La présence à la télévision de Marine Le Pen ne passe généralement pas inaperçue. Dimanche soir sur BFM, ceux qui en attendaient la confirmation n’ont donc pas été déçus. Acte d’accusation dressé par Apolline de Malherbe. Réquisitoire, odieux, de Jean-Marie le Guen (qui, apparemment, comme au bon vieux temps de l’Inquisition, n’aurait vraisemblablement pas boudé le plaisir de la soumettre au jugement de Dieu).
La question tournait, notamment, autour de l’escapade de Berlin. C’est à dire de l’utilisation par les politiques de l’argent public ou non. Et sur ce point, sans pour autant partager les idées du Front National, beaucoup ont dû se demander s’il n’est pas du rôle des médias d’information, d’initier, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, un véritable débat démocratique plutôt que « d’organiser » un pugilat médiatique. Pugilat sans doute excellent pour l’audience. Mais pervers, malsain, dangereux et stérile. Car, au bout du compte, si un tel lynchage ne peut que renforcer les Frontiste dans l’idée qu’ils sont victimes d’un ostracisme organisé, il reste pour autant, incapable de convaincre les autres du bien-fondé de politiques contredites par l’évidence.
En résumé, une telle émission n’a d’autre résultat que de confirmer à quel point la culture, fugace, de l’écran est devenue aujourd’hui l’expression ultime de la pensée politique. Expression qui ne s’adresse plus, directement, qu’aux médias (essentiellement « connectés »), privant le citoyen du recul et de la réflexion nécessaires. Citoyen manipulé qui, de la sorte, cesse d’être actionnaire pour devenir… réactionnaire ! Et alors là ! Attention ! Danger !
Maurice Meireles Pontacq
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