Valls et la Catalogne

On n’en parle plus sur les écrans ni dans les colonnes de la presse « autorisée » celle qui guide les consciences politiquement correctes, Le Monde par exemple –au hasard ! – C’est donc qu’il n’y a pas plus de problème… La Catalogne serait donc sur la voie de la réconciliation et la situation actuelle pérenne ? Le seul fait nouveau serait donc cette candidature « baroque » de Manuel Valls à la mairie de Barcelone, prétexte à moqueries ? L’ancien premier ministre comme Emmanuel Macron n’a jamais eu la cote avec les bien-pensants et les médias « officiels » choyés lors de la précédente mandature présidentielle : confidences, voyages de presse, etc., etc., Hollande savait faire. Toutes ces cajoleries envolées, on se venge comme on peut car un journaliste tient toujours son monde au bout du fusil.

Rugueux, peu amène avec ses contradicteurs, ambitieux et à principe –c’est désormais un défaut- et surtout jeune –si on le compare avec la majorité de la classe politique française- Valls n’a jamais eu la côte avec les médias. On lui reprocha sa position sur la laïcité qualifiée de rigide et d’archaïque par les mêmes qui défendent bec et ongle le communautarisme. Pas étonnant que ceux-là se moquent de Valls se lançant à la conquête de la mairie de la « capitale » de la Catalogne. Valls, né à Barcelone, au patronyme qui s’apparente aux grandes familles séfarades de Majorque « revient chez lui » comme il dit.

Le combat de l’ex-premier ministre est-il insensé et perdu d’avance ? Est-ce le chant du cygne d’un homme politique dépité ? Une ultime rodomontade ? Ça n’est pas sûr, car la situation catalane continue à se dégrader même si les divisions internes au camp indépendantiste limitent ponctuellement ses forces. Sur le fond, c’est-à-dire sur l’indépendance, ils n’ont renoncé à rien. Quim Torra, le dernier président du  « Govern », vient d’envoyer un texto au premier ministre espagnol Pedro Rivera : il a un mois pas plus pour négocier le processus d’indépendance sinon il perdra l’appui des forces indépendantistes dont il a besoin pour gouverner à Madrid. Nouvelles menaces donc.

Alors que les politiciens catalans s’abandonnent aux charmes des petites phrases, des provocations gratuites, des alliances rompues puis renouées, la rue s’exprime désormais avec le risque, récurrent dans cette affaire, d’un affrontement violent entre Catalans catalanistes et Catalans légitimistes c’est-à-dire la majorité de ceux qui vivent dans cette région d’Espagne. Ces derniers, souvent des immigrés de l’intérieur, Andalous notamment, sont venus y chercher un sort meilleur et sont installés là depuis plusieurs générations. On leur impose de nombreuses contraintes dès leur enfance comme l’apprentissage obligatoire de la langue catalane au détriment de l’espagnole qu’ils ont toujours parlée. La fonction publique est soigneusement filtrée sur des critères d’origine géographique –faut-il dire raciste ? Et les vexations sont quotidiennes de la part des autorités et désormais de la population locale. Au fond, le droit du sang s’impose au droit du sol et, comme on le sait, on ne rigole pas avec ces choses-là…

Le projet d’indépendance de la Catalogne est une utopie dangereuse et réactionnaire. Elle s’apparente à une sorte de «supremacisme » fondée sur une base pseudo historique semblable à ces mouvements qui hantent nos pays voisins la Belgique avec la revendication flamande –rappelons-nous des Fourons-, l’Italie du nord ou encore les mouvements corses les plus radicaux. On connaît la théorie des dominos : en cas de réussite catalane c’est une sorte de détricotage interne de l’Europe qui se produirait. Danger majeur pour un ensemble déjà bien menacé.

La cause de Manuel Valls semble donc, au regard de cette situation, légitime : fédérer et animer le camp « loyaliste » ; réunir dans la clarté tous ceux qui sont attachés à l’unité d’un pays qui a déjà suffisamment souffert. Jusque-là les « loyalistes » se sont montrés plus passifs que divisés, à l’évidence, il leur manque un leader capable de les réunir dans leur diversité qui va du centre –en pointe désormais- à la gauche réformiste, le Parti Socialiste Catalan. Y-a-t-il quelque chose de scandaleux à ce qu’un homme politique français brigue un poste électif dans une autre nation ? Ne sommes-nous pas à l’heure européenne ? Valls sera-t-il l’homme de la situation ? Les premiers sondages sont encourageants mais il lui faudra vaincre les vieilles préventions espagnoles à l’égard du grand voisin, la conquête Napoléonienne du 19ème et au 20ème l’abandon cruel de la jeune république confronté au soulèvement franquiste. Valls –contrairement aux pronostics de la presse française- peut aussi susciter un sursaut, un élan enthousiaste dont ce peuple, si différent de nous, est capable.

Pierre Vidal

Crédit photo : média image.

Frédérique Espagnac et les caméléons roses

MINOLTA DIGITAL CAMERA   La primaire de la gauche a donné lieu à un petit séisme : les frondeurs ont gagné. Cette victoire étale au grand jour l’abîme qui coupe en deux le PS.

La fracture du Parti Socialiste est définitivement confirmée quand on a pu entendre la vision de Benoît Hamon sur le futur de la France. Rasage gratis à tous les étages et en prime, même pas peur. A la question pourtant basique de savoir d’où viendrait le financement de ses projets fantasques, il répondait que la dette n’est pas un problème et qu’il y avait des choses plus importantes que les déficits ! Vous me direz que c’est ce qui se passe en France depuis plus de trente ans, mais ses propositions vont beaucoup plus loin, bien au delà de la démagogie, bien au delà des rêves. Ben voyons, comment se fait-il que personne n’ait pensé qu’on pouvait diriger un pays sans se préoccuper des finances de l’Etat ? Cela serait tellement plus simple …

Il va même plus loin en décrétant qu’il entraînerait (on ne sait comment) l’Europe dans de folles relances budgétaires, oubliant au passage une réalité : ce sont les fourmis qui dirigent l’Europe et ce sont elles qui ont raison, pas les cigales. Il a la mémoire courte et aurait dû mieux regarder ce qui s’est passé en Grèce. Entre les fanfaronnades de Tsipras durant sa campagne et sa confrontation à la réalité du pouvoir : il y a eu un abîme. Il a été élu avec le programme de Mélenchon et gouverne avec celui de Fillon, principe de réalité oblige.

Dans le zoo de nos « professionnels » de la politique, il va être amusant de voir les éléphants se transformer en caméléons. Et C’est Frédérique Espagnac qui ouvre le bal dans une petite vidéo mise en ligne par La République :

http://video.larepubliquedespyrenees.fr/victoire-de-benoit-hamon-la-reaction-de-la-senatrice-frederique-espagnac_x5a07ut.php

Elle si proche de Hollande, faite de toute pièce par lui, la voilà rangée derrière « Benoît ». La voilà prête a s’unir à Mélenchon que tout oppose. Que ne ferait-on pas pour tenter de conserver cette rente de sénatrice, si douillette et si bien rémunérée… Un caméléon rose qui rougit.

Nathalie Chabanne, frondeuse et soutient de Benoît Hamon est bien sûr satisfaite, mais son commentaire n’est qu’une langue de bois basique sans saveur. Elle avait déjà changé de couleur bien avant, rose pour sa campagne, rouge pour son mandat qui restera unique.

http://video.larepubliquedespyrenees.fr/victoire-de-benoit-hamon-la-reaction-de-la-deputee-nathalie-chabanne_x5a07i0.php

Martine Lignières Cassou doit penser qu’il est temps de quitter ce navire qui coule…Vivement la retraite, enfin une vie en rose !

David Habib garde le silence. Il doit pourtant être rouge… de colère. Aura-t-il le courage de dire que les visions de ces deux moitiés du PS sont totalement incompatibles ?

Lui, le porte parole de Manuel Valls, ira-t-il rejoindre Macron ? Il écrit à son sujet sur son site : « Je retiens toutefois qu’il a compris que le prochain Président devra incarner le progrès, la quête de croissance, l’espoir d’une France optimiste et unie. C’est mon crédo depuis toujours. »

Pourtant, c’est vers le rouge qu’il fera semblant d’aller en suivant son leader, pour faire le dos rond jusqu’à la défaite de Benoît Hamon et une hypothétique reconquête ou division du Parti Socialiste. Son futur politique est loin d’être un long fleuve tranquille, une excellente occasion pour aller enfin se confronter avec le monde du travail.

Cette présidentielle a au moins l’avantage de faire tomber les masques, un progrès pour la démocratie.

Daniel Sango

Réforme institutionnelle : Laquelle voulez-vous ?

hotte-du-pere-noel« Avant chaque élection présidentielle, elles réapparaissent. Les propositions de modification des institutions de la Ve République fleurissent chez les politiques. Le phénomène n’est pas nouveau : le système français, marqué par un fort présidentialisme, a toujours été critiqué, notamment depuis la mise en place de l’élection du chef de l’État au suffrage universel, en 1962. Mais à l’heure où la politique suscite la défiance, candidats –déclarés ou présumés– à la présidentielle et partis politiques redoublent d’idées, estimant qu’évolution rime avec modernisation. »
(source : Europe 1)

Les propositions ci-dessous sont données par ordre alphabétique des personnalités.

Claude Bartolone & Michel Winock – 17 propositions sur l’avenir des institutions dont :
– Moins de parlementaires, avec au maximum trois mandats successifs, – au moins la moitié des députés élus à la proportionnelle
– un « véritable » référendum d’initiative populaire
– la fusion du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental
source : vie-publique.fr

Benoit Hamon
– souhaite une VIè république. Le candidat dénonce une « monarchie républicaine » et propose de « développer le contrôle parlementaire ».
– le président de la République serait élu pour un mandat unique de sept ans, et serait responsable devant le Parlement.
– prône également une dose de proportionnelle aux élections législatives, et la prise en compte du vote blanc.
– réformer le Sénat
– mettre en place un « 49.3 citoyen » : dès 2017, 1% des électeurs – 450 000 personnes – pourraient, ensemble, demander l’examen ou la suspension de l’application d’une loi
source : francetvinfo.fr

Anne Hidalgo
plaidera aussi pour une réforme des institutions « très décentralisatrice », pour le renforcement du rôle du Parlement, le non-cumul des mandats dans le temps…
source : lemonde.fr

Hollande (avant qu’il ne se retire de la « course » à la présidentielle)
– réfléchirait à proposer de limiter la possibilité de vote de la loi à une seule chambre parlementaire, l’Assemblée nationale.
– le Sénat serait transformé en assemblée des collectivités locale.
– songe à supprimer la fonction de Premier ministre. De toute façon, « tout remonte au président », justifie-t-il en privé. Sans chef du gouvernement, le chef de l’État limiterait les allers-retours entre l’Élysée et Matignon, mais aussi les risques de cafouillage.
source : europe1.fr

Alain Juppé
– réduire par deux le nombre de parlementaires
– indécis sur l’interdiction ou non du cumul des mandats
Deux sujets sur lesquels Alain Juppé souhaitait consulter les Français avec un referendum le jour du second tour des élections législatives de juin 2017.
source : Le Figaro

Macron
La démocratie est « rejetée » car elle manque de « représentativité »
– introduire de la proportionnelle à l’Assemblée nationale
– l’élargir massivement au Sénat
– limiter dans le temps les mandats
– former les gens à la fonction d’élu. Les partis ont aussi leur rôle à jouer comme proposer des formations
– accompagner les anciens élus au retour à la vie normale
source : publicsenat.fr

Jean-Luc Mélanchon
– envisageait la mise sur pied d’une assemblée constituante chargée de trouver un nouveau régime.
– concentrer « tout le pouvoir dans les Assemblées » pour ne laisser au président que « des fonctions de représentation et d’incarnation de la patrie ».
– « référendum révocatoire », qui permettrait, si un nombre défini de citoyens le réclame, d’organiser un référendum pour démettre un élu de ses fonctions.
source Europe 1 )

Arnaud Montebourg
– réduction de moitié du nombre de parlementaires
– l’instauration de l’élection d’une « fraction de l’Assemblée nationale à la proportionnelle »
– l’entrée au Sénat de citoyens tirés au sort sur les listes électorales, un par département ».
– « reprendre le contrôle de l’administration », en demandant la démission des directeurs d’administrations centrales « à l’arrivée du nouveau ministre ».
(source 20 minutes du 18 décembre 2017)

Vincent Peillon
Présentation avant le 6 janvier d’un projet de réforme constitutionnelle,
(source Europe 1)

Manuel Valls
– suppression du 49.3 hors texte budgétaire
– préciser le rôle du président de la République, le rôle du Parlement. Il faudra plus décentraliser ».
source : la-croix.com

Nathalie Kosciusko-Morizet
– « Avec le temps, notre régime s’est présidentialisé. Autant en prendre acte en supprimant la fonction de Premier ministre ». « Le président de la République deviendrait ainsi le chef du gouvernement, avec une équipe resserrée de dix grands ministres. »
– souhaite la création d’une assemblée constituante qui réfléchirait à la modernisation de nos institutions, comme en 1789 ou en 1945.
– le Conseil économique, social et environnemental ne marche pas. Il faudrait le remplacer par une chambre des Citoyens. Elle fonctionnerait comme une plate-forme en ligne et permettrait à chacun de soumettre une proposition de loi qui, dès lors qu’elle recueillerait au moins 500 000 signatures d’électeurs inscrits, serait obligatoirement débattue devant le Parlement.
– On irait vers 200 sénateurs et 400 députés (NDLR : contre 348 et 577).
– Les députés seraient élus avec une part de proportionnelle permettant la représentation de tous les courants politiques dans l’hémicycle.
source : leparisien.fr

A Droite
Globalement « pas de grande réforme institutionnelle ». Seules des réductions de parlementaires sont proposées et sans précisions pour ce qui est de François Fillon.
source : la Croix

« Des promesses pour rien ? Jusqu’ici, cependant, toutes les grandes propositions de bouleversements institutionnels sont restées lettre morte, à l’exception du passage du septennat au quinquennat sous Jacques Chirac. Les plus ardents pourfendeurs de la Ve République ne sont pas arrivés au pouvoir ou, lorsqu’ils y sont parvenus, ont renoncé à changer durablement le système. Le meilleur exemple étant celui de François Mitterrand. Dans l’opposition, il avait frappé fort sur le présidentialisme du régime, dénonçant un « coup d’État permanent ». Certes, il avait instauré la proportionnelle intégrale aux législatives de 1986 (le scrutin majoritaire avait fini par être rétabli par Jacques Chirac). Mais le socialiste avait tout de même épousé le reste des institutions à son arrivée à l’Élysée, en 1981. Reste que le débat sur l’évolution des institutions est un incontournable d’une campagne présidentielle. »
source : europe1.fr

– une compilation réalisée par Bernard Boutin

PS : Pour ma part, plutôt que de faire des propositions concrètes – qui n’intéressent que moi. Pas d’illusion ! – j’en appelle à une assemblée constituante qui décide en son « âme et conscience » et demande aux Français de valider son choix par voie de référendum.

Ils ne réfléchissent pas combien c’est dur pour nous

imgresPar cette phrase prononcée le 8 juin 2015 dans les studios de BFMTV –RMC devant Jean-Jacques Bourdin, François Bayrou a donné son avis sur le déplacement de Manuel Valls. Cet épisode en effet occupe les esprits au point de faire oublier d’autres événements qui sont peut-être plus importants.

 Tout le monde s’accorde à reconnaître que Manuel Valls, sur le plan politique, a commis une erreur en se rendant du congrès du parti socialiste à Poitiers à un match de football à Berlin en Falcon 2000. Sauf Manuel Valls, bien sûr, qui argue du fait qu’un premier ministre doit s’intéresser au sport ; qu’il devait rencontrer Michel Platini et qu’il ne s’agit là que d’un faux débat. Dans les hautes instances il est même affirmé que ce voyage revêtait un caractère institutionnel et officiel. Certains aussi mal intentionnés que bien renseignés vont jusqu’à dire que ce voyage, aller et retour, a coûté au contribuable la somme de 14.226 €. Quelle maladresse !

François Bayrou de son côté, ne s’est pas privé d’apprécier en soulignant que les politiques « perdent le sens des réalités » et que les citoyens  considèrent « qu’ils(les politiques) ne réfléchissent pas combien c’est dur pour nous ».  Il ajoute qu’un homme politique doit savoir « y résister avec force de caractère ».  La critique est de bonne guerre. Sauf que certains voyages en Chine au prétexte d’un jumelage ou en Amérique latine pour une étude on ne peut plus utile, devraient conduire nos élus locaux du niveau municipal ou départemental, à faire preuve d’un peu de modération.  Quelles  seront les retombées pour l’économie locale de ces lointains déplacements ?  Combien ont coûté au contribuable ces  envolées aussi culturelles qu’économiques ?  On ne le saura sans doute jamais.

Dans le même temps, l’abondance des informations qui nous sont délivrées quotidiennement, nous apprend que l’UNICEF lance un cri d’alarme sur les droits de l’enfant en France. Trois millions d’enfants, soit un sur cinq, vivent en dessous du seuil de pauvreté dans notre pays. 30.000 sont sans domicile, 9.000 habitent dans des bidonvilles et 140.000 décrochent de l’école chaque année.

Il n’y a bien évidemment aucun rapport entre ce cri d’alarme de l’UNICEF et les dépenses des politiques. Mais de temps à autre donner dans le mélodrame n’est pas forcément inutile parce que cela oblige à regarder ce que l’on s’applique si bien à ignorer.  Car après tout, il a raison François Bayrou quand il dit : « Ils ne réfléchissent pas combien c’est dur pour nous ».

 

Pau, le 10 juin 2015

Par Joël Braud

Lettre ouverte à Manuel Valls. L’ours dans les Pyrénées en danger d’extinction.

Logo+nomlogo-ferus-272x300Communiqué
Arbas, le 7 octobre 2014

Lettre ouverte à Manuel Valls

L’ours dans les Pyrénées, espèce en danger critique d’extinction en France :
votre gouvernement va t-il enfin écouter les Français et les Pyrénéens ?
Les difficultés actuelles ne nous exonèrent pas de restaurer la population d’ours dans les Pyrénées, comme le rappelle la mise en demeure de la France par la Commission Européenne. La restauration de la population d’ours dans les Pyrénées est même largement plébiscitée par les Français, et notamment les Pyrénéens, depuis plus de 20 ans.
Des actions concrètes en faveur de l’ours dans les Pyrénées ont eu lieu notamment en 1996 et 2006, mais l’effort doit être poursuivi.
Monsieur Valls, votre gouvernement peut-il ignorer le souhait de la majorité des Français ?

A l’occasion de la diffusion du bilan de 7 éditions du programme Parole d’ours, nous vous rappelons, Monsieur le Premier Ministre, que :

  • 71 % des Français sont favorables à la réintroduction de nouveaux ours dans les Pyrénées pour assurer la présence de cette espèce protégée et menacée en France. (IFOP, 2012)
  • Plus de 80 % des personnes interrogées dans les Pyrénées pensent que l’ours a une place dans ce massif. (Parole d’ours, 2013)
  • Près de 60% des professionnels locaux pensent que l’image de l’ours devrait être utilisée pour le développement touristique des Pyrénées. (Parole d’ours, 2012)

Depuis plus de 20 ans, les Français sont constants dans leur attachement à l’ours et une dynamique locale se crée pour valoriser économiquement son retour.

La Ministre de l’Écologie a déclaré en juillet dernier qu’il n’y aura pas de nouveaux lâchers d’ours et que sa priorité va au pastoralisme. Outre qu’opposer ainsi la Nature et les activités humaines est d’un autre temps, ces propos sont d’autant plus choquants venant de la Ministre garante de la conservation des espèces menacées !

L’ours est une espèce protégée, malheureusement en danger critique d’extinction en France (UICN).

Que des voix s’élèvent dans le monde contre le braconnage et pour la sauvegarde de l’éléphant d’Afrique, bravo ! Mais les Français n’oublient pas que l’ours est aussi en danger chez nous, sur le territoire national.

La restauration de la population d’ours n’a certes pas pour vocation de résoudre la crise économique mais elle peut facilement participer à une dynamique de développement économique autour de la biodiversité, avec création d’emplois.
Le retour de l’ours dans les Pyrénées Centrales a déjà créé plus d’une centaine d’emplois, notamment de bergers, et le vaste champ de la valorisation touristique reste très largement à développer.

Monsieur le Premier Ministre, sommes-nous en situation de délaisser un tel potentiel de développement largement plébiscité par les Français ?

Pour en savoir plus : Télécharger le bilan de 7 années de Parole d’ours dans les Pyrénées

Contact presse :  Alain Reynes, Directeur de Pays de l’Ours – Adet : 05 61 97 48 44 / 06 13 59 29 76

Plaidoyer pour des régions françaises historiques et culturelles

L’arrivée de Manuel Valls à Matignon a ouvert la perspective d’une réorganisation des régions française, avec un objectif d’en diminuer le nombre d’ici 2017. Depuis, nombre de propositions ont été faites sur des principes géographiques ou démographiques : superficie, population, poids économique, etc.. C’est oublier que les entités administratives tirent leur légitimité d’autres critères qui sont essentiellement l’histoire et la culture, des sujets tabous depuis le découpage des départements de la révolution dont l’objectif était de détruire les anciennes régions historiques, et par là même toute forme de particularisme néfaste à la nouvelle république « une et indivisible ».

Regions francaises  criteres culturels et historiques
Carte de l’auteur

La conséquence est aujourd’hui évidente : si certains départements ont une identité car recoupant des régions culturelles ou historiques – c’est le cas du 64 avec le Béarn et le Pays Basque – d’autres en revanche n’existent que parce qu’ils ont des limites administratives (le « Tarn et Garonne » par exemple), et ceci est encore plus évident pour les régions, qui, en dehors de la Bretagne, de la Corse et de l’Alsace, ne forment que des agrégats improbables de territoires aux histoires et cultures différentes. Le cas de l’Aquitaine, que j’ai développé dans l’article « L’Aquitaine existe-t-elle ?» en est l’exemple par excellence, regroupant des parties incomplètes des anciennes Guyenne, Gascogne, Navarre et Béarn, et pas moins de 5 langues régionales : basque, gascon, languedocien, saintongeais, limousin. Il en découle au mieux un désamour des régions, au pire un désintérêt total, que les conseils régionaux s’efforcent de combler par des publicités commerciales tape-à-l’œil. Ces régions n’ont pas d’identité. Qui en effet se dit « Aquitain », ou « Midi-Pyrénéen » ou « Pacaïen » ?
Afin de résoudre ce problème, il faut donc donner une légitimité historico-culturelle à nos régions, et c’est dans cet esprit que je propose deux cartes, l’une sur une base uniquement historique, et l’autre sur une base historico-linguistique, mais tout en respectant, pour plus de réalisme, deux contraintes : celle de ne pas redécouper les départements, certes imparfaits, mais auxquels peu de monde veut toucher, et celle de réduire de moitié ou quasiment le nombre de régions françaises.

La première carte propose une version « historique », et 13 régions métropolitaines. Quelles en sont les principales caractéristiques ? Au sud, quatre régions en plus de la Corse (qu’il est impossible, tout le monde en conviendra de regrouper au continent). C’est d’abord une région « Gascogne – Guyenne – Euskadi », qui regroupe l’essentiel de ces anciennes provinces (à l’exception de l’Aveyron, autrefois en Guyenne, et qui serait trop excentrée), mais qui a surtout le mérite de regrouper dans la même entité le Béarn, les Landes, le Gers et la Bigorre, et ainsi de reconstituer l’ancienne Novempopulanie des romains. La région « Languedoc – Roussillon », bien plus large qu’aujourd’hui, incorporerait l’ancien Languedoc et une partie de la Guyenne ainsi que le Roussillon. La région Provence – Dauphiné comprendrait l’essentiel de ces deux pays, et enfin « Auvergne – Limousin » reprendrait les deux régions éponymes actuelles. Ailleurs, les faits notables sont une régions Bretagne historique, une grande Normandie, une grande Bourgogne comprenant la Savoie, l’alliance de la Champagne à l’Alsace en passant par la Lorraine, une grande région Anjou-Maine-Poitou qui inclurait aussi la Saintonge et l’Angoumois, ou encore une région « Orléanais-Berry » au centre. Pour finir, l’Ile de France, entité se suffisant à elle-même, resterait telle qu’elle est aujourd’hui.

Régions base historico-culturelle

La deuxième carte essaie d’allier les principes historiques et culturels, ou plus précisément historiques et linguistiques. Si les langues régionales ne sont plus beaucoup parlées, elles n’en constituent pas moins un élément identitaire important (François Bayrou ne chantait-il pas beth ceu de Pau le soir de sa victoire aux dernières élections municipales de Pau ?). Quelles sont les différences par rapport à la précédente carte historique ? D’abord il y aurait 14 régions au lieu de 13, mais on n’est pas à une région près. Au sud : une « Gascogne – Euskadi » plus petite que la version historique, car centrée sur l’aire des langues gasconne et basque. Il aurait été préférable d’y incorporer les régions gasconnes des Comminges et du Couserans, mais cela aurait impliqué d’y rattacher la Haute-Garonne et l’Ariège en entier, alors que ces deux départements sont principalement de culture languedocienne ; une région Languedoc regroupant parlers languedociens et catalans, comprenant le Lot, mais pas le Gard ; une région Provence qui perdrait l’Isère mais qui gagnerait le Gard, et une grande région Auvergne – limousin, qui s’étendrait de la Dordogne à l’ouest, jusqu’à l’Ardèche à l’Est. Pour les autres régions françaises, la principale différence avec la carte historique serait dans le maintien d’une entité « Rhône-Alpes » correspondant aux parlers arpitans équivalents à ceux de Suisse romande, la Bourgogne ne regroupant plus que l’ancien duché et l’ancien comté de Bourgogne.

Régions base historico-linguistique

Cet exercice, tout théorique qu’il a l’air, n’est pas dénué de fondement. En effet, comment ne pas voir que les critères historiques et culturels sont ceux qui ont été retenus depuis longtemps par tous nos voisins : Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne et Italie pour ne citer qu’eux. Mais en France, tout ceci n’est-il qu’utopie naïve ? Oui sans doute, car la mentalité actuelle de nos élites issues d’un système bicentenaire républicain centralisateur et jacobin aurait du mal à accepter d’intégrer des critères autres que ceux, insipides et froids, des chiffres démographiques et économiques et des données géographiques brutes et linéaires. Il ne faudra pas s’étonner, dès lors, que les citoyens se désintéressent du destin de leur région, ne vibrent pas à l’évocation de son nom, ne la défendent pas lors de leurs voyages à l’étranger, ou enfin n’aillent pas voter pour des représentants d’une entité virtuelle qui ne leur dit rien. Les budgets indécents engagés par les élus de ces collectivités au frais des contribuables pour faire croire qu’il existerait une région « Midi-Aquitaine » (regroupement possible des actuelles Aquitaine et Midi Pyrénées) n’auront au final pas plus d’efficacité qu’une publicité pour ultra brite : une marque sera créée, mais il n’y aura personne pour crier le nom de sa région, tel l’illustre feu 5ème régiment d’infanterie « En avant, Navarre sans peur !», sur les terrains des batailles de Valmy, de Wagram ou de la Marne…

 

– Par Emmanuel Pène – le 23 avril 2014

Twitter @epene64

Valse avec Hollande

hollande-valls

 Toutes les déclarations faites par les hommes politiques français de tous bords montrent avec insistance que leur cerveau s’est modifié suite à son utilisation, toujours de la même manière, au cours de leurs trop longues carrières de boni menteurs.

Plus de la moitié de celui-ci est maintenant fait d’un matériaux nouveau, dans lequel les neurones ont fait des nœuds et que l’on appelle le bois. Cette partie très volumineuse sert uniquement à la commande du langage. Vous avez pu remarquer à quel point leur volubilité ne souffre ni de temps de réflexion suite à une question, ni de bafouillage. Quand une question est posée, c’est un long fleuve tranquille de banalités lénifiantes qui s’écoule et dont on sent bien qu’il pourrait durer des heures si une nouvelle question ne venait pas l’interrompre.

Ce cerveau de bois à neurones noués a une autre caractéristique, c’est qu’il peut se transmettre par simple proximité, moyennant l’activation du domaine cérébral de la récompense.

C’est ainsi que hier soir, au vingt heures de TF1, Manuel Vals nous a débité de la sauce hollandaise.

Ce n’était ni le Valls candidat aux primaires socialistes qui voulait revenir sur les 35 heures, ni le Ministre de l’Intérieur réaliste sur le comportement des Roms en France, et encore moins le social libéral conscient de la nécessité absolue de diminuer le poids de la gigantesque dépense publique française. Langue de bois hollandaise.

Pendant ce temps les mois passent, le déficit est toujours aussi abyssal.

On aurait aimé que le journaliste, en fin d’interview, demande enfin à M. Valls où serait donc implantée l’usine à imprimer la fausse monnaie, source de nouveaux emplois.

Mais dans les autres camps politiques le cerveau de bois est aussi de mise.

Pas une voix pour encourager une réduction de 50 milliards d’euro des dépenses publiques. L’UMP qui, avec Sarkozy, a refusé de réformer la France, préférant laisser filer les déficits pour tenter une hypothétique réélection, est tout aussi coupable.

Reste François, le notre, dont le programme présidentiel n’était pas si éloigné que cela du programme hollandais de l’an II. Qu’attend-il pour soutenir cette orientation? Et non, lui le rassembleur, tout au bonheur de sa récente victoire, il valse avec Josy.

Heureusement, il reste l’Europe. Les salades hollandaise ne seront plus de mise. Les comptes seront là. Dans quelques jours il faudra, après toutes ces reculades, ces demandes de délai, s’engager sur une gestion chiffrée claire.

Mais faites confiance au cerveau de bois de nos politiciens pour tenter, une fois encore, de refuser l’obstacle. Ce matin sur France Info, c’est M. Sapin qui s’y colle : « on va renégocier avec Bruxelles »!

La France va donc demander à l’Europe, de créer des emplois en France, de lui faire toujours plus de crédit. La France n’a donc plus de parole, sa signature c’est donc du vent.

Quel courage politique!

-par Daniel Sango