La gestion des communes françaises est d’une manière générale mauvaise. La Cour des Comptes a clairement sanctionné depuis des années la gabegie financière associée au développement des intercommunalités. Il existe bien sûr des différences dans la manière de gérer une cité, petite comparaison entre Pau et Bordeaux.
Gérer c’est prévoir, et d’une manière générale nos politiciens n’utilisent que bien peu les objectifs clairs et chiffrés. Pourtant, c’est la base de toute gestion efficiente.
A l’occasion de ces présidentielles, comme tous les cinq ans, F Bayrou est pris d’une l’agitation fébrile, il lui arrive même de mettre en avant ce qu’il pense être son bilan à Pau. Quel bilan ?
Les Halles ou le bus à haut niveau de service sont des projets qui sont en route depuis dix ans au moins, ils ne doivent rien à F Bayrou. La poursuite du maquillage du centre ville n’a rien de nouveau et ne parlons pas des mini projets destinés à amuser les citoyens comme le parking de Verdun ou la boucle…
Où est le bilan de celui qui se verrait Chef d’Etat en terme de fiscalité à Pau ? Nul, avec en prime la création d’un nouvel impôt intercommunal foncier !
Où est son bilan en termes de gestion quand ses fonctionnaires sont beaucoup trop nombreux avec un taux d’absentéisme de 12,5 %, le triple d’une valeur du privé ? Et surtout aucun courage pour proposer des mesures correctives efficaces, et encore moins un objectif chiffré.
Alors quand il n’y a pas de résultat concret on fait croire qu’il y en aura…
Une exposition Pau 2030 a débuté le 21 janvier on en retrouve le contenu en fin d’article avec le dossier de presse « Pau 2030, Imaginer la ville de demain »
» Pour François Bayrou, l’enjeu consiste tout aussi bien à s’adresser aux habitants qu’à convaincre les investisseurs. Son opération de séduction va dans le sens de la priorité qu’il rappelle régulièrement : relancer l’attractivité et recouvrer la croissance du nombre d’habitants. « Gouverner, c’est prévoir », dit-il… »(Sud Ouest 13/1/2017)
On y parle la langue de Bayrou : au futur, sans aucun chiffre, sans aucun objectif clair et sans vision sur les financements. Des descriptions ampoulées de documents publicitaires d’une autre époque.
Pas question ici de développement économique chiffré: « L’objectif de Pau 2030 est de mieux anticiper la ville future pour la rendre plus attractive. » Sous entendu, ce sera tellement beau que les employeurs vont arriver en courant… Pas question d’engagements financiers clairs, on ne sait ni qui investira ni combien ni quand. Un document sans chiffres : le rêve absolu.
Pas question de stratégie de déplacement on peut simplement lire :
« Le centre-ville de Pau sera accessible plus facilement grâce à la desserte du Bus à Haut Niveau de Service. Il sera le trait d’union entre le cœur et les quartiers plus périphériques au nord, vers le quartier Université-Technopôle, et vers le sud où le nouveau quartier des Rives du Gave se déploie désormais. » Bon, on pense que quand même, d’ici 2030, la ligne de BHNS lancée en 2004 sera opérationnelle …
Mais cela veut donc dire que la seconde ligne de bus Est Ouest proposée dans le PDU de 2004 et absolument indispensable ne se fera pas !
Comment croire qu’en termes de déplacement on n’aura même pas réalisé en 2030 ce qu’on trouvait indispensable en 2004 ?
Car cette ligne Est Ouest à fréquence élevée est le minimum indispensable si on veut pouvoir se déplacer en bus dans l’agglomération. Elles auraient d’ailleurs due être réalisées simultanément pour avoir un impact significatif (sans parler des parkings relais) Et ceci doit aussi être accompagné d’une amélioration majeure des voies de circulation autour et vers Pau car la circulation automobile continuera d’exister très majoritairement comme le montre l’évolution à Bordeaux ( « Le Plan de Déplacement Urbain fait fausse route » AP du 3/12/2012). Mais il est beaucoup plus facile et moins coûteux de construire des salles de spectacles inutiles ou des tribunes pour les gladiateurs de la Section…toujours le cirque pour le peuple…
Pour la Plaine du Cami Salié « Les voies de communications seront repensées pour favoriser les déplacements est-ouest. » . Ah, on pensera donc qu’il y a un problème de déplacement Est / Ouest…d’ici 2030. Les cocus seront comme toujours Idron, Lons Lescar, etc… Ils auront payé pour la ligne de bus à haut niveau de service qui sera uniquement et entièrement paloise. Une agglomération ne peut fonctionner harmonieusement que si elle est multipolaire et non pas ego centrée !
On retrouve souvent par contre « les mobilités douces ». Evidemment, marcher à pied ne coûte pas cher … Mais rien concernant un indispensable doublement du « sentier » périphérique actuel, indigne d’une agglomération comme Pau.
Pour François Bayrou, l’enjeu consiste à adresser aux habitants un catalogue de dessins, de maquettes, un livre d’images pour enfant, histoire de meubler le vide de sa politique, bref rien de professionnel.
A l’occasion des vœux, Alain Juppé et Virginie Calmels son adjointe ont présenté les objectifs prioritaires pour Bordeaux 2030. En résumé :
– L’emploi : Créer 7000 emplois par an soit 100 000 de plus en 2030 (objectif atteint pour 2016)
– La mobilité : mise à 2 fois 3 voies de la rocade, construction d’un nouveau pont, réalisation de deux lignes supplémentaires de tram
– Le logement : lutter contre la flambée immobilière par construction de 7500 logements/an sur la métropole dont 2500 à Bordeaux (dont 35% de social et 25% d’accession sociale à la propriété)
Bon, c’est clair et chiffré. De plus les années passées montrent la réalité tangible de cette politique où les déplacements occupent une place prépondérante pour une réussite économique, et le logement doit suivre.
On notera que pour François Bayrou, ce plan s’applique à la seule ville de Pau, comme si aujourd’hui encore il n’existait pas une agglomération. Là se situe aussi la malhonnêteté de ce livre de contes car il prend dans son bilan des réalisations qui sont en fait celles de l’agglomération, donc financées par les autres communes et comme toujours réalisées sur le territoire de la ville : le BHNS, le stade du Hameau (avec financement également du Conseil Départemental), le futur Parc des Expositions, …etc.
On voit là aussi l’étroitesse de la réflexion et la différence avec l’indispensable vision globale du bassin de vie.
C’est vrai que dans un match de double par équipe on ne donnait pas cher de l’équipe Bayrou / Poeyto face à Juppé / Calmels.
Daniel Sango
PJ : cliquer sur le titre : pau-2030-dossier-de-presse
Crédit photo : Sud Ouest