« Il faut savoir arrêter une grève ! »

« Il faut savoir arrêter une grève ! », cette formule a été employée par Maurice Thorez, le secrétaire général du Parti Communiste, en 1936. C’étaient les accords de Matignon, les syndicats avaient obtenu la reconnaissance du droit syndical, l’institution de contrats collectifs de travail, de délégués du personnel ; la semaine de 40 heures, des congés payés de deux semaines, une augmentation de salaires de 7 à 15%. L’arrêt du mouvement n’avait pas été si facile et les dirigeants du PCF et de leur courroie de transmission, la CGT, avaient été contestés violemment sur leur gauche. Pour la petite histoire la formule a été reprise par Nicolas Sarkozy puis par François Hollande.

Elle s’applique désormais aux gilets jaunes. Il ne s’agit pas d’une de ces injonctions brutales de journalistes ou de commentateurs qui ne font que mettre de l’huile sur le feu et dont la légitimité a été bien écornée par le conflit. Il s’agit d’examiner les intérêts des uns et des autres. Le succès des Gilets Jaunes, est considérable, sur le plan quantitatif comme qualitatif. Qui aurait pu croire, au début du mouvement, qu’ils auraient pu obtenir l’annulation de la hausse du gas-oil et plus de 10 milliards d’aides concrètes notamment ces 100 euros qui mettront du beurre dans les épinards des plus démunis dans une période cruciale : noël ? Bien sûr on peut faire et plus et c’est le cas de nos voisins espagnols qui eux ont augmenté le SMIC de 22%. Mais la barre « taboue » des 3% de déficit du PIB sera dépassée et Bruxelles a promis de ne rien dire. Cela n’est pas rien ! Comme l’autocritique présidentielle n’est pas à prendre à la légère non plus.

Ce succès se concrétisera quand les barrages seront levés et que se seront tus les mots d’ordres irresponsables : ces appels à manifester dans un contexte dangereux et dramatique par ailleurs. On sait que ça n’est pas facile de se quitter. De rompre un lien social nouveau. Ces barbecues sympathiques. Ces thermos de café qui circulent. Ces amitiés nouvelles mais éphémères. Ces utopies passionnées. Il y a dans tout mouvement social, une dimension affective forte que l’on ne peut mesurer que si on l’a connue de l’intérieur. C’est dur de se quitter d’autant que certains, les plus actifs souvent, diront qu’il reste beaucoup à faire et que les objectifs n’ont pas été atteints. Dans ce cas, un repli n’est pas déshonorant, au contraire, au regard de ce qui a été acquis. Personne ou presque n’avait souhaité d’insurrections mais la satisfaction d’un certain nombre de revendications et un autre style de gouvernance. Dans le premier cas elles l’ont été, dans le second cas les gilets ont obtenu des promesses.

Seront-elles tenues, ces promesses ? Cela passe par une réponse politique et par un changement de gouvernement. Edouard Philippe incarne un style honni : celui d’une autorité technocratique ; droit dans ses bottes, fermé à la négociation, ressenti comme autiste. Il est entouré d’hommes et de femmes qui ne se sont guère distingués par leur empathie ; les députés la REM se montrant incapables de porter un message convaincant. Peut-être Philippe portait-il la pensée présidentielle… la Vème est ainsi faite que le premier ministre est une sorte de fusible qui parfois grille pour préserver le boss… Mais qui désormais ? C’est une question cruciale : quelqu’un de plus souple, de plus empathique ; avec autour de lui des ministres à l’écoute, modestes. Des noms circulent… pour certains ils ne sont pas très loin de chez nous.

Il y aura beaucoup à retenir de ce mouvement : sa rapide extension et sa diffusion horizontale qui met les organisations traditionnelles au rayon des objets superflus désormais : les syndicats sur lesquels on a durement frappé mais aussi les élus de base découragés, les associations attaquées dans leur financement –comme c’est le cas à Pau. Toutes ces « machines » à réguler les demandes, à refroidir les colères sont à reconstruire et ce ne sera pas rien. Elles sont indispensables.

La crédibilité journalistique en aura pris aussi un rude coup. La position de beaucoup d’entre eux, souvent proche de la gauche, hostiles au mouvement a surpris et dans l’ensemble ils ont été honnis par le mouvement. La surprise aussi est venue des « banlieues » qui, à part une infime minorité de casseurs, ne sont pas mêlées à cette protestation. Elles se sont tues, comme si elles n’étaient pas concernées alors qu’elles le sont objectivement et qu’elles peuvent être violentes ; elles l’ont montré par le passé. Leurs protestations seraient-elles devenues strictement endogènes ? Se situent-elles désormais dans un autre monde ?

Les anthropologues, les sociologues devront étudier le fonctionnement, le « mode opératoire », les conséquences « morales » d’un conflit unique dans l’histoire de France pour l’analyser et en prévenir d’autres de ce type. Car, à l’anathème la compréhension est préférable.

Pierre Vidal

 

Image: Le Cri d’Edvard Munch (photo dr)

J’aime ma France

J’ai mal à ma France, ma France ce pays de liberté d’égalité et de fraternelles amitiés issues de tous les pays mais que l’on tente de diviser par des moyens qui ne sont pas à notre convenance, une France envahie par le mensonge que l’on tente de dissimuler grossièrement et avec une telle arrogance qu’elle paraît être vérité aux esprits mal informés …. J’ai mal à ma France, celle que quelques-uns font leur tant ils sont prêts à tout pour y arriver, ne se souciant que de leurs vaines postérités. J’ai honte pour ma France, elle que l’on a dépouillée de ses beaux sentiments tandis que la vulgarité l’assaille de toutes parts, à commencer par des hommes ayant de hautes responsabilités cherchant dans le nantissement à se protéger eux et les leurs quand sur le trottoir, ma France, Elle, celle des blancs, des noirs, des beurs, des roms, des gitans, des femmes, de l’enfance et de ceux de nombreuses couleurs dont notre Arc-en-Ciel se meurt sous les coups de boutoir forcenés de bien-pensants, arrogants visant nos pauvres destinées, eux qui sont bien nourris, bien payés, déambulant dans les couloirs de l’Assemblée, des fonctionnaires censés nous représenter débitant ici où là les petites phrases assassines qui déciment notre belle moralité, nos valeurs, notre morale, celle d’un peuple fier de ses racines bien enracinées, grâce à ce que nos anciens nous ont légué…

Oui, j’ai mal à ma France, une France devenue depuis quelques années nauséabonde, celle des outrecuidances et de la médisance que l’on se balance satisfaits de radios en télés, d’interviews en visites dans les villes ou les quartiers où s’est installée doucement et grâce à eux la précarité … où, bien implantés aussi, règnent les a priori s’invitant un peu plus chaque jour pour assombrir le quotidien de celles et ceux qui n’ont presque plus rien, plus de destin, celui qu’on voudrait leur ôter … des oubliés, des envoyés au diable, les retraités, les handicapés, les déboutés parce que sans emploi, les accusant de frauder, les accusant d’être des assistés quand la plupart deviennent des travailleurs pauvres dans leurs charmantes maisonnées payées à crédit où ils tentent de subsister… oui j’ai mal à ma France menaçante, épiée, doucement et peu à peu dégradée par des manants se voulant protecteurs mais de leur seule renommée… quand ils accusent notre belle Cité d’être fainéante, d’être insoumise aux lois qu’ils souhaitent nous infliger, nous traitant d’être « des gaulois réfractaires, n’ayant que la rue à traverser pour trouver un emploi », celle « des illettrés », celle des mal-logés, morts après avoir été honteusement abusés.

Mais comme j’aime ma France, bien décidée à descendre dans la rue, exprimer que si tout est foutu pour elle alors qu’elle se retrouve emmurée, empêchée de se manifester, que le « monstre » qu’elle est ose se montrer, elle est là, debout, rassemblée face à l’aveuglement, la surdité, le mutisme ou ses représentants dont le langage est usé ! Oui j’aime ma France, celle qui n’use pas du « pognon de dingue », elle qui avance sans protection aucune après avoir été fouillée pour se faire gazer par une horde de soldats aux ordres se souciant tout comme elle d’un avenir qui se fige à présent dans le passé après avoir espéré d’un nouveau monde qu’il arrive pour tout changer

… Je l’aime oui, ma France tandis qu’elle scande la Marseillaise surgie de poitrines dévastées et d’estomacs serrés, trop longtemps soumise aux ordres édictés venus de ceux ne craignant pas les fin de mois qui leur sont alloués. Je l’aime ma France lorsqu’elle fait bombance de sourires et de rires, de danses, des éclairs dans les yeux lorsqu’elle sait que ses finances rendent les gens heureux, les grands, les petits et jusques aux gueux encaissant les coups dignement ou ceux disgracieux, eux que l’on dit du sort impunément. Oui, je l’aime ma France lorsqu’elle sort du silence alors qu’elle prend conscience que la précarité n’est pas sa destinée et que pour en sortir, il lui faut se réunir!

Bien à vous.

Samie louve

 

En sortir

La France est dans une mauvaise passe. La colère gronde, l’entêtement pointe son nez, la contagion gagne, l’économie souffre. Comment écarter tant d’insatisfactions ?

M. Macron est intelligent et sans doute plus inspirant que bien de ses prédécesseurs, mais il commet des maladresses : le « pognon dingue », la « traversée de la rue », et moins remarquée, la listes des pays visés par lui pour l’armée européenne : fallait-il les désigner nommément alors qu’on célébrait l’aide de nos alliés lors des derniers conflits mondiaux ?

Par-dessus tout, son manque de réactivité lors du début de la crise que nous connaissons va lui coûter cher politiquement. Les mesures adoptées aujourd’hui vont apparaître bien tardives et insuffisantes. Et la transition écologique risque d’être la grande victime de la tension.

Chaque partie doit pouvoir sortir la tête haute du conflit. Mais avec humilité et compréhension. La souffrance de celles et ceux qui bloquent les carrefours doit être comprise et soulagée. Mais le sort de la planète ne peut être oublié. Les victimes des inondations, des incendies et des pollutions ne nous le pardonneraient pas. Ni nos enfants.

Aussi, nos gouvernants doivent plaider au plan européen et au plan mondial pour un effort sans précédent pour la lutte contre le réchauffement climatique et contre l’injustice fiscale et sociale. Les grandes compagnies internationales doivent payer des impôts dans les pays dans lesquels elles font des profits. Le kérosène des avions doit être taxé au moins autant que les carburants pour voitures : n’est-il pas choquant de voir des offres pour des voyages aériens à des prix (10 ou 15 euros !) de l’ordre du coût de la traversée en voiture d’un département comme le nôtre (sans compter les péages d’autoroute et l’entretien de la voiture). Il faut aussi taxer le fioul lourd des porte-conteneurs ; ce serait plus juste que des hausses de droits de douane et plus favorable à une consommation locale. Enfin, il faut freiner le transport routier qui endommage nos routes, les encombrent et surtout polluent l’atmosphère. N’avez-vous pas entendu que les restrictions de carburant dans certaines régions (en Bretagne notamment) sont de 30 litres pour les voitures et de 200 litres pour les poids lourds. N’est-ce pas éclairant ?

Il faut aussi revenir sur l’abandon de l’ISF sur les revenus financiers. Il est un moyen qui permettrait de ne pas perdre la face en attendant une remise à plat équitable : remplacer la partie de la taxe carbone qui ne va pas à la transition énergétique (c’est-à-dire la plus grande partie) par une taxation normale des revenus exceptionnels de l’année 2018. Ces revenus sont essentiellement des revenus financiers, pas des fruits du travail. Or, pour faire passer la pilule du prélèvement à la source (qui est une vraie pénalisation des employeurs) le gouvernement a décidé un allègement des impôts sur ces revenus. Cet allègement représente un manque de rentrées conséquent pour l’État alors que de petites gens, et en particulier des retraités, voient leur CSG alourdie. Un comble ! Certes il faudrait donner du temps pour lisser ce prélèvement afin de ne pas plomber ponctuellement ceux qui auront à le payer. Mais il y aurait là un geste qui serait compris de la population.

Bien d’autres mesures seraient appréciées, comme des transports publics ferroviaires ou routiers à la périphérie des villes afin d’éviter des engorgements, de la pollution et des frais. Ou encore la réduction du mille-feuilles administratif et des doublons qu’il engendre.

Dommage que le gouvernement n’ait pas saisi à temps la proposition syndicale d’une large concertation avant l’explosion. L’image du pays en est marquée.

Paul Itaulog

Quand François Bayrou fait de la récupération

Il en va toujours ainsi, lorsque des manifestants, les gilets jaunes en l’occurrence, expriment de façon spontanée, leur ras-le-bol, la classe politique est surprise et ne parvient pas à comprendre le sens du mouvement. Alors il faut occuper le devant de la scène, se placer sous les feux de la rampe. C’est donc ainsi que certains politiques en mal de notoriété se répandent en banalités et théories inutiles.

François Bayrou, du haut de son Olympe béarnais, a accordé une interview du journal « Le Figaro ». Condamné au ministère de la parole, il se fait, en la circonstance, le champion des truismes. Il dit que les gilets jaunes sont le révélateur d’une crise profonde et demande à Emmanuel Macron de réfléchir, de comprendre les ressorts de ce mouvement. Et tandis que les gilets jaunes ont affiché haut et fort qu’ils fuyaient comme la peste les partis politiques et les syndicats, le maire de Pau, président de la communauté d’agglomération, président du pays de Béarn, président du Modem, n’hésite pas à préconiser un dialogue poussé avec les organisations syndicales et associatives ainsi qu’avec les représentants des gilets jaunes. N’est pas le sage de l’ombre qui veut et ce n’est certainement avec des propos de cette confondante banalité que l’édile palois va parvenir à jouer ce rôle, même s’il prétend être un visiteur régulier du président.

Et dans l’élan, le Béarnais ajoute : « Nous devons entreprendre une remise en cause profonde de la manière dont nous pensons le pouvoir et dont nous l’exerçons depuis trente ans […] de nombreux concitoyens se sentent étrangers aux débats, aux orientations, aux décisions qui sont prises en leur nom, mais dont ils ont le sentiments qu’elles sont prises contre eux ». Bien vu, sauf que venant d’un politicien aux affaires depuis maintenant plus de trente ans, on peut se demander s’il ne s’agit pas là d’une autocritique. Et il conclut par un retentissant : « Le chef de l’État doit hiérarchiser et simplifier les priorités de son quinquennat ». Les spécialistes trouveront dans cette affirmation un modèle de langue de bois. Ensuite il parle d’une taxe flottante sur les carburants de façon à éviter de trop grands écarts des prix à la pompe. Très bien, mais il faut se souvenir de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) adoptée en 2000 et retirée deux ans plus tard car jugée inefficace ; un vieux serpent de mer en quelque sorte.

Lorsque l’on entreprend de donner des leçons à ceux qui sont en responsabilité au plus haut niveau de nos institutions, il faut soi-même être irréprochable. A Pau, dans le genre, il y a quelques progrès à faire. Dans notre ville, il faut bien reconnaître que, durant les quatre dernières années, le prix des transports en commun a augmenté dans des proportions considérables, les impôts locaux progressent plus vite que l’inflation, le nombre des places de stationnement payant a été multiplié par deux, les dépenses résultant de travaux pharaoniques et pas toujours justifiés, pèsent fortement sur l’endettement. Il faut être au dessus de tout soupçon pour vouloir faire la morale. Alors face à un mouvement qui dénonce l’augmentation des taxes et autres impôts, il eût sans doute été préférable de se trouver dans une situation différente. Comment prétendre être une éminence grise lorsque sa propre gestion entre dans le registre des revendications formulées par les gilets jaunes ?

Quand le président de la République française, dit : « Je n’ai pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants », pensez-vous, M. Bayrou que vous êtes le mieux placé pour l’aider à y parvenir ?

Pau, le 26 novembre 2018

par Joël Braud

Crédit photo : midilibre

Les vieux sont inquiets

Ce 15 mars 2018 deux manifestations ont animé les rues de Pau. Le matin, les retraités regroupaient 1500 à 2000 personnes, l’après-midi les personnels des EHPAD (Établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes) rassemblaient, eux, environ 200 mécontents. Face à la baisse de leurs revenus et devant l’insuffisance des soins dans les « maisons de retraite », les vieux sont inquiets.

Il y a donc une relation entre ces deux revendications au point que certains du matin ont rejoint ceux de l’après-midi.

D’un côté les retraités après avoir constaté que l’augmentation de la CSG leur faisait perdre une partie de leurs revenus ont fait connaître leur colère. On aura beau leur dire qu’ils n’ont pas à se plaindre, que leur revenu moyen – 1376 € brut – les situe parmi les privilégiés et qu’ils gagnent plus que les actifs, ils sont persuadés d’être les victimes de la soif inextinguible des politiques pour trouver de nouvelles recettes fiscales. D’ailleurs la disparition de la taxe d’habitation entraînera forcément la création d’un nouvel impôt : « Toute réforme fiscale consiste à supprimer des impôts sur des choses qui étaient taxées depuis longtemps pour les remplacer par de nouveaux plus lourds sur des choses qui ne l’étaient pas. » (Henri Queuille)

La première conséquence est que cette mesure tend à opposer deux générations. Il s’agirait en augmentant la CSG des retraités, de favoriser l’emploi par la baisse des charges sociales pesant sur les entreprises. Dire que les cotisations effectuées durant leur vie active doit leur revenir lors de la retraite ne correspond pas à la réalité. Nous ne sommes pas dans un dispositif de capitalisation mais de redistribution. Le principe est celui de la solidarité entre les actifs et les retraités. Les sondages font ressortir que nul, dans notre pays, ne considère que les retraites sont trop élevées, sans doute parce que les actifs sont de futurs retraités.

Les moyens pour se faire entendre dont disposent ces derniers sont plus importants qu’on ne l’admet. Ils ne peuvent faire grève, évidemment. Si cela était possible, quelle forme prendrait cette grève ? Ils consommeraient moins, moins de loisirs par exemple ; ils refuseraient de garder leurs petits enfants ; ils renonceraient à leur implication dans le tissu associatif, lequel serait alors privé du plus grand nombre de ses bénévoles ; ils n’accompagneraient plus un parent en grande difficulté, question d’affect. Cependant ils votent et représentent, en pourcentage, le plus grand nombre d’électeurs qui s’expriment, là se trouve sans doute leur arme principale. Alors leur demander un effort pour faire diminuer le chômage pourquoi pas, mais attention ! il ne faut pas se tromper et le résultat devra être au rendez-vous… C’est là qu’il faudra assumer.

Les revendications des employés des EHPAD pour être différentes, concernent également le troisième (ou quatrième) âge. Ils considèrent ne pas être assez nombreux pour faire face au travail qu’il leur est demandé. Il disent ne pas disposer de moyens suffisants pour apporter des soins indispensables aux pensionnaires dont ils ont la charge. Il faut connaître la détresse des aidants face à des maladies dégénératives pour comprendre l’implication et la disponibilité que cela exige et ne surtout pas considérer qu’ils se plaignent sans raison. Demain peut-être, l’un ou l’autre d’entre nous finira ses jours dans un établissement de cette nature.

Alors au delà de ces mécontentements il devient nécessaire de réfléchir à la problématique du regard sur les aînés. On parle de tsunami gériatrique. Mais on a le droit de vieillir. Une société doit prendre en compte toutes les fragilités.

Pau, le 22 mars 2018

par Joël Braud

Crédit photo : Ouest-France.fr

Les policiers contestent la légitimité de leurs syndicats

imagesLe mouvement des policiers qui descendent dans la rue ne s’estompe pas malgré les promesses faites par le président de la République. Débloquer de l’argent c’est bien beau, mais ce n’est pas tout. La grogne a dans le fond une autre ampleur. De source « bien informée » voilà un aperçu des reproches formulés. C’est grave docteur ?

Les syndicats sont politisés bien qu’ils s’en défendent. Ce n’est un secret pour personne de savoir qu’Alliance est de droite, SGP-FO et UNSA Police sont de gauche, Synergie Officiers de droite et le SNOP (syndicat national des officiers) de gauche

Les délégués de ces syndicats, au niveau national, ont bénéficié soit de retraites dorées (Conseil économique social et environnemental – peu importe d’ailleurs si des poursuites sont engagées pour détournement de fonds) soit de jolis hochets de la part de Sarko (Ordre national du mérite et Légion d’honneur) soit enfin d’une nomination de sous-préfet avant d’être élu maire d’une ville du 93, toujours à la diligence du même Sarko.
Les délégués de province ne sont pas non plus oubliés. Non contents d’obtenir des détachement permanents pour « représenter » leurs collègues, ils se voient gratifiés d’avancement au grade supérieur et ce en priorité.

C’est vrai dans cette administration, les syndicats sont représentatifs car 85 % des policiers votent aux élections professionnelles tandis que le taux de syndicalisation est de 50% ; la plus forte proportion de la fonction publique. La raison en est simple : sans syndicat, inutile d’espérer figurer au tableau d’avancement, même si le mérite et l’ancienneté sont réunis. L’administration a délégué ce pouvoir aux syndicats qui sont dans le bon créneau politique du moment. Les policiers se sentent pris en otage.

Le maillage est complet, dans tous les services il y a des délégués syndicaux. Ceux-ci traitent directement avec les « patrons » (commissaires) pour savoir quelles sont les bonnes décisions à prendre. Les exemples existent d’officiers écartés de leurs fonctions par des délégués syndicaux qui sont pourtant d’un grade inférieur.

Les centrales parisiennes organisent des stages de formation pour leurs « délégués ». Ils y apprennent des éléments de langage, une dialectique spécifique, comment proposer ou accepter les réformes selon les gouvernements en place. Un syndicaliste policier parle comme un homme politique et plus comme un flic.

De leur côté, les gendarmes n’ont pas de syndicats, ils sont pourtant mieux servis que la police : prime OPJ plus élevée, à grade égal un gendarme est mieux payé. Faut-il croire que les syndicats constituent un obstacle à l’amélioration des conditions de travail ? Sans doute pour la majorité tandis que pour les délégués syndicaux…

La poussée du Sarkozisme entre 2002 et 2012 a mis en évidence la politique du chiffre !  à croire qu’avant Sarko, les policiers dormaient ! En conséquence les primes aux résultats ont été mises en place. Pour le corps des gradés et gardiens de la paix elles s’élèvent à environ 500 euros par an ; pour les officiers elles sont assez importantes, mais celles qui scandalisent les policiers du terrain, ceux qui sont à la manœuvre, ce sont les primes octroyées aux commissaires. De véritables chefs d’entreprise qui, en plus de leur traitement, se mettent dans la poche entre15 000 et 45 000 euros par an. Leur calcul se base sur les chiffres de la délinquance, les économies de papiers, de lumière etc… Ainsi sont nées des vocations pour l’écologie.

Nul doute que si ces primes étaient consacrées à l’amélioration des conditions de travail les commissariats ne seraient pas dans un tel état. On n’en finit pas à ce propos d’entendre dire que les ampoules ne sont pas remplacées, que les meubles sont cassés, que le papier toilette manque et que les travaux de peinture sont assurés par les fonctionnaires de base. Et pendant ce temps là le commissaire compte ses sous !

Il sont loin et sans doute oubliés les Broussard, Leclerc, Ottaviolli, Cancès et Chenevier pour n’en citer que quelques uns. Ils étaient sur le terrain, eux, et attentifs à leurs hommes. Aujourd’hui les fonctionnaires de police sont abandonnés par les patrons.

Un fonctionnaire de police traduit devant un tribunal pour une affaire de légitime défense n’est jamais soutenu par le commissaire, alors qu’un officier de gendarmerie, en tenue, ira soutenir « son gendarme ». C’est ainsi que l’on a vu le Directeur général de la Gendarmerie défendre un gendarme à la télé, au 20h, suite à l’affaire de Sivens !

Les Policiers qui font usage de leur arme dans le cadre de la légitime défense, sont placés en garde à vue ! Aucune hiérarchie ne les soutient et il se retrouve seul devant le juge pour s’expliquer. Les Commissaires vivent dans leur tour d’ivoire et ne veulent ni vagues ni remous pour gravir les échelons, agrémentés de quelques primes…

Conséquence : aucun policiers de terrain ne considère les Commissaires comme des collègues de travail, la méfiance est permanente ! La police et la gendarmerie sont deux mondes différents….

Les raisons de ce ras le bol généralisé sont évidentes, une hiérarchie inexistante, inhumaine qui s’engraisse sur le dos des subordonnés, des syndicats qui font la pluie et le beau temps, qui favorisent leur petits copains et des policiers de terrain abandonnés…

Les politiques peuvent, grâce à des prébendes, acheter le silence de la hiérarchie et des syndicats, ils n’obtiendront pas pour autant le silence de la base.

Pau, le 3 novembre 2016
par Robert CONTRUCCI

Crédit photo : Le Figaro

Reculades

imgresDepuis l’avènement de la 5ème République, tous les gouvernements successifs ont dû parfois reculer sous la pression populaire. Le gouvernement actuel ne déroge donc pas à cette loi. Sauf, que maintenant il le fait si facilement au moindre froncement de sourcils qu’on en arrive à se demander s’il ne s’agit pas d’une sorte de « repli tactique sur des bases préparées à l’avance ». Bases électorales cela va sans dire !
Et pourtant, reculer devant une poignée de ceux qui, incroyable dévoiement de la démocratie, s’arrogent le pouvoir de paralyser le pays. Reculer devant tous ceux et qui, comme eux, bénéficient d’un statut qui déroge à celui du plus grand nombre. Reculer devant tous ces champions des « avantages acquis ». Qu’ils entendent non seulement conserver mais augmenter quand le reste de la population s’enfonce dans la précarité. N’est-ce pas aggraver les inégalités ? Et, concernant ce gouvernement, n’est-ce pas manquer à sa parole ?
Et que dire de cette reculade supplémentaire à propos des dotations aux communes. N’est-il pas irresponsable, à seule fin électorale, de jeter ainsi au panier un élément essentiel de la réforme territoriale. Essentiel non seulement parce qu’il confirmait fortement la volonté de conduire à son terme une réforme vitale pour l’avenir du Pays. Réforme que, passant outre notre arrogante prétention à leur donner des leçons tous nos partenaires ont déjà faite depuis des décennies. Essentiel parce qu’il est malhonnête de faire croire que nous pourrons maintenir indéfiniment un modèle franco-français alors quand notre situation, si critique, en contredit à l’évidence toute possibilité. Essentiel parce que cette réforme «  pyramidale » doit évidemment commencer par sa première strate : la commune. Et, à cet égard, essentiel parce qu’il renvoyait tous les Élus locaux à une responsabilité fondamentale : gérer leurs communes, leur intercommunalités, leurs départements ou leur régions, en fonction de leurs moyens. C’est à dire, les empêcher de justifier tout et n’importe quoi par ces miraculeuses subventions d’État. Car non ! Elles ne tombent pas du ciel mais des impôts (notre taux national de prélèvement dépasse les 50%) ou d’emprunts (3 000 milliards). C’est à dire, en amont, les empêcher de se livrer à ces surenchères électorales riches de promesses qu’on s’efforcera, coûte que coûte, de réaliser pour être…réélu !
Par ailleurs, a priori, sans exclure une équitable péréquation de solidarité entre les plus riches et les plus pauvres, n’est-il pas, d’abord, normal que les bénéficiaires d’un service, quel qu’il soit, en assume le coût ?
Aujourd’hui, confusément encore, monte dans notre société un sentiment de malaise des jeunes affrontés à la précarité, au chômage, au constat de la différence croissante entre leurs ressources et celles des « vieux » ; sourd une fracture, presque une révolte…Alors que les Élus prennent garde de ne pas trop rappeler dans leurs discours ou leurs propos qu’ils font tout pour la jeunesse qui comme chacun sait est l’avenir… Parce qu’alors, peut-être, ces jeunes pourront-ils leur rétorquer qu’ils sont désormais assez grands pour prendre eux-mêmes leurs décisions et eux-mêmes arrêter les choix qui les concernent directement – surtout leur dire que le plus grand service qu’ils peuvent maintenant leur rendre c’est d’arrêter d’augmenter la dette, qu’eux, seuls, devront rembourser.
Parce qu’à défaut d’être entendus, ils pourraient, peut-être, l’imposer !

Maurice Meireles – Ancien Maire de Pontacq

Image : dominique gambin.fr