Grand Débat pour intellectuels de cour

« Car c’est double plaisir de tromper le trompeur ».

Jean de La Fontaine

Ce matin, dans l’édition numérique de « Libération », la tribune de Dominique Méda, professeure d’université Paris-Dauphine : « Invitée à débattre lundi soir avec Emmanuel Macron, la sociologue Dominique Méda estime que la rencontre s’est transformée en faire valoir présidentiel ». On a envie de lui dire : « il ne fallait pas y aller ! ». Le piège était un peu gros. Vous, les intellectuels, présentés comme l’élite de la Nation, comment avez-vous pu tomber dedans ? Vous aviez vu ce qu’il en était des maires et des élus de tous poils auparavant. Il est vrai qu’il est bien difficile de résister aux ors de l’Elysée, aux micros de France Culture, aux caméras de télé et aux photographes sur le perron, se bousculant au bord du tapis rouge déroulés sous vos pieds … Vanitas, vanitatis. Les intellectuels ont toujours eu besoin de reconnaissance –d’être consacrés- et ceux qui y ont résisté, Albert Camus par exemple, ont dû affronter l’opprobre. Ça les a grandis…

Louable est la sincérité de Dominique Méda : « J’avais accepté l’invitation à participer pensant – bien naïvement je l’avoue – que nous pourrions au moins de temps en temps rebondir pour, à notre tour, répondre au président de la République. Mais il n’en a rien été. Comme avec les maires, le non-débat avec les intellectuels, a consisté en une litanie inexorable de «réponses» d’Emmanuel Macron aux questions posées par les intellectuels ». Et elle ajoute, lucide : « j’ai compris à quoi nous servions. Comme les maires, nous constituions le mur sur lequel le Président faisait ses balles, jouissant de la puissance de ses muscles et de la précision de ses gestes et donc de la propre expression, cent fois ressentie, de son moi. Nous étions son faire-valoir ».

Du Grand Débat serait donc sortie, comme un lapin du chapeau, la demande unanime d’augmenter la durée du travail, de reculer l’âge de la retraite ou encore de travailler un jour gratuitement par solidarité. Tout ça pour ça… avec la caution finale des intellos… Des idées « nouvelles » qui auraient ouvert les yeux d’un président distrait par ses lourdes taches à qui elles auraient échappé. Pourtant syndicats et patronat, économistes de tous bords s’étripent sur ces problèmes depuis des années. Il en est de même des discussions de comptoirs au bistrot du coin. Il n’y a donc ni recette miracle, ni vérité vraie que le Grand Débat aurait prétendument mises sur la table.

Mais revenons  à nos intellectuels reçus huit heures de rang par le président nous y avons entendu Pascal Bruckner se poser en pourfendeur de l’anarchie et des Gilets jaunes lors d’une question (?) quelque peu téléphonée -et violemment formulée pour faire le buzz. On sait ce qu’il en est des passes téléphonées en rugby : elles se terminent par une interception et un essai en contre. Intellectuel à la pensée originale et non pas unique, absent de l’Elysée, André Bercoff, sur son compte twitter, a qualifié ainsi cette sortie : « Je viens, dans l’exhibition Macron face aux zintellectuels, d’entendre Pascal Bruckner qui connut, jadis, talent et lucidité. Impossible de faire plus con, plus haineux, plus méprisant envers les gilets jaunes, en demandant l’interdiction absolue de toute manifestation. Naufrage ».

Mais continuons avec Dominique Méda qui ajoute avec sa lucidité retrouvée sur les conditions de ce débat : « Comme les maires, nous constituions le mur sur lequel le Président faisait ses balles, jouissant de la puissance de ses muscles et de la précision de ses gestes et donc de la propre expression, cent fois ressentie, de son moi. Nous étions son faire-valoir (…) le Président a eu tout loisir d’asséner ses convictions devant des intellectuels pris en otage (au moins pour ceux qui étaient en désaccord profond avec sa politique, peu nombreux) ».

Tous ne sont pas allés à l’Elysée. Il faut le souligner. Alain Finkielkraut qui, pour le coup, aurait eu des griefs graves à faire valoir, s’est poliment excusé avant de se défiler : «  Je crois qu’une discussion entre un grand responsable politique et des intellectuels n’a de sens que si ces derniers sont peu nombreux et que l’échange peut durer. »

L’économiste et philosophe Frédéric Lordon dûment invité par M. Macron, a préféré décliner. Il s’en est expliqué publiquement : « Vous comprendrez que si c’est pour venir faire tapisserie le petit doigt en l’air au milieu des pitres façon BHL, Enthoven, ou des intellectuels de cour comme Patrick Boucheron, je préférerais avoir piscine ou même dîner avec François Hollande. Au moins votre invitation ajoute-t-elle un élément supplémentaire pour documenter votre conception du débat. Savez-vous qu’à part les éditorialistes qui vous servent de laquais et répètent en boucle que la-démocratie-c’est-le-débat, votre grand débat à vous, personne n’y croit ? Vous-même n’y croyez pas davantage ». 

L’historien spécialiste de l’histoire populaire Gérard Noiriel a lui écrit sur Twitter : « Bien que je n’en fasse pas un titre de gloire, j’ai refusé moi aussi l’invitation d’E. Macron au « grand Débat » des « intellectuels » prévu lundi soir. Mais je suis prêt à lui apporter les cahiers de doléances de ce secteur sinistré qu’est aujourd’hui l’éducation populaire. »

Ceux-là se sont abstenus de participer à ce grand raoût, les autres, « intellectuels de cour » appartiennent à une espèce qui n’est pas nouvelle. Mais qui s’en souvient?

Pierre Michel Vidal

Causes et conséquences, rien ne change !

Depuis plusieurs semaines de nombreux Français et petits maires ont été conviés à s’allonger sur le «divan» pour des séances d’analyses ; l’objectif est d’extirper de leur inconscient le mal qui les ronge ; en effet, ils pensent, injustement dit-on parfois !!, qu’ils sont délaissés, méprisés, inconsidérés, qu’ils vivent dans une société injuste, que certains se lèvent tard, spéculent, et gagnent beaucoup alors que bien d’autres se lèvent tôt, travaillent et gagnent très peu… L’objectif est de rendre aux Français l’énergie économique positive qui est immobilisée par ces conflits inconscients.

En fait, c’est une analyse car le patient est invité à dire tout ce qui lui passe par la tête mais ce n’est qu’une fausse-vraie analyse, intéressée, car il est guidé dans une révision de son histoire intime pour lui donner un sens nouveau et actualisé, au service de l’intérêt supérieur de la politique économique du moment ; les analystes n’ont donc pas la neutralité bienveillante qu’ils devraient avoir, ils jugent les patients et leurs actes, précisent même le prix des séances que leurs comportements aberrants les amèneront finalement à débourser.

Il faut que cela s’arrête, il est temps de se réconcilier ! C’est évident, mais est-on prêt, de part et d’autre, au dialogue et surtout aux compromis ? J’en doute !

Le barrage a cédé pour deux raisons ;

+ les responsables ont laissé la mise en charge se faire au-delà de la limite de sécurité. Il aurait fallu faire des lâchers périodiques pour libérer les contraintes et redonner l’équilibre.

+ Les responsables n’ont pas pris soin de surveiller, d’assez près, par des informations remontantes périodiques, la résistance des infrastructures.

Dans le premier cas, ce sont les charges variées, toujours plus importantes et nombreuses, imposées aux citoyens depuis des années.

Dans le deuxième cas, c’est le manque d’écoute des alertes issues des petits maires ; ces derniers sont les baromètres et les thermomètres de l’état de la météo locale, ceux que l’on veut réduire de plus en plus, car trop coûteux. L’actualité montre que c’est encore plus coûteux de s’en priver !

En se vidant, la force de l’eau et la surface couverte se sont amplifiées, elle s’est écoulée largement et s’infiltre lentement dans la nappe phréatique, prête à rejaillir en d’autres sources, mais, plus grave, des berges, elle a détaché des blocs dormants dans la paroi, à droite et à gauche ; entraînés le long du parcours, ce sont eux qui, libérés, ont provoqué les dégradations et dégâts collatéraux redoutables entraînant, dans les villes et villages, destruction, violences, pillages puis, maintenant, haine, racisme, sexisme, antisémitisme au sein de toute la société.

On peut parler de déficit de gouvernance, depuis les hauts sommets on voit surtout des mers de nuages ! Un travail colossal, difficile et extrêmement coûteux est à entreprendre pour combattre et éteindre le feu et les braises de ces philosophies nauséabondes et destructrices que les générations comme la mienne ont connues.

Mais, beaucoup plus grave, il n’y a pas que la gouvernance, loin de là ; à C dans l’air, Brice Teinturier faisait remarquer que l’ignominie n’était pas, dans les sondages, marquée par une réprobation écrasante de l’ensemble de la population ; manifestement on note une imprégnation ou une indifférence coupable. Seuls, les politiques ne pourront rien s’il ne sont pas massivement suivis par les Français. Quand on pose la question de savoir ce qu’ils pensent sur les raisons de la fuite des juifs vers Israël, 62% n’ont pas d’avis !!!

Une fois de plus, on se plaint ; à juste titre, on se désole, car on subit les conséquences, mais on n’a pas cherché à lutter contre les causes de ce fléau en sommeil.

Si on élargit le problème à l’Europe, seule une Europe citoyenne, non uniquement financière, non concurrentielle mais unie, solidaire, est capable de défendre nos valeurs et notre puissance dans le monde. C’est mal parti !

On parle beaucoup, jusqu’à présent, dans le grand Débat, du pouvoir d’achat, de la notion de «riche», de classe moyenne, termes qui restent vraiment encore à définir, du service public, de la mobilité, surtout dans le monde rural, de nouvelles institutions dont les orientations discutées devraient peut-être se souvenir de la définition de la démocratie d’Albert Camus :

«La démocratie ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité»

Par contre, le pouvoir n’a pas prévu d’évoquer la Culture et la transition «écologique», la réforme sans doute la plus importante pour le court et moyen terme de notre société, est laissée largement de côté, par les gilets jaunes aussi d’ailleurs, sauf, en parallèle, massivement, par les jeunes ; cette réaction est vraiment une bouffée d’optimisme pour l’avenir, par rapport au triste comportement sclérosé des Politiques en place depuis le début de la Vème République.

La façon dont le pouvoir voulait l’aborder était mauvaise car elle était empreinte de la plus grande injustice ; encore une fois, les gros pollueurs étaient et sont toujours détaxés et donc privilégiés ; la liste serait longue, dans les transports, l’industrie, l’agroalimentaire… entre autres.

Futura-Sciences 03/12/2018 «Il faut dire que les navires de croisière sont régulièrement pointés du doigt pour leur pollution et leur contribution aux gaz à effet de serre. Le fioul lourd, peu raffiné, affiche des teneurs en soufre 1.500 fois plus élevées que celles autorisées pour le diesel des voitures. Un gros paquebot émet ainsi quotidiennement autant de particules fines qu’un million de voitures, selon l’association de protection de l’environnement allemande «Nabu.» Bordeaux en voit souvent !

Trois fléaux menacent l’humanité au XXIème siècle : obésité, sous-alimentation et changement climatique. Longtemps considérés séparément, ces trois phénomènes interagissent et ont un moteur commun, de puissants intérêts commerciaux.

Là encore, on subit les conséquences et on ne fait rien contre les causes.

Pour Philippe Dessertine.

«Le problème majeur qu’affronte l’humanité est bien le climat. L’origine de son dérèglement est la poussée démographique. Appliquer à 7,5 milliards le modèle économique occidental avec son utilisation effrénée d’énergies, ses modes de consommation, de travail, de production, de plus en plus intensifs, la planète n’y tiendra pas longtemps. Le diagnostic est clair, il faut aller vers un changement radical de modèle économique. Un tel bouleversement n’est possible qu’en période de révolution industrielle et technologique comme au début du du XIXème puis au début du XXème…Nous sommes dans une nouvelle révolution industrielle aux conséquences incalculables………»

Alors, changer les institutions, le nombre d’élus, le mode d’élection, proportionnelle ou pas, cela ne changera pas grand chose si on ne change pas la façon de penser et d’agir !

«Le digital, l’intelligence artificielle, et d’autres marches vont arriver très vite, elles nous ferons rentrer dans cette nouvelle révolution.» Ph.Dessertine.

Cet néo-homo économicus aura-t-il conservé quelques gènes de l’homo sapiens d’origine ? Les expériences du passé ont montré, à chaque fois, que si des progrès étaient faits, ils étaient toujours accompagnés d’un asservissement de plus en plus grand à l’argent, à la machine, à l’énergie, au temps, à l’homme lui-même, au détriment de l’humanisme qui devait, disait-on, en résulter !

Alors ? Scepticisme !

On a supprimé des enseignants pour faire des économies, on devrait plutôt faire des économies en créant des postes car le manque de civisme, l’ignorance de la démocratie, la haine des autres, nous coûtent bien plus cher en ce moment.

Dans toutes les classes, de la maternelle à l’université, échelonnés tout au long de l’année, adaptés à l’âge, de la Seine-Saint-Denis à Neuilly, des cours, débats, conférences seraient institués pour forger à la fois l’esprit critique et les connaissances sur la République, les institutions, la votation, le fonctionnement de l’Etat, des Mairies, du député, sénateur…., la démocratie, le respect de la richesse culturelle de notre diversité…. sans oublier les dangers du dérèglement climatique !

Signé Georges Vallet

crédits photos: https://www.lepoint.fr/il-y-a-50-ans-la-catastrophe-du-barrage-de-malpasset-

Disqualification

Habituellement, ce terme de disqualification est utilisé dans le langage sportif. Ici, il concerne plutôt le monde des politiques objet d’un discrédit persistant. Les gilets jaunes les conspuent et osent s’attaquer à leur image. Les élus de tous niveaux sont-ils vraiment conscients de l’ampleur de ce rejet ?

Que des permanences de députés soient l’objet de dégradations, que certains, et il faut le regretter, se voient adresser des menaces, qu’un ministre doit être exfiltré pour garantir sa sécurité physique est déjà symbolique. Cependant il existe d’autres éléments d’appréciation qui viennent confirmer cette ambiance. Ainsi dans le Journal du dimanche du 6 janvier 2019, figurait un sondage de l’IFOP donnant des résultats significatifs. Questionnés sur les cinq mesures qu’ils jugent les plus importantes à prendre, les sondés répondaient :

-82 % réduction d’un tiers du nombre des parlementaires ;

-80 % prise en compte du vote blanc lors des élections ;

-80 % référendum d’initiative citoyenne ;

-77 % rétablissement de l’I.S.F. (dont 61 % des LREM) ;

-74% la proportionnelle aux élections législatives.

Le fait que la diminution du nombre des parlementaires arrive en tête de ce classement avec un si fort pourcentage, est en soi bien évidemment lourd de sens. On peut toujours critiquer un sondage et dire qu’il ne reflète que l’opinion d’un instant, il n’en demeure pas moins qu’il traduit en la circonstance le sentiment que les parlementaires sont trop nombreux et partant inutiles.

Ce sondage présente un autre intérêt. Dans le fatras des revendications formulées par les manifestants, il faudra bien un jour savoir les classer par ordre d’importance et surtout de faisabilité. C’est un premier pas qui va dans ce sens. Il appartiendra, le moment venu à ceux qui sont en responsabilités de savoir en tirer parti.

Les maires qui se disent des élus de proximité très à l’écoute de leurs administrés ont ouvert des cahiers de doléances accessibles à qui veut. Ils recueillent par ce moyen, sinon toutes les revendications, du moins les inquiétudes et insatisfactions de ceux qui osent s’y exprimer. Celles-ci sont à la fois diverses et bien souvent inattendues. Il faut bien admettre que si ces édiles avaient réellement été à l’écoute des préoccupations de leurs administrés, comme ils le prétendent, et avaient su être entendus au plus haut niveau, il n’auraient pas eu besoin de cet artifice pour connaître ce qui motive la colère actuelle. Enfin en se prêtant à cet exercice, ils répondent à une demande du pouvoir central. Nul doute que cette démarche, aussi honorable soit-elle, ne débouchera pas sur grand chose. Seront-ils alors les plus qualifiés ?

Alors puisqu’il faut écouter le citoyen, a été réactivée sous le présidence de Chantal Jouanno, la Commission Nationale des Débats Publics (CNDP), qui a pour but de récolter toutes ces revendications. Une vaste consultation qui va coûter au contribuable la somme de 4 millions d’euros. Si l’ex ministre ne réussit pas elle aura de quoi se consoler avec un traitement digne des plus grands de la République. Ce qui, d’ailleurs au moment où les principales préoccupations des gilets jaunes portent sur le pouvoir d’achat ne manque pas de piquant. Bon courage à elle ! Il faut souhaiter pour la réussite de l’entreprise, qu’elle ne soit pas déjà disqualifiée.

Mais pour être honnête, il convient de ne pas oublier de dire qu’en exerçant des violences inadmissibles, les gilets jaunes nuisent à leur propre image et entrent eux-mêmes dans la spirale de la disqualification. Il faut maintenant que ces mouvements de foules incontrôlées par les organisateurs cessent et que s’ouvre le temps du dialogue. Mais les conditions sont-elles réellement réunies ?

De notre côté, à Pau, on entend François Bayrou qui, à l’occasion de ses vœux, affirme que les politiques ne sont pas responsables de la situation actuelle. On va le croire par politesse et parce que c’est le début de l’année. Samedi dernier 5 janvier, les gilets jaunes sont allés déranger les deux députés du coin, Josy Poueyto et Jean-Paul Matteï. Ils étaient en train de présenter leurs vœux à ceux qui méritent leurs égards dans un hôtel palois. Plus tard,  Matteï dira, lors d’une interview à France Bleu Béarn, qu’il fera tout pour être à l’écoute de ses concitoyens. En y pensant plus tôt, il n’aurait pas pris le risque d’être disqualifié.

Pau, le 7 janvier 2019

par Joël Braud

La Cour règle les comptes

gabegie  La corporation des Maires de France donne un bien piètre exemple aux citoyens. Manifestations, pleurs et lamentations, ils « sont à l’os », on aurait presque envie de les plaindre. Mensonges !
La Cour des Comptes est heureusement là pour dire la vérité sur les finances des collectivités territoriales, où le bloc communal représente la dérive la plus importante. Et elle n’est pas belle pour nos Maires pleurnicheurs et avant tout piteux gestionnaires, par manque de courage ou incompétence.

Morceaux choisis du discours de Didier Migaud, le 13/10/2015 lors de la présentation de son dernier rapport.

Les coûts de fonctionnement une nouvelle fois à l’index…

« Pour la troisième année consécutive, les dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales (177 Md€) ont progressé davantage que leurs recettes (214 Md€), respectivement de 2,2 % et de 1,3 %. Les dépenses de rémunération (62,5 Md€), dont la Cour avait déjà souligné le rythme de progression très rapide en 2012 (+ 3,4 %) et en 2013 (+ 3,3 %), ont augmenté encore plus vite en 2014 (+ 4 %). »

C’est donc en 3 ans une augmentation de 11,1% de la masse salariale ! soit plus de 6 milliards d’euro !!!

 Pendant ce temps, les collectivités territoriales diminuent les investissements…

« Les dépenses d’investissement ont aussi connu un recul important : -8,6 % pour les administrations locales dans leur ensemble, -9,2 % pour les seules collectivités territoriales. »

Et la dette continue à augmenter …

« En dépit de la réduction du besoin de financement des collectivités locales, la dette publique locale ne s’est pas stabilisée. La dette des administrations publiques locales (188 Md€) a augmenté de 3,2 % et, en leur sein, celle des collectivités territoriale (179 Md€) de 2,6 %. Ces constats amènent la Cour à réitérer ses recommandations en faveur d’une gouvernance renforcée des finances locales. »

Pourtant, les marges de manœuvre existent …

« La masse salariale constitue un gisement potentiel d’économies. Sa progression découle pour partie, je l’ai dit, de décisions qui échappent aux collectivités. Mais les exécutifs locaux disposent d’importants leviers pour ralentir sa progression. En particulier, des surcoûts importants continuent de résulter de pratiques contestables, auxquelles les gestionnaires publiques peuvent mettre fin : durées effectives de travail inférieures à la durée légale, lutte insuffisante contre l’absentéisme, recours excessif aux heures supplémentaires ; évolution non maîtrisée des effectifs. C’est possible, comme le montrent les exemples cités dans le rapport. Au-delà de ces efforts, une réduction significative de la masse salariale ne saurait être obtenue sans une réflexion sur les missions des différents niveaux de collectivités, sur leur organisation, et sur la répartition et l’évolution de leurs effectifs. »

 Les mutualisations constituent également une piste intéressante. La couverture du territoire par des groupements intercommunaux est désormais intégrale. De nouvelles mutualisations et des économies de gestion sont possibles, qui pourraient être couplées au renforcement des compétences transférées par les communes. Les travaux des chambres régionales des comptes mettent en évidence l’intérêt du développement de services mutualisés et le caractère encourageant de bonnes pratiques. Les démarches locales, encore hésitantes, pourraient être intensifiées et recentrées sur la recherche d’économies nettes, notamment sur les fonctions « support ». Des objectifs chiffrés d’économies pourraient accompagner les schémas de mutualisation, afin d’encourager les approches évaluatives.
L’exemple de Pau est tout à fait en ligne avec ce rapport.

Mais que fait donc François Bayrou ? ( « Bayrou et le budget de la ville de Pau : Où est la vérité ? » AP du 22/4/2015)

Il déforme la réalité dans sa description du budget et enfume maintenant les citoyens avec son « Pays de Béarn », une couche de plus dans le mille feuille que Bayrou transforme en pièce montée, tout cela pour ne pas s’attaquer aux vrais problèmes.

Pourtant il s’indigne contre le taux d’absentéisme des fonctionnaires territoriaux palois (16% !!!) ou les sureffectifs, mais ne fixe aucun objectif quantifié de progrès ni ne prend aucune mesure sérieuse. On pourrait hélas dire la même chose de l’immense majorité des Maires.
Le Département des Pyrénées Atlantiques n’est pas en reste. Il est d’ailleurs pitoyable de voir qu’après la gabegie socialiste, le MoDem et JJ Lasserre sont incapables de s’attaquer aux vrais problèmes : une masse salariale qui a augmenté de 30% entre 2009 et 2014 ( « Labazée et Lasserre : Zéro en mathématiques » AP du 30/6/2015) Sans parler de la gabegie des « Maisons du Département » ou les voyages touristiques en Argentine…

Pendant ce temps, les impôts locaux continuent d’augmenter…

Quand les contribuables s’éveilleront…

par Daniel sango

 

Maires de France, égoïstes ou incompétents ?

maire et valls    L’AMF (Association des Maires de France) donne des élus une image bien pitoyable. Il est grand temps que la France abandonne son organisation basée sur les déplacements à cheval et rejoigne les autres pays européens, bien plus performants. Mais pour cela il faudra que les citoyens se mobilisent pour l’imposer à des Maires d’une autre époque.

Il est stupéfiant de voir le comportement de nos Maires, organisant manifestation pour se plaindre de la diminution des aides de l’État. Il est pourtant juste que toutes les composantes de la nation participent à l’effort modeste vers un retour à un déficit plus acceptable comme le leur a répété François Hollande. Le scandale vient aussi du fait que les Maires mentent, car le gouvernement diminue dans des proportions raisonnables son aide au bloc communal. Et les citoyens sont mal informés. Dans un journal télévisé national on voit des Maires organisant une pétition contre ces mesures, prédisant la fin des communes, la fin des crèches et autres aides sociales : mensonges !

On a vu les mensonges de F Bayrou ( « Bayrou et le budget de la ville de Pau : Où est la vérité ? » AP du 22/4/2015) et de JY Lalanne ( « Mauvais gestionnaires les Maires ? » AP du 29/7/2015) concernant l’incidence de la baisse de la DGF (Dotation Globale de Fonctionnement) qui affectera leurs budgets de moins de 2% cette année et 3 ou 4 % maximum à terme. Une baisse ridicule quand on voit l’augmentation gigantesque des budgets du bloc communal ces dix dernières années. Vivions nous si mal il y a dix ans ?

Cette gabegie est d’ailleurs condamnée par le dernier rapport de la Cour des Comptes du 14/10/2014 qui hélas ne se faire guère d’illusion sur la capacité de nos Maires à devenir de bons gestionnaires :

« Les dépenses des administrations publiques locales représentent 21 % de la dépense publique et 9,5 % de la dette. Les collectivités territoriales ont ainsi vocation à prendre leur part des efforts de redressement des comptes publics entrepris dans le cadre des engagements européens de la France. En 2013, elles n’ont pas apporté la contribution attendue à la réduction des déficits publics. Les perspectives d’une plus grande maîtrise des dépenses locales, attendue de la baisse des dotations de l’État à compter de 2014, sont incertaines. »

La tentative de mise en commun des moyens en vue d’économies d’échelle par les intercommunalités a lamentablement échoué par la faute de Maires égoïstes et incompétents. Par exemple la masse salariale du bloc communal en France est passée de 21 à 40 milliards d’euros entre 1996 et 2012 ! C’est gigantesque, d’autant que la productivité augmente partout chaque année et encore plus grâce à l’informatique, sauf dans les mairies ! Les maires de France ne cessent de se lamenter alors qu’ils ne sont que de piètres gestionnaires incapables de faire preuve de courage face à la horde de leurs fonctionnaires municipaux, obnubilés par leur clientélisme indispensable à leur ré élection.

Car les marges d’économies sont importantes. Mettez un cabinet d’audit dans une Mairie, et il va se régaler ! L’exemple d’Argenteuil présenté à la TV est assez parlant. La ville avec un budget lourdement déficitaire a fait appel à un gestionnaire du privé. Conséquence : baisse des dépenses de 5 millions d’euro en 2014 et de 6 millions d’euro en 2015…

Il existe quand même quelques Maires qui sont réalistes comme le Maire de Brive qui confiait dans un journal télévisé qu’il avait 250 employés municipaux en trop…

Au lieu de s’attaquer au cancer qui ronge nos territoires : les coûts de fonctionnement disproportionnés, les maires ne parlent que diminution des investissements et augmentation d’impôts. Avec en plus, une action souvent cachée et peu visible pour le citoyen : ils empruntent plus, augmentant ainsi la dette qu’ils légueront à leurs successeurs… Mais l’exemple vient d’en haut …

Ce qui est scandaleux c’est de voir dans tous les médias des Maires larmoyants, et pas un journaliste pour leur opposer leur gabegie des coûts de fonctionnement, leur masse salariale indécente, comme s’il n’y avait d’autre solution que d’augmenter les impôts et diminuer les investissements. Pourquoi les journalistes ne s’appuient-ils pas sur les travaux de la Cour des Comptes, incontestables eux ? Si les entreprises françaises étaient dirigées par ces maires, elles auraient toutes disparues !

La Cour des Comptes le rappelle une nouvelle fois dans son rapport :

« La maîtrise des finances locales appelle un effort important de rationalisation administrative et financière du « bloc communal ». La carte des intercommunalités recouvre désormais la totalité du territoire national. Cependant, son extension progressive depuis le début des années 1990 s’est traduite par la superposition et l’enchevêtrement des structures, un accroissement excessif des effectifs et une progression rapide des dépenses. »

La suppression du niveau communal est une évidence seule l’AMF, championne du corporatisme refuse de le comprendre, et les recommandations de la Cour des Comptes sont claires :

« …en ce qui concerne la nécessaire rationalisation administrative et financière du « bloc communal »

– réduire le nombre des structures intercommunales et transférer les compétences des communes aux groupements existants (communautés de communes et d’agglomération, notamment) par champs entiers d’intervention et non plus de façon parcellaire ;

– poursuivre la mutualisation des services des communes et de leur intercommunalité et stabiliser les dépenses de personnel du « bloc communal » par des réductions d’effectifs, une pause des mesures de revalorisation indemnitaire, une meilleure maîtrise des déroulements de carrière et un alignement du temps de travail sur la durée légale ; »

Rappelons que Didier Migaud son Président est un membre du PS dont la compétence est reconnue par tous, à gauche comme à droite.

On doit aussi citer ici notre François local qui lors de sa campagne présidentielle proposait dans son programme une baisse de la dépense publique de 5% (100 milliards d’euro) le double de celle que F Hollande essaye de mettre en œuvre aujourd’hui. Et il disait :

« ce n’est pas avec une diminution de 5% des dépenses que la France va s’arrêter de fonctionner… » ( « Bayrou apprend l’arithmétique « AP du 23/01/2012).

On attend d’ailleurs qu’il applique cela aux coûts de personnel de la ville et de l’Agglomération de Pau, permettant ainsi une vraie baisse des impôts locaux … Et pour les Maires de droite, dont Francois Baroin, Président de l’AMF, sénateur Maire et champion du cumul, cela va être rigolo, car les programmes des futurs candidats de son camp sont clairs : baisse drastique de la dépense publique. Francois Fillon dans son ouvrage « Faire » la chiffre à 120 milliards, en plus des 50 milliards de F Hollande …

Nos Maires peuvent donc se préparer à pire car cette première baisse de 11 milliards en trois ans n’est que le début. Il faudra aussi très vite supprimer le rôle politique et administratif des communes, inutiles et coûteuses, au profit d’intercommunalités plus efficientes couvrant les vrais bassins de vie, mais c’est une autre histoire…

par Daniel Sango

Les maires du Béarn, pas décidés à se soumettre.

imgresLe lundi 7 septembre 2015, comme le veut la tradition, les maires du Béarn se sont retrouvés à la foire exposition de Pau pour leur réunion annuelle. L’occasion de se rencontrer et d’échanger sur les sujets les plus divers. Cette année, l’ambiance était différente à en juger par la forte représentation des édiles. Quelles en sont les raisons ?

La première tient à la baisse de la dotation de l’État. Certains maires, la main sur le cœur, jurent qu’ils ne pourront s’en sortir qu’en augmentant la fiscalité locale. Peu d’entre eux se montrent de fermes partisans de la réduction des dépenses, principalement de fonctionnement. On a ses habitudes et on ne veut pas vraiment en sortir. Alors on parle des doublons dans les compétences territoriales (Alain Rousset) qui coûtent cher.

Et puis l’actualité les inspirant, les maires ont parlé de l’accueil des migrants appelés maintenant, à l’exemple de l’Allemagne, les réfugiés. Alors là pas de divergences tout le monde affichant son esprit de générosité et voulant se donner bonne conscience, se déclare solidaire de l’élan humaniste. C’est aussi là l’occasion de redire que les moyens financiers manqueront pour satisfaire aux nécessités matérielles de cet accueil. A ce propos, autant les nobles intentions sont exposées au public pour recevoir ces réfugiés, autant d’un autre côté, ils se montrent particulièrement réticents pour se mettre en conformité avec la loi lorsqu’il s’agit de créer des aires d’accueil pour les gens du voyage. Il y a accueil et accueil.

Mais le plus gros morceau, celui qui fâche et qui les place dans le doute quant à la pérennité de leur mandat, c’est bien sûr la réforme territoriale. La loi NOTRe (Nouvel organisation territoriale de la République) inquiète et fait peser sur eux comme un climat d’incertitude. Ce sujet est délicat, voire douloureux, jusqu’à Jean Lassalle qui affirme sur un ton aussi péremptoire que divinatoire que bientôt, tous ces maires n’existeront plus. Jean-Jacques Lasserre et François Bayrou affichent, eux, haut et fort leur hostilité au projet de regroupement des communes. D’autres à la tête de petites communes ont peur de ne pas faire le poids, de ne pas être entendus et on revient sans hésiter à cette notion, plutôt fictive, de proximité.

De son côté, le Préfet va son chemin et rappelle que notre pays compte trop de communes (36700), et qu’il va falloir renforcer l’échelon intercommunal. Il fait connaître sa volonté de réduire de moitié le nombre des intercommunalités. Lorsqu’on sait que le Préfet représente l’autorité de l’État on est tenté de croire que se trouve là une réelle détermination pour arriver à mener à terme ce projet. Mais face aux élus, l’expérience a démontré que l’autorité de l’État manque un peu de poids (la disparition programmée des départements a donné lieu à un flop lamentable). Dans son rapport, la Chambre Régionale des compte va dans le même sens de regroupement lorsqu’elle préconise l’élargissement de la CDAPP de 14 à 39 communes.

Nous verrons la suite, le Préfet doit rendre sa copie le 28 septembre prochain à l’occasion de la réunion de la commission départementale de la coopération intercommunale (CDCI). Il précisera les regroupements qu’il préconise, mais cette instance, aura à se prononcer. Les débats vont commencer et se poursuivre à n’en plus finir, une fois de plus les élus feront obstruction à toute forme de modification de l’organisation territoriale. Il est plus important de défendre son mandat que de se soucier de l’intérêt général.

L’autorité de l’État sera-t-elle assez forte pour ignorer ces tergiversations ?

Pau, le 9 septembre 2015

par Joël BRAUD

L’autorité de l’État

imgresEn réunissant les maires du Département des Pyrénées Atlantiques à Bidache le 11 avril dernier, le Préfet, représentant de l’État, a choisi cette occasion pour rappeler les impératifs de la réforme territoriale. Il n’a été que distraitement entendu et n’a que faiblement convaincu. Mais pourquoi l’autorité de l’Etat est-elle si peu considérée ?

 Il entre dans les fonctions du Préfet, représentant de l’Etat dans le département de mettre en œuvre la politique du Gouvernement français. Ce serait être bien ignorant de l’actualité que de ne pas prendre en considération ces réformes qui portent sur certaines institutions telles que les départements, les Régions, les intercommunalités et les communes. Nous savons maintenant que la suppression des départements qui était programmée pour 2017 a échoué, que le regroupement des régions a fait passer le nombre de celles-ci de 27 à 13 et que le projet de regroupement des communes ne parvient pas à prendre forme.

 C’est sur ce dernier point qu’il est demandé, ordonné devrions-nous dire, aux préfets de s’investir pour parvenir à un regroupement significatif. Le projet du préfet des Pyrénées Atlantiques fait ressortir que seulement huit intercommunalités devraient subsister. Il met donc en place un schéma des intercommunalités qui deviendra définitif début 2016. Les conseils municipaux auront à se prononcer à titre simplement consultatif et les communes voteront, leurs avis seront décisionnels. D’ici là que de discussions, échanges et palabres en vue qui n’aboutiront, il faut le craindre, que sur des  convictions divergentes.

 Rappelons pour bien situer l’enjeu quelques données chiffrées : Il existe en France 36 769 communes, 15 903 syndicats intercommunaux, 27 régions, 101 départements, 240 préfectures.  Tandis qu’elle ne représente que 12,8% de la population totale de l’Union Européenne, la France possède 40 % de ses collectivités.  Nos voisins ont depuis longtemps su se réorganiser, ainsi l’Allemagne, que nous citons si souvent en exemple, est passée de plus de 30 000 communes à 12 196 ; la Suède de 2 532 à 290 ; le Royaume Uni dispose de 409 « autorités locales » qui remplacent les communes et les régions ; l’Italie compte 8 101 communes ; la Belgique est passée de 2 739 à 589 ; l’Espagne, 8 109 ; les Pays-Bas  431 et la Finlande  326. Dans ces pays ces réformes ont pu être réalisées grâce à l’autorité d’un l’État fort.

 Autant dire que nous figurons, au moins sur ce plan, parmi les mauvais élèves de la classe européenne.

 Et pour ne considérer que notre beau département, soulignons qu’ils s’y trouvent 545 communes dont 38 de moins de 100 habitants ; la plus petite est peuplée de seulement, tenez-vous bien, 32 habitants, il s’agit de Tabaille-Usquain.

Lorsque le Préfet, représentant de l’autorité de l’Etat, chargé de mettre en musique cette partie de la réforme territoriale, présente son projet,  il est accueilli par les élus avec circonspection (le terme est ici très atténué par rapport à la réalité des propos entendus). Certains, tel Jean Lassalle – maire de Lourdios Ichère 154 habitants – ne voit pas comment ces regroupements vont se faire, d’autres disent douter de l’efficacité des grands ensembles et enfin le président  du conseil départemental, par ailleurs sénateur, du haut de son promontoire récemment acquis, n’hésite pas à juger ce projet comme une fausse bonne idée.

 Nous en sommes donc là à constater que les élus qui craignent pour leurs mandats, leurs prérogatives et qui considèrent comme Mirabeau, qu’ils sont là par la volonté du peuple et qu’ils n’en sortiront que par la force des baïonnettes, vont freiner des quatre fers et tout entreprendre pour faire obstacle  au projet de l’État soutenu par le préfet.

 Notre décentralisation démontre maintenant qu’elle est en capacité de s’opposer à la volonté de l’État. De ce fait, la France est devenue irréformable.

 

Pau, le 21 avril 2015

Par Joël BRAUD