L’article de PierU « La Palombe bleue en sursis » qui évoque la fin prochaine du train de nuit qui dessert Pau, mérite d’être élargi au problème plus global du transport par rail qui est dans une situation financière calamiteuse sans que là aussi, aucune mesure sérieuse ne soit prise par les élus.
Il faut tout d’abord rappeler l’organisation générale. Elle comprend trois établissements publics indissociables : SNCF, SNCF Réseau, SNCF Mobilités.
SNCF est la Direction de l’ensemble et en assure la cohérence.
SNCF Réseau (ex RFF) Comme son nom l’indique gère le réseau. Endetté au delà du supportable :
« C‘est un monstre qui grossit quasi mécaniquement d’environ 2 à 3 milliards d’euros par an. Parmi les « dettes cachées » de l’Etat français, celle de la SNCF fait figure de gigantesque bombe à retardement. Depuis la fin des années 90, elle est passée d’un peu moins de 30 milliards d’euros à plus de 50 milliards, dont 42,2 milliards logés dans SNCF Réseau » ( L’Expansion Juin 2016) Et bien sûr aucun dirigeant politique pour avancer la moindre solution on passe la patate chaude au suivant…
SNCF Mobilité assure l’exploitation des transports ferroviaires. Avec trois composantes SNCF Voyageurs, SNCF Logistics (le fret) Keolis (transport européen et mondial)
Dans SNCF Voyageurs, on peut distinguer trois domaines : les TGV, qui survivent tant bien que mal financièrement (on n’en dira pas plus…), les lignes Intercités, subventionnées par l’Etat, et les TER, « organisés » et subventionnés par les Régions.
Les lignes Intercités
Depuis 2011, la fréquentation des lignes Intercités a baissé de 20% et le déficit devrait dépasser 400 millions d’euros cette année. Il existe 22 lignes TET de jour et 8 lignes TET de nuit. Concernant les trains de nuit, qui représentent 25% du déficit alors qu’ils ne transportent que 3% des passagers, le gouvernement annonce son désengagement de 6 des 8 lignes existantes. Il préserve Paris-Briançon et Paris-Rodez-Latour-de-Carol. (Sud Ouest)
Concernant les trains de nuit, «plus de 100 euros de subvention publique» par billet vendu, a souligné le secrétaire d’État aux Transports lors d’une conférence de presse, disant «rester à l’écoute de toute offre de reprise» ou «de financement tiers, c’est-à-dire par les régions».
Qui veut payer pour la Palombe Bleue ?
Les TER
Ce sont les Régions qui en assurent la gestion, contractuellement avec SNCF Mobilités
On pourra relire : « Mon cher TER, pas si ecolo que ça… » AP du 18/1/2010. Evidemment fortement déficitaires à cause d’un remplissage moyen beaucoup trop faible (moins de 30%) et une subvention par billet autour de 70% à charge des Régions qui achètent aussi les trains.
Je ne parlerai pas du fret dont on connaît la situation calamiteuse, moins de 10% de part de marché avec une baisse de 31% dans la période 2002 / 2013. On le voit, la situation est intenable sur tous les fronts. La première cause est bien sûr la mauvaise productivité de la SNCF. Trop de personnel et trop peu de productivité. Mais le courage manque à nos élus. Qui s’attaquera enfin à ce bastion ?
Mais la productivité ne fera pas tout. Il faut en même temps contrer le concurrent peu écologique : la voiture particulière. D’où une nécessité absolue d’une taxe carbone forte sur les carburants. Mais là aussi, absence de courage de nos élus, pourtant il était très facile de profiter de la baisse du prix du brut… Et ce n’est pas l’ouverture à la concurrence qui inversera rapidement les tendances. En attendant, les lignes fermeront, les automobiles continueront à réchauffer le climat et émettre des particules fines, et le contribuable continuera à payer.
Daniel Sango