« Béarn, Adour, Pyrénées » : Des convictions et des ambitions !

logo BAP2Jeudi 16 mai, l’association Béarn Adour Pyrénées (BAP) tenait son assemblée générale annuelle. Une Assemblée après beaucoup d’autres pour la plupart des adhérents présents. Mais la première pour Pierre Saubot qui achevait son premier mandat de président.
BAP, c’est une suite d’actions pour notre territoire, le Piémont Pyrénéen : le tunnel du Somport, l’A65, des réalisations encore remises en cause par certains détracteurs qui en rabâchent les défauts sans jamais en reconnaître les mérites : le désenclavement du Piémont Pyrénéen et la sécurité des usagers !
Où va BAP ? Quelles seront ses orientations, ses combats pour les 12 mois à venir mais aussi à plus long terme ? Pour vous éclairer, nous reproduisons, ci-après, quelques extraits du discours de clôture de l’Assemblée Générale de Béarn Adour Pyrénées prononcé par Pierre Saubot, un discours plein de verve, le discours d’un homme convaincu du devoir qui est le sien : continuer.

« ….Vous l’avez entendu dans le rapport d’activité, nous avons continué, depuis 12 mois, à beaucoup travailler, avec les commissions existantes, avec la nouvelle commission « AIR ». Si le conseil d’administration et vous-même en êtes d’accord, nous allons lancer dans les prochains jours une nouvelle commission  » économie numérique » qui intégrera les infrastructures fibre optique dans son action, et qui pourrait être placée sous la responsabilité de notre nouvel administrateur, Michel Le Gall. Nous allons, après un test en vraie grandeur , nous lancer dans l’aventure des réseaux sociaux. Bref, sans rien lâcher du côté de la route et du fer qui mobilisent toute notre énergie, nous voulons préparer l’avenir économique du Béarn et des territoires voisins au Sud, à l’Est, au Nord et à l’Ouest, en nous impliquant aussi dans ces thèmes nouveaux pour nous.

Mais pour être audibles et crédibles dans notre action, nous avons deux priorités :

1) être plus nombreux: notre objectif est d’atteindre le plus vite possible le plancher de 1000 adhérents. Il n’y a pas de plafond. Pour cela nous comptons sur les réseaux sociaux mais surtout sur votre prosélytisme: mobilisez autour de vous. Recrutez avec ardeur.

2) pérenniser notre budget: pour cela les cotisations (individuelles, entreprises, associations, collectivités,…) doivent représenter 67% de nos ressources, les 33% restant devant provenir du plus grand nombre possible de sources de subventions. Ce sera le gage de notre indépendance et de notre liberté d’action et de parole.

Car, vous l’avez compris, après douze ans de succès, nous sommes à la CROISEE DES CHEMINS.

Nous pourrions nous dire qu’avec le tunnel du Somport, la déviation de Bedous, l’autoroute A65, le lancement du contournement d’Oloron, l’étude des diffuseurs de Morlaàs et de Casaber, la prise en considération dans les études de RFF, du barreau LGV Mont de Marsan – Pau, nous avons obtenu tout ce qui était possible; que, de toutes façons, il n’y a plus d’argent (sauf pour le président du Sénat qui vient de trouver 37 millions d’€ pour l’Ariège), donc plus d’idées, plus de projets, plus d’avenir et que nous ne servons plus à rien.

Devant le tir de barrage que nous subissons depuis quelques jours, aussi nourri et désespéré que celui lancé depuis le mur de l’Atlantique contre les Alliés débarquant le 6 juin 1944 sur les plages de Normandie, j’ai même pensé un court instant à vous dire: « Arrêtons, baissons les bras, ils ont gagné la bataille de l’immobilisme et du déclin ».
Mais je ne suis pas un président normal et je viens d’entendre, comme vous, l’expression diplomatique mais claire et précise des attentes de l’Espagne par la bouche de Monsieur le consul d’Espagne à Pau.
Comme je suis un homme libre, entre la fin de mon premier mandat et juste avant de commencer, si vous le décidez, le second, je vais, à titre personnel, vous tenir des propos qui vous paraîtront peut-être excessifs, mais qui me tiennent à cœur. 

Car enfin, qui est excessif ? De qui se moque-t-on ?

Je lis dans la presse d’hier que la suspension des sondages sur le tracé de la route Oloron -Lescar est un sursis. Sa réalisation signifierait-elle la mort d’Arbus? Serions-nous les bourreaux. Selon un scénario bien orchestré, quelqu’un en ajoute une deuxième couche aujourd’hui, disant, bien sûr, qu’il est urgent de ne rien faire.
Soyez assurés que la troisième couche, la quatrième et les autres sont prêtes.

Et pourtant, imitant Galilée devant le tribunal de l’inquisition, répétant inlassablement:  » et pourtant elle tourne », nous continuerons à dire et à redire que c’est la réalisation de cette route qui va sauver des emplois, qui va sauver des vies humaines et qui va diminuer la consommation d’énergie fossile et la production de gaz à effet de serre.
Décidément, malgré la situation de notre pays, il y en a qui aiment le chômage et les accidents mortels. C’est à se demander si ce n’est pas leur fonds de commerce.
Un ancien ministre, aux ordres, vient même de laisser entendre qu’il faut arrêter la LGV à Bordeaux, préconisant donc implicitement la création d’un  » no man’s land » de 250km de large entre Bordeaux et Huesca, et abandonnant en rase campagne, sous le feu de la concurrence ravie, tout notre sud-ouest et une grande partie du nord de l’Espagne. A qui profiterait ce crime contre le bon sens ? Tout cela est en train de devenir un cauchemar désespérant et contre nature.

Heureusement, grâce à l’amorce de désenclavement que nous avons pu obtenir par la force de nos convictions, je viens de vivre, dans notre Béarn, quatre expériences réconfortantes :

1) Un expert missionné par la communauté d’agglomération de Pau est venu rendre compte de son analyse des forces et faiblesses de notre territoire. J’en ai tiré la conclusion que dans un pays qui dispose de tant de chercheurs de très haut niveau et d’un outil analytique et statistique exceptionnel, le rapprochement du coût du chômage (100 milliards d’€ en 2012), du déficit de la balance commerciale ( 7 milliards d’€ en 2012) et de l’augmentation de l’épargne sur le livret A (30 milliards d’€ en 2012, malgré la baisse du pouvoir d’achat de 0,9%)  peut se faire et doit permettre de trouver des marges de manœuvre pour bâtir une politique volontariste de résorption du chômage et d’aménagement du territoire, sans augmenter la dette et les déficits, bien au contraire.
2) Vendredi dernier, lors du tremplin des Polyphonies, pendant le festival des Transhumances à Laas, j’ai vu l’animateur-chanteur du groupe qui venait de gagner le premier prix réunir sur scène les 45 concurrents et réussir, en quelques minutes, à les faire chanter avec les 3000 spectateurs d’une seule voix et sans note discordante. Cela semble incroyable, mais c’est possible en Béarn.
3) Samedi dernier, au stade du Hameau à Pau, j’ai vu 13000 spectateurs unanimes, sans une voix discordante, pousser son équipe à la victoire. Cela semble incroyable, mais c’est possible en Béarn.
4) Hier soir à Lasseube, Yves Coppens, professeur au Collège de France, immense paléontologue de renommée mondiale, a donné une conférence devant des élus de toutes sensibilités et devant une salle comble et subjuguée. Son message d’optimisme sur l’avenir de l’humanité et sur sa capacité à maîtriser le progrès sans céder à la tentation de l’immobilisme a laissé sans voix les quelques passéistes peureux qui s’étaient glissés dans la salle.

Alors, aujourd’hui, revigoré par ces quatre exemples, j’ose donner mon point de vue qui, je le pense et malgré les apparences, reste dans le droit fil de la mission de BAP. (…)

… Je lance un appel solennel à tous les décideurs de notre région qui voudront bien m’entendre, car nous, Béarnais, pouvons jouer un rôle moteur, compte tenu de notre situation particulière :
– Définissons ensemble un territoire expérimental, limité mais naturel, par exemple la Bigorre et le Béarn.
– Décidons, sur ce territoire, de tout mettre en œuvre pour faire baisser la barre du chômage à 5%.
– Repoussons à une date ultérieure tous les autres objectifs. (…)

 Faisons de l’ensemble Tarbes, Lourdes, Orthez, Oloron, Pau une conurbation, à terme, de 800.000 habitants qui sera au centre d’un carré dont les sommets seront Saragosse, Toulouse, Bordeaux, et l’ensemble Bayonne, Biarritz, San Sébastien, Bilbao. Réalisons avec ardeur et en prévoyant les réserves foncières, les infrastructures cohérentes avec cette vision et qui permettront aussi de connecter ensemble les cerveaux.

Comme nous réussirons, cela servira d’exemple et pourra être transposé. Et en même temps que nous atteindrons notre objectif unique de ramener le chômage à 5%, nous constaterons que la cohésion est revenue dans notre société et que nous avons obtenu des résultats dans le domaine de l’écologie vraie, celle qui est au service de l’être humain, toujours debout et toujours vivant.

Faisons en sorte, tous ensembles, que le cauchemar actuel se transforme, non pas en rêve, mais dans cette réalité que j’appelle de mes vœux. (…)

Pierre Saubot.

– par Hélène Lafon