La situation dans la troisième circonscription va donner lieu a un duel de crocodiles. Le résultat du premier tour ne donne qu’un avantage limité à Michel Bernos, et ses réserves de voix à droite sont limitées. Autant dire que le niveau d’abstention au second tour sera important, avec d’autres questions comme le comportement des électeurs des extrêmes. Tout semble possible.
David Habib est implanté depuis des lustres, c’est le politicien professionnel type, d’assistant à parlementaire il n’a connu que la politique, un lourd handicap aujourd’hui, d’autant que son comportement désinvolte après les municipales paloises (démission au lieu de mener l’opposition) n’a peut être pas amélioré sa cote. Proche de Manuel Valls il aurait pu franchir le Rubicon et le rejoindre.
D’un autre côté, Michel Bernos laboure le secteur depuis des années, Maire de Jurançon, Vice-Président de l’agglomération il a été battu aux dernières élections départementales. De l’UDF au MoDem puis à l’UDI et enfin En Marche, il a cherché une ouverture dans tous les partis centristes et semble l’avoir trouvée. Son investiture a mis du temps avant de s’officialiser, il voulait probablement la première circonscription, bien moins risquée, d’autant que sur la troisième en plus du sortant, Bernard Dupont (UDI) occupe une partie du terrain. Est-ce Bayrou qui a évincé Bernos de la première pour y mettre son étoile montante ? Cela paraît vraisemblable.
Ce matin sur France Bleu Béarn, les crocodiles se sont faits les dents et le débat a été musclé mais au raz des pâquerettes. Quelques amabilités :
Bernos : Mon suppléant a été interpellé par David Habib à Lembeye lui disant « qu’il n’existait pas « .
Habib : J’ai le troisième meilleur score des socialistes en France et vous le troisième plus mauvais d’En Marche.
Bernos : Les gens, les élus ont peur de vous !
Habib : J’ai de bonnes relations avec Macron, j’ai beaucoup de points d’accord avec lui et j’aurais pu aller vers En Marche mais je reste socialiste.
Bernos : C’est impossible car c’est votre quatrième mandat.
Puis le pugilat a évolué vers le sempiternel développement économique où comme je le répète souvent les députés ont une influence locale directe extrêmement limitée, mais il faut bien tenter de se mettre en valeur …
Habib : Sur YARA, vous ne connaissez pas le dossier.
Bernos : si on vous écoute ce sera bientôt vous qui aurez découvert le gisement de Lacq.
Suivi de quelques amabilités sur leurs écuries.
Habib : Bernos c’est le logo, moi c’est le boulot.
Bernos : Le logo du PS a disparu comme si vous aviez honte du quinquennat.
Et on l’aura compris, le débat n’a pas pris beaucoup de hauteur, mais cette agressivité est symptomatique car les deux risquent gros. Bernos joue sa crédibilité auprès de Macron dont il se veut le plus proche possible… Pour Habib c’est une fin de carrière ou la gloire d’être parmi les survivants du PS.
Pour l’électeur, cela ne changera pas grand chose puisqu’ils se disent vouloir appliquer à peu près le même programme…
Daniel Sango
Crédit photo : Sud Ouest