Néo quelque chose

imagesÇa y est, c’est décidé, notre région ne s’appellera plus l’Aquitaine mais Néo Aquitaine. Vous imaginez un peu l’événement. On n’a pas fini de disserter, gloser, discourir, parler, échanger, commenter, interpréter, critiquer ce choix.

Certains lui trouveront un sens historique, d’autres au contraire estimeront que leur ancienne région devient maintenant ignorée et en passe de choir dans des oubliettes éternelles. Les journalistes toujours à l’affût de ce qui grince et qui fait mal, interviewent à qui mieux mieux les habitants du Limousin et du Poitou-Charentes.

Ils sont pas contents ces derniers ; les Picto-Charentaises, et vont même, ô suprême argument, jusqu’à dire haut et fort, le timbre de la voix tremblant et la larme prête à couler, que Poitou-Charentes ça sonnait bien, c’était plaisant à l’oreille et que maintenant on ne le dira plus ou si rarement.

Les Limousins eux qui ont toujours eu une sorte de complexe lexical regrettent moins que le terme Limoges/ limoger soit un peu oublié. Il leur reste les vaches si racées, les voitures si classe pour ne jamais se laisser oublier. Ah les limousines ! On trouve également au mot, si je m’en tiens à ce que rapporte mon dictionnaire, d’autres significations : pèlerine d’étoffe que portent les bergers – parler du groupe occitan – Maçon, parce que beaucoup de maçons autrefois étaient limousins.

Soumettons-nous s’il vous plaît, d’autant qu’on nous assure haut et fort que des scientifiques reconnus se sont penchés sur le sujet jusqu’à en perdre le sommeil. Ils nous ont affirmé qu’historiquement, il n’y a pas photo. L’Aquitaine n’est pas nouvelle, elle existe depuis les Romains, les Wisigoths au Ve siècle, elle a même été un royaume (781 – 877), excusez du peu. Puis Aliénor, duchesse d’Aquitaine, une fois répudiée par Louis VII, se donne, elle et son duché, aux Anglais par un mariage avec Henri II Plantagenêt. Géographiquement et historiquement le choix qui vient d’être fait devient aussi incontestable que parfaitement argumenté.

Bon pendant qu’on agite les esprits avec ce qui n’est après tout qu’une question de forme on oublie ce qui est bien plus grave dans l’actualité immédiate : la région d’à côté a choisi de se nommer, de s’approprier faudrait-il dire, l’Occitanie. Alors, mesdames et messieurs, vous qui êtes tant attachés à nos traditions locales, serions-nous dépossédés de notre identité occitane ?

Pau, le 28 juin 2016
par Joël Braud

Régionales, pour essayer de comprendre

imagesEssayer de comprendre en effet car ce mode de scrutin est inhabituel et se situe dans une configuration inédite en raison du nouveau découpage géographique des régions. Les candidats sont inscrits sur des listes constituées au niveau des départements. Quelques données.

La réforme aboutit à diminuer le nombre de régions qui passe de 22 à 13. Notre région, l’Aquitaine (dont le nouveau nom n’est pas encore trouvé) va être élargie et fusionner, oui fusionner, avec le Limousin et le Poitou-Charentes. Ce sera la plus grande région de France avec 5,8 millions d’habitants. Au total 12 départements seront ainsi réunis. Actuellement le Limousin comporte 3 départements, l’Aquitaine, 5 et le Poitou-Charentes 4. Si l’on précise que le chef lieu de cette nouvelle région se situera à Bordeaux on a résumé les données géographiques.

Au départ le projet de réforme stipulait que le nombre maximum d’élus était de 150, mais les députés et sénateurs lors du débat et l’adoption de la loi NOTre (Nouvelle Organisation Territoriale Républicaine) ont voulu que le nombre d’élus soit égal à la somme des élus des anciennes régions. Le nombre des conseillers régionaux est calculé en fonction du nombre des habitants de chaque département. La région Aquitaine aura 183 conseillers régionaux. Pour ce qui concerne le département des Pyrénées Atlantiques, il y aura 21 élus contre 17 actuellement.

Comme il est difficile de concevoir que les listes soient constituées au niveau régional parce qu’elles devraient comporter 183 candidats chacune, il a été décidé qu’elles seront établies au niveau départemental. Ainsi les dix listes présentes sur le département des Pyrénées Atlantiques comporteront chacune 23 candidats pour 21 sièges à pourvoir, (en Gironde, 48 – Landes, 14 – lot et Garonne 12, Dordogne 15). Sur chaque liste figureront donc deux candidats en plus qui seront des suppléants. On se demande pourquoi, c’est ainsi et juste pour ajouter à la confusion.

Voici, à titre d’information, les dix listes de notre département telles qu’elles ont été avalisées en préfecture le 9 novembre :
– PS – PRG. Tête de liste département : Bernard Uthurry. Tête de liste région : Alain Rousset
– Les Républicains/UDI/MoDem. Département : Monique Sémavoine. Région : Virginie Calmels
– FN. Département : Jean-Michel Iratchet. Région : Jacques Colombier
– EELV. Département : Alice Leiciagueçahar. Région : Françoise Coutant
– Front de gauche. Département : Isabelle Larrouy. Région : Olivier Dartigolles
– Debout la France. Département : Pascal Lesellier. Région : Yvon Setze
– Nouvelle donne. Département : Frédéric Pic. Région : Nicolas Pereira
– Union Populaire Républicaine. Département : Romain Doimo. Région : William Douet
– Vague citoyenne, faisons ensemble. Département : David Groslaude. Région : Joseph Boussion
– Lutte ouvrière. Département : Mohamed El Marbati. Région : Guillaume Perchet

La première question qui vient à partir de l’énoncé des listes est de savoir à quoi correspondent ces têtes de liste au niveau de la région. En effet pas facile surtout si l’on considère que la tête de liste de la région pour le Front de gauche par exemple est Olivier Dartigolles alors qu’il est second de la liste du même nom au niveau départemental. En réalité ces têtes de liste de région ont pour rôle d’animer la campagne régionale. C’est juste pour ajouter à la confusion…

Les élections des nouveaux conseillers régionaux se dérouleront les 6 et 13 décembre prochain. C’est sans doute là que les choses se compliquent parce qu’il est bien difficile d’en comprendre les modalités. Suivez bien. Les conseillers régionaux sont élus pour une durée de 6 ans au scrutin de liste à deux tours sans adjonction ni suppression de noms et sans modification de l’ordre de présentation selon le mode de scrutin de liste proportionnel à deux tours. Chaque liste est constituée d’autant de sections qu’il y a de départements dans la région (12). Si une liste obtient la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour, le quart des sièges lui est attribué. Le reste est réparti à la proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne. Il faut au moins 5% des suffrages exprimés pour obtenir un siège. Dans l’hypothèse où aucune liste n’obtient la majorité absolue au premier tour, on procède à un second tour. Peuvent se présenter (ou se maintenir) à ce second tour les listes ayant obtenu au moins 10% des suffrages exprimés. Cependant les listes ayant obtenu au premier tour au moins 5% des suffrages exprimés peuvent fusionner et modifier leurs candidats. Pas simple !

En conclusion, si l’on ajoute à cette complication de la modalité du scrutin, le fait que personne ou à peu près personne ne sait quelle est la répartition des compétences entre la région, le département, la métropole, les communautés de communes ou d’agglomération et les communes, le fait que les candidats sont pour les électeurs de base, presque tous des inconnus, on obtiendra un taux d’abstention qui va battre tous les records établis jusqu’à maintenant.

Vive la démocratie !

Pau, le 11 novembre 2015
par joël Braud

Les listes du département sont invitées à faire connaître leur programme sur Alternatives Pyrénées en adressant un texte (maximum500 mots) à contact@alternatives-pyrenees.com

Il n’y aura pas de réforme territoriale.

imgresLorsque j’étais jeune, intervenait sur Radio Luxembourg, devenue depuis RTL, une chroniqueuse du nom de Geneviève Tabouis. Peu de nous s’en souvient. Son intervention portait le titre significatif de : « Les dernières nouvelles de demain ». A plusieurs reprises, elle reprenait la formule : « Attendez-vous à savoir ». Comme elle, faisons un peu de prospective sur ces soi-disant réformes territoriales qui nous sont annoncées à grand renfort de déclaration tonitruantes.

 Alors oui, attendez-vous à savoir que tout ce qu’on vous a dit jusqu’à présent sur les réformes territoriales qu’elle soient du niveau régional ou du niveau départemental ne sont que galéjades, fumisteries, tromperies, escroqueries, billevesées, balivernes et sornettes.

 Au niveau départemental en premier lieu. Comme nous l’avons dit ici à plusieurs reprises, les départements qui devaient disparaître resteront égaux en nombre, et égaux en quantité d’élus (plus de 4000 conseillers). Seule la compétence générale va tirer sa révérence mais les attributions resteront identiques à très peu de choses près. La loi de partition des compétences entre le conseil départemental et le conseil régional (NOTRe) n’est pas encore votée. Attendez-vous à savoir que dès que les élections départementales auront eu lieu, députés et sénateurs feront tout ce qui est en leur pouvoir pour détricoter un projet qui ne servait pas leurs intérêts personnels. Pourtant elle ne date pas d’hier cette idée  de suppression des départements, Balladur en 2002 et Attali en 2008 l’avaient proposée.

 On aurait pu penser que les élections de mars, départementales, et de décembre, régionales, se tiendraient aux mêmes dates. C’eut été un signal qui aurait permis au peuple de se prononcer sur les regroupements territoriaux. Mais il n’y a pas eu de réel débat public. Pour les régions regroupées donc, il était prévu de plafonner le nombre des conseillers dans ces nouvelles assemblées à 150. C’était sans compter avec l’esprit corporatiste des députés et sénateurs qui par le moyen d’un amendement ont décidé que ce nombre d’élus serait égal à la somme des élus des actuels conseils régionaux. Pas d’économies d’échelle au moins sur ce plan. En Aquitaine par exemple, composée de l’actuelle Aquitaine, du Limousin et du Poitou Charente, ce nombre sera donc de 182 (actuellement : Aquitaine = 85 – Limousin = 42 – Poitou Charente = 55). Les élus ont comme principale préoccupation de conserver leurs sièges. En plus de cela, attendez-vous à savoir que ces regroupements qui étaient prévus pour être des fusions ne seront en réalité que des associations. Elles conserveront leurs implantations locales dans les mêmes fastueux palais. Ainsi  la présidence sera bien implantée à Bordeaux, siège de l’Aquitaine, mais il y aura, selon toute vraisemblance, une vice-présidence à Limoges et une autre vice-présidence à Poitiers. On conservera donc le même schéma de fonctionnement et les mêmes potentats qu’aujourd’hui.

 Une réforme qui n’a que l’apparence d’une réforme. Attendez-vous à savoir que rien ne changera. Voilà donc le résultat du cumul des mandats renouvelables à l’infini ; il n’est pas près de disparaître de même que les 36 800 communes et les différentes strates du millefeuille.

 La conséquence est connue, un désintérêt et une défiance des électeurs envers les politiques. Pour preuve, en 1986 le taux de participation dépassait les 60% ; il avait baissé en 2010 pour atteindre 50% et 45% en 2011. Quel sera le taux d’abstention les 22 et 29 mars prochains ? Sera-t-il suffisamment bas pour que les femmes et les hommes politiques de notre Pays se sentent enfin responsables de cette bien triste évolution ?

 

 

Pau, le 18 mars 2015

            Par Joël BRAUD

Indigestion

imagesSamedi dernier, à propos de la réforme territoriale, la page 39 de notre quotidien local, La République, révélait deux points de vue contrastés…en apparence. Le premier, écrit, semble t-il à trois mains (?), par les actuels présidents des régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes. Surprenant d’abord en ce qu’ils ne pas semblent pas considérer que le projet de la grande région qui les concerne ( et nous concerne) ressort d’une obligation légale mais d’une sorte d’aimable invitation à « se rapprocher » !

Suivi des considérations habituelles et promesses rassurantes, sur la nécessité de ne rien précipiter, de conserver la proximité de décision, de maintenir les services publics de qualité… ! Bref. Selon une formule désormais consacrée : « faire mieux et plus, ensemble ». Ou, comme disait un élu de la Belle Epoque : « demander plus à l’impôt. Et moins au contribuable » !

Qui s’en plaindrait ? Probablement pas le porte-parole du PCF qui, quelques lignes plus bas, disait , en fait, à peu près tellement la même chose que, si personne ne veut rien changer, il n’est peut être pas vraiment utile de faire une réforme territoriale.

D’autant que, – entre les Communautés de communes sensées se substituer peu à peu aux communes au nom d’une mutualisation génératrice d’économies (Elles ont toujours bon pied bon œil et les économies promises se sont, finalement, traduites par une augmentation vertigineuse des dépenses) – les « nouveaux cantons » qui, sans se soucier d’une réalité qui depuis 235 ans, a, probablement, quelque peu changé, se sont surtout attaché à ménager les espaces électoraux – ou le département qui pour pallier sa disparition programmée s’est, notamment, ici ou là,dépêché de bétonner son territoire par de coûteuse « Maisons du Département » d’une douteuse utilité – jusquà présent, la question de supprimer un étage de notre désormais célèbre mille-feuilles administratif a, toujours, finalement, abouti, soit au statu quo, soit à l’apparition d’un couche de plus. Et, comme il semble probable que, pas davantage que leurs collègues, aucun de nos trois « barons socialistes » n’envisagent de renoncer à sa couronne. Ne vont-ils pas imaginer, ensemble, une sorte de « super-région » ? Étage administratif supplémentaire qui rendra notre mille-feuilles carrément… indigeste !

Maurice Meireles PONTACQ

Réforme territoriale : fusion ou union ?

imagesLe projet lancé de suppression des départements, de fusion des régions et de réorganisation  de communes se heurte à ce qu’on pourrait appeler une sorte d’autisme des politiques. Mais pourquoi tant de morgue ?

 Dans un récent article intitulé « Révolution » Daniel Sango fustige fort à propos, la position des trois actuels présidents de région, Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes,  qui, à l’encontre de ce qui est voulu par le pouvoir et la loi récemment votée, décident que leurs régions ne vont pas fusionner mais vont s’unir.

 A Pau, lors de la réunion des représentants des départements de France, le premier Ministre est venu rassurer nos pauvres élus inquiets surtout pour eux-mêmes, en leur disant que la suppression des départements n’aurait pas un caractère aussi définitif et total qu’on l’avait envisagé dans un premier temps. D’ailleurs fort de cette nouvelle donnée, notre président Georges Labazée s’est empressé de soumettre des amendements au Sénat pour réclamer des financements pour la gestion des missions actuellement départementales.

 Souvenons-nous, qu’il y a maintenant plus de vingt ans, lorsque  les regroupements de communes ont été lancés pour aboutir à des communautés de communes ou d’agglomération, il était bien clair et évident dans l’esprit de ses concepteurs que cette réorganisation devait à terme déboucher sur une fusion des communes afin d’en diminuer le nombre. Rappelons que nos 36 700 communes françaises, représentent 40 % de l’ensemble des communes de pays européens. Rappelons aussi que d’autres pays de l’Europe, (Allemagne et Belgique par exemple) ont diminué de façon draconienne le nombre de ces structures administratives et ce dans des proportions considérables.

 Tout ceci a été dit et redit maintes fois.

 Il faut se souvenir qu’il n’y a pas si longtemps, un sondage faisait ressortir qu’à la question : « Diriez-vous que la décentralisation, c’est-à-dire le transfert de compétences aux collectivités locales, se traduit plutôt par… ? »  71 % répondent : « par des surcoûts engendrant une augmentation des impôts locaux ».

 Alors quel constat faire lorsque l’on considère  que les Français sont ainsi dans leur très grande majorité, favorables à une diminution significative des strates administratives ? Soit que le pouvoir central (l’Etat, le gouvernement) manque cruellement d’autorité, soit que la décentralisation a atteint maintenant un point de non retour, soit enfin que les élus ne sont préoccupés que par un seul avenir, le leur personnel,  et qu’ils méprisent de façon définitive et rédhibitoire l’intérêt général.

 Ignorer ainsi la volonté du peuple qui les a élus, s’appelle ou de l’autisme*, ou de la morgue*, de la part des politiques, à moins que ce ne soit la conjonction des deux. Lorsque le peuple se sent à ce point ignoré, il se tourne vers les extrêmes ou adopte lui-même des positions irréversibles qui deviendront à terme regrettables.

 

                                                                                               Pau, le 11 décembre 2014

                                                                                               Par Joël BRAUD

 

 

  • *Autisme : forte tendance à l’introversion et à l’égocentrisme (Le Petit Robert)
  • ** Morgue : contenance hautaine et méprisante (Le Petit Robert)

Le feuilleton du découpage régional

le-difficile-decoupage-regional_1566483Une troisième édition du schéma de réorganisation des régions a vu le jour. Comme on pouvait s’y attendre, elle réjouit les uns et mécontente les autres. Les grandes nouveautés dans cette mouture concoctée par une partie de l’Assemblée nationale sont le passage à 13 régions, avec le regroupement de la Picardie avec le Nord-Pas de Calais, ainsi que le rattachement de la Champagne-Ardenne à l’Alsace-Lorraine et le rattachement du Poitou-Charente et du Limousin à l’Aquitaine.

L’Aquitaine devient ainsi une région très étendue et peuplée. Bordeaux devrait s’en trouver renforcée. La vocation côtière de l’Aquitaine se voit ainsi réaffirmée avec l’intégration de la Charente maritime. Mais le sud aquitain pourrait se sentir quelque peu délaissé. Ce ne sont pas seulement quelques femmes et hommes politiques qui regrettent un rattachement du Béarn à Midi-Pyrénées. Les arguments économiques et culturels développés dans la presse par ces élus restent valables. Ils mériteraient d’être repris.

Il est cependant douteux que les Basques se réjouissent d’être rattachés à Midi-Pyrénées. Dès lors on peut se demander si une scission des Pyrénées atlantiques n’aurait pas un sens. Ce serait dommage pour l’amitié des Basques et des Béarnais et aussi pour les régions intermédiaires. Mais il faut reconnaître que l’Aquitaine a vocation à regrouper toute la façade atlantique sud.

On peut se réjouir que la région Centre-Poitou-Charente-Limousin des précédents découpages ait fondu. Les commentateurs avaient attribué l’étendue de cette région projetée (près de 82000 km², soit le double de la région Aquitaine) au désir de satisfaire Ségolène Royal. On peut se demander si en fait François Hollande ne cherchait pas une position de repli pour lui-même après 2017. En tous cas, faire venir le Centre jusqu’aux portes de La Rochelle était exagéré, d’autant que le nord de la région Centre touchait les confins de l’Île de France. Le dernier découpage est plus équilibré. Cependant, on peut regretter que la Bretagne ne comprenne pas Nantes : historiquement et géographiquement, la Bretagne va jusqu’à Pornic.

Mais la principale question n’est pas dans la délimitation des régions. Plus fondamentale est la question du pourquoi et du comment. Cette course à la taille est-elle justifiée alors que des économistes ont souligné que « Small is beautiful » ? Les exemples de la République Sérénissime (Venise), des Pays bataves (Les Pays-Bas) qui ont été des états florissants semblent prouver le contraire. De nos jours le Luxembourg et la Suisse font preuve d’une belle santé malgré leur petite taille, ou en raison de celle-ci. N’est-il pas frappant qu’avec leur taille, les villes deviennent de moins en moins vivables et leurs habitants de plus en plus stressés ? Par ailleurs, la concentration rend tous les équipements plus coûteux et elle renforce le coût de l’habitat. Enfin, les déplacements de plus grande ampleur feront peut-être monter le PIB ; mais de façon nuisible, et pas de manière utile à notre compétitivité ou à la planète. A l’inverse, le dépérissement d’un maillage serré risque de renforcer les déséquilibres territoriaux.

Un autre problème va rapidement surgir : à quelle ville donner la gouvernance d’une région ? Ne faudra-t-il pas donner des compensations d’une sorte ou d’une autre aux villes déchues de leur rôle de capitale régionale ? Le dédoublement des services préfectoraux entre Bayonne et Pau laisse craindre que les regroupements restent bien théoriques, à moins que soit trouvé un mode de partage des responsabilités qui soit suffisamment habile. Or, force est de reconnaître que la réflexion sur ce point n’a pas été engagée, au moins en direction du grand public. La navette entre le Sénat et l’Assemblée nationale fera-t-elle avancer les choses sur ce plan ?

Jean-Paul Penot

Réforme territoriale : différence culturelle et linguistique.

Carte de l'Aunis, Saintonge, Angoumois, Gavacheries.Le débat fait rage à tous les niveaux pour s’opposer au projet de redécoupage des régions. Les arguments les plus variés et souvent les plus contradictoires sont soutenus par les uns et par les autres. On finit par en oublier l’objectif principal, une simplification administrative par une réduction des étages du millefeuille. Alors quand on nous parle de cohésion culturelle ou d’identité linguistique il faut se poser la question de savoir si ces principes sont incontournables et si, jusqu’à maintenant, ils ont été respectés.

 La région aquitaine est sans doute à ce propos un bon exemple. On y trouve d’une part le pays basque à la culture différente des autres. Géographiquement ou administrativement placé dans le  pays Gascon, il n’a pas non plus la même langue, mais l’Euskara. Et pourtant  personne n’ose le rejeter au prétexte de ces différences qui, après tout, ne font qu’enrichir l’identité aquitaine.

Existe aussi un petit territoire que personne, ou très peu connaissent ; il se situe au nord de l’actuelle région, aux confins du pays gascon, du Languedoc, du Limousin et surtout de la Saintonge. Ce petit territoire n’est pas dans la zone de la langue occitane mais dans celle de la langue d’oïl. Il existe tout simplement et n’a jamais soulevé auprès de quiconque une nécessité identitaire particulière. Il s’agit de la Gabay ou Gabaye. Son parler s’apparente au saintongeais. Un exemple de la nécessaire diversité.

Pour les plus cultivés, il a ses bardes qui se nomment Goulebenèze et Odette Comandon. On l’appelle aussi pays gavache parce qu’il se situe au nord et que l’on considère comme « canailles » ces gens prétendument étrangers, venus de si loin. Pourtant il constitue une sorte de charnière entre deux régions comme pour rappeler qu’après tout elles ne sont pas si éloignées que cela.

Par le découpage administratif, il appartient au département de la Gironde et jamais il n’a songé à prétendre que sa différence devait lui octroyer un traitement particulier ou une considération spécifique. Mais pour quelle raison  a-t-il  été inclus dans le département de la Gironde ? On ne sait pas vraiment si ce n’est dire que là, comme dans le bordelais, on y cultive la vigne. Une considération économique en quelque sorte.

Alors quand on nous serine les oreilles avec des besoins ou des obligations identitaires reposant sur l’unité culturelle et linguistique on nous bassine. Le vrai risque pour le Béarn c’est de se faire oublier au sein d’une très grande région parce qu’il se perd dans un cul-de-sac.

 

                                                                                                          Pau, le 22 juillet 2014

                                                                                                          Par Joël BRAUD

Quel avenir pour des régions occitanes ?

Statue de Vercingétorix A l’évidence la réforme territoriale, dans sa dimension régionale, passionne les lecteurs du présent site.
Il s’agit d’une reforme administrative censée engendrer des économies mais également, beaucoup, d’une réforme identitaire. Un de ses risques est de construire, au milieu des provinces, des métropoles d’équilibre obèses au détriment des villes et des bourgs dans lesquels la vie est la plus agréable et dans lesquels beaucoup aspirent à construire leur vie et celle de leurs enfants.

Pour cela monsieur PYC, enfin revenu des jupettes lilas de Garbiñe (et de ses hauts pamplemousses version Caracas) va s’intéresser aux régions du grand sud (du monde occitan si l’on veut) du monde en dessous de la Loire qui est la véritable césure dans la géographie française. Pour dire autrement des provinces purement romaines ou celles la zone non occupée. De l’ancien pays du « taupe 14 » qui, lui aussi, le pauvre, a des velléités de mondialisation métropolisée.

D’une certaine manière le risque, dans les provinces auxquelles nous nous intéressons, est de substituer à Paris et au désert français Bordeaux Toulouse Lyon et Marseille dans un grand désert sudiste.

Explicitement il s’agit de bâtir des régions autour de pôles mondialisés supposés dynamiser leurs hinterlands peuplés de bouseux et de rurbains… qui survivent très difficilement dans leurs villages démondialisés et infra millionnaires… les pauvres gens difficilement arrosés par fesse-boucs et autres twittos.

Partons, à cet effet, du maillage des villes, voire des fleuves et des massifs, en dehors desquelles il est difficile d’imaginer un projet cohérent : on trouve, en première division, Bordeaux, Toulouse Marseille, Clermont-Ferrand et Lyon. Pour filer la métaphore sportive, en seconde division, Montpellier Nice Grenoble et Limoges. En division d’honneur ou en fédérale Pau Castres Perpignan Bayonne et Nîmes… Oloron Mauriac et Mauléon en première série.

Sauf pour Clermont le maillage était déjà valable sous césar et ses successeurs .Comme chacun sait Nice et Marseille les premières villes françaises sont antérieures et on été fondées par les grecs en même temps qu’Agde et Aléria en Corse. Donc construire les nouvelles régions autour de la première liste est tout à fait cohérent. Plus qu’en économie, en géographie humaine le temps dure longtemps.

Supprimer le Languedoc-Roussillon est une évidence. La région est sans queue ni tête tiraillée entre les Pyrénées et le massif central (la grande Auvergne…). N’en déplaise à Georges Frêche (paix à son âme) et à ses successeurs la Septimanie est une aimable plaisanterie, une ultime manie pré-sénile, qui ne faisait rire que lui et la ville est trop proche de Toulouse pour ne pas être absorbée. Quant à Nice elle est trop périphérique et trop focalisée tourisme… avec un avenir éventuel de pont avec toutes les Italies.

Le cas Auvergnat :

Pour nous, en mettant de coté le cas particulièrement épineux du haut-Béarn à rattacher, ou non, à la Soule méridionale, l’option de régions agrandies autour de Bordeaux Toulouse et Marseille peut s’entendre avec des Alpes autour de Lyon qui pourraient annexer, pourquoi pas, le Jura voire la Bourgogne.

Mais supprimer l’Auvergne et l’annexer à Lyon nous paraît une hérésie qui ne fortifiera pas le monde alpin et qui affaiblira et humiliera l’Auvergne. De fait l’Auvergne, la patrie de Vercingétorix d Alexandre Vialatte de Bibendum et de Raymond Poulidor est, tout à la fois, la matrice des pays français et celle du monde occitan. Un château d’eau, une réserve montagneuse, un imaginaire qui ancre dans le granit les provinces autour d’elle. Au nord elle enfante et elle tangente le plus important des fleuves français la Loire ; au sud elle lance ses pseudopodes vers la méditerranée au travers des Cévennes et de la  Montagne noire.

A cet effet,  elle (la susdite Auvergne) pourrait être le prototype des régions équilibrées vers lesquelles va notre préférence soit un réseau de villes puissantes gravitant effectivement autour d’une capitale qui porterait (ou, mieux, aurait été une fonction de tête de réseau) un certain nombre (mais pas toutes)  d’institutions administratives culturelles et universitaires sans, pour cela, aspirer dans des banlieues indéfiniment repoussées des population mal dans leur peau et définitivement mondialisées…

Pour cela l’Auvergne avec son complément évident, le Limousin (ci-devant chiraquien et hollandais mais fort peu poitevin), s’appuierait sur Clermont mais aussi Saint-Étienne et son pôle industriel, mais aussi Limoges bien situé sur l’axe nord-sud (Paris Toulouse Barcelone) et, dans un second temps, sur des villes plus modestes comme Aurillac Brive ou Vichy.

Certes ce ne serait pas la Californie la Lombardie ou la Bavière mais une région solidement posée sur ses assises et bien dans sa tête participant heureusement aux équilibres des mondes occitans français et européens.

Et là éventuellement un pont entre Toulouse et Lyon.

Un pays un Etat-continent ne se constitue pas de régions qui, toutes, veulent être plus grosses que le bœuf mais de régions dissemblables et complémentaires un peu sur le modèle italien ou allemand avec un profond surmoi culturel qui fait le lien au travers du temps.

Pensons enfin et surtout que les régions sont également les unités administratives au niveau européen et que, là aussi, au niveau de la visibilité, la cohérence culturelle et la logique géographique sont forcément des atouts.

 – par Pierre Yves Couderc
Oloron le 06/07/2014.