Au Mélies de Pau : « Un berger et deux perchés à l’Elysée ? »

berger « Un berger et deux perchés à l’Elysées ? », le film qui retrace la campagne de Jean Lassalle aux dernières élections présidentielles est actuellement diffusé au Mélies de Pau comme il l’est aussi à Tarbes. Cette sortie cinéma d’un documentaire complètement décalé, réalisé avec des moyens très réduits, auquel peu croyaient –ni l’establishment politique et encore moins les professionnels traditionnels du  cinéma- est en soi un exploit. Il est dû à la ténacité des deux réalisateurs Pierre Carles et Philippe Lespinasse. Son succès, inattendu pour beaucoup de bons esprits formatés, est fondé en premier lieu sur le héros de ce « road movie » inédit qui crève l’écran et qui donne tout son cachet à cet Ovni cinématographique. Démarche paradoxale mais aussi amusante, où l’on retrouve un « petit » candidat chaleureux et enthousiaste, qui détonne dans un monde politique médiocre, standardisé et désespérant ferraillant avec ses adversaires et un univers médiatique impitoyable à son égard.

Le film néanmoins a ses limites. Elles tiennent aux partis pris des deux réalisateurs qui, se mettant en scène, veulent absolument faire rentrer le berger de Lourdios-Ichère dans des cases préétablies qui leur appartiennent mais qui ne correspondent pas au personnage. Pierre Carles et Philippe Lespinasse le disent avec honnêteté : leurs conseils ne seront jamais écoutés et c’est tant mieux. Car Lassalle est inclassable, car même s’il peut avoir comme ami André Chassaigne le brillant député communiste ou une proximité ponctuelle avec le candidat trotstkiste –NPA- Philippe Poutou, il ne se range dans aucun camps si ce n’est le sien. Il vient de refuser de participer à la liste du PC pour les prochaines élections européennes. Avant-lui, Emmanuel Maffre-Beaugé, un autre paysan inclassable, chrétien pratiquant, vigneron du Languedoc en colère, avait accepté de se placer sur la liste communiste où il avait été élu largement. Mais les temps ont changé et la voie de Lassalle est différente, ses objectifs autres. Il fera sa liste…

Lassalle n’est pas ce crypto gauchiste qui s’ignorerait comme l’avait cru un peu vite les deux réalisateurs. Espéraient-ils le manipuler et l’amener sur cette voie ? De ce point de vue ils ont échoué et le film d’ailleurs se termine par l’aveu de leur déception. Leur propos, le film pâtit un peu de ce parti pris récurrent qui les conduit jusqu’à plusieurs explications sévères mais vaines avec le montagnard têtu que rien n’ébranle troquant alors sa bonhomie pour une rudesse insoupçonnée. Nous ne dirons pas les raisons de ces « fâcheries » pour ne pas nuire à l’intrigue ; disons qu’elles ont un caractère moral et qu’elles peuvent troubler. Leurs mises en scènes montrent l’ambiguïté d’un personnage dont la naïveté troublante peut être « contre-productive » mais qui est assumée.

En fait, dans ce film et c’est ce qui en fait l’intérêt, la saveur, Lassalle fait du Lassalle et rien ne l’en empêche, pas même les considérations tactiques. Il ne se laisse pas enfermer dans un système politique. Il a compris la grande loi de la communication : avant toute chose, il faut être soi-même.

La question des moyens, il en faut pour se lancer dans une aventure politique de cet acabit, ne le préoccupe pas : il y croit c’est tout. Il y a une sorte de discours messianiste chez le Béarnais. Un constat que personne ne peut discuter : celui de la destruction du lien social, de l’urgence à reconstruire un monde plus juste. Le comment n’est pas son problème ; son problème c’est la prise de conscience de la dégradation de notre société. Lui se situe dans l’action, dans le verbe qu’il porte haut en bon Gascon et dans le symbole, le geste qui touche plus que de pénibles explications ce fut le cas récemment lors du port de son gilet jaune à l’Assemblée Nationale durement sanctionné.

Enfin et peut-être surtout, Jean Lassalle devient le porte-parole d’une France rurale maltraitée, reniée par des élites méprisantes mais dont nous nous sentons tous plus ou moins les fils et dont les valeurs nous touchent dans ce que nous avons de plus intimes : nos racines. Le film illustre bien cet enracinement rural, pyrénéen : sa ferme, ses brebis, ses chevaux, son fromage, les amis qui montent les pistes en 4×4, la tronçonneuse en panne… La beauté de la montagne, la nôtre, très présente, donne une dimension esthétique à l’ensemble et le vol de l’aigle royal sur le col d’ Iraty vaut bien que l’on interrompe une discussion politique fusse-t-elle cruciale.

Pierre Michel Vidal

Un gilet jaune à l’assemblée

Il a eu un geste bien gascon, Jean Lassalle quand il s’est assis sur les bancs de l’Assemblée Nationale avec son gilet jaune passé sur lui. Un geste que n’aurait pas renié Aramits (Henri d’Aramitz), originaire de la vallée de Barétous, Athos (Armand de Sillègue d’Athos d’Autevielle), né à Athos Aspis, Porthos (Isaac de Portau), né à Pau, deux autres Béarnais, et d’Artagnan, né bigourdan dans le village éponyme. Ils avaient, ces quatre Mousquetaires, avec leur parler fort, leurs gestes rugueux, leur accent qu’ils portaient en oriflamme, des entreprises courageuses et un tantinet provocatrices. Nous avons, de ces lectures de jeunesse, gardé le goût des coups de mains osés, de la vaillance désintéressée, du panache tout simplement et c’est dans cette tradition des héros d’Alexandre Dumas que s’inscrit le geste du député des Pyrénées.
-Ralliez-vous à mon panache jaune !
Que n’as-tu lancé ce cri, emprunté au bon Roy Henri, aux représentants du peuple, réunis en conclave dans cette enceinte sacrée, alors sidérés. Face aux injonctions brutales du Président de l’Assemblée, ton silence obstiné et ton attitude butée étaient eux aussi bien dans la tradition gasconne. Car dans la mêlée on ne recule pas… L’attitude des députés de la majorité à leur retour dans l’enceinte a été bien décevante : ovationnant la morgue d’un ex joueur de poker qui aurait pu, pour une fois, prendre un ton différent de ses postures de matamore habituelles. Comme si, le Louis XIII du roman de Dumas, installé royalement à l’Élysée, était directement menacé par le port éphémère de ce simple gilet. N’est pas Richelieu qui veut… N’y avait-il pas pourtant de la part du chef de l’état de la sympathie à l’égard du député béarnais ? Une complicité entre pyrénéens qui est allée jusqu’à l’offre d’un maroquin refusé pour ne pas sacrifier une indépendance chèrement acquise ?
Dans la politique moderne qui repose sur la communication, un geste en dit parfois beaucoup plus que de longs discours subtils, alambiqués et complexes à saisir. La pensée complexe est nécessaire certes, mais dans ce contexte émotionnel elle n’est pas captée. Mettre un gilet jaune à l’Assemblée cela veut dire beaucoup de la part de quelqu’un qui a arpenté les routes de France pour consigner les doléances citoyennes. Doléances auxquelles l’establishment, politiques et journalistes, n’ont attaché que peu de valeur. Ils auraient dû le faire et peut-être nous n’en serions pas où nous en sommes.
C’est ainsi qu’un esprit libre et indépendant s’exprime : par un geste simple qui parle à tout le monde. Une communication modèle à étudier dans les écoles spécialisées. Le geste a été sous-estimé par les médias nationaux : certains l’ont passé à la trappe, d’autres s’en sont gaussé. Ils ont peur de déplaire à un pouvoir qui pourtant ne les soigne guère… Disons-le : il est dommage, scandaleux même que sur les barrages des gilets jaunes, les journalistes soient l’objet de la vindicte populaire. Peut-être devraient-ils néanmoins faire leur examen de conscience et se poser la question : « avons-nous traité avec équité ce mouvement qui nous ressemble si peu ? »
Mais désormais nous avons les réseaux sociaux. Quoiqu’ on en dise c’est un progrès démocratique. C’est ce qui a permis la mobilisation des gilets. Une « première ». Un moment historique. Il y en aura d’autres qui vont se multiplier tous azimuts. Il n’y a pas besoin d’être madame Soleil pour le prédire. Il faudra intégrer cette diffusion horizontale qui débouche désormais sur des actions concrètes, trouver des réponses appropriées à leurs demandes, organiser le dialogue et un encadrement idoine qui préserve l’ordre républicain.
Ainsi malgré le boycott des « grands médias », malgré (ou à cause) de la réponse méprisante et violente du Pouvoir à ce geste inoffensif, les images de ce gilet jaune à l’Assemblée ont été vues par plusieurs millions de personnes sur internet. Elles sont rentrées dans les foyers et ceux qui se posent tant des questions sur la capacité d’écoute des représentants qu’ils se sont choisis se sont sentis entendus, pour une fois. Ainsi l’honneur de l’Assemblée Nationale a été préservé bien que son protocole ait été bousculé.

Pierre Vidal

 

Photo AFP 

La fête

Elles sont pourtant bien rares ces occasions de fêtes qui témoignent de l’enthousiasme d’un peuple. Il n’y a que le football pour permettre cela, aucun autre sport, même le tour de France ne parvient à fédérer et rassembler ainsi.

Alors, oui, il faut se réjouir et dire que depuis vingt ans une telle liesse populaire ne s’était produite. Ces jeunes footballeurs à qui on attribue cette victoire, d’un jour, d’un match, méritent, c’est vrai, notre reconnaissance et, comme le président Macron, on les remercie. Leur gloire rejaillit, c’est bien évident sur le pays tout entier.

Le spectacle est maintenant dans la rue, au palais de l’Élysée et à chaque instant des émissions de télévision, au point que certains, tristes bonnets de nuit, pisse-froid, avouent, sans oser trop le crier leur saturation. Soyons tolérants parce que le propre d’une fête est son caractère éphémère. Ses lendemains ne sont que très rarement enchanteurs. Le réalisme du quotidien revient très vite, alors qu’on avait tout fait pour l’oublier.

Oui, soyons tolérants et plus, indulgents devant ces débordements de joie qui se déroulent devant le président de la République lorsqu’un joueur a décidé de faire son show volant ainsi, volontairement ou non, la vedette à quelques politiques. Oui acceptons ce happening, il témoigne d’une jeunesse décomplexée entièrement absorbée par une joie délirante. Pardonnons donc ces moments, ils sont à la fois si rares et si courts.

Cette fois-ci la fête n’aura que peu duré, déjà des mécontents disent que le défilé de l’équipe de France de football sur l’avenue (Didier) des Champs Élysées aura été bien fugace et que les demi-dieux n’ont pas sacrifié à leurs trois cent mille admirateurs. C’est ainsi, période d’insécurité et de risque d’attentat oblige. Ceux d’en face auront réussi à écourter notre fête.

Même notre Jean Lassalle a eu des mots très forts pour dénoncer ce qu’il considère comme un rendez-vous manqué. Les joueurs ont, selon lui, été accaparés par Emmanuel Macron au détriment du petit peuple qui n’a pas le droit de voir l’équipe qui a triomphé en son nom. Les supporteurs sont donc déçus après une trop rapide célébration des bleus.

Mais en disant cela, qui fait à l’occasion de cet événement, une récupération politique ?

Pau, le 18 juillet 2018

par Joël Braud

Aucune retenue de la part de Jean Lassalle

A la lecture des propos tenus par le député Jean Lassalle à l’égard du Préfet des Pyrénées Atlantiques on peut légitimement s’interroger sur les capacités de ce personnage à tenir son rang. Il y a en effet une limite à tout et surtout, il n’est pas admissible qu’un simple élu puisse insulter le représentant de l’Etat dans le département.

Si l’on s’en tient à ce qui est rapporté par la presse locale, le député Jean Lassalle a prononcé les propos suivants : « Qu’est-ce qui a conduit un préfet sexagénaire, qui a un an de plus que moi, à péter un câble sur l’ensemble de la presse locale ? ». Puis : « Ce préfet est pris en flagrant délit de mensonge ».

Bien sûr le sujet porte sur l’ours dans les Pyrénées et la prochaine réintroduction de deux ourses. Le sujet suscite localement les passions les plus exacerbées, mais ce n’est pas une raison et ceci n’excuse en aucune manière cela. D’ailleurs que l’on soit pour ou contre cette réintroduction n’intervient que très secondairement et n’a ici aucun intérêt. Car enfin, Jean Lassalle insulte le Préfet.

Ensuite, comme toujours, l’élu de la vallée d’Aspe se perd en propos peu clairs. Et il revient sur cette théorie du complot dont il se dit victime au niveau national et sans doute au plus haut niveau de l’Etat. Voilà où conduit une passion mal maîtrisée.

De son côté, le préfet des Pyrénées Atlantiques, représentant de l’Etat (et non du gouvernement) dans le département réagit de façon mesurée à ces propos outranciers (La République des Pyrénées du 2 juin 2018, page 6). Il cite Talleyrand : « Tout ce qui est excessif est insignifiant ». Il dit qu’il a de l’estime pour Jean Lassalle, bon on va le croire ! Et il souligne que « dans ce dossier (de l’ours), les attitudes sont irrationnelles ». C’est le moins que l’on puisse dire.

Alors, monsieur Jean Lassalle reprenez-vous et adressez au Préfet des excuses. Même si celles-ci ne pourront effacer ces outrances de votre part. Elles seront de nature à démontrer que de temps à autre vous êtes capable d’adopter un comportement mesuré. Rappelez-vous surtout que lorsqu’on est un élu de la République, il y a des mots qu’on ne peut prononcer. Rappelez-vous également que vous n’êtes qu’un député qui ne représente que ses électeurs d’un vote, tandis que le Préfet, représentant de l’Etat dans le département, a reçu pour mission d’organiser la concertation afin que cette réintroduction se fasse dans les moins mauvaises conditions. Il vous a fait l’honneur de vous recevoir pour vous préciser les décisions du gouvernement et c’est ainsi que vous vous comportez.

Monsieur Jean Lassalle, vous êtes maintenant le seul, après ce débordement incontrolé, à pouvoir retrouver une image autre que celle que vous donnez actuellement et dont je n’ose ici rapporter les termes le plus souvent répandus. Vous, l’enfant du pays ne bénéficiez plus de l’indulgence qui jusque là vous était accordée a priori.

Pau, le 4 juin 2018

par Joël Braud

Crédit photo : closermag.fr

Lassalle / Corrégé : un duel de marcheurs

Lassalle CorrégéLa quatrième circonscription oppose donc en finale, l’inévitable marcheur macronien Loïc Corrégé, au marcheur au long cours Jean Lassalle. Deux débats récents les ont opposé, hier mercredi dans les locaux de la République des Pyrénées et ce matin sur les ondes de France Bleu Béarn. Ce ne fut vraiment pas passionnant.

On ne sait plus où situer Jean Lassalle, centriste dans les pas de Bayrou durant des décennies puis anti européen proche de la gauche de la gauche quand il défend la ruralité. Il se décrit comme « un vieillard sans défense » dans « une élection quasi désespérée ». « Je suis en face du candidat le plus puissant, on veut me punir » Jean Lassalle voit la main de Bayrou dans la nomination de son adversaire…

Bon, personnellement je ne vois pas en Loïc Corrégé une étoile montante de la politique. Langage convenu, propos démagogiques, éléments de langage macroniens, on s’ennuie a écouter ces deux candidats, l’imagination ne sera pas au pouvoir.

Militaire de carrière depuis 18 ans dans le renseignement il a atteint le grade d’adjudant, c’est bien, mais ce n’est pas une carrière fulgurante… On n’arrive pas à bien cerner le personnage dans un discours qui fait trop de place à d’éventuelles actions locales qui ne sont pas du tout dans les compétences d’un député…

Quand Jean Lassalle aborde le sujet de l’inévitable comportement godillot du futur députés d’En Marche (« vous avez été formé pour obéir » ), il s’en défend, mais qui peut le croire puisque tous les candidats ont signé cet engagement …

En fin de débat les journalistes de Bleu Béarn ont posé deux questions pour réponse par oui ou non, cela aurait dû être la forme du débat pour éclairer les électeurs .

« Faut-il ré introduire des ours en Béarn ? »

JL : Non     LC : Non

« Faut-il prolonger la ligne ferroviaire jusqu’à Canfranc

JL : Non     LC : Il faut réfléchir.

Une fois de plus les électeurs seront dans l’embarras. Les inconditionnels locaux des deux camps eux ont choisi sans se poser trop de question. Pour le reste des électeurs, l’immense majorité, ce sera moins évident. Qui se déplacera pour voter ?

Jean Lassalle fait de la politique depuis des décennies, il a montré que son action politique était visible seulement dans des coups médiatiques, sa participation aux travaux de l’assemblée le classant parmi les députés les moins actifs. Il appartient au passé.

Loïc Corrégé dispose de cette virginité politique aujourd’hui nécessaire, il ne convainc pas pour autant mais devrait logiquement l’emporter.

Il sera intéressant de comprendre comment et sur quels critères il a été investi par En Marche, car on annonçait plusieurs dizaines de candidats dans chacune des circonscriptions. Le processus n’est d’ailleurs absolument pas démocratique ni transparent puisque même les marcheurs locaux n’ont pas eu leur mot à dire, ne serait-ce que pour valider le choix venu d’en haut.

Daniel Sango

Crédit photo Sud Ouest

Jean Lassalle va-t-il rejoindre Fillon et Le Pen ?

Jean Lassalle a brillamment obtenu ses parrainages et le voilà candidat à la présidentielle. Dans cette campagne détestable l’honnêteté des candidats est souvent mise en doute. Qu’en est-il de notre Béarnais ?

Dans la course à l’Elysée, c’est la chasse aux casseroles qui prend le pas sur les idées et les programmes. Les journalistes de gauche, très majoritaires dans l’univers médiatique, épluchent et rabâchent les errements de nos politiciens professionnels élus à vie, de préférence lorsqu’ils sont de droite. On se demande bien pourquoi ce travail n’a pas été suffisamment fait depuis des années, à froid, dans le calme, pourquoi il faut attendre une campagne présidentielle pour être informé de ces malversations.

Il faut reconnaître pourtant que certaines de ces pratiques ont été dénoncées dans le passé, sans que cela ne soulève l’indignation populaire. On a souvent parlé de l’IRFM (Indemnité Représentative de Frais de Mandat) d’un montant de 5372,80 Eur net (qui s’ajoute à d’autres indemnités de fonction) en plus de la fourniture par l’Assemblée de nombreux moyens : déplacements, repas, lignes téléphoniques,…etc.

http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/role-et-pouvoirs-de-l-assemblee-nationale/le-depute/la-situation-materielle-du-depute

Cette IRFM est acquise sans que l’élu n’ait à justifier quoi que ce soit. C’est en soi scandaleux, mais vous avez compris que ce sont les députés et sénateurs qui font les lois… Et cette indemnité a donné lieu à de nombreuses malversations insuffisamment dénoncées. L’une d’entre elle consiste à faire payer l’appartement, voire la maison qui sert de permanence électorale, par cette indemnité… C’est évidement totalement illégal sur le fond et constitue un enrichissement personnel. Une indemnité pour frais correspond à une dépense vers un tiers pour laquelle il n’y a pas de « retour » vers le bénéficiaire. On peut d’ailleurs aussi imaginer que l’élu paye un véhicule en leasing et conserve le véhicule après sa mandature, ou bien d’autres montages que des petits malins auront sans doute utilisé… C’est en fait ce qu’a fait Jean Lassalle avec sa permanence oloronaise :

« Selon l’association « Pour une démocratie directe », ils sont 24 députés à avoir acheté un local de permanence avec leur indemnité pour frais de mandat.

Parmi les députés épingles, Jean Lassalle. Pour l’achat d’un bâtiment en 2003, rue Saint-Grat à Oloron. « A l’époque c’était totalement légal et cela l’est encore aujourd’hui, réagit le député aspois. Je suis toujours prudent sur ces aspects là et on m’avait assuré qu’il n’y avait aucun problème. Et je n’ai pas pensé un seul instant qu’il pouvait y en avoir un. » (La République du 28/1/2015)

Oh, Jean Lassalle qui fait les lois pense qu’il n’y a aucun problème à se constituer un patrimoine avec une indemnité, qui évidemment comme toute indemnité en plus n’est pas imposable ! C’est quoi l’enrichissement personnel ? Il est clair que ce bien devrait revenir en fait à l’Etat…

Jean Lassalle est aussi attaqué sur ses assistants parlementaires par Médiapart selon Mediabask :

« Selon une enquête de Mediapart, le député de la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques utiliserait ses crédits parlementaires pour rémunérer des personnes, bien connues dans le département, ne travaillant pas pour lui à l’Assemblée. Une affaire qui tombe mal pour celui qui se présente à la présidentielle comme le chantre de la « politique autrement ». » 

« Mais pour Antton Rouget qui signe une enquête au vitriol dans Mediapart, « derrière le visage sympathique du centriste montagnard, se cache un piètre élu local ».

En cause, l’utilisation des 9.561 euros mensuels alloués à chaque élu pour payer ses assistants parlementaires. De l’argent public censé répondre à des missions extrêmement variables en rapport avec le mandat de député. Or, en se basant sur la déclaration d’intérêt et d’activités réalisée par le député en 2014, document obligatoire depuis l’affaire Cahuzac, le journaliste dénonce « un système clientéliste servant à rétribuer les soutiens politiques ». Des soutiens qui seraient très éloignés des activités relatives au Palais Bourbon tandis que nombre de stagiaires assureraient les missions d’assistant.

Les personnes mises en cause sont toutes issues du « petit monde qu’est celui du centrisme » dans le département. Angèle Caset, d’abord, femme de l’ancien conseiller général du canton d’Iholdy Jean-Louis Caset et mère de Christelle Caset-Urruty, suppléante du sénateur Jean-Jacques Lasserre. Cités également Monica Agest, son ancienne suppléante au Conseil général, le conseiller départemental Jean-Pierre Mirande ou encore l’inénarrable Barthélémy Aguerre, son suppléant aux dernières législatives, par ailleurs maire de Luxe et conseiller régional ainsi que son épouse. »  (Mediabask.eus Bénédicte Saint André 10/10/2016)

Le problème lorsqu’on veut regarder le problème des assistants parlementaires c’est qu’il faut avoir un historique sur des décennies et que les employés changent. Aujourd’hui les assistants parlementaires déclarés sont : Mme Lysiane Palacin, Mme Catherine Marques, Mme Yvette Germain, Mme Marthe Aguerre, M. Christophe Cousin, Mme Malgorzata Mathis Mazurczak. On retrouve donc l’épouse de Barthélémy Aguerre, son suppléant, ainsi que Mme Malgorzata Mathis Mazurczak, qui est aussi (curieusement) assistante parlementaire de Jean Claude Mathis Deputé Les Républicains de la 2eme de l’Aube (et qui a peut-être un lien avec ce député puisqu’on retrouve son nom …) Est- ce que tout est parfaitement clair dans ces situations ? Bien difficile de se prononcer. On se doit de le supposer.

Pour prolonger cette utilisation scandaleuse voire illégale de l’IRFM, il faut signaler qu’on retrouve dans ces fraudeurs « à l’insu de leur plein gré » le grand donneur de leçon d’extrême gauche : Jean Luc Mélenchon !

« Le candidat du Front de Gauche, sénateur de l’Essonne vingt années durant, a en effet usé d’une pratique souvent dénoncée mais tolérée.

A côté de son indemnité parlementaire mensuelle de 5.388,72 euros net, un député comme un sénateur perçoit une indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) de 6.037,23 euros net. L’IRFM permet à l’élu de couvrir les dépenses liées à ses fonctions, et en premier lieu le loyer de sa permanence.

Mais nombre de parlementaires préfèrent acheter au lieu de louer. « Le bien leur est évidemment acquis et le restera une fois leur mandat terminé », relève Vincent Quivy dans son livre « Chers élus » (Seuil). Mélenchon l’a depuis vendu et s’est servi du fruit de cette vente pour financer sa campagne. Une somme dont l’intéressé sera remboursé s’il dépasse la barre des 5% au premier tour. » (Blog l’Obs 5/04/2012)

Scandaleux.

http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/les-off-politiques/20120404.OBS5465/les-deniers-pas-tres-personnels-de-melenchon.html

« D’autres parlementaires ont acheté leur permanence avec l’IRFM : on peut citer les députés Bernard Depierre (UMP), Pascal Terrasse (PS), Jean-Jacques Urvoas (PS), Jean Lassalle (MoDem), les UDI François Sauvadet et Jean-Christophe Lagarde ou encore les anciens sénateurs Jean-Luc Mélenchon (PG) et Hélène Lipietz (EEVL). Mais globalement, il est difficile de donner un chiffre et encore moins une liste de noms exhaustive. Pourquoi ? «Parce qu’on ne sait tout simplement pas comment les parlementaires utilisent leur IRFM», déplore à nouveau Hervé Lebreton. Versée chaque mois, cette enveloppe, «destinée à couvrir les frais inhérents à l’exercice des fonctions parlementaires», ne fait l’objet d’aucun contrôle. Personne ne sait, en dehors des élus concernés, comment cet argent est dépensé. Donc, comment la permanence a été achetée. » (Le Figaro 27/01/2015)

Bien évidemment ces pratiques sont détestables mais les informations données, trop ciblées, ne donnent pas une vision claire de l’ampleur des phénomènes. Les « canards » visent le tirage de leur journaux, pas l’exhaustivité des informations. Cela n’est pas à mettre à leur crédit.

Et Jean Lassalle ne rejoindra pas François Fillon ou Marine Le Pen pour faire la une des media, c’est un bien trop petit poisson.

 Daniel Sango

Jean Lassalle est-il fou ?

lassalleC’est la question qui va animer la blogosphère dans les heures qui viennent, et elle a pour origine l’original de Lourdios Ichère. Qu’en pensent les lecteurs d’Alternatives Pyrénées, est-il fou ?

Les media cherchent l’originalité dans leurs invités, question de spectacle, d’audience. Et Jean Lassalle est un « client ». Après son chant Pyrénéen en séance, puis sa grève de la faim à l’Assemblée Nationale, son tour de France à pied, sa candidature à l’élection présidentielle, il a acquis une réputation nationale. « On ne peut plus le tenir » dit de lui François Bayrou, son compagnon de 40 ans.

Il était l’invité hier soir de l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché »

Et il y a continué ses extravagances, il a sollicité l’avis des psychiatres pour juger de sa santé mentale…(voir enregistrement ci dessous)

http://actu.orange.fr/politique/jean-lassalle-lance-un-appel-aux-psychiatres-j-ai-besoin-de-vous-magic-CNT000000BIsqA.html

La version complète de la prestation de Jean Lassalle :

http://www.lexpress.fr/actualite/jean-lassalle-laisse-les-telespectateurs-perplexes-dans-on-n-est-pas-couche_1871449.html

On attend le résultat de ces spécialistes, et les réponses ne manqueront pas d’affluer sur la toile.

Ceci dit, quelle image est ainsi donnée de la fonction de Député ? De celle de candidat à l’élection présidentielle ? Du Béarn ? Et avant tout, sans doute, que pensent les citoyens qui ont pour représentant, cette « anomalie » politique ? D’autant que quand on met en face son travail parlementaire, là c’est moins spectaculaire.

Les citoyens ont les élus qu’ils méritent.

Daniel Sango

La société civile

imgresL’affaire se passe à Louhossoa, en Pays basque, dans la nuit du 16 au 17 décembre 2016. La police nationale française en collaboration avec la police espagnole, interpelle cinq personnes trouvées en possession d’armes et d’explosifs. Ce sont des personnalités estimées dans le coin ; elles expliquent qu’elles ont pris l’initiative de détruire un arsenal appartenant à l’ETA. Tout serait donc beau et noble de leur part, sauf que cela n’est pas aussi simple qu’ils ont pu l’imaginer.

Elles disent appartenir à la « société civile » et avoir obtenu l’aval du bureau directeur de l’ETA le 15 novembre en ces termes : « Nous déléguons à la société civile la responsabilité politique du désarmement (…) Notre objectif est de pouvoir déclarer dans les plus brefs délais que l’ETA n’est plus une organisation armée ». Tout cela est grand et généreux mais leur initiative les fait tomber sous le coup de la loi et leur vaudra par la suite une mise en examen pour «port et détention d’armes et explosifs». Elles auraient pu s’en douter d’autant que dans notre État de droit, la société civile ne bénéficie d’aucun pouvoir particulier et surtout pas celui de se substituer de sa propre initiative aux institutions républicaines.

Gageons que ces cinq honorablement connus de tous pour leur engagement comme artisans de paix, feront l’objet de l’indulgence du tribunal qui sera chargé de les juger. Et ce ne sera que justice. Mais il est permis de s’interroger. N’auraient-ils pas été mieux inspirés en portant à la connaissance des autorités compétentes l’existence de cette cache plutôt que d’intervenir eux-mêmes ? Les autorités étaient-elles au courant de ce dépôt d’armes ? N’ont-ils pas, en se comportant comme ils l’ont fait, contrarié un dispositif de surveillance policière qui avait pour objet d’identifier des membres de l’ETA ? Autant de questions qui n’ont pas de réponse. Cependant il est possible de tirer de cette aventure la morale suivante : « Ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon. Mais le principal est de l’appliquer bien. » (Descartes « Le discours de la méthode »). Autrement dit les meilleures dispositions d’esprit, les bonnes intentions peuvent conduire aux pires résultats. La volonté de bien faire ou de faire le bien aboutit parfois au contraire du résultat espéré.

Voilà donc pour le premier volet de cette histoire. Mais elle connaît un prolongement cocasse dès lors que les politiques s’en mêlent : d’un côté le ministre de l’intérieur pas encore affranchi de ces subtilités, affirme qu’un coup décisif a été porté à l’ETA. Puis des élus se permettent d’avoir des exigences vis à vis de la justice. Au premier rang de ceux-ci l’inénarrable et incontournable Jean Lassalle qui dénonce les machiavéliques dérives autoritaires de l’État français : « Je demande sa libération immédiate (de Txetx) et la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les motivations de ce coup de filet ». Ben voyons, n’oublions pas que ce brave député puise une partie de son électorat dans le pays basque et qu’il a entamé tout à la fois une campagne pour la présidentielle et pour le renouvellement de son mandat à l’assemblée nationale. Quant à considérer que la justice doit s’expliquer devant une commission parlementaire, on croit rêver. Suffirait-il pour cela du claquement de doigts d’un élu ? Il y a d’autres élus qui ont pris position en particulier la sénatrice Frédérique Espagnac qui demande à ce que les cinq personnes soient libérées. Ça y est, les sénateurs donnent des ordres à la justice. On relève également que certains de ces élus sont à la tête d’une manifestation qui a rassemblé 2000 personnes. La justice est mise en accusation et son indépendance devient insupportable.

Enfin, sans doute parce qu’ils devaient avoir le dernier mot, le 23 décembre, 600 élus ont remis à la représentante de l’État une lettre demandant au gouvernement de « s’impliquer dans le processus de désarmement de l’arsenal de l’ETA afin que la société civile ne soit plus dans l’obligation d’intercéder comme elle y a été contrainte à Louhossoa ». Mais c’est qui au juste cette société civile qui se sent ainsi obligée et contrainte ?

Ah quand les politiques s’en mêlent tout devient plus clair !

Pau, le 26 décembre 2016
par Joël Braud

Lassalle fait chanter la salle

5076045lpw-5076096-article-jpg_3739779_660x281   La course présidentielle a toujours donné lieu en France a des candidatures « originales », et cette année, le Béarn présente Jean Lassalle. On connaît les tocades de l’élu de la vallée du Lourdios, de sa chansonnette à sa grève de la faim à l’Assemblée Nationale ou son insolite tour de France à pied.

Lancé dans une improbable candidature à la présidentielle, il avait décidé de rassembler ses soutiens à Lyon, et La République nous permet, grâce à la vidéo ci dessous, d’avoir une vision plus claire de son programme :

http://video.larepubliquedespyrenees.fr/jean-lassalle-galvanise-ses-troupes-a-lyon_x4wttkl.php

Cette vidéo pose néanmoins plusieurs questions :

Pourquoi avoir choisi Lyon alors qu’Asasp aurait été beaucoup plus économique pour les participants ?

Plus sérieusement, quelle image est donnée aux français par ce genre de prestation venant d’un député élu et ré élu depuis des années ?

Quelle est la motivation des Basques et Béarnais, citoyens de sa circonscription pour donner mandat à un tel « curieux » personnage ?

Finalement, la démocratie permet beaucoup, et c’est très bien, Jean Lassalle dépassera t il Coluche ?

Sur les bords de la Tamise, un beau soir d’été… bilibilibi bilibilibi oh la là ! …

    Daniel Sango

Credit photo : Le Point.fr

Entendre Jean Lassalle

imagesJean Lassalle vient de faire connaître sa décision d’être candidat à l’élection présidentielle de 2017. Certains sont tentés d’esquisser un sourire dubitatif sur le sérieux de cette démarche. Même si ses chances de décrocher la timbale sont quasi inexistantes, il n’en demeure pas moins que cette candidature n’est pas sans susciter un certain nombre de réflexions dans le contexte politique français.

D’abord parmi les motivations qui agitent Jean Lassalle ; sans doute une certaine rancœur à l’égard d’Alain Juppé. Souvenons-nous qu’au moment des élections régionales, le maire de Lourdios-Ichère avait manifesté le désir d’être tête de liste à droite. Alain Juppé s’y était opposé lui préférant sa première adjointe, Valérie Calmels. Ainsi écarté, Lassalle pense pouvoir se rappeler maintenant au souvenir de celui qui n’est pas encore le vainqueur de la primaire en lui glanant quelques voix.

Mais à côté de ce qui n’est que de la politique politicienne, il ne faut pas oublier une démarche que le Béarnais est le seul à avoir entrepris. Il a sillonné la France sur une distance de 6000 kilomètres avec comme objectif d’être à l’écoute des Français. Une démarche de proximité qui ne doit pas être traitée par le mépris tant elle est exceptionnelle et répond à un souhait très fort de nos concitoyens : être entendus. Il en a tiré des enseignements qui ont donné lieu à un livre (A la rencontre des Français  – Cherche-Midi) d’où il ressort que notre pays est au bord de la révolution, peut-être même de la guerre civile, parce que le peuple rejette la classe politique dans son ensemble et cela sans tenir compte de l’appartenance à un parti.

Les Français, en effet, rejettent la classe politique d’une façon qu’on n’imagine pas. Un sondage récent – février 2016 – de l’institut Elabe révèle que 78% des personnes interrogées se disent prêtes à voter pour un candidat n’appartenant pas à un parti politique à la prochaine élection présidentielle. Le député des Pyrénées Atlantiques s’est mis en congé du MoDem dont il était vice-président. De fait, il prend ses distances avec François Bayrou (son ami de quarante ans). Il n’appartient donc plus a un parti politique. S’il n’y avait que Jean Lassalle à adopter cette attitude, mais il y en a d’autres ; parmi les députés, citons Serge Grouard député Les Républicains, Philippe Noguès, député PS, Pouria Amirshani également député PS, Jean-Christophe Fromantin, député UDI et maire de Neuilly, et enfin Isabelle Attard, députe EELV puis Nouvelle Donne. Ces élus se rebellent contre leurs partis de la même façon que notre Béarnais.

Par son choix de candidat à la présidentielle, l’édile de Lourdios-Ichère dit bien qu’il ne se considère plus comme un membre de ce monde politique usé jusqu’à la corde, aux promesses non tenues et incapable d’apporter des solutions aux problèmes des Français. Son refus d’être placé sous les ordres d’un parti est acté. D’ailleurs dans ce discours de disqualification il faut citer le livre de Philippe Pascot, « Pilleur d’État » éditeur Max Milo, où la classe politique, plus exactement une certaine classe politique, est proprement fustigée en raison des privilèges qu’elle s’est octroyée. D’une manière générale les politiques ancrés dans leurs fonctions finissent par provoquer la méfiance des électeurs, il n’y a qu’à voir le taux d’abstention.

Alors en se lançant seul, sans troupes, sans moyens, sans réel programme, sans être assuré d’obtenir les cinq cents signatures, Jean Lassalle prend le risque d’un échec. Sans doute, mais il aura alors traduit par un témoignage médiatisé ce que les citoyens français qu’il a rencontrés lors de sa longue marche lui ont dit de leur lassitude à entendre des promesses intenables, des politiques qui s’incrustent, cumulent les mandats et en profitent. Un témoignage plus qu’une candidature en quelque sorte, ne riez pas !

Pau, le 28 mars 2016
par Joël Braud

crédit photo : huffingtonpost.fr