l’histoire de se dérouler.

C’est devenu «une vérité» : personne n’est indispensable.

Ce n’est pas l’avis de la philosophe Cynthia Fleury.

A l’heure où l’individu est encensé mais aussi considéré, à force d’individualisme forcené, comme le fossoyeur du bien commun, de la démocratie, elle démontre, dans son dernier essai : «Les irremplaçables», pourquoi l’individu est indispensable à la démocratie… et vice versa ! En «marchandisant» le monde et en chiffrant nos vies, les individus sont mis en équivalence et nous devenons remplaçables les uns par les autres à un coefficient près, l’un pouvant valoir deux fois ou plus que l’autre. Elle rappelle que seule l’individuation, et non l’individualisme qui veut éliminer l’autre, protège la démocratie en son cœur. «Un individu dans un Etat de droit doit pouvoir devenir “sujet”.»

Vouloir passer dobjet à sujet, c’est justement la cause de bien de nos problèmes. 

Pour le Larousse:

  • Sujet: «Personne pourvue de qualités ou de talents appropriés à une situation. Être vivant soumis à l’observation.»

  • Objet:«Chose inerte, sans pensée, sans volonté et sans droits, par opposition à l’être humain.»

Descartes a profondément contribué à développer la conception de l’homme objet.
Parmi les assertions qu’il a jadis prononcées, retenons :
«Je ne connais aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose.».

Il a donc institutionnalisé un monopole de pensée qui sévit toujours actuellement. Il a été le promoteur du «réductionnisme» c’est-à-dire du raisonnement qui ne fait de l’homme qu’une machine «compliquée».
« Le corps vivant est une machine où toutes les fonctions résultent de la seule disposition des organes, ni plus ni moins que les mouvements d’une horloge ou autre automate de celle de ses contrepoids et ressorts. » (Descartes : De l’Homme, Vl)
La réalité se «réduit», pour lui, a une hiérarchie de niveaux, comme une horloge !

Une conception bien actuelle !

Dans la société, l’individu est devenu un pion déplaçable, jetable, un numéro interchangeable, remplaçable par des machines et, par le jeu des chiffres, placé en situation de donner un meilleur rendement et une meilleure rentabilité.
Le managériat moderne, les gestions productivistes du personnel ont brisé les solidarités (les liens) sur le lieu du travail. Le harcèlement continuel de l’ouvrier et du cadre, par la direction, dans certaines entreprises, épuise les ressources physiques et psychologiques des travailleurs qui ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes et se trouvent démunis parfois désespérés. Les personnes ne sont pas par essence individualistes mais la société dite post-moderne, les pousse à le devenir dans un réflexe de survie. Isolé, l’individu devient plus vulnérable. L’exploitation sur le lieu du travail se libère ainsi des résistances collectives.

Pour le gestionnaire, l’individu est remplaçable

Tant qu’on se base sur l’économie dont la manipulation des chiffres, des moyennes, des %, des tableaux, courbes, etc. font croire que c’est une science, c’est-à-dire un savoir, alors que ce n’est qu’une croyance, la place de l’homme en tant que rouage anonyme se justifie.

Mais cette économie est-elle la finalité de l’homme ?

La finalité ne serait-elle pas plutôt de découvrir le monde et l’Univers par la Science, d’améliorer la vie par la Technologie, de créer du nouveau grâce à l’Art sous toutes ses formes ? Autant d’acquis nouveaux servant en retour à favoriser l’enrichissement de la culture, spécificité humaine.

«La culture est ce qui unit les hommes», disait Paul Langevin,

On veut effacer, pour pouvoir simplifier, codifier, mesurer, classer, informatiser, comparer, «améliorer», rentabiliser, le fait que l’homme et ses différentes structures sociales ne sont pas des machines mais des ensembles complexes non réductibles à une somme de composants interchangeables.

L’être humain n’est pas un objet mais un sujet.

Cette affirmation est corroborée par la Biologie au sens large. Un être vivant est issu de la rencontre aléatoire d’une cellule mâle et d’une cellule femelle; elle en fait un être unique. Nous sommes le fruit du hasard à de nombreux niveaux:

  • Rencontre de deux patrimoines uniques à chaque génération .

  • Développement dans les conditions environnementales uniques résultant de la vie particulière de notre mère.

  • Les conditions environnementales vécues pendant la vie et le développement de tous ces ancêtres ont généré des modifications épigénétiques différentes qui ont été transmises à chacun de nous.

  • Depuis notre naissance, chacun a vécu des acquis différents, a retenu, donc engrangé, des expériences personnelles constituant une bibliothèque unique.

  • Nous avons tous participé, par le jeu de notre métier, de nos relations, de nos recherches, de nos publications, de nos échanges…, à des enrichissements qui ont contribué à donner une valeur ajoutée culturelle sur laquelle, de génération en génération, s’est édifiée la connaissance humaine.

Un être vivant, biologique et culturel, n’est pas remplaçable par un autre.

L‘histoire des civilisations, de la société, du progrès, de la science…, montre que l‘individu n’est pas «une particule élémentaire isolée, sans relation spécifique avec son milieu, c’est tout l’inverse. Il est interconnecté.
«L’important, c’est de comprendre que ce que tu es n’est pas à l’intérieur de toi. Il est dans les rapports que tu as avec les autres. »
Albert Jacquart.
Comprendre ce que tu es, c’est connaître ton Grand Récit
L’âge du cerveau est celui de l’individu qui le possède mais ses couches superficielles ont été formées et n’ont pas changé depuis l’apparition de l’homo sapiens sapiens, il y a cent mille ans. Plus en profondeur, des couches cervicales remontent à l’âge des dinosaures. D’autre part, l’ADN a des milliards d’années et les atomes qui le constituent remontent au Big Bang. C’est dans la logique de ce récit que s’installe la culture, la philosophie, la vision de l’aventure humaine de demain.
Au sein de l’entreprise, des associations, de la famille, de la société…chacun apporte une expérience particulière, «irremplaçable» par un autre.
Le constructeur japonais Toyota commence à s
‘en rendre compte ; il a révélé qu’il avait entrepris de remettre entre des mains humaines une partie des tâches qui étaient jusqu’à présent automatisées. Pour Akio Toyoda, le PDG du groupe, les ouvriers qui maîtrisent l’assemblage peuvent se révéler plus efficaces que des robots dont les défaillances peuvent ralentir la production.
Le processus d’hominisation se fait par l’assimilation de la culture léguée par les générations précédentes (c’est la mission de l’éducation) et ne peut aboutir qu’à la production d’êtres originaux assumant socialement leur originalité. Ainsi va le paradoxe de la formation : c’est en assimilant le bien culturel commun que chacun se forge son originalité, c’est en se situant dans le(s) groupe(s) (coopération, émulation, opposition) qu’il construit et affirme sa personnalité.

L’essence du sujet est dans les rapports sociaux qu’il entretient avec les autres sujets.

Par Georges Vallet

  Crédits photos :  vitalite-regionale.com                                                                                                                                                                                                                                               

«D’autres évènements bien plus graves devraient nous alarmer» écrivait Karouge.

Gv 17 06 2015La situation actuelle est marquée par des constats qui ne font que s’affirmer :

> Au niveau international les différents pays européens sont divisés, individualistes et conservateurs d’une indépendance complètement dépassée dans le monde d’aujourd’hui. C’est la dissension perpétuelle en leur sein, entre eux, et avec les autres pays du monde, proches ou lointains.

Tout le monde est «en guerre» avec tout le monde mais on ne sait pas où est la ligne de front !

>Au niveau des partis politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par le centre, c’est l’incapacité de faire face à un véritable déluge auquel ils n’ont jamais été confrontés. Ils ne savent que ressasser les vieilles méthodes qui, jadis, ont eu du succès, mais qui sont maintenant complètement inadaptées. La gauche, la droite et tous les intermédiaires sont des vieux partis archaïques incapables de gérer des situations qu’ils ont eux-mêmes contribué à instaurer.

Les «has been» nous servent toujours les mêmes recettes empoisonnées.

>Au niveau des individus et des réseaux sociaux où ils s’expriment, chacun à son responsable, jamais le même bien-sûr. La seule solution c’est de l’éliminer, cela devient du «robespierrisme». Après, il ne restera plus grand chose, pas même Robespierre, si mes souvenirs sont bons ! Ce qui est grave, ce n’est pas la recherche du «responsable, c’est le fait qu’on ne soit plus capable de le désigner ! Les têtes à couper, du bon vieux temps, chez nous, c’est fini, il y en a trop !

«On veut se battre mais on ne sait plus contre qui !» (Jean-Claude Guillebaud)

> L’électeur est incapable de saisir, et par suite de croire, les «subtilités» des mots creux de la langue de bois ; le programme, pour se faire élire, n’est jamais suivi et c’est normal, la donne économique et sociale change trop vite.
Aucune promesse ne peut être tenue dans un monde en ébullition c’est-à-dire où les molécules s’entrechoquent de plus en plus souvent, où les «bulles» se forment, où la vaporisation disperse !
Les médias font de l’audience qui paye en diffusant des ragots, des info déformées ou non contrôlées, toutes les réactions critiques sur des faits divers qui deviennent une affaire d’État sans aucun rapport avec les vrais problèmes.

«une politique de l’autruche qui est bien plus catastrophique quant aux sujets qui nous occupent que ces plumes qui font jaser les radios télés» Karouge.

>Le Français moyen ne sait plus contre qui il doit lutter :

  •  Contre les patrons ? Vieux réflexe qui a eu sa raison d’être à une époque, mais qui est hors d’usage maintenant; «les patrons» sont aussi divers que les français eux-mêmes; entre les gestionnaires d’entreprises du CAC 40 et le patron d’une petite ou moyenne entreprise, c’est la nuit et le jour ; beaucoup de ces derniers ont désormais les mêmes préoccupations et la même angoisse que leurs salariés face à la finance et à la mondialisation.
  •  Contre les marchés financiers ? Comment peut-il s’infiltrer dans la faille de cette nébuleuse spéculatrice qui irradie partout ses métastases dévastatrices ? Il compte sur ses représentants, dans la même situation que lui, sans l’avouer.
  •  Contre le gouvernement ? Plus facile, c’est le bouc émissaire, chacun y va de son déversement de sarcasmes, d’injures.. Il faut les supprimer tous ! Pour mettre qui à la place ? L’offre politique est toujours la même.

On est arrivé à un point où on ne sait plus qui sont les exploiteurs, les exploités, les vainqueurs, les vaincus, les riches, les pauvres, les salauds, les tricheurs…Le monde est allé beaucoup plus vite que les idées.

Et même pour les idées, les «intellectuels de service»sont devenus aveugles, sourds et muets.

Peut-on trouver une explication à ce désarroi ?
La différence fondamentale entre le passé et le présent est que, par le jeu de la démographie, d’une plus grande connaissance, de la mondialisation et des Nouvelles Technologies, le nombre des relations et interactions a pris des valeurs exponentielles.

Les NTI ont aplani les hiérarchies et ont donné la parole à tous.

«La voix notait (périodiquement) son vote sur un bulletin écrit, local et discret ; elle occupe aujourd’hui la totalité de l’espace. La voix vote en permanence. L’avenir de la planète, de l’environnement, etc., tout est bousculé, menacé, il n’y a plus que de la motricité ; plus de spectateurs mais des acteurs. Celui qu’une ancienne publicité dessinait comme un chien n’entend plus la voix de son maître, il n’y a plus de maître.» M.Serres. Petite Poucette.

Le seuil d’instabilité est franchi.

J’ai évoqué à de nombreuses reprises les dangers de l’utilisation, comme maintenant, de la méthode analytique, réductionniste, linéaire, pour gérer une globalité, en l’occurrence un individu, une ville, un pays…..le monde.
Le modèle à suivre n’est pas le modèle allemand parce qu’il a fait ses preuves depuis quelques années seulement (et pour combien de temps ?), mais le modèle utilisé par l’évolution car il a réussi depuis des millions d’années pour l’espèce humaine et des milliards d’années pour la Vie.
Le logiciel biologique utilise le raisonnement systémique ; il part du principe que tout ce qui a un rapport avec la vie, tant sur le plan biologique que culturel, au sens très large du terme (éducation, économie, finance…), fonctionne globalement par interrelations et interactions entre ses constituants.

L’important, ce n’est pas le nombre des constituants mais la qualité des liens, l’équilibre des rapports, l’émergence qui en résulte.

Il en est de même dans tout l’univers,

sauf dans la tête des hommes de la modernité !

Un tout petit exemple : qu’y a-t-il de plus réductionniste que de considérer qu’on forme une tête bien faite pour aborder le monde en mettant, côte à côte, dès le premier cycle des collèges, des filières spécialisées avec des barrières entre elles !

La vie, la culture, est l’émergence d’une «transdisciplinarité».

«Comme l’indique le préfixe «trans», la transdisciplinarité est la posture scientifique et intellectuelle qui se situe à la fois entre, à travers et au-delà de toute discipline. Ce processus d’intégration et de dépassement des disciplines a pour objectif la compréhension de la complexité du monde passé, présent et futur, envisagé dans une perspective transversale, à la fois dans l’espace et dans le temps.»  Lionel Dupuy UPPA).

C’est grâce à leur perception de la transversalité que :

  •   Les philosophes de l’Antiquité ont fait progresser la connaissance de l’univers.
  • Les philosophes des Lumières ont fait évoluer la connaissance du monde et ont transformé la société.

L’individualisme, la compétition, la recherche du meilleur dans un domaine, donc la vision analytique moderne, ne permet pas de construire (synthèse), elle détruit la transversalité donc les liens entre les choses, conduit à la violence, au non respect des autres.

Que les enseignants revendiquent des heures de formation car, pour le collège, c’est une révolution intellectuelle et professionnelle, c’est évident ; mais qu’ils s’opposent à une approche transversale, c’est incompréhensible.
Je suis persuadé que la motivation de l’enseigné serait infiniment plus grande si on introduisait les différentes disciplines, dans les collèges, à partir d’une situation qui leur parle. Imaginons toutes les disciplines qui participent au monde professionnel du sport, de l’agriculture, du développement durable, de la gastronomie…..et celles que devrait maîtriser le journaliste, le politique….
Par contre, progressivement, à partir de la troisième, l’espace strictement disciplinaire prendrait de plus en plus d’importance afin de préparer l’entrée dans le monde du travail et le choix de ceux qui poursuivront dans le supérieur, haut lieu de la spécialisation où des groupes de réflexions transdisciplinaires devraient se généraliser pour passer de l’analyse à la synthèse, comportement essentiel oublié ; ce fut le cas à l’UPPA jadis. Il ne s’agit donc absolument pas de supprimer les enseignements disciplinaires, même en collège, mais de les introduire à la fois en parallèle et autrement, de la façon dont ils interviennent dans le temps et dans l’espace, donc dans la réalité.
Faire fonctionner la transversalité dans la gestion de l’entreprise, d’une ville, d’un pays…c’est aussi une toute autre façon de motiver les différents acteurs.

Quant à la transparence, c’est un grand pas pour voir chez les autres mais un bien petit pas pour construire ensemble.

 

 – par Georges Vallet

Crédit photos : idaquest.or