Bien-pensance

imgresDepuis plusieurs jours déjà, les médias se livrent, unanimement, à une surenchère
délirante à propos de l’arrivée, à bord de plusieurs bateaux abandonnés par leurs équipages et lancés à « toute vitesse » vers les côtes italiennes, de nombreux immigrants venant du Moyen Orient.

 Soyons sérieux !

La Turquie est séparée de la côte italienne de l’Adriatique par environ 3 000 kilomètres d’un trajet maritime parsemé d’une multitude d’îles, d’îlots, de hauts fonds…C’est à dire d’obstacles au milieu desquels il faut slalomer continuellement. Quant à la « toute vitesse » d’un vieux cargo, c’est 15 à 20 nœuds. Soit 25 à 35 km/heure. Et donc, au delà du fait qu’ à cette vitesse modeste, un « atterrissage » aurait été cependant indiscutablement très destructeur, la vrai question est de savoir par quel miracle, trois fois répété, ces bateaux, soi-disant « désemparés, se sont retrouvés face aux côtes italiennes plutôt que celles d’Espagne ou de Tunisie? Quant au fait que l’un d’eux était un transporteur de bétail. Ce détail a t-il pu échappé à ceux qui sont montés à son bord ?
La réalité est que l’Europe est aujourd’hui soumise à un véritable chantage! Chantage auquel
concourt aussi cette « bien-pensance gratuite » des médias et qui constitue ainsi un formidable
appel à amplifier encore ce mouvement.
Soyons sérieux !
Nous sommes, encore, plus favorisés que nombre de pays qui nous entourent. Nous avons un devoir de solidarité à leur égard. Pour autant, aujourd’hui, est-il acceptable qu’ on ne nous demande plus une cigarette mais qu’on l’exige ? Et demain. Quand nous n’aurons plus de cigarette !

Maurice Meireles – PONTACQ

« En général, les gens intelligents ne sont pas courageux, et les gens courageux ne sont pas intelligents. » Charles De Gaulle.

GVLe courage, on en parle beaucoup en ce moment comme d’une «vertu» que n’aurait pas notre Président de la République.

La France a-t-elle besoin de courage ou d’intelligence ?

L’intelligence est l’ensemble des facultés mentales permettant de comprendre les choses et les faits, de découvrir les relations entre elles et d’aboutir à la connaissance conceptuelle et rationnelle (par opposition à la sensation et à l’intuition). Elle permet de comprendre et de s’adapter à des situations nouvelles et peut en ce sens être également définie comme la faculté d’adaptation.

Le Courage est la fermeté, une force de caractère qui permet d’affronter le danger, la souffrance, les revers, les circonstances difficiles. C’est une valeur ambigüe car :

  • Le fanatique, le kamikaze, le terroriste, ne font-ils pas preuve de courage ?
  • Peut-on dire, avec Voltaire, qu’il n’est pas une vertu, mais «une qualité commune aux scélérats et aux grands hommes » ?

«Courage, fuyons» nous disait Daniel Sango faisant allusion sans doute au film d’Yves Robert qui illustrait ce paradoxe des habitudes sociales d’associer le « courage » à l’attaque et la « fuite » à la lâcheté.

Aristote, dans Morale à Eudème, disait que «le courage est la disposition moyenne qui tient le milieu entre la témérité et la lâcheté.» C’est donc un compromis qui, sans aucun doute, est une forme d’intelligence.

«Attaquer» sans :

  • avoir compris l’origine des choses et les faits.
  • avoir découvert les relations entre elles dans le temps et l’espace,
  • avoir abouti à la connaissance conceptuelle et rationnelle,

c’est de la fuite en avant vouée à l’incertitude et souvent à l’échec.

Le courage n’est une vertu que si elle est au service de l’intelligence.

Avant de se permettre la critique systématique de la politique française actuelle, il importe de remonter en amont.

Le passé est l’endroit où tu apprends des leçons ; le futur est l’endroit où tu appliques ces leçons. (proverbe)

>«Le philosophe américain Dick Howard, explique pourquoi il est vain de comparer sans relâche les différents pays européens, comme on le ferait pour des reines de beauté en concurrence : les anglais plus ceci, les allemands plus travailleurs, les italiens moins déprimés, etc. De même, il est bêta de mettre en opposition permanente les dits pays pour les classer par ordre de mérite.» J-C Guillebaud.

Toujours d’après cet auteur, chaque nation est caractérisée par une anthropologie, une histoire, une culture, des traditions, qui lui sont proches. Et qui font même son génie au sens collectif du terme. Il se trouve qu’en Europe, la France est le seul pays qui a été historiquement «fabriqué» par son Etat, et cela bien avant la révolution. En Allemagne, l’unité nationale est bien plus récente et moins «serrée». L’Italie n’a jamais eu d’Etat véritable. L’Espagne, comme le Royaume-Uni, sont encore des réunions de pays et ignorent le centralisme. On pourrait continuer la comparaison. Elle explique pourquoi quantités de choses ne peuvent pas être comparées.

Les Français entretiennent avec l’ETAT des rapports disons passionnels. On veut nous faire croire que c’est un vice rédhibitoire, alors que le monde nous l’envie et qu’il a fait les preuves de son rayonnement culturel depuis des centaines d’années.

En ce qui concerne la réussite allemande il est significatif de se pencher sur le fiasco du grand aéroport Willy Brandt à Berlin !

> Depuis des décennies la politique publique est sabotée :

  • On fait d’abord accumuler des pertes dans une société publique ; or, le secteur public n’a pas toujours été synonyme de mauvaise gestion : réussites techniques de la SNCF, bons résultats financiers du secteur public (12 milliards d’euros de bénéfices en 2004), jadis la SNPA, les autoroutes, Renault, etc.
  • Lorsque les déficits sont devenus importants, on décide d’isoler les foyers de pertes dans des structures qui resteront publiques ; la partie qui est destinée à être vendue est, elle, l’objet de toutes les attentions (hausses de tarifs, recapitalisations), qui permettent de la rendre attrayante. La structure bénéficiaire ainsi créée est généralement vendue à un prix d’ami. Aucune compensation ne devient possible.
  • Le bilan final de l’opération voit donc les contribuables et usagers subir des hausses de tarifs pour financer les pertes des sociétés restées publiques. Les heureux bénéficiaires jouissent, eux, de bénéfices en forte expansion.
  • Dans l’immobilier, en 2001, le domaine public devient aliénable : on peut brader le patrimoine national. En juillet 2004, la procédure d’exportation des œuvres d’art a été simplifiée par décret, ce qui permettra le départ à l’étranger d’un plus grand nombre de chefs-d’œuvres des collections privées françaises.
  • Les Etats souverains, ruinés, doivent vendre leurs bijoux de famille. En Grèce, c’est une part du capital d’OTE Telekom, la poste publique (Hellena Postbank), OSE, la compagnie ferroviaire, les ports du Pirée et de Thessalonique. En Italie les privatisations, commencées en 1995, sont poursuivies voire renforcées. En Grande Bretagne, Cameron a décidé de privatiser les routes anglaises et dans la foulée, le groupe postal Royal Mail.

C’est le triomphe en Europe d’un modèle «néolibéral» Les ingrédients de ce libéralisme sont connus : recul de l’Etat, diminution des impôts, privatisations, augmentation des bénéfices des actionnaires, baisse des salaires, des charges, de la durée et du montant des allocations chômage, augmentation des dettes. Loué pour son prétendu dynamisme, il entraîne toujours une forte aggravation des inégalités et un recul du social (pauvreté, chômage) et du culturel, l’art entre autre.

Dans une indifférence quasi générale, du fait de la concurrence chinoise et coréenne, les prestigieux Ateliers Pleyel fondé en 1807 par le compositeur Ignace Pleyel (1757-1831) ont annoncé l’arrêt de l’activité du site de Saint-Denis ».

A La Nouvelle-Orléans frappée par l’ouragan Katrina, Milton Friedman publia dans le «Wall Street Journal» un article dans lequel il demandait de profiter de la catastrophe pour transformer le système d’éducation. Il voulait privatiser les établissements scolaires pour les transformer en «écoles à charte» payantes. Cela fut fait. Les écoles publiques sont passées de 123 à 4 après la réforme. Chez-nous, les idées sont dans l’air à l’UMP, ailleurs sans doute !

La manœuvre consiste à provoquer, puis à profiter, de la fragilité d’une population ou d’un pays sinistré pour faire passer des réformes néolibérales. C’est le cas en ce moment où une campagne de grande ampleur est orchestrée par l’extrême droite et l’extême gauche pour démolir la politique actuelle de centre gauche.

Médias, citoyens, aboyeurs publics pour faire du buzz, devraient réfléchir et s’unir, pour ne pas tomber dans ce piège dont ils seront les victimes.

S’il est évident que des économies sont possibles et souhaitables comme :

+ Les dépenses de l’Elysée : réceptions, voyages, protection, nombre de hauts fonctionnaires, de conseillers, professionnalisation de la politique, etc…

+ Le grignotage significatif du millefeuille administratif.

D’autres pistes sont à suivre :

+ Pression significative sur les banques qui ruinent les petites entreprises.

+ Arrêt du Partenariat Public Privé : pour l’Etat, les collectivités locales et les contribuables présents et futurs, c’est la ruine. «Les loyers versés au privé reviennent au final à payer deux à trois fois plus cher le coût de l’équipement initial».
+ Changement de politique énergétique, monopole centralisé, dangereux et infiniment coûteux, etc.

Malheureusement, par leur formation «mondialiste», Intelligence et Courage ne font pas partie du curriculum vitae du politicien car :

«Le politicien se préoccupe de la prochaine élection, l’homme d’Etat s’intéresse à la prochaine génération» John Rawls philosophe américain , en 1997.

– par Georges Vallet

crédit photos:remacle.org