C’est pas parce qu’on à rien à dire qu’il faut fermer sa gueule !

 imgresLa lecture d’un article publié dans le journal « La République » du samedi 13 et dimanche 14 décembre 2014 (page 39 – Débat et opinion) évoque de manière incontournable le titre de ce délicieux film de Jacques Besnard. Ils s’y sont mis à trois et pas n’importe qui, pour écrire un texte insipide et sans aucun contenu. Florilège.

 Ces trois là, Alain Rousset, président de la Région Aquitaine, Gérard Vandenbroucke, président de la Région Limousin et Jean-François Macaire, président de la Région Poitou-Charentes, excusez du peu, se sont livrés à un exercice à trois mains. A moins qu’ils n’aient chargé un quelconque scribouillard de faire à leur place et en leur nom. Avec toute la modestie qu’il sied en la circonstance, j’avoue avoir lu et relu cette publication et n’avoir pu en tirer une substantifique moelle. Dans la rubrique « langue de bois », il s’agit d’un chef d’œuvre et tous les spécialistes en « xyloglossie » et en « xylolalie »  se devront désormais de citer en exemple cet écrit qui constitue dans le genre un modèle incontournable.

Alors allons-y :

« C’est notre responsabilité que nous voulons assumer pleinement dans le respect de nos diversités et forts de nos atouts ». A ceux qui voudront savoir quels sont ces atouts et ces diversités, circulez, on ne vous le dira pas. Quant à assumer pleinement sa responsabilité, c’es la moindre des choses, non !

« Des complémentarités existent déjà […] Elles s’articulent autour des politiques innovantes menées respectivement en Aquitaine, en Limousin et en Poitou-Charentes […] elles ont fait leurs preuves y compris auprès de celles et ceux qui doutent des effets de l’action publique ». Mais de quoi parle-t-on exactement ? De politiques innovantes et de complémentarités, pardi ! Vaste programme dont il convient ici  de ne surtout  pas dévoiler la nature.

« Aujourd’hui, de grands défis s’ouvrent à nous. Nous voulons construire une région plus puissante, plus solidaire et plus créative, une région qui s’appuie sur ses multiples talents mieux connectée à l’Europe par des infrastructures performantes ». Alors là, il faut être honnête,  il y a une information celle où l’on apprend qu’ils sont tous les trois d’accord pour construire une région, une seule, conformément à ce que leur impose la loi. Autrement dit, ce sont des légalistes, le contraire serait à regretter. Et puis le petit élan vers l’Europe, ça sonne bien et ça enrichit la perspective.

« Nous réussirons en imaginant un nouveau mode de gouvernance pour le maintien de la proximité de la décision et de la qualité du service public, la garantie d’une représentation équilibrée des territoires dans une optique de faire mieux et plus ensemble ». Le nouveau mode de gouvernance intrigue un peu. Vont-ils faire maintenant ce qu’ils n’ont pas été capables de faire jusqu’alors ? Ou bien l’association des trois régions n’entraînera pas la disparition de chacune d’elles ? C’est sans doute cela la proximité de la décision.

« Au commencement de ce nouveau chemin, nous sommes mobilisés pour bâtir une région collaborative, une région solidaire, une région qui rayonne. Soyons au rendez-vous de notre avenir ». Fermez le ban. Sauf qu’il n’est pas très clair de parler d’une région collaborative. Elle collabore avec qui cette seule et même région ? Avec elle-même, pardi !  Elle est solidaire de qui cette seule et même région ? D’elle-même forcément !

Ah, c’est beau comme de l’antique et pour le plaisir des yeux, il faudrait que nos élus désormais ne se privent pas du plaisir de nous prendre pour des couillons.

Pau, le 15 décembre 2014

                                                                                                                      Par Joël BRAUD