CAC 40 : au bonheur de l’Etat

evolution cac  Dans cette période de fièvre jaune, les contre vérités sont reines, y compris sur des media nationaux donneurs de leçons. Comment faire un « Grand Débat » intelligent et constructif alors que les bases de l’économie sont absentes ?

 « CAC 40: au bonheur du capital » tel est le titre de l’article de Médiapart du 9/1/2019 : « En 2018, les groupes du CAC 40 ont versé 57,8 milliards d’euros à leurs actionnaires, soit la moitié de leurs profits. Ces sommes ne se retrouvent pas dans le financement de l’économie, malgré ce qu’avait assuré le gouvernement lors de sa réforme sur le capital. La théorie du ruissellement disait pourtant le contraire.

Cela devait tout changer. Lorsque le gouvernement français avait présenté à l’été 2017 sa réforme de la fiscalité sur le capital, la suppression de l’ISF (impôt sur la fortune), l’instauration de la « flat tax » sur les revenus du capital, il avait justifié toutes ces mesures au nom du financement de l’économie. La libération du capital devait permettre de relancer la machine économique, les investissements, l’innovation, les emplois. Au terme d’un an de mise en œuvre de ces réformes, les premiers chiffres commencent à tomber. Comme l’avait dit le gouvernement, cela ruisselle, cela ruisselle même abondamment. Mais pour une seule catégorie : les détenteurs de capitaux. » Mediapart 9/01/2019

On retrouve ce genre d’affirmation par exemple sur le site d’OXFAM, ONG bien connue : « Depuis 2009, les entreprises du CAC 40 ont versé plus de 407 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires et près de 51 milliards d’euros versés en 2017. Les entreprises françaises sont les champions du monde des dividendes et de loin les premiers en Europe. Loin des discours ambiants, la France est compétitive pour ceux qui veulent s’enrichir au détriment d’un intérêt collectif, et d’une juste répartition des richesses. »

Et nos menteurs professionnels ne s’en privent pas, comme le plus menteur d’entre eux : Jean-Luc Mélenchon, invité de l’Emission politique sur France 2, qui s’y est collé : «Aujourd’hui, les grandes sociétés de notre pays payent à peine 8% d’impôt. Alors que c’est 33%, alors que les petites boîtes payent 30%.»(Libération 24/10/2017)

Bel exemple d’information tronquée et orientée que l’on retrouve sur les media du service public : honteux.

Pour verser 57,8 Milliards de dividende, les entreprises ont dû faire des bénéfices, il traîne depuis des années de fausses informations laissant croire que les sociétés du CAC 40 ne payent pas d’impôt : faux comme le démontre le tableau ci dessous comparant les différentes tailles d’entreprises et extrait d’un article de Libération, comme quoi il existe encore des vrais journalistes… même à gauche.

https://www.liberation.fr/politiques/2017/02/24/les-entreprises-du-cac-40-imposees-a-8-les-pme-a-30-pourquoi-ce-n-est-plus-vrai_1544531

tableau imposition

On y voit clairement que l’ordre de grandeur de l’imposition est le même quelle que soit la taille de l’entreprise. Pourtant les sociétés du CAC 40 réalisent une grande partie de leurs profits à l’étranger contrairement aux petites entreprises.

« sans compter que le taux d’imposition implicite ne prend en compte qu’un tiers du poids total de la fiscalité des entreprises ». (Libération du 24/2/2017)

Mélenchon, Médiapart et OXFAM et les autres devraient mieux s’informer…

Pour ceux qui voudraient creuser le sujet, le taux implicite d’imposition est la méthode usuellement mobilisée par les organismes internationaux (Eurostat, OCDE) et la Direction générale du Trésor.

Lire page 19 : https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/EzPublish/20170112-rapport-particulier-3-taux-implicites.pdf

Mais en plus, d’où vient et où va cet argent ? En première approximation si les entreprises du CAC 40 ont distribué 57,8 milliards aux actionnaires, le bénéfice total avant impôt était le double soit environ 100 milliards et l’Etat a empoché en amont 30 milliards d’euros d’impôt sur les sociétés (en fait bien plus comme dit plus haut).

Mais ce n’est pas fini puisque en gros la part française va être imposée aux actionnaires individuels par la flat tax à 30% soit 9,8 milliards (les étrangers possèdent 43% du capital des sociétés du CAC 40).

En plus il faut rajouter la part qui revient à l’Etat en tant qu’actionnaire : 2,8 milliards en 2017 (Capital 5/11/2018)

Donc aujourd’hui les bénéfices du CAC 40 qui reviennent à l’Etat sont supérieurs à 40 milliards d’euro !

En fait, et de très loin, c’est l’Etat qui rafle les profits du CAC 40 qui sont bien sûr réinvestis en totalité dans l’économie (enfin… via notre immense dépense publique), contrairement à ce que voudraient faire croire certains media et hommes politiques.

Il faut de plus noter une tendance à l’augmentation de la part des français dans le CAC 40. C’est l’Etat, par le biais de la fiscalité, qui profitera aussi de cette part supplémentaire qui ne partira plus à l’étranger.

Il faut surtout relativiser ces dividendes comme le dit Pascal Quiry dans Libération (9/01/2019) : «Le versement d’un dividende ne vous enrichit pas plus que le retrait de billets à un distributeur ne vous enrichit, vous avez simplement transformé en liquide une partie de votre patrimoine. Ce qui compte, c’est que les entreprises françaises se portent bien.»

Cette image n’est pas comprise par beaucoup de citoyens, sauf par les actionnaires qui voient la valeur de l’action baisser du montant du dividende le jour de la distribution…

Ce n’est pas le cas pour l’employé qui perçoit l’intéressement, d’autant que sa prime n’est pas négative quand les résultats ne sont pas bons…

Pour l’actionnaire, il est un facteur majeur qu’il faut d’abord prendre en compte, c’est l’évolution du capital, et en 2017 le CAC 40 à baissé : « en revanche, la valeur boursière des 40 premières entreprises françaises aura globalement diminué de 10,95% l’an dernier ». Une perte bien plus importante que les dividendes nets … pourquoi ne pas le dire ?

Il faut rajouter que si l’ISF, impôt stupidement et seulement français existait, l’actionnaire aurait à payer 1,5% de son capital, histoire d’augmenter ses pertes…

On le voit, les affirmations économiques qui traînent dans des media nationaux sont tronquées ou fausses, comment dans ces conditions organiser autre chose qu’un défouloir, un déballage, bien loin d’un vrai débat ?

Daniel Sango

Disqualification

Habituellement, ce terme de disqualification est utilisé dans le langage sportif. Ici, il concerne plutôt le monde des politiques objet d’un discrédit persistant. Les gilets jaunes les conspuent et osent s’attaquer à leur image. Les élus de tous niveaux sont-ils vraiment conscients de l’ampleur de ce rejet ?

Que des permanences de députés soient l’objet de dégradations, que certains, et il faut le regretter, se voient adresser des menaces, qu’un ministre doit être exfiltré pour garantir sa sécurité physique est déjà symbolique. Cependant il existe d’autres éléments d’appréciation qui viennent confirmer cette ambiance. Ainsi dans le Journal du dimanche du 6 janvier 2019, figurait un sondage de l’IFOP donnant des résultats significatifs. Questionnés sur les cinq mesures qu’ils jugent les plus importantes à prendre, les sondés répondaient :

-82 % réduction d’un tiers du nombre des parlementaires ;

-80 % prise en compte du vote blanc lors des élections ;

-80 % référendum d’initiative citoyenne ;

-77 % rétablissement de l’I.S.F. (dont 61 % des LREM) ;

-74% la proportionnelle aux élections législatives.

Le fait que la diminution du nombre des parlementaires arrive en tête de ce classement avec un si fort pourcentage, est en soi bien évidemment lourd de sens. On peut toujours critiquer un sondage et dire qu’il ne reflète que l’opinion d’un instant, il n’en demeure pas moins qu’il traduit en la circonstance le sentiment que les parlementaires sont trop nombreux et partant inutiles.

Ce sondage présente un autre intérêt. Dans le fatras des revendications formulées par les manifestants, il faudra bien un jour savoir les classer par ordre d’importance et surtout de faisabilité. C’est un premier pas qui va dans ce sens. Il appartiendra, le moment venu à ceux qui sont en responsabilités de savoir en tirer parti.

Les maires qui se disent des élus de proximité très à l’écoute de leurs administrés ont ouvert des cahiers de doléances accessibles à qui veut. Ils recueillent par ce moyen, sinon toutes les revendications, du moins les inquiétudes et insatisfactions de ceux qui osent s’y exprimer. Celles-ci sont à la fois diverses et bien souvent inattendues. Il faut bien admettre que si ces édiles avaient réellement été à l’écoute des préoccupations de leurs administrés, comme ils le prétendent, et avaient su être entendus au plus haut niveau, il n’auraient pas eu besoin de cet artifice pour connaître ce qui motive la colère actuelle. Enfin en se prêtant à cet exercice, ils répondent à une demande du pouvoir central. Nul doute que cette démarche, aussi honorable soit-elle, ne débouchera pas sur grand chose. Seront-ils alors les plus qualifiés ?

Alors puisqu’il faut écouter le citoyen, a été réactivée sous le présidence de Chantal Jouanno, la Commission Nationale des Débats Publics (CNDP), qui a pour but de récolter toutes ces revendications. Une vaste consultation qui va coûter au contribuable la somme de 4 millions d’euros. Si l’ex ministre ne réussit pas elle aura de quoi se consoler avec un traitement digne des plus grands de la République. Ce qui, d’ailleurs au moment où les principales préoccupations des gilets jaunes portent sur le pouvoir d’achat ne manque pas de piquant. Bon courage à elle ! Il faut souhaiter pour la réussite de l’entreprise, qu’elle ne soit pas déjà disqualifiée.

Mais pour être honnête, il convient de ne pas oublier de dire qu’en exerçant des violences inadmissibles, les gilets jaunes nuisent à leur propre image et entrent eux-mêmes dans la spirale de la disqualification. Il faut maintenant que ces mouvements de foules incontrôlées par les organisateurs cessent et que s’ouvre le temps du dialogue. Mais les conditions sont-elles réellement réunies ?

De notre côté, à Pau, on entend François Bayrou qui, à l’occasion de ses vœux, affirme que les politiques ne sont pas responsables de la situation actuelle. On va le croire par politesse et parce que c’est le début de l’année. Samedi dernier 5 janvier, les gilets jaunes sont allés déranger les deux députés du coin, Josy Poueyto et Jean-Paul Matteï. Ils étaient en train de présenter leurs vœux à ceux qui méritent leurs égards dans un hôtel palois. Plus tard,  Matteï dira, lors d’une interview à France Bleu Béarn, qu’il fera tout pour être à l’écoute de ses concitoyens. En y pensant plus tôt, il n’aurait pas pris le risque d’être disqualifié.

Pau, le 7 janvier 2019

par Joël Braud

Etat d’urgence, mesures d’urgence ?

L’urgence est palpable. Le pays a peur. Les affrontements ont déjà fait quatre morts et plusieurs centaines de victimes. Le second personnage de l’Etat déclare « Il faut sauver la République ». Loin de moi la volonté de jeter de l’huile sur le feu. Bien au contraire je pense que cet appel est exagéré s’agissant du Sénat et que l’embrasement des lycéens relève de la contagion et non de l’urgence. Mais, même s’il reste à perfectionner le fonctionnement de parcoursup, il n’y a pas de quoi perdre un œil ou une main. Cependant, il y a urgence à apaiser le pays et à restaurer son image.

Comme beaucoup, je pense qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Il vaut mieux filtrer que bastonner et lancer des grenades lacrymogènes. Les gilets jaunes eux-mêmes ne peuvent refuser qu’on les sépare des casseurs venus pour vandaliser, voire blesser ou tuer ; c’est leur intérêt devant l’opinion. Celle-ci ne verra sans doute pas d’inconvénient à ce que pour une journée et une nuit ces opérations de filtrage et de fouille soient menées. Le pays a connu ces dernières années des périodes d’état d’urgence bien plus étendues. Que l’armée monte la garde devant les lieux marquants de nos institutions s’ils sont menacés et que cela permette de libérer la police pour de véritables actions de maintien de l’ordre (qui ne sont pas du rôle de l’armée, c’est entendu) ne serait pas considéré par la majorité des citoyens comme une menace sur nos libertés. Et si cela permet d’éviter l’exaspération des forces de police et des manifestants, tant mieux.

Mais l’apaisement est à trouver ailleurs. Il serait venu bien plus sûrement si l’exécutif n’avait pas distillé au compte-gouttes ses concessions et s’il l’avait fait plus tôt. Maintenant il ne lui reste que peu de munitions.

D’autant que la colère est diffuse et tient à de multiples facteurs, le moindre n’étant pas l’exaspération de n’être pas considéré. Mais il y en a bien d’autres, exprimés ouvertement ou non : la difficulté de boucler les fins de mois pour les plus pauvres, la frustration devant les tentations de la société de consommation, l’impossibilité de se munir d’un véhicule ou de le renouveler, la grogne devant la multiplication des amendes ou les limitations de vitesse, l’indignation contre des revenus « dingues » de grands patrons. Il faudrait des centaines de voitures électriques offertes aux communes isolées pour que M. Carlos Ghosn fasse oublier ses faramineux émoluments. Il y aurait-là cependant matière à développer une solidarité qui se manifeste ici ou là.

La promesse d’une remise à plat de la fiscalité reste le principal élément à mettre en jeu pour que la crise ne s’aggrave pas. Mais elle prendra du temps. Et le refus par M. Macron de revenir sur l’abrogation partielle de l’ISF ne va pas faciliter les choses. Il lui reste cependant une possibilité qui lui permettrait de ne pas trop se déjuger : abandonner, au moins provisoirement, la mise en place du prélèvement de l’impôt à la source. Cette mesure pénalise les entreprises, surtout les petites, et inquiète les personnes qui emploient des aides ménagères ou de santé. Personne n’a encore vu en quoi la charge de fonctionnement du ministère des finances en serait soulagée (ce serait cependant logique). L’abandon pourrait être justifié par le constat que faire de 2018 une année blanche est inéquitable. Cet abandon, à l’inverse de l’abandon partiel de l’ISF, apporterait de l‘équité et donnerait un caractère social qui manque à la politique gouvernementale ou à son appréciation jusqu’ici (mettons à part le dédoublement des classes fréquentées par les enfants des secteurs défavorisés et la baisse de la taxe d’habitation). En effet, dans le dispositif prévu, les revenus financiers de 2018 sont moins taxés que lors des autres années. Cela apparaît comme un cadeau aux riches, même si ce n’en est pas un. A l’inverse, une personne ayant eu une perte d’emploi ou une baisse d’activité ou de revenus peut se sentir lésée par cette année blanche. Il en est de même pour les couples qui se sont mariés en 2018 et qui ne pourront bénéficier de la réduction d’impôt qu’apporte le bénéfice de deux parts. Un dispositif de lissage sur plusieurs années, en particulier pour l’ISF, permettrait un compromis raisonnable. Mais dans le contexte actuel, l’important serait que la mesure pourrait être annoncée pour l’immédiat et aurait un caractère apaisant.

Une autre menace est bien présente : le dérèglement climatique. Il faudra bien prendre le problème à bras le corps et de manière urgente. Ne remplissons pas les abris d’urgence, les hôpitaux et les prisons si nous pouvons éviter des désastres. Il y a mieux à faire.

Jean-Paul Penot

En sortir

La France est dans une mauvaise passe. La colère gronde, l’entêtement pointe son nez, la contagion gagne, l’économie souffre. Comment écarter tant d’insatisfactions ?

M. Macron est intelligent et sans doute plus inspirant que bien de ses prédécesseurs, mais il commet des maladresses : le « pognon dingue », la « traversée de la rue », et moins remarquée, la listes des pays visés par lui pour l’armée européenne : fallait-il les désigner nommément alors qu’on célébrait l’aide de nos alliés lors des derniers conflits mondiaux ?

Par-dessus tout, son manque de réactivité lors du début de la crise que nous connaissons va lui coûter cher politiquement. Les mesures adoptées aujourd’hui vont apparaître bien tardives et insuffisantes. Et la transition écologique risque d’être la grande victime de la tension.

Chaque partie doit pouvoir sortir la tête haute du conflit. Mais avec humilité et compréhension. La souffrance de celles et ceux qui bloquent les carrefours doit être comprise et soulagée. Mais le sort de la planète ne peut être oublié. Les victimes des inondations, des incendies et des pollutions ne nous le pardonneraient pas. Ni nos enfants.

Aussi, nos gouvernants doivent plaider au plan européen et au plan mondial pour un effort sans précédent pour la lutte contre le réchauffement climatique et contre l’injustice fiscale et sociale. Les grandes compagnies internationales doivent payer des impôts dans les pays dans lesquels elles font des profits. Le kérosène des avions doit être taxé au moins autant que les carburants pour voitures : n’est-il pas choquant de voir des offres pour des voyages aériens à des prix (10 ou 15 euros !) de l’ordre du coût de la traversée en voiture d’un département comme le nôtre (sans compter les péages d’autoroute et l’entretien de la voiture). Il faut aussi taxer le fioul lourd des porte-conteneurs ; ce serait plus juste que des hausses de droits de douane et plus favorable à une consommation locale. Enfin, il faut freiner le transport routier qui endommage nos routes, les encombrent et surtout polluent l’atmosphère. N’avez-vous pas entendu que les restrictions de carburant dans certaines régions (en Bretagne notamment) sont de 30 litres pour les voitures et de 200 litres pour les poids lourds. N’est-ce pas éclairant ?

Il faut aussi revenir sur l’abandon de l’ISF sur les revenus financiers. Il est un moyen qui permettrait de ne pas perdre la face en attendant une remise à plat équitable : remplacer la partie de la taxe carbone qui ne va pas à la transition énergétique (c’est-à-dire la plus grande partie) par une taxation normale des revenus exceptionnels de l’année 2018. Ces revenus sont essentiellement des revenus financiers, pas des fruits du travail. Or, pour faire passer la pilule du prélèvement à la source (qui est une vraie pénalisation des employeurs) le gouvernement a décidé un allègement des impôts sur ces revenus. Cet allègement représente un manque de rentrées conséquent pour l’État alors que de petites gens, et en particulier des retraités, voient leur CSG alourdie. Un comble ! Certes il faudrait donner du temps pour lisser ce prélèvement afin de ne pas plomber ponctuellement ceux qui auront à le payer. Mais il y aurait là un geste qui serait compris de la population.

Bien d’autres mesures seraient appréciées, comme des transports publics ferroviaires ou routiers à la périphérie des villes afin d’éviter des engorgements, de la pollution et des frais. Ou encore la réduction du mille-feuilles administratif et des doublons qu’il engendre.

Dommage que le gouvernement n’ait pas saisi à temps la proposition syndicale d’une large concertation avant l’explosion. L’image du pays en est marquée.

Paul Itaulog

Pas de beau cadeau pour les gilets jaunes

    Les revendications des gilets jaunes ressemblent maintenant à une litanie où on retrouve pèle mêle toutes les plaintes possibles, bien loin d’ailleurs d’être toujours justifiées. Mais que peut faire la France, pays parmi les plus généreux au monde, dont tous les voyants sont au rouge ?

Les français sont trop taxés, ce n’est pas une nouveauté, avec plus de 48% du PIB de prélèvements obligatoires nous sommes champions du monde (OCDE) des prélèvements et le ras-le-bol fiscal est là.

En contrepartie, nous sommes aussi champions du monde de la dépense publique, qui continue d’ailleurs à augmenter avec près de 58,4 % du PIB. Au passage il faut arrêter de qualifier les gouvernements français de libéraux, c’est tout le contraire, les vrais libéraux s’étranglent…

Mais le problème est bien plus compliqué car depuis 42 ans, nous avons été incapables de présenter un seul budget de l’Etat en équilibre, si bien que notre dette frôle les 100 % du PIB, et va bientôt les dépasser car toujours pas de budget en équilibre alors que les bons élèves de l’Europe y arrivent.

Comble de problème, la France a un taux de chômage très élevé, bien plus que ses voisins allemands, danois ou suédois et il tarde à baisser significativement. Taux de chômage incroyable dans un pays qui n’arrive pas à pourvoir ses postes dans la restauration, la mécanique ou l’informatique… Un pays qui doit faire appel à la main d’œuvre étrangère pour vendanger ses immenses vignobles ou ramasser les fruits des vergers… Bizarre… C’est la prochaine réforme.

Pour couronner le tout, la balance commerciale française est très gravement déficitaire, 62,3 milliards d’euro en forte hausse par rapport à 2016 (48,3 milliards) et c’est l’Allemagne qui supporte la valeur de l’euro.

On entend sur les giratoires des propositions, hélas toutes plus stupides et inefficaces les unes que les autres.

« Yaka taxer plus les entreprises… » le résultat est immédiat, les grands groupes déplacent leur siège social en Hollande ou encore mieux en Irlande où la pression fiscale est bien moindre. Les Start up font de même : bénéfice ? Non perte.

En complément, les PME a priori moins mobiles ne sont plus compétitives et continuent leur déclin…

« Yaka taxer les riches, rétablir l’ISF… » Ils oublient que l’ISF est un impôt qu’on ne trouve qu’en France, impôt au demeurant très contestable puisqu’il impose tous les ans des biens dont la valeur a déjà été taxée par l’impôt sur le revenu. On connaît le résultat, une grosse fortune qui souhaite changer de lieu de résidence fiscale obtient la nationalité Monégasque, Suisse, voire Russe immédiatement. Les impôts vont ailleurs… là encore il faut admettre que nous sommes dans une économie mondialisée.

L’exemple le plus caricatural se trouve dans mon article « Coupe Davis : la Suisse bat les Suisses » AP du 26/11/2014. J’y écrivais : « Ce dernier week end était l’occasion d’une rencontre de tennis entre Suisses. La totalité des joueurs et même certains non joueurs français sont résidents dans le secteur de Genève : Gilles Simon et Richard Gasquet (Neuchâtel) Jo-Wilfrid Tsonga et Gaël Monfils (près de Nyon) Julien Benneteau et Arnaud Clément (Genève) comme Guy Forget et Arnaud Boetsch (ancien joueur et commentateur sur France Télévision) …etc. »

Plus proche de nous, et seulement pour la Suisse, Challenges dresse cette semaine un bilan très partiel, uniquement pour les très riches : « Ils sont 54 résidents français en Suisse dont la fortune cumulée dépasse les 100 milliards de francs suisses (soit 88 milliards d’euros).

Le magazine note même que, pour cause de durcissement des règles de transmission, ces résidents font aussi venir leurs enfants, pour échapper à des taux de prélèvement qui peuvent atteindre chez nous 45% en ligne directe, alors qu’ils sont cinq à six fois moins élevés en Suisse. »

On peut y rajouter la Belgique : « La Belgique accueille près de 20 des 100 plus grosses fortunes françaises, et les Français détiennent au moins 17 milliards d’euros dans ce pays » (Libération). Et bien d’autres…

Les Suisses les Belges, les Anglais se gavent de notre stupidité fiscale. Alors, on continue, on fait fuir tous les riches ?

Il n’existe pourtant qu’une solution pour avoir une marge de manœuvre, et Macron ne l’a toujours pas mise en œuvre : la diminution de la dépense publique. Mais une vraie diminution, pas comme aujourd’hui la baisse de l’augmentation…

Et des domaines d’économie il y en a plein. Il suffit de relire les rapports de la Cour des Comptes.

A commencer par le nombre pléthorique de fonctionnaires. Un objectif de suppression de 500 000 postes et du statut de fonctionnaire est tout à fait atteignable sans que rien ne change pour le fonctionnement ( « Cinq cent mille postes de fonctionnaires en moins, c’est un minimum ! » AP du 9/4/2017) On ne relira jamais suffisamment le discours de 2009 de Philippe Seguin alors Président de la Cour des Comptes :

 « Cela n’empêche pas de reconnaître que la décentralisation a également généré des coûts qui n’ont pas de réelles contreparties pour les citoyens.

La décentralisation a en effet démultiplié les niveaux de décision, les structures administratives et les doublons. C’est le fameux mille-feuille administratif. On dénombre aujourd’hui plus de 36 000 communes, 100 départements, 26 régions et 16 000 structures intercommunales. Circonstance aggravante : l’État n’a pas su adapter en conséquence ses propres services déconcentrés, comme en témoigne le bilan en matière d’effectifs.

Les mesures de décentralisation engagées depuis les années 1980 auraient dû en effet se traduire par un allègement corrélatif des effectifs de l’État.

En 1980, on dénombrait 2,1 millions de personnes dans la fonction publique d’État et 1,1 million dans la fonction publique territoriale. En 2006, on en dénombrait plus de 2 millions et demi dans la fonction publique d’État (400 000 de plus !) et plus de 1,6 dans la fonction publique territoriale (1/2 million de plus), soit une augmentation en 25 ans d’à peu près un million de personnes dans les deux fonctions publiques.

Ces chiffres en disent plus que de longs discours.

Les collectivités territoriales ont de leur côté procédé à des recrutements supplémentaires, pas forcément rattachables à l’exercice des compétences nouvelles.

On a ainsi constaté une forte progression des effectifs dans les échelons territoriaux qui n’étaient pas concernés au premier chef par les changements induits par la décentralisation, notamment les communes. Entre 1980 et 2006, les effectifs des communes ont augmenté de plus de 47 % ; ceux des intercommunalités de 147 %. »      (Philippe Seguin 29 Oct 2009)

Et cela a continué jusqu’en 2016…

Bien évidemment il faudra supprimer deux niveaux dans notre mille-feuille : les communes et les départements et dimensionner les intercommunalités pour qu’elles représentent le vrai bassin de vie.

Mais pour en revenir aux gilets jaunes, la situation économique de la France n’a pas l’air de les concerner vu les énormités qu’on entend sur les barrages.

Il faudrait aussi mettre en avant que ces manifestants ne payent pas d’impôt sur le revenu, ne payent pas de taxe d’habitation, disposent d’aides innombrables que je ne pourrais toutes citer.

Certes il faut continuer à améliorer les revenus des Français mais cela ne peut passer que par plus de travail, moins de chômage et cela prendra du temps.

Et pour la fin du monde…on y va tout droit.

 Daniel Sango

Complément du 4/12 au matin

Hier le Premier ministre a reçu les responsables politiques. Quand on voit les propositions des uns et des autres c’est pitoyable. Bon pour les extrêmes c’est habituel. Mais comment peut on proposer un référendum pour la droite ?

D’ailleurs je suis frappé par l’incompréhension par les français de la stratégie Macron, pourtant d’une logique parfaite.

Aujourd’hui les finances publiques ne permettent aucune marge de manœuvre l’objectif prioritaire est la lutte contre le chômage qui, en augmentant l’activité et diminuant la charge immense de son indemnisation permettront de diminuer impôts et taxes. Cercle vertueux. Et il n’y a pas d’autre voie !

Ce qui est incroyable c’est que les macronistes sont incapables d’expliquer cela clairement.

Et ce qui est tout aussi incroyable c’est que les gilets jaune ne mettent jamais en avant (et souvent pas du tout comme ce matin sur France Inter) le problème du chômage.

Bien sûr ils ne sont pas très aidés dans l’apprentissage de l’économie quand on entend Ruffin ou Le Pen. Pourtant il leur suffit de regarder ce qui s’est passé dans le monde:

– les fanfaronnades gauchistes de Mitterrand, avec un demi-tour à 180° au bout d’un an

– la honte de la gestion type France Insoumise au Venezuela

– les immenses déboires de l’Argentine

– plus près de nous, la Grèce, ou Tsipras fut élu permettant à Mélenchon d’afficher une joie débordante. Quelques mois après, devant la réalité du monde il baissait (entre autres) les retraites de 10%

Ce qu’il faut faire en France est connu cela se passe à côté de chez nous, en Suisse, en Allemagne, au Danemark, en Suède, …etc

Ces positions disqualifient définitivement ces partis extrémistes (et les autres qui font de la politique politicienne) et les gilets jaunes qui devraient profiter de leurs temps libres sur les ronds points pour étudier l’économie.