« Du vivre ensemble … au faire ensemble ».

raimbow_flagLa politique et les municipales, élections pour lesquelles nous sommes toutes et tous des citoyens concernés, aussi parmi les personnes LGBT, donne matière à réfléchir. Une recrudescence en 2012-2013 (voir rapports transmis par SOS Homophobie) des injures et violences commises contre les personnes lesbiennes, gays, bis et trans surtout depuis l’ouverture du mariage pour tous, de l’ABCD de l’égalité, de la PMA. Et parce qu’il fallait en parler ouvertement, l’Association Les Bascos de Biarritz n’a pas hésité à contacter les différents candidats de la Ville de Pau afin de les rassembler autour d’une table ronde pour débattre ensemble ce Samedi 1er mars dans une salle du Complexe de la République de Pau.

Il y avait là, en plus des LGBT de Pau et région, des sympathisants, quelques uns de l’entourage des candidats aux élections, les candidats eux-mêmes dont Madame Eurydice Bled d’Europe Ecologie les Verts, Monsieur Olivier Dartigolles, Monsieur Urieta, Monsieur David Habib et Monsieur Laurand, Monsieur Bayrou s’étant fait représenté mais aussi des responsables d’Associations.

Des questions importantes concernant la cohésion sociale et des valeurs auxquelles se réfère le Maire afin de garantir cette dernière furent soumises à tous les cinq. Questions auxquelles les candidats ont répondu de bonne grâce. Il y eut celle de l’homophobie en hausse (+27%) sur des victimes d’injures comme d’agressions, celles des mouvements extrémistes qui préoccupent les citoyens que nous sommes toutes et tous. Des questions concernant l’ABCD de l’égalité, des tracts contre ce projet ayant été diffusés devant des écoles primaires de notre région. L’accueil par les personnels de mairie (et comment les préparer) et du CCAS de personnes LGBT ? Evidemment, des questions essentielles soumises aux candidats par les LGBT souhaitant s’assurer que l’élu-e s’engagera clairement afin de défendre des valeurs républicaines et leurs lois, l’accès aux droits, l’hébergement (dont celui d’urgence), la culture ? Que fera un élu si son adjoint refuse d’unir un couple de même sexe ? Des discutions autour du suicide, ce dernier étant plus élevé parmi les jeunes homos, stigmatisés, rejetés du fait de leur orientation sexuelle (conseil de la Jeunesse)… l’autodestruction ont été soulevées également.

La vieillesse a été évoquée aussi et les maisons de retraite qui accueillent les différences, le mal-être des personnes vieillissantes se confinant dans le silence … le VIH/sida et les difficultés des personnes atteintes et/ou âgées face aux discriminations. L’accès au logement et tant d’autres sujets dont les projets associatifs avec la création d’un centre gay et lesbien où les associations pourraient tenir des réunions favorisant accueil et écoute. Des associations existantes déjà sur Pau mais occupant des locaux si vétustes qu’elles doivent trouver refuge ailleurs pour recevoir les personnes en difficulté !

A ce jeu des questions-réponses, chaque représentant de sa liste a répondu favorablement …

Un horizon arc-en-ciel s’ouvre sur nous dans cette ville de Pau qui, nous l’espérons, son élu-e en place, saura se montrer attentif aux engagements pris hier 1er Mars face à un public respectueux des lois de la République.

– par Samie Louve

Laïcité ou cathophobie ?

Les débats parlementaires sur « le mariage pour tous » démontrent le sectarisme du législateur actuel contre le religieux et plus spécialement, il faut le dire clairement, contre la religion catholique pour laquelle le mariage est un sacrement sans autre effet que celui de vivre selon sa foi. 

La preuve, la voici : L’article 433-21 du code pénal punit le ministre du culte qui célèbrerait le mariage religieux sans que les époux ait contracté préalablement un mariage civil. Cette disposition qui remonte à 1792 trouve son origine dans la haine qui animait les révolutionnaires contre l’Eglise catholique qui avait le monopole de l’état-civil. La raison du texte ayant disparu, on peut légitimement penser qu’il n’a plus lieu d’exister. Des parlementaires de l’opposition ont donc déposé un amendement soutenant son abolition. Il reçut un avis contraire et de la commission des lois de l’Assemblée Nationale et du Gouvernement, sans que personne se soit posé la question de savoir si le texte n’était pas contraire à des dispositions constitutionnelles ou des conventions internationales.

Ayant appris qu’un député de la majorité , au demeurant avocat, avait combattu l’amendement, j’ai cru bon de lui dire mon point de vue dans les termes suivants : « Je vous écris  pour m’étonner du rejet de l’amendement relatif à l’abrogation de l’article 433-21 du code pénal. Pour ce qui vous concerne, vous avez déclaré « le mariage n’est pas sacré à moins de considérer que le principe de laïcité est caduc »  Et vous avez parfaitement raison. La religion relève de la sphère privée et ne peut s’imposer à personne. Dans le même registre vous avez écrit à l’évêque de Bayonne «  sachez que je me soucie de la liberté de culte et de pratique de chacun dans sa propre foi ». 

Je rends hommage à votre indépendance d’esprit, mais à partir de là nos points de vue divergent. J’ai suivi un peu la discussion qui s’est instaurée sur l’amendement  et vous avoue être sidéré par l’absence d’une réflexion  juridique sérieuse. En effet, ce texte est contraire à toutes les déclarations ou conventions que notre pays a adoptées à savoir : l’art.10 de la déclaration des droits de l’homme :  « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public » ; l’art.9 de la convention européenne :  «  tout individu a droit à la  liberté de religion ; ce droit implique la liberté de manifester sa religion par le culte, les pratiques et l’accomplissement des rites » ; l’art. 18 de la déclaration universelle «  tout individu a droit à la liberté de religion ; ce qui implique la liberté de manifester sa religion par le culte et l’accomplissement de rites ».

A ces arguments, j’aurais pu ajouter, l’article 1er de la Constitution qui fait de la France une république laïque qui respecte toutes les croyances, une décision du Conseil Constitutionnel pour qui la laïcité « implique la neutralté de l’Etat, le respect de toutes les croyances et la garantie du libre exercice du culte ».

Je poursuivis s’agissant du texte pénal  « Il est donc inconstitutionnel et c’est cela qui méritait débat ». Or, pour les catholiques, le mariage est un sacrement. Autrement dit, pour accéder au sacrement de communion, ils doivent être mariés religieusement. Ce texte les en empêche et il est en plus mal ficelé. En effet, le prêtre ne célèbre rien ; il enregistre simplement l’accord des époux qui, eux, se donnent le sacrement du mariage. Il est comme l’officier d’état-civil.

L’argument qui consiste à dire que ceux qui se marieraient religieusement pourraient croire à un mariage produisant des effets civils est stupide.

Je crois bon de vous dire que ce texte contraint par exemple un veuf – plus généralement une veuve – de vivre en dehors de sa religion pour ne pas perdre ses droits à une pension de réversion. Il en va de même des pacsés qui ne désirent pas aller jusqu’au mariage.

Enfin, deux personnes ayant chacune des enfants d’un précédent lit mais qui ,ne souhaitant pas que le survivant soit mêlé à la succession du prédécédé, ne désirent pas contracter un mariage civil, sont empêchés de se donner le sacrement du mariage et donc de vivre selon leur foi. Et cela rejoint ce que vous avez écrit à l’évêque «  la liberté de culte et de pratique de chacun dans sa propre foi ». Je suis sûr que toute cette argumentation vous aurait conduite à une autre réflexion.

Je termine en vous disant que sous la pression musulmane, l’Allemagne a supprimé un texte semblable au nôtre et que depuis 2009 les catholiques de toute la France peuvent aller se marier religieusement en Allemagne, comme d’autres le font en Espagne ou en Andorre.

Bien entendu aucun effet civil ne serait reconnu au mariage religieux. Il resterait dans la sphère religieuse ».  

Ce courrier n’a pas reçu de réplique. Peut-être  ai-je convaincu mon estimable confrère ?

Mais si tel n’est pas le cas, je suis personnellement convaincu qu’il est devenu de bon ton de faire, sans le dire, de la cathophobie, peut-être sous l’influence d’idées philosophiques politiquement aussi puissantes que discrètes qui savent que les  » cathos  » ont appris à tout pardonner.

Cela dit, je propose au clergé de transgresser le texte et, en cas de poursuites, de le soumettre à la censure du Conseil Constitutionnel qui ne pourra que le faire disparaître de notre code pénal.

 – par Pierre Esposito

Chair de ma Chair

A propos du mariage pour tous… ou le mariage homo qui soulève tant de désarrois ou d’effroi parmi une population refusant cette loi ouvrant bien des Droits, demeurent quelques récalcitrants, allergiques à l’homosexualité, aux couples bien nés, désireux d’unir leur foi en toute laïcité. Parmi les frondeurs, des prédicateurs obstinés refusant jusqu’à l’existence de ces couples homosexuels, prétextant qu’ils sont démentiels. Certains d’entre eux allant même jusqu’à invoquer le ciel et une loi supérieure à celle de notre République. D’autres, républicains eux-mêmes puisqu’élus, représentants légaux au service d’autrui, ont décidé de se placer au-dessus de la loi quand ils sont là pour la représenter.

Dans cette cacophonie bien des êtres en souffrance, jeunes femmes et jeunes gens, des anciens, toutes et tous de belles gens ne trouvant refuge désormais que dans le silence ou l’abstrait, la solitude et l’oubli seulement d’être né. Une poésie qui leur est destinée.

Chair de ma chair,

Famille… chair de ma chair, née de ce bercail où se nouent les entrailles, dans un souffle, un cri, où s’apparentent progénitures et autres marmailles destinées à bâtir chaque lien promis à suivre un même rail… famille, chair de ma chair, alliance née du désir et de l’accoutumance à construire un idéal au sein d’une lignée figée par le conformisme d’une société qu’un noyau dur tient fort serré ; que n’es-tu le reflet de mes souhaits plutôt que ceux de cette civilisation où être humain s’il n’est pas ton reflet comme de ta raison est tourné en dérision via d’ignobles oraisons. Famille, chair de ma chair à qui je ne ressemble pas, toi qui me refuses tes bras pour me réfugier tandis que je t’implore esseulé… pleurant sur mon sort, n’entends-tu pas mon désarroi toi cette famille dont l’esprit devenu carnivore, ne subodores pas même l’affliction appelant la mort au secours de celle ou celui que tu nommas pourtant à l’aube de sa vie ton enfant chéri afin qu’il perdure après avoir été anobli dès son premier cri. Famille chair de la chair d’êtres humains, d’Adams et d’Eves au sein de laquelle nombreux sont celles et ceux qui crèvent parce qu’ils sont jugés contraire à leurs aînés, à leur sève… soupçonnés de mauvaises mœurs ou pervers dans leurs identités ou leur sexualité, créature désoeuvrée parce qu’ignorée voire rejetée par celle-là la jugeant si éloignée des us et autres coutumes dont toi famille as revêtu le costume, si étroit qu’il porte sur lui tout l’effroi que le mépris transporte avec soi.

Famille, chair de ma chair …. Si je fus enfant-roi, le fruit de l’amour après tes ébats, le temps de quelques années, de grandir sur tes pas … dont les traces trop grandes pour moi, me guidèrent sur une autre voie, n’entends-tu pas ma voix, ne vois-tu pas combien j’espère de toi avant que ne m’atteigne l’amertume, la rancœur, le trépas.

– par Samie LOUVE

 

Lettre ouverte à Elisabeth Guigou

imagesCela fait quinze ans qu’un débat sur le PACS avait lieu. Elisabeth Guigou était alors garde des Sceaux du gouvernement de Lionel Jospin et, à ce titre, avait soutenu le projet devant l’Assemblée Nationale. Le mariage pour tous provoque les mêmes inquiétudes que celles exprimées à l’époque pour le PACS. Mme Guigou reste-elle sur ses positions ?

Madame la ministre,

En effectuant des recherches dans les archives des débats de l’Assemblée Nationale, j’ai retrouvé le texte du discours que vous aviez prononcé le 3 novembre 1998. Permettez-moi, afin de lever toute ambiguïté, de le reproduire en partie ici.

« Je reconnais totalement le droit à toute personne à avoir la vie sexuelle de son choix. (…) Mais je dis avec la plus grande fermeté : ce droit ne doit pas être confondu avec un hypothétique droit à l’enfant. Un couple qu’il soit hétérosexuel ou homosexuel, n’a pas de droit à avoir un enfant, en dehors de la procréation naturelle, bien entendu, qui, elle, implique nécessairement un homme et une femme. (…) Les lois récentes sur la procréation médicalement assistée ont été l’occasion de tracer les limites du droit à l’enfant comme source de bonheur individualiste. Elles ont clairement indiqué – et je partage ce point de vue – que les procréations médicalement assistées ont pour seul objet de remédier à l’infertilité pathologique d’un couple composé d’un homme et d’une femme. Elles n’ont pas pour but de permettre des  procréations de convenance sur la base d’un hypothétique droit à l’enfant. (…)

Pourquoi l’adoption par un couple homosexuel serait-elle une mauvaise solution ? Parce que le droit, lorsqu’il crée des filiations artificielles, ne peut, mesdames et messieurs les députés, ni ignorer ni abolir la différence entre les sexes. (…) Cette différence est constitutive de l’identité de l’enfant et du sens de cette identité : « Qu’est-ce que cela signifie pour moi d’être un homme, d’être une femme ? » Je soutiens, comme de nombreux psychanalystes et psychiatres, qu’un enfant a besoin pour sa structuration psychique, sociale et relationnelle d’avoir face à lui pendant sa croissance (…) un modèle de l’altérité sexuelle, un référent homme et un référent femme. (…)

Un enfant adopté, déjà privé de sa famille d’origine, a d’autant plus besoin de stabilité que l’on crée pour lui, en vertu de la loi, une difficulté supplémentaire liée à son milieu d’adoption. Mon refus d’adoption pour les couples homosexuels (…) est  fondé sur l’intérêt de l’enfant, sur son droit à un milieu familial où il puisse structurer son identité et épanouir sa personnalité.  C’est ce point de vue que je prends en considération et non celui des couples, qu’ils soient homosexuels ou hétérosexuels. Je n’ignore pas non plus les procès d’intention quant à un éventuel « après » de cette proposition de loi, qui préparerait des évolutions plus fondamentales de notre droit. (…)

Ce texte, a-t-on pu lire ici ou là, serait une valise à double fond. Je veux m’élever avec la plus grande énergie contre de telles insinuations.

Les mots, je crois, ont un sens… Ce vocabulaire de contrebande, qui ferait croire que ce texte cacherait autre chose et que vos rapporteurs et le gouvernement exerceraient une fraude à la loi est inacceptable.

Bien au contraire, le débat que nous allons avoir doit être conduit en toute clarté et je souhaite que mes mises au point y contribuent. Ce qui est en discussion aujourd’hui, c’est un texte de 12 articles, qui permettra d’offrir des droits nouveaux à deux personnes ayant fait un choix de vie commune, pas plus, pas moins. Je vous demande de vous prononcer sur ce texte réel et non sur je ne sais quelle évolution ou quel hypothétique projet virtuel. Je laisse ces conjectures à ceux qui se complaisent dans les fantasmes. »

 

Vous vous placiez alors, Madame, sur le terrain des valeurs et vos convictions étaient exprimées avec force et talent.

Ce serait vous faire affront que d’imaginer que vous ayez pu, depuis cette date, changer d’avis. Je crois qu’il serait opportun que vous renouveliez,  aujourd’hui,  vos propos. Ils seraient de nature à dissiper certaines craintes qui s’expriment actuellement dans la rue. Celles-ci, en effet, reposent sur l’incertitude qui est ressentie par ceux qui restent persuadés que le mariage pour tous n’est qu’une étape vers le droit à la filiation pour les couples homosexuels. L’allusion  à la procréation médicalement assistée et à la gestation pour autrui est par trop insistante, pour  leur donner entièrement tort.

Restant persuadé de l’intérêt que vous voudrez bien porter à ma sollicitation, je vous prie de croire, Madame le Ministre, en l’assurance de ma respectueuse considération.

                                                                                                                                                      Pau, le 23 avril 2013

 

                                                                                                                                                            Par Joël BRAUD