Européennes, ça approche !

A la date du 5 mai, la possibilité de constituer une liste pour les élections européennes n’existera plus. Celles-ci sont programmées pour le 26 mai. Notez bien cette date. En attendant quatorze listes se sont constituées au plan national et, en Béarn, nous avons notre candidate.

Rappelons quelques règles qui vont présider à cette échéance. Ces élections se feront à la proportionnelle, selon le scrutin de liste. Ces listes, actuellement au nombre de quatorze, seront constituées au niveau national et non plus au niveau des circonscriptions. Elles devront comporter autant de candidats que la France détiendra de sièges au parlement européen, c’est à dire 79. Enfin 79, c’est plutôt théorique car les Anglais qui ne seront pas encore sortis de l’Europe, voteront vraisemblablement eux-aussi. Ce qui risque réduire le nombre des sièges de la France à 74. Ah ce Brexit !

Il se dit que lors de négociations en coulisses, François Bayrou, a réussi à imposer trente candidats issus du parti dont il est président sur la liste : LREM + MoDem + Agir + Mouvement radical. C’est pas mal en reconnaissance des supposés 5% qui auraient permis à Emmanuel Macron d’emporter la présidentielle. Et nous Béarnais avons sur cette liste, à la quinzième place, en rang éligible, une certaine Laurence Farreng née Despaux. Il s’agit de l’actuelle directrice de la communication de la ville de Pau, membre comme il se doit du Modem. Le maire de Pau l’a placée sur la liste de Nathalie Loiseaux, tête de liste issue de LREM.

Actuellement François Bayrou apparaît aux yeux des commentateurs politiques les plus avisés comme celui qui est ou serait très écouté par le Président de la République. Ses conseils se font dans la discrétion de ce qu’il est convenu d’appeler les visiteurs du soir. Alors comme il est personnellement convaincu, il ne s’en cache d’ailleurs pas, que le RIC (Référendum d’initiative citoyenne), le vote blanc, le rétablissement de l’ISF et l’élection des députés à la proportionnelle sont indispensables pour répondre aux revendications des Gilets jaunes, il faut s’attendre à quelques réformes. Enfin, s’il est aussi écouté qu’on le dit…

Les scrutins de listes ont toujours cette part d’inconnu. La liste LREM-MoDem est composée de candidats aux convictions pas toujours très conciliables. Qu’y-a-t-il de commun, en effet, entre Pascal Canfin (2 ème), écologiste convaincu, tenant de la disparition du glyphosate et Jérémy Decercle (4 ème), président des jeunes agriculteurs qui, lui, est plutôt d’un avis contraire ? L’électeur devra admettre que lors d’un vote au scrutin de liste, sans panachage possible, il faut se satisfaire de cette pluralité de doctrines. Alors il faudra oublier ses convictions politiques, vous voyez bien qu’elles ne servent à rien.

Et pendant ce temps-là, notre Jean Lassalle cherche à composer une liste dont il prendrait la tête. Mais y parviendra-t-il ? Le suspense est grand et l’argent lui manque.

Pau, le 10 avril 2019

par Joël Braud

« Le montant du SMIC ? Vous me posez une colle »

La députée La République En Marche de Paris Élise Fagjeles, interviewée sur CNews lundi matin face à deux manifestants qui lui reprochent d’être déconnectée du peuple.

Le premier gilet jaune :

– Avez-vous madame une idée de ce que c’est de vivre avec le Smic ?

Le second gilet jaune :

– Connaissez-vous seulement le montant du Smic* ?

La députée :

– Alors je vais vous dire, vous me posez une colle, en effet je ne connais pas le niveau du Smic.

Et l’élue du peuple venue défendre les hausses, les taxes et les réformes tous azimuts de son parton d’ajouter sans complexe :

– Moi je m’occupe de la réforme de la justice. On ne peut pas tout savoir…

Le gilet jaune quitte le plateau malgré les demandes de l’animateur. Et il a raison pensent beaucoup de gens honnêtes, car que peut-on attendre d’une élue si éloignés des réalités concrètes…? C’est « Martine chez les gilets jaunes ».

En fait ils ne parlent pas la même langue. Ils n’ont pas le même alphabet. Le nécessaire dialogue, dans ces conditions est bien difficile… Comme disent les anthropologues de ces situations de guerre entre deux tribus, il reste le langage des signes : au mieux le gilet jaune à l’Assemblée Nationale ou le péage gratuit au pire les violences que l’on vient de voir et de subir. Il faut que les plus intelligents prennent un dictionnaire et fassent un effort pour apprendre la langue de ceux d’en face. On sait où se trouvent les plus intelligents chez les promus de l’ENA ou de Sciences Po, crânes d’œufs censés avoir réponse à tout et honnis de tous depuis un certain temps déjà.

C’est vrai et c’est à mettre à sa décharge, on le constate avec la bourde d’Élise Fagjeles : Macron n’est pas aidé par son entourage. On a vu ces derniers jours se succéder aux micros une brochette d’élus de LaRem plus inconsistants les uns que les autres avec le sourire bêta de celui qui est invité pour la première fois à la télé comme si c’était une fin en soi. Élise Fagjeles n’est qu’un exemple parmi d’autres. Ne l’accablons pas il y a eu pire. Tant de vanité, de propos lénifiants ça finit par déplaire… Les élus Modem, eux, font profils bas : on ne les entend pas. Dans ces circonstances c’est d’une prudence qu’il faut louer.

Mais oui –je sais que je vais déplaire à certains- la présence de Jean Lassalle sur un autre plateau a permis d’entendre des propos d’un autre tonneau ; en phase avec les revendications populaires. D’abord il est rafraîchissant Jean Lassalle, il manie l’humour, il a l’accent, il ne parle pas la langue de bois, ça ne plaît pas aux élites ça plaît au peuple et il faut choisir son camp. Le maire de Lourdios-Ichère a confirmé ce que nous avancions ici : il a bien été sollicité par Macron pour un poste important. Il a décliné. Le Béarnais est roué. Comme il l’a dit, il faut la stature d’un De Gaulle ou d’un Mitterrand pour diriger un pays comme la France aujourd’hui. Un cerveau bien fait mais froid, un homme énergique mais sans expérience ne peut y parvenir.

Le lendemain le président de la région Nord Picardie, Xavier Bertrand a su trouver lui aussi les mots adjurant le président à renoncer à ces mesures d’une austérité violente incompréhensible pour les plus faibles d’entre nous. Il faut de l’égalité. Il faut de la fraternité. Voilà un homme au contact de la population, non sectaire, simple et maître de lui qui pourrait être l’homme de la situation bien qu’il ne postule à rien –dit-il. Il y a donc dans la « classe » politique des personnalités diverses, sensées, capables, qui savent écouter puis décider. Dans ces temps difficiles c’est un motif d’espérance.

C’est vrai, on en convient, l’entourage d’Emmanuel Macron est un véritable boulet pour un président ambitieux. Passons sur Benjamin Griveaux provocateur patenté, arrêtons-nous sur Castaner au passé trouble. Un ministre de l’Intérieur du Général de Gaule devant cette succession d’émeutes non maîtrisées, cette incapacité à rétablir l’ordre malgré un torrent de déclarations martiales aurait démissionné depuis longtemps. Depuis la première manifestation des Champs Elysées en fait. C’est un proche du président nous dit-on, mais le Président ignore-t-il que la politique exige des sacrifices cruels ? Il en est de même du premier ministre dont on se demande désormais dans quel camp il se trouve. Fait-il la politique du pire comme on le dit ici et là ? Joue-t-il perso ? On voit bien qu’il n’est pas le fusible nécessaire au fonctionnement singulier de la cinquième république. Droit dans ses bottes, il prétend s’inspirer de Juppé l’homme qui n’a pas même été reconnu par son camp…

Il est temps pour Emmanuel Macron de trouver une réponse politique à cette crise. Beaucoup pense que c’est trop tard mais le temps de nos institutions existe. Il faut le respecter sinon ce sera le chaos. Il faut qu’il se donne donc les moyens d’une présidence qui désormais ne pourra-t-être que modeste. Cela passe par une capacité d’écoute qui lui faut acquérir c’est un impératif catégorique mais aussi par un profond renouvellement de ceux dont la mission est de le soutenir plutôt que l’enfoncer.

Pierre Vidal

*Le montant du SMIC est de 1 498,50 € brut et de 1 188 € net

 

Au café du commerce de Pau

Les brèves de comptoir sont ces formules qui fleurissent dans le café du coin où se retrouvent les consommateurs qui sont pétris de bon sens et qui ont les pieds sur terre. Ils savent également commenter l’actualité avec le recul suffisant pour que leur opinion puisse servir de référence. Écoutons les donc mais à prendre plutôt au second degré.

A tout seigneur, tout honneur. Commençons donc par François Bayrou. Lors de l’émission « Le grand Jury » sur RTL le dimanche 14 octobre, le maire de Pau, président de la communauté d’agglomération, président du pays de Béarn et enfin président du MoDem a dit qu’il n’avait aucune envie de redevenir ministre. C’est vrai qu’en cette période de remaniement ministériel certains ont pu penser à lui. Mais comme, selon son propre aveu, il entretient des contacts quasi quotidiens avec le président de la République, il a dû savoir qu’il ne faisait pas partie des prochains désignés. Alors comme disait  Clemenceau : « Quand les événements vous dépassent, feignons d’en être les organisateurs ». Il restera, à notre édile local, à continuer à gratifier le président de la République de ses précieux conseils, il faut savoir se rendre utile à la Nation.

Ces jours-ci, le grand prix de Pau agite les esprits. Comme pour l’ours, il y a les pour et les contre. La guerre est ouverte à coups de signatures. Les arguments développés par les uns comme par les autres n’ont rien de bien original. Mais là où ça devient intéressant pour les observateurs, c’est que maintenant on peut compter les points. Selon les données les plus récentes, les anti ont récolté 500 signatures, les pros 1800. Qui va gagner ? Le suspense est intense. Nul doute que la médaille du vainqueur sera remise lors du grand prix automobile de Pau.

Les communes augmentent les impôts locaux, sur 547 communes dans le département des Pyrénées Atlantiques, 109 (20%) en ont décidé ainsi. Les pauvres maires se plaignent ; l’État leur supprime une partie de leurs revenus en décidant de baisser la taxe d’habitation. Il ne vont plus pouvoir œuvrer pour redistribuer les richesses, aider les pauvres et les indigents. Pour un peu, on en pleurerait. Sauf que cette belle préoccupation généreuse et humaniste prend le visage d’un pied-de-nez insolent en direction de l’État. Une façon de lui dire nous avons encore le pouvoir de décider du montant de certains prélèvements obligatoires. Peu importe donc que ces augmentations pèsent encore davantage sur ceux qui n’entrent pas dans la catégorie des bénéficiaires d’une réduction de 30% de la taxe d’habitation. Certains parlent des effets pervers de la décentralisation…

Pour terminer, il est incontournable d’évoquer Jean Lassalle. Un député qui ne rate jamais une occasion de faire parler de lui, comme si l’essentiel de sa mission se trouvait là. Alors il a écrit au préfet des Pyrénées Atlantiques, Gilbert Payet, une lettre dont il a soigneusement rendu public le contenu. Il conclut ce libelle par « Épargnez-nous la suffisance et l’ironie de votre nouveau seigneur et maître, Monsieur Macron. Monsieur le Préfet j’ai perdu définitivement, comme tant d’autres hélas, toute confiance en vous ». Tout dans la nuance et tout ça à cause d’un cadavre de poulain qu’il affirme avoir été tué et dépecé par l’ourse. Il oublie que le préfet est, dans le département, le représentant de l’État. Mais cela devient pathétique au point de se demander si la démocratie ne comporte pas des faiblesses.

Qu’y-a-t-il de sérieux dans toutes ces brèves de comptoir ? Sans doute le plaisir d’une rencontre parfois un peu trop arrosée.

Pau, le 16 octobre 2018

par Joël Braud

Photo : Jean Carmet – Brèves de comptoir dans l’émission Palace

L’ours-e dans le Béarn

Il arrive que je me laisse submerger par la colère … et lorsque cela arrive, c’est que je me retrouve face à une injustice, une abomination, une infamie, un abus de pouvoir … je ne vais pas citer tout ce qui me met en rage car cela tendrait à faire croire que je suis souvent en colère tant nous sommes entourés d’iniquités, d’abus et autres préjudices à l’encontre des humains tout comme cela arrive auprès de nos amis animaux. Eux dont il est question aujourd’hui, plus exactement des ourses, ces femelles déposées malgré elles et par la voie des airs sur un coin perdu de nos montagnes des Pyrénées situées en Béarn. Des montagnes qu’elles vont découvrir la peur au ventre, traquées par des opposants à leur venue, ces derniers armés jusqu’aux dents et bien décidés à en découdre avec ces animelles.

Tous se sont donné rendez-vous des flancs jusqu’aux sommets afin de pourchasser ces malheureuses qui, comme Canelle ou Franska finiront (je ne le souhaite pas) par subir la seule loi qui s’impose, celle que l’Homme oppose à l’animal, celle du plus fort, c’est-à-dire la mort ! Et je suis étonnée d’apprendre qu’un député de la région, M. Lassalle pour ne pas le nommer, se tient aux côtés des pourchasseurs, ces pourfendeurs de l’habitat naturel transgressant certaines lois quand ils doivent en être les garants envers ceux que l’on appelle de grands prédateurs tels que le Loup et l’Ours. Il est vrai que s’il nous restait des ours dans nos Pyrénées, nous n’irions pas les chercher ailleurs, seulement voilà, comme le disait M. Lassalle dans un autre temps « nous ne sommes pas racistes pour les hommes, nous n’allons pas l’être pour les ourses (….) d’autant que d’amener un peu de sang extérieur cela a toujours fait du bien à un peuple et je pense que pour les ours ce sera pareil, donc nous allons chercher une belle fille (…) du côté de la Slovénie » ! (vidéo de Baudoin de Menten datée du14 Mars 2010 sur you tube)

Nous privons la Nature de ce qu’elle contient de précieux, faune, flore, ce patrimoine si riche qu’il vient à manquer quand nous nous en privons par la même occasion. Il est vrai que se retrouver face à un ours doit faire un drôle d’effet. Mais c’est là un autre débat qu’il faudrait penser aborder ! Aussi, car il en est question, l’argent prenant le pas sur ce qu’il nous reste de bienveillance, il donne raison à ceux-là qui croient en sa valeur quand celle qui doit nous tenir à cœur devrait nous guider afin de protéger mais aussi réhabiliter la faune, la flore mais également l’ours dans nos chères Pyrénées, ce merveilleux capital que nous transmettons à nos enfants et auprès duquel nous apprendrons à vivre avec tout ce qui nous entoure … dont les ours !

Alors M. Lassalle, s’il vous plaît, revenez en arrière, faites-nous ce plaisir de penser aux humains, certes, mais aussi à l’ours dans ce cas présent … afin que ni l’un ni l’autre ne devienne des marionnettes, la première au bout d’un fil, l’autre de chiffon et toutes deux sans âme …

Bien à vous.

Samie Louve.

 « Pour moi, l’ours n’est pas un animal comme les autres. C’est une dimension de la montagne. (…)

Pour moi, l’ours doit vivre d’abord parce qu’il est le symbole d’une vraie montagne, parce qu’il est en voie de disparition, qu’il est rare de pouvoir sauver une espèce. N’est ce pas là un enjeu et un pari fantastique dont les bergers et leurs vallées pourront être fiers demain? (…)

S’inscrire dans cette démarche donne une autre dimension et une autre légitimité au métier de berger. (…)

L’Ours est le symbole de la vie pyrénéenne et d’une montagne encore libre et authentique où l’aventure est toujours possible. Il est le reflet d’une civilisation et d’une culture toujours vivante. Sa mort entraînerait la disparition inéluctable de cette culture, le début d’une montagne sans âme vouée aux caprices d’une vie artificielle où tout s’achète et tout se vend, y compris les rêves et l’aventure.(…)
Pour que les peluches de nos enfants ne deviennent pas de simples marionnettes de chiffon sans âme, mais restent de fantastiques objets de rêves et d’histoires merveilleuses en prise avec une vraie vie dans la montagne. Il faut sauver l’Ours. Parce que dans les écoles, on a fait rêver les enfants avec des histoires d’Ours et qu’il ne faut jamais tuer les rêves des enfants. Il faut sauver l’Ours. Si nous ne le faisons pas, quel avenir et quelle montagne leur laisserons-nous ?

Si l’Ours meurt, il y aura, je crois, comme une grande obscurité et un froid silence dans nos vallées. Les nuits seront plus tristes, les rêves plus sombres, l’avenir plus obscur. Alors faisons le pari de la vie et de la générosité » (*) Joseph Paroix, Berger en Béarn, 1999)

–       https://www.youtube.com/watch?v=zEX1zx2jgrQ (Jean Lassalle promet des ours dans les Pyrénées 1997-2010)

–       https://www.youtube.com/watch?v=zsiquCLTOHg  (Jean Lassalle ne veut plus d’ours dans les Pyrénées Oct 2018) cherchez l’erreur

Parle-m’en

Je veux bien t’en parler, mais ce sujet m’a autant attristé qu’amusé. Il s’agit d’une séquence diffusée sur la chaîne 27 d’information publique en continu il y a quelques jours.

Les présentateurs avaient prévenu le téléspectateur : on allait bien s’amuser. A priori, la réforme constitutionnelle n’a rien de très affriolant. Mais il s’agissait de montrer la réaction du député béarnais Jean Lassalle. Certes, son accent rocailleux, sa truculence et son emphase ont de quoi susciter des sourires. Mais des sourires de parisiens, méprisants, fermés à toute différence, et de ce fait attristants. Pour certaines personnes, le contenu importe peu, seule compte la façon de l’exprimer. Ainsi, il suffirait de bien enrober des propos ignobles pour les rendre acceptables, voire attrayants.

Bien sûr, il n’échappe à personne qu’en s’opposant vertement à la réduction du nombre de députés, Jean Lassalle prêchait pour sa paroisse (ou sa prébende). Il n’a pas totalement tort en affirmant que la réduction du nombre de parlementaires va aboutir à une moins bonne représentation du corps électoral. Mais force est de constater que la représentation nationale n’est pas un reflet fidèle du pays en matière de couches sociales ou de tranches d’âge.

Mais ce qui importe avant tout n’est-il pas le travail parlementaire, la prise en compte des problèmes de la nation ? Ne faudrait-il pas inclure dans ce travail le toilettage de nos lois et le suivi de leur application afin de les rendre plus lisibles et plus efficaces ?

Pour cela, le nombre ne fait rien à l’affaire. Il peut au contraire ralentir le travail du parlement par une multiplication intempestive des amendements. Les Français sont majoritairement favorables à la réduction du nombre de parlementaires. En revanche, il serait bon d’établir des règles simples pour les élections des députés. Par exemple en désignant un député par département élu à la proportionnelle, soit un peu plus de 90 députés élus ainsi sur 400 ou 404, ce qui serait plus significatif que 15%, et plus conforme à des engagements pris par MM. Macron et Bayrou. Bien sûr, il faudrait des dispositifs pour que la péréquation soit équitable, par exemple en l’établissant sur une base nationale ou régionale, mais ce n’est pas le fond de la question.

Illustrons cette question du nombre de députés par l’exemple de ce lundi 9 avril : seuls 94 députés étaient en séance, soit environ 5 absents sur 6. Il s’agissait pourtant d’une question brûlante, celle de la SNCF, en ces jours où le pays est presque paralysé par la grève des cheminots. N’était-ce pas l’occasion de faire des propositions concrètes et constructives et d’éviter des ordonnances qui brusquent les parties concernées ? Par exemple en faisant un travail d’investigation sur les facteurs qui plombent les finances de la SNCF : le fait que seulement 41% des sommes affectées au réseau aille à l’investissement tandis que 59% aille aux intérêts financiers, le fait que les employés soient peu polyvalents par comparaison avec les employés du rail dans d’autres pays (alors que la diversité du travail pourrait être intéressante pour les travailleurs eux-mêmes). Sans compter qu’une enquête objective sur les avantages des cheminots éclairerait l’opinion publique, qui pourrait comprendre qu’en raison des troubles de la vie familiale, accorder des billets gratuits aux familles des cheminots soumis à des déplacements ou des horaires décalés ne serait que justice, surtout s’ils sont limités aux périodes hors des périodes de pointe (donc quasiment gratuits pour la SNCF). Quant aux départs à la retraite, bien plus pesants dans l’équilibre financier de la SNCF, ne devraient-ils pas tenir compte de l’évolution de la démographie, comme cela a été fait pour l’ensemble des salariés ? De plus, avec une réduction progressive des jours en déplacement au cours d’une carrière, on pourrait tenir compte des impératifs de sécurité et d’humanité (l’espérance de vie d’un cheminot n’est pas la même que celle d’un travailleur sédentaire) et recycler le personnel vers des tâches plus sédentaires pour faire diminuer la masse salariale et le coût des retraites.

Oui, je te parle de cela, car il y a du travail pour les députés, et encore plus avec les questions d’éducation, de justice, de santé et j’en passe!

Paul Itaulog

Ces élus qui n’appartiennent pas au même monde que nous

Souvent cette phrase revient comme un leitmotiv pour dénoncer le comportement de nos élus. L’actualité qu’elle soit nationale ou locale nous offre les exemples de ce qu’ils peuvent se permettre. Ne serait-ce pas la principale raison de la désaffection des Français pour ce monde des politiques ?

Sur le plan national d’abord, la campagne électorale pour la présidentielle est entièrement axée sur les avantages que certains s’octroient ou se sont octroyés. Qui savait qu’un député ou un sénateur pouvait disposer de sommes aussi importantes pour rémunérer son épouse et ses enfants ? En réalité peu de monde parmi les électeurs. Qui savait que l’on pouvait trouver des costumes au prix de 6500 euros et se les faire offrir sans compensation ? Vous peut-être mais pas moi. Qui savait qu’avec des subventions européennes détournées, on pouvait financer un parti politique ? Qui savait que l’on pouvait accuser la justice d’être instrumentalisée par les politiques ? Qui savait que lorsqu’on est un (e) élu(e) on est autorisé à ne pas répondre aux convocations de la justice ?

Plus près de nous, certains élus du département ne dépareillent pas le tableau. Dans le genre « c’est moi que je suis » et qui possède des prérogatives, voire des privilèges, que vous autres n’avez pas, on trouve notre célèbre Jean Lassalle. Celui-ci est toujours en retard. Lorsqu’il perçoit qu’il va rater son avion, il téléphone à l’aéroport de Pau et demande qu’on lui prenne un billet et qu’on veuille bien l’attendre. Alors on attend Monsieur le député, presque candidat à la présidentielle. Une sénatrice bien connue et très engagée, refuse, elle, de montrer une pièce d’identité avant l’embarquement. Elle doit sans doute considérer que sa position la rend célèbre et que tout le monde doit la connaître et la reconnaître. Ce genre de comportement, même sans grandes conséquences, est significatif d’un état d’esprit de moins en moins toléré. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui, parce qu’il se disent près du peuple, s’opposent avec une détermination suspecte, à la fusion des communes.

Par la suite l’un comme l’autre présentent leurs excuses. Mais que valent celles-ci ? Tout semble un peu trop facile. Parfois, il leur arrive de dire en guise de défense : « Et alors ? » Sans doute parce que cela ne regarde personne. René Dosière (Sud Ouest dimanche 12 mars 2017), pourtant considéré comme le « Monsieur propre » de l’assemblée nationale, n’hésite pas à dire, qu’en ce qui concerne la déontologie, l’Assemblée nationale est souveraine. Une façon de reconnaître, là encore, que ce qui s’y passe ne regarde que cette caste des élus : on lave son linge sale en famille. Pour être déclarés au déontologue, il doit être établi que les cadeaux ont un lien avec le mandat de ceux qui les reçoivent. Voilà une vaste hypocrisie car bien malin celui qui pourra démontrer que ce lien existe ? Un échappatoire bien trop large dans lequel beaucoup s’engouffrent.

L’électeur est ainsi fait que, pour éclairer son choix, il tient de moins en moins compte des programmes proposés et de plus en plus de la personnalité des candidats. Son raisonnement repose sur le fait que les promesses ne sont pas tenues et qu’il faut bien choisir d’autres critères. Mesdames et messieurs les politiques êtes-vous réellement conscients de cet écart qui se creuse entre vous et les citoyens ? Savez-vous en déterminer les causes ?

Pau, le 15 mars 2017
Joël Braud

Crédit photo : saptco.org.sg

Des ours, des rats, des hommes, en Béarn et aux Pyrénées.

salamander-1126591_1280Dans un article précédent monsieur PYC posait la question un peu iconoclaste : l’homme et sa femelle, des animaux comme les autres ?

En 2013 (et oui le temps passe vite) sur le présent site, pour présenter les Pyrénées, ce diable de PYC écrivait sous le chapeau : les Pyrénées, définition à l’usage des politiques et des poètes (Chapitre 1 et 2). Tout cet environnement naturel, très généreusement arrosé, de manière continue dans la partie occidentale, de manière plus violente vers l’orient, engendre des biotopes d’une richesse exceptionnelle. Des biotopes sans équivalent de par le vaste monde, en suivant les gradients des altitudes et des températures.

Ce dont il est aujourd’hui question c’est la relation des hommes aux animaux dans l’espace béarnais que nous élargirons aux Pyrénées occidentales.

Mais comme nous l’a appris monsieur de la Fontaine, il y a des rats des villes et des rats des champs. Monsieur de la Fontaine, maître des eaux et forêts, fort peu pyrénéen au demeurant, mais trousseur de sonnets incomparables (le long d’un clair ruisseau buvait une colombe…etc) entre autre le plus charmant et le plus simple des poètes. Celui qui écrivit le meilleur des français : aérien, précis, et bucolique, oserons-nous dire.

A noter que notre ami rattus est une espèce commensale de l’homme qu’on trouve plus dans les habitations ou dans les égouts qu’en pleine nature .

Dans notre Béarn nous pourrions préciser les catégories de «biotopes» dans lesquelles on trouve tout ce monde animal (les hommes, les rats, les desmans, les ours, les ourses, les isards et des centaines d’autres espèces).

Nous distinguerons les villes, la campagne et le piémont, et, enfin, la haute montagne sur jusqu’à des altitudes frôlant les 3 000 mètres où grouille tout ce monde divers et multiple. A l’évidence pour la flore et, en conséquence pour la faune, une succession de paradis. Pour ne pas trop se compliquer nous insisterons sur les mammifères dont, faut-il le rappeler, la moitié des populations a fondu en quelques dizaines d’années. Avec l’arrivée au pouvoir à Washington du terrible Donald et tous ces pic-sous qui l’entourent on peut craindre que ce processus mortifère et hélas mondialisé ne s’accélère. D’autant que le nouveau président a déclaré ne pas croire au réchauffement climatique. La solution serait peut-être d’exporter quelques canards de notre Gascogne, porteurs de la grippe aviaire pour nous débarrasser de ce Donald rouquin et de sa troupe malfaisante.

Mais revenons à nos moutons. Moutons dont la montagne est submergée l’été et qui descendent souvent en camions, sur le piémont et dans la plaine le reste du temps. Les isards, voire les plus rares bouquetins, quelque part leurs frères sauvages, sont capables d’affronter la neige et le blizzard de la mauvaise mauvaise saison. Il est vrai beaucoup plus en forêt que dans la montagne pierreuse.

Sur la montagne, bien sûr, comme un symbole et comme un seigneur formidable règne lou moussu (qui n’a rien à voir avec Jean Lassalle) l’ours formidable malgré son apparence un rien débonnaire ; l’ours sur lequel Michel Pastoureau, le remarquable historien des couleurs, a commis un ouvrage passionnant L’Ours. Histoire d’un roi déchu. Il explique que notre ami l’ours était, dans toute l’Europe, le roi des animaux jusqu’à ce que, au tournant du moyen-âge, il fût supplanté par le lion que les seigneurs du temps avaient sans doute aperçu en orient. L’ours était alors si commun que Gaston Fébus ne crut pas utile de décrire son apparence dans son livre de chasse tellement il abondait .

Mais descendons vers la ville. Prenons l’exemple des agglomérations de Tarbes et de Pau. Ces agglomérations sont principalement peuplées de bipèdes ce qui est plutôt une rareté sur la terre. C’est sans doute pourquoi sur les routes et dans les rues ils se déplacent plutôt à quatre roues. Sans doute pour s’apparenter à leurs frères et sœurs mammifères généralement dotés de quatre pattes. Bien sûr nous parlons des hommes et de leurs dames. Avec ce système ils consomment pour se déplacer, plutôt à petite vitesse, infiniment plus d’énergie que le déplacement ne le demanderait. Sans parler du stress et de l’énervement .

Mais les hommes dans les villes ont un penchant; la biophilie à savoir l’amour des choses naturelles et, singulièrement des animaux si bien que leurs maisons et leurs appartements sont peuplés de chats et de chiens, de poissons rouges, de perruches et depuis quelques temps de boas ou de varans.

Pourtant, d’après les meilleurs scientifiques, nous les hommes ne serions pas des ours qui, comme nous, sont omnivores plutôt malins et ne dédaignent pas le miel et la station debout mais de grands singes un peu comme des gorilles, des orangs-outans voire des chimpanzés.

Alors nous serions vraiment différents car des singes en Béarn ou en Bigorre il n’y en a qu’au zoo d’Asson et encore ce sont surtout des ouistitis rigolos, des lémuriens émouvants, ou des des gibbons acrobates et joueurs.

Bon nous ferons l’impasse sur l’étage moyen de 300 à 3000 mètres peut-être le plus riche. Nous aurions aimé parler des pipistrelles, des scarabées dorés, des hermines merveilleuses, des gypaètes barbus, des salamandres qui illuminent les bois des tritons et des loutres qui nagent dans les ruisseaux.

Mais il convient de savoir se contenir. Au risque nous, pauvres grenouilles souvent urbaines, d’éclater de suffisance en essayant de se laisser croire aussi savantes que le bœuf voire des meilleurs naturalistes .

Pierre Yves Couderc
De Martin à Léo,
De Léo à Popi
Oloron le 29/01/ 2017

Des primaires au MoDem !

Bayrou Lassalle   Le grand guignol politique français où les mêmes marionnettes occupent l’espace médiatique continue. Jusqu’à quand ? Les citoyens français sont-ils donc si stupides que cela ?

Notre Béarn a le « privilège » de rassembler quelques personnalités « originales » du Prince de Laas au marcheur solitaire Jean Lassalle. C’est ce dernier qui a décidé de faire le buzz le premier en se déclarant candidat à la Présidence de la République ! Ben voyons ! Déjà candidat à la Présidence de la grande région Aquitaine, prestement renvoyé dans sa vallée pyrénéenne par Juppé, il y revient juste pour le gêner…

Il faut se demander comment un député qui n’a su faire parler de lui que par un comportement excentrique peut se mettre ainsi en avant pour une fonction d’un tel niveau ?

Il en est un peu de même pour son ami de 30 ans et Président à vie du MoDem. On remarquera au passage le fonctionnement de ce parti dans lequel la démocratie n’existe pas et où la voix des militants compte pour du beurre…  Pourtant, on aimerait voir des primaires dans ce parti : Bayrou, Lassalle et pourquoi pas Pédehontaa, cela mettrait un peu d’humour dans des primaires qui ressembleront à des guerres dans les deux principaux camps.

Car notre Maire de Pau piaffe d’y retourner… Elles sont loin ses promesses de s’occuper exclusivement de la ville de Pau et son Agglomération…

Le cas Bayrou est d’ailleurs une anomalie politique en France. Voilà une personnalité qui ne propose rien dans les émissions où il s’exprime fréquemment, excepté la volonté de rassembler gauche et droite, mais on ne sait jamais ni comment ni avec qui ni pourquoi, ou si peu. Il propose une musique douce, pleine de bonnes intentions qui semble séduire quelques 10% des électeurs endormis.

Pourtant, on peut dire que confronté à la réalité du pouvoir, Bayrou est d’une grande inefficacité.

Rappelez vous, lors de sa campagne présidentielle de 2012 il préconisait une baisse de 5% de la dépense publique (100 milliards d’euro). Maire de Pau et Président de l’Agglomération, il est incapable de faire baisser significativement les coûts de fonctionnement, incapable de diminuer une masse salariale trop élevée. Il équilibre le budget en continuant à emprunter et est incapable de faire baisser les impôts locaux comme il s’y était engagé, et c’est pourtant très facile !

Dans le domaine de la politique régionale, il existe une anomalie indécente : le contour de l’agglomération paloise ne correspond pas au bassin de vie (les communes du Nord de Pau devraient être dans l’agglomération ) On aurait pu croire qu’un homme d’Etat qui aspire aux plus hautes fonctions et devra guider la France dans le labyrinthe européen ou faire la guerre à Daesh réglera rapidement cette petite anomalie locale. Il n’en est rien, rien ne bouge.

C’est vrai qu’il est plus facile de construire des tribunes au Hameau ou des salles de spectacles inutiles, il suffit d’emprunter, les suivants se démerderont avec les dettes…

Dans le domaine politique national, cet homme au discours pavé de bonnes intentions qui se pose en rassembleur a pourtant réussi l’exploit de faire passer sous sa présidence l’UDF puis le MoDem d’une centaine de députés à quasiment rien aujourd’hui. Pourquoi ?

Rappelons ce que disait Jean François Khan (à qui il avait offert un poste d’élu) et que pourraient répéter de nombreux anciens militants :

« Il a été vaincu par un moi qui a étouffé le nous »

 Il faut mettre à la retraite tous ces politiciens qui ont oublié ce qu’est la vraie vie, un « ciudadanos » à la française est indispensable, inéluctable.

Daniel Sango

Trois candidats dans les Pyrénées Atlantiques

imagesDécidément l’élection à la présidence de la République française, n’en finit pas d’agiter certains esprits. Pourtant il reste encore quatorze mois avant cette échéance, mais les primaires sont beaucoup plus proches et chacun est soucieux de se placer. Qui sont ces trois candidats et surtout quelles sont leurs réelles et inavouées motivations ?

Ces jours-ci, Jean Lassalle, 60 ans, célèbre député béarnais, vient de laisser entendre à sa manière qu’il n’excluait pas de présenter sa candidature. A sa manière, car comme il le fait sur nombre de sujets, il sait manier une affirmation tout en laissant entendre que son contraire n’est pas à exclure. Il est donc candidat à l’élection présidentielle avec cette particularité qu’il n’est pas question pour lui d’attendre une primaire de son parti, le Modem. Il agit ainsi en free-lance à la manière de Marcel Barbu (mais qui se souvient ?). Sur la question de savoir quelle est sa vraie motivation on ne pourra obtenir de réponse. Il a fait le tour de France et a touché du doigt le désarroi du bon peuple, mais cela ne suffit pas à faire un programme. Alors il faut se souvenir qu’au moment de l’élection régionale, il avait fait connaître son souhait d’être tête de liste de la droite. Cependant, par la volonté de Alain Juppé, c’est Virginie Calmels qui avait assumé ce rôle. Et si en se présentant, Jean Lassalle souhaitait avant tout s’opposer à Alain Juppé, une vengeance en quelque sorte…

L’autre candidat, sous condition certes, est François Bayrou, 64 ans. Lui a maintenant une certaine expérience de l’exercice. La particularité est que, s’il se présente, il le fera en même temps que Jean Lassalle qui est du même parti politique que lui. Tout ça serait bien curieux, rien n’est impossible en politique même pas les extravagances les plus inattendues. François Bayrou, soutient Juppé, il l’a fait savoir, et dans l’hypothèse où le maire de Bordeaux ne gagnerait pas les primaires et où ce serait Sarkozy qui recevrait l’investiture du parti Les Républicains, le maire de Pau entrerait dans l’arène. Pourquoi ? Certainement parce qu’il a comme une dent, ou plutôt une mâchoire, contre l’ex président de la République. En se plaçant sur la ligne de départ, il sait pouvoir prendre des voix à ce dernier. On ne peut exclure qu’en même temps il cherche une reconnaissance qui pourrait revêtir la forme d’une entrée dans un gouvernement.

Et puis, toujours à droite, vient de pointer le bout de son nez cette autre habitante des Pyrénées Atlantiques, il s’agit de Michèle Alliot-Marie, 69 ans. C’est vrai qu’elle a un passé politique bien rempli. L’ancienne ministre reste la seule femme à avoir, dans le passé, dirigé les principaux ministères régaliens. Elle est actuellement présidente départementale du parti Les Républicains dans les Pyrénées Atlantiques. Là encore on peut s’interroger sur ce qui la motive. Et si c’était elle la seule femme de la primaire ? Il faut bien penser à la parité. Il est aussi établi, selon un de ses proches qui la soutient, qu’elle déteste Juppé et pourrait par ce moyen, vouloir lui faire de l’ombre.

Ne cherchez pas l’intérêt général ; la remise à l’ordre du jour de certaines réformes indispensables au redressement de notre pays est absente de ces intentions politiciennes. Le moteur est la rancœur et l’ambition personnelle.

Pau, le 7 mars 2016
par Joël Braud

L’autorité de l’État

imgresEn réunissant les maires du Département des Pyrénées Atlantiques à Bidache le 11 avril dernier, le Préfet, représentant de l’État, a choisi cette occasion pour rappeler les impératifs de la réforme territoriale. Il n’a été que distraitement entendu et n’a que faiblement convaincu. Mais pourquoi l’autorité de l’Etat est-elle si peu considérée ?

 Il entre dans les fonctions du Préfet, représentant de l’Etat dans le département de mettre en œuvre la politique du Gouvernement français. Ce serait être bien ignorant de l’actualité que de ne pas prendre en considération ces réformes qui portent sur certaines institutions telles que les départements, les Régions, les intercommunalités et les communes. Nous savons maintenant que la suppression des départements qui était programmée pour 2017 a échoué, que le regroupement des régions a fait passer le nombre de celles-ci de 27 à 13 et que le projet de regroupement des communes ne parvient pas à prendre forme.

 C’est sur ce dernier point qu’il est demandé, ordonné devrions-nous dire, aux préfets de s’investir pour parvenir à un regroupement significatif. Le projet du préfet des Pyrénées Atlantiques fait ressortir que seulement huit intercommunalités devraient subsister. Il met donc en place un schéma des intercommunalités qui deviendra définitif début 2016. Les conseils municipaux auront à se prononcer à titre simplement consultatif et les communes voteront, leurs avis seront décisionnels. D’ici là que de discussions, échanges et palabres en vue qui n’aboutiront, il faut le craindre, que sur des  convictions divergentes.

 Rappelons pour bien situer l’enjeu quelques données chiffrées : Il existe en France 36 769 communes, 15 903 syndicats intercommunaux, 27 régions, 101 départements, 240 préfectures.  Tandis qu’elle ne représente que 12,8% de la population totale de l’Union Européenne, la France possède 40 % de ses collectivités.  Nos voisins ont depuis longtemps su se réorganiser, ainsi l’Allemagne, que nous citons si souvent en exemple, est passée de plus de 30 000 communes à 12 196 ; la Suède de 2 532 à 290 ; le Royaume Uni dispose de 409 « autorités locales » qui remplacent les communes et les régions ; l’Italie compte 8 101 communes ; la Belgique est passée de 2 739 à 589 ; l’Espagne, 8 109 ; les Pays-Bas  431 et la Finlande  326. Dans ces pays ces réformes ont pu être réalisées grâce à l’autorité d’un l’État fort.

 Autant dire que nous figurons, au moins sur ce plan, parmi les mauvais élèves de la classe européenne.

 Et pour ne considérer que notre beau département, soulignons qu’ils s’y trouvent 545 communes dont 38 de moins de 100 habitants ; la plus petite est peuplée de seulement, tenez-vous bien, 32 habitants, il s’agit de Tabaille-Usquain.

Lorsque le Préfet, représentant de l’autorité de l’Etat, chargé de mettre en musique cette partie de la réforme territoriale, présente son projet,  il est accueilli par les élus avec circonspection (le terme est ici très atténué par rapport à la réalité des propos entendus). Certains, tel Jean Lassalle – maire de Lourdios Ichère 154 habitants – ne voit pas comment ces regroupements vont se faire, d’autres disent douter de l’efficacité des grands ensembles et enfin le président  du conseil départemental, par ailleurs sénateur, du haut de son promontoire récemment acquis, n’hésite pas à juger ce projet comme une fausse bonne idée.

 Nous en sommes donc là à constater que les élus qui craignent pour leurs mandats, leurs prérogatives et qui considèrent comme Mirabeau, qu’ils sont là par la volonté du peuple et qu’ils n’en sortiront que par la force des baïonnettes, vont freiner des quatre fers et tout entreprendre pour faire obstacle  au projet de l’État soutenu par le préfet.

 Notre décentralisation démontre maintenant qu’elle est en capacité de s’opposer à la volonté de l’État. De ce fait, la France est devenue irréformable.

 

Pau, le 21 avril 2015

Par Joël BRAUD