En filigrane d’une campagne destinée à mettre en place « l’Exécutif » des nouvelles régions, les communes ont délibéré sur les futurs territoires qui en constitueront le socle. Délibérations qui, ici comme ailleurs, ont souvent abouties à des « divergences », plus ou moins fondées, et dont la communauté Ousse-Gabas en est, probablement, l’ exemple le plus caricatural : certains de ses membres veulent aller à Morlaas, d’autres à Pau et quelques uns à Nay ou à Vic-Bigorre. Peut-être à Tarbes?
Caricature, cacophonie qui en l’état ne résultent pas seulement des élus actuels mais, pour beaucoup du manque de rigueur, pour ne pas dire de la désertion de l’autorité préfectorale qui depuis des décennies n’a pas imposé le respect des principes qui fondaient, légalement, la notion de communauté de communes : celui de bassin de vie et celui de subsidiarité (on fait ensemble ce qui serait plus coûteux si on le faisait seul). Rationalisation qui prendrait en compte les réalités économiques, sociales et même culturelles telles que constatées aujourd’hui. Actualisation qui, se projetant dans l’avenir, transgresserait donc inévitablement les notions de cantons (voire de départements et même de régions), constitués il y a plus deux siècles, qui n’inscrivaient plus nécessairement, aujourd’hui, les communes qui le constituaient dans le même bassin de vie, donc, corrollairement, dans le même « intérêt » commun.
Or, à cet égard, ce qui rend la Communauté Ousse-Gabas particulièrement exemplaire, c’est que le canton qui la constitue pour essentiel, celui de Pontacq, aux marges du Béarn et le Bigorre, déjà assez bizarre à l’origine (forme de « banane » avec son chef-lieu à une extrémité), ponctué d’enclaves bigourdanes, s’est trouvé, il y a 150 ans environ, littéralement tronçonné par la réalisation de la route directe entre Tarbes et Pau. « Rupture » qui a notamment eu pour conséquence de faire émerger trois bassins de vie distincts : celui de Ger, ainsi, désormais, naturellement tourné vers Tarbes ; celui de Soumoulou, à cette époque quartier d’Espoey, pour les mêmes raison tout aussi naturellement tourné vers Pau et celui de Pontacq tourné à la fois vers Nay , Lourdes et Tarbes ,et, très secondairement, vers Pau.
Et si l’on ajoute que Pontacq, qui, depuis, ne « fédère » réellement que les communes de Barzun, Livron et Labatmales, constitue, depuis la nuit des temps, une agglomération unique avec la commune bigourdane de Lamarque-Pontacq, on mesure à quel point, ici, cette « réforme » territoriale aurait pu être providentielle ! Hélas !
Bref laissons les Pontacquais méditer sur l’intérêt qu’ils auraient eu à mesurer à quel point le plus urgent était de ne pas se presser, et rappelons à tous, qu’au delà de considérations plus ou moins électoralistes, nous avons un rendez-vous historique avec notre histoire et que dans la conjoncture générale actuelle, il vaudrait mieux ne pas se tromper. Nous n’en avons plus les moyens !
Maurice Meireles
Ancien maire de Pontacq