Le vote blanc

A l’occasion du Grand débat palois qui s’est tenu le 6 février 2019 à Pau, a été évoquée la possibilité de prendre en compte les votes blancs en les considérant comme des suffrages exprimés. Il s’agit là d’une revendication insistante des gilets jaunes. Mais en dépit des apparences ce dispositif nouveau ne serait pas aussi simple que cela et soulève un certain nombre de réflexions.

Tout d’abord, lors de ce débat, le professeur droit public, Philippe Terneyre a eu l’occasion de s’exprimer sur ce sujet. Il a dit qu’il était pour considérer que les votes blancs devaient être intégrés dans les suffrages exprimés, parce que, à son avis, il s’agit d’une expression citoyenne. Il n’en a d’ailleurs pas dit beaucoup plus. Les avis sur ce point, sont en réalité partagés et beaucoup parmi les juristes ou sociologues, estiment au contraire que ne rien dire n’est pas une façon de s’exprimer. Lorsqu’on n’a pas d’opinion et qu’on ne peut pour cette raison faire un choix, on se tait et on vote blanc. Ils parlent alors d’expression taiseuse.

Actuellement lors des élections en France du Président de la République, des députés et des conseillers départementaux, le vote est uninominal à deux tours (sauf pour les départementales où il est binominal, mais cela ne change rien). Le principe est relativement simple pour être élu au premier tour, il faut que le candidat obtienne la majorité absolue des voix, c’est à dire, la moitié des suffrages exprimés plus un. Ne peuvent se maintenir au second tour, lorsqu’il y a lieu d’y recourir, que les candidats qui ont obtenu 12,5% des suffrages exprimés. Qu’en sera-t-il lorsque les votes blancs intégreront les suffrages exprimés ? Il est fort probable que très peu de candidat sera élu dès le premier tour et que beaucoup ne pourront accéder au second. Il est tout aussi probable que les scores de certains élus seront modestes au point que pourra, se poser la question de la représentativité. On peut également s’interroger sur l’incidence qui pourra résulter de cette intégration lors des scrutins à la proportionnelle.

Un autre point, plus matériel celui-ci, est de considérer que le vote blanc devra être possible par la création d’un bulletin de vote spécifique, un bulletin ne comportant aucune inscription. Cela ne constituera-t-il pas une sorte d’incitation à l’usage du vote blanc ? La question mérite d’être posée d’autant que nous Français, de tempérament frondeur et contestataire nous avons une tendance marquée à chercher des moyens de manifester notre mécontentement. Rappelons pour illustrer cela, que lors du second tour de l’élection présidentielle de 2017, le pourcentage des votes blancs et nuls était de 11,20%, ce qui n’est pas négligeable.

Autre illustration, en revenant sur l’élection présidentielle de 2017 qui, par parenthèses, est celle pour laquelle les Français se mobilisent le plus, les résultats pourraient être modifiés de la façon suivante si les votes blancs avaient été intégrés :

Le président Macron n’aurait pas obtenu 24,01% des suffrages exprimés au premier tour mais 23,57% (et seulement 18,19% des inscrits). Au second tour, il n’aurait pas obtenu 66,10% des suffrages exprimés mais 58,59% (et seulement 43,59% des inscrits). Si les différences ne sont pas énormes pour ce qui concernent l’élection présidentielle, elles le seront vraisemblablement davantage pour les autres élections. Les taux d’abstention en France sont relativement élevés, ainsi pour la présidentielle, il est de 22,23% et 25,44% ; européennes : 57,57% ; législatives : 51,30% et 57,36% ; régionales : 50,09% et 41,59%, départementales : 49,83% et 50,02%.

Une réforme du mode électoral est-elle aussi opportune que certains le prétendent ? Si oui, ne devrait-elle pas s’accompagner de l’obligation de voter ? La question n’est pas simple.

Pau, le 18 février 2019

par Joël Braud

NB : Le prochain grand débat palois se tiendra le vendredi 22 février sur le thème de la transition écologique.

Crédit image : parti du vote blanc.fr

Les quarts de solde

Comme au plan national, notre département des Pyrénées Atlantiques a connu une forte abstention pour ce second tour des élections législatives. Plus de la moitié des électeurs ne s’est pas déplacée. Cela a eu pour conséquences de donner une image inhabituelle à ces élus. Quelques réflexions.

Tout d’abord il faut observer que les élus n’ont récolté qu’une faible partie des voix des électeurs, inscrits ainsi :

Dans la première circonscription, Josy Poueyto a recueilli 22,44% des voix ;

Dans la deuxième, Jean-Paul Mattei a recueilli  25,63 % des voix ;

Dans la troisième, David Habib : 25,72 % ;

Dans la quatrième:Jean Lassalle : 24,68 ;

Dans la cinquième : Florence Lasserre-David : 22,67 % ;

Dans la sixième : Vincent Bru : 23,12%.

Autrement dit à part deux candidats qui ont obtenu plus du quart des voix des inscrits, les autres n’atteignent même pas les 25 %. Pas de quoi pavoiser. Il devront désormais nous la jouer modeste et surtout éviter tout triomphalisme. Ces résultats ne sont en effet pas glorieux.

Reste que le taux d’abstention, jusqu’alors inégalé, trouve difficilement une explication. A Alternatives Pyrénées, nous avons proposé un sondage lors de la dernière newsletter. La question était : Avez-vous l’intention d’aller voter (au second tour des législatives) ? 76,50% ont répondu par l’affirmative, ce qui permet de constater que les lecteurs de notre site sont des citoyens responsables. Ceux qui ont répondu non, se classent de la manière suivante :

7,35% « parce que cela ne changera rien ».

7,35% « parce qu’aucun candidat ne me convient ».

5,88% « je ne sais pas ».

Très peu, 1,46% ont répondu que c’était soit parce qu’ils en avaient « ras-le-bol » soit parce que « le mode de scrutin était injuste ».

Ce sondage, établi à une petite échelle, n’apporte qu’un éclairage limité.

S’abstenir de voter correspond à un désintérêt pour l’administration de la vie de notre pays. Ceux qui font ce choix devraient perdre le droit de râler, de se plaindre ou de critiquer les responsables politiques. Ainsi il ne serait pas illogique que ces citoyens lorsqu’ils se rassemblent sur la voie publique afin de revendiquer, de manifester ne puissent le faire qu’à cette condition de s’intéresser à la chose publique. Montrez votre carte d’électeur. Celui qui n’a pas voté lors des dernières échéances électorales quitte les rangs de la manifestation. Bien évidemment on n’en n’est pas là, mais la logique voudrait…

Tous les beaux esprits qui considèrent que la 6 ème République ou la proportionnelle sont des remèdes à ces abstentions devraient s’interroger pour savoir si l’on ne devrait pas d’abord rendre le vote obligatoire.

Pau, le 21 juin 2017
Joël Braud

Crédit image : ouest-france.fr

Un système électoral à revoir ?

Le résultat du premier tour des élections législatives est tout à la fois un rappel et un avertissement. Un rappel parce plus de la moitié des électeurs ont boudé les urnes, manifestant ainsi un désintérêt voire du mépris pour l’expression qu’on prétend démocratique. Un avertissement parce que quand un système électoral ne reflète plus la réponse des urnes, il conduit tôt ou tard à sa disparition.

Quand,  avec au mieux 17 % des inscrits un mouvement est assuré d’une représentation largement majoritaire,  il n’y a que les aveugles pour ne pas voir qu’il y a quelque chose qui ne va pas. C’est une de ces anomalies que le peuple ne comprend pas avant de dire d’une manière ou d’une autre qu’il ne l’admet plus.

L’abstention en est une manifestation pacifique, une révolte passive qui pourrait un jour prendre une forme plus vive. Les gouvernants, et beaucoup d’élus, n’en veulent pas, les uns parce qu’ils prétendent qu’ils ont besoin d’une majorité pour diriger le pays, les autres parce qu’une répartition proportionnelle des sièges en condamnerait beaucoup à une retraite forcée ou au chômage. Chacun a les justifications qui l’arrangent, mais pourront-elles indéfiniment prospérer devant des évidences aveuglantes et contraires au bon sens le plus élémentaire, la vérité mathématique dont la rigueur est implacable. La proportionnelle n’empêche pas de gouverner, elle condamne parfois à des compromis. Mais est-ce moins injuste que de considérer des millions d’électeurs comme des sans voix ou des laissés pour compte.

Le premier ministre vient d’évoquer la possibilité d’instiller une dose de proportionnelle. Sans doute pour tempérer  les réactions et gagner du temps car cette dose de proportionnelle sera sans effet réel. Tôt ou tard il faudra en venir à la proportionnelle et pour une moralisation complète au scrutin à un tour comme dans la plupart des pays démocratiques.

Pierre ESPOSITO

Crédit image : La Croix.com

Législatives, un contresens à éviter.

L’autre jour une personne âgée, de ma connaissance, en veine de confidence m’a dit pour quel (le) candidat(e) elle allait voter. Je ne lui demandais rien et c’est sans doute pour cela qu’en forme de justification, elle ajouté : « Au moins celui-là (celle-là), si j’ai un problème, il (elle) m’aidera. » Cette attitude me conduit à une réflexion sur le rôle véritable d’un député.

C’est vrai que lorsqu’on lit certaines professions de foi, on trouve des engagements qui parlent de proximité, de territoire où nous vivons, de projets d’avenir pour les Béarnais, de solutions pour le Béarn, certains allant même jusqu’à citer dans la rubrique « territoire », le quartier Saragosse, le réseau Idélis et l’Université de Pau. Il y a là un côté électoraliste auquel il ne faut pas se laisser prendre.

Nous sommes comme cela, nous les Français, toujours soucieux de savoir comment tirer un avantage personnel d’une situation. La formule est bien connue : « Ne t’inquiète pas, je connais quelqu’un, on va arranger cela ». Sauf que, un député ce n’est pas fait pour ça. Même s’il est élu dans un cadre géographique appelé circonscription, il est avant tout un élu de la Nation toute entière.

Il n’est pas celui qui a vocation à trouver une solution à un problème d’emploi, un équipement quelconque ou bien une aide particulière. Si cependant il s’engage à le faire, il se limitera à une correspondance au ministre concerné selon une formule bien rodée et empreinte à la fois de courtoisie et de déférence. Le ministre qui, évidemment n’aura jamais lu la lettre du député, fera écrire une réponse dans un style ronéotypé où il sera dit que le problème a retenu toute son attention, qu’il est au regret de ne pouvoir actuellement donner une suite favorable et que cette demande sera satisfaite dès que les circonstances le permettront. Et puis, le député, bien complaisant, adressera copie de ces échanges épistolaires au solliciteur. Il conviendra alors de comprendre qu’en termes de tous les jours, ils auront été inutilement emmerdés.

Non, le député a un rôle bien défini par la constitution. Il est un élu de la Nation qui a pour mission de voter les lois et de contrôler l’action du gouvernement. Il appartient à des commissions où sont discutés les projets de loi issus soit de l’exécutif, soit des députés eux-mêmes et d’en préparer la présentation à l’assemblée nationale en vue d’un vote. Cela suppose une bonne connaissance juridique du dossier et une capacité rédactionnelle certaine. Le contrôle du gouvernement se fait surtout à l’occasion de la présentation du budget, mais pas seulement.

Lors de la campagne électorale certains candidats vous parlent de leur programme. Ils s’approprient ce qui est en réalité le programme du parti politique qui leur a accordé l’investiture. Ce qui veut dire que parfois même s’ils n’en saisissent pas tout à fait la portée, ils s’attachent à le défendre après y avoir totalement adhéré. Ce qui signifie également que la discipline de groupe ne leur laisse pas ou très peu d’initiatives lorsqu’il s’agit de voter une loi. Ils font comme leur parti politique le leur dit, un point c’est tout ; l’assemblée nationale ressemble beaucoup à une chambre d’enregistrement.

Rappelons pour mémoire, que les élus, devront conformément à la loi du 3 avril 2014 renoncer à leurs mandats de maire, de maire-adjoint ou de vice-président d’un exécutif local. C’est ainsi et c’est sans doute pour toutes ces raisons que beaucoup, qui ne se représentent pas, avouent préférer les mandats de maire ou de président d’un exécutif local. Ils ont dans ces instances le sentiment de pouvoir prendre des décisions.

L’Assemblée nationale est un élément important de nos institutions surtout parce qu’elle soutient le président de la République et l’exécutif afin d’engager des réformes. On a vu récemment ce qu’il est advenu d’un parti qui s’est partiellement désolidarisé de la majorité présidentielle.

Pau, le 13 juin 2017
Joël Braud

Législatives en Béarn : pas de renouveau à l’horizon.

députéDe retour en Béarn après un voyage, je pensais trouver une région passionnée par les élections législatives, il n’en est rien c’en est même désespérant…

Après la révolution Macron on pouvait penser que ce séisme politique allait stimuler citoyens et média. Il faut se rendre à l’évidence, c’est le calme plat. Nos média font toujours autant de place aux jeux du cirque. C’est à croire que les candidats n’ont rien à dire, et c’est sans doute le cas vu qu’ils ne se sont jamais vraiment mis en évidence dans les années passées en étant force de proposition et d’innovation. On doit d’ailleurs y inclure Alternatives Pyrénées, blog impertinent qui semble anesthésié. Rédacteurs, citoyens, n’avez vous rien à écrire sur ces élections ?

Dans « Législatives en Béarn : En Marche à reculons ! » (AP du 30/05/2017) j’ai essayé de lister un certain nombre de critères qui permettent d’éliminer les candidats qui ne correspondent plus au renouveau tant attendu par les citoyens. C’est l’hécatombe ! Plus personne pour représenter les grands partis traditionnels.

Une recherche sur Internet pour connaître le passé des candidats, leurs compétences, leurs réussites, leurs idées, …etc, bref tout ce qui peut intéresser un électeur avant de faire son choix, n’a pas donné grand chose, on se demande bien pourquoi ils sont candidats… Pas de profession de foi dans le courrier non plus.

Evidemment, certains sont connus, en particulier les sortants. Mais si on veut du renouvellement, il faut renvoyer dans la vraie vie ces candidats à leur succession, d’autant que leurs prestations ont souvent été trop longues, ou mauvaises, pour ne pas dire plus.

Il y a bien sûr les candidats d’En Marche, qui devraient être de nouveaux politiciens ayant montré de belles réussites professionnelles. Il n’en est rien, c’est même désespérant, mais c’est Bayrou qui a décidé, les marcheurs en ont eu les jambes coupées ( « En Marche pour la vieille politique ! » AP du 12/05/2017). Le MoDem est un micro parti de vieux politiciens qui occupent les quelques postes disponibles, à moins d’être la fille à papa. Le seul novice est un militaire de carrière pour lequel on ne trouve sur Internet qu’une vidéo de présentation et qui ne dit pas un mot de ce qu’il a pu faire et réussir dans ses 18 années d’engagement. Peu engageant, mais au moins est-il vierge de tout passé politique. Est ce suffisant ? Bien sûr que non.

Les partis traditionnels quant à eux présentent des candidats au parcours « à l’ancienne » comme je le décrivais dans l’article cité plus haut. C’est encore plus désespérant.

Les Béarnais en seront donc réduits a voter sans enthousiasme, pour le moins mauvais candidat, mais beaucoup resteront à la maison ou voteront blanc. On aura donc des députés transparents, mal élus, sans doute avec seulement 20% des inscrits au premier tour et peut être moins puisque l’on parle d’une abstention à 50%.

Les sondages prévoient une large majorité pour le parti du Président, ce seront des godillots puisqu’ils se sont engagés à voter comme le dira Macron. Il faut vite que le Président réforme comme il l’a promis en ramenant le nombre de députés à 300 avec une certaine dose de proportionnelle, et deux mandats successifs c’est bien assez !

Le seul intérêt de ces élections en Béarn sera de savoir qui seront les heureux élus qui iront couler des jours paisibles durant 5 ans, grassement rémunérés. Anecdotique.

Les Béarnais auront les élus qu’ils méritent.

Mais les dernières nouvelles venant de France Info font état de la possibilité d’une affaire d’emplois fictifs au MoDem où des salariés du siège auraient été rémunérés à mi temps sur les fonds européens. L’un d’entre eux en aurait informé la justice, une dizaine seraient concernés…

Si cela s’avérait exact les candidats MoDem en subiraient les conséquences. François Bayrou se trouverait bien sûr dans une position plus qu’inconfortable, la voie royale pour que Macron se débarrasse de cet allié d’une autre époque … à suivre.

 Daniel Sango

Moralisation de la vie politique

Notre nouveau président doit sans doute à sa jeunesse un sens de l’humour particulièrement aigu en confiant au garde des sceaux l’établissement d’un projet de loi sur la moralisation des mœurs politiques, à moins que son but ne soit d’amener celui-ci à respecter désormais ses engagements, car s’il en est un, parmi ceux que les médias chouchoutent, qui témoigne d’une souplesse d’échine lui permettant de se contorsionner dans tous les sens et à toute vitesse, c’est bien le maire de Pau. Il est inutile de rappeler ses multiples cabrioles qui le conduisent soit à renier ses engagements, soit à soutenir celui dont il espère une reconnaissance quand il en escompte la victoire.

Il est toutefois regrettable que le président n’ait pas logé tous les membres du gouvernement à la même enseigne en rappelant que ceux qui seraient battus aux élections législatives ne conserveraient pas leur maroquin. En effet, dans un souci d’égalité, il semblerait que le président eût dû imposer à chacun de se soumettre au suffrage universel, dans sa circonscription, de façon à connaître l’opinion de ses électeurs. Et à cette aune-là, il y a fort à parier que le garde des sceaux aurait eu bien du mal à récupérer la Place Vendôme .

Pierre Esposito

Jeux de quilles

Ce titre inspiré de celui d’un journal national (La Croix – 10.5.2017) est significatif de la situation que nous vivons au lendemain de l’élection présidentielle. Mais est-elle aussi inédite qu’on le dit habituellement ?

Ce qui est inédit certes est l’âge du nouvel élu. Il n’y a pas de précédent parce que les plus jeunes élus jusqu’alors, au plan mondial, avaient au moins 43 ans. En France, même Louis Napoléon Bonaparte avait 40 ans lorsqu’il a été élu président (1848).

Il y aura fallu pas moins de six scrutins pour que notre pays se lance dans une nouvelle aventure. Ainsi les primaires au nombre de deux, les deux tours de la présidentielle et maintenant les deux tours des législatives. Les cartes seront redistribuées parce que les partis au pouvoir depuis des décennies ont pris comme un méchant coup de vieux.

Sur le plan local, des Eric Saubatte, Pauline Roy qui appartiennent à la majorité municipale vont s’opposer au candidats du Modem dans le cadre des élections législatives. On ne sait pas encore qui de Michel Bernos ou de Josy Poueyto va recevoir l’investiture, sur la première circonscription, mais la tension est palpable. Quand on vous dit que la politique est plus là pour diviser que pour rassembler. Cela n’empêche pas d’ailleurs d’avoir constamment à la bouche les mots rassemblement, union, entente, unité, etc.

L’élection du président est à peine terminée que déjà certains descendent dans la rue pour faire connaître leur opposition. Un certain Baroin responsable de « Les Républicains » a très clairement fait connaître son intention d’en découdre. En raison de ces affrontements permanents, notre pays est la risée des grandes démocraties. Les Français ont toujours aimé les conflits. L’important est de se confronter, de s’opposer de se combattre au nom en réalité d’intérêts qui n’ont rien à voir avec l’intérêt supérieur de la Nation.

Il me semble que cette situation n’est pas tout à fait inédite. Pour le démontrer, permettez-moi de citer De Gaulle :
« Tant de secousses ont accumulé dans notre vie publique des poisons dont s’intoxique notre vieille propension gauloise aux divisions et aux querelles ».
« Bref, la rivalité des partis revêt chez nous un caractère fondamental, qui met toujours tout en question et sous lequel s’estompent trop souvent les intérêts supérieurs du pays. ».
Il est nécessaire que nos institutions démocratiques nouvelles compensent, par elles-mêmes, les effets de notre perpétuelle effervescence politique ». (Discours de Bayeux 16 juin 1946).

« Ces convictions-là sont les nôtres. Elles ne sont pas d’un parti. Elles ne sont de gauche ni de droite. Elles n’ont pas d’autre objet que d’êtres utiles au pays ». (Discours d’Épinal 29 septembre 1946).
Voilà pourquoi le moment m’a semblé venu où il pourrait m’être possible d’être utile encore une fois directement à la France. Utile, parce que c’est un fait que le régime exclusif des partis n’a pas résolu, ne résout pas, ne résoudra pas, les énormes problèmes avec lesquels nous sommes confrontés ». Utile, enfin, parce que je suis un homme seul, que je ne me confonds avec aucun parti, avec aucune organisation, que depuis cinq ans je n’exerce aucune action politique, que depuis trois ans je n’ai fait aucune déclaration, que je suis un homme qui n’appartient à personne et qui appartient à tout le monde ». (Conférence de presse du 19 mai 1958).

Oh, il ne s’agit pas ici de comparer Macron à De Gaulle, les circonstances sont différentes. Cependant parce qu’il a réussi à renouveler le paysage politique de notre pays, la démarche présente certaines similitudes. Espérons qu’aux législatives la confiance qui vient de lui être accordée sera confirmée. Donnons lui ses chances, on verra bien.

Pau, le 10 mai 2017
Joël Braud

Rédhibitoire

Voter, ce n’est pas choisir entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable. (Raymond ARON). Le premier tour de l’élection présidentielle nous a conduit à une situation inédite où les partis traditionnels ont été exclus du paysage politique. Restent deux candidats, l’un n’a jamais assumé un mandat, l’autre n’a jamais exercé de fonctions au sein d’un gouvernement. Alors s’il fallait faire un choix à partir de leurs engagements que serait le préférable, que serait le détestable ?

Le journal Sud Ouest, dans son édition du dimanche 30 avril 2017, présente le programme des deux candidats à la loupe. Dix domaines sont analysés, ce sont : l’éducation, la défense et la sécurité, la justice et l’immigration, l’emploi et les retraites, l’économie et la fiscalité, l’environnement, la santé, l’Europe et l’international, la vie politique et enfin la culture. On peut débattre à l’envi de ces programmes en notant au passage que certains engagements sont comparables. Mais il en est un proposé par Marine le Pen, qui sera lourd de conséquences : « mettre en place un scrutin proportionnel à toutes les élections ».

Qui en lisant cela aura la curiosité de se demander ce que cette mesure implique ? Qui sera soucieux de se souvenir que cette forme d’élection à la proportionnelle a existé par le passé ? Qui sera capable de faire référence à l’instabilité qui en a découlé ? Pas grand monde en vérité. Beaucoup préfèrent dire que cette forme d’élection est plus juste parce que toutes les tendances sont représentées. Et parmi ceux qui tiennent ce raisonnement figurent bien évidemment les petits partis politiques qui avec un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, disposent de peu d’élus à l’assemblée nationale. Le besoin d’exister en quelque sorte. François Bayrou d’ailleurs figure parmi les tenants de ce mode d’élection.

Mais souvenons-nous de la IV° République. Même si l’histoire ne ressert jamais deux fois les plats il existe des constantes. Lors de ce régime (1946 – 1958) parlementaire, les députés étaient élus à la proportionnelle. Les gouvernements ne disposaient pas d’une majorité dans une assemblée disparate où les députés négociaient entre eux avant d’adopter les textes. Il en résultait une instabilité ministérielle importante. La durée moyenne d’un gouvernement était de sept mois. On peut évidemment se demander comment, dans de telles conditions, un pouvoir peut entreprendre des réformes. Les guerres d’Indochine puis d’Algérie ont eu raison de cette République.

Plus récemment, pour mettre en œuvre l’une des ses propositions, en 1986, Mitterrand a modifié le mode électoral aux législatives. La proportionnelle a donc été instituée pour la première fois dans la V° République. Résultat l’union RPR-UDF obtient la majorité absolue (291/577) tandis que 35 députés FN siègent à l’assemblée. Se met alors en place la première cohabitation, Jacques Chirac devient premier ministre. A noter que c’est à cette occasion que le nombre des députés passe de 491 à 577 (+ 17,50%). Cette chambre sera dissoute par Mitterrand lui-même après l’élection présidentielle de 1988 qui lui a permis d’être réélu. Retour à l’élection de l’assemblée nationale au scrutin majoritaire.

Ce qui est impératif est de faire en sorte que les institutions fonctionnent et que l’État dispose d’un pouvoir suffisamment fort pour mettre en œuvre les réformes nécessaires. Or lorsque l’assemblée nationale est composée de tendances politiques disparates, il est difficile de pouvoir y parvenir. Les partis s’entendent avec des arrangements des accords, des connivences, des accommodements, des négociations en interne et, dans certains cas, des tambouilles d’arrières cuisines. Les combines et les alliances prennent le pas sur le souci de l’intérêt général. Les politiques sont ainsi faits…

Il serait contradictoire qu’une candidate qui prône un État fort et autoritaire, mette en place un système électoral qui affaiblisse de manière notoire l’exécutif. Cette disposition qui vise à faire élire les députés au scrutin proportionnel est détestable, donc rédhibitoire.

Pau, le 3 mai 2017
par Joël Braud

Crédit image : nw-science.com

Suspense, mais quel suspense ?

Que les amateurs de thriller se rassurent, il y a bien un suspense dans cette élection. Le second tour n’est pas encore joué. Nous ne sommes pas dans une situation angoissante mais il y a de l’incertitude. Les pronostiques des sondeurs sont-ils à prendre en compte ? Quelles sont les véritables craintes ?

Si l’on en croit les sondages qui ont commencé à paraître dès le lendemain du premier tour, le score se jouerait à 60% / 39%. Le premier enseignement de cette élection est ce besoin exprimé de changer le paysage politique. Les vieux barbons installés depuis longtemps dans un confort de notables avec comme seule préoccupation que leurs privilèges et leurs avantages ne soient pas entamés devraient maintenant réfléchir. Un jeune de 39 ans, sans mandat politique préalable est en passe de devenir président de la République. En France, la situation est inédite. Tout autour de lui des anciens rompus aux méandres filandreux de la politique s’agglomèrent. A qui feront-ils croire qu’ils sont désintéressés ?

Mais le candidat de « En Marche » doit rester vigilant. Son expérience est bien inférieure à celle des politiciens qui gravitent autour de lui. Il est tendre et sans doute manipulable. Alors certains soucieux, comme François Bayrou, de faire renaître un parti moribond, voient là l’occasion d’obtenir des investitures sur 96 circonscriptions prenables pour le Modem. Il y a peut-être d’autres engagements mais jusqu’à maintenant ils restent secrets. Le plus grand risque dans cette affaire, est que nous assistions à des arrangements de boutiquiers, à des magouilles d’arrières cuisines. Il n’existe pas à ce jour de majorité présidentielle. Il faut espérer que les législatives permettront d’en trouver une.

Sinon, nous reviendrions à ce qu’a connu la quatrième République avec un parlement de coalition où les décisions ne se prennent qu’après des ententes, des accommodements, des arrangements, des compromis et parfois de compromissions. Il n’est qu’à regarder ce qui se passe dans le département des Pyrénées Atlantiques pour s’apercevoir que l’agitation des futurs candidats est à son comble. Il en est qui se déclarent d’un autre parti tout en désirant appartenir à la majorité présidentielle. On nage dans le flou. La cinquième République n’est plus un régime parlementaire certes, mais le pouvoir de l’assemblée nationale existe et peut faire obstacle à tout objectif de réforme voulu par l’exécutif. Or des réformes, notre pays en a grandement besoin. Certaines sont évoquées dans le programme de Macron.

Comment parvenir à diminuer d’un tiers le nombre des parlementaires ? Comment imposer des économies aux collectivités territoriales ? Comment réussir à supprimer la taxe d’habitation ? Etc. On aura beau, comme on l’entend souvent, dire que la période du bipartisme est terminée il faudra bien une majorité à l’assemblée nationale. La chambre introuvable, selon l’expression consacrée, est le plus grand danger. Et c’est là que se trouve le vrai suspense !

Pau, le 25 avril 2017
Joël Braud

Législatives, c’est parti !

Le premier tour de la présidentielle n’a pas encore eu lieu que déjà dans les boîtes aux lettres on trouve un prospectus pour les élections législatives. Décidément dans ce pays, on va bientôt n’être préoccupé que par la politique et les échéances électorales. On débat sans fin et d’ailleurs sans espoir d’un réel changement. Intéressons-nous à ce prospectus.

Les élections législatives auront lieu les 11 et 18 juin, c’est-à-dire un mois après le second tour de la présidentielle (7 mai 2017). Il faut donc partir de loin et faire oublier l’actuelle campagne qui n’en finit pas. C’est le choix qu’a fait Jérôme Marbot. Il est candidat en effet sur la 1ère circonscription détenue jusque là par Martine Lignières-Cassou.

Il présente bien cet homme de 41 ans. Un peu le gendre idéal si cette image représente encore quelque chose. Et, bien que le prospectus porte le sigle du parti socialiste, il faut noter qu’à aucun moment dans le texte, le candidat ne dit qu’il est le chef de cette formation politique à Pau. Par pudeur sans doute ou alors parce que le résultat de la présidentielle n’étant pas encore connu et l’avenir dudit parti étant incertain, il faut mieux protéger ses lendemains et penser à un possible ralliement. Difficile période à laquelle il convient de savoir s’adapter.

Jérôme Marbot dit clairement qu’élu municipal à Pau, il se situe dans l’opposition. Bon c’est noté. ! Supposons que Macron soit élu président de la République. Notre candidat en raison de la disparition probable du parti socialiste appartiendra-t-il alors à la majorité présidentielle ? Ce serait alors cocasse de constater qu’opposé à Bayrou à Pau, il se place de son côté sur la plan national. Cette hypothèse certes discutable, n’est pas vraiment farfelue.

Enfin même si la campagne présidentielle de son côté, s’est largement étendue sur bon nombre de thèmes, il n’est pas pour autant inutile d’aborder les vrais sujets. C’est sans doute un peu tôt pour descendre dans les détails, mais pour autant il ne faut pas faire un usage immodéré de la langue de bois. Relevons ces formules : « …un véritable changement de monde. » – « …réaffirmer nos valeurs… » – « …construction d’un avenir désirable… » – «… réinventer nos façons de faire. » «…replacer le citoyen au cœur de tout… » – «… s’engager concrètement pour tous… » – «… ils peuvent compter sur nous et sur notre volonté de les servir. ». C’est beau comme de l’antique, mais personne n’en comprend le sens et de plus, cela ne permettra pas de se distinguer de la partie adverse.

Jérôme Marbot est le premier à partir, sera-t-il le premier sur la ligne d’arrivée ?

Pau, le 20 avril 2017
par Joël Braud