Rédhibitoire

Voter, ce n’est pas choisir entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable. (Raymond ARON). Le premier tour de l’élection présidentielle nous a conduit à une situation inédite où les partis traditionnels ont été exclus du paysage politique. Restent deux candidats, l’un n’a jamais assumé un mandat, l’autre n’a jamais exercé de fonctions au sein d’un gouvernement. Alors s’il fallait faire un choix à partir de leurs engagements que serait le préférable, que serait le détestable ?

Le journal Sud Ouest, dans son édition du dimanche 30 avril 2017, présente le programme des deux candidats à la loupe. Dix domaines sont analysés, ce sont : l’éducation, la défense et la sécurité, la justice et l’immigration, l’emploi et les retraites, l’économie et la fiscalité, l’environnement, la santé, l’Europe et l’international, la vie politique et enfin la culture. On peut débattre à l’envi de ces programmes en notant au passage que certains engagements sont comparables. Mais il en est un proposé par Marine le Pen, qui sera lourd de conséquences : « mettre en place un scrutin proportionnel à toutes les élections ».

Qui en lisant cela aura la curiosité de se demander ce que cette mesure implique ? Qui sera soucieux de se souvenir que cette forme d’élection à la proportionnelle a existé par le passé ? Qui sera capable de faire référence à l’instabilité qui en a découlé ? Pas grand monde en vérité. Beaucoup préfèrent dire que cette forme d’élection est plus juste parce que toutes les tendances sont représentées. Et parmi ceux qui tiennent ce raisonnement figurent bien évidemment les petits partis politiques qui avec un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, disposent de peu d’élus à l’assemblée nationale. Le besoin d’exister en quelque sorte. François Bayrou d’ailleurs figure parmi les tenants de ce mode d’élection.

Mais souvenons-nous de la IV° République. Même si l’histoire ne ressert jamais deux fois les plats il existe des constantes. Lors de ce régime (1946 – 1958) parlementaire, les députés étaient élus à la proportionnelle. Les gouvernements ne disposaient pas d’une majorité dans une assemblée disparate où les députés négociaient entre eux avant d’adopter les textes. Il en résultait une instabilité ministérielle importante. La durée moyenne d’un gouvernement était de sept mois. On peut évidemment se demander comment, dans de telles conditions, un pouvoir peut entreprendre des réformes. Les guerres d’Indochine puis d’Algérie ont eu raison de cette République.

Plus récemment, pour mettre en œuvre l’une des ses propositions, en 1986, Mitterrand a modifié le mode électoral aux législatives. La proportionnelle a donc été instituée pour la première fois dans la V° République. Résultat l’union RPR-UDF obtient la majorité absolue (291/577) tandis que 35 députés FN siègent à l’assemblée. Se met alors en place la première cohabitation, Jacques Chirac devient premier ministre. A noter que c’est à cette occasion que le nombre des députés passe de 491 à 577 (+ 17,50%). Cette chambre sera dissoute par Mitterrand lui-même après l’élection présidentielle de 1988 qui lui a permis d’être réélu. Retour à l’élection de l’assemblée nationale au scrutin majoritaire.

Ce qui est impératif est de faire en sorte que les institutions fonctionnent et que l’État dispose d’un pouvoir suffisamment fort pour mettre en œuvre les réformes nécessaires. Or lorsque l’assemblée nationale est composée de tendances politiques disparates, il est difficile de pouvoir y parvenir. Les partis s’entendent avec des arrangements des accords, des connivences, des accommodements, des négociations en interne et, dans certains cas, des tambouilles d’arrières cuisines. Les combines et les alliances prennent le pas sur le souci de l’intérêt général. Les politiques sont ainsi faits…

Il serait contradictoire qu’une candidate qui prône un État fort et autoritaire, mette en place un système électoral qui affaiblisse de manière notoire l’exécutif. Cette disposition qui vise à faire élire les députés au scrutin proportionnel est détestable, donc rédhibitoire.

Pau, le 3 mai 2017
par Joël Braud

Crédit image : nw-science.com

Pulsion et réflexion

Il est plus facile de disserter sur le passé récent que d’envisager l’avenir. Pourtant toutes les leçons ont-elles été tirées de ce premier tour des présidentielles ?

Clairement, les deux partis principaux qui se partageaient le pouvoir depuis des décennies ont subi de lourdes défaites et se trouvent fracturés. Pour les Républicains, qui avaient une voie royale devant eux, c’est la faible estime pour l’attente de probité qui leur a été fatale. La responsabilité n’incombe pas seulement à M. Fillon. Elle est partagée par tous ces barons du parti LR qui se sont laissé impressionner par quelques drapeaux agités sur l’esplanade du Trocadéro et n’ont pas su trouver une solution alternative. Au delà d’eux, c’est la surdité de leurs partisans qui n’ont pas su mesurer l’écœurement de ceux qui travaillent dur pour gagner leur vie face à l’accumulation d’avidité, de mesquineries, de mensonges. Etait-il pensable de porter à la responsabilité de signer des traités internationaux un homme suspecté d’avoir commis des faux ?

A gauche, c’est le refus du compromis, le raidissement dans le sectarisme qui a conduit à la perte. Un ralliement au mieux placé comme celui qu’a effectué François Bayrou eût sans doute permis à la gauche d’être présente au second tour. Certes, les programmes étaient différents, et même opposés sur un certain nombre de points. Mais en rabattre sur les objectifs ne valait-il pas mieux que cette
déconfiture ?

Pour autant, ces deux partis ne sont pas morts, même s’ils sont aujourd’hui profondément déchirés. Si une lourde incertitude plane sur leur avenir, une interrogation plus urgente mobilise les esprits. Les sondages peuvent se trouver démentis par les urnes. Et il reste une gène perceptible chez les personnes interrogées à reconnaître un vote en faveur d’une « patriote » qui nie la responsabilité des collabos dans la rafle du Vel’ d’Hiv et dans la déportation des juifs et à soutenir un parti qui a porté à sa tête (pour trois jours!) un négationniste.

Mais dans les esprits des thèses simplistes restent imprimées ou même se développent. Expulser les étrangers, par une sorte de seconde manche, de revanche de la décolonisation. Au moins expulser les fichés S. Expulsés vers où ? Les plus futés répondront dans les camps où Vladimir Poutine enferme ses terroristes. Il y fait froid et cela  serait une dissuasion efficace pour les illuminés assoiffés de sang qui se voient déjà récompensés par 80 vierges dans un paradis. Et si l’on fait voir qu’un tel accord n’est pas réalisable dans le contexte actuel, ils répondent « N’importe où, au Spitzberg ou aux Kerguelen plutôt qu’à Artix ou Pau » pour un tel enfermement. Imaginent-ils le durcissement du communautarisme qu’une telle mesure entraînerait ? Quant à la sortie de l’euro, ont-ils considéré les effets sur l’épargne, l’investissement, l’emploi qu’une telle mesurer ne manquerait pas de créer ?

Il faut reconnaître qu’à l’inverse Emmanuel Macron a un sens aigu des revers de médailles. Peut-être trop aigu. Sa locution favorite n’est-elle pas « En même temps… » ? Bien des couches de la population sont réfractaires à une telle perception. Bien de nos compatriotes qui se disent hostiles à la mondialisation ne sont pas prêts à se détacher de leur usage de Google, Microsoft, Amazon ou Booking. Pourtant, c’est au travers de ces firmes que notre indépendance est menacée, un peu à la manière dont tant de riverains de la Méditerranée étaient asservis aux besoins de Rome dans le monde antique. Aujourd’hui, c’est à travers plus d’harmonisation fiscale en Europe, plus de justice sociale et de stabilité que l’on jugulera le déséquilibre budgétaire de la France, le chômage de masse et par une meilleure répartition des dépenses militaires en Europe que l’on assurera une meilleure sécurité du continent. Ce n’est pas par un alignement sur V. Orban et quelques autres nationalistes que l’on assurera l’avenir de notre pays.

Paul Itaulog

Les primaires assassines.

A moins d’être aveugle, innocent ou inconscient, le deuxième tour de l’élection présidentielle ne recèle aucun mystère. Emmanuel MACRON sera désigné le 7 mai pour diriger la France. Comment pourrait-il en être autrement après les appels en sa faveur d’élus de tous bords espérant conserver leur siège, du premier ministre, du parti socialiste, des ténors Républicains dont la voix est chaque jour moins audible et du chef de l’état lui-même qui, à ce titre, devrait observer une parfaite neutralité.

Un tel déferlement ne manque pas d’interpeller. Il n’est pas sans rappeler celui de 2012 où le slogan était  » Tout sauf Sarkozy « . On connaît la suite. Le procédé est honteux. Il conduit non à élire un candidat, mais à éliminer son concurrent. Autrement dit, aujourd’hui, c’est  » Tout sauf Marine Le Pen « .

Tout y passe depuis l’usage éhonté du  » front républicain  » à celui de la candidate de  » l’extrême droite « , car personne, sauf ceux qui en tirent profit pour affoler l’électorat, ne peut définir ces deux notions qui sont seulement la création d’une classe politique soucieuse de ses privilèges.

Les mœurs ne changent malheureusement pas. La trahison a été au centre du scrutin. Ainsi Emmanuel Valls, après s’être engagé, par écrit, à soutenir le candidat qui remporterait la primaire de gauche, s’est empressé de soutenir Emmanuel Macron, se déclarant prêt à gouverner avec lui. Robert Hue, ancien leader du parti communiste en fait de même.

Mais plus surprenante est la position d’une majorité des responsables Républicains qui entonnent la même antienne. Ces derniers sont probablement les plus hypocrites parce que leur position est bancale. En effet, s’ils soutiennent Emmanuel Macron au nom de  » Tout sauf Marine Le Pen  » ou de « barrage à l’extrême droite », leur grand dessein désormais est de devenir une force d’opposition à Emmanuel Macron, comme l’expliquait récemment sur les ondes un ancien premier ministre Républicain.

Ils visent évidemment les élections législatives en espérant obtenir à l’Assemblée Nationale une majorité qui leur permettrait d’empêcher Emmanuel Macron de mettre en œuvre son programme et suggèrent la désignation de François (c’est semble-t-il le prénom obligé pour exercer de hautes fonctions, sauf avatar) BAROIN comme premier ministre.

Autrement dit, ils le soutiennent comme la corde soutient un pendu, tandis que d’autres sont prêts à renoncer à leur étiquette d’origine pour le logo  » En marche « .

Encore et toujours des arrière-pensées par nature perfides. N’ont-ils pas compris que l’électorat ne veut plus du partage du pouvoir en deux camps et si l’on peut rendre un seul hommage au président Hollande, c’est celui d’avoir donné le jour à une créature d’autant moins vulnérable qu’elle est vierge de tout engagement politique antérieur, lui permettant de rassembler autour d’elle des sensibilités qui n’ont cessé de se combattre jusque-là. Autrement dit, il sera parvenu à faire siéger dans le même camp des personnages qui se sont toujours combattus par principe, sans autre souci que d’apparaître dans la majorité ou l’opposition.

L’histoire dira si le calcul était bon mais un fait est sûr beaucoup sont prêts au parjure en attendant un autre mouvement de fond. L’essentiel étant pour eux de se perpétuer.

Pierre Esposito

Propositions, résolution, révolution, malversations, déploration…

Bien des observateurs avaient remarqué l’abondance de candidats à la présidentielle dont le nom se termine par « on ».  Mais cette campagne est marquée par bien d’autres rimes ou allitérations.

J’avais résolu de ne pas m’exprimer sur les propositions des candidats afin de laisser à chacun le soin de les étudier et de les évaluer. Tout au plus, j’envisageais de donner quelques pistes de lecture. Mais les rebonds de la campagne ont présenté tant de péripéties qu’il est inévitable de les évoquer, surtout lorsqu’ils concernent des personnages politiques locaux comme François Bayrou.

Même si l’on n’est pas de son camp, on ne peut être que frappé par la virulence des commentaires suscités par l’article « Bayrou circus ». Ce site qui se voulait représenter une diversité d’opinions se serait-il rangé sous la bannière d’un Éric Ciotti, qui, sur BFMTV, deux heures à peine après la déclaration de François Bayrou éructait son venin ? Ce faisant, il offrait une belle démonstration de la portée de la démarche du président du MODEM et de la panique des soutiens de François Fillon. De fait, la démarche de François Bayrou a été suivie de nombreux ralliements à Emmanuel Macron et surtout d’une remontée spectaculaire dans les sondages qui l’ont (provisoirement) placé en tête devant Marine Le Pen.

Le renoncement de François Bayrou était marqué d’un réalisme, tout comme celui d’Alain Juppé. Mais alors que ce dernier s’oriente vers un certain retrait de la vie politique, le renoncement de François Bayrou  se veut promouvoir un rebond du centre, et l’on ne peut pas dire que la défense du centre n’a pas été le fil conducteur de sa carrière. La situation est favorable pour une telle entreprise (alors que le système favorise sa lamination), car beaucoup d’électeurs doutent de la faisabilité des propositions de la gauche ou s’opposent au populisme et à la xénophobie de la droite dure.

Il est vrai que la trajectoire d’Emmanuel Macron pouvait susciter des interrogations et que son programme n’était pas clair (les autocars Macron et l’ouverture de magasins le dimanche pouvant difficilement être considérés comme relevant d’une « révolution », le titre de son livre). D’où l’habileté d’avoir posé des conditions fortes pour cette « alliance ». Le choix de ce dernier mot n’est d’ailleurs pas indifférent, et il aurait pu susciter plus de commentaires.

Le titre du livre « Résolution française » de François Bayrou pouvait laisser penser à une direction inverse de celle qui a été prise par François Bayrou. Que de sarcasmes eussions-nous entendus s’il avait poursuivi sa chasse à la Présidence !

Les conditions édictées par François Bayrou ne ressortent pas de petits arrangements tactiques. Elles sont cruciales pour l’avenir de la démocratie dans ce pays. Surtout la question de la moralisation de la vie politique et le respect que l’on doit au travail. D’autres exigences ne sont pas indifférentes, comme une meilleure représentation de la variété des opinions, par exemple par l’introduction d’une dose de proportionnelle mesurée au niveau national (ou au niveau régional afin d’apporter un peu de cohésion et d’intérêt à ces territoires régionaux). Plus encore, aux yeux de bien des citoyens conscients des dangers que court notre monde, une prise en compte de notre environnement s’impose. L’appui de femmes et d’hommes venus d’horizons variés devrait enrichir les propositions. Définir des directions claires, honnêtes et progressistes est plus important que de chiffrer des mesures. C’est du moins ce que pensaient Antoine Condorcet, Charles de Montesquieu et Charles de Gaulle.  Ce n’est pas l’un d’eux qui a écrit les lignes qui suivent. Les Paloises et les Palois peuvent être fiers qu’elles l’aient été par leur maire et qu’il ait conformé ses actes à ses paroles.

Paul Itaulogue

« Ni les honneurs fugaces, ni les victoires frelatées, n’ont à mes yeux rien qui vaille la peine. On ne donne pas sa vie pour de la gloriole, pour des chapeaux à plume et des galons. On donne sa vie pour les siens, pour la vérité, pour qu’un peuple y voie clair. » François Bayrou

F. Bayrou, Résolution française, Les Éditions de l’Observatoire, 16,90 euros

E. Macron, Révolution, XO Éditions, 17,90 euros

J.-L. Mélanchon, L’avenir en commun, Seuil, 3 euros

J. Attali et France 2022, Cent jours pour que la France réussisse,
Fayard, 20 euros

A. Verdier-Molinié, Ce que doit faire le (prochain) président, Albin
Michel 20 euros

Échéance ou déchéance, l’avenir nous le dira !

calendrierIl nous faudra bien du courage pour nous rendre dans l’isoloir durant les élections présidentielles … cruel dilemme … afin de choisir celle ou celui à qui nous confierons le pouvoir mais plus encore, nos destins !
Mon cœur s’il demeure fidèle au courant politique que je fis mien … depuis très loin … n’en est pas moins à s’interroger sur ce futur revêtant diverses allures autour de candidats ayant fait ou non le choix de se présenter ! Un futur qui ne me dit rien tant je crains de cette politique menée depuis de longues années par ceux-là ayant préféré exercer le pouvoir en négligeant leurs devoirs … allant jusqu’à les délaisser pour certain ne pensant qu’à engranger du grain (que nous leur offrons) pour nous laisser les miettes et ce, durant cinq années de leur présence à l’Elysée … comme vers ceux-là qui en désespoir de cause chausseront les starting-blocks les lançant vers la primaire … sans se douter qu’être Président de tous les Français, ce n’est pas une mince affaire !
Et puis, il y a les autres, ceux souhaitant faire barrage aux concurrents de tous horizons … comme si être Président cela peut être comparé au Roi Léon assis sur son trône à nous regarder faire les cons !
Sur Sarkozy dont le bilan ne fut guère brillant après son mandat de président, c’est le moins que l’on peut en dire … il ne fera pas mieux si ce n’est pire d’autant que comme il le prétend … « Israël est le combat de sa vie »… alors si Israël est le combat de sa vie … que fait-il ici … nous sommes en droit de nous le demander et de le déclasser avant même qu’il ne fasse le choix de se (re)présenter, lui qui s’aigrit dès que quelqu’un le contrarie.
Sur Juppé, l’ennemi juré de ce dernier … dont le profil n’est plus à faire puisqu’il y a longtemps qu’il est dans les affaires, politiques … il semble avoir ôté le masque du retraité pépère qui ne risque pas d’être en galère puisqu’il est plusieurs fois retraité et touche un gros paquet du fait de toutes ces fonctions passées … comme cumulard y’a pas mieux à la tête de notre pays si des fois il nous prenait l’envie de voter pour lui !
Marine Le Pen elle a su y faire en éjectant son vieux père et dédiaboliser son petit monde de troublantes affaires où nous faire prendre des vessies pour des lanternes est ce qu’elle sait faire de mieux tout en prenant à témoin le bon Dieu !
Pour Mélenchon, ron-ron petit patapon, nul ne peut désavouer sa culture et son discours intellectuel qui lui vaut d’être un concurrent potentiel de ceux-là qui après nous avoir mis sur la paille … pensent que le petit peuple … ça baille et ça maille !
Pour les écolos pas encore de populo à franchir le cap … ils attendent sans doute du ciel qu’il fasse des merveilles !
Bref, dans ce méli-mélo de femmes et d’hommes ayant revêtu le costume de gouvernant avant l’heure, demeure notre actuel Président, son aspect pépère et bedonnant critiqué tant de fois … lui qui dès la fin de l’année aura décidé … ce que je crois … de nous présider une nouvelle fois ! Je sais, et parce que je sais ce que je sais, viendra le temps où à mon tour je déciderai de ce qu’il convient de voter … et pour qui ira ce petit billet … qui sera celle ou celui qui aura ma faveur et le droit de me représenter … mais comme je l’ai dit, ce n’est pas encore l’heure.

Samie Louve.

Et demain ? Comme avant !

imgresDe Nicolas Sarkozy, Alain Juppé à François Hollande, tous pensent et souhaitent même que Marine Le Pen soit présente au second tour de l’élection présidentielle.

Pensent, parce que cela semble actuellement évident. Souhaitent, parce qu’ils espèrent invoquer contre elle le fameux ( et fumeux ) front républicain qui a privé le FN de la présidence des régions PACA et Nord- Pas-de Calais. Et à ce jeu-là, le plus malin, le plus fin, celui qu’on raille, qu’on caricature comme un benêt, c’est le président Hollande. Il a pour meilleur argument la preuve du succès du rassemblement des forces de gauche. Le moment venu, il leur dira  » si nous ne sommes pas unis, nous laisserons la présidence à la droite, voire au FN  » et les verts, le front de gauche, auxquels seront promis des récompenses, se rallieront autour de sa candidature. Face à Marine Le PEN, il gagnera, puisqu’elle n’obtiendra pas l’aide des  » républicains » et des « centristes ». Et s’il est éliminé au premier tour, on reverra le film du second tour des régionales.

Le FN ne sera pas au pouvoir en 2017. Pour y accéder, il lui faudra peut-être prôner les changements auxquels aspirent les français, à savoir des réformes institutionnelles telles que non cumul des mandats dans le temps, réduction du nombre d’élus, bref la fin du professionnalisme politique. Mais comment, les dirigeants des partis qui ne vivent que de leurs mandats, accepteraient-ils de s’engager sur cette voie ? Tant que morale et politique ne feront pas bon ménage, le  » bon peuple  » se réfugiera de plus en plus dans l’abstention ou le vote blanc. Car que voyons-nous si ce n’est langue de bois et hypocrisie? Un  » futur » président de région renoncer de participer à une primaire  » de la droite et du centre » qu’il n’avait aucune chance de remporter, un chef de file des verts se rapprocher du président Hollande, une bagarre sournoise contre Nicolas Sarkozy au sein de son propre camp, un président du Modem qui soutient Alain Juppé dans l’espoir non avoué mais tellement sonore d’en devenir le premier ministre.
Et parmi tout ce beau monde quel est celui qui a vécu d’autre chose que de ses mandats ? Certains ont largement dépassé l’âge moyen de la retraite, mais l’ambition du pouvoir continuera de les animer tant qu’une élimination naturelle ou électorale ne mettra pas fin à leur appétit. Les habitudes devront changer, mais n’imaginons pas changer les hommes, malgré les incantations entendues récemment.

Il faudra commencer par respecter l’autre, cesser de s’invectiver, accepter la contradiction, ne pas se parer d’une posture de matador, comme le fait trop souvent le premier ministre, réfléchir enfin au fait que l’élection donne seulement une légitimité électorale mais non une représentation réellement majoritaire du pays.

Pierre ESPOSITO 
Docteur en droit
Avocat honoraire

Carton du FN: « Comment en est-on arrivé là ?»

images« Comment en est-on arrivé là ? », c’est le titre de l’éditorial du Monde du 8 décembre, après le « carton » du Front National au premier tour des élections régionales. Passé le titre, dont on imagine qu’il conduit à une analyse connue, vient la conclusion : « C’est une reconstruction en profondeur qui s’impose ». On n’en saura pas plus sur le type de reconstruction imaginé par le quotidien et la méthode pour y arriver.

Cette reconstruction en profondeur, de nombreux rédacteurs, sur Alternatives Pyrénées, l’appellent de leurs souhaits depuis bien longtemps. Mais rien n’y fait. Rien ne bouge. Du coup 30% des français pensent que seul le FN peut faire bouger les choses. Ils n’ont pas tort ! Ni le PS, ni les Républicains ne proposent quoi que ce soit pour faire sortir notre Nation de l’immobilisme. Ils se contentent d’un face-à-face stérile depuis si longtemps.

Oui, seul le FN peut faire bouger les choses, sauf que le replis sur soi, la xénophobie ne peut que conduire qu’à plus de chômage, plus de difficultés encore. France : De pays des lumières, pays universel passant au statut de pays fermé, recroquevillé sur lui-même !

Pas une nation du monde, au « top » de l’attractivité, ne vit repliée sur elle-même. Où préférez-vous vivre ? Canada, Finlande ou Corée du Nord, Vénézuela ?

Les observateurs semblent avoir du mal à conclure que ce sont nos présentes institutions qui créent le personnel politique actuel. Soit dit en passant, n’en doutons pas un instant, ces institutions amèneront les cadres du FN, en l’espace de deux petites mandatures, à être des copier-coller de l’UMPS actuelle. La soupe est trop bonne.

La Constitution de la Vè République avait été taillée sur mesure pour Charles de Gaulle. Sauf que, celui-ci disparu, sa constitution présidentielle est restée en place. Un uniforme toujours trop grand pour ses successeurs. Un uniforme qui conduit la France, depuis plusieurs décennies, dans une lente glissade vers le bas. Pour beaucoup, la France a maintenant besoin d’un Napoléon ou d’un De Gaulle. Le recours à l’homme providentiel est la preuve ultime que nos institutions ne sont pas à la hauteur d’une démocratie moderne. « Il nous faut un De Gaulle… ». Quel constat d’échec ! Entendons-nous ce type de réactions dans les pays anglo-saxons ou du nord de l’Europe ?

Supprimons la Présidence, supprimons les communes, diminuons de moitié les représentants à toutes nos assemblées (de 800.000 indemnités de fonction « politiques », la France passera à 400.000… contre 30.000 en Grande Bretagne à ce jour), publions leur patrimoine en tant que couple, limitons le cumul dans le temps à deux mandats, interdisons le cumul simple, rendons contraignantes, sous peine de pénalité, les recommandations de la Cours des Comptes, introduisons la notion de Transparence dans le préambule de la Constitution, veillons à limiter les domaines d’intervention des différentes strates administratives à des compétences très précises, rendons pénalisable leur non-respect, rendons obligatoire la consultation des citoyens par voie de référendums locaux, régionaux, nationaux dès que des niveaux de budgets sont atteints, uniformisons les régimes (tous), payons les indemnités d’élus au temps de présence mais n’oublions pas la mise en place d’un statut de l’élu etc. Tout a été écrit sur AltPy.

Une fois cette longue liste (non-exhaustive) de réformes arrètées, il s’agit d’imaginer comment la mettre en place. Typiquement, cela devrait être le rôle de la prochaine présidentielle qui doit refonder la démocratie française.

Le programme des candidats à l’élection de 2017 sera primordial sur ce point. Qui osera s’atteler à ce chantier ? Qui de Sarkozy (qui a déjà annoncé vouloir revenir sur la loi sur le cumul !), Juppé, Fillon, Bayrou, Hollande ou Valls saura se jeter à l’eau et proposer un nouveau fonctionnement pour notre démocratie. Oser, encore oser, toujours oser !

A moins que cela ne soit Marine Le Pen qui, dans le rôle de l’homme providentiel, se contente simplement d’endosser l’uniforme du Général. Un vieux modèle datant des années trente…

Tout est ouvert et le pire probable. A nous citoyens, tout au long de 2016, de bousculer, sans ménagement et avec ténacité, nos « politicards » pour qu’ils se bougent. Tant qu’il n’est pas trop tard. Nous n’avons qu’une petite année devant nous. Comment s’y prendre ?

– par Bernard Boutin

LE PEN contre LE PEN : une escalade dangereuse.

imgresAprès certains propos tenus à titre personnel, Jean-Marie LE PEN fait l’objet d’une procédure disciplinaire dont les initiateurs n’ont peut-être pas mesuré l’importance des risques qu’elle induit.
En effet, si une sanction était prise contre lui, Jean-Marie LE PEN pourrait saisir l’institution judiciaire d’une action susceptible de durer de nombreuses années. Après le tribunal de grande instance, ce serait la cour d’appel et éventuellement la Cour de Cassation qui auraient à en connaître car les moyens juridiques mis à la disposition de l’intéressé ne manquent pas.
En la forme et conformément à une jurisprudence constante, la procédure disciplinaire doit respecter le principe du  » procès équitable  » prévu par l’article 6 de la Convention Européenne des Droits de l’homme, et les écueils peuvent être nombreux.
L’autorité poursuivante doit notamment tenir un débat public et donc accepter la présence de la presse, ce que ne va manquer de demander Jean-Marie LE PEN, la procédure lui offrant une tribune qu’il n’attendait sans doute pas.
Qui dit débat public, dit aussi lieu public et le siège d’un parti, qui peut refuser d’ouvrir ses portes à tous, ne l’est pas.
Quant au fond, l’éventuelle sanction pourrait susciter de longs débats, car les propos incriminés n’ont pas été prononcés dans le cadre d’une mission représentative du parti. Ils sont le fait d’un adhérent, à titre personnel, et c’est d’ailleurs comme tel qu’ils sont l’objet d’une poursuite pénale sans que le Front National y soit mêlé.
Triste affaire qui déchire une famille, l’histoire ne méritait-elle plus qu’un communiqué rappelant que chacun est responsable de ces dires ou actes ? Sinon la porte serait ouverte à toute institution désirant se séparer d’un membre devenu mal aimé avec tout ce que cela implique d’atteinte à la liberté d’expression.

Pierre ESPOSITO
Ancien bâtonnier du barreau de PAU.

Halte au feu au Front National

FNAprès une première décision suspendant le congrès tenu par correspondance pour modifier les statuts du Front National, la cour d’appel de Versailles maintient à Jean-Marie LE PEN les pouvoirs que la modification avait pour but de lui ôter.
La querelle qui ne se circonscrit pas à lui et sa fille, a pour le militant, une stratégie différente de l’action politique du parti.
Elle n’est pas sans rappeler celle des  » Anciens et des Modernes  » qui agita la littérature française à la fin du 17ème siècle.
Mais était-elle bien utile? L’échec qui frappe ceux qui l’ont initiée interroge sur la lucidité de ces derniers. Ils devaient bien imaginer l’imminence d’une contestation judiciaire et l’éventualité d’un succès de Jean-Marie LE PEN.
Ce dernier sort pour l’instant vainqueur de ce triste épisode ? Ne pouvait-on pas trouver une autre voie pour regretter ses récentes paroles , soit par le silence, soit en rappelant que chacun n’est responsable que de lui-même.

Mais il y a peut-être à la direction du parti des éléments qui ne militent pas pour un apaisement des esprits et les dernières décisions prises pour la direction dans le département des Pyrénées atlantiques, sans l’avis de ses adhérents et même contre l’avis d’un bon nombre d’entre eux, n’en sont qu’une illustration.

– par Jean-Yves LOLLIEROU

Mélenchonneries ou Lepenneries ?

imagesQualifier de « sérieuses et crédibles » les propositions, (pratiquement identiques à celles qu’il a refusées il y a quelques jours) d’un gouvernement qui, succédant à d’autres du même tonneau (en l’état, des Danaïdes), a été tout sauf cela, c’est autoriser un doute sérieux sur la propre crédibilité de son auteur. Pour un Président de la République c’est embêtant ! Mais ajouter « qu’ils doivent (les Grecs) comprendre que les réformes sont indispensables » quand lui-même a refusé de les faire chez nous. C’est non seulement surréaliste mais suspect. Suspect parce qu’on peut se demander si les hauts fonctionnaires de Bercy diligentés à Athènes pour « aider » les Grecs, n’ont pas surtout pour mission de concocter une de ces entourloupettes qui sont notre spécialité, à seule fin d’obtenir des Européens l’aide immédiate dont a besoin la Grèce. Quitte à renvoyer ensuite les réformes promises aux calendes…grecques !

      Notre Président n’aurait-il pas plutôt mesuré à quel point « l’épisode grec » que nous vivons est gravissime…pour nous ! Car, si la sortie de la Grèce de l’euro n’aurait pas de conséquences notables sur l’ensemble de la zone, il semble évident que les réactions qu’elle a provoquées parmi nos partenaires peut, non seulement, les amener à se demander si le comportement de la France, confrontée aux mêmes problèmes que la Grèce : déficit et endettement excessifs, promesses sans suite de réformes nécessaires, n’est pas, lui, de nature à provoquer, pour tous, une augmentation redoutable des taux d’intérêt. Et donc, par respect pour leurs populations auxquelles ils ont demandé des efforts considérables, s’il ne serait pas plus conforme à leur intérêt et en somme, plus légitime, qu’à l’instar de la Grèce, la France sorte également de la zone euro. Ce qui, à entendre nos bonimenteurs politiques,  ne veut pas dire de l’Europe. Quoi que… !

    Il nous resterait donc alors le choix entre « mélenchonneries » et « lepenneries ». Perspectives très   réconfortantes en l’occurrence !

 

                                                                                             Maurice Meireles Pontacq

Crédit photo La Croix.